Test Blu-ray / Monamour, réalisé par Tinto Brass

MONAMOUR réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Anna Jimskaia, Nela Lucic, Riccardo Marino & Max Parodi…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin

Photographie : Andrea Doria

Musique : Heron Borelli, Francesco Gualerzi & Lucio Boiardi Serri

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2005

LE FILM

Marta n’est plus satisfaite par les relations intimes partagées avec son mari, Dario. D’autant plus que ce dernier se consacre à plein temps au salon de la littérature de Mantoue. Elle croise alors le chemin de Léon, jeune artiste français, avec lequel elle s’emploie à satisfaire ses moindres désirs érotiques…

Même si le maestro est encore parmi nous aujourd’hui et vient d’ailleurs de fêter ses 92 printemps, Monamour demeure le dernier long-métrage de Tinto Brass. Sorti directement dans les bacs en 2005, ce dernier baroud d’honneur du réalisateur de Fallo !, Transgression, Le Voyeur, La Clé, Monella – Lola la frivole, Salon Kitty et Miranda montrait à quel point celui-ci était toujours vert et animé par ses obsessions. À l’instar du dénommé Claudio, séducteur que vous connaissez sans doute pour ses punchlines du genre « Je pense que chaque journée sans femme est une journée de perdue » ou bien encore « J’adore la vie, je suis un jouisseur et j’aime la vie du matin au soir et du soir au matin », l’amico Tinto n’a jamais pu s’empêcher de filmer les charmantes donzelles dans le plus simple appareil. Dans Monamour, titre tout attaché et faisant référence à l’amant français du film, le cinéaste, qui adapte ici un roman d’Alina Rizzi (Amare Leon), s’intéresse une fois de plus au désir, féminin et masculin, en indiquant que les femmes veulent que les hommes les prennent, pas qu’ils les comprennent. Sur ce postulat, il livre une radiographie des rapports humains, en se concentrant sur un couple, non pas en manque d’amour, mais en manque de plaisir, surtout pour la jeune femme. Là-dessus, l’adultère et la jalousie s’en mêlent, ravivant le désir et la bestialité propres à chaque être humain. Monamour est un peu bavard, mais que les fans se rassurent, Tinto Brass ne les a jamais trahis et son ultime film (à ce jour, qui sait…) saura contenter leurs instincts primaires en ébullition.

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Test Blu-ray / Le Voyeur, réalisé par Tinto Brass

LE VOYEUR (L’Uomo che guarda) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Francesco Casale, Katarina Vasilissa, Franco Branciaroli, Cristina Garavaglia, Raffaella Offidani, Martine Brochard, Antonio Salines, Eleonora De Grassi, Gabri Crea…

Scénario : Tinto Brass

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Dans un collège de Rome, un professeur dénommé Dodo est en pleine dépression. Silvia, sa femme vient de le quitter pour un autre homme. Il ne cesse de penser à leurs ébats érotiques passés. En rendant visite à son exhibitionniste de père, Dodo fait la connaissance de Fausta, la servante de la maison. Cette jolie fille au tempérament torride va rapidement lui faire oublier ses déboires conjugaux. Plus tard, Dodo fait la rencontre de Pascasie, une ravissante étudiante métisse dont il va tomber amoureux…

Si Le Voyeur L’Uomo che guarda est sorti sur les écrans (mais pas chez nous) en 1994, ce projet remonte en fait presque dix ans en arrière, mais avait dû être mis de côté suite à la mort de l’écrivain et journaliste Alberto Moravia. En effet, dès la publication du roman publié en France sous le titre L’Homme qui regarde, Tinto Brass désire l’adapter et ce avec la bénédiction de l’auteur avec lequel il était très ami. Avant le décès d’Alberto Moravia en septembre 1990, le cinéaste avait été obligé de reporter cette transposition. Suite à cette disparition, les deux anciennes compagnes de l’intellectuel transalpin s’en mêlent et refusent finalement que le nom illustre de l’auteur soit mentionné par Tinto Brass si son projet venait à naître. C’est finalement ce qui arrive en 1994. Le maître du cinéma érotique s’en donne à coeur joie et celui-ci plonge une nouvelle fois le spectateur dans son univers personnel, teinté de décors tiré du théâtre avec ses toiles peintes, dans lesquels déambulent des comédiennes aux formes très rebondies, allant là où Federico Fellini n’avait su ou pu s’engouffrer, parfois même jusqu’aux frontières de l’anatomie féminine, le tout sur une musique de Riz Ortolani qui mise sur le « sexophone ».. Ode au plaisir et, comme si son titre l’indique, au voyeurisme, « qui n’est pas une perversion, ni un vice, mais une vertu » comme l’a souvent indiqué Tinto Brass au cours de sa vie et de sa carrière, Le Voyeur n’est pas son opus le plus célèbre, mais reste marqué par quelques belles fulgurances et certains délires qui lui sont propres. Et puis, soyons honnêtes, L’Uomo che guarda demeure un film que l’on peut aisément qualifier de bandant.

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Test Blu-ray / Le Sorcier du Rio Grande, réalisé par Charles Marquis Warren

LE SORCIER DU RIO GRANDE (Arrowhead) réalisé par Charles Marquis Warren, disponible en Blu-ray + DVD + Livret depuis le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Jack Palance, Katy Jurado, Brian Keith, Mary Sinclair, Milburn Stone, Richard Shannon, Lewis Martin.…

Scénario : Charles Marquis Warren, d’après le roman de W.R. Burnett

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Dans le désert du Sud-Ouest Américain, Ed Bannon, officier de cavalerie qui a grandi chez les Apaches, commande une unité chargée de faire la paix avec les guerriers de cette tribu. Forcé au combat, il affronte le chef indien élevé chez les blancs, Toriano, les deux hommes se connaissent depuis leurs enfances.

Le nom de Charles Marquis Warren (1912-1990) n’est sans doute pas très connu de ce côté de l’Atlantique. En revanche, il demeure célèbre aux États-Unis pour son travail dans le western, en littérature, mais aussi au cinéma comme à la télévision. Si ses œuvres les plus marquantes restent les séries Gunsmoke, Le Virginien et Rawhide, pour le grand écran, c’est un peu plus aléatoire, puisqu’il écrit pour les autres (Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper, Fort Invincible de Gordon Douglas, La Chevauchée de l’honneur de Leslie Fenton, La Mission du commandant Lex d’André de Toth), mais aussi pour lui-même (Charro avec Elvis Presley, La Chevauchée des Vaqueros avec Joel McCrea, Little Big Horn avec Lloyd Bridges). 1953, il adapte Adobe Walls, un roman de W. R. Burnett, auteur très prisé par Hollywood puisque Quand la ville dort de John Huston, La Fille du désert, La Grande évasion et L’Escadron noir de Raoul Walsh, ainsi que Le Petit César de Mervyn LeRoy étaient déjà tirés de ses œuvres. Si Charles Marquis Warren s’éloigne volontairement du livre original, c’est pour mieux recentrer son récit sur l’opposition des deux personnages principaux, interprétés ici par Charlton Heston et Jack Palance. Le premier a alors le vent en poupe au début des années 1950 et enchaîne une série de westerns, à l’instar du Fils de GéronimoThe Savage de George Marshall et de films d’aventures à succès (Quand la Marabunta grondeThe Naked Jungle de Byron Haskin, Le Secret des IncasSecret of the Incas de Jerry Hopper). Prenant déjà de beaux risques alors qu’il n’est qu’au début de sa carrière cinématographique, il incarne un individu froid, repoussant, animé par la haine. Mais comme souvent, Charlton Heston, qui n’a jamais choisi ses rôles au hasard et surtout sans réflexion, apporte à son personnage une importante et passionnante ambiguïté, cherchant non pas à excuser les agissements de son personnage, mais plutôt à comprendre pourquoi Ed Bannon est devenu ainsi. Western excessivement mal reçu à sa sortie et bien encore après, au point où il est encore aujourd’hui très souvent rejeté par les cinéphiles qui en ont entendu des vertes et des pas mûres, surtout son caractère raciste (ce qu’il n’est pas du tout), Le Sorcier du Rio Grande Arrowhead vaut pour la confrontation de ses deux têtes d’affiche, qui assurent chacun de leur côté et qui font des étincelles quand ils se retrouvent face à face. Un divertissement avant tout, mais aussi doublé d’une réflexion sur ce qui peut amener un être humain à vivre dans l’hostilité, l’aversion, la malveillance et le ressentiment. Un western pas aussi idiot, comme ont pu le qualifier certains critiques et même historiens du cinéma spécialisés dans le genre, les mêmes qui encensent Le Vent de la plaine The Unforgiven, qui pour le coup est plus que nauséabond. Faites-vous donc votre propre opinion, avant de tirer sur l’ambulance sans même connaître ce film finalement moins célèbre que sa réputation.

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Test Blu-ray / Les Travaux d’Hercule, réalisé par Pietro Francisci

LES TRAVAUX D’HERCULE (Le Fatiche di Ercole) réalisé par Pietro Francisci, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Steve Reeves, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Ivo Garrani, Mimmo Palmara, Arturo Dominici, Lidia Alfonsi, Gina Rovere, Luciana Paluzzi, Gabriele Antonini…

Scénario : Ennio De Concini, Pietro Francisci & Gaio Frattini

Photographie : Mario Bava

Musique : Enzo Masetti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Le roi de Iolcos, Pellas, fait venir Hercule à sa cour pour lui confier l’éducation de son fils, Iphitos. Ce dernier, jaloux de la force de son précepteur, trouve la mort en affrontant le lion de Némée. Pellas envoie alors Hercule combattre le taureau de Crète. Mais le trône de Iolcos revient de droit à Jason, Pellos n’étant qu’un fourbe usurpateur. Hercule va s’embarquer avec Jason sur l’Argos à la recherche de la Toison d’or afin de l’aider à reconquérir son royaume.

C’est donc avec Les Travaux d’Hercule Le Fatiche di Ercole que tout a (re)commencé. En effet, si le péplum avait déjà connu un bel engouement au temps du cinéma muet (en France, en Italie et également à Hollywood), le film réalisé par Pietro Francisci (1906-1977) va relancer ce genre à travers le monde. Si juste avant celui-ci, UlysseUlisse de Mario Camerini avait attiré plus de 13 millions de spectateurs dans les salles en Italie (le film est encore le quinzième plus grand succès de tous les temps de l’autre côté des Alpes), point de Kirk Douglas à l’affiche des Travaux d’Hercule et pourtant près de six millions d’italiens se déplaceront pour découvrir les exploits de ce demi-Dieu. Ancêtre du blockbuster, Le Fatiche di Ercole fait de Steve Reeves (1926-2000), culturiste de son état, essayant alors de percer au cinéma, une star planétaire du jour au lendemain. Les producteurs voudront aussi profiter de cet engouement en mettant en route à leur tour un péplum et le public n’aura que l’embarras du choix. Ainsi, le personnage d’Hercule (pour ne citer que lui) sera décliné à toutes les sauces, La Vengeance d’Hercule, Les Amours d’Hercule, La Fureur d’Hercule, Hercule à la conquête de l’Atlantide, Hercule contre les vampires, Ulysse contre Hercule, Hercule se déchaîne, Samson contre Hercule, Hercule contre Moloch, Hercule contre les mercenaires, Hercule, Samson et Ulysse, Le Triomphe d’Hercule, Hercule contre Rome, Hercule contre les tyrans de Babylone…tout cela en l’espace de six ou sept ans seulement. Mais pour l’heure, Les Travaux d’Hercule demeure une pierre angulaire, une matrice, une étape indispensable pour le cinéphile, qui saura encore aujourd’hui apprécier le soin apporté à la mise en scène, aux décors, mais aussi et surtout à la photographie que l’on doit à l’un des plus grands artistes transalpins, Mario Bava, qui aurait également apporté son soutien à Pietro Francisci sur certaines séquences. Le divertissement reste assuré, le charme rétro fait son effet, tout comme les costumes courts et cintrés de la sublime Sylva Koscina, à se damner dans la peau de Iole fille de Pélias, pour laquelle Hercule est prêt à devenir un humain à part entière.

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Test Blu-ray / Jeunesse perdue, réalisé par Pietro Germi

JEUNESSE PERDUE (Gioventù perduta) réalisé par Pietro Germi, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 20 mars 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Carla Del Poggio, Massimo Girotti, Jacques Sernas, Franca Maresa, Diana Borghese, Nando Bruno, Leo Garavaglia, Dino Maronetto, Giorgio Metrailler…

Scénario : Pietro Germi, Mario Monicelli, Antonio Pietrangeli, Enzo Provenzale, Leopoldo Trieste & Bruno Valeri

Photographie : Carlo Montuori

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Dans la Rome de l’après-guerre, un homme est tué lors d’un braquage. Soupçonnant des étudiants, l’inspecteur Mariani s’infiltre dans l’université en se faisant passer pour un étudiant. Il va vite localiser un suspect, mais aussi tomber amoureux de sa sœur…

Les sorties en Haute-Définition de Séduite et abandonnée et Divorce à l’italienne, nous avaient permis de revenir sur l’un des cinéastes italiens les plus importants de l’après-guerre, Pietro Germi (1914-1974). Jeunesse perdue Gioventù perduta est son second long-métrage comme metteur en scène, qui rend compte de sa cinéphilie, en l’occurrence de son amour pour le film noir américain, auquel il rendra souvent hommage. Leçon de montage, très bien rythmé, Jeunesse perdue tient en haleine du début à la fin et démontre le savoir-faire de Pietro Germi derrière la caméra. L’élégance de la mise en scène, la beauté de Carla Del Poggio et le sens du récit emportent facilement l’adhésion, d’autant plus que, comme à son habitude, le cinéaste dresse une implacable radiographie de son pays, ce qui lui vaudra d’ailleurs de grands démêlés avec la censure mise en place par Giulio Andreotti. Que reste-t-il du fascisme après la chute et l’exécution de Benito Mussolini ? En se focalisant sur un jeune de bonne famille, dont l’ambition a été tuée dans l’oeuf après la pendaison du Duce, Pietro Germi démontre que le mal couve encore et qu’il n’a sûrement pas disparu en même temps que celui qui avait alors gouverné l’Italie durant une vingtaine d’années. Édifiant et percutant, mais aussi un bel objet de cinéma.

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Test Blu-ray / Quand la Marabunta gronde, réalisé par Byron Haskin

QUAND LA MARABUNTA GRONDE (The Naked Jungle) réalisé par Byron Haskin, disponible en Blu-ray + DVD + Livret depuis le 23 août 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Eleanor Parker, Abraham Sofaer, William Conrad, Romo Vincent, Douglas Fowley, John Dierkes, Pilar Del Rey, Bernie Gozier, Jerry Groves.…

Scénario : Ranald MacDougall, Ben Maddow & Philip Yordan, d’après une nouvelle de Carl Stephenson

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : Daniele Amfitheatrof

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Joanna rejoint au Brésil l’homme qu’elle a épousé dans le cadre d’un mariage arrangé. Son mari se montre très distant avec elle et ne pense qu’à s’occuper de sa plantation de cacao. D’ailleurs, il apprend un jour que des millions de Marabunta, une espèce de fourmis, sont en passe d’infester et donc de détruire son exploitation. Joanna se montre alors d’un soutien sans faille afin de trouver une solution au problème.

Quand la Marabunta grondeThe Naked Jungle a laissé de beaux et bons souvenirs à de nombreux spectateurs. Charlton Heston n’hésitait pas non plus à déclarer qu’il s’agissait de l’un des meilleurs films de son début de carrière. Passant d’un genre à l’autre, du polar (La Main qui venge) au western (Le Fils de Géronimo), du film politique (Le Général invincible) à la comédie dramatique (Sous le plus grand chapiteau du monde), le comédien aborde le registre de l’aventure avec Quand la Marabunta gronde, réalisé par Byron Haskin (1899-1984), metteur en scène, directeur de la photographie (pour Frank Borzage, Michael Curtiz, Lloyd Bacon…) et technicien de renom dans le domaine des effets spéciaux, spécialité qui lui a valu d’être nommé à plusieurs reprises aux Oscars. Il se voit confier des budgets confortables de la part de Disney (pour la première adaptation entièrement en prise de vue réelle de L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson), mais la consécration mondiale viendra avec La Guerre des mondes The War of the Worlds, produit par George Pal, adaptation du roman de H. G. Wells, film qui fera date et qui demeure encore aujourd’hui une immense référence de la science-fiction. L’année suivante, rebelote pour le producteur et Byron Haskin, qui emmènent cette fois les spectateurs en Amérique du Sud, où un « couple » (les guillemets sont indispensables puisque cet homme et cette femme sont mariés…mais ne s’étaient jamais rencontrés) en crise, va devoir s’unir pour de bon afin de contrer l’invasion de…fourmis rouges. Celles-ci forment une marée destructrice de 30 kilomètres de long sur 3 kilomètres de large, capable d’anéantir tout sur leur passage. Mais elles n’avaient pas pensé à affronter celui qui allait incarner Moïse trois ans après, mister Heston en personne. Si beaucoup trouveront le temps long en raison de la romance contrariée du couple star qui dure au bas mot une bonne heure, les autres se délecteront de la dernière demi-heure qui remplit son contrat dans le genre film catastrophe avant l’heure. On aime ce divertissement désuet, qui offre à Charlton Heston l’occasion d’interpréter un personnage peu sympathique, froid, glacial même, brutal, misogyne…mais qu’on aime détester et auquel l’acteur apporte une réelle et intéressante ambiguïté. À (re)découvrir.

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Test Blu-ray / Sac de noeuds, réalisé par Josiane Balasko

SAC DE NOEUDS réalisé par Josiane Balasko, disponible en DVD & Blu-ray le 18 mars 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Isabelle Huppert, Josiane Balasko, Farid Chopel, Jean Carmet, Coluche, Dominique Lavanant, Michel Albertini, Daniel Russo, Jean-Pierre Coffe…

Scénario : Josiane Balasko & Jacques Audiard

Photographie : François Catonné

Musique : Gérard Blanchard & Michel Goglat

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Une vamp de banlieue se réfugie chez sa voisine, une demi-clocharde plutôt laide et suicidaire. Se croyant meurtrière de son mari policier et alcoolique qu’elle vient de mettre hors d’état de nuire, elle embarque dans son échappée sa voisine ainsi qu’un délinquant en cavale presque malgré lui…

Alors que ses amis Gérard Jugnot et Michel Blanc viennent de passer avec succès à la réalisation, avec Pinot simple flic (2,4 millions d’entrées) et Marche à l’ombre (6,1 millions de spectateurs), Josiane Balasko s’y colle à son tour avec Sac de nœuds. Moins burlesque, plus sombre et sans doute moins accessible au grand public, ce premier long-métrage témoigne d’une vraie patte au niveau de son scénario et de ses dialogues (ciselés), tout en s’inspirant ouvertement de l’univers de Bertrand Blier. Sac de nœuds est comme une synthèse digérée des Valseuses, de Buffet froid et de La Femme de mon pote, en se focalisant notamment sur la fuite en avant (et vers nulle part surtout) d’un trio original, d’inadaptés, de marginaux, de paumés, qui ne s’attendaient pas à se carapater ensemble, mais que le destin a finalement décidé de réunir. Comme l’union fait la force, Anita, Rose-Marie et Rico, vont apprendre à se supporter, à s’apprécier et même à s’aimer, tout en fonçant à vive allure vers la Creuse. Sac de nœuds n’est pas une comédie comme les autres. On peut même dire qu’il s’agit souvent d’un drame, teinté de mélancolie, de crasse aussi, puisque les personnages ne sont guère reluisants, cabossés par l’existence, qui n’a guère été sympa avec eux jusqu’à présent. C’est pourquoi, même s’il a pris un coup sur la cafetière dans la forme (y compris dans la musique signée Gérard Blanchard), redécouvrir Sac de nœuds détonne, car le film emmène le spectateur là où il le soupçonnait le moins, sûrement pas dans la gaudriole. Évidemment, si l’on rit souvent, la réflexion n’est pas oubliée et l’émotion pointe à plusieurs reprises, jusqu’au final aussi inattendu que culotté.

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Test Blu-ray / Trois amies, réalisé par Emmanuel Mouret

TROIS AMIES réalisé par Emmanuel Mouret, disponible en DVD & Blu-ray le 6 mars 2025 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Damien Bonnard, Grégoire Ludig, Vincent Macaigne, Éric Caravaca, Louise Vallas…

Scénario : Emmanuel Mouret & Carmen Leroi

Photographie : Laurent Desmet

Musique : Benjamin Esdraffo

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Joan n’est plus amoureuse de Victor et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice, sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Éric et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca, leur amie commune… Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois amies et leurs histoires s’en trouvent bouleversées.

Il est assez rare en France, qu’un cinéaste enchaîne à ce point les réussites et ce depuis un quart de siècle. C’est bien simple, en dehors d’un gros raté (Une autre vie en 2013, avec Jamsine Trinca et JoeyStarr), les dix autres longs-métrages d’Emmanuel Mouret oscillent entre le formidable et le sublime. Dans cette seconde catégorie, il faudra désormais ajouter Trois amies, présenté en compétition officielle lors de la dernière édition de la Mostra de Venise, en septembre 2024, 12e opus (pour le cinéma) du réalisateur acclamé ces dernières années pour Mademoiselle de Joncquières (2018) et dernièrement pour Chronique d’une liaison passagère (2022). Deux ans après ce dernier, Emmanuel Mouret se penche une fois de plus sur le thème, ô combien complexe, mais passionnant, de l’amour dans tous ses états, et place ici trois sublimes comédiennes en haut de l’affiche, India Hair, Sara Forestier et Camille Cottin. Cela étant, il n’oublie pas la gent masculine et Grégoire Ludig, Vincent Macaigne (qui avait déjà collaboré avec Emmanuel Mouret), Damien Bonnard et Éric Caravaca auraient tout aussi bien pu avoir leur place aux côtés de leurs consœurs. Comme à son habitude, sans aucune redondance, avec un sens inouï du rythme et avec une élégance propre à son cinéma depuis ses débuts, le metteur en scène et scénariste livre à sa distribution une fabuleuse partition sur ce qu’on pourrait qualifier les équations de l’amour, qui possèdent un nombre incalculable d’inconnues et donc tout autant de combinaisons à essayer, ou tout du moins à vivre. Le spectateur se laisse embarquer dans cet opéra tragi-comique ou comédie teintée de drames (on vous l’a dit, les tournures sont multiples), qui rend compte de la complexité intemporelle et universelle de l’existence. Un des très grands films français de l’année 2024.

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Test Blu-ray / Zig Zig, réalisé par László Szabó

ZIG ZIG réalisé par László Szabó, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 26 mars 2025 chez Pathé.

Acteurs : Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Walter Chiari, Jean-Pierre Kalfon, Yves Afonso, Georgette Anys, Stéphane Shandor, Jean-Pierre Maud…

Scénario : László Szabó

Photographie : Jean-Pierre Baux

Musique : Karl-Heinz Schäfer

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Marie et Pauline sont deux chanteuses de cabaret, qui rêvent de s’offrir un chalet à la montagne. Pour ce faire, les deux femmes se prostituent. Marie se trouve mêlée à une affaire concernant l’enlèvement de la femme d’un de ses clients. De plus, elle découvre que Pauline est dans le coup. Un policier retraité résout l’affaire.

László Szabó (né en 1936), c’est tout d’abord une tronche de cinéma croisée chez Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Costa-Gavras, François Truffaut, Éric Rohmer, Arnaud Desplechin, un nom souvent rattaché à la Nouvelle vague. Hongrois de naissance, arrivé en France quand il avait vingt ans, László Szabó, cinéphile fréquentant la Cinémathèque d’Henri Langlois, où il rencontre la bande des Cahiers du cinéma. Quand les membres de celle-ci se lancent dans le cinéma, ils n’hésitent pas à faire tourner leur ami, qui apparaîtra aussi bien dans À double tour que dans Pierrot le fou, dans L’Aveu et plus tard dans Le Dernier métro. C’est tout naturellement qu’il se lance également dans la mise en scène avec un court-métrage, Le Voyage du Lieutenant Le Bihan (1969), suivi de près par un premier long-métrage, Les Gants blancs du diable (1973), tous les deux interprétés par Bernadette Lafont et Yves Afonso. Ces deux œuvres imposent un ton singulier, un univers original et témoignent de la prédilection du réalisateur pour le côté sombre de l’existence. Il enchaîne avec Zig Zig, qui transforme l’essai et avec lequel László Szabó donne libre cours à sa fantaisie toujours teintée de noirceur, en se focalisant sur le monde de la nuit dans le quartier de Pigalle. Il réunit alors deux des plus grandes comédiennes du cinéma français, Catherine Deneuve et (cette fois encore) Bernadette Lafont, dont l’alchimie fait des étincelles à l’écran. Seulement voilà, au mi-temps des années 1970, le public se désintéresse de la première (son dernier grand succès remonte à Peau d’âne), tandis que la seconde est plongée dans le cinéma d’auteur depuis quelques années (Michel Drach, Jacques Rivette, Jean Eustache…). Résultat des courses, la barre des 300.000 spectateurs n’est même pas franchie pour Zig Zig, qui s’évapore immédiatement de la mémoire de ceux qui l’ont découvert dans les salles. Un demi-siècle après sa sortie, nous déterrons cet ovni du septième art hexagonal, qui rappelle étonnamment le cinéma de Rainer Werner Fassbinder, tout en convoquant le spectre des comédies musicales de Jacques Demy, avec une Catherine Deneuve qui chante et qui danse avec sa virevoltante partenaire. Quasiment inclassable, Zig Zig enchaîne les scènes comme s’il s’agissait d’une chronique du Paris interlope, en jouant avec les genres, en faisant perdre ses repères aussi bien aux personnages qu’à celui qui tente de suivre l’itinéraire de Pauline et Marie. C’est donc une sacrée curiosité, doublée d’une véritable expérience de cinéma.

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Test Blu-ray / Here – Les Plus belles années de notre vie, réalisé par Robert Zemeckis

HERE – LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE (Here) réalisé par Robert Zemeckis, disponible en DVD & Blu-ray le 12 mars 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery, Ophelia Lovibond, Beau Gadsdon, Nikki Amuka-Bird…

Scénario : Eric Roth & Robert Zemeckis, d’après le roman graphique de Richard McGuire

Photographie : Don Burgess

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

À travers les âges et les époques, hommes et femmes défilent dans un lieu unique, sur trois générations. En défiant le temps, ce lieu sera le témoin unique de l’évolution de l’humanité et deviendra le théâtre de vies entremêlées, d’histoires d’amour, de conflits et de découvertes…

C’est un fait, le succès échappe à Robert Zemeckis depuis Flight, sorti aux Etats-Unis en 2012, qui avait récolté plus de 160 millions dans le monde pour un budget étonnamment « dérisoire » de trente millions. Malgré leurs immenses qualités, The Walk : Rêver plus haut, Alliés et Bienvenue à Marwen se sont tous les trois plantés au box-office. Les mal-aimés (à juste titre cette fois) Sacrées sorcières The Witches et Pinocchio (adaptation live du long-métrage d’animation Disney) ont connu une exploitation limitée, dans les salles pour le premier ou sur la plateforme de Mickey pour le second et l’on attendait patiemment de revoir un film de Robert Zemeckis dans les salles. Une fois ce retour annoncé, quelle ne fut pas notre impatience de retrouver toute l’équipe de Forrest Gump (devant et derrière la caméra) réunie pour une nouvelle expérience de cinéma, propre à son auteur. La déception est de mise et Here Les Plus belles années de notre vie ne peut rivaliser avec l’ampleur des opus précédents du cinéaste…en ce qui concerne le fond du moins, car force est de constater le 22e long-métrage de Robert Zemeckis possède là encore une bonne longueur d’avance sur ses camarades. Le metteur en scène tant acclamé jadis pour sa trilogie Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit, a toujours été à la pointe des effets visuels, à l’instar de la capture de mouvements initiée il y a plus de vingt ans avec Le Pôle express The Polar Express. Toujours à la recherche de nouveaux outils pour raconter ses histoires, Robert Zemeckis bénéficie ici de l’intelligence artificielle, une technologie baptisée Metaphysic Live, utilisée pour rajeunir ses comédiens (en temps réel sur le plateau), dont les personnages sont suivis de l’enfance à la vieillesse. L’occasion de redécouvrir Tom Hanks et Robin Wright comme si le premier venait de tourner Big et la seconde Princess Bride. Le résultat est bluffant et Here interpelle, passionne par son côté technique, qui laisse pantois d’admiration. Cependant, le bât blesse au niveau du récit, les protagonistes ne sont guère attachants et finalement noyés dans les effets spéciaux (omniprésents), d’autant plus que Here reste en caméra fixe durant près de 100 minutes. En fait, le film ressemble à une attraction qui aurait pu tout aussi bien avoir sa place dans un parc à thèmes (après tout, le cinéma est né dans les foires), à l’instar du Visionarium, longtemps disponible à Disneyland Paris, qui utilisait la technique Circle-Vision 360°, qui parlait aussi du thème du voyage dans le temps. C’est ce même sujet que traite Robert Zemeckis, en prenant comme point de vue celui d’une maison, d’une terre même, de la météorite responsable de l’extinction des dinosaures (si si) à l’hiver d’une poignée de personnages qui vont habiter la majeure partie de leur existence dans une bâtisse, dont le cinéaste va disséquer la mémoire des murs. Dommage que l’émotion manque à l’appel donc. Il faudra sans doute beaucoup de temps pour apprécier pleinement Here (qui nous rappelle A Ghost Story de David Lowery), qui pendant longtemps risque de demeurer un fascinant objet d’étude estimé à 50 millions de dollars (hors promo), qui n’aura rapporté que 16 millions dans le monde et attiré seulement 60.000 spectateurs en France.

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