Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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Test Blu-ray / Les Anges sauvages, réalisé par Roger Corman

LES ANGES SAUVAGES (The Wild Angels) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Master haute définition le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Fonda, Nancy Sinatra, Bruce Dern, Diane Ladd, Buck Taylor, Norman Alden, Michael J. Pollard, Lou Procopio…

Scénario : Charles B. Griffith & Peter Bogdanovich

Photographie : Richard Moore

Musique : Mike Curb

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

La bande de motards des Hells Angels part au Mexique pour récupérer la moto de l’un des leurs, volée par un gang rival. Une bagarre éclate entre les deux clans mais la police intervient. Dans la précipitation, Joey s’enfuit avec la moto d’un policier et finit dans le décor. Il est sorti de l’hôpital par ses camarades mais décède peu après. Ses compagnons décident d’organiser un enterrement digne de ce nom afin de lui rendre hommage…

Contrairement à ce que l’on peut souvent penser, Easy Rider n’est pas le premier long-métrage à s’intéresser aux bikers…Outre L’Équipée sauvage The Wild One (1953) de László Benedek, avec Marlon Brando en chef du gang de motards Black Rebels, celui que l’on retiendra est aussi Les Anges sauvages The Wild Angels, qui est pour ainsi dire le film d’où tout est parti. Tout y est dans cet opus mis en scène en 1966 par le légendaire Roger Corman, la même année que La Tombe de Ligeia et juste avant L’Affaire Al Capone The St. Valentine’s Day Massacre. Pour cette histoire qu’il a imaginée avec Charles B. Griffith (La Course à la mort de l’an 2000, La Petite Boutique des horreurs, The Undead, Les Monstres viennent de l’espace) et Peter Bogdanovich (La Dernière séance, Nickelodeon), le réalisateur obtient le concours de véritables Hells Angels du quartier de Venice à Los Angeles et propose une plongée dans le quotidien de ce club, après les avoir découverts dans le magazine Life, à l’occasion des funérailles d’un motard. À cette époque, la presse se délectait de faits divers croustillants qui s’y rapportaient, souvent liés au sexe et à la drogue. Mais Roger Corman et ses scénaristes présentent les Hells Angels avec une certaine mélancolie, comme s’il s’agissait de la fin d’une ère, que cette liberté qu’ils s’octroyaient ne pouvait perdurer. Le personnage incarné par Peter Fonda perd progressivement ses idéaux et se rend à l’évidence. En dépit de son discours proclamé lors de la veillée funèbre de celui qu’il considérait comme son frère, durant lequel il exprime son désir d’être libre de faire qu’il veut, de rouler, de s’amuser, de se défoncer, de faire la fête, on sent que Heavenly Blues n’y croit plus. Trois ans avant Easy Rider, que Roger Corman déclinera après la proposition de Peter Fonda, le cinéaste éclectique et prolifique signe un film passionnant, à la limite du documentaire, merveilleusement photographié par Richard Moore (Virages de James Goldstone, Les Chasseurs de scalps de Sydney Pollack, Le Clan des irréductibles de Paul Newman) et dont le caractère précurseur est à réhabiliter.

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Test Blu-ray / Le Déserteur de Fort Alamo, réalisé par Budd Boetticher

LE DÉSERTEUR DE FORT ALAMO (The Man from the Alamo) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 25 mai 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Glenn Ford, Julie Adams, Chill Wills, Victor Jory, Hugh O’Brian, Jeanne Cooper, Neville Brand, John Daheim…

Scénario : D.D. Beauchamp & Steve Fisher, d’après une histoire originale de Niven Busch & Oliver Crawford

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

1836. Le Texas lutte pour son indépendance. Le Fort Alamo résiste face aux attaques de l’armée mexicaine de Santa Anna. John Stroud est chargé de quitter le fort pour prévenir les familles des environs du danger des envahisseurs mexicains. Il arrive trop tard. Sa femme et son fils ont été tués par des hors-la-loi. Le Fort Alamo tombe. Stroud gagne Franklin où le lieutenant Lamar le fait arrêter pour désertion…

Les sorties en DVD et Blu-ray de L’Homme de l’Arizona, L’Aventurier du Texas et À feu et à sang nous ont déjà permis d’évoquer la carrière d’Oscar Boetticher Jr. Alias Budd Boetticher. Nul besoin d’y revenir donc et comme le disait Gérard Depardieu dans Tenue de soirée, « Nous voilà débarrasser du superflu on va pouvoir aborder l’essentiel ! ». Avant de réaliser Le Déserteur de Fort Alamo, Budd Boetticher avait derrière lui quelques drames, films noirs, polars et avait bien sûr signé des westerns (The Wolf Hunters, Les Rois du rodéo, Le Traître du Texas, L’Expédition du Fort King). Sous contrat avec Universal Pictures, le cinéaste livrera cinq longs-métrages en cette année 1953, dont The Man from the Alamo, d’après un scénario des talentueux D.D. Beauchamp (Un Colt nommé Gannon, Le Bagarreur du Tennessee, L’Homme qui n’a pas d’étoile, Seul contre tous) et Steve Fisher (Feu sans sommation, La Ville de la vengeance, Tokyo Joe, En marge de l’enquête), sur une histoire originale du non moins inspiré Niven Busch (Les Aventures du Capitaine Wyatt, Duel au soleil, L’Incendie de Chicago). Le film prend pour toile de fond le siège de Fort Alamo, événement majeur de la révolution texane, qui avait déjà engendré Quand le clairon sonneraThe Last Command de Frank Lloyd en 1950 et John Wayne en 1960 (Alamo The Alamo). À l’instar de ce dernier, Le Déserteur de Fort Alamo n’a pas pas la prétention de respecter les faits réels, mais s’en empare à des buts divertissants, ici afin de dresser le portrait d’un antihéros, merveilleusement incarné par l’impérial Glenn Ford. Rapide et resserré (79 minutes, montre en main), marqué par de superbes chevauchées et des affrontements secs et brutaux, The Man from the Alamo est un spectacle qui annonce, tant sur le fond que sur la forme, le légendaire cycle Ranown.

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Test Blu-ray / Fata Morgana, réalisé par Vicente Aranda

FATA MORGANA réalisé par Vicente Aranda, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Teresa Gimpera, Marianne Benet, Marcos Martí, Antonio Ferrandis, Alberto Dalbés, Antonio Casas, Glòria Roig, Francisco Álvarez…

Scénario : Vicente Aranda & Gonzalo Suárez

Photographie : Antonio G. Larraya

Musique : Antonio Pérez Olea

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Dans une ville évacuée de sa population pour d’obscures raisons, quelques personnes ont décidé de rester. La mannequin Gim n’a pas voulu quitter son compagnon, Alvaro, qui vit dans une somptueuse villa avec des personnalités excentriques. On apprend alors qu’un assassin récidiviste a décidé de frapper à nouveau, et qu’il choisit ses victimes parmi les plus belles femmes de la ville. Le Professeur, un expert en criminologie, est le seul capable d’aider Gim à échapper au meurtrier.

Il y a trois mois, nous vous parlions du réalisateur Vicente Aranda (1926-2015) à l’occasion de la sortie en Blu-ray de l’étonnant À coups de crosse, avec un Bruno Cremer monstrueux et une Fanny Cottençon bad-ass. L’opportunité avec ce thriller brutal de revenir sur le cinéaste et membre fondateur de La gauche divine, mouvement d’intellectuels, de professionnels et d’artistes de gauche qui s’est développé à Barcelone des années 1960 au début des années 1970. Juste après Brillante porvenir (1965), qu’il avait mis en scène avec Román Gubern, Vicente Aranda, l’un des chefs de file de l’école de Barcelone, signe son premier long-métrage en solo, Fata Morgana, qu’il coécrit avec Gonzalo Suárez et qui rend compte de la totale liberté créatrice de l’époque. Ouvertement et complètement inclassable, ce film que certains qualifieront très justement d’hermétique, ne s’adresse pas à tous les publics, mais plutôt aux cinéphiles pointus, qui sauront accueillir ce délire visuel, qui repose essentiellement sur la forme, au détriment de l’émotion. À mi-chemin entre le Nouveau Roman et les délires autocentrés de Jean-Luc Godard, Fata Morgana est assurément un OFNI, une curiosité, mais aussi le témoignage d’un temps révolu.

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Test Blu-ray / Vivre, réalisé par Oliver Hermanus

VIVRE (Living) réalisé par Oliver Hermanus, disponible en DVD & Blu-ray le 25 mai 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Bill Nighy, Alex Sharp, Adrian Rawlins, Hubert Burton, Oliver Chris, Michael Cochrane, Anant Varman, Aimee Lou Wood…

Scénario : Kazuo Ishiguro, d’après le film Vivre d’Akira Kurosawa

Photographie : Jamie Ramsay

Musique : Emilie Levienaise-Farrouch

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.

Quand un réalisateur sud-africain signe le remake d’un grand classique japonais transposé dans l’Angleterre des années 1950 ! Kamoulox ? Il s’agit de Vivre, tiré du film du même nom d’Akira Kurosawa sorti en 1952, qui était déjà lui-même inspiré par le roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï. Remarqué avec Beauty (2011) et surtout Moffie (2019) sur le recrutement de jeunes recrues homosexuelles dans l’armée sud-africaine homophobe des années 1980, Oliver Hermanus s’empare du scénario écrit par l’illustre Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature en 2017, et livre un superbe long-métrage qui repose en grande partie sur les épaules du légendaire Bill Nighy. Le comédien né en 1949, qui aura marqué le cinéma britannique des années 2000-2010 dans Love Actually, Shaun of the Dead, The Constant Gardener, Hot Fuzz, Il était temps, Good Morning England et bien d’autres trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, pour lequel il a été très justement nommé pour le Golden Globe et pour l’Oscar du meilleur acteur. Mélodrame certes, mais jamais pathos, Vivre est comme son titre l’indique une leçon de vie, de mort, au message intemporel et universel, un film magnifiquement interprété, magistralement photographié et délicatement mis en scène, non dénué d’humour et toujours élégant.

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Test Blu-ray / La Ballade des sans-espoirs, réalisé par John Cassavetes

LA BALLADE DES SANS-ESPOIRS (Too Late Blues) réalisé par John Cassavetes, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers, Nick Dennis, Vince Edwards, Val Avery, Marilyn Clark, James Joyce…

Scénario : John Cassavetes & Richard Carr

Photographie : Lionel Lindon

Musique : David Raksin

Durée : 1h37

Année de sortie : 1961

LE FILM

Pianiste et compositeur « Ghost » Wakefield dirige un quintette de jazz, qui peine à rencontrer le succès malgré le talent des musiciens. Ceux-ci doivent souvent se contenter de jouer dans des squares déserts ou pour des galas de charité. Lors d’une fête, Ghost rencontre Jess Polanski, une chanteuse accompagnée par Benny, leur imprésario commun. Il décide de composer une chanson pour elle…

New York, 1956, John Cassavetes fonde un atelier théâtral, le Variety Arts Studio, où il fait travailler ses élèves sur des improvisations. Au cours de l’année 1958, il participe à une émission télévisée et lance un appel afin de récolter des fonds lui permettant de tourner un long métrage en 16 mm à partir d’improvisations faites en atelier. John Cassavetes part tourner avec sa troupe dans les rues de New York. Il demande au jazzman Charles Mingus d’improviser lui aussi la musique. Une première version du film ne le satisfait pas. John Cassavetes retourne dans la rue pour filmer certaines scènes, mais en supprime d’autres. Il dira que le seul but de Shadows était « de mieux connaître leur métier tout en effaçant les marquées destinées aux comédiens dans le but de les laisser vivre ». En rupture totale, dynamitant les codes du cinéma traditionnel avec l’aide de comédiens inconnus, un vent nouveau souffle sur le cinéma américain. Shadows marque les débuts de John Cassavetes. Rétrospectivement, on retrouve déjà quelques partis pris qui feront sa marque de fabrique, notamment avec les visages des comédiens que la caméra (à l’épaule) ne quitte jamais, tout en laissant une liberté d’action totale aux acteurs. Shadows porte sur des jeunes Noirs et Métis, confrontés à la discrimination raciale ainsi que sur leur quête d’identité, déambulant de nuit dans les rues humides de New York. Tourné dans l’anonymat le plus complet, ce premier film expérimental obtient un succès international, en particulier en Europe alors marquée par l’émergence de la Nouvelle Vague. Le cinéma spontané dit « vérité » est né. Forcément remarqué par Hollywood, John Cassavetes, qui doit nourrir sa famille, accepte de mettre en scène son premier film de studio, en l’occurrence la Paramount Pictures. Ce sera La Ballade des sans-espoirs ou Too Late Blues en version originale. Évidemment de facture plus classique que les œuvres les plus représentatives de son cinéma habituel, ce mélodrame s’avère une belle porte d’entrée pour les non-initiés dans l’univers de John Cassavetes, tandis qu’il reste une fabuleuse curiosité pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Mayday, réalisé par Jean-François Richet

MAYDAY (Plane) réalisé par Jean-François Richet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra-HD le 25 mai 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Gerard Butler, Daniella Pineda, Mike Colter, Tony Goldwyn, Lilly Krug, Evan Dane Taylor, Kelly Gale, Tara Westwood…

Scénario : Charles Cumming & J.P. Davis

Photographie : Brendan Galvin

Musique : Marco Beltrami & Marcus Trumpp

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Alors que la foudre a frappé son avion, le commandant de bord Brodie Torrance pose son appareil en catastrophe et réussit à sauver les passagers. Mais ce crash n’est que le début de leurs problèmes. Ils ont atterri sur une île déchirée par la guerre et la plupart des rescapés sont pris en otage par une redoutable milice rebelle. Torrance va tout faire pour sauver une nouvelle fois ses passagers…

Ça fait du bien de revoir Jean-François Richet aux affaires. À croire que le réalisateur césarisé pour le diptyque Mesrine – L’Instinct de mort / L’Ennemi public n°1 ne parvient à s’exprimer pleinement que sur le sol américain, puisque ses plus grandes réussites demeuraient alors Assaut sur le central 13Assault on Precinct 13 (2005) et Blood Father (2016). Il faudra désormais ajouter MaydayPlane, peut-être son meilleur film aujourd’hui. Après le boursouflé et lénifiant L’Empereur de Paris, Jean-François Richet s’est vu proposer (suite à la défection de Christian Gudegast, Criminal Squad et scénariste de La Chute de Londres) ce thriller d’action au budget confortable de 25 millions de dollars et un scénario cosigné par l’écrivain écossais Charles Cumming et J.P. Davis (auteur d’une obscure comédie romantique avec Michèle Laroque et Matthew Modine dans les années 2000), qu’il aura fait remanier, avant de s’investir pleinement dans ce projet. Au centre, Gerard Butler, à la fois tête d’affiche et producteur, a imposé notre cinéaste (inter)national, qui avait remarqué son travail avec Vincent Cassel (son acteur fétiche). N’y allons pas par quatre chemins ni de main-morte, Mayday est une fantastique série B, riche en rebondissements, menée quasiment en temps réel, à la mise en scène souvent virtuose, qui ne s’arrête pas une seconde. Un divertissement haut de gamme, ponctué par des éclats de violence très impressionnants et même étonnants, et surtout porté par un casting impeccable sur lequel trône Gerard Butler, un de nos derniers héros dignes de ce nom, qu’on a toujours un immense plaisir à retrouver.

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Test Blu-ray / L’Emprise du démon, réalisé par Oliver Park

L’EMPRISE DU DÉMON (The Offering) réalisé par Oliver Park, disponible en DVD & Blu-ray le 25 mai 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Paul Kaye, Nick Blood, Emily Wiseman, Allan Corduner, Jonathan Yunger, Velizar Binev, Daniel Ben Zenou, Anton Trendafilov…

Scénario : Hank Hoffman & Jonathan Yunger

Photographie : Lorenzo Senatore

Musique : Christopher Young

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Alors qu’ils attendent leur premier enfant, Claire et Arthur décident de renouer les liens familiaux. Le jeune couple s’installe dans la vétuste entreprise de pompes funèbres tenue par Saul, le père d’Arthur. Mais l’arrivée d’un mystérieux cadavre va les faire basculer dans l’horreur : la dépouille contient une entité surnaturelle, Abyzou, qui une fois libérée, veut posséder l’enfant à venir du couple. Face à ce démon, personne n’est à l’abri…

Tiens, encore un film de possession ! Nous parlions il y a peu de La Proie du Diable, réalisé par Daniel Stamm, qui avait déjà signé Le Dernier ExorcismeThe Last Exorcism en 2010, deux opus fort recommandables. Aujourd’hui, ce sera L’Emprise du démon The Offering, premier long-métrage mis en scène en solo par Oliver Park, à la base comédien. S’il n’atteint pas la réussite des deux films mentionnés précédemment, celui-ci ne manque pas d’intérêt et s’avère même très soigné du point de vue visuel, avec notamment une superbe photographie de Lorenzo Senatore (Assiégés de Rod Lurie, Hellboy de Neil Marshall) et des décors impressionnants, vraisemblablement inspirés de ceux du désormais classique The Jane Doe Identity d’André Øvredal. C’est par son histoire, comme toute basique, trop sans doute, ainsi que par son rythme bien trop lent et peu maîtrisé que pèche L’Emprise du démon, pas désagréable à visionner, mais dont il ne reste finalement pas grand-chose après la projection.

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Test Blu-ray / Sweet Sixteen, réalisé par Jim Sotos

SWEET SIXTEEN réalisé par Jim Sotos, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 15 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Bo Hopkins, Susan Strasberg, Patrick Macnee, Don Stroud, Dana Kimmell, Don Shanks, Aleisa Shirley, Steve Antin…

Scénario : Erwin Goldman

Photographie : James L. Carter

Musique : Tommy Vig

Durée : 1h29

Année de sortie : 1983

LE FILM

La famille de Melissa vient d’emménager dans une petite ville du Texas, et la jeune fille est rapidement l’objet de toutes les attentions. Or, tous les hommes, jeunes ou plus âgés, qui s’approchent d’elle sont victimes d’un tueur fou. Le shérif Dan Burke mène l’enquête et découvre bientôt d’étranges éléments.

On connaît essentiellement Jim Sotos pour L’Héritier de Beverly HillsBeverly Hills Brats avec Burt Young et Martin Sheen, sorti en 1989. Mais avant cela, le réalisateur avait signé deux films de genre. Le premier, intitulé Forced Entry (1975), aussi connu sous le titre The Last Victim, ou Viol sans issue en version française, est le remake d’un film d’horreur pornographique sorti deux ans auparavant, dans lequel Jim Sotos dirigeait la sublime Tanya Roberts. L’autre, celui qui nous intéresse aujourd’hui, est Sweet Sixteen, qu’il produit et met en scène en 1983, un slasher qui sort à la même période que Meurtres en 3 dimensionsFriday the 13th Part III de Steve Miner et Psychose 2 de Richard Franklin, juste avant l’avènement de Freddy Krueger dans Les Griffes de la nuit A Nightmare on Elm Street de Wes Craven. Alors que l’on venait de voir le génial Bo Hopkins en shérif dans le très chaudement recommandé Mutant de John Bud Cardos, on le retrouve dans le même uniforme dans Sweet Sixteen, dans lequel il enquête sur une série de meurtres violents qui touche une petite bourgade du Texas. Aux côtés du comédien, la magnifique Susan Strasberg (Hurler de peur, Kapò, Picnic) apporte une vraie plus-value à ce petit opus fort sympathique, efficace, bien écrit et joliment photographié.

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Test Blu-ray / Cría cuervos, réalisé par Carlos Saura

CRÍA CUERVOS réalisé par Carlos Saura, disponible en Blu-ray le 16 mai 2023 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Conchita Pérez, Maite Sánchez, Mónica Randall, Florinda Chico, Josefina Díaz, Germán Cobos, Héctor Alterio, Mirta Miller…

Scénario : Carlos Saura

Photographie : Teodoro Escamilla

Musique : Federico Mompou

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Dans une grande maison madrilène vivent trois fillettes, entourées de leur père, de leur grand-mère paralytique, leur bonne et leur tante, qui essaie de combler le vide laissé par la mort de leur mère. L’une des soeurs, Ana, dix ans à peine, échappe à l’atmosphère étouffante en se réfugiant dans un monde de rêves. Un jour, le père meurt dans les bras de sa maîtresse. Ana est persuadée que c’est la conséquence de son pouvoir magique. Refusant le monde des adultes, elle continue de s’enfermer dans son imaginaire, en faisant revivre le souvenir de sa mère.

Hoy en mi ventana brilla el sol
Y el corazón
Se pone triste contemplando la ciudad
Porque te vas…

Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes en 1976, Cría Cuervos reste à juste titre le film le plus emblématique de la carrière de Carlos Saura, son plus grand succès aussi. D’une part parce que l’un des chefs de file du Nuevo Cine, mouvement espagnol inspiré de la Nouvelle Vague, dénonce une période noire de l’histoire espagnole, la dictature franquiste, représentée dans le film par le père de la petite Ana (Ana Torrent et son regard inoubliable), d’autre part car la mise en scène de Saura restitue avec une infinie délicatesse et poésie l’esprit tourmenté d’une fillette confrontée très tôt à la mort de ses parents. Durant un été interminable, dans la grande, ancienne et étouffante maison familiale madrilène, seule, ou avec ses deux soeurs, elle parvient à se réfugier dans son imaginaire pour échapper à cette triste réalité et à la douleur, en écoutant à tue-tête la chanson Porque te vas de Jeanette.

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