IL MARCHAIT LA NUIT (He Walked by Night) réalisé par Alfred L. Werker & Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 28 août 2024 chez Rimini Editions.
Acteurs : Richard Basehart, Scott Brady, Roy Roberts, Whit Bissell, James Cardwell, Jack Webb, Dorothy Adams, Jane Adams…
Scénario : Crane Wilbur & John C. Higgins
Photographie : John Alton
Musique : Leonid Raab
Durée : 1h16
Date de sortie initiale : 1948
LE FILM
L’histoire s’inspire d’un fait divers survenu à Pasadena. Roy Morgan est un cambrioleur, moitié mythomane, moitié psychopathe. Ce deuxième aspect de sa personnalité l’amène, une nuit, à assassiner un agent de police. Les sergents Jones et Brennan sont responsables de l’enquête, mais dans une ville particulièrement vaste, le risque d’erreur judiciaire est loin d’être nul…
Selon les credits d’Il marchait la nuit – He Walked by Night, la mise en scène est signée Alfred L. Werker (1896-1975), réalisateur de westerns (3 heures pour tuer, La Dernière chevauchée), genre qui l’a rendu célèbre dès les années 1920, mais aussi de comédies, de films romantiques, d’aventures ou policiers. En réalité, celui-ci s’était retrouvé à partager son siège avec Anthony Mann sur Il marchait dans la nuit, dont le style est immédiatement reconnaissable dans la dernière, fabuleuse et inoubliable dernière séquence, celle de la poursuite dans le réseau d’égouts d’eaux pluviales (bien avant Terminator 2: Le Jugement dernier, Police Fédérale Los Angeles et Grease). Après, il est sans doute difficile d’attribuer telle scène à un cinéaste en particulier, mais dans l’ensemble He Walked by Night affiche une homogénéité, mais n’arrive toutefois pas à la cheville de La Brigade du suicide – T-Men et Marché de brutes – Raw Deal qu’Anthony Mann venait de signer. Pourquoi une telle comparaison ? Car Il marchait la nuit reprend les mêmes partis-pris et intentions, autrement dit retracer une véritable enquête criminelle avec une précision quasi-documentaire, qui démarre comme un reportage, le tout présenté par une voix-off qui expose le contexte. Là-dessus, le cinéma reprend ses droits et la photographie ténébreuse, signée une fois de plus par le virtuose John Alton, chef opérateur d’Elmer Gantry, le charlatan, Thé et sympathie, Association criminelle, Quatre étranges cavaliers et bien d’autres (dont T-Menet Raw Deal), met instantanément dans l’ambiance sombre et inquiétante de la Californie nocturne. Néanmoins, le film pèche par une certaine redondance, un manque de charisme de la plupart des comédiens et un aspect didactique qui paraît trop forcé. Pas un indispensable du film noir, loin de là, mais une vraie curiosité pour les cinéphiles qui ne manqueront pas de reconnaître la patte Mann ici et là.
LES HÉROS DE TÉLÉMARK (The Heroes of Telemark) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 septembre 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Kirk Douglas, Richard Harris, Ulla Jacobsson, Michael Redgrave, David Weston, Sebastian Breaks, Maurice Denham, Anton Diffring…
Scénario : Ivan Moffat & Ben Barzman, d’après le roman de John Drummond (But for These Men) et le roman de Knut Haukelid (Skis Against the Atom)
Photographie : Robert Krasker
Musique : Malcolm Arnold
Durée : 2h10
Date de diffusion initiale : 1965
LE FILM
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands produisent de l’eau lourde à Télémark en Norvège dans le but de fabriquer la bombe atomique. Les forces britanniques délèguent un petit commando qui a pour mission de s’introduire dans l’usine de Télémark afin de détruire la dangereuse production ennemie.
Les Héros de Télémark – The Heroes of Telemark est le dernier long-métrage réalisé par Anthony Mann, qui décédera en 1967 lors du tournage de Maldonne pour un espion, qui sera ensuite repris par Laurence Harvey, alors en tête d’affiche. Cette petite référence du film de guerre s’inspire une fois de plus d’une histoire vraie, un exploit qui avait d’ailleurs déjà donné naissance à La Bataille de l’eau lourde, semi-documentairede Jean Dréville et Titus Vibe-Müller, sorti en 1948. Une opération qui avait été menée en plusieurs étapes grâce à une collaboration entre français, norvégiens et anglais, ce que nous dévoile (même si tout a été revisité) Les Héros de Télémark, superproduction hollywoodienne classique, qui accuse aujourd’hui quelques baisses de rythme, mais qui n’en reste pas moins passionnant sur le fond et surtout admirable sur la forme avec l’un des meilleurs cinéastes américains à la barre. Pas rancunier, il y dirige Kirk Douglas, la star (également producteur) qui l’avait viré du plateau de Spartacus six ans auparavant, pour divergences artistiques. Anthony Mann devait alors enchaîner avec deux spectacles gigantesques, Le Cid – El Cid et La Chute de l’Empire romain – The Fall of the Roman Empire, qui ont pu démontrer à Kirk Douglas que le metteur en scène pouvait tenir un budget conséquent, mais aussi se montrer très l’aise dans les séquences d’action et pas seulement que dans le western, genre dans lequel on l’a trop souvent catalogué. S’il n’est pas non plus un chef d’oeuvre, il lui manque en outre un certain souffle épique pour y prétendre, Les Héros de Télémark demeure un divertissement haut de gamme, « à l’ancienne », bourré de charme et beau à regarder, plein de rebondissements et de sentiments, où le tandem Kirk Douglas – Richard Harris fait des étincelles.
LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN (The Fall of the Roman Empire) réalisé Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 2 février 2022 chez Rimini Editions.
Acteurs : Sophia Loren, Stephen Boyd, Alec Guinness, James Mason, Christopher Plummer, Anthony Quayle, John Ireland, Omar Sharif, Mel Ferrer…
Scénario : Philip Yordan, Basilio Franchina & Ben Barzman
Photographie : Robert Krasker
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 3h05
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
César sent la mort approcher et désigne Livius pour lui succéder. Mais son fils Commode refuse de s’effacer : il fait assassiner son père et s’empare du trône. Livius va tenter de s’opposer à lui. C’est le début d’une époque troublée pour Rome, qui va entamer son déclin.
Confortés par l’engouement critique et l’enthousiasme des spectateurs pour Le Cid, Anthony Mann et le producteur Samuel Bronston ont de la suite dans les idées et s’associent une seconde fois pour une nouvelle superproduction ambitieuse, La Chute de l’empire romain – The Fall of the Roman Empire. Cependant, suite au rejet de Charlton Heston pour ce film et en dépit du fait que la construction des décors avait déjà bien avancé, Les 55 Jours de Pékin – 55 Days at Pekingde Nicholas Ray passera finalement en priorité, puisque la star hollywoodienne a donné son accord pour celui-ci. Il faudra attendre 1964, pour que le gigantesque péplum d’Anthony Mann prenne vie. On prend comme qui dirait les mêmes et on recommence derrière la caméra, puisque le réalisateur est épaulé par le légendaire Yakima Canutt pour diriger la deuxième équipe, Ben Barzman et Philip Yordan planchent sur le scénario, Veniero Colasanti et John Moore s’occupent des costumes, Robert Krasker de la photographie, Gordon K. McCallum du son, Robert Lawrence du montage et même Sophia Loren apparaît en haut de l’affiche, magnifique ici dans le rôle de Lucilla. Tout est donc parfaitement en place pour signer un nouveau triomphe au box-office. Mais ce ne sera pas le cas, loin de là. La Chute de l’empire romain est et demeure l’un des plus gros échecs commerciaux de l’histoire du cinéma, du même acabit – ce sera peut-être plus parlant pour certains – que L’Île aux pirates de Renny Harlin ou La Porte du paradis de Michael Cimino. Mais bien sûr, le score du film au box-office n’a rien à voir avec sa réussite, car La Chute de l’empire romain est, au même titre que Le Cid et Les 55 jours de Pékin, autres productions Bronston, une œuvre titanesque, époustouflante, dont on admire l’incroyable virtuosité, la beauté de la mise en scène, ainsi que celle du casting, cette fois encore international, prestigieux, hors-norme (Anthony Quayle, Omar Sharif, Mel Ferrer…), où se démarque l’immense Christopher Plummer dans le rôle de l’empereur Commode (à l’origine destiné à Richard Harris), qui crève l’écran trèèès large – de l’Ultra Panavision 70 – pour sa troisième apparition au cinéma. Si La Chute de l’empire romain vaut pour sa reconstitution, ses décors ahurissants et ses costumes clinquants, la performance du comédien vaudrait à elle seul le déplacement. Le temps a fait son office, The Fall of the Roman Empire est devenu chéri par les cinéphiles du monde entier, d’autant plus depuis le raz-de-marée de Gladiator en 2000, Ridley Scott ayant souvent déclaré que son film était ni plus ni moins un remake de l’opus d’Anthony Mann.
LE CID (El Cid) réalisé Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 16 février 2022 chez Rimini Editions.
Acteurs : Charlton Heston, Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page, John Fraser, Gary Raymond, Hurd Hatfield, Massimo Serato…
Scénario : Philip Yordan, Fredric M. Frank & Ben Barzman
Photographie : Robert Krasker
Musique : Miklós Rózsa
Durée : 3h
Date de sortie initiale : 1961
LE FILM
L’Espagne est presque entièrement aux mains des Maures du sultan Ben Youssouf. Seuls les petits royaumes d’Aragon et de Léon résistent encore. Don Rodrigue, jeune chevalier castillan, multiplie les exploits, au point que ses ennemis eux-mêmes l’appellent le Cid, le seigneur. Pour avoir fait grâce à des princes arabes vaincus, Rodrigue est accusé de trahison par le père de sa bien-aimée, don Gormaz. Au cours du duel les opposant, Rodrigue blesse à mort don Gormaz, qui fait jurer à sa fille Chimène qu’elle le vengera. Partagée entre son amour pour Rodrigue et sa promesse, Chimène choisit de tenir parole…
En l’espace de dix ans, Charlton Heston aura interprété à l’écran le président Andrew Jackson (Le Général invincible d’Henry Levin), par ailleurs à deux reprises (Les Boucaniers d’Anthony Quinn), Buffalo Bill (Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper), l’explorateur William Clark (Horizons lointains de Rudolph Maté) et Moïse (Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille). Si l’on ajoute à tous ces rôles celui de Judah Ben-Hur, le comédien est devenu le spécialiste des personnages « bigger than life ». Charlton Heston est incontestablement l’une des plus grandes stars du cinéma et débarque dans les années 1960 avec Le Cid – El Cid d’Anthony Mann, superproduction internationale dans laquelle il incarne Rodrigo Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador ou simplement El Cid, chevalier mercenaire chrétien, héros de la Reconquista. Si ce dernier est évidemment peu connu en dehors des frontières espagnoles, l’occasion était trop belle pour le producteur Samuel Bronston (John Paul Jones, maître des mers de John Farrow, Le Roi des rois de Nicholas Ray), qui s’empare de ce mythe national pour mettre en route un spectacle cinématographique qui a pour vocation de concurrencer Hollywood, par l’intermédiaire de son studio installé en terre ibérique. Alors qu’il vient de réaliser les scènes du camp d’esclaves en Libye, Anthony Mann est viré du tournage de Spartacus par Kirk Douglas lui-même, producteur en plus de tenir le haut de l’affiche, qui lui reproche son manque de poigne. Samuel Bronston lui confie les rênes du Cid, de son budget conséquent et de son casting quatre étoiles, composé également de Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page et John Fraser. Considéré par maître Scorsese comme étant l’un des plus grands films épiques jamais réalisés, Le Cid est assurément l’un des longs-métrages les plus impressionnants que vous aurez l’opportunité de voir dans votre vie de cinéphile.
LE LIVRE NOIR (The Black Book) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Robert Cummings, Richard Basehart, Richard Hart, Arlene Dahl, Arnold Moss, Norman Lloyd…
Scénario : Aeneas MacKenzie & Philip Yordan
Photographie : John Alton
Musique : Sol Kaplan
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1949
LE FILM
A Paris, en 1794, cinq ans après la Révolution française, le règne de la Terreur est instauré. Robespierre use de toutes les ficelles pour éradiquer ses rivaux et conserver les grâces de la Convention. Il consigne, dans un petit livre noir, les noms de ses ennemis, prochaines victimes de la cruauté révolutionnaire. Mais ce livre noir disparaît. Afin de confondre Robespierre et le destituer, Charles d’Aubigny est chargé de le retrouver, par tous les moyens…
Sur Homepopcorn.fr, nous avons déjà longuement parlé d’Anthony Mann, de sa virtuosité, de sa légende, de son éclectisme, deLa Charge des Tuniques Bleues, en passant par Les Affameurs, Je suis un aventurier, Marché de bruteset La Brigade du suicide. Le film que nous évoquerons aujourd’hui s’intitule Le Livre Noir – The Black Book et se situe entreRaw Dealet La Porte du diable – Devil’s Doorway. A la fin des années 1940, le réalisateur se spécialise dans le film noir à petit budget, avec parfois quelques ingrédients issus du documentaire afin de renforcer le réalisme de l’histoire, à l’instar d’Il marchait dans la nuit – He Walked by Night sorti en 1948. Le Livre Noir se démarque, car il s’agit d’un drame historique et d’aventures en costume, mais aussi un thriller d’espionnage, le tout teinté d’humour noir. Deux choses concernant ce film. Premièrement, si vous souhaitez faire connaître la période de la Terreur à l’une de vos connaissances ou à l’un de vos bambins, ne lui montrez surtout pas Le Livre Noir, qui arrange à sa sauce cette période spécifique de la Révolution française, avec moult anachronismes et rencontres improbables de personnages historiques. Deuxièmement, si vous cherchez un super divertissement, magistralement mis en scène, interprété et photographié, ponctué de poursuites en calèche, de bagarres, de faux-semblants, de trahisons, de suspense alors précipitez-vous sur The Black Book, aussi connu sous le titre Reign of Terror, merveilleux spectacle qui en met plein la vue, mené sans aucun temps mort, sans un pet de gras durant 85 minutes, une vraie leçon de cinéma et de montage. Le génie d’Anthony Mann explose à chaque plan pour le plus grand bonheur de ses très nombreux aficionados, qui se laisseront facilement emporter par le souffle de ce méconnu Livre Noir.
LA BRIGADE DU SUICIDE (T-Men) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Dennis O’Keefe, Mary Meade, Alfred Ryder, Wallace Ford, June Lockhart, Charles McGraw, Jane Randolph, Art Smith…
Scénario : John C. Higgins, d’après une histoire originale de Virginia Kellogg
Photographie : John Alton
Musique : Paul Sawtell
Durée : 1h25
Année de sortie : 1947
LE FILM
Dennis O’Brien et Tony Genaro ne se font guère d’illusions lorsqu’ils acceptent la mission que leur confie le département des Finances. Ils savent que leur vie ne pèse pas lourd face aux intérêts de la puissante bande de faux-monnayeurs, si bien organisée qu’elle inonde le pays de monnaie de singe, si bien dissimulée qu’ils doivent se faire passer pour des gangsters afin d’en retrouver la trace…
Si l’on devait réaliser un classement des meilleurs films noirs de l’histoire du cinéma, La Brigade du suicide – T-Men apparaîtrait assurément en très bonne position. Depuis la fin des années 1930, Anthony Mann (1906-1967), de son vrai nom Emil Anton Bundsmann, n’a fait que grimper les échelons. En effet, l’ancien fondateur de la troupe de théâtre Stock Company, dans laquelle allait officiait un certain James Stewart, s’est ensuite vu proposer de superviser les essais d’acteurs pour le compte de la prestigieuse Selznick International Pictures, sur les films comme La Famille sans-souci – The Young in Heart de Richard Wallace, Le Lien sacré – Made for Each Other de John Cromwell, et surtout Autant en emporte le vent – Gone With The Wind de Victor Fleming, ainsi que Rebecca d’Alfred Hitchcock. Après cette expérience, Anthony Mann devient assistant de Preston Sturges chez Paramount Pictures sur Les Voyages de Sullivan – Sullivan’s Travels en 1941. A la recherche de nouveaux talents derrière la caméra, le studio lui confie son premier long-métrage dès l’année suivante, Dr. Broadway, adapté d’un roman de Borden Chase. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicide – T-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men éponymes donc) avec une précision quasi-documentaire. Immense succès, La Brigade du suicide s’avère la première des six collaborations entre le metteur en scène et le directeur de la photographie John Alton (Elmer Gantry, le charlatan de Richard Brooks, La Femme modèle de Vincente Minnelli, Deux rouquines dans la bagarre d’Alan Dwan). En l’espace de trois années, les deux hommes marqueront le septième art par leur virtuose association, qui prendra son essor dès leur second film en commun, Marché de brutes – Raw Deal, essai définitivement transformé cinq mois plus tard, jusqu’à leur ultime opus, le phénoménal Devil’s Doorway – La Porte du diable. Mais pour l’heure, La Brigade du suicide, s’inspire d’une histoire de Virginia Kellogg (L’Enfer est à lui – White Heat de Raoul Walsh), adaptée pour le cinéma par John C. Higgins (La Dernière flèche de Joseph M. Newman). T-Men demeure d’une folle modernité près de soixante-quinze après sa sortie, un exemple, un mètre étalon du suspense, autant passionnant sur le fond que sur la forme, qui n’a eu de cesse d’être copié depuis, mais très rarement égalé.
MARCHÉ DE BRUTES (Raw Deal) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 juin 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Dennis O’Keefe, Claire Trevor, Marsha Hunt, John Ireland, Raymond Burr, Curt Conway, Chili Williams, Richard Fraser, Regis Toomey, Whit Bissell, Cliff Clark…
Scénario : Leopold Atlas & John C. Higgins
Photographie : John Alton
Musique : Paul Sawtell
Durée : 1h16
Année de sortie : 1948
LE FILM
Le gangster Joe Sullivan tente de s’évader de prison avec la complicité de sa petite amie Pat et de Rick Coyle, le chef de gang qui espère en fait voir l’opération échouer et être ainsi débarrassé de l’homme à qui il doit 50.000 $. Mais l’évasion est un succès, et Joe se réfugie chez Ann, une assistante sociale qui s’est prise de sympathie pour le truand. Celui-ci veut retrouver Rick, et récupérer son argent.
De son vrai nom Emil Anton Bundsmann, Anthony Mann (1906-1967), d’origine autrichienne, débute sa carrière comme comédien et régisseur de théâtre. Il fonde rapidement une troupe dans les années 1930, où il rencontre un certain James Stewart. Anthony Mann débarque dans le monde du cinéma en étant chargé des essais des acteurs et actrices pour le compte de la Selznick International Pictures. Puis, c’est aux côtés de Preston Sturges qu’il fait ses premiers pas en tant qu’assistant à la Paramount, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1942 avec Dr. Broadway. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicide – T-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men donc) avec une précision quasi-documentaire. Cet essai est définitivement transformé cinq mois plus tard avec Marché de brutes – Raw Deal, sensationnel film noir dans lequel le metteur en scène, associé au chef opérateur John Alton pour la seconde fois de sa carrière (ils collaboreront à six reprises), fait preuve d’une virtuosité confondante durant les 75 minutes de ce récit mené à cent à l’heure. A l’instar de Détourd’Edgar G. Ulmer, Marché de brutes s’impose comme un modèle du genre, autant passionnant sur le fond que sur la forme, où les deux fusionnent, s’inspirent mutuellement et se révèlent. Et c’est sublime.
JE SUIS UN AVENTURIER (The Far Country) réalisé par Anthony Mann, disponible en Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : James Stewart, Ruth Roman, Corinne Calvet, Walter Brennan, John McIntire, Jay C. Flippen, Harry Morgan, Steve Brodie…
Scénario : Borden Chase
Photographie : William H. Daniels
Musique : Henry Mancini, Hans J. Salter, Frank Skinner, Herman Stein…
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1954
LE FILM
1896. Inculpé de meurtre, Jeff Webster quitte Seattle mais en arrivant à Skagway, il est accusé par le juge Gannon d’avoir troublé l’ordre public en menant ses troupeaux à travers la ville. Ceux-ci ayant été confisqués, Jeff part pour Dawson avec Ronda Castle qui l’a engagé comme chef d’équipe. Il reprend bientôt possession de son troupeau, poursuivi par Gannon…
Je suis un aventurier – The Far Country (1954) est le quatrième des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart après Winchester 73 – Winchester ’73 (1950), Les Affameurs – Bend of the River (1952), L’Appât – The Naked Spur (1953) et avant L’Homme de la plaine – The Man from Laramie (1955). Entre deux westerns, les deux fidèles collaborateurs auront même le temps d’emballer en 1953 un film d’aventure, Le Port des passions – Thunder Bay et un biopic sur le musicien Glenn Miller intitulé Romance inachevée – The Glenn Miller Story. S’il n’atteint pas la virtuosité des Affameurs et de L’Homme de la plaine, Je suis un aventurier reste tout de même un monument du western, d’une part en raison de son incommensurable beauté plastique, d’autre part pour le personnage foncièrement trouble, individualiste, taciturne, cynique, complexe et ambigu, presque antipathique, incarné par le monstre hollywoodien, auquel il est difficile de s’attacher dans un premier temps, puis qui se révèle par strates, tout en conservant une grande part de mystère. Si l’on ajoute à cela l’excellence des seconds rôles, avec Walter Brennan en tête dans un rôle qui annonce celui qu’il tiendra dans Rio Bravo de Howard Hawks cinq ans plus tard, Je suis un aventurier, peu ou mal considéré quand on évoque l’association Stewart-Mann, se place indiscutablement dans le lot des meilleurs westerns des années 1950.
LES AFFAMEURS (Bend of the River) réalisé par Anthony Mann, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 19 mars 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : James Stewart, Arthur Kennedy, Julie Adams, Rock Hudson, Lori Nelson, Jay C. Flippen, Chubby Johnson, Stepin Fetchit, Harry Morgan, Howard Petrie…
Scénario : Borden Chase d’après le roman Bend of the Snake de Bill Gulick
Photographie : Irving Glassberg
Musique : Hans J. Salter
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1952
LE FILM
Deux hommes au passé trouble, Glyn McLyntock et son ami Emerson Cole, escortent la longue marche d’un convoi de pionniers. Arrivés à Portland, les fermiers achètent des vivres et du bétail que Hendricks, un négociant de la ville, promet d’envoyer avant l’automne. Les mois passent et la livraison se fait attendre. McLyntock alors retourne à Portland avec Baile, le chef du convoi. Ils découvrent une ville en proie à la fièvre de l’or. Hendricks, qui prospère en spéculant sur ce qu’il vend aux prospecteurs, refuse de livrer la marchandise. Cole et McLyntock s’en emparent de force. Mais les vivres suscitent la convoitise de tous…
Les Affameurs – Bend of the River (1952) est le second des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart après Winchester 73 – Winchester ’73 (1950) et avant L’Appât –The Naked Spur (1953), Je suis un aventurier – The Far Country (1954) et L’Homme de la plaine – The Man from Laramie (1955). Entre deux westerns, les deux fidèles collaborateurs auront même le temps d’emballer en 1953 un film d’aventure, Le Port des passions – Thunder Bay et un biopic sur le musicien Glenn Miller intitulé Romance inachevée – The Glenn Miller Story. Sans oublier le drame de guerre Strategic Air Command. C’est donc une affaire qui roule entre le réalisateur et le comédien. Les Affameurs, western très librement adapté du roman de Bill Gulick (paru en 1950 et dont les droits avaient été achetés par James Stewart lui-même) par Borden Chase (scénariste de La Rivière rouge d’Howard Hawks et plus tard de Vera Cruz de Robert Aldrich), demeure une des références du genre.
D’origine autrichienne et allemande, de son vrai nom Emil Anton Bundsmann, Anthony Mann (1906-1967) est l’un des plus grands réalisateurs américains de l’histoire du cinéma, spécialisé notamment dans le western, à l’instar de ses confrères Howard Hawks, Henry Hathaway et John Ford. Ancien comédien, régisseur de théâtre, il fonde une troupe de théâtre dans les années 1930 où officie également un certain James Stewart. Il commence dans le cinéma en supervisant les essais des acteurs et actrices pour le compte de la Selznick International Pictures. Puis, c’est aux côtés de Preston Sturges qu’il fait ses premiers pas en tant qu’assistant à la Paramount, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1942 avec Dr. Broadway. Il se fait la main sur quelques séries B, en passant d’un genre à l’autre. Mais c’est en 1950 qu’il connaît son premier grand succès avec La Porte du diable.
Anthony Mann, parvient à mettre en scène un film progressiste en jouant avec la censure, même si l’industrie hollywoodienne est alors menacée par la fameuse chasse aux sorcières. Oeuvre engagée, le metteur en scène y prend ouvertement la défense des indiens. Sans cesse oublié et évincé au profit de La Flèche brisée, film également pro-indien de Delmer Daves, La Porte du diable demeure un chef d’oeuvre du genre, noir (certains cadrages sont dignes d’un thriller), âpre, pessimiste sur la condition humaine, magnifiquement réalisé et photographié. Il entame son association avec James Stewart, alors que le western est un genre en complète mutation.
Dans Les Affameurs, point de « sensationnalisme » ni véritablement d’action, à part dans la toute dernière partie à travers un affrontement où cela canarde beaucoup dans des paysages entre neige et nature boisée, souvent noyés dans la poussière. Les Affameursest avant tout un drame humaniste porté par des acteurs exceptionnels qui campent des personnages complexes et très attachants, comme souvent chez Anthony Mann en quête de rachat et de reconnaissance d’eux-mêmes.
James Stewart est Glyn McLyntock. Cet homme mène un convoi de pionniers en 1846 dans les montagnes de l’Oregon pour y coloniser les territoires vierges, cultiver des terres et bâtir une ville. Alors qu’il part en éclaireur, McLyntock tombe sur une scène de pendaison et sauve Emerson Cole (troublant Arthur Kennedy) accusé du vol d’un cheval. Cole reconnaît rapidement que McLyntock est l’un des plus célèbres pillards de la frontière du Missouri. C’est à l’occasion d’une attaque d’indiens que McLyntock se révèle d’un sang-froid et d’une adresse aussi inouïe que suspecte. Au cours de l’attaque, Laura Baile (ravissante Julie Adams, L’Étrange Créature du lac noir de Jack Arnold), la fille de Jeremy Baile (Jay C. Flippen et sa tronche légendaire), le responsable du convoi, est blessée. Cole et McLyntock conviennent d’escorter la caravane ensemble jusqu’à Portland. Ils se lient d’amitié mais avec une prudente et étrange retenue. Arrivés à Portland, Jeremy Baile et les colons affrètent un bateau à vapeur. Ils achètent de la nourriture qui doit leur être livrée pour le début septembre, avant les neiges, auprès du négociant local Hendricks. La fille de Baile est soignée par le capitaine du bateau à vapeur et restera pour sa convalescence à Portland. Cole reste également à Portland. Une fois arrivés dans la vallée, les colons développent leur ville. Mais mi-octobre, alors que les premières neiges sont sur le point de tomber, la nourriture achetée pour 5 000 dollars à Hendricks n’est toujours pas livrée. McLyntock et Baile retournent à Portland. Ils trouvent la ville transformée par la ruée vers l’or. Les biens alimentaires ont été frappés par l’inflation. Avec l’aide du capitaine Mello, McLyntock et Baile chargent le bateau à vapeur des biens que les colons avaient achetés au négociant. McLyntock va trouver Hendricks, devenu cupide, qui ne veut pas livrer les provisions dues. Grâce à l’intervention de Cole et de son protégé Trey Wilson (Rock Hudson, 27 ans, dans l’une de ses premières apparitions au cinéma), McLyntock échappe aux hommes de main d’Hendrick. Hendricks part à la poursuite de McLyntock afin de récupérer les biens.
On le voit bien à ce résumé, Les Affameurs est une suite ininterrompue de rebondissements et de retournements de situation. Sur un rythme endiablé, Anthony Mann parvient à capter et surtout à maintenir l’attention du début à la fin, durant 90 minutes où il expose le cadre et les personnages, sans jamais tomber dans les stéréotypes habituels, tout en faisant confiance à l’intelligence du spectateur pour reconstituer le passé du personnage principal auquel on s’attache immédiatement. D’ailleurs, comme dans bon nombre de films d’Anthony Mann, les protagonistes ne sont jamais irréprochables, ni tout à fait des ordures. La balance entre le bien et le mal est autant fragile que constante, à l’instar des deux personnages campés par James Stewart et Arthur Kennedy, qui apparaissent souvent comme le côté pile et face d’une même pièce. Les deux acteurs sont souvent filmés dos à dos, comme si l’un était le double de l’autre. Certains y verront même une fascination ou même un rapport quasi-amoureux dans leur façon de se regarder et de se toucher. Il faudra attendre le troisième acte, pour que l’un se décide à déséquilibrer définitivement la balance, pour les opposer une fois pour toutes.
Avec une science du cadre et une violence contenue qui finit inévitablement par exploser, Anthony Mann est alors en pleine possession de ses moyens et signe un film anthologique dans lequel James Stewart bouffe l’écran et – cavalier émérite – s’investit dans les scènes d’action pour lesquelles il réalise lui-même la plupart des cascades. Le comédien impressionne dans la peau de ce personnage ambigu, apparemment simple convoyeur, qui manie pourtant le pistolet avec dextérité et qui fait mouche à tous les coups. Qui est cet homme ? Pourquoi risque-t-il sa vie pour ces pionniers malgré les menaces qui pèsent sur eux? Anthony Mann entretient le mystère autour de ce Glyn McLyntock dont on ne sait rien ou pas grand-chose et les révélations se font au compte-gouttes.
Oeuvre majeure, Les Affameurs subjugue par son sens inouï du cadre, la beauté des décors naturels de l’Oregon, la mise en scène sans cesse inspirée, tout comme la photo signée par l’immense chef opérateur Irving Glassberg, grand collaborateur de George Sherman. Par ailleurs, Anthony Mann signe ici son premier film en Technicolor.
LE BLU-RAY
Attention, Rimini Editions frappe fort une fois de plus ! Trois mois après sa fabuleuse sortie consacrée aux Vikings de Richard Fleischer, c’est au tour des Affameurs de se voir bichonner par l’éditeur. Le chef d’oeuvre d’Anthony Mann, sorti il y a quinze ans dans une édition DVD obsolète chez Universal Pictures France, réapparaît ici sous la forme d’un magnifique coffret-Digibook composé du DVD, du Blu-ray et du fac-similé du numéro de L’Avant-Scène Cinéma (février 2019) entièrement consacré au film Les Affameurs ! 98 pages qui font évidemment office de supplément à part entière et dont nous vous reparlons plus bas. Un objet très convoité par les passionnés de western et de cinéma en général. N’attendez pas ! Le menu principal est animé et musical.
En ce qui concerne les suppléments vidéo, nous trouvons tout d’abord une conversation (41’) entre les critiques de cinéma Mathieu Macheret (Le Monde) et Bernard Benoliel (directeur de l’action culturelle et éducative à la Cinémathèque française). Si le premier est un maintenant un habitué chez Rimini (y compris chez ESC Editions) et prouve une fois de plus qu’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il a devant lui un confrère pour lui renvoyer la balle, le second s’en tire excellemment et apporte dans un premier temps moult informations sur Anthony Mann, son parcours, ses débuts au cinéma, ses collaborations avec James Stewart. Puis, les deux critiques échangent sur le film qui nous intéresse en croisant intelligemment le fond et la forme, avec une passion contagieuse. Cette analyse pointue, mais très accessible, replace ainsi Les Affameurs dans la filmographie d’Anthony Mann, mais aussi dans l’ensemble des cinq associations avec le comédien principal. Le casting, les thèmes principaux, le travail sur le cadre, l’importance de la nature, l’influence de John Ford et bien d’autres éléments sont donc abordés au cours de cette présentation évidemment indispensable.
Dirigez-vous immédiatement au supplément suivant. Véritable trésor d’archives, voici une interview audio (vostf) de James Stewart réalisée en 1973 par Joan Bakewell au National Film Theatre (1h14). Dans une salle qu’on imagine bondée et croulant sous les applaudissements, le comédien brasse une grande partie de son immense carrière et répond aux questions de la grande journaliste britannique. A l’heure où son dernier film sorti sur les écrans était Le Rendez-vous des dupes (Fools’ Parade) d’Andrew V. McLaglen, et que ses apparitions au cinéma allaient devenir très rares (il allait tourner encore six longs métrages), James Stewart revient avec un humour dévastateur sur ses collaborations avec Frank Capra (la façon dont le cinéaste lui a vendu La Vie est belle vaut le détour), Alfred Hitchcock (le tournage de La Corde), John Ford, sans oublier bien sûr Anthony Mann. Le mythique acteur s’exprime aussi sur son père, sur ses débuts au théâtre et à Hollywood, sur la représentation de la violence au cinéma et sur son évolution. Si l’écoute se fait sur un montage en boucle de photos tirées des Affameurs, on se délecte de chaque souvenir et de l’esprit vif de la légende hollywoodienne.
Après ces bonus, il est temps désormais de dévorer le numéro de L’Avant-scène Cinéma consacré aux Affameurs. Richement et magnifiquement illustrée, cette revue mensuelle comprend plusieurs dossiers excellemment écrits par Jean-Philippe Guérand, Jean Ollé-Laprune, Pierre-Simon Gutman, Gérard Camy, Jean-Claude Missiaen, mais aussi une revue de presse, des dessins, de la filmographie d’Anthony Mann, de la fiche artistique des Affameurs. Last but nos least, près de 45 pages sont consacrées à la rédaction du découpage plan par plan du film, relevé et traduit par René Marx, avec également les dialogues français et anglais.
L’Image et le son
Le cadre 1.33 (16/9) est évidemment respecté et demeure le point fort de cette édition HD. Sinon le master est assez propre, en dépit de quelques poussières et points encore notables (la restauration a visiblement quelques années) et certains contrastes manquent de densité. La gestion du grain est aléatoire avec des séquences plus ou moins marquées selon la luminosité. Même chose pour les scènes sombres avec des noirs pas aussi concis que nous pouvions l’espérer, tout comme le piqué peu aiguisé. Des effets de pompage sont également constatés (surtout sur les plans sombres) et la colorimétrie s’avère parfois terne, pour ne pas dire fanée avec un stock-shot émoussé. La copie est cependant très stable, certains détails ressortent comme le décor artificiel de nuit avec ses toiles peintes et les textures des costumes. Notons également que les comédiens et certains accessoires semblent parfois entourés par un halo vert caractéristique d’un tournage en Technicolor trichrome. Pas le plus beau master HD proposé par Rimini, mais ce Blu-ray au format 1080p a au moins le mérite d’exister !
Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français non imposés) ou la version française (qui change les noms des personnages…), la restauration est satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, plus axée sur les voix, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options.