Test DVD / I Know This Much Is true, réalisé par Derek Cianfrance

I KNOW THIS MUCH IS TRUE réalisé par Derek Cianfrance, disponible en DVD le 7 juillet 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Mark Ruffalo, John Procaccino, Rob Huebel, Gabe Fazio, Kathryn Hahn, Melissa Leo, Rosie O’Donnell, Archie Panjabi, Michael Greyeyes, Juliette Lewis…

Scénario : Derek Cianfrance & Anya Epstein, d’après le roman La Puissance des vaincus de Wally Lamb

Photographie : Jody Lee Lipes

Musique : Harold Budd

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINI-SÉRIE

Dominik et Thomas Birdsey sont deux frères jumeaux. Alors que Thomas souffre de problèmes psychiatriques aggravés après le décès de leur mère, Dominik se lance dans une bataille pour faire sortir son frère d’un asile psychiatrique.

Révélé en 2010 avec son deuxième long métrage Blue Valentine, interprété par Michelle Williams et Ryan Gosling, le réalisateur Derek Cianfrance (né en 1974) a ensuite confirmé avec The Place Beyond the Pines, encore une fois incarné par Ryan Gosling, avec également Eva Mendes et Bradley Cooper. Bien que surestimés, ces deux films démontraient le savoir-faire du réalisateur américain et imposaient sans mal une nouvelle sensibilité. En 2016, il revenait avec Une vie entre deux océans, film qui a énormément déçu, qui croulait malheureusement sous les clichés et les effets téléphonés, rendant l’histoire complètement improbable. Après, le réalisateur aura produit et écrit Sound of metal de Darius Marder, tout en se consacrant à l’adaptation d’une mini-série, I Know This Much Is True, d’après le best-seller du même nom de Wally Lamb, sorti en France sous le titre La Puissance des vaincus (Belfond, 2000). On comprend ce qui a tout de suite attiré le cinéaste dans ce pavé de près de 1000 pages, puisqu’il y aura retrouvé les thèmes qu’il n’aura cessé d’explorer tout au long de ses films précédents, à savoir la famille, la paternité et la maternité, les responsabilités, la rédemption, le poids des secrets qui peut à la fois détruire et souder des individus et parfois même au sein du couple, les choix et leurs conséquences à travers une réaction en chaîne. N’y allons pas par quatre chemins, Derek Cianfrance livre son chef d’oeuvre. Divisé en 6 épisodes de près d’une heure, à l’exception du dernier d’une durée de 75 minutes, I Know This Much Is True est comme qui dirait l’oeuvre ultime que le metteur en scène et scénariste semblait viser depuis ses débuts, par petites touches. Il atteint ici le sublime, non seulement grâce à une écriture d’une extrême délicatesse, percutante et hypersensible, mais aussi par une réalisation souvent remarquable et par son casting exceptionnel, porté par la double performance extraordinaire de Mark Ruffalo, définitivement l’un des plus grands comédiens aujourd’hui. Du début à la fin, on reste scotchés par le charisme, le talent hors-norme et la transformation de l’acteur (plus de vingt kilos pris pour l’incarnation du deuxième jumeau), également producteur exécutif. Vous voulez voir une immense performance ? Jetez-vous sur I Know This Much Is true, événement de l’année 2020 sur la chaine HBO.

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Test Blu-ray / Le Roi de Paris, réalisé par Dominique Maillet

LE ROI DE PARIS réalisé par Dominique Maillet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Philippe Noiret, Veronika Varga, Jacques Roman, Manuel Blanc, Michel Aumont, Paulette Dubost, Corinne Cléry, Ronny Coutteure…

Scénario : Jacques Fieschi, Jérôme Tonnerre, Bernard Minoret & Dominique Maillet

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Quentin Damamme

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Le Roi de Paris, en cette saison théâtrale 1930, c’est Victor Derval, le grand acteur. Il vit avec sa cour : le directeur du théâtre de la Grande Comédie, sa fidèle habilleuse, un marquis déchu et son ancienne maîtresse et partenaire de scène.

Le 11 janvier 1995, alors que le Frankenstein de Kenneth Branagh, le génial Coups de feu sur Broadway de Woody Allen et Le Péril jeune de Cédric Klapisch se disputent le box-office, un film, sorti en catimini, sans annonce ni publicité, ramasse les miettes en fin de classement. Il s’agit du Roi de Paris, le premier long-métrage réalisé par le critique de cinéma Dominique Maillet, intervenant dans Cinématographe et La Revue du cinéma, interprété par l’exceptionnel, le géant, le monstre Philippe Noiret. Les deux hommes avaient précédemment collaboré pour un livre (Philippe Noiret, Henri Veyrier) consacré au comédien, à sa vie, à sa carrière, cinq années auparavant. Devenus amis et désirant se retrouver pour un projet commun, ils s’associent cette fois au cinéma. S’il avait signé quelques courts métrages, dont Victor (1981), avec Gérard Lanvin et Jean Bouise, et Femme fidèle (1986) avec Marie Trintignant et Jean-Pierre Kalfon, Dominique Maillet passe la vitesse supérieure avec Le Roi de Paris, qu’il coécrit avec l’imminent Jacques Fieschi (Police de Maurice Pialat, Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver de Claude Sautet, Les Nuits fauves de Cyril Collard, Le Fils préféré de Nicole Garcia), Bernard Minaret et Jérôme Tonnerre (Vive la vie, Partir, revenir, Un homme et une femme : Vingt ans déjà de Claude Lelouch, Chouans ! de Philippe de Broca, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d’Yves Robert). Vibrant hommage au talent, au charisme, à l’aura, à l’élégance, à la gouaille, à la personnalité de Philippe Noiret, pour qui le rôle a évidemment été taillé sur mesure, Le Roi de Paris se double également du témoignage d’un passionné de cinéma, en adoration certes devant son acteur, mais aussi plus généralement pour le septième art, pour le théâtre, pour ces hommes et ces femmes qui nous transportent dans un autre monde, dans lequel eux-mêmes ne savent plus très bien où s’arrête la fiction et où reprend la réalité. Une frontière poreuse, friable, représentée par un fil sensible sur lequel les comédiens semblent marcher comme des funambules, parfois pour le meilleur puisque cela nourrit constamment leur jeu, mais aussi souvent pour le pire quand cela nuit à leur vie personnelle. Alors qu’il amorçait l’automne de sa vie, Philippe Noiret, qui allait avoir 65 ans, livre ici une prestation dantesque, bouffant chaque scène comme un ogre, tout en laissant une place de choix à ses jeunes partenaires, notamment la lumineuse Veronika Varga, superbe révélation que l’échec commercial cuisant du film (alors considéré comme maudit) n’a malheureusement pas aidé pour faire décoller sa carrière par la suite. Elle y est pourtant somptueuse face à son imposant partenaire. Le Roi de Paris est une très belle découverte, très largement conseillée aux amoureux du cinéma.

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Test Blu-ray / Cut, réalisé par Kimble Rendall

CUT réalisé par Kimble Rendall, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Molly Ringwald, Jessica Napier, Simon Bossell, Sarah Kants, Kylie Minogue, Frank Roberts, Stephen Curry, Cathy Adamek…

Scénario : Dave Warner & Mark Lamprell

Photographie : David Foreman

Musique : Guy Gross

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Raffy Carruthers, une jeune réalisatrice, décide de terminer un film d’horreur laissé à l’abandon des années auparavant après plusieurs meurtres commis sur le tournage. Mais le film est réputé pour être maudit et un tueur masqué fait son apparition sur le nouveau tournage…

Suite au triomphe inattendu de Scream de Wes Craven en 1996, le slasher a inondé d’hémoglobine les salles de cinéma du monde entier comme à la fin des années 1970 et la décennie suivante. On peut citer pêle-mêle Souviens-toi… l’été dernier I Know What You Did Last Summer de Jim Gillespie, Wishmaster de Robert Kurtzman, Urban Legend de Jamie Blanks, sans compter leurs suites. Au début des années 2000, alors qu’Urban Legend en est à son second volet, Scream à son troisième, Vendredi 13 au dixième chapitre (Jason X), Hellraiser et Leprechaun au cinquième épisode, un réalisateur australien de 35 ans, Kimble Rendall, décide de surfer sur le revival de ce genre trop souvent délaissé dans son pays. Venu de la publicité et du clip vidéo, ce dernier s’empare des ingrédients principaux instaurés entre autres par Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, pour les incorporer dans une recette typique de la Ozploitation. Ce sera Cut, son premier long-métrage, d’après un scénario coécrit par Dave Warner (Garage Days d’Alex Proyas) et Mark Lamprell (Babe, le cochon dans la ville de George Miller) et essentiellement interprété par une bande de comédiens inconnus au bataillon, à l’exception d’une actrice, dont le nom a pesé dans la balance pour trouver les financements indispensables à la mise en route de cette petite production, Molly Ringwald. L’actrice culte de Seize bougies pour Sam, Breakfast Club et de Rose bonbon, liée au cinéma de John Hughes, tient l’un des rôles principaux de ce fort sympathique Cut, dans lequel une star australienne fait également une participation remarquée en début de film, la sublime Kylie Minogue. Si l’on ajoute à cela un récit intelligent, qui ne se contente pas de singer ce que les américains avaient déjà fait (et s’acharnaient d’ailleurs à refaire encore et encore), doublé aujourd’hui d’une réflexion sur la résistance du celluloïd face au rouleau compresseur numérique, vous obtenez un film d’horreur on peut le dire génial, drôle et ultra-divertissant.

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Test Blu-ray / Cosmic Sin, réalisé par Edward Drake

COSMIC SIN réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Frank Grillo, Bruce Willis, Brandon Thomas Lee, Corey Large, C.J. Perry, Perrey Reeves, Lochlyn Munro, Costas Mandylor…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Brandon Cox

Musique : Scott Glasgow

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

En 2524, un groupe composé de soldats et de scientifiques doit affronter une espèce extraterrestre pouvant infecter le corps humain.

Reprenons là où nous en étions, autrement dit à la fin d’Anti-Life de John Suits…[…] Pendant ce temps-là, Bruce Willis tète sa flasque qu’il sort toutes les dix secondes pour se gargariser au bourbon, attend que ça se passe (une série B-Z, impeccable pour dormir), avant d’aller faire un tour sur le plateau voisin pour y tourner Cosmic Sin d’Edward Drake, un autre truc de science-fiction où il donne la réplique à Frank Grillo. Mais c’est une autre histoire, ou la même peut-être, avec les décors identiques sans doute (c’est le cas de l’affiche déjà), et on espère vous en reparler très bientôt……………C’est bon, on peut maintenant ! Et nous ne nous étions pas trompés, puisqu’il s’agit peu ou prou de la même chose, sauf que « Bouse » Willis est cette fois affublé d’une armure ultra-perfectionnée (nous sommes au 26e siècle), visiblement confectionnée à l’aide de boites de conserve écrasées, d’enjoliveurs crasseux et de couvercles de tupperwares. Tout cela pour quoi ? Bah pour rien, puisque vêtu ainsi comme Iron « Old » Man, le comédien ne fait rien d’autre que débiter ses quelques répliques ineptes (« Plus je vieillis, plus je veux regarder les étoiles avec quelqu’un… »), en ayant l’air très fatigué, au bout du rouleau. Alors que certains continuent de s’acharner sur Nicolas Cage, qui mine de rien aura signé de belles prestations au milieu de ses dernières inepties, Bruce Willis continue encore et encore de creuser, de s’enliser. Raison pour laquelle, après avoir atteint l’autre bout de la planète, il tente à nouveau sa chance dans l’espace. Toutes proportions gardées, Cosmic Sin « s’en tire » mieux qu’Anti-life car beaucoup plus rigolo, surtout durant sa première partie qui nous fait bien marrer à force d’être mauvaise (une bagarre de bar WTF, Bruce Willis qui se lève difficilement de sa chaise au bout de vingt minutes de film, un logo scientifique qui ressemble à celui du PSG), contrairement à la deuxième (une fois que les héros ont été lancés dans l’espace) qui devient sacrément ennuyeuse et répétitive, jusqu’au final totalement incompréhensible, raté, expédié. Entre le navet et le nanar nous n’hésitons pas une seconde et rien que pour rire un peu, nous vous conseillons ce Co(s)mic Sin, dans lequel « brille » également Frank Grillo (Jiu Jitsu, Représaille), qui lui aussi ajoute un trophée à son palmarès cinématographique.

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Test Blu-ray / Host, réalisé par Rob Savage

HOST réalisé par Rob Savage, disponible en DVD et Blu-ray le 7 juillet 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Haley Bishop, Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Drandova, Caroline Ward, Alan Emrys, Patrick Ward, Edward Linard, Jinny Lofthouse, Seylan Baxter, Jack Brydon, James Swanton…

Scénario : Gemma Hurley, Rob Savage & Jed Shepherd

Durée : 0h56

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Six amis engagent un medium pour une séance de spiritisme sur Zoom pendant le confinement. Très vite, la situation dégénère quand ils réalisent qu’ils ont laissé entrer un esprit maléfique chez eux… Survivront-ils à la nuit ?

Le confinement de 2020 a donné des idées à quelques producteurs et réalisateurs, obligés de s’adapter au contexte sanitaire, pour continuer à travailler malgré tout. Certains ont profité des rues désertées pour aller y filmer un film de science-fiction surfant sur la pandémie, à l’instar du calamiteux Songbird d’Adam Mason (et produit par Michael Bay), qui plongeait ses héros dans une partie de la Californie parasitée par la Covid 23. D’autres ont préféré s’inspirer de la multiplication des réunions Zoom à travers le monde. C’est le cas de Rob Savage, réalisateur de multiples courts métrages (Salt, Healey’s House, Absence, Sit in Silence), d’un long-métrage très remarqué en 2012 (Strings, récompensé aux British Independent Film Awards) et de séries (Fear Haus, Britannia, Bite Size Horror). Le metteur en scène livre un film-gadget, qui se déroule exclusivement sur le service désormais incontournable de conférence à distance, en exploitant les vidéoconférences, les réunions en ligne, le chat et la collaboration mobile dans un film d’épouvante, qui s’inscrit dans le registre du found-footage. En gros, une dizaine de comédiens ont été filmés en gros plan, de façon peu flatteuse, la plupart du temps scotchés devant leur écran, essayant de réagir face à des phénomènes paranormaux, qui font faire bifurquer Host vers le film d’épouvante à la Paranormal Activity. Le gros plus du film, c’est pour ainsi dire sa durée, 56 minutes montre en main, pas plus, pas moins, presque comme une véritable réunion Zoom. L’exposition des personnages est certes longuette, comme bien souvent dans le genre le spectateur est obligé de se farcir une présentation successive de protagonistes peu voire pas du tout intéressants, mais Host installe progressivement son dispositif malin dans une seconde partie plutôt immersive et sympathique. S’il n’innove en rien, au moins Rob Savage aura réussi son petit pari, tirer profit de la paranoïa, des angoisses, des doutes, du mal-être et de l’étouffement ressentis par une bonne partie de la population, pour au final signer un petit film d’horreur ponctué de bons moments.

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Test Blu-ray / 20.000 lieues sous les mers, réalisé par Stuart Paton

20.000 LIEUES SOUS LES MERS (20,000 Leagues Under the Sea) réalisé par Stuart Paton, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juillet 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Dan Hanlon, Edna Pendleton, Curtis Benton, Allen Holubar, Matt Moore, Jane Gail, Howard Crampton, William Welsh, Lois Alexander, Wallis Clark…

Scénario : Stuart Paton, d’après le roman de Jules Verne

Photographie : Eugene Gaudio

Musique : Brian Benison & Maximilien Mathevon

Durée : 1h23

Année de sortie : 1916

LE FILM

Un monstre sous-marin ayant été repéré par plusieurs navires, le gouvernement des États-Unis met sur pied une expédition chargée de le tuer. Le professeur Aronnax, sa fille, et Ned Land, un célèbre harponneur, font partie du voyage. Le monstre est en réalité un sous-marin créé par le capitaine Nemo pour venger un deuil secret.

Quand on parle de Vingt Mille Lieues sous les mers au cinéma, le cinéphile pense immédiatement à l’adaptation de Richard Fleischer sortie en 1954, avec James Mason dans le rôle du capitaine Nemo et Kirk Douglas dans celui de Ned Land. Ce que le passionné de septième art sait probablement moins, c’est que quasiment quarante ans avant ce film produit par Walt Disney, le chef d’oeuvre de Jules Verne avait déjà donné naissance à un autre « blockbuster ». En 1916, sort sur les écrans 20,000 Leagues Under the Sea, mis en scène par Stuart Paton (1883-1944) et l’une des premières grandes productions de prestige des studios Universal, fondés l’année précédente par Carl Laemmle. C’est ce dernier qui produit cette transposition du roman Vingt Mille Lieues sous les mers, paru entre 1869 et 1870, pour laquelle sont créées les premières prises de vue sous-marines jamais réalisées, grâce à la photosphere. Un carton en introduction indique d’ailleurs que l’on doit cette invention aux frères Williamson, Charles et John Ernest, qui apparaissent en introduction, qui s’accompagne aussi d’un portrait de Jules Verne. Les passionnés d’aventures et les fans de Jules Verne seront à la fête en découvrant cette troisième mouture, la première étant celle réalisée par Wallace McCutcheon remontant à 1905, suivie de celle du génie Georges Méliès en 1907, car 20,000 Leagues Under the Sea propose également un mash-up avec L’Île mystérieuse, autre roman de Jules Verne dans lequel apparaît le capitaine Nemo, qui dévoilait le passé du personnage. Plus d’un siècle après sa réalisation et sa sortie au cinéma, Vingt Mille Lieues sous les mers demeure une superbe curiosité, une adaptation élégante et soignée, un témoignage bouleversant sur le cinéma, sur les effets spéciaux, sur l’imaginaire et surtout sur l’intemporalité des histoires de Jules Verne.

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Test Blu-ray / Shalako, réalisé par Edward Dmytryk

SHALAKO réalisé par Edward Dmytryk, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Sean Connery, Brigitte Bardot, Stephen Boyd, Jack Hawkins, Peter van Eyck, Honor Blackman, Woody Strode, Eric Sykes…

Scénario : James Griffith, Hal Hopper & Scot Finch, d’après le roman de Louis L’Amour

Photographie : Ted Moore

Musique : Robert Farnon

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Un groupe de chasseurs européens dirigé par un baron et une comtesse pénètre dans la réserve de chasse des Apaches et se retrouve en mauvaise posture. Ce comité de notables va alors recevoir l’aide d’un ancien colonel de l’armée surnommé « Shalako »…

S’il a toujours été précédé d’une réputation de navet, autant être clair dès le début, Shalako n’en est pas un. En revanche, c’est un mauvais film, il n’y a rien à redire là-dessus. Pourtant réalisé par le grand Edward Dmytryk (1908-1999), ce western de fin de carrière (il signera encore quatre films après celui-ci) mise sur l’association à l’écran de Brigitte Bardot et de Sean Connery. Si sur le papier il y avait tout pour que le duo fasse des étincelles, on ne peut pas dire qu’il en soit de même à l’écran. Alors qu’il avait dit – momentanément – adieu au rôle de James Bond après On ne vit que deux fois You Only Live Twice, le comédien écossais commençait à chercher un point de chute pour faire oublier l’agent 007. Pour la seule et unique fois de sa carrière, il troque le Walther PPK contre le colt, arrête de se raser et enfile un costume crasseux, puis enfourche son canasson pour aller déambuler dans le désert espagnol d’Almería. Mais soyons honnêtes, s’il fait tout pour y paraître à l’aise, Sean Connery paraît se demander constamment ce qu’il fout là, semble complètement paumé et même son charisme s’avère éteint. Face à lui, Brigitte Bardot, dont on aurait pu penser que le genre serait pour elle comme une récréation, se contente d’être là, mais comme son partenaire, rien ne se dégage de sa prestation et son personnage n’est jamais attachant. Edward Dmytryk n’est pas un manchot, mais sa mise en scène ne fait aucun éclat. C’est propre, carré, mais désespérément lisse, sans attraits, y compris dans les décors naturels, pauvres et asséchés, l’écriture est paresseuse, il ne se passe quasiment rien, bref, vous pouvez aisément vous passer de ce Shalako et l’on comprend pourquoi le film a toujours été mal aimé.

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Test Blu-ray / Fatale, réalisé par Louis Malle

FATALE (Damage) réalisé par Louis Malle, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jeremy Irons, Juliette Binoche, Leslie Caron, Miranda Richardson, Rupert Graves, Ian Bannen, Peter Stormare, Julian Fellowes, David Thewlis…

Scénario : David Hare, d’après le roman de Josephine Hart

Photographie : Peter Biziou

Musique : Zbigniew Preisner

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, amie de son fils, au cours d’une réception à l’ambassade de France…

On a souvent tendance à penser que Fatale Damage, est le dernier long-métrage de Louis Malle (1932-1995), ce qui est faux. Il s’agit de l’avant-dernier film du réalisateur, qui devait terminer sa carrière deux ans plus tard avec Vanya, 42e Rue Vanya on 42nd Street, interprété par Julianne Moore, qui s’avérait en réalité une représentation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov, se déroulant dans un théâtre abandonné. Mais pour l’heure, Fatale est sans doute l’ultime grande œuvre du cinéaste, porté par un couple magnifique, Jeremy Irons et Juliette Binoche, investis corps et âme dans cette histoire que beaucoup jugeront immorale, mais qui ne laisse et ne laissera jamais les spectateurs indifférents. Au-delà de l’adultère dévastateur, Louis Malle se penche sur l’évidence entre deux êtres, sur la passion qui les consume, sans chercher à savoir ou même à comprendre ce qui l’anime. Sa caméra semble scruter l’indicible, s’attarde sur les regards, sur le temps qui s’étire (ou qui s’accélère, c’est selon le point de vue) quand deux êtres faits l’un pour l’autre se rencontrent, puis se percutent. Une certitude qu’eux-mêmes sont incapables d’expliquer et de concevoir, pour finalement se laisser porter par leurs sentiments. L’apparence tout d’abord quelque peu austère liée au personnage de Fleming, s’effrite dès le premier regard avec Anna, avant que le couple ne s’enflamme. Drame érotique, pulsionnel, encore plus que passionnel, Fatale est le vrai film-testament de Louis Malle.

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Test Blu-ray / Assa, réalisé par Sergueï Soloviov

ASSA (Acca) réalisé par Sergueï Soloviov, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 mai 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Stanislav Govoroukhine, Tatiana Droubitch, Sergueï Bougaïev, Dmitri Chouminov, Alexandre Bachirov, Anatoli Slivnikov, Kirill Kozakov, Aleksander Domogarov, Dmitri Dolinine, Viktor Tsoi…

Scénario : Sergueï Soloviov & Sergueï Livnev

Photographie : Pavel Lebechev

Musique : Boris Grebenchtchikov

Durée : 2h30

Année de sortie : 1987

LE FILM

L’infirmière Alika arrive en hiver à Yalta avec son amant, le mafieux Krymov, mais s’éprend du pauvre musicien Bananan, qui, de jour, travaille comme gardien et de nuit, comme chanteur dans un restaurant. Krymov, fou de jalousie, ordonne de poignarder Bananan.

Un an avant L’Aiguille Igla réalisé par Rachid Nougmanov, évènement et phénomène qui attirera trente millions de spectateurs en URSS à sa sortie en février 1989, sortait sur les écrans le tout aussi important Assa, ou Acca en version originale, film russe mis en scène par Sergueï Soloviov (né en 1944), qui allait accompagner et représenter la fin de l’ère soviétique. Comme L’Aiguille, Assa a été tourné en pleine perestroïka et a su immédiatement toucher le coeur des jeunes soviétiques, même si le film de Rachid Nougmanov bénéficiera de l’interprétation principale du rockeur Viktor Tsoi, de tous les plans, représentant d’une génération en pleine ébullition. Ce dernier apparaît bel et bien dans Assa, mais à la toute fin, créant ainsi une passerelle entre les deux œuvres indéniablement liées, en scandant « Du changement ! Nous attendons du changement ! ». A la limite de l’expérimental, imprégné d’un spleen contagieux et une violence sous-jacente que l’on sent prête à exploser à n’importe quel moment, Assa mérite d’être découvert dans nos contrées.

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Test DVD / La Reine des cartes, réalisé par Thorold Dickinson

LA REINE DES CARTES (The Queen of Spades) réalisé par Thorold Dickinson, disponible en DVD le 31 mai 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Anton Walbrook, Edith Evans, Yvonne Mitchell, Ronald Howard, Mary Jerrold, Anthony Dawson, Miles Malleson, Michael Medwin…

Scénario : Rodney Ackland & Arthur Boys, d’après la nouvelle d’Alexandre Pouchkine, La Dame de Pique

Photographie : Otto Heller

Musique : Georges Auric

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Au XIXème siècle, à Saint-Pétersbourg, une vieille comtesse vend son âme au diable en échange du pouvoir de gagner aux cartes. Un officier cupide et féru de jeu cherche à connaître son secret, quitte à courir de grands dangers.

Si le nom de Thorold Dickinson (1903-1984) vous est inconnu, sachez tout d’abord que nous sommes déçus, car nous vous en avions parlé il y a un an à l’occasion de la sortie en DVD de Secret People (1952), dans lequel Audrey Hepburn trouvait l’un de ses premiers rôles au cinéma, et que cela veut dire que vous êtes passés à côté de notre article. Deuxièmement, sachez que Martin Scorsese le considère comme étant « certainement un des metteurs en scène les plus ambitieux et les plus talentueux de son temps ». Nous avions déjà été dithyrambiques sur Secret People, nous le serons probablement encore plus avec La Reine des cartes The Queen of Spades, merveilleux drame teinté de fantastique, qui foudroie autant par sa beauté plastique, que par la richesse des thèmes que le film aborde. Sorti en 1949, La Reine des cartes est un chef d’oeuvre absolu sur le désir, la soif de sexe, d’argent et de pouvoir, qui prend pour protagoniste Herman, un homme d’âge mûr, à qui la vie n’a vraisemblablement pas fait de cadeau, un officier de la garde, seul, sans femme ni enfant, sans moyens financiers non plus, qui passe son temps dans quelques bars miteux où ses jeunes camarades tapent le carton, tout en se délectant des danses lascives des tziganes et en buvant vodka sur vodka. Souvent humilié, Herman reste toujours en retrait. Jusqu’au jour où il entend parler de la légende de Saint-Pétersbourg, une superstition liée à la Dame de pique, réputée maléfique et qui porte malheur au cours d’un jeu de cartes alors en vogue, le faro. Connaître le secret des cartes, pourrait bien changer l’existence d’Herman, prêt à tout, même à vendre son âme au diable, pour découvrir cette énigme. Passionnant, sublime, sans cesse étonnant, The Queen of Spades démontre une fois de plus toute l’étendue du talent de Thorold Dickinson, dont la carrière devrait connaître, on en est persuadé, un véritable regain d’intérêt auprès des cinéphiles.

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