Test Blu-ray / Mutant, réalisé par John « Bud » Cardos

MUTANT (Night Shadows) réalisé par John « Bud » Cardos, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 25 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey, Jennifer Warren, Danny Nelson…

Scénario : Peter Z. Orton, Michael Jones & John C. Kruize

Photographie : Alfred Taylor

Musique : Richard Band

Durée : 1h39

Année de sortie : 1984

LE FILM

Deux frères, Josh et Mike, débarquent pour quelques jours dans une petite ville du Texas. Ils découvrent que de nombreux habitants sont morts récemment, ou portés disparus. Lorsque Mike disparaît à son tour, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver, sans se douter de l’horrible vérité qui les attend…

On connaissait le dénommé John «  Bud  » Cardos (1929-2020) pour une des meilleures séries B des années 1970, L’Horrible invasionKingdom of the Spiders. Cascadeur (La Horde sauvage), acteur (Le Rescapé de la vallée de la mort), responsable des effets spéciaux, producteur, parfois décorateur, assistant, Cardos passe à la mise en scène en 1970 avec le western The Red, White, and Black. Parmi sa dizaine de réalisations, de démarque un autre film de genre, Mutant, connu aussi le titre La Nuit des mutants, ou bien encore Night Shadows en version originale (son premier titre d’exploitation). Comme cela lui était déjà arrivé (sur The Dark, après le départ de Tobe Hooper), John Bud Cardos devait remplacer au pied levé Mark Rosman, viré quelques jours après le début des prises de vue par la production, qui craignait des dépassements de budget en raison d’un manque de préparation. Comme souvent, Cardos s’en tire merveilleusement et livre un formidable film d’épouvante, extrêmement généreux en affrontements avec des zombies, surtout durant la deuxième partie où cela ne s’arrêtera plus une seconde jusqu’à la fin. Certes, divers éléments rendent compte d’un souci d’argent flagrant, mais avec un tel capitaine aux manettes, Mutant demeure encore aujourd’hui un sacré ride, drôle et bourré de charme.

John et son jeune frère Mike, profitent de vacances dans le Sud lorsqu’ils sont pris en chasse par Al et sa bande, quand leur voiture finit dans le fossé. Reprenant la route à pied, ils finissent par arriver dans une petite ville dont les habitants tombent malades les uns après les autres, avant de disparaître. Ils rencontrent le shérif Will, qui les conduit dans une chambre d’hôtes pour y passer la nuit. Pendant qu’ils dorment, quelque chose attire Mike sous son lit, puis l’entraîne dans le sol. Josh commence à parcourir la ville pour retrouver son frère. Il rencontre une institutrice nommée Holly qui accepte de l’aider. En quittant l’école, ils entendent des bruits étranges dans un débarras. Alors que Josh part en reconnaissance, le corps d’une écolière décomposée lui tombe dessus. Al, le gardien, l’accuse de meurtre et le chasse. Josh et Holly trouvent refuge chez l’oncle de la jeune femme. Alors que Will est sur le point d’emmener le corps au coroner, il est convaincu par le Dr Myra de la laisser le récupérer pendant une nuit, en espérant qu’elle pourra découvrir ce qui cause les maladies.

Après une exposition assez longue, mais bien menée, autrement dit sans temps mort, rythmée, qui nous laisse le soin de nous attacher aux personnages (surtout à Josh, l’acteur jouant Mike en faisant des caisses) et de découvrir le décor principal (en gros bienvenue chez les rednecks), Mutant passe ensuite à l’essentiel. En quelques minutes, nous assistons donc à la découverte d’un corps étrangement décomposé, à une baston de bar entre ruraux et citadins, à la rencontre avec une vieille dame extravagante qui accueille les deux frangins chez elle, à celle avec un shérif porté sur la bibine et qui en pince pour une toubib, alors occupée à tenter d’identifier un virus qui circule en ville. Puis, la disparition soudaine de Mike ouvre sur le second acte et à partir de là, Mutant y va à fond la caisse.

Josh va mener sa propre enquête et pourra compter sur l’aide de la belle Holly (Jody Medford, un peu entre Virginie Efira et Britney Spears), institutrice, qui arrondit ses fins de mois en jouant la barmaid (c’est vraiment une petite ville). Si le scénario n’est guère recherché, en gros les bouseux sont infectés par des déchets toxiques qui les transforme en morts-vivants sanguinaires, Mutant repose avant tout sur l’efficacité de la mise en scène de John Bud Cardos. Les texans s’en prennent plein la tronche dans Night Shadows. Le drapeau confédéré orne tous les murs du saloon, la plupart des habitants sont montrés comme des aliens qui ne comprennent rien à ce qu’on leur raconte, ne pensent qu’à picoler ou à se mettre sur la tronche. Notre héros est interprété par Wings Hauser, vu dans l’excellent Vice Squad de Gary A. Sherman et que l’on avait pu apercevoir en 2010 dans le bidonnant Rubber de Quentin Dupieux (le type dans le fauteuil roulant, c’était lui), qui s’en sort très bien, solidement épaulé par le légendaire Bo Hopkins (Midnight Express, Tueur d’élite, American Graffiti, La Horde sauvage), impeccable en shérif désabusé imbibé de Wild Turkey, rôle que pourrait reprendre ce cher Woody Harrelson s’il devait y avoir un remake.

Ce qui étonne dans Mutant, c’est son message écologique (toujours d’actualité), mais aussi l’émotion, aussi présente qu’inattendue, les scènes entre le shérif Will Stewart et le docteur Myra Tate étant assez belles au milieu de celles avec nos zombies bleus, tout comme celle, que nous ne dévoilerons pas, qui concerne les deux frères dans le sous-sol. Alors oui les effets spéciaux de maquillage ont pris un bon coup de vieux, mais ce n’est pas pour autant que Mutant tombe dans la série Z. Cet opus de John Bud Cardos est certainement l’un de ses meilleurs ouvrages (la photo est en outre très jolie, tout comme la partition de Richard Band) et reste violemment divertissant quarante ans après sa sortie. Une vraie (re)découverte très largement conseillée aux amateurs.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET

Revoilà la collection Angoisses chez Rimini Editions !!! Mutant est le 24è titre de cette fabuleuse anthologie, qui a maintenant démarré il y a tout juste quatre ans et dont vous pouvez retrouver chacune des chroniques dans nos colonnes ! Comme d’habitude, nous nous trouvons en présence d’un Digipack à trois volets, renfermant le DVD et le Blu-ray, ainsi qu’un livret de 24 pages rédigé par Marc Toullec, qui revient sur le parcours du réalisateur John «  Bud  » Cardos, y compris bien sûr sur Mutant. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est disponible comme bonus sur cette édition.

L’Image et le son

Pas mal, pas mal cette édition Blu-ray de Mutant ! En ce qui concerne les points négatifs, il y en a très peu, nous constatons un générique à la définition moyenne et marqué par des poussières, un piqué aléatoire (souvent du à une photo légèrement vaporeuse), des plans plus lisses ou flous, des visages souvent cireux ou rosés (cela revient souvent, est-ce un parti-pris ou lié à la restauration ?), ainsi que des rayures verticales qui apparaissent surtout lors de la scène de l’autopsie. Mais dans l’ensemble, ce master s’en tire avec les honneurs avec des couleurs fraîches (le maquillage des zombies est presque trop exagéré), des contrastes élégants, un ensemble propre, une luminosité plaisante sur les séquences diurnes et une texture argentique palpable, même si aléatoire comme nous l’avons mentionné.

Evitez la piste française, la plus faible du lot et qui mise avant tout sur le report des voix. La version originale est de plus mieux équilibrée, dynamique, sans aucun souffle (ou très peu), avec des dialogues clairs, une solide restitution de la musique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Laurelwood Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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