Test Blu-ray / Silent Night, réalisé par John Woo

SILENT NIGHT réalisé par John Woo, disponible en DVD & Blu-ray le 29 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Joel Kinnaman, Catalina Sandino Moreno, Kid Cudi, Harold Torres, Vinny O’Brien, Yoko Hamamura, Anthony Giulietti, John Pollack…

Scénario : Robert Archer Lynn

Photographie : Sharone Meir

Musique : Marco Beltrami

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En couple avec Saya, Brian Godlock est un père de famille comme tout le monde. En cette veille des fêtes de fin d’année, son jeune fils est tué, victime collatérale d’une guerre des gangs. Godlock va alors décider de se venger. Ignorant tous les codes, il va devoir se rendre dans les bas-fonds de la pègre et dans ce monde qu’il ne connaît pas, pour tuer les responsables de la mort de son enfant.

Pourquoi tant de haine autour du dernier long-métrage en date de John Woo ? Vingt ans après Paycheck, le réalisateur chinois fait son retour à Hollywood pour un nouveau film d’action, qui présente pour particularité de ne comprendre aucun dialogue, si ce n’est en fond, par radio ou à la télévision. Même chose, on a beaucoup entendu qu’il s’agissait d’un opus au rabais, pourtant Silent Night n’a rien d’un « John Wish », même s’il est inévitable de penser à la saga avec Keanu Reeves. En fait, il s’agit ici d’un mix entre John Wick (avec les mêmes producteurs Erica Lee et Basil Iwanyk aux manettes) et Un justicier dans la ville et le maître hongkongais (né en 1946) ne s’en cache pas, il connaît bien sûr les clichés inévitables, qu’il n’évite pas, mais qu’il embrasse au contraire avec une totale décontraction. Évidemment, ceux qui s’attendent à retrouver la virtuosité du Syndicat du crime, The Killer, Une balle dans la tête et bien d’autres seront sans doute déçus, pourtant, le cinéaste renoue avec l’efficacité plus édulcorée dirons-nous qui avait fait ses preuves dans Chasse à l’homme, Broken Arrow, Volte-Face et Mission impossible 2. Il n’y a rien de déshonorant dans Silent Night, le film étonne même par son émotion et la belle installation des personnages dans le premier acte, malgré son absence quasi-totale de dialogues et qui repose entre autres sur l’intense prestation du suédois Joel Kinnaman. Un bon ride, un divertissement soigné, un spectacle haut de gamme.

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Test 4K UHD / Incubus, réalisé par Leslie Stevens

INCUBUS réalisé par Leslie Stevens, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : William Shatner, Allyson Ames, Eloise Hardt, Robert Fortier, Milos Milos, Ann Atmar…

Scénario : Leslie Stevens

Photographie : Conrad L. Hall

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Situé au bord de l’océan, le village de Nomen Tuum a tout d’un lieu paradisiaque. On y trouve un puits, la Fontaine du Cerf, au fond duquel coule une source aux vertus curatives. Mais cet endroit a aussi attiré des succubes, démons à l’apparence de belles femmes, recherchant des âmes corrompues pour les livrer au Dieu des Ténèbres. L’une d’elles, Kia, a jeté son dévolu sur une âme pure : Marko, ancien soldat rentré au pays après avoir été blessé et qui vit modestement dans une ferme avec sa soeur, Arndis. Kia séduit Marko, qui tombe rapidement amoureux de la jeune femme, ignorant sa véritable nature.

En 2017, nous faisions la découverte de Propriété privée Private Property. Longtemps considéré comme définitivement perdu – en raison d’un incendie qui aurait tout dévasté – avant qu’une copie 35mm soit finalement retrouvée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Propriété privée était en réalité une vraie perle rare du film noir des années 1960, qui demeurait invisible depuis sa sortie. Premier film réalisé par le cinéaste américain Leslie Clark Steven IV alias Leslie Stevens (1924-1998), célèbre pour avoir créé la série Au-delà du réel en 1963, ce drame-thriller que l’on pourrait qualifier de néo-hitchcockien, marquait les débuts au cinéma du comédien Warren Oates, qui signait sa troisième apparition à l’écran. 2024, Incubus, le troisième long-métrage de Leslie Stevens connaît quelque peu le même sort et se révèle être une autre expérience cinématographique tout aussi originale. Après l’annulation de la série Au-delà du réel en 1965 par ABC, le réalisateur signe un scénario afin de réunir son équipe technique habituelle, entre autres le directeur de la photographie Conrad L. Hall (De sang-froid, Electra Glide in Blue, Luke la main froide, Marathon Man, American Beauty) et le compositeur Dominic Frontiere (Pendez-les haut et court, Roar), en vue de l’exploiter dans les cinémas art et essai. Le plus surprenant sur Incubus et ce qui l’a fait entrer dans l’histoire du cinéma, est d’avoir été tourné en langue espéranto (les acteurs ayant appris phonétiquement leurs répliques à cette occasion), le second des trois films à avoir adopté ce langage dit « universel » au cinéma, ce qui selon le cinéaste ajoutait une dimension étrange à son récit. Ce procédé ne vaut pas celui de The Man from Another Place dans la série Twin Peaks, mais on s’en rapproche, même si seuls les espérantophones sauront juger de la qualité de la prononciation des acteurs. Incubus, emballé en un plus de deux semaines avec un budget très modeste, est quasiment inclassable et le résultat oscille entre les œuvres d’Ingmar Bergman (pour ce qui est du décor et des silhouettes perdues dans l’immensité de la nature) et de Carl Theodor Dreyer (en ce qui concerne la capture des visages et du thème central de l’amour). Une curiosité sur laquelle les cinéphiles devraient tous se pencher à un moment donné de leur parcours du septième art, d’autant plus que ce long-métrage avait été longtemps perdu…

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Test Blu-ray / Gold Run – Le Convoi de l’impossible, réalisé par Hallvard Bræin

GOLD RUN – LE CONVOI DE L’IMPOSSIBLE (Gulltransporten) réalisé par Hallvard Bræin, disponible en DVD et Blu-ray le 27 janvier 2024 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Jon Øigarden, Ida Elise Broch, Sven Nordin, Eivind Sander, Axel Bøyum, Morten Svartveit, Anatole Taubman, Thorbjørn Harr…

Scénario : Thomas Moldestad, Jørgen Storm Rosenberg & Sofia Lersol Lund, d’après une histoire originale de Lasse Lindtner & Arne Lindtner Næss

Photographie : Oskar Dahlsbakken

Musique : Christian Wibe

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Le 9 avril 1940, les soldats allemands entrent dans Oslo pour s’emparer de trois cibles : le roi, le gouvernement et l’or du pays. En quelques heures chaotiques, le secrétaire parlementaire Fredrik Haslund réunit une équipe improbable, composée de sa soeur Nini, d’employés de banque, de chauffeurs de camion et du célèbre poète Nordahl Grieg, pour mener à bien une mission top secrète et périlleuse : déplacer plus de cinquante tonnes d’or à travers le pays pour atteindre un convoi maritime allié.

Si l’on vous demande de citer quelques réalisateurs norvégiens, vous nous répondez ? Bent Hamer oui (les géniaux Factotum et 1001 grammes), Erik Poppe peut-être (le troublant Utøya, 22 juillet), Joachim Trier bien sûr (les sublimes Oslo, 31 août, Julie (en 12 chapitres)), Mortel Tyldum (connu pour Imitation Game et Passengers) ou Harakld Zwart si vous êtes vicieux (La Panthère rose 2, The Mortal Instruments : La Cité des ténèbres). On se rend compte qu’Hollywood ne s’est jamais gêné pour aller chercher des metteurs en scène du côté du pays du soleil de minuit, susceptibles d’apporter un peu d’originalité à leurs grosses productions. Étrange que la Mecque du Cinéma n’ait jamais fait appel à Hallvard Bræin (né en 1965), pourtant remarqué avec sa sympathique et recommandable trilogie Børning (2014, 2016 et 2020), relecture nordique de la franchise Fast & Furious, mais avec plus d’acteurs sans calvitie. Avec son dernier opus en date, Gold Run – Le Convoi de l’impossible, ou Gulltransporten en version originale, il rend un très bel hommage au cinéma d’aventure d’antan, en s’inspirant d’une histoire vraie et méconnue survenue durant la Seconde Guerre mondiale. Oui, encore une. Durant près de deux heures, le cinéaste enchaîne les rebondissements durant ce qui s’apparente à un vrai road-movie, un survival (pour les hommes, mais aussi pour l’économie du pays), un film de guerre évidemment, le tout saupoudré d’émotions et surtout très bien interprété par une belle brochette d’acteurs du cru. Une bonne surprise.

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Test Blu-ray / Smooth Talk, réalisé par Joyce Chopra

SMOOTH TALK réalisé par Joyce Chopra, disponible en Blu-ray le 5 mars 2024 chez Carlotta Films.

Acteurs : Treat Williams, Laura Dern, Mary Kay Place, Margaret Welsh, Sara Inglis, Levon Helm, Elizabeth Berridge, Geoff Hoyle, William Ragsdale…

Scénario : Tom Cole, d’après une nouvelle de Joyce Carol Oates

Photographie : James Glennon

Musique : Russ Kunkel, George Massenburg & Bill Payne

Durée : 1h31

Année de sortie : 1985

LE FILM

Pour ses vacances d’été, Connie, lycéenne de 15 ans en pleine crise d’adolescence, est coincée à la campagne avec ses parents et sa sœur aînée. Horrifiée à l’idée de passer du temps en famille, la jeune fille préfère traîner avec ses deux meilleures amies au centre commercial et flirter avec les garçons. Elle finit par éveiller la curiosité d’un certain Arnold Friend, jeune homme charismatique et enjôleur aux desseins ambigus…

Smooth Talk est l’adaptation sortie en 1985 de la nouvelle Where Are You Going, Where Have You Been? (1966) de Joyce Carol Oates, sortie en France dans le recueil CorpsThe Wheel of Love and Other Stories, paru chez Stock dans les années 1970, puis réédité sous le titre Démons chez Aubier-Flammarion quelques temps plus tard, mais indisponible depuis dans nos contrées. L’amour et les relations entre les hommes et les femmes sont au coeur de la nouvelle originale et donc de ce film complètement méconnu chez nous. Réalisé par Joyce Chopra (née en 1936), Smooth Talk est le premier des deux longs-métrages de la cinéaste, qui fera surtout sa carrière à la télévision et qui reviendra d’ailleurs à Joyce Carol Oates avec une adaptation de son livre Blonde, qu’elle transposera en 2001 avec Poppy Montgomery dans le rôle de Marilyn Monroe. C’est la première fois au cinéma que l’univers et le langage de l’écrivaine sont retranscrits, bien avant les deux versions de Foxfire: Confessions of a Girl Gang, dont celle (excellente) signée Laurent Cantet et l’on y retrouve évidemment quelques-uns de ses thèmes de prédilection, l’adolescence, la jeunesse rebelle, en dressant le portrait d’une adolescente voulant s’émanciper et se révolter contre ses parents, en particulier sa mère, tout en étant très attirée par la gent masculine. Smooth Talk est une chronique remarquablement interprétée entre autres par la jeune et déjà imposante Laura Dern, alors âgée de 18 ans, dont la prestation convaincra David Lynch pour l’engager sur Blue Velvet l’année suivante. C’est dire si Smooth Talk vaut le détour !

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Test Blu-ray / Le Prince esclave, réalisé par Pietro Francisci

LE PRINCE ESCLAVE (Le Meravigliose avventure di Guerrin Meschino) réalisé par Pietro Francisci, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 6 février 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Gino Leurini, Leonora Ruffo, Aldo Fiorelli, Anna Di Leo, Camillo Pilotto, Tamara Lees, Ugo Sasso, Antonio Amendola…

Scénario : Raul De Sarro, Alessandro Ferraù, Fiorenzo Fiorentini, Pietro Francisci, Giorgio Graziosi & Weiss Ruffilli, d’après l’oeuvre d’Andrea Barberino

Photographie : Giovanni Ventimiglia

Musique : Nino Rota

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Un jeune garçon enlevé par des pirates puis vendu comme esclave se retrouve échanson à la cour de Constantinople, alors assiégée par les Turcs. Alors qu’un accord de paix est enfin trouvé, le jeune garçon a une vision, provoquée par un astrologue : il serait le fils du roi de Durazzo, enlevé jadis par le fils du Duc de Bourgogne. Il va se lancer dans une quête initiatique qui l’amènera à reconquérir son trône.

Oyez, oyez ! Mais qu’est-ce donc cette diablerie ? Le Prince esclave, ou plus longuement en version originale Le Meravigliose avventure di Guerrin Meschino (ça fait tout de suite plus classe) est un film d’aventure forcément vintage, puisque sorti en 1952, adapté (et il s’agit de la seule transposition cinématographique à ce jour) de l’oeuvre d’Andrea Barberino, composée de huit livres, et publiée pour la première fois à la fin du 15è siècle. Autant dire que la demi-douzaine de scénaristes (oui, c’est à ne pas croire, dont Fiorenzo Fiorentini, auteur de L’Homme à la Ferrari et Zenabel) disposaient d’une matière suffisante pour y piocher ce dont ils avaient envie, même s’ils devaient au final se contenter d’éléments tirés essentiellement du premier volume. Il en résulte un côté souvent nawak, où l’action passe du coq à l’âne durant 80 minutes (la succession de fondus au noir témoigne d’une envie d’accélérer l’ensemble en ayant recours à quelques ellipses), même s’il faut reconnaître que la mise en scène de Pietro Francisci (1906-1977), l’un des « pères » du péplum en Italie (Les Travaux d’Hercule, Hercule et la reine de Lydie), n’a rien de statique et insuffle un rythme à cette fantaisie aussi drôle que riche en rebondissements, loin de l’aspect figé et douteux des Visiteurs du soir de Marcel Carné avec son Alain Cuny qui semblait avoir des problèmes de transit. Certes, tout cela est bien désuet, mais le charme l’emporte et le divertissement est garanti.

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Test Blu-ray / Monella – Lola la frivole, réalisé par Tinto Brass

MONELLA – LOLA LA FRIVOLE (Monella) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 16 janvier 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Anna Ammirati, Patrick Mower, Max Parodi, Susanna Martinková, Antonio Salines, Francesca Nunzi, Vittorio Attene, Laura Trotter…

Scénario : Tinto Brass, Barbara Alberti & Anna Cipriani

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1998

LE FILM

Dans les années 1950, dans la campagne du Nord italien, Lola est sur le point de se marier avec Masetto. Lola, toujours vierge, a hâte de faire l’amour, entre autres pour être sûre que Masetto est l’homme qu’il lui faut mais ce dernier préfère qu’elle reste vierge jusqu’au mariage. Lola a bien l’intention de le faire changer d’avis et met tout en oeuvre pour cela.

On ne sait pas si la publicité pour l’huile d’olive Puget aura inspiré quelques plans iconiques de Monella – Lola frivole, mais toujours est-il que Tinto Brass (né en 1933) multiplie dans cet opus les gros plans sur les fesses magnifiques de sa comédienne, dévoilées par un coup de vent qui soulève la jupe de la délicieuse donzelle. Bon, ça c’était pour le prologue. Monella – la frivole est évidemment un nouveau portrait de femme moderne dressé par le maître italien et expert dans ce domaine, son héroïne rejoignant ainsi Teresa (dans La Clé), Miranda et Paprika. Nous sommes à la fin des années 1990 et le cinéaste continue envers et contre tous de s’adonner à l’érotisme et à sa représentation graphique à l’écran. Pour cela, il peut encore une fois compter sur le plein investissement de la superbe Anna Ammirati, âgée seulement de 18 ans au moment du tournage, qui n’était apparue que dans quelques épisodes d’une obscure série télévisée et qui fait ici ses premiers pas au cinéma. Et pour une introduction on peut dire que l’actrice est servie par Tinto Brass, qui ouvre d’ailleurs le film (et le clôt) dans la peau d’un chef d’orchestre et qui donne le la de cette symphonie du désir. Celui-ci va alors filmer son actrice sous tous les angles (s’il avait pu immiscer sa caméra plus profondément, on imagine qu’il ne se serait pas gêné), la met constamment en valeur (le bougre sait y faire pour exciter le spectateur), recréer une époque qu’il a lui-même connue et durant laquelle il a brûlé sa propre jeunesse, pour au final livrer la radiographie de son pays après la Seconde Guerre mondiale, doublée de celle d’une jeune femme à l’aube de son existence, de son éveil sexuel (la masturbation sur fond de Be Bop a Lula…) et de son émancipation. Une réussite.

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Test Blu-ray / Persée l’invincible, réalisé par Alberto De Martino

PERSÉE L’INVINCIBLE (Perseo l’invincibile) réalisé par Alberto De Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 février 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Richard Harrison, Anna Ranalli, Arturo Dominici, Elisa Cegani, Leo Anchóriz, Antonio Molino Rojo, Roberto Camardiel, Ángel Jordán…

Scénario : Mario Guerra, Alberto De Martino, Ernesto Gastaldi, Luciano Martino, José Mallorquí & Mario Caiano

Photographie : Dario Di Palma

Musique : Carlo Franci

Durée : 1h22 (montage espagnol) & 1h26 (montage italien)

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Acrisios a usurpé le trône d’Argos en tuant le roi et épousant sa veuve, Danaé. Persée l’héritier légitime, vit à Sériphos, ville voisine, mais ignore tout de sa naissance. Il va le découvrir grâce à la belle Andromède, puis, avec l’aide de la déesse Athéna, accomplir des exploits héroïques pour reprendre le trône.

Nous avons ensemble et à plusieurs reprises fait le tour de la filmographie d’Alberto De Martino (1929-2015), à l’occasion de la sortie dans les bacs de Formule pour un meurtre, Holocaust 2000 et Le Conseiller. C’est donc avec une grande joie de découvrir un des premiers films du réalisateur de L’Antéchrist et du Manoir de la terreur (non, nous ne parlerons pas de L’Homme puma), à savoir Persée l’invinciblePerseo l’invincibile. Dix ans après ses débuts comme assistant, principalement de Giuseppe Masini et Giulio Macchi, Alberto De Martino, tout en dirigeant la postsynchronisation de 1500 longs-métrages (y compris de La Dolce vita, sur lequel Federico Fellini l’encourage à devenir metteur en scène), passe derrière la caméra en binôme avec Antonio Momplet. Les deux hommes vont alors signer un péplum, Le Gladiateur invincible, avec Richard Harrison en tête d’affiche, puis une comédie de western avec Walter Chiari, Deux contre tous. 1963, Alberto De Martino, désormais seul aux manettes, retrouve Richard Harrison et le genre alors en vogue du péplum, pour Persée l’invincible, connu aussi sous le titre Perseo e Medusa, Valley of the Stone Men, mais également Perseus Against the Monsters, ou enfin Medusa vs. the Son of Hercules. Tout cela pour un spectacle qui soixante ans après sa sortie demeure plaisant à regarder, bien mis en scène et surtout bien campé par sa star charismatique, que l’on reverra par la suite dans Ultime violence de Sergio Grieco, Avec Django, la mort est là d’Antonio Margheriti, avant d’apparaître (et ce bien malgré-lui) dans une vingtaine de films de Godfrey Ho, dont le mythique Hitman le Cobra dans lequel il incarne le légendaire Philliiiiiip (« je sais où tu t’caches ! »). Un divertissement évidemment kitsch, mais efficace et bourré de charme.

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Test Blu-ray / La Fille du roi des marais, réalisé par Neil Burger

LA FILLE DU ROI DES MARAIS (The Marsh King’s Daughter) réalisé par Neil Burger, disponible en DVD & Blu-ray le 15 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Daisy Ridley, Ben Mendelsohn, Brooklynn Prince, Gil Birmingham, Caren Pistorius, Garrett Hedlund, Joey Carson, Pamela MacDonald…

Scénario : Elle Smith & Mark L. Smith, d’après le roman de Karen Dionne

Photographie : Alwin H. Küchler

Musique : Adam Janota Bzowski

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

La vie idyllique d’Helena Petterier est mise à mal lorsqu’elle apprend que l’homme qui l’a élevée et gardée en otage pendant 12 ans dans un marécage s’est évadé de prison. Pour protéger son mari et sa fille, Helena va devoir affronter son sombre passé qu’elle a toujours gardé secret et traquer son père, le tristement célèbre Roi des Marais.

La Fille du roi des Marais, non ce n’est pas un biopic sur un enfant qu’aurait eu Bertrand Delanoë, mais l’adaptation du roman éponyme de Karen Dionne, sorti en 2017 et édité en France aux Éditions Jean-Claude Lattès. Un best-seller international – que l’on pourrait rapprocher de Là où chantent les écrevisses, gros succès de 2022 – qui a forcément tout de suite attiré les producteurs et les studios de cinéma, pensant déjà à sa transposition. Dans un premier temps, celle-ci devait se faire avec la suédoise Alicia Vikander, tandis que le norvégien Morten Tyldum (Imitation Game, Passengers) se chargeait de la mise en scène, sur un scénario d’Elle Smith et Mark L. Smith (Overlord, The Revenant, The Hole). Si les auteurs n’ont pas bougé et n’ont pas revu leur copie, il y a eu du changement devant et derrière la caméra. Le rôle principal a finalement été octroyé à la britannique Daisy Ridley, tandis que l’américain Neil Burger prenait définitivement les manettes du projet. Entièrement tourné au Canada dans de magnifiques paysages naturels, La Fille du roi des marais est un film étonnant, prenant et même bouleversant, qui repose en grande partie sur les épaules de la belle comédienne née en 1992, qui depuis sa révélation dans la postlogie (affreuse, mais ce n’est pas le sujet du jour) Star Wars n’avait pas été gâtée (Le Crime de L’Orient-Express de Kenneth Branagh), trouve enfin un rôle dans lequel elle peut pleinement dévoiler son talent dramatique. Quasiment de toutes les scènes, pour ne pas dire de tous les plans, Daisy Ridley est la raison d’être de The Marsh King’s Daughter, qui mérite qu’on s’y attarde.

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Test Blu-ray / Coup de chance, réalisé par Woody Allen

COUP DE CHANCE réalisé par Woody Allen, disponible en DVD & Blu-ray le 27 janvier 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Lou de Laâge, Valérie Lemercier, Melvil Poupaud, Niels Schneider, Grégory Gadebois, Guillaume de Tonquédec, Elsa Zylberstein, Anne Loiret, Sara Martins, Arnaud Viard…

Scénario : Woody Allen

Photographie : Vittorio Storaro

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Fanny et Jean ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain, ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…

Bon…Comment dire…Nous n’étions pas nombreux à défendre le testamentaire Rifkin’s Festival (les polémiques prenant désormais le pas sur le reste) et nous en faisions partie. En revanche, comment aller au secours de Coup de chance, cinquantième opus de Woody Allen, intégralement tourné en France (comme pouvait l’être aussi Minuit à Paris), dans la langue de Molière, avec des acteurs bien de chez nous ? La curiosité était forcément de mise, mais force est de constater que l’univers du réalisateur américain n’est nullement transposable dans nos contrées. Rien, absolument rien ne fonctionne dans Coup de chance, « thriller » avec lequel Woody Allen essaye de nous refaire le coup de Match Point vingt ans après, mais sans plus aucune inspiration. Même la photographie du chef opérateur italien Vittorio Storaro (Le Orme, Dick Tracy, Apocalypse Now) qui collabore pour la sixième fois avec le cinéaste (y compris pour le merveilleux Wonder Wheel et la série Crisis in Six Scenes), laisse furieusement sceptique quant à sa laideur et son manque d’aspérité, l’utilisation de la caméra numérique Sony Venice 16-bit n’aidant probablement pas à insuffler une âme à cette entreprise. C’est la première fois, et peut-être la dernière puisque Woody Allen aurait confirmé qu’il s’agissait là de son ultime long-métrage, mais Coup de chance est un quasi-nanar, le pire film de son auteur, qui fait penser à du mauvais Mocky ou pire du Lelouch (c’est dire…), un long-métrage signé par un vieux gâteux qui aurait voulu prendre une caméra, histoire de ne pas aller faire un Triomino avec les autres pensionnaires de la maison de retraite. Aller monsieur Allen, vous nous avez gratifié d’immenses chefs d’oeuvres aussi éternels qu’intemporels, mais il est temps d’aller vous astiquer la clarinette maintenant et de vous reposer enfin.

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Test Blu-ray / Main basse sur la ville, réalisé par Francesco Rosi

MAIN BASSE SUR LA VILLE (Le Mani sulla città) réalisé par Francesco Rosi, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 7 février 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Rod Steiger, Salvo Randone, Guido Alberti, Marcello Cannavale, Dante Di Pinto, Alberto Conocchia, Carlo Fermariello, Terenzio Cordova…

Scénario : Francesco Rosi, Raffaele La Capria, Enzo Provenzale & Enzo Forcella

Photographie : Gianni Di Venanzo

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h41

Année de sortie : 1963

LE FILM

Poussée par l’entrepreneur Nottola, la municipalité de Naples transforme des terrains agricoles en terrains constructibles pour lancer un gigantesque programme immobilier. Le chantier entraîne la paralysie d’un enfant et de vives polémiques au sein du conseil municipal, alors que de nouvelles élections se préparent. L’enquête sur l’accident s’enlise, mais les stratégies électorales s’affinent, et certains membres de la majorité au pouvoir s’inquiètent de voir Nottola sur leur liste.

« J’ai toujours cru en la fonction du cinéma en tant que dénonciateur et témoin de la réalité. Main basse sur la ville est ce que j’appellerai un film théorème. » Francesco Rosi

Francesco Rosi, certainement l’un des cinéastes les plus engagés du cinéma italien, est né à Naples en 1922. Pour beaucoup et malgré une filmographie conséquente, Main basse sur la ville – Le Mani sulla città demeure son chef d’oeuvre, dans lequel sa critique (on peut même parler de radiographie) virulente des corps du pouvoir et de leurs malversations est la plus frontale. Entre fiction et documentaire, Main basse sur la ville poursuit sa revendication du genre du film d’enquête, initié l’année précédente avec Salvatore Giuliano en 1962. Le film s’inspire d’un fait réel survenu dans sa ville natale : l’écroulement d’un immeuble de Naples (en fait, le nom de la ville n’est jamais cité, mais tout le monde le sait) entraînant la mise en cause des industriels en charge du chantier. Cette séquence est d’ailleurs retranscrite à l’écran de manière très impressionnante, plongeant le spectateur dans une réalité sociale brute et immédiate qui renvoie ouvertement au néo-réalisme italien, Francesco Rosi ayant rappelons-le démarré sa carrière comme assistant (puis scénariste) de Luchino Visconti. Constat sévère de la spéculation immobilière et de ses mécanismes retors, Le Mani sulla città dévoile comment avec le soutien de la municipalité, un entrepreneur, incarné par l’ogre Rod Steiger, alors loin de l’inspecteur de la division des mineurs qu’il venait d’interpréter dans Lutte sans merci de Philip Leacock et juste avant d’enchaîner avec l’exceptionnel Prêteur sur gages de Sidney Lumet, s’empare de terrains vagues afin de les transformer en édifices modernes. Un business lucratif qui ne profite pas aux petites gens qui sont relogés dans des immeubles insalubres. La ville de Naples vit alors au cœur d’un véritable scandale immobilier, opposant la droite à la gauche qui craint que les prochaines élections ne viennent enliser le problème. Comme on dit en Italie donc, Capolavoro !

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