Test Blu-ray / Krull, réalisé par Peter Yates

KRULL réalisé par Peter Yates, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 mars 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ken Marshall, Lysette Anthony, Freddie Jones, Francesca Annis, Liam Neeson, Alun Armstrong, David Battley, Bernard Bresslaw, John Welsh, Graham McGrath, Robbie Coltrane…

Scénario : Stanford Sherman

Photographie : Peter Suschitzky

Musique : James Horner

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Les épousailles de Colwyn, fils du roi Turold et de Lyssa, fille du roi Eirig, prévues pour réunir les deux royaumes, ne sont pas du goût de la Bête, cachée dans la Forteresse Noire qui fait enlever la belle. Mais son fiancé, aidé du cyclope et de toute une bande de rebelles, délivrera sa bien-aimée.

Soyez les bienvenus sur la planète Krull ! S’il n’a obtenu qu’un succès très modéré dans les salles à sa sortie en 1983, on peut d’ailleurs parler d’échec commercial, Krull est devenu depuis un vrai film culte auprès des amateurs de science-fiction et d’heroic fantasy. A juste titre d’ailleurs, car ce long métrage réalisé par Peter Yates regorge de rebondissements en tous genres, de personnages sympathiques et brillamment interprétés, de décors somptueux, bref, Krull est un formidable film d’aventures pour toute la famille et n’a de cesse d’être redécouvert.

Tandis que les deux royaumes ennemis de la planète Krull scellent un traité de paix éternelle en mariant la princesse Lyssa au prince Colwyn, une menace surgit des profondeurs de l’espace : une Forteresse Noire habitée par un impitoyable conquérant, la Bête. Si, en kidnappant Lyssa, la Bête croit avoir atteint son objectif, elle se trompe car non seulement la princesse captive lui résiste, mais son fiancé survit à ses blessures. En possession d’une arme redoutable arrachée à la lave en fusion, accompagné de plusieurs braves, Colwyn fait route vers la Forteresse Noire, franchissant un à un les obstacles et les pièges.

Nous n’imaginions pas Peter Yates (1929-2011) aux manettes d’un tel film, et pourtant le cinéaste britannique, touche-à-tout qui a fait ses classes à la télévision sur des séries comme Le Saint ou Destination Danger, passera sa carrière à passer d’un genre à l’autre, de la comédie musicale au polar, en passant par le film d’aventures (Les Grands Fonds avec Jacqueline Bisset) et le drame sentimental (John et Mary). Si le film policier restera finalement son genre de prédilection avec des titres aussi connus que Trois milliards d’un coup, Bullitt, Les Quatre Malfrats, L’Oeil du témoin, Peter Yates essaiera de varier les univers durant trente ans. Il n’est donc peut-être pas si étonnant de le retrouver à la mise en scène de Krull et force est de constater qu’il s’en sort admirablement bien. Certes, des effets ont aujourd’hui vieilli, mais au final, Krull reste un savoureux tour de force et surtout un merveilleux divertissement.

Le triomphe international de Star Wars a donné naissance à moult ersatz, pas forcément pour le meilleur. Krull peut se targuer de se placer dans le haut du panier. Toutefois, sorti la même année et deux mois après Le Retour du Jedi, Krull passera complètement inaperçu, scénario contraire aux attentes des studios Columbia et des producteurs, qui pensaient surfer alors de façon opportuniste sur l’engouement des spectateurs pour les aventures se déroulant au-delà de l’espace et du temps, dans une lointaine galaxie. Pourtant, Krull vaut bien plus qu’un simple « rejeton » de l’univers de George Lucas. Si Peter Yates sait diriger ses comédiens et donner un vrai souffle épique à son film, il est également aidé par de solides techniciens, à l’instar des créateurs des effets spéciaux, Derek Meddings et John Evans, déjà à l’oeuvre sur quelques épisodes de James Bond période Roger Moore (L’Homme au pistolet d’or, L’Espion qui m’aimait, Moonraker, Rien que pour vos yeux, Octopussy), ainsi que sur les deux premiers opus de Superman. La poésie qui se dégage des effets visuels est intacte. On croit à cette planète et à tout ce qui l’entoure ou la peuple. Les aficionados se rappellent très bien aujourd’hui de la scène de l’araignée de cristal, l’une des plus belles du film. La photographie du grand Peter Suschitzky (Deux hommes en fuite de Joseph Losey, The Rocky Horror Picture Show, L’Empire contre-attaque) est à se damner de beauté, les décors possèdent un charme inaltérable qui annoncent ceux de L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen qui sortira l’année suivante. Sans oublier la sublime composition de James Horner qui n’a souvent rien à envier aux envolées de John Williams sur Star Wars. Tous ces talents réunis participent à la grande réussite de Krull, tout comme ses emprunts au cinéma de cape et d’épée des années 1930-40.

En ce qui concerne les comédiens du film, si Ken Marshall et Lysette Anthony campent les deux protagonistes principaux et s’en tirent formidablement, surtout le premier en héros valeureux et charismatique, les deux resteront finalement peu connus, même s’ils n’ont jamais arrêté de tourner depuis. Une fois de plus, Freddie Jones (Elephant Man) vole la vedette dans le rôle d’Ynir, d’ailleurs son personnage est au centre de la grande séquence de l’araignée susmentionnée, face à Francesca Annis. Parmi les bandits qui se joindront à la quête de Colwyn, se distinguent deux acteurs qui faisaient alors leurs débuts respectifs au cinéma, Liam Neeson et Robbie Coltrane.

Hormis le design de la Bête qui en fera rire plus d’un aujourd’hui, Krull a su conserver une fraîcheur, une légèreté. Malgré la rumeur, le film de Peter Yates n’est en aucun cas un navet et encore moins un nanar. Le rendez-vous avec les spectateurs a peut-être été manqué avec les spectateurs en 1983, mais Krull a acquis depuis ses lettres de noblesse et n’a de cesse de connaître un véritable regain d’intérêt. Et c’est tant mieux. Quant à ceux qui qualifieraient Krull comme étant un « plaisir coupable », rappelons une bonne fois pour toutes qu’il s’agit d’une expression de cul-serré qui n’assume pas ses goûts. Krull est un putain de bon film, point.

LE BLU-RAY

Krull avait déjà bénéficié d’une sortie en DVD Collector, en 2001, chez Sony Pictures. Presque vingt ans plus tard, ce titre apparaît étrangement chez Sidonis Calysta, qui à cette occasion concocte une Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret ! Nous n’attendions pas forcément pareil traitement pour ce titre, mais nous en sommes néanmoins ravis. L’objet est très élégant et le menu principal animé et musical.

Tout d’abord, le livret de 24 pages écrit par Marc Toullec est intéressant et donne de nombreuses informations sur la genèse, le tournage, la sortie et la pérennité de Krull, le tout étant très joliment illustré par des affiches, des photos tirées du film et de plateau.

L’éditeur reprend ensuite une partie des suppléments de l’édition DVD Sony. Le making of promotionnel (22’) fera le bonheur des fans de Krull puisque ce document regorge d’images de tournage et d’interviews de toute l’équipe. Les comédiens, les responsables des départements techniques (décors, effets spéciaux, maquillages, cascades), le réalisateur Peter Yates, le producteur Ron Silverman sont tous réunis dans les mythiques studios de Pinewood, plus précisément dans le fameux studio 007 qui offre l’espace nécessaire aux superproductions. Quelques images donnent également un aperçu des répétitions et des lectures du scénario par l’équipe.

Sidonis reprend aussi le commentaire audio du DVD, présenté en version originale sous-titrée en français. Sur un rythme dynamique, se croisent les propos du réalisateur Peter Yates, des comédiens Ken Marshall et Lysette Anthony, et du monteur Ray Lovejoy. Les intervenants sont enregistrés séparément, mais les arguments se complètent très bien. Aucune redondance, les anecdotes s’enchaînent du début à la fin, avec humour, chacun revenant abondamment sur les conditions de prises de vue, le casting, le travail avec les effets visuels, les décors, les costumes, la musique de James Horner. On apprend également que la voix de Lysette Anthony ne convenait pas aux studios et que la comédienne s’est ensuite fait doubler par Lindsay Crouse.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Oubliez l’édition DVD de 2001 ! Cette édition HD relève nettement le niveau de la précédente édition SD en proposant un master restauré dénué de toutes scories intempestives. La superbe photo signée par l’éminent chef opérateur Peter Suschitzky (Faux-semblants, Crash et eXistenZ de David Cronenberg, Mars Attacks! de Tim Burton) retrouve enfin ses fabuleuses couleurs chatoyantes et ses contrastes avec des noirs très profonds. Quelques magnifiques séquences crépusculaires. Si la gestion du grain est parfois aléatoire, plus accentué sur les scènes à effets spéciaux et plus spécialement sur celles tournées devant un blue-screen visible, la copie demeure de très belle qualité et permet d’admirer les paysages naturels de l’Italie où les scènes en extérieur ont été filmées. La définition ne déçoit pas, ou très peu, le cadre large offre une profondeur de champ fort estimable et les scènes diurnes bénéficient d’une clarté renforçant le piqué et le relief des décors. Alors qu’il se rapproche doucement mais sûrement de son quarantième anniversaire, nous n’avions de mémoire jamais vu le film dans de pareilles conditions.

Les nostalgiques des années 80 vont être aux anges puisque la piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 restitue avec énergie la célèbre composition de James Horner. L’ensemble de l’installation délivre activement le thème principal, y compris sur les enceintes arrière qui plongent le spectateur dans l’ambiance du film avec des effets en tous genres. Quelques bonnes basses se joignent également à la partie, l’ouverture frontale ne faiblit jamais et la centrale exsude ses dialogues avec un réel panache. Une ampleur vraiment inattendue. La piste anglaise est aussi proposée en DTS-HD Master Audio 2.0. comme la version française au doublage estampillé eighties, de qualité (Lambert Wilson prête sa voix à Ken Marshall), qui se montre également énergique du début à la fin. Les ambiances naturelles ne sont évidemment pas oubliées et parviennent à créer une spatialisation certaine. Aucun souffle constaté des deux côtés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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