Test Blu-ray / L’Ambulance, réalisé par Larry Cohen

L’AMBULANCE (The Ambulance) réalisé par Larry Cohen, disponible en Blu-ray le 23 mars 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright, James Dixon…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Jay Chattaway

Durée : 1h36

Année de sortie : 1990

LE FILM

Josh Baker, dessinateur à New York, tombe amoureux d’une jeune femme, Cheryl. S’effondrant en pleine rue, celle-ci est récupérée par une mystérieuse ambulance. Josh s’aperçoit alors que Cheryl n’a été admise dans aucun hôpital de la ville, et va alors mener son enquête, la police ne croyant pas ses dires…

Je ne vais pas refaire le parcours du légendaire Larry Cohen (1936-2019). Ceux qui voudront en savoir plus sur la vie et la carrière du scénariste et réalisateur pourront se reporter à la chronique consacrée à Meurtres sous contrôle God Told Me To (1976). Allons donc faire un tour au début des années 1990. Alors qu’il vient de réunir Bette Davis (dans son dernier rôle et qui meurt peu de temps après la sortie du film) et Barbara Carrera dans Ma belle-mère est une sorcière Wicked Stepmother, Larry Cohen a de la suite dans les idées et enchaîne directement avec L’Ambulance The Ambulance, qui sera son avant-dernier opus mis en scène pour le cinéma, six ans avant Original Gangstas avec Fred Williamson et Pam Grier. Mais pour l’heure, L’Ambulance restera sans doute le film le plus célèbre du créateur des Envahisseurs et de Maniac Cop, dont l’affiche est par ailleurs connue de ceux qui ne l’ont pourtant jamais vu, ce qui prouve le statut culte dont jouit le long-métrage. Incontestable réussite, série B de luxe, L’Ambulance est un divertissement haut de gamme, pour ainsi dire inclassable, comédie, thriller paranoïaque, film d’épouvante, polar, à la lisière du fantastique, qui entraîne les spectateurs dans une succession de rebondissements qui vont à cent à l’heure. En dehors de l’improbable coupe mulet et des costumes laaaarges d’Eric Roberts, L’Ambulance, sur lequel plane l’ombre de La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock, n’a pas pris une ride et reste représentatif du cinéma de Larry Cohen, qui n’avait pas son pareil pour doser les émotions fortes avec une virtuosité évidente, en revenant aux bases mêmes du cinéma, à savoir une attraction, son dix-septième film faisant souvent penser à un rollercoaster. Un manège parfois branlant sur ses fondations, mais dans lequel on embarque volontiers en sachant qu’on ne regrettera sûrement pas le voyage.

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Test DVD / Mise en scène with Arthur Penn (Une conversation), réalisé par Amir Naderi

MISE EN SCÈNE WITH ARTHUR PENN (UNE CONVERSATION) (Mise en scène with Arthur Penn (a conversation)) réalisé par Amir Naderi, disponible en DVD le 1er mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Arthur Penn

Photographie : Amir Naderi

Durée : 6h

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

En 2002, le réalisateur iranien Amir Naderi, passionné par le travail d’Arthur Penn, entame avec celui un long entretien, qu’il enregistre chez le cinéaste au fil de multiples rendez-vous. A ce jour, jamais le public n’avait pu voir ces échanges, en dehors d’une version courte projetée il y a quelques années au Festival de Venise.

Jean-Pierre Vasseur, le grand manitou de Rimini Editions, a toujours eu une immense affection pour le cinéma d’Arthur Penn. Après le DVD de Georgia, les Blu-ray de Missouri Breaks et de Miracle en Alabama, sans oublier le combo consacré au merveilleux Alice’s Restaurant, l’éditeur propose cette pièce de résistance, qui trônera fièrement dans votre DVDthèque, Mise en scène with Arthur Penn (une conversation), un document exceptionnel présenté dans sa version intégrale de six heures ! Le dispositif est simple, en 2002, Arthur Penn, à l’aube de ses 80 ans, accepte de s’entretenir avec le réalisateur iranien Amir Naderi (Le Coureur, L’eau, le vent, la poussière), face caméra, seul, chez lui dans son appartement new-yorkais, regardant son interlocuteur droit dans les yeux. Enregistré sur plusieurs jours, parfois éloignés de quelques semaines, cette interview rétrospective aborde des sujets divers et variés, comme l’enfance du cinéaste, qui n’a cessé d’être ballotté entre son père et sa mère divorcés, sur son amour pour les femmes (qu’il mettra en valeur tout au long de son illustre carrière, sur scène comme au cinéma), sa passion pour Howard Hawks, George Stevens, John Ford, William Wyler, Joseph L. Mankiewicz, Orson Welles, Akira Kurosawa, Ingmar Bergman, Elia Kazan, Robert Bresson, Louis Malle, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol (la Nouvelle vague a été déterminante dans son approche du cinéma, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la caméra comme moyen de raconter une histoire), Gregg Toland et Ghislain Cloquet (directeurs de la photographie), Federico Fellini, Roberto Rossellini, Martin Ritt, Robert Towne, Horton Foote, Jack Smight, Warren Beatty, Vittorio De Sica, Bernardo Bertolucci, George Sidney, Raoul Walsh Nicholas Ray, Fred Zinnemann, que ça soit pour leur travail et/ou pour leur personne, Arthur Penn ayant pu rencontrer certains de ces grands noms au fil de sa vie.

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Test Blu-ray / Zeros and Ones, réalisé par Abel Ferrara

ZEROS AND ONES réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Ethan Hawke, Valerio Mastandrea, Cristina Chiriac, Babak Karimi, Stephen Gurewitz, Salvatore Ruocco, Anna Ferrara, Phil Neilson…

Scénario : Abel Ferrara

Photographie : Sean Price Williams

Musique : Joe Delia

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Rome est devenue une ville assiégée par la guerre. C’est dans ce contexte qu’évolue J. J., un soldat américain. Mais lorsque le Vatican disparaît à la suite d’une déflagration d’une bombe, il part en quête d’un ennemi inconnu pour tenter de protéger le monde contre une menace grandissante.

Heureusement que divers résumés des films que l’on vient de visionner sont disponibles, car parfois, on pourrait encore se demander de quoi ceux-ci venaient de traiter…Zeros and Ones d’Abel Ferrara est une « expérience », dans le sens où l’on ne comprend quasiment rien à ce que souhaite nous raconter le réalisateur, qui doit bien en être à son vingtième long-métrage, sans doute un peu plus, sans compter ses clips vidéos, ses courts-métrages et ses documentaires, qu’on ne peut s’empêcher de trouver souvent fascinant par son dispositif (un tournage « guérilla »), sa liberté de ton, son refus d’entrer dans un moule préétabli et par l’interprétation habitée d’un Ethan Hawke comme sous substances, qui écarquille les yeux et éructe face caméra, traduisant l’urgence de l’entreprise. Du haut de ses 70 piges, le cinéaste profitait alors des rues désertées de Rome, pour y filmer (clandestinement ?) un nouveau film au bord du gouffre, en plongeant les spectateurs dans un monde crépusculaire, vraisemblablement sur le point d’exploser (d’ailleurs ça saute de temps en temps, avec des effets spéciaux du genre The Asylum), où s’imbriquent une fois de plus les thèmes de la culpabilité, la justice, la vengeance, la dope, les putes, le rapport à Dieu, les racines du Bien et du Mal dans un univers où ni l’expiation ni la rédemption ne sont possibles (quoique…), le fric (ici les billets sont nettoyés au spray hydroalcoolique), où la violence engendre la violence, sans fin, sans raison. Du moins, c’est plus ce que l’on ressent que ce qu’on saisit au fil de ces 80-85 minutes de Zeros and Ones, qui par ses motifs (très belle photographie Sean Price Williams, chef opérateur de Her Smell d’Alex Ross Perry et de Good Time des frères Safdie) rappellent les kaléidoscopes d’images de The Blackout (1997), Mary (2005), avec une touche de 4h44 Dernier jour sur Terre (2011). Réservé aux amateurs hardcores d’Abel Ferrara, il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, mais si vous attendiez un film d’action comme pourrait le suggérer l’affiche originale d’exploitation, passez votre chemin, car vous risquez d’être décontenancés. Euphémisme.

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Test Blu-ray / Au coeur de la nuit, réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden

AU COEUR DE LA NUIT (Dead of Night) réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Michael Redgrave, Googie Withers, Mervyn Johns, Basil Radford, Naunton Wayne, Sally Ann Howes, Rowland Culver, Frederick Valk…

Scénario : John Baines & Angus Mac Phail, d’après des histoires originales de H.G. Wells, E.F. Benson, John Baines & Angus Mac Phail

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Walter Craig se rend chez Eliott Foley, pour discuter des aménagements de son cottage. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là mêmes qui hantent ses nuits de façon récurrente…

Difficile de résumer Au coeur de la nuit Dead of Night…film à sketches ? Anthologie ? Assurément, mais aussi œuvre matricielle, fondatrice du cinéma horrifique, comédie noire, drame fantastique. Opus mythique des légendaires studios Ealing, habituellement axés sur les films humoristiques, on y dénombre pas moins de quatre réalisateurs à la barre, Alberto Cavalcanti (Je suis un fugitif), Charles Crichton (Un poisson nommé Wanda, De l’or en barres, Hue and Cry), Basil Dearden (Khartoum) et Robert Hamer (School for Scoundrels, Noblesse oblige), qui se sont unis pour livrer ce chef d’oeuvre absolu d’un genre encore rarement abordé, voire quasiment inédit dans le cinéma britannique, bien avant l’avènement de la Hammer et celui de l’Amicus. Le film se compose de cinq récits, reliés entre eux par des transitions. Le « sketch de liaison » (Linking Narrative) est réalisé par Basil Dearden, d’après une histoire de E. F. Benson. Le film commence par l’arrivée de l’architecte Walter Craig (Mervyn Johns) dans un cottage anglais sur l’invitation du propriétaire de celui-ci, Elliot Foley, qui souhaiterait faire des travaux d’aménagement. Plusieurs personnes se trouvent réunies dans la maison et Craig, en entrant, a l’étrange sensation de les avoir déjà vues ensemble dans un rêve récurrent mais dont il ne se souvient que de façon diffuse. Au grand étonnement des invités, il fait allusion à certains incidents avant même qu’ils ne surviennent dans la maison. Un psychanalyste, présent parmi les invités, reste sceptique. Quatre parmi les personnes présentes se mettent alors à tour de rôle à raconter une histoire étrange dont elles ont fait l’expérience ou dont on leur a parlé. Un cinquième récit sera raconté par le psychanalyste lui-même.

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Test Blu-ray / L’Ambassadeur, réalisé par J. Lee Thompson

CHANTAGE EN ISRAËL : L’AMBASSADEUR (The Ambassador) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Robert Mitchum, Ellen Burstyn, Rock Hudson, Fabio Testi, Donald Pleasence, Chelli Goldenberg, Michal Bat-Adam, Ori Levy.…

Scénario : Ronald M. Cohen & Max Jack, d’après le roman Fifty-Two Pickup d’Elmore Leonard

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Dov Seltzer

Durée : 1h32

Date de sortie initiale: 1984

LE FILM

Années 80. Avec l’aide de son conseiller, un ambassadeur américain en Israël tente d’instaurer la paix en Palestine au moyen de méthodes non conventionnelles alors que sa femme entame une liaison avec un responsable de l’OLP. Ses efforts sont contrariés à chaque étape. Tentative d’assassinat, chantages se multiplient. Les intérêts en cause deviennent des enjeux majeurs.

Plus fort que Chuck Norris, Robert Mitchum à la Cannon est capable de résoudre le conflit israélo-palestinien. Ouais. A 67 ans, le comédien se fait rare sur les écrans au début des années 1980. Après Nightkill de Ted Post, dans lequel il donne la réplique à la superbe Jaclyn Smith, puis That Championship Season de Jason Miller, où il est très bien entouré (Bruce Dern, Stacy Keach, Martin Sheen et Paul Sorvino sont de la partie), « Mitch » signe avec la Cannon et tient le haut de l’affiche d’un thriller politique, d’espionnage et d’action intitulé Chantage en Israël – The Ambassador, ou L’Ambassadeur. L’introduction donne le ton sur le caractère « sérieux » de l’entreprise. « Le Moyen-Orient est un baril de poudre prêt à exploser. Un assemblage de conflits religieux et de factions politiques. Le PLO, l’Organisation de Libération de la Palestine a juré de ne jamais reconnaître le droit à l’existence d’Israël et de se battre jusqu’à la création d’un pays pour les palestiniens. Le PLO voudrait parlementer. Un groupe dissident, Saïka, le groupe terroriste le plus violent répand la terreur en Israël et dans les pays arabes, afin d’empêcher tout rapprochement et pourparler de paix. En Israël, deux courants opposés. Les modérés, prêts à négocier avec le PLO, et les extrémistes de l’ultra-droite qui refuse l’idée d’un État palestinien. Le Mossad est l’agence de renseignement du gouvernement d’Israël. Au milieu de ce conflit, un homme, L’Ambassadeur ! ». Ça va chauffer ! Et Robert Mitchum a beau avoir du mal à marcher parfois, rien ne l’arrêtera, même pas l’infidélité de son épouse (Ellen Burstyn, qui nous gratifie d’un superbe topless à plus de 50 ans) dont certains essayent pourtant de tirer profit. Il est comme ça Bob avec sa petite bedaine gonflée de whisky et ses yeux de Droopy, toujours furieusement charismatique, nonchalant et le rictus moqueur ! Réalisé par J. Lee Thompson, L’Ambassadeur ressemble à un long épisode de série TV, dont la naïveté est confondante et tire le film vers la comédie involontaire, mais qui n’en demeure pas moins extrêmement divertissante. Enfin, il s’agit aussi et surtout de l’ultime apparition au cinéma du grand Rock Hudson, 58 ans (et qui en avait encore sacrément sous le capot), déjà malade du SIDA, qui allait l’emporter l’année suivante.

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Test Blu-ray / La Méthode Williams, réalisé par Reinaldo Marcus Green

LA MÉTHODE WILLIAMS (King Richard) réalisé par Reinaldo Marcus Green, disponible en DVD et Blu-ray le 6 avril 2022 chez Warner Bros.

Acteurs : Will Smith, Aunjanue Ellis, Jon Bernthal, Saniyya Sidney, Demi Singleton, Tony Goldwyn, Mikayla Lashae Bartholomew, Daniele Lawson…

Scénario : Zach Baylin

Photographie : Robert Elswit

Musique : Kris Bowers

Durée : 2h25

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Focus sur la personnalité de l’entraîneur de tennis Richard Williams, père des joueuses mondiales Vénus et Serena. Il n’avait aucune expérience dans le sport mais lorsque ses filles ont eu quatre ans, il a élaboré un plan de 78 pages décrivant l’entraînement des futures championnes. Les soeurs Williams sont devenues deux des plus grandes joueuses de l’histoire du tennis. Serena est sans conteste la meilleure tenniswoman de tous les temps, avec 23 victoires en tournoi du Grand Chelem. Venus Williams a remporté sept titres en Grand Chelem.

Autant le dire tout de suite, nous ne reviendrons pas sur la gifle de Will Smith à Chris Rock et tout le bazar qui a suivi. Pour sa troisième nomination aux Oscars, après Ali (2001) de Michael Mann et À la recherche du bonheur The Pursuit of Happyness (2006) de Gabriele Muccino, le comédien a pu enfin obtenir la statuette dorée tant convoitée pour un nouveau biopic sportif, dans lequel il incarne Richard Williams (né en 1942), entraîneur de tennis américain et surtout le père de Venus Williams et Serena Williams. En toute honnêteté, s’il n’y a rien à redire sur la composition de la star, impliquée tant devant la caméra que derrière où Will Smith assure également le rôle de producteur avec sa femme Jada Pinkett – GI Jane 2 – Smith (rhooo), on ne peut pas dire que La Méthode WilliamsKing Richard brille par son originalité dans un genre ultra-balisé (euphémisme), qui respecte chaque point d’un cahier des charges usé jusqu’à la moelle (humour pour tous les âges, émotion limite tire-larmes) et qui s’avère un véhicule idéal pour mener l’acteur principal jusqu’au Saint Graal. Le film n’est pas déplaisant en soi, c’est juste qu’il est absolument sans surprise, sans véritable « rebondissements » et que le temps peut parfois paraître long sur 2h25. Nul besoin de s’y connaître en tennis, La Méthode Williams saura être apprécié évidemment par les néophytes et amateurs, Will Smith assurant comme d’habitude le show. Ce n’est pas la claque espérée quoi. Ah zut, décidément…

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Test Blu-ray / Julie (en 12 chapitres), réalisé par Joachim Trier

JULIE (EN 12 CHAPITRES) (Verdens verste menneske) réalisé par Joachim Trier, disponible en DVD et Blu-ray le 15 mars 2022 chez Memento Films.

Acteurs : Anders Danielsen Lie, Renate Reinsve, Maria Grazia Di Meo, Mia McGovern Zaini, Herbert Nordrum, Hans Olav Brenner, Helene Bjørneby, Sofia Schandy Bloch, Savannah Marie Schei…

Scénario : Joachim Trier & Eskil Vogt

Photographie : Kasper Tuxen

Musique : Ola Fløttum

Durée : 2h08

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Oslo, de nos jours. Julie est une jeune femme pleine de ressource, mais à 30 ans, elle cherche encore sa voie. Bien qu’heureuse avec Aksel, un dessinateur à succès, aimant et protecteur, elle refuse l’enfant qu’il désire. Quand Julie le quitte pour Eivind, elle espère, une fois de plus, commencer une nouvelle vie.

Si son premier long-métrage Nouvelle donneReprise date de 2006, le réalisateur Joachim Trier (né en 1974) se fait remarquer par la critique et le public dès son second film, Oslo, 31 août – Oslo, 31. august, qui sort cinq ans plus tard. Inspiré du roman Le Feu Follet, écrit par Pierre Drieu La Rochelle en 1931, qui avait déjà connu une adaptation en 1963 par Louis Malle (avec Maurice Ronet), Oslo, 31 août est une oeuvre aérienne qui s’intéressait entre autres (mais pas seulement) à la réinsertion des anciens drogués. Sujet de société tabou et d’actualité (les trafics illicites se multipliaient alors en Norvège), Oslo, 31 août était un film documenté, d’une extrême sensibilité, illuminé par l’intense interprétation d’Anders Danielsen Lie, que Trier avait déjà dirigé Nouvelle donne. Depuis, le metteur en scène a très largement confirmé son talent, avec Back Home (2015), porté par un casting international (Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne, Amy Ryan, David Strathairn), ainsi que Thelma (2017), qui racontait l’histoire d’une jeune étudiante norvégienne issue d’une famille très religieuse, qui s’installait à Oslo pour ses études, où elle tombait amoureuse d’une de ses camarades et découvrait qu’elle possèdait des pouvoirs surnaturels. Il faudra ajouter à ces réussites, Julie (en 12 chapitres)Verdens verste menneske, coécrit avec le fidèle Eskil Vogt, dont le titre original signifie « le pire être humain au monde ». Ce cinquième opus de Joachim Trier a été vendu comme une comédie romantique, je rajouterai tout de même comédie-dramatique romantique, étant donné que le dernier acte du film nous emmène vers une sous-intrigue insoupçonnée qui détonne avec ce qui a précédé. Mais Julie (en 12 chapitres), à ne pas confondre avec le merveilleux Julie en juillet Im Juli. (2000) de Fatih Akin, c’est avant tout la découverte d’une magnifique comédienne, dont on tombe pour ainsi dire instantanément amoureux, Renate Reinsve, qui apparaissait au générique d’Oslo, 31 août dix ans auparavant, dans la scène de la piscine, où elle faisait d’ailleurs ses premiers pas devant la caméra. Elle accède désormais au haut de l’affiche et s’est vue décerner le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2021 pour sa prestation pour cette chronique irrésistible, qui nous ravit le coeur et nous émeut aux larmes.

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Test Blu-ray / La Baie du silence, réalisé par Paula van der Oest

LA BAIE DU SILENCE (The Bay of Silence) réalisé par Paula van der Oest, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Claes Bang, Olga Kurylenko, Brian Cox, Assaad Bouab, Alice Krige, Caroline Goodall, Shalisha James-Davis, Litiana Biutanaseva…

Scénario : Caroline Goodall, d’après le roman de Lisa St Aubin de Terán

Photographie : Guido van Gennep

Musique : John Swihart

Durée : 1h34

Année de sortie : 2020

LE FILM

Will pense que sa femme Rosalind est innocente du meurtre présumé de leur fils, mais découvre que son passé la lie à un autre crime non résolu. Will est convaincu que sa femme, l’artiste Rosalind, n’est pas coupable de la mort de leur bébé. Il fait alors une découverte terrifiante qui dévoile une chaîne d’autres cas non résolus.

Étrange carrière que celle de la comédienne Olga Kurylenko (née en 1979)…Ceux qui comme votre serviteur l’avaient découverte au cinéma en 2005 dans L’Annulaire de Diane Bertrand, formidable transposition du roman de Yōko Ogawa, lui prédisaient un brillant avenir. Effectivement, celle-ci fut très vite remarquée et peu de temps après, l’ukrainienne incarnait une vampire dans le segment Quartier de la Madeleine du film collectif Paris, je t’aime, sous la direction de Vincenzo Natali, puis dans l’excellent thriller d’Éric Barbier, Le Serpent, aux côtés d’Ivan Attal et Pierre Richard. Après deux participations aux adaptations cinématographiques de jeux vidéos, Hitman de Xavier Gens d’un côté, Max Payne de John Moore de l’autre, elle devient carrément James Bond Girl dans (l’horrible) Quantum of Solace. On pouvait alors penser que cette carte de visite prestigieuse allait être le coup de pouce définitif, mais cela ne s’est pas passé comme prévu. L’actrice n’aura de cesse d’alterner les seconds rôles peu mémorables, les productions modestes et interchangeables (qui se souvient de Centurion de Neil Marshall ?), mais ne laissera pas passer sa chance d’être dirigé par un monument du cinéma comme Terrence Malick dans À la merveille To the Wonder (2012) ou de donner la réplique à une star internationale, en l’occurrence Tom Cruise dans Oblivion de Joseph Kosinki (2013). Petit à petit, elle se spécialise dans le cinéma d’action, destiné la plupart du temps au Direct-To-Video, comme The Courier de Zackary Adler, Code Mementum de Stephen S. Campanelli, The November Man de Roger Donaldson et The Expatriate de Philipp Stölzl. Un film se distingue tout de même, La Terre outragée de Michale Boganim (2011), première fiction autorisée à être tournée sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, drame intimiste saisissant qui relatait le lendemain de l’évènement. Si on peut éventuellement sauver Dans la brume (2018) de Daniel Roby et surtout The Room de Christian Volckman, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’Olga Kurylenko s’est souvent fourvoyée dans des projets de peu d’envergure. La Baie du silence The Bay of Silence ne relèvera malheureusement pas la moyenne, non pas en raison du jeu de l’actrice, qui s’en sort très bien ici, mais à cause d’une histoire abracadabrante, qui part dans tous les sens, à laquelle on croyait pourtant, mais qui s’avère rapidement très mal racontée par Paula van der Oest. On ne sait pas où la réalisatrice néerlandaise souhaite nous emmener et malgré un départ très intéressant, le spectateur finit par lâcher l’affaire, la faute à un récit qui s’éparpille.

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Test Blu-ray / De son vivant, réalisé par Emmanuelle Bercot

DE SON VIVANT réalisé par Emmanuelle Bercot, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Gabriel A. Sara, Cécile de France, Oscar Morgan, Lou Lampros, Melissa George, Clément Ducol…

Scénario : Emmanuelle Bercot & Marcia Romano

Photographie : Yves Cape

Musique : Eric Neveux

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.

Le cinéma adore ce genre d’histoire. La maladie a toujours été LE sujet mélodramatique par excellence et la France n’est pas en reste dans ce domaine. On peut citer en vrac La Guerre est déclarée (2011) de Valérie Donzelli, Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda, Adieu les cons (2020) d’Albert Dupontel, Les Intranquilles (2021) de Joachim Lafosse, Augustine (2012) d’Alice Winocour, Floride (2015) de Philippe Le Guay, Cortex (2008) de Nicolas Boukhrief, L’Arbre de Noël (1969) de Terence Young, La Gueule ouverte (1974) de Maurice Pialat et bien d’autres. De son vivant d’Emmanuelle Bercot plonge la tête dedans on pourrait dire, mais contrairement à la plupart des films mentionnés, qui n’y vont pas avec le dos de la cuillère, ce drame s’en sort assez bien. Le sixième long-métrage de la réalisatrice est avant tout un film de performance d’acteur, dans le sens où il offre assurément à Benoît Magimel l’un de ses meilleurs rôles, avec lequel il retrouve enfin de sa superbe après quelques errances, même si le comédien aura su rebondir ces dernières années dans Money de Gela Babluani, Carbone d’Olivier Marchal, La Douleur d’Emmanuel Finkiel, Lola vers la mer de Laurent Micheli et Une fille facile de Rebecca Zlotowski. Il est magnifique dans De son vivant, sa troisième collaboration avec Emmanuelle Bercot après La Tête haute (2015) et La Fille de Brest (2016) et si le film pâtit de digressions, ainsi que de sous-intrigues dispersées, il serait dommage de passer à côté. Un César du meilleur acteur 2022 très largement mérité.

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Test Blu-ray / Objectif 500 millions, réalisé par Pierre Schoendoerffer

OBJECTIF 500 MILLIONS réalisé par Pierre Schoendoerffer, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mars 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Bruno Cremer, Marisa Mell, Jean-Claude Rolland, Etienne Bierry, Pierre Fromont, Jean-François Chauvel, D. Zimbaca, Hong Mai Thomas…

Scénario : Pierre Schoendoerffer & Jorge Semprún

Photographie : Alain Levent

Musique : Pierre Jansen

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

A sa sortie de prison, un ancien parachutiste se voit proposer un coup: voler un sac postal contenant cinq cents millions et transporté par avion de Paris à Bordeaux. Le seul complice qu’il trouve pour l’aider dans cette opération est l’officier qui l’avait autrefois dénoncé. Il réussira finalement à se venger de lui.

Du réalisateur Pierre Schoendoerffer (1928-2012), on connaît essentiellement La 317e Section (1965) et Le Crabe-Tambour (1977), adaptés de ses propres romans, ainsi que Diên Biên Phu (1992). S’il a finalement peu tourné, neuf longs-métrages et quatre documentaires en près de cinquante ans de carrière, l’ancien matelot (il rêvait de devenir marin) et photographe-reporter de guerre (il part comme volontaire en Indochine pour le compte du Service cinématographique des armées sous le grade de caporal, puis de caporal-chef), Pierre Schoendoerffer aura construit une œuvre cohérente, forcément marquée par son passé militaire, à ses expériences personnelles (il est fait prisonnier par le Vietminh en 1954, puis relâché quelques mois plus tard, après les accords de Genève). Il passe à la mise en scène en 1956 grâce à Joseph Kessel, qui lui écrit son premier film, La Passe du diable, qu’il coréalise avec Jacques Dupont, en compagnie de Raoul Coutard à la photographie et de Georges de Beauregard à la production, qui deviendra le grand nom de la Nouvelle vague prête à débarque. S’il ne sortira que deux ans plus tard, ce coup d’essai tourné en Afghanistan conforte le jeune cinéaste dans son désir de septième art. S’ensuit Ramuntcho (1959), comédie-dramatique qui se déroule à la fin de la Guerre d’Indochine, où ressort déjà l’approche didactique de Pierre Schoendoerffer, Pêcheur d’Islande (1959), qui narre les aventures en mer d’un équipage breton de Concarneau, puis le documentaire de propagande Attention ! Hélicoptères (1963). La reconnaissance arrive en 1965 avec La 317e Section, qui raconte l’histoire de six journées de guerre, en mai 1954, durant la guerre d’Indochine, dont le réalisme cru, renforcé par le N&B charbonneux du fidèle Raoul Coutard et des prises de vues capturées à l’épaule dans la jungle cambodgienne, crée l’événement auprès du public (1,7 millions d’entrées) et de la critique, le film repartant alors avec le Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 1965. Dans la filmographie de Pierre Schoendoerffer, se cache un film de « genre », de braquage, Objectif 500 millions, qui sort dès l’année suivante. Une concession au cinéma commercial ? Pas du tout, car sous ses allures de spectacle du samedi soir, il s’agit ni plus ni moins d’un prolongement des thèmes qui animeront le réalisateur toute sa vie, en l’occurrence ici comment un homme, qui aura dédié toute son existence au combat peut-il survivre après un conflit, une fois démobilisé et rendu à la vie civile ? Interprété par Bruno Cremer, monstre de charisme qui crève l’écran et qui le vampirise du début à la fin en étant quasiment de chaque plan, Objectif 500 millions est une remarquable curiosité.

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