Test Blu-ray / En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol

EN FANFARE réalisé par Emmanuel Courcol, disponible en DVD et Blu-ray le 1er avril 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, Clémence Massart-Weit, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès, Yvon Martin…

Scénario : Oriane Bonduel, Emmanuel Courcol, Irène Muscari & Marianne Tomersy

Photographie : Maxence Lemonnier

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

En dépit d’une critique dithyrambique, Un triomphe, second long-métrage d’Emmanuel Courcol comme réalisateur, n’avait attiré qu’un peu plus de 300.000 spectateurs dans les salles en 2021. Ce très beau film offrait entre autres à Kad Merad l’un de ses plus beaux rôles et l’un de ses partenaires se distinguait une fois de plus, l’excellent Pierre Lottin (né en 1989). Qu’il semble loin désormais le Wilfried de la famille Tuche (quand bien même le cinquième volet de la saga cartonne encore avec plus de trois millions d’entrées) et le comédien, que nous n’avons eu de cesse de mettre en avant à chaque apparition, est maintenant très demandé dans le cinéma français. De François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne) à Anna Fontaine (Présidents), en passant par Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12) et bientôt chez le tandem Nakache/Toledano, Pierre Lottin est partout et on ne va pas se plaindre. Il détient enfin un hit personnel avec En fanfare, pour lequel il retrouve Emmanuel Courcol donc, qui aura attiré plus de 2,6 millions français dans les salles, tous emballés par son duo formé avec le génial (et déjà plus confirmé) Benjamin Lavernhe. Ce dernier, à mille lieues du rôle avec lequel nous l’avons découvert il y a plus de dix dans l’hilarant Radiostars de Romain Levy (Smiters, c’était lui !) a fait son chemin depuis, aussi bien à la Comédie-Française qu’au cinéma où tout le monde se l’arrache (Nicole Garcia, Jeanne Herry, Bruno Podalydès, Toledano/Nakache, Frédéric Tellier et même Wes Anderson). Les deux font des étincelles dans En fanfare, comédie (très drôle) dramatique (très triste, mais jamais pathos), qui rappelle bien sûr quelques classiques britanniques comme Les Virtuoses Brassed Off (1996) de Mark Herman ou The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo, mais qui s’en démarque rapidement et trouve sa propre personnalité, grâce à une distribution prestigieuse et une écriture aussi élégante que soignée. Un grand succès largement mérité.

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Test Blu-ray / Miséricorde, réalisé par Alain Guiraudie

MISÉRICORDE réalisé par Alain Guiraudie, disponible en DVD & Bu-ray le 4 mars 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Félix Kysyl, Catherine Frot, Jean-Baptiste Durand, David Ayala, Tatiana Spivakova, Salomé Lopes, Serge Richard, Elio Lunetta, Jacques Develay…

Scénario : Alain Guiraudie

Photographie : Claire Mathon

Musique : Marc Verdaguer

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Jérémie revient à Saint-Martial pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s’installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue…

Si comme nous, vous croisez par hasard dans votre vie ou sur les réseaux sociaux, une personne qui vous sort l’immanquable « le cinéma français, c’est toujours la même chose », demandez-lui si elle ou il connaît le réalisateur Alain Guiraudie. Il y a de fortes chances que ce nom ne lui dise rien, ce à quoi vous pourrez alors ajouter « c’est un univers unique et quasi-inclassable ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Miséricorde, le septième long-métrage du cinéaste, ne déroge pas à la règle. À la fois comédie de mœurs et thriller provincial, cette nouvelle œuvre, toujours teintée de sexe, sort constamment des sentiers battus, surprend à chaque scène, propose à son public un divertissement (car le spectacle est garanti) rempli de rebondissements, de retournements de situations, de formidables numéros d’acteurs, le tout en communion avec la nature environnante, autre sujet de prédilection de son auteur. C’est peu dire que Miséricorde est une autre grande réussite d’Alain Guiraudie, dont on salue également le rapide retour derrière la caméra, soit deux ans après la sortie de Viens je t’emmène, alors qu’il avait fallu attendre plus de cinq années pour découvrir ce dernier après le génial Rester vertical.

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Test Blu-ray / Vénus en fourrure, réalisé par Massimo Dallamano

VÉNUS EN FOURRURE (Venere in peliccia – Le Malizie di Venere) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Laura Antonelli, Régis Vallée, Loren Ewing, Renate Kasché, Werner Pochath, Mady Rahl, Wolf Ackva, Peter Heeg, Josil Raquel…

Scénario : Fabio Massimo, d’après l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch

Photographie : Sergio d’Offizi

Musique : Gianfranco Reverberi

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le romancier Séverin, en quête d’un sujet pris sur le vif, assiste par un trou aménagé dans le mur au spectacle des plaisirs de Wanda, une célèbre call-girl arrivée pour se reposer dans l’auberge où il séjourne. Repris alors par une obsession érotique qui remonte à sa plus tendre enfance, Séverin décide de posséder Wanda.

Laura Antonelli begins…enfin, pas vraiment. En effet, la belle (euphémisme) avait déjà dévoilé ses charmes en 1966 dans l’improbable et frappadingue L’Espion qui venait du surgelé Le spie vengono dal semifreddo de Mario Bava, dans lequel, alors âgée de 25 ans, elle illuminait le film de son sex-appeal en passant quasiment tout le métrage en petite nuisette affriolante. 1969, année érotique, mais pas que(eue). Alors qu’elle apparaît dans Exécutions Un detective de Romolo Guerrieri, distribué dans les salles italiennes, Laura Antonelli tient le rôle-titre de Vénus en fourrure Venere in peliccia de Massimo Dallamano (1917-1976), coproduction germano-helvético-italienne, qui n’aura pas l’honneur de sortir de l’autre côté des Alpes, ou tout du moins dans une combinaison de salles restreintes, avant d’être rapidement retiré de la circulation en raison de la censure. Elle y fait pourtant sensation en s’affichant pour la première fois dans le simple appareil et ce à de multiples reprises (et dès les premières secondes), dans quelques scènes érotiques assez osées pour l’époque. C’est en découvrant ce film (et sa prestation) dans quelques copies qui circulaient sous le manteau, que des producteurs et réalisateurs italiens décident de l’engager peu de temps après, jusqu’à exploser littéralement avec les triomphes successifs de Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile et du mythique MaliciaMalizia de Salvatore Samperi. Une star est née, ou est sur le point de naître dans Vénus en fourrure, romance dramatique évidemment inspirée de l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch (le « masochisme » vient de son nom) publiée en 1870, mais librement et qui donne matière au réalisateur Massimo Dallamano, pour expérimenter le cadre et ses remarquables recherches plastiques. Ainsi, Laura Antonelli apparaît comme étant un fascinant « objet » à sculpter et si la comédienne est parfois maladroite dans son jeu, elle reste encore aujourd’hui l’une des plus fascinantes créatures de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / The Ship that Died of Shame, réalisé par Basil Dearden

LE BATEAU QUI MOURUT DE HONTE (The Night my Number Came Up) réalisé par Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Richard Attenborough, George Baker, Bill Owen, Virginia McKenna, Roland Culver, Bernard Lee, Ralph Truman, John Chandos, Harold Goodwin, John Longden…

Scénario : John Whiting, Michael Relph & Basil Dearden, d’après une nouvelle de Nicholas Monsarrat

Photographie : Gordon Dines

Musique : William Alwyn

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Après s’être illustré par sa bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale, l’équipage du canonnier 1087 de la Royal Navy décide de remettre le navire à flots pour se lancer dans la contrebande. Alors que les cargaisons deviennent de plus en plus suspicieuses, le bateau semble refuser son nouvel et humiliant emploi.

S’il y a un réalisateur britannique auquel devraient s’intéresser les cinéphiles, c’est bien Basil Searden (1911-1971). Nous avons déjà parlé de ce cinéaste à travers nos chroniques consacrées à Khartoum, Au coeur de la nuit (pour lequel il signait le sketch intitulé Le Cocher de corbillard – Hearse Driver, ainsi que celui dit « de liaison ») et Un si noble tueur The Gentle Gunman. Un nom emblématique des studios Ealing. C’est toujours un immense plaisir de mettre la main sur une œuvre méconnue, devenue invisible depuis longtemps et devant laquelle on redécouvre sans cesse la virtuosité d’un metteur en scène. C’est encore le cas avec Le Bateau qui mourut de honte The Ship That Died of Shame, sorti en 1955, alors que le cinéma anglais connaît une crise sans précédent. Cet opus est le vingtième et antépénultième emballé par Basil Dearden pour le compte des Ealing Studios et sans doute l’un des plus étonnants, avec lequel son auteur retrouve une petite veine fantastique déjà exploitée dans le sensationnel Au coeur de la nuit. Également scénariste et producteur, Basil Dearden dirige de merveilleux comédiens et convoque le spectre de la Seconde Guerre mondiale, en se focalisant sur une poignée d’anciens combattants, dont l’âme est restée à bord de leur navire, en pleine mer, qu’ils ont arpenté plusieurs années pour faire face à l’ennemi. Le retour à la « vie normale » est pour ainsi dire impossible, mais il faut bien vivre et continuer à avancer puisqu’ils n’ont pas sombré dans les flots. Comme le hasard fait bien (ou mal) les choses, ces vétérans vont se retrouver quelques années plus tard et remonter à bord de leur ancien navire de guerre, reconverti en bâtiment destiné à la contrebande. Le Bateau qui mourut de honte est comme qui dirait un huis clos à ciel ouvert, où les personnages semblent avoir été enfermés à jamais sous cloche avec leur bateau. La violence jusqu’alors contenue, ainsi que les règlements de comptes vont alors exploser. Grande découverte que ce The Ship That Died of Shame.

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Test Blu-ray / Heretic, réalisé par Scott Beck & Bryan Woods

HERETIC réalisé par Scott Beck & Bryan Woods, disponible en DVD & Blu-ray le 9 avril 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloe East, Topher Grace, Elle Young…

Scénario : Scott Beck & Bryan Woods

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Chris Bacon

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…

Moonlight de Barry Jenkins, Mise à mort du cerf sacré The Killing of a Sacred Deer de Yórgos Lánthimos, 90’s Mid90s de Jonah Hill, The Lighthouse de Robert Eggers, Midsommar d’Ari Aster, Everything Everywhere All at Once de Daniel Kwan et Daniel Scheinert, The Whale de Darren Aronofsky, La Zone d’intérêt The Zone of Interest de Jonathan Glazer, pour ne citer que ceux-là, sortent tous de la même écurie, celle de la société indépendante de production et distribution A24. Un logo devenu un signe de qualité. Le dernier film en provenance du studio est Heretic, mis en scène par Scott Beck et Bryan Woods, plus connus pour leur travail de scénariste sur les deux premiers volets de la désormais franchise Sans un bruit et qui comme réalisateurs avaient signé entre autres 65 – La Terre d’avant avec Adam Driver. Le tandem revient au thriller d’horreur et offre à Hugh Grant probablement l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Tout en affichant le même sourire (en plus carnassier ceci dit) qui ravageait les coeurs dans les années 1990, le comédien, désormais âgé de 64 ans, affiche une patine qui lui sied à ravir et a l’air de prendre un malin plaisir à jouer les psychopathes, bien décidé à jouer avec les nerfs de deux jeunes femmes qui voulaient juste tailler le bout de gras et prêcher la bonne parole avec lui. Huis clos, survival, Heretic est autant un thriller qu’un drame psychologique, merveilleusement écrit, prenant, formidablement emballé et magistralement interprété par un trio d’acteurs quasi-seuls en piste et qui se renvoient la balle avec virtuosité. Un des immanquables de 2024, très justement récompensé par un beau succès critique et commercial avec près de 60 millions de dollars de recette dans le monde entier pour une mise de départ de dix millions.

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Test Blu-ray / Les Yeux de feu, réalisé par Avery Crounse

LES YEUX DE FEU (Eyes of Fire) réalisé par Avery Crounse, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Dennis Lipscomb, Guy Boyd, Rebecca Stanley, Sally Klein, Karlene Crockett, Fran Ryan, Rob Paulsen, Kerry Sherman…

Scénario : Avery Crounse

Photographie : Wade Hanks

Musique : Brad Fiedel

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

1750. Chassé de son village pour adultère, un pasteur s’enfuit avec quelques fidèles dans une région inexplorée d’Amérique du Nord. Le petit groupe finit par trouver un endroit où s’installer, inconscient des dangers qui se cachent dans les bois environnants.

Nous sommes ici dans le genre folk horror, dont certains titres demeurent emblématiques comme The Wicker Man, Le Grand Inquisiteur, La Nuit des maléfices, Les Démons du maïs (adapté de Stephen King) et plus proches de nous Le Projet Blair Witch, The Witch et Midsommar. L’opus qui nous intéresse aujourd’hui sort en 1983 et s’intitule Les Yeux de feuEyes of Fire. Mais avant cela le titre original était Crying Blue Sky, puisque le réalisateur Avery Crounse (1951-2023) a décidé de revoir sa copie, jugée trop longue et qui a dû couper plus de vingt minutes afin de gagner en rythme, afin aussi de privilégier le fantastique, le premier montage ayant été qualifié de trop contemplatif. Ce premier long-métrage d’un photographe confirmé est une splendeur visuelle, une révélation, un film unique et osons l’écrire une matrice pour de nombreux longs-métrages d’épouvante qui suivront. Écrit et mis en scène par Avery Crounse, qui s’était occupé aussi personnellement de la distribution de son premier « bébé », Les Yeux de feu est une merveille de tous les instants, un trip sensoriel inattendu, un classique instantané.

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Test Blu-ray / Une nuit mouvementée, réalisé par Mario Bava

UNE NUIT MOUVEMENTÉE (Quante volte… quella notte) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniela Giordano, Brett Halsey, Dick Randall, Valeria Sabel, Rainer Basedow, Brigitte Skay, Calisto Calisti, Pascale Petit…

Scénario : Mario Moroni, Charles Ross & Guido Leoni

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Coriolano Gori

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dragueur invétéré, Gianni Prada sillonne les rues de Rome, à la recherche de quelques jolies filles. Il finit par repérer, puis aborder dans un parc une jeune femme attrayante, Tina. Le soir même, il passe la chercher chez sa mère qui, malgré quelques réticences, les laisse sortir en discothèque. Après quoi, Gianni prend l’initiative de la ramener chez lui, prétextant un coup de fil important. Le couple passe la nuit ensemble dans l’appartement du jeune homme. Au matin, Tina retourne chez sa mère, la robe déchirée. Elle affirme que Gianni a tenté de la violer.

Qui parmi les fans (et Dieu sait s’il y en a) de Mario Bava (1914-1980) se souvient encore d’Une nuit mouvementée Quante volte…quelle notte ? Cette comédie érotique dissimulée entre La Baie sanglante Reazione a catena, Baron vampire Gli orrori del castello di Norimberga et Lisa et le diable Lisa e il diavolo est la seule incursion dans ce genre du maître italien, qui ne portait pas le registre humoristique dans son coeur et qu’il n’hésitait pas à renier par la suite, au même titre que l’improbable (mais recommandé) L’Espion qui venait du surgeléLe Spie vengono dal semifreddo (1966). Pourtant, même si effectivement Une nuit mouvementée ne restera pas dans les annales et a peu marqué les mémoires, il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans cet opus et la star du film demeure incontestablement Mario Bava. Ce dernier fait honneur à la couleur dans Quante volte…quelle notte et s’associe une fois de plus avec le chef opérateur Antonio Rinaldi pour « peindre » directement sur la pellicule et ce dès le générique qui rappelle celui de La Panthère rose de Blake Edwards. Cette explosion de couleurs est l’un des gros points forts d’Une nuit mouvementée, bel objet cinématographique à étudier pour les amateurs et les passionnés de Mario Bava. Mais l’autre atout, non négligeable, est la présence en haut de l’affiche de la sublime Daniela Giordano, miss Italie 1966, très convoitée par les réalisateurs, qui porte le film sur ses belles épaules dénudées. Assurément une curiosité dans la carrière du cinéaste.

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Test Blu-ray / Sept hommes à abattre, réalisé par Budd Boetticher

SEPT HOMMES À ABATTRE (Seven Men From Now) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD depuis le 19 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Gail Russell, Lee Marvin, Walter Reed, John Larch, Don « Red » Barry, Fred Graham, John Beradino.…

Scénario : Burt Kennedy

Photographie : William H. Clothier

Musique : Henry Vars

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

L’ex-shérif Ben Stride est à recherche des sept meurtriers de sa femme lors d’un braquage de la Wells Fargo. Se culpabilisant de ce meurtre, il prend la route de la Californie sur la piste des bandits. Il croise le chemin d’un couple et de deux bras cassés qui le mènent vers les malfrats mais s’enfuient avec le butin. Dans ce périple, plus d’un est porteur de secrets… !

En 1956, débute le cycle Ranown, dont nous avons déjà parlé à quelques reprises, qui désigne les sept collaborations entre le réalisateur Budd Boetticher (1916-2001) et l’acteur Randolph Scott (1898-1987). Sept westerns tournés entre 1956 et 1960, sept films considérés comme faisant partie des meilleurs westerns de l’histoire du cinéma. Vont ainsi se succéder Sept hommes à abattre Seven Men From Now, L’Homme de l’Arizona The Tall T, Le Vengeur agit au crépuscule – Decision at Sundown, L’Aventurier du Texas Buchanan Rides Alone, La Chevauchée de la vengeance Ride Lonesome, Le Courrier de l’or Westbound et Comanche Station. Deux autres grands noms se distingueront également de ce cycle Ranown, celui de Burt Kennedy et celui de Charles Lang Jr, scénaristes qui se relaieront d’opus en opus, même si le premier a plus imprimé sa marque que le second. Si vous êtes néophytes, précipitez-vous immédiatement sur ce premier « volet », qui condense tout ce qui a fait la popularité et la pérennité de cette anthologie. Une durée ramassée (Sept hommes à abattre n’excède pas les 75 minutes et avait même été coupé pour son exploitation dans les salles françaises), un montage sec et nerveux, un sens inouï du cadre, un héros que l’on pourrait qualifier de minéral qui annonce quelque part l’Homme sans nom que campera Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar dix ans plus tard. Magistralement mis en scène par Budd Boetticher, que nous n’aurons de cesse de réhabiliter encore et toujours, porté par un Randolph Scott impérial (dans un rôle refusé par John Wayne, pris par La Prisonnière du désert, qui produit néanmoins le film et le propose à Boetticher et Scott) qui donne la réplique (ou le regard) à l’immense Lee Marvin, Seven Men From Now est une étape indispensable dans la vie d’un cinéphile.

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Test Blu-ray / The Night my Number Came Up, réalisé par Leslie Norman

LE JOUR OÙ MON DESTIN S’EST JOUÉ (The Night my Number Came Up) réalisé par Leslie Norman, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Michael Redgrave, Sheila Sim, Alexander Knox, Denholm Elliott, Ursula Jeans, Ralph Truman, Michael Hordern, Nigel Stock…

Scénario : R.C. Sheriff, d’après une histoire originale de Victor Goddard

Photographie : Lionel Banes

Musique : Malcolm Arnold

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Au cours d’une escale aérienne entre Hong Kong et le Japon, le colonel Lindsay raconte son rêve de la nuit précédente : son avion était pris dans une tempête et s’écrasait. Peu à peu, tous réalisent qu’ils sont en train de vivre la même histoire. Le destin de l’avion va-t-il dépendre du cauchemar prophétique… ?

Leslie Norman (1911-1993) n’est peut-être pas le nom le plus emblématique issu des studios Ealing et pourtant celui-ci en fut l’un des hommes les plus en vue. Tout d’abord monteur, pour Basil Dearden, Alberto Cavalcanti ou Allan Dwan, Leslie Norman passe derrière la caméra en 1955, à l’heure où le cinéma britannique dit « traditionnel » connaît un ralentissement conséquent, pour laisser place à l’émergence de la Hammer qui se spécialise dans l’épouvante. Ainsi, quelques mois avant le célèbre Le Monstre Quatermass Xperiment de Val Guest, les studios Ealing donnent sa chance à leur poulain de toujours (25 ans d’expérience tout de même), pour tenter de renouer avec la veine fantastique établie avec le sensationnel Au coeur de la nuit Dead of Night sorti dix ans auparavant. The Night my Number Came Up ou La Nuit où mon destin s’est joué en version française, est donc le premier long-métrage comme metteur en scène de Leslie Norman et un véritable bijou. Ce quasi-huis clos et drame fantastique est une expérience sensorielle qui demeure particulièrement efficace 70 ans après sa sortie. Avec son suspense tendu du début à la fin, son atmosphère anxiogène maintenue et son formidable casting, The Night my Number Came Up, nommé à quatre reprises aux BAFTA de 1956, est une indéniable et précieuse découverte pour les cinéphiles, d’autant plus que le postulat n’est pas sans annoncer les intrigues de quelques séries télévisées contemporaines comme Lost et ses ersatz, ainsi que de la franchise Destination Finale.

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Test Blu-ray / Les Hommes préfèrent les grosses, réalisé par Jean-Marie Poiré

LES HOMMES PRÉFÈRENT LES GROSSES réalisé par Jean-Marie Poiré, disponible en DVD & Blu-ray le 18 mars 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Josiane Balasko, Daniel Auteuil, Luis Rego, Dominique Lavanant, Ariane Lartéguy, Thierry Lhermitte, Xavier Saint-Macary, François-Eric Gendron, Martin Lamotte…

Scénario : Josiane Balasko & Jean-Marie Poiré

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Catherine Lara

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Lydie prend possession d’un grand appartement pour son fiancé et elle. Mais il la quitte. Le loyer étant trop cher, elle opte pour la cohabitation. C’est un mannequin, Eva, qui lui loue la chambre. Eva a beaucoup d’amis et Lydie, possédant un physique moins avantageux, voit sa vie bousculée…

Aaaaah Les Hommes préfèrent les grosses…ou quand les chaînes de télévision ne craignaient de diffuser certains films, ne serait-ce qu’en raison de leurs titres, de peur que certains spectateurs « sensibles » ne soient heurtés au point d’en parler des heures sur les réseaux sociaux. Cette comédie géniale qui en a bercé plus d’un, dont l’auteur de ces mots, demeure le premier grand succès personnel de Josiane Balasko en tête d’affiche, mais aussi celui de Jean-Marie Poiré, qui signait son troisième long-métrage comme réalisateur et dont Les Petits Câlins (1977) et Retour en force (1980) étaient restés plus confidentiels avec « seulement » 481.000 entrées pour le premier et 457.000 spectateurs pour le second. Avec près de deux millions d’entrées engrangés en août 1981, alors que le box-office était pour l’instant dominé par Moi Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée…, Viens chez moi j’habite chez une copine, Elephant man, Excalibur et Diva, la grande Josiane s’immisce dans ce top et même si le film se fera ensuite dépasser par La Chèvre, Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, La Guerre du feu, Les Uns les autres, Rien que pour vos yeux, La Soupe aux choux, Le Maître d’école et Pour la peau d’un flic, Les Hommes préfèrent les grosses devient l’un des films de l’année. Merveilleusement écrite par la comédienne, en collaboration étroite avec Jean-Marie Poiré lui-même, aux moments perdus du tournage des Bronzés font du ski, cette ode aux outsiders n’a rien perdu de son mordant et reste une étape indispensable pour tous les amoureux de la comédie, la vraie, celle qui fonçait dans le tas et qui n’avait pas besoin d’être méchante pour cela.

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