Test Blu-ray / Remorques, réalisé par Jean Grémillon

REMORQUES réalisé par Jean Grémillon, disponible en Blu-ray le 20 février 2024 chez Carlotta Films.

Acteurs : Michèle Morgan, Jean Gabin, Madeleine Renaud, Charles Blavette, Jean Marchat, Nane Germon, Jean Dasté, René Bergeron, Henri Poupon…

Scénario : Jacques Prévert, Charles Spaak & André Cayatte, d’après le roman de Roger Vercel

Photographie : Armand Thirard

Musique : Alexis Roland-Manuel

Durée : 1h24

Année de sortie : 1941

LE FILM

André Laurent, capitaine du remorqueur Le Cyclone, assiste avec son équipage à la noce d’un de ses marins, avant d’être appelé en urgence pour secourir les passagers d’un cargo, dont Catherine, l’épouse du commandant. Alors que sa femme lui dissimule sa maladie et le supplie de prendre sa retraite, André tombe follement amoureux de Catherine, avec laquelle il débute une liaison…

Quelle beauté, quelle sensualité…Dans la filmographie de Jean Grémillon (1901-1959), Remorques arrive après L’Étrange Monsieur Victor (1938) et juste avant Lumière d’été (1942). C’est un événement, car Jean Gabin et Michèle Morgan sont réunis à l’écran trois ans après Le Quai des brumes de Marcel Carné. Au scénario (et aux dialogues), Jacques Prévert (entre Le Jour se lève et Les Visiteurs du soir), André Cayatte (qui n’était pas encore passé derrière la caméra), mais aussi Charles Spaak, même si ces deux derniers ne sont pas crédités, ils ont tous collaboré à l’adaptation du roman de Roger Vercel (Capitaine Conan, Du Guesclin) publié en 1935, y compris ce dernier qui aurait mis la main à la patte. En cette période troublée, d’ailleurs le couple star ne pourra même pas participer à la promotion du film, Gabin s’étant enrôlé et Morgan étant partie aux États-Unis (où elle sera bientôt rejointe par son partenaire, avec lequel elle vivra une brève idylle), Remorques aura mis près de deux ans entre le début et la fin de ses prises de vue. Près de 85 ans après sa sortie, ce drame bouleversant foudroie toujours autant le coeur et l’âme du spectateur.

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Test Blu-ray / Smith le taciturne, réalisé par Leslie Fenton

SMITH LE TACITURNE (Whispering Smith) réalisé par Leslie Fenton, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Robert Preston, Brenda Marshall, Donald Crisp, William Demarest, Fay Holden, Murvyn Vye, Frank Faylen…

Scénario : Frank Butler & Karl Kamb, d’après le roman de Frank H. Spearman

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Adolph Deutsch

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Luke Smith, employé par une compagnie de chemins de fer est à la poursuite des frères Barton. Blessé au cours d’une attaque de train, Murray Sinclair, un vieil ami, le ramène chez lui pour le soigner. Smith découvre que Murray a pour relation un certain Rebstock, criminel qui cache le dernier des frères Barton. Smith essaye de faire revenir Murray dans le droit chemin, mais en vain.

Nous sommes en 1948, Alan Ladd vient d’avoir 35 ans et le comédien, alors star de la Paramount, tourne son premier western (ainsi que son premier film en couleur) comme tête d’affiche, Smith le taciturne Whispering Smith. S’il avait déjà tâté du genre en 1940 dans The Light of Western Stars de Lesley Selander, l’acteur de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle, La Clé de verre The Glass Key de Stuart Heisler et du Dahlia bleu The Blue Dahlia de George Marshall, délaisse le film noir pour le Far West. Il deviendra très vite l’un des visages incontournable du western et Smith le taciturne est une belle entrée en matière. Dans le rôle principal, Alan Ladd fait preuve d’un évident charisme et campe un personnage célèbre outre-Atlantique, qui a réellement existé et dont la vie a inspiré un roman de Frank H. Spearman au début des années 1900, qui narrait les aventures du detective de l’Union Pacific Railroad, James « Whispering » Smith. Le cinéma muet s’était déjà emparé de ses exploits, ainsi que le cinéma parlant bien sûr et ce à deux reprises avant le film qui nous intéresse aujourd’hui. Smith le taciturne est le plus connu d’entre tous. Cet opus mis en scène par Leslie Fenton (La Chevauchée de l’honneur), également vu devant la caméra de Raoul Walsh, Frank Borzage, Howard Hawks, John Ford, Josef von Sternberg, William A. Wellman, Michael Curtiz, fait preuve de rigueur dans la forme et parvient à maintenir l’intérêt des spectateurs, en dépit d’un scénario on ne peut plus classique.

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Test Blu-ray / Le Procès Goldman, réalisé par Cédric Kahn

LE PROCÈS GOLDMAN réalisé par Cédric Kahn, disponible en DVD & Blu-ray le 6 février 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon, Aurélien Chaussade, Christian Mazucchini, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz…

Scénario : Cédric Kahn & Nathalie Hertzberg

Photographie : Patrick Ghiringhelli

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En 1976 débute à Amiens le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense.

Voilà un César du meilleur acteur bien mérité ! Même si la concurrence a été rude avec comme autres nommés Romain Duris pour Le Règne animal, Raphaël Quenard pour Yannick, Benjamin Lavernhe pour L’Abbé Pierre et Melvil Poupaud dans L’Amour et les Forêts, Arieh Worthalter méritait haut la main la compression pour le rôle-titre du Procès Goldman. Le douzième long-métrage de l’excellent Cédric Kahn est une expérience cinématographique à part entière. Quelques cartons en introduction placent le spectateur dans le contexte spatio-temporel et présentent les faits. Avril 1970, Pierre Goldman est inculpé pour quatre agressions à main armée, dont une ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Décembre 1974, il est condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité, mais Goldman clame son innocence dans l’affaire de la pharmacie. Octobre 1975, l’incarcéré publie son livre plaidoyer écrit en prison, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France. Un mois plus tard, la Cour de Cassation annule le premier jugement et renvoie l’affaire devant la Cour d’Assises d’Amiens. Avril 1976, ses avocats se préparent à cette nouvelle confrontation. Remarquablement réalisé, Le Procès Goldman est une plongée en apnée (il n’y a aucune scène se déroulant en extérieur, aucun flashback, aucune musique) au sein du tribunal, lieu où se déroule la quasi-intégralité de l’action, avec – en dehors de l’introduction dans le cabinet de maître Georges Kiejman – quelques petits apartés dans les « coulisses » entre deux témoignages. Pas un seul moment d’ennui devant Le Procès Goldman, qui rappelle certaines œuvres de Raymond Depardon (on pense bien sûr à 10e chambre, instants d’audience), mais qui évite toute théâtralité (ce qui aurait pu arriver avec cette unité de lieu, de temps et d’action) et côté documentaire, à travers une leçon de mise en scène de chaque instant. Un film captivant, passionnant par son sujet et à disséquer sur la forme.

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Test Blu-ray / Le Péril jeune, réalisé par Cédric Klapisch

LE PÉRIL JEUNE réalisé par Cédric Klapisch, disponible en Édition Blu-ray + 2 DVD + Livret le 5 mars 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Romain Duris, Vincent Elbaz, Julien Lambroschini, Nicolas Koretzky, Joachim Lombard, Lisa Faulkner, Julie-Anne Roth, Hélène de Fougerolles, Caroline Damiens, Élodie Bouchez, Jackie Berroyer…

Scénario : Cédric Klapisch, Santiago Amigorena, Alexis Galmot & Daniel Thieux

Photographie : Dominique Colin

Durée : 1h41

Année de sortie : 1994

LE FILM

Dix ans après leur terminale, voici Léon, Bruno, Momo, Chabert. Quatre garçons chahuteurs devenus quatre hommes, jeunes encore, mais que la vie déjà grisaille, le cheveu plus sage, la tenue plus stricte. Ce qui les réunit ? La naissance imminente du bébé de Sophie, une ex-copine de classe. Ce qui les hante ? La mort de Tomasi, le père du bébé, leur pote, le feu follet. Au fil des conversations, les regards se rallument, les secrets se libèrent.

C’est ce qu’on appelle un film culte. Et il n’y en pas tant que ça en France. C’est surtout qu’on a quelque peu abusé (y compris l’auteur de ces mots) de cette expression, que l’on a tendance à mettre à toutes les sauces, un moyen sans doute détourné pour dire autrement que « le cinéma c’était mieux avant » sans être taxé de réac. Mais en ce qui concerne Le Péril jeune de Cédric Klapisch, c’est évident, incontestable. Ce film, ou plutôt téléfilm car à l’origine tourné pour la télévision et plus précisément pour La Sept-Arte, le quatrième ouvrage derrière la caméra du réalisateur après deux superbes courts-métrages (In Transit et Ce qui me meut) et son premier long-métrage Riens du tout (avec Fabrice Luchini) est très vite devenu un phénomène. Près de 650.000 spectateurs iront applaudir ces jeunes comédiens venus de nulle part, inconnus, se retrouver en eux, pour se rappeler leur propre jeunesse, tandis que ceux de la même génération que Tomasi, Chabert, Léon, Bruno, Momo, Sophie, Christine se projetaient en eux…Trente ans plus tard, celui qui incarnait Tomasi, Romain Duris est devenu une star du cinéma français, Vincent Elbaz, s’il n’a jamais connu le même statut que son partenaire, n’a jamais quitté les écrans, Élodie Bouchez a remporté deux César…Cédric Klapisch, qui a instantanément fait sa place dans le septième art hexagonal et continue de réjouir souvent les spectateurs, aura offert un véritable tremplin à cette troupe d’acteurs, tandis que ses personnages annonçaient déjà ceux que l’on allait découvrir à travers sa filmographie, notamment L’Auberge espagnole, dont l’engrais est déjà bien présent dans Le Péril jeune.

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Test Blu-ray / De si gentils petits…monstres!, réalisé par Max Kalmanowicz

DE SI GENTILS PETITS…MONSTRES! (The Children) réalisé par Max Kalmanowicz, disponible en Blu-ray chez Pulse Vidéo.

Acteurs : Martin Shakar, Gil Rogers, Gale Garnett, Shannon Bolin, Tracy Griswold, Joy Glaccum, Jeptha Evans, Clara Evans, Sarah Albright, Nathanael Albright…

Scénario : Carlton J. Albright & Edward Terry

Photographie : Barry Adams

Musique : Harry Manfredini

Durée : 1h33

Année de sortie : 1980

LE FILM

En rentrant de l’école en bus, les enfants d’un petit village passent près d’une centrale. Entrant dans un nuage toxique, les adorables garnements vont être transformés en petits monstres, capables de faire frire leurs victimes en les enlaçant !

The Children, plus connu dans nos contrées sous le titre sympathique De si gentils petits…monstres ! est le premier des deux longs-métrages réalisés par un dénommé Max Kalmanowicz, également producteur et oeuvrant habituellement (encore aujourd’hui d’ailleurs) dans le domaine sonore. Nous sommes en 1980 et tout le monde essaye de se mettre à l’épouvante, genre qui coûte peu et qui surtout rapporte un maximum de billets verts. Ainsi, la même année que Shining, Fog, Cannibal Holocaust, Inferno, Harlequin, Vendredi 13, Maniac, Le Bal de l’horreur, Anthropophagous, Frayeurs, Le Monstre du train et L’Enfant du diable, sortait sur les écrans, essentiellement de drive-in, The Children, minuscule production tournée entre le Massachusetts et le Connecticut, avec une poignée de dollars, un casting de parfaits ou quasi-inconnus, des effets spéciaux rudimentaires (euphémisme) et des idées éparses rassemblées et enfilées comme des perles sur un collier. Rien d’inoubliable dans De si gentils petits…monstres !, mais un charme s’en dégage, sans doute celui du système D, les comédiens sont pas trop mal, certains effets fonctionnent étonnamment bien et de plus l’ensemble s’améliore du début à la fin, jusqu’au dernier acte aux événements violents. C’est ce qu’on appelle une curiosité.

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Test Blu-ray / Pour l’amour du ciel, réalisé par Luigi Zampa

POUR L’AMOUR DU CIEL (È più facile che un cammello…) réalisé par Luigi Zampa, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 24 avril 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Mariella Lotti, Antonella Lualdi, Julien Carette, Elli Parvo, Paola Borboni, Carlo Sposito, Elena Altieri, Nerio Bernardi…

Scénario : Cesare Zavattini, Suso Cecchi D’Amico, Vitaliano Brancati, Diego Fabbri, Giorgio Moser & Henri Jeanson

Photographie : Carlo Montuori

Musique : Nino Rota

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Lorsqu’il se fait mortellement renverser par un camion, le riche industriel romain Carlo Bacchi se voit refuser l’entrée au paradis. Le juge céleste lui donne alors douze heures pour racheter ses fautes en faisant le bonheur de Santini, un de ses ouvriers qui a tenté de se suicider.

Si beaucoup, y compris Jean Gabin lui-même, évoquaient une traversée du désert après la guerre, il ne faut pas oublier que les spectateurs continuaient d’aller au cinéma voir les films avec celui était alors l’acteur français le plus célèbre dans le monde. Ainsi, L’Imposteur, Martin Roumagnac, Au-delà des grilles et La Marie du port ont tous dépassé la barre des deux millions d’entrées. Si l’aura de Jean Gabin n’est plus la même, surtout depuis depuis son retour du front avec des cheveux blancs, celui-ci est bien toujours présent et tente de retrouver des projets intéressants, ce qui lui manque certainement désormais. Il est donc peu étonnant de le retrouver de l’autre côté des Alpes, sous la direction de Luigi Zampa (1905-1991), dans une des premières co-productions franco-italiennes, Pour l’amour du ciel È più facile che un cammello…. Complètement méconnu dans nos contrées, et pour cause puisqu’il s’agit d’un des pires scores au box-office de toute la carrière de Jean Gabin avec 679.000 entrées, au même niveau que les 641.000 entrées de Sous le signe du taureau de Gilles Grangier. Pourtant, Pour l’amour du ciel détonne puisqu’il plonge le « Vieux » dans un film quasi-fantastique, où son personnage arrive au purgatoire après un accident. Alors qu’il est sur le point d’être conduit en enfer et après s’être plaint, il obtient douze heures de sursis pour sauver son âme. Si Pour l’amour du ciel est loin d’être une entière réussite, cet opus vaut assurément pour son originalité.

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Test Blu-ray / La Tresse, réalisé par Laetitia Colombani

LA TRESSE réalisé par Laetitia Colombani, disponible en DVD & Blu-ray le 28 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, Sajda Pathan, Avi Nash, Manuela Ventura, Sarah Abbott, Francesco Marinelli…

Scénario : Laetitia Colombani (d’après son roman) & Sarah Kaminsky

Photographie : Ronald Plante

Musique : Ludovic Einaudi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Italie. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est malade.

Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier.

Difficile d’aborder l’adaptation d’un gros best-seller (5 millions d’exemplaires vendus, dont deux millions rien qu’en France) quand l’auteur de ces mots n’a pas lu le livre en question. Cette critique sera donc uniquement axée sur l’aspect cinématographique de La Tresse, même s’il y a fort à parier que Laetitia Colombani (née 1976), réalisatrice ici, n’a vraisemblablement pas trahi son roman, au risque de s’attirer les foudres de celles et ceux qui attendaient impatiemment cette transposition. Elle coécrit cette mouture pour le grand écran avec l’aide de Sarah Kaminsky, capable du pire (La Ch’tite famille, Raid Dingue) comme du meilleur (Adieu Monsieur Haffman, Gauguin – Voyage de Tahiti) dispose d’un budget étonnamment « modeste » (un peu plus de huit millions d’euros) et d’une mise en avant internationale. Après un tournage chaotique qui s’est étalé sur six mois en raison de la pandémie, La Tresse a une fois de plus rencontré son public avec plus d’1,2 million d’entrées, malgré une critique qui a fait quelque peu la fine bouche. En l’état, le film se suit agréablement, facilement, frôle souvent le pathos certes, mais s’en tire grâce à un excellent casting et une photographie soignée Ronald Plante, chef opérateur québécois remarqué pour son travail sur la mini-série Sharp Objects. Un divertissement forcément capillotracté et à un cheveu de tomber dans le misérabilisme, mais qui ne manque pas d’élégance.

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Test Blu-ray / La Peur règne sur la ville, réalisé par Giuseppe Rosati

LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE (Paura in città) réalisé par Giuseppe Rosati, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Maurizio Merli, James Mason, Raymond Pellegrin, Silvia Dionisio, Fausto Tozzi, Gianfilippo Carcano, Giovanni Elsner, Mario Novelli…

Scénario : Giuseppe Pulieri & Giuseppe Rosati

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Giampaolo Chiti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Rome, mai 1976. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes avec ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa petite fille. Lui et son équipe remonteront peu à peu la piste des malfrats.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser avec les micro-flashbacks présents dans le film, La Peur règne sur la ville Paura in città n’est pas la suite d’un autre poliziottesco, même si là encore la présence en haut de l’affiche de Maurizio Merli pourrait porter à confusion. Ce dernier est alors devenu une véritable icône du genre en vogue de l’autre côté des Alpes, avec la trilogie du Commissaire Betti (Rome violente Roma violenta, Opération casseurs Napoli violenta, Opération Jaguar Italia a mano armata), qui rencontre un immense succès populaire. Suivront d’autres opus du même acabit dans lesquels le comédien, toujours la moustache fringante, interprète plus ou moins le même personnage, celui du flic aux méthodes brutales, mal vu par sa hiérarchie (sauf par le préfet incarné par James Mason, qui se demande ce qu’il fout là à part faire de la publicité pour l’eau Pejo, tandis que Merli brandit son paquet de Marlboro à tire-larigot, avant d’aller se poster devant une enseigne Fernet-Branca), qui n’osera jamais avouer qu’il est le meilleur sur le terrain. Ainsi, après Brigade spéciale Roma a mano armata et Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento d’Umberto Lenzi, Maurizio Merli interprète le Commissaire Muri (chaînon manquant entre Harry Callahan et Paul Kersey) dans La Peur règne sur la ville. Rétrospectivement, ce néo-polar est sans doute l’un des moins enthousiasmants tenus par l’acteur au brushing impeccable. Derrière la caméra, Giuseppe Rosati (né en 1923 et apparemment toujours parmi nous), manque de folie, d’ambition, d’imagination aussi, se contentant de prendre le train en marche après Il Testimone deve tacere et Tireur d’élite La Polizia interviene: ordine di uccidere!. Si le spectacle demeure indéniable, peu d’éléments marquent les esprits et La Peur règne sur la ville reste à voir uniquement pour sa star au charisme magnétique qui traverse ici le film en mode automatique.

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Test Blu-ray / Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, réalisé par Jean Dréville

LES NUITS BLANCHES DE SAINT-PÉTERSBOURG réalisé par Jean Dréville, disponible en Blu-ray le 13 mars 2024 chez Gaumont.

Acteurs : Gaby Morlay, Jean Yonnel, Edmonde Guy, Pierre Renoir, Jacques Erwin, Annie Rozanne, André Bervil, Gisèle Gire…

Scénario : André Legrand

Photographie : Michel Kelber

Musique : Adolphe Borchard

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1938

LE FILM

Pozdnycheff, jeune fêtard, a détruit par sa légèreté le bonheur conjugal d’un de ses amis d’enfance qui s’est suicidé. Depuis, il est hanté par ce souvenir. Il se marie et devient alors la proie d’une jalousie maladive qui le conduit à tenter d’assassiner sa femme et un violoniste qu’il croit être son amant.

Depuis dix ans, la maison Gaumont (comme l’appelait Georges Lautner) tente de remettre en avant les œuvres de Jean Dréville (1906-1997), quatre décennies cinéma, plus de trente longs-métrages, des succès voire des triomphes par dizaines (Copie conforme, La Cage aux rossignols). Le réalisateur, qui parvenait à sortir deux voire trois films par an a connu un important regain d’intérêt avec des opus comme La Fayette (1962), Normandie Niémen (1960), Les Cadets de l’océan (1945), qui ont tous subi une restauration en Haute-Définition, avant d’être exploité en Blu-ray. Il faudra désormais ajouter à cette liste Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, qui comme l’indique Patrick Glâtre, spécialiste de Jean Dréville et par ailleurs auteur du passionnant ouvrage Jean Dréville cinéaste (Créaphis, 2006), se situe à un carrefour de sa carrière, où l’artiste mettra tout son immense savoir-faire technique au profit des histoires qui lui sont proposées. En dépit de ses scores pharamineux et enviés au box-office, Jean Dréville ne pourra jamais imposer un sujet qui lui tient à coeur ou dont il aurait été à l’origine, ce qui lui laissera un goût amer jusqu’à la fin de sa vie. Néanmoins, le public sera toujours présent. En 1937, sortent tour à tour Troïka sur la piste blanche, Maman Colibri, tandis que le metteur en scène emballe Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, qui apparaît sur les écrans au mois de février de l’année suivante. Cette première collaboration entre Jean Dréville et la star Gaby Morlay est l’adaptation d’un court roman de Léon Tolstoï, La Sonate à Kreutzer (1889), dont il s’agit ici de la cinquième transposition (après trois films muets et une première version parlante réalisée en 1937 par Veit Harlan), surfant sur l’attrait des spectateurs pour la culture slave. Drame parfois très emphatique, Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg est un beau et bon film, dans lequel se distingue Jean Yonnel, Sociétaire de la Comédie-Française, star du somptueux Amok de Fédo Ozep, qui terminera son illustre carrière en interprétant le père de Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky. Il est ici impérial, à la fois pathétique et flippant, le jeu forcément daté, mais foncièrement habité du comédien valant sacrément le détour.

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Test Blu-ray / Qui l’a vue mourir?, réalisé par Aldo Lado

QUI L’A VUE MOURIR? (Chi l’ha vista morire?) réalisé par Aldo Lado, disponible en Blu-ray chez Frenezy depuis le 6 décembre 2023.

Acteurs : George Lazenby, Anita Strindberg, Adolfo Celi, Nicoletta Elmi, Dominique Boschero, Peter Chatel, Piero Vida, José Quaglio, Alessandro Haber…

Scénario : Francesco Barilli, Massimo D’Avak, Aldo Lado & Rüdiger von Spies

Photographie : Franco Di Giacomo

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

En 1968, en France, une jeune fille est assassinée à coups de pierre par une personne mystérieuse, voilée et vêtue de noir. Quatre ans plus tard, à Venise, le sculpteur Franco Serpieri vit paisiblement avec sa maîtresse. Séparé de son épouse qui s’est installée à Londres, il reçoit fréquemment la visite de sa fille Roberta. Mais un soir, celle-ci ne rentre pas chez son père. Le lendemain, on retrouve son corps noyé dans un des canaux de la ville. La police se charge de l’enquête mais sans résultats. Franco, qui se sent responsable du drame, décide de se lancer seul à la poursuite du coupable…

Remarqué avec Je suis vivant !, son « film politique déguisé en giallo » comme il le qualifiait lui-même, Aldo Lado (1934-2023) pense déjà à son prochain opus comme metteur en scène, La Drôle d’affaire – La Cosa buffa, quand il reçoit la proposition du producteur allemand Dieter Geissler (Kill, Out of Order, Société anonyme anti-crime) de réaliser Qui l’a vue mourir ? – Chi l’ha vista morire?, d’après un scénario de Francesco Barilli (Le Parfum de la dame en noir, Prima della rivoluzione) et Massimo D’Avak (Exécutions, Si douces, si perverses), autre film de genre dans lequel il s’était précédemment illustré. Il laisse alors son ami Bernardo Bertolucci, avec lequel il préparait Le Dernier tango à Paris, décide de remanier le script en y ajoutant toutes ses connaissances sur Venise, lieu où se déroule l’action, ville qu’il connaît sur le bout des doigts pour y avoir grandi. Est-ce en raison de cette authenticité que Qui l’a vue mourir ? est aujourd’hui devenu l’un des gialli préférés des spectateurs, ou tout du moins qui revient souvent dans les tops des fans du thriller italien ? Pas seulement. Aldo Lado et ses scénaristes privilégient l’émotion, souvent oubliée au profit des effets sanglants, en combinant à la fois l’histoire d’un deuil impossible, le désir de vengeance et l’hypocrisie de la bourgeoisie. Un cocktail virtuose, amer en bouche certes, mais avec lequel Aldo Lado prouvait pour la seconde fois qu’il était à la fois un fabuleux conteur, doublé d’un brillant formaliste.

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