Test Blu-ray / Vivre, réalisé par Oliver Hermanus

VIVRE (Living) réalisé par Oliver Hermanus, disponible en DVD & Blu-ray le 25 mai 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Bill Nighy, Alex Sharp, Adrian Rawlins, Hubert Burton, Oliver Chris, Michael Cochrane, Anant Varman, Aimee Lou Wood…

Scénario : Kazuo Ishiguro, d’après le film Vivre d’Akira Kurosawa

Photographie : Jamie Ramsay

Musique : Emilie Levienaise-Farrouch

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.

Quand un réalisateur sud-africain signe le remake d’un grand classique japonais transposé dans l’Angleterre des années 1950 ! Kamoulox ? Il s’agit de Vivre, tiré du film du même nom d’Akira Kurosawa sorti en 1952, qui était déjà lui-même inspiré par le roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï. Remarqué avec Beauty (2011) et surtout Moffie (2019) sur le recrutement de jeunes recrues homosexuelles dans l’armée sud-africaine homophobe des années 1980, Oliver Hermanus s’empare du scénario écrit par l’illustre Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature en 2017, et livre un superbe long-métrage qui repose en grande partie sur les épaules du légendaire Bill Nighy. Le comédien né en 1949, qui aura marqué le cinéma britannique des années 2000-2010 dans Love Actually, Shaun of the Dead, The Constant Gardener, Hot Fuzz, Il était temps, Good Morning England et bien d’autres trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, pour lequel il a été très justement nommé pour le Golden Globe et pour l’Oscar du meilleur acteur. Mélodrame certes, mais jamais pathos, Vivre est comme son titre l’indique une leçon de vie, de mort, au message intemporel et universel, un film magnifiquement interprété, magistralement photographié et délicatement mis en scène, non dénué d’humour et toujours élégant.

Rodney Williams est un haut fonctionnaire du London County Council en 1953 à Londres. Il est assis à son bureau entouré de piles de papiers et semble sans inspiration. Un groupe de femmes, dirigé par Mme Smith, demande au conseil de réaménager un site détruit par les bombardements, en une aire de jeux pour enfants. Ils sont envoyés avec leur pétition de département en département mais en vain. M. Williams reçoit la pétition et l’ajoute à sa pile de documents, indiquant clairement à ses collègues son intention de ne rien faire. Lorsque M. Williams reçoit un diagnostic de cancer en phase terminale, il néglige d’en parler à son fils Michael et à sa belle-fille, Fiona, choisissant plutôt de retirer la moitié de ses économies, d’acheter une quantité mortelle de somnifères et de se suicider dans une station balnéaire. Se trouvant incapable d’aller jusqu’au bout, il donne le somnifère à M. Sutherland, un écrivain insomniaque qu’il rencontre dans un restaurant. Ému par l’histoire de Williams, Sutherland l’emmène passer une nuit en ville. De retour à Londres mais pas pour travailler, Williams rencontre Miss Harris, une ancienne collègue qui a pris un poste dans un restaurant Lyon’s Corner House pendant son absence. Alors que l’état de Williams s’aggrave, il tente de passer plus de temps avec Margaret, dont il envie la vigueur juvénile, qu’il aimerait retrouver avant de mourir.

En fait, il n’est pas obligatoire d’épiloguer sur Vivre, qui s’avère plus une expérience personnelle liée au vécu de chaque spectateur. Peut-on apprendre, même au dernier moment, à profiter de la vie ? Ou tout du moins essayer de comprendre son sens ? Comment se préparer à sa propre disparition ? Que peut-on laisser aux autres ? Vivre est né du désir de Kazuo Ishiguro (Les Vestiges du jour, Auprès de moi toujours), du producteur Stephen Woolley (Golem – Le tueur de Londres, Entretien avec un vampire, The Crying Game) et du cinéaste Oliver Hermanus de rendre hommage au cinéma flamboyant des années 1950 (ainsi qu’à ses conventions), d’où entre autres l’usage du format singulier 1.48 et un traitement virtuose des couleurs par le directeur de la photographie Jamie Ramsay, remarqué dernièrement pour son travail sur Coup de théâtreSee How They Run de Tom George, qui avait déjà collaboré à plusieurs reprises avec le réalisateur. Vivre est donc imprégné d’une vraie cinéphilie, mais ne croule pas sous les références qui auraient sans doute été trop pesantes. Ceux qui auront vu le film original, plus étayé (il durait d’ailleurs 45 minutes de plus), pourront quand même se laisser tenter par cette approche sensible et très bien écrite, qui se révèle être un bel objet de cinéma.

On suit cet homme très rigide et conformiste, qui apprend qu’il ne lui reste que six à neuf mois à vivre. Le sens de la vie, il le trouvera auprès d’un artiste bohème (excellent Tom Burke), mais surtout de la jeune, insouciante et pétillante Margaret, incarnée par la petite bombe anglaise Aimee Lou Wood. Ceux qui ont vu la série Sex Education ne nous contrediront pas. Si le dernier acte semble hésiter quant à la conclusion à donner à ce récit et fait penser à une succession de plusieurs finals, on se laisse facilement porter par l’émotion, la pudeur de Vivre et le personnage de Mister Zombie risque de rester longtemps dans nos mémoires.

LE BLU-RAY

Après avoir attiré 125.000 spectateurs français dans les salles, Vivre apparaît dans les bacs en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo. La jaquette reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

À première vue, le seul supplément (outre un lot de bandes-annonces) est une succession de questions (écrites) – réponses (en vidéo) avec le scénariste Kazuo Ishiguro, le producteur Stephen Wooley, l’acteur Bill Nighy, le réalisateur Oliver Hermanus, l’actrice Aimee Lou Wood, la décoratrice Helen Scott et la costumière Sandy Powell, pour une durée totale de 16 minutes. Un bonus où on en apprend sur la genèse du remake du film de Kurosawa, sur les intentions et les partis-pris du cinéaste, la transposition des personnages dans l’Angleterre des années 1950, la psychologie des personnages, la reconstitution…

Mais en faisant un clic vers le bas après avoir positionné le curseur sur les bandes-annonces, un chapeau melon apparaît. Validez et vous découvrirez un making of de 23 minutes, uniquement constitué d’images de tournage brutes, sans aucun commentaire et en version originale non sous-titrée.

L’Image et le son

Le master HD édité par Metropolitan restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Jamie Ramsay en conservant la texture (artificiellement) argentique, des couleurs tantôt froides tantôt clinquantes, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre 1.48, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.

Vivre repose en grande partie sur les dialogues et il ne faut donc pas en attendre beaucoup des mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1. Ici, c’est surtout la composition d’Emilie Levienaise-Farrouch (Only You) qui jouit d’une spatialisation concrète, ainsi que les ambiances naturelles, très présentes sur les latérales. Rien à redire sur la balance frontale, en anglais comme en français, les enceintes arrières savent se faire entendre. Enfin, à titre de comparaison, la version originale se révèle plus puissante, naturelle et dynamique.

Crédits images : © Metropolitan Video / Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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