Test Blu-ray / Darling Chérie, réalisé par John Schlesinger

DARLING CHÉRIE (Darling) réalisé par John Schlesinger, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Julie Christie, Dirk Bogarde, Laurence Harvey, José Luis de Vilallonga, Roland Curram, Basil Henson, Helen Lindsay, Carlo Palmucci…

Scénario : Frederic Raphael

Photographie : Kenneth Higgins

Musique : John Dankworth

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Diana Scott est une « enfant gâtée », consciente de sa beauté. Elle a épousé, jeune, un candide jeune homme mais ce mariage est un échec. Elle devient mannequin, lancée par Robert Gold, un reporter de télévision, qui a quitté sa famille pour elle. Mais Diana abandonne son amant pour un bel homme d’affaires puis pour un prince italien. Elle prend peu à peu conscience du monde artificiel dans lequel elle vit…

Arrêtez les machines ! Et penchez-vous absolument sur Darling, sorti en France sous le titre Darling chérie, troisième long-métrage du réalisateur britannique John Schlesinger (1926-2003). Pourquoi le cinéphile se doit de consacrer deux heures de son temps précieux à ce film ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une œuvre matricielle, qui annonce toute la comédie anglaise qui explosera dans les années 1990-2000, en particulier Le Journal de Bridget Jones Bridget Jones’s Diary auquel on ne peut s’empêcher de penser. Mais attention, Darling n’a rien d’une gaudriole non plus et demeure une satire sociale grinçante, dans laquelle explose littéralement Julie Christie, tout juste révélée par John Schlesinger dans Billy le menteurBilly Liar et qui retrouve donc le cinéaste pour un rôle qui fera d’elle une star internationale, grâce auquel elle remportera d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice. Darling est un bonbon acidulé, un plaisir de chaque instant, porté par une actrice flamboyante que l’on ne quitte pas d’une semelle du début à la fin, qui est observée avec l’oeil d’un entomologiste, mais sans aucun jugement, comme un poisson sans cesse à la recherche du bocal qui pourra lui convenir, un temps, avant de jeter son dévolu sur un autre. Immense découverte que Darling, classé dans le top 100 des plus grands films britanniques du XXe siècle par le British Film Institute.

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Test Blu-ray / Le Fils de Géronimo, réalisé par George Marshall

LE FILS DE GÉRONIMO (The Savage) réalisé par George Marshall, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Susan Morrow, Peter Hansen, Joan Taylor, Richard Rober, Don Porter, Ted de Corsia, Ian MacDonald…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de L.L. Foreman

Photographie : John F. Seitz

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Après l’attaque d’une caravane par les Peaux-Rouges, Jim, un jeune garçon, est le seul survivant. Recueilli par le chef Géronimo, il grandit parmi la tribu et devient Cœur Vaillant. Tiraillé entre sa culture natale et celle qu’il connaît à présent, il doit choisir son camp quand survient la guerre entre les deux peuples.

Rétrospectivement, Le Fils de Géronimo The Savage est le premier western interprété par Charlton Heston, qui sort aux États-Unis quelques mois après le triomphe international de Sous le plus grand chapiteau du mondeThe Greatest Show on Earth de Cecil B. DeMille. La carrière du comédien vient à peine de démarrer au cinéma, que le succès est déjà là, alors qu’il n’a même pas trente ans. On pouvait craindre le « pire » en apprenant que Charlton Heston campait le rôle-titre (français) de ce western, mais c’était sans connaître l’histoire du film. Le Fils de Géronimo est d’ailleurs réalisé par George Marshall (1891-1975), signe de qualité, dont nous avons déjà parlé à maintes reprises (Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance, Texas, Les Piliers du ciel). Metteur en scène spécialisé dans le genre (La Conquête de l’Ouest, Le Tueur qui murmure, La Vallée de la poudre, Le Nettoyeur, Le Sang de la terre), il démarre sa carrière au temps du muet, dont il conservera la science du cadre et du montage, qui devaient souvent exprimer ce que la parole ne pouvait alors faire, soutenant par exemple les gags de Laurel et Hardy, avec lesquels il a collaboré à plusieurs reprises. Le Fils de Géronimo rend compte du savoir-faire technique de George Marshall, qui comme Richard Fleischer ou Robert Wise, passait allègrement d’un genre à l’autre et multipliait les projets avec différents studios, qui se disputaient sa rigueur. The Savage est un western au message pro-indien qui sort en 1952, la même année que La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, deux ans après La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, sachant que la condition des Indiens avait déjà inspiré d’autres opus et ce dès les années 1910. Divertissement élégant, faisant la part belle à l’action, sans jamais oublier l’émotion, notamment à travers le dilemme rencontré par Jim Aher aka Coeur Vaillant, Le Fils de Géronimo demeure un spectacle rondement mené, sans aucun temps mort et très beau à regarder.

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Test Blu-ray / Les Fuyards du Zahrain, réalisé par Ronald Neame

LES FUYARDS DU ZAHRAIN (Escape from Zahrain) réalisé par Ronald Neame, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Yul Brynner, Sal Mineo, Jack Warden, Madlyn Rhue, Anthony Caruso, Leonard Strong, Jay Novello…

Scénario : Robin Estridge, d’après le roman de Michael Barrett

Photographie : Ellsworth Fredericks

Musique : Lyn Murray

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Dans une dictature du Moyen-Orient, un leader politique est libéré par de jeunes partisans qui décident de traverser le désert pour rejoindre un pays voisin. Le voyage s’annonce périlleux…

Il y a des films dont on aurait ignoré l’existence, s’il n’y avait pas eu le travail acharné de certains éditeurs, qui résistent encore et toujours pour nous faire découvrir quelques pépites complètement oubliées. C’est le cas des Fuyards du ZahrainEscape From Zahrain, sorti en 1962 qui vaut assurément le coup d’oeil et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le film est réalisé par Ronald Neame (1911-2010), ancien scénariste et producteur de David Lean (Heureux Mortels, Brève rencontre, Les Grandes espérances) et même parfois directeur de la photographie, entré dans l’histoire du cinéma avec L’Aventure du Poséidon (1972), encore aujourd’hui LA référence du film catastrophe, d’autre part pour son casting mené par un Yul Brynner, tout juste consacré star internationale après le triomphe des Sept Mercenaires de John Sturges. Non seulement cela, Les Fuyards du Zahrain s’avère un road-movie rempli de rebondissements, mené sans temps mort, qui réserve de nombreuses surprises (y compris l’apparition non créditée d’un monstre du septième art…), qui rappelle parfois furieusement Le Désert de la peurIce Cold in Alex (1958) de J. Lee Thompson…

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Test Blu-ray / God Save the Tuche, réalisé par Jean-Paul Rouve

GOD SAVE THE TUCHE réalisé par Jean-Paul Rouve, disponible en DVD & Blu-ray le 18 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Elise Larnicol, Bernard Menez…

Scénario : Nessim Chikhaoui, Julien Hervé, Philippe Mechelen & Jean-Paul Rouve

Photographie : Christophe Graillot

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Les Tuche mènent à nouveau une vie paisible à Bouzolles. Mais lorsque le petit-fils de Jeff et Cathy est sélectionné pour un stage de football à Londres, c’est l’occasion rêvée pour toute la famille d’aller découvrir l’Angleterre et de rencontrer la famille royale. Entre chocs culturels et maladresses, les Tuche se retrouvent plongés au cœur de la royauté anglaise, qui n’est pas près d’oublier leur séjour !

Ils sont de retour ! Pourtant, après l’accueil on ne peut plus froid et « l’échec » du quatrième volet avec « seulement » 2,4 millions d’entrées, sachant que le troisième avait approché les six millions (oui oui) et que la pandémie freinait encore la fréquentation des salles, on pouvait penser qu’on ne reverrait pas la famille Tuche au cinéma. D’autant plus qu’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve en étaient arrivés à avoir quelques différends artistiques. Quatre ans plus tard, Jeff, Cathy, Donald, Wilfried, Stéphanie et Mamie Suze font leur comeback, mot bien choisi puisqu’ils partent cette fois outre-Manche, pour aller saluer le roi d’Angleterre, ce qui les changera du Père-Noël dans l’opus précédent, ce qui avait décontenancé quelque peu une partie du public. Jean-Paul Rouve reprend lui-même les rênes de l’entreprise, avec l’aide au scénario de Nessim Chikhaoui, Julien Hervé et Philippe Mechelen, déjà à l’oeuvre sur le reste de la saga. Soyons honnêtes d’emblée, si nous n’attendions pas grand-chose de ce God Save the Tuche, force est d’admettre qu’il s’agit ni plus ni moins du meilleur épisode de la franchise. Si les acteurs s’en donnent encore une fois à coeur joie, il y a surtout plus d’idées de mise en scène dans ce cinquième volet que dans les quatre premiers réunis, d’autant plus que les références vont bon train, avec l’ombre d’Alain Chabat qui plane sur l’ensemble, ce dernier faisant d’ailleurs une petite participation vocale. En lorgnant volontairement sur un humour proche de celui de La Cité de la peur (même Dominique Faruggia y va de son caméo en voix-off), God Save the Tuche redresse la barre, s’avère un divertissement soigné et haut en couleur, qui a visiblement plu au public qui l’a à nouveau plébiscité puisque la barre des trois millions de spectateurs a de nouveau été franchie.

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Test Blu-ray / Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux

SARAH BERNHARDT, LA DIVINE réalisé par Guillaume Nicloux, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Memento Distribution.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne, Mathilde Ollivier, Laurent Stocker, Samuel Brafman-Moutier, Sylvain Creuzevault…

Scénario : Guillaume Nicloux & Nathalie Neuthreau

Photographie : Yves Cape

Musique : Reynaldo Hahn

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1915. Atteinte d’une tuberculose osseuse au niveau du genou, la grande actrice Sarah Bernhardt se voit contrainte d’être amputée de la jambe droite. Au terme d’une opération délicate mais réussie, elle assiste aux visites successives de ses proches, notamment le jeune cinéaste Sacha Guitry qui cherche à percer le secret de la liaison entre Sarah et son père Lucien. C’est le début d’une longue confession sur ce qui, vingt ans plus tôt, aura fait basculer le destin de « la Divine ».

Si l’on devait comparer Guillaume Nicloux à un autre metteur en scène, ce serait sans nul doute Steven Soderbergh, avec lequel le cinéaste semble partager cette envie insatiable de filmer, de passer d’un genre à l’autre, d’aborder les différents formats, courts et longs-métrages, documentaires, téléfilms, séries télévisées. Son premier opus, Les Enfants volants, remonte à 1990, mais c’est à partir d’Une affaire privée (2002) qu’il accélérera le rythme avec à ce jour, dix-sept longs-métrages à son actif. Guillaume Nicloux a encore passé la vitesse supérieure depuis 2022 avec La Tour, drame horrifique, La Petite, qui offrait à Fabrice Luchini l’un de ses plus beaux rôles, Dans la peau de Blanche Houellebecq, sa troisième collaboration avec Michel Houellebecq dans son propre rôle, après L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, puis enfin, le film qui nous intéresse aujourd’hui, Sarah Bernhardt, la Divine. Comme son titre l’indique, ce dernier est un biopic consacré à l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923), également peintre et sculptrice, considérée comme une des plus importantes comédiennes françaises du XIXe et du début du XXe siècle, première star internationale, appelée par Victor Hugo « la Voix d’or », mais aussi par d’autres « la Divine » ou encore « l’Impératrice du théâtre », l’une des plus grandes tragédiennes de tous les temps, qui avait connu un triomphe sur les cinq continents. La légende raconte aussi que Jean Cocteau aurait créé pour elle l’expression « monstre sacré ». C’est Sandrine Kiberlain qui se glisse dans les magnifiques costumes créés par Anaïs Romand (Boléro, De Gaulle, Une vieille maîtresse), habituée des films historiques, et qui livre à cette occasion l’une des plus grandes prestations de toute sa carrière, déjà conséquente et impressionnante. Certains ont pu reprocher un certain académisme à l’ensemble, pourtant Sarah Bernhardt, la Divine demeure comme son sujet, furieusement moderne dans son approche, le récit étant branché directement sur l’ébouriffante énergie de son interprète principale, tandis que le réalisateur s’amuse avec la temporalité de cette existence, en revenant dans le passé, en imbriquant les flashbacks, en dévoilant une artiste qui était chaque seconde en représentation, oubliant souvent la différence entre la scène et la vie réelle. Une grande et belle expérience de cinéma et un rôle en or pour Sandrine Kiberlain, injustement oubliée des César en 2025.

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Test Blu-ray / 36 fillette, réalisé par Catherine Breillat

36 FILLETTE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Delphine Zentout, Étienne Chicot, Olivier Parnière, Jean-Pierre Léaud, Berta Domínguez D., Jean-François Stévenin, Diane Bellego…

Scénario : Catherine Breillat & Roher Salloch, d’après le roman de Catherine Breillat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Maxime Schmitt

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Lili, quatorze ans, passe ses vacances dans un camping avec ses parents et son frère. Un soir, elle rencontre Maurice, personnage cynique de quarante ans qui cherche à la séduire. Une relation ambiguë s’installe alors.

À cause de la faillite de son producteur, le premier long-métrage de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, tourné en 1975, ne pourra être distribué que près d’un quart de siècle plus tard. En 1979, sort sur les écrans Tapage nocturne, ou l’histoire d’une femme, mariée et mère d’une petite fille, qui recherche constamment l’amour fou et va d’aventure en aventure au rythme de deux ou trois rendez-vous par soirée, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse jusqu’à la passion. On reconnaît bien là les thèmes, les obsessions de la réalisatrice. 180.000 spectateurs auront la curiosité d’aller voir ce second film. Après cela, Catherine Breillat officiera exclusivement comme scénariste, pour Lilaiana Cavani (La Peau), Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche), Maurice Pialat (Police), et ne fera son retour derrière la caméra qu’en 1988 avec 36 fillette. Rétrospectivement, ce dernier est assurément l’un des meilleurs opus de la cinéaste, qui se place dans la droite lignée d’Une vraie jeune fille, avec lequel 36 fillette partage de nombreux motifs, tout en prolongeant certains questionnements, notamment cette dichotomie entre le corps et l’esprit. Remarquablement interprété par Delphine Zentout et Étienne Chicot, 36 fillette n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux, mais s’avère un fascinant objet de cinéma pour les autres, doublé d’un passionnant sujet de réflexion.

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Test Blu-ray / La Cavale des fous, réalisé par Marco Pico

LA CAVALE DES FOUS réalisé par Marco Pico, disponible en Blu-ray le 18 juin 2025 chez Gaumont.

Acteurs : Pierre Richard, Michel Piccoli, Dominique Pinon, Florence Pernel, Édith Scob, Marc Betton, Jacques Denis, Hélène Surgère, Ronny Coutteure…

Scénario : Pierre Richard & Olivier Dazat

Photographie : François Lartigue

Musique : Olivier & Christophe Defays

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Henri Toussaint, ex-professeur au Collège de France, est interné en hôpital psychiatrique depuis 7 ans, après avoir tenté de tuer son épouse. Cette dernière est mourante et souhaite le revoir une dernière fois. C’est Bertrand Daumale, psychiatre, qui est chargé de le conduire. Mais un autre pensionnaire de l’asile, Angel, se glisse en cachette dans la voiture, et notre malheureux chauffeur se retrouve avec deux passagers incontrôlables sur les bras…

Depuis le triomphe des Fugitifs de Francis Veber et pour la première fois de sa carrière, Pierre Richard peine à attirer les spectateurs dans les salles. À gauche en sortant de l’ascenseur a tout juste franchi la barre des 600.000 entrées, Mangeclous ne dépasse pas les 181.000 billets vendus, tandis Bienvenue à bord ! dégringole sous les 50.000 entrées. 1991, le comédien revient aussi derrière la caméra avec On peut toujours rêver, dans lequel il « passe le témoin » à son partenaire Smaïn. Un résultat en demi-teinte avec quasiment le même score que le film d’Édouard Molinaro susmentionné. Pierre Richard continue néanmoins sur sa lancée et endosse à nouveau le costume de clown blanc dans La Cavale des fous. Encore aujourd’hui complètement méconnue, cette comédie est un projet très personnel pour la star du cinéma français. Producteur via sa société Fideline, co-scénariste avec Olivier Dazat (Normandie nue, Cinéman, Les 2 papas et la maman), Pierre Richard s’octroie logiquement le premier rôle et demande à ses deux fils, Christophe et Olivier (Defays) de composer la musique. La Cavale des fous est surtout l’occasion de confronter deux monstres, en l’occurrence Pierre Richard et Michel Piccoli. Il semblerait que le film soit fortement inspiré par Une journée de fousThe Dream Team de Howard Zieff, sorti en 1989, dans lequel Michael Keaton jouait un psychiatre qui décidait d’emmener quatre de ses patients en balade à New York, où ils se retrouvaient livrés à eux-mêmes. Sorti en plein été 1993, La Cavale des fous sera un bide retentissant et marquera le début de la traversée du désert de Pierre Richard, à l’aube de la soixantaine.

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Test Blu-ray / Les Filles de Grenoble, réalisé par Joël Le Moigné

LES FILLES DE GRENOBLE réalisé par Joël Le Moigné, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Zoé Chauveau, André Dussollier, Alain Doutey, Régis Anders, Georges Berthomieu, David Jalil, Steve Kalfa, Patrick Lafani…

Scénario : Joël Le Moigné & Paul Lefèvre, d’après le roman de Paul Lefèvre

Photographie : Roland Dantigny & Jean-Claude Rivière

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h28

Date de diffusion initiale : 1981

LE FILM

À Grenoble, une prostituée est assassinée dans son lit d’hôpital. Cora, vingt-deux ans et elle aussi prostituée, était l’une de ses amies. Au quotidien, ces femmes subissent des violences, touchent une paye de misère et travaillent sans arrêt, dans la terreur des souteneurs. Cora se décide à parler au juge Le Pérec qui découvre ce monde avec effarement. Il va alors partir en bataille contre ce réseau de proxénètes…

Tiens donc, mais de quelles Filles de Grenoble parle ce second et par ailleurs dernier long-métrage réalisé par Joël Le Moigné ou Joël Le Moign’ (1938-1999) comme il est crédité ainsi au générique ? En regardant l’affiche et en entendant ce titre, on pourrait penser à un film d’exploitation bien de chez nous (on pouvait imaginer un petit navet ou à un nanar du dimanche), qui sent le gros rouge qui tâche et surferait sur une tendance érotique héritée des années 1970. Les Filles de Grenoble est en réalité un excellent thriller judiciaire, adapté du roman du même nom écrit par le journaliste Paul Lefèvre et publié début 1981. Le cinéma n’a pas mis longtemps pour s’emparer de cette histoire vraie et on pourrait dire enquête d’investigation, le film sortant au mois de novembre de la même année. Joël Le Moigné bénéficie du soutien de Paul Lefèvre lui-même pour cette transposition, dont le résultat final est on ne peut plus convaincant et tient encore sacrément le coup près de 45 ans plus tard. Avec sa mise en scène sèche et immersive parfois proche du documentaire, son casting impeccable et l’élégance de sa photographie, Les Filles de Grenoble s’impose comme une franche réussite et mérite assurément d’être (re)découvert.

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Test Blu-ray / L’Attachement, réalisé par Carine Tardieu

L’ATTACHEMENT réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons, Raphaël Quenard, César Botti, Catherine Mouchet, Marie-Christine Barrault, Mélissa Barbaud…

Scénario : Carine Tardieu, Raphaëlle Moussafir & Agnès Feuvre, d’après le roman d’Alice Ferney

Photographie : Elin Kirschfink & Yann Maritaud

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.

Cela couvait depuis un certain temps. On l’avait même senti dès son premier long-métrage en 2007, La Tête de maman. Du vent dans mes mollets (2012) était plus récréatif, mais cela n’empêchait pas la réflexion, tandis qu’Ôtez-moi d’un doute (2017) nous avait pour le coup laissé perplexes. La chrysalide a eu lieu en 2022 avec Les Jeunes Amants et maintenant que nous avons L’Attachement devant nos yeux nous pouvons le dire, Carine Tardieu est devenue une de nos plus grandes réalisatrices. En adaptant le roman d’Alice Ferney, L’Intimité, paru en 2020, la cinéaste livre un film-somme, en adoptant le point de vue d’un petit garçon de cinq ans (le monde de l’enfance ayant souvent tenu une place importante dans l’oeuvre de Carine Tardieu) et en explorant le thème de la disparition d’un être, déjà à l’oeuvre dans Les Jeunes amants. Mesdames et messieurs, préparez les mouchoirs, car L’Attachement est sans nul doute l’un si ce n’est le plus beau film que vous verrez en 2025. Pio Marmaï (dans son plus beau rôle), Vimala Pons, Valeria Bruni Tedeschi, César Botti, Raphaël Quenard…ils sont tous merveilleux ici, atteignent les sommets, touchent en plein coeur et foudroient l’âme du début à la fin, en évitant tout pathos. Dans Du Vent dans mes mollets, Carine Tardieu s’attardait sur les adultes scrutés par les enfants, eux-mêmes passés au scanner par les plus grands, à travers un univers coloré et poétique. Près de quinze années plus tard, L’Attachement, coécrit par Carine Tardieu et sa fidèle coscénariste Raphaële Moussafir, ainsi qu’avec Agnès Feivre (Le Théorème de Marguerite, Une Estonienne à Paris), oscille entre le réalisme universel et le romanesque propre au cinéma. La cinéaste capte cette fois encore avec sensibilité les peines de l’âme humaine, analyse comment les enfants et les adultes cohabitent ensemble et comment les êtres en peine vont continuer malgré tout à s’aimer, en trouvant la bonne équation, quand bien mêmes les inconnues se révèlent être multiples et inattendues. Le chef d’oeuvre de Carine Tardieu.

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Test Blu-ray / La Rue, réalisé par Jerry Shatzberg

LA RUE (Street Smart) réalisé par Jerry Shatzberg, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 22 octobre 2024 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Christopher Reeve, Kathy Baker, Mimi Rogers, Jay Patterson, Andre Gregory, Morgan Freeman, Anna Maria Horsford, Frederick Rolf…

Scénario : David Freeman

Photographie : Adam Holender

Musique : Robert Irving

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Un fringant journaliste, Jonathan Fisher, en perte de vitesse, propose à son rédacteur en chef un reportage « saignant » sur un souteneur de Times Square. Mais il n’est pas évident d’approcher un des membres du milieu et à bout d’idées, Jonathan bidonne le portrait pittoresque d’un mac imaginaire. Grand succès dans les médias et Jonathan se voit confier une série de reportages sur les bas-fonds. Mais toute médaille a son revers et le journaliste va se frotter au milieu et à la police pour avoir si naïvement menti…

Difficile de trouver un cinéaste aux débuts aussi fulgurants que Jerry Schatzberg (né en 1927). 1970, Portrait d’une enfant déchuePuzzle of a Downfall Child, 1971, Panique à Needle ParkThe Panic in Needle Park, 1973, L’ÉpouvantailScarecrow, qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes 1973. On connaît beaucoup moins la suite de sa carrière, même s’il n’a pas arrêté de tourner jusqu’en 1989, après quoi Jerry Schatzberg fera un break de près de dix ans et reviendra au cinéma qu’en 2000 avec The Day the Ponies Come Back, interprété par Burt Young et Guillaume Canet, qui sera complètement rejeté par la critique et le public. La Rue Street Smart sort en 1987 et s’avère une production Cannon, Yoram Globus et Menahem Golan, toujours en quête de respectabilité, ayant pu mettre la main sur le réalisateur, comme ils venaient de le faire pour Barbet Schroeder (Barfly) et Jean-Luc Godard (King Lear), pendant qu’ils produisaient à côté Protection rapprochée et Le Justicier braque les dealers avec Charles Bronson, Les Barbarians, Le Ninja Blanc et Les Maîtres de l’univers. La même année, alors sous contrat, Christopher Reeve s’apprête à renfiler les collants bleus de Superman pour la quatrième aventure de l’Homme d’acier, dont la licence a été rachetée aux Salkind par les Go-Go Boys. À la recherche de nouveaux rôles qui pourraient l’éloigner de l’image du super-héros qui l’a rendu mondialement célèbre, Christopher Reeve accepte The Quest for Peace (ou Le Face à face chez nous), s’il obtient le financement et donc le premier rôle dans La Rue. C’est une affaire faite. Et le comédien de livrer une grande prestation. Street Smart est un thriller dramatique foncièrement contemporain, qui dévoile une facette peu reluisante de l’ère Reagan, où tout est permis, tout cela dans le but d’arriver au sommet. La Rue n’a rien perdu de sa force et annonce déjà le principe des médias modernes marqués par les chaînes d’infos en continu. Assurément à découvrir.

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