Test Blu-ray / La Méthode Williams, réalisé par Reinaldo Marcus Green

LA MÉTHODE WILLIAMS (King Richard) réalisé par Reinaldo Marcus Green, disponible en DVD et Blu-ray le 6 avril 2022 chez Warner Bros.

Acteurs : Will Smith, Aunjanue Ellis, Jon Bernthal, Saniyya Sidney, Demi Singleton, Tony Goldwyn, Mikayla Lashae Bartholomew, Daniele Lawson…

Scénario : Zach Baylin

Photographie : Robert Elswit

Musique : Kris Bowers

Durée : 2h25

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Focus sur la personnalité de l’entraîneur de tennis Richard Williams, père des joueuses mondiales Vénus et Serena. Il n’avait aucune expérience dans le sport mais lorsque ses filles ont eu quatre ans, il a élaboré un plan de 78 pages décrivant l’entraînement des futures championnes. Les soeurs Williams sont devenues deux des plus grandes joueuses de l’histoire du tennis. Serena est sans conteste la meilleure tenniswoman de tous les temps, avec 23 victoires en tournoi du Grand Chelem. Venus Williams a remporté sept titres en Grand Chelem.

Autant le dire tout de suite, nous ne reviendrons pas sur la gifle de Will Smith à Chris Rock et tout le bazar qui a suivi. Pour sa troisième nomination aux Oscars, après Ali (2001) de Michael Mann et À la recherche du bonheur The Pursuit of Happyness (2006) de Gabriele Muccino, le comédien a pu enfin obtenir la statuette dorée tant convoitée pour un nouveau biopic sportif, dans lequel il incarne Richard Williams (né en 1942), entraîneur de tennis américain et surtout le père de Venus Williams et Serena Williams. En toute honnêteté, s’il n’y a rien à redire sur la composition de la star, impliquée tant devant la caméra que derrière où Will Smith assure également le rôle de producteur avec sa femme Jada Pinkett – GI Jane 2 – Smith (rhooo), on ne peut pas dire que La Méthode WilliamsKing Richard brille par son originalité dans un genre ultra-balisé (euphémisme), qui respecte chaque point d’un cahier des charges usé jusqu’à la moelle (humour pour tous les âges, émotion limite tire-larmes) et qui s’avère un véhicule idéal pour mener l’acteur principal jusqu’au Saint Graal. Le film n’est pas déplaisant en soi, c’est juste qu’il est absolument sans surprise, sans véritable « rebondissements » et que le temps peut parfois paraître long sur 2h25. Nul besoin de s’y connaître en tennis, La Méthode Williams saura être apprécié évidemment par les néophytes et amateurs, Will Smith assurant comme d’habitude le show. Ce n’est pas la claque espérée quoi. Ah zut, décidément…

Richard Williams vit à Compton, en Californie, avec sa femme Brandy, ses trois belles-filles et ses deux filles, Venus et Serena. Richard aspire à transformer Venus et Serena en joueuses de tennis professionnelles; il a préparé un plan de réussite depuis avant leur naissance. Richard et Brandy entraînent Vénus et Serena au quotidien, tout en travaillant respectivement comme agent de sécurité et infirmière. Richard bosse sans relâche pour trouver un entraîneur professionnel pour les filles, créant des brochures et des vidéos pour faire connaître leurs compétences, mais n’a pas rencontré aucun succès. Un jour, il emmène les filles voir l’entraîneur Paul Cohen, qui est en train de travailler avec John McEnroe et Pete Sampras. Malgré ses réserves initiales, il accepte de regarder les filles s’entraîner et est impressionné. Cependant, les Williams ne peuvent pas se permettre un entraînement professionnel et Paul refuse d’entraîner les deux filles gratuitement; il sélectionne Vénus pour recevoir son coaching, tandis que Serena continuera de s’entraîner avec Brandy. Paul encourage Vénus à participer à des tournois juniors. Elle rencontre rapidement le succès, mais Richard insiste auprès de Vénus et de ses sœurs sur le fait qu’elles doivent rester humbles malgré leur succès. Lors de l’un des tournois de Venus, Serena s’inscrit également pour jouer, à l’insu de Richard. Alors que les deux filles continuent de réussir, la famille est traitée comme des étrangers parmi la compétition à prédominance blanche de la classe supérieure. Richard rencontre des agents de haut niveau, mais, craignant que ses filles ne soient exploitées, les retire complètement du circuit junior. Paul l’avertit que sa décision détruira les chances des filles de devenir professionnelles, mais Richard reste ferme et renvoie Paul comme entraîneur. Son confrère Rick Macci se rend en Californie pour voir les filles jouer. Impressionné, il emmène les filles et la famille déménage en Floride pour s’entraîner dans son établissement. Richard surprend Rick en réitérant que les filles ne joueront pas les juniors, mais s’entraîneront et fréquenteront l’école comme des petites filles normales. Au cours des trois années qui suivront, des questions surgissent de la part des médias et de Rick lui-même, sur la stratégie de Richard.

Certains trouveront que Will Smith s’adonne volontiers au cabotinage. Il y a de ça sans doute, mais on ne peut pas s’empêcher de le trouver impeccable et très attachant. Maintenant, il est vrai que La Méthode Williams ne prend pas beaucoup de risques et se contente de reprendre les grands traits de la biographie de son protagoniste, en montrant ses complexités certes, mais en prenant soin de ne pas trop égratigner la sympathie que le spectateur éprouvera à son égard dès les premières scènes. On suit donc le parcours de la famille Williams, d’où se détachent Venus (née en 1980) et Serena (née l’année suivante), deux petites surdouées du tennis, ardemment entraînées par leur paternel, tous les jours, peu importe le temps qu’il fait dehors, ce qui peut décontenancer les voisins qui y voient de la maltraitance. Richard Williams avait décidé très tôt que ses deux filles seraient joueuses de tennis professionnelles en regardant un match de Virginia Ruzici à la télévision, suite à quoi il se mit à rédiger un plan de 78 pages avant même leurs naissances en décrivant l’entraînement de Vénus et Serena qui commença à l’âge de 4 ans et demi. On peut ainsi penser à la famille Jackson, sur laquelle trônait l’impitoyable patriarche Joseph, même si les méthodes employées par les deux pères ne sont pas comparables. Richard Williams privilégie la famille et le dialogue, ne lève pas la main sur ses progénitures et a finalement peu à faire pour que ses rejetons marchent au pas et obéissent à ses consignes.

Nous sommes en plein « rêve américain », classique, mais qui a inspiré moult films, inspirés d’une histoire vraie ou non. C’est le cas en l’occurrence ici bien sûr, même si le récit s’avère aussi plat qu’un court de tennis. Si les deux petites incarnant Venus (Saniyya Sidney, vue dans Fences de Denzel Washington) et Serena (Demi Singleton, de la série Godfather of Harlem) sont charismatiques, crédibles et très naturelles, le casting adulte est aussi soigné, mention spéciale pour Jon Bernthal (la série The Punicher), qui vole la vedette dans le rôle de l’entraîneur Rick Macci, tout comme Tony Goldwyn, qui n’a pas changé depuis Ghost (1990), génial dans la peau de Paul Cohen, l’autre coach des sœurs Williams. Du point de vue formel, c’est propre, carré, lisse et sans aspérité, « technique » pourrait-on dire, des costumes aux décors, en passant par la mise en scène dite fonctionnelle de Reinaldo Marcus Green. La photographie de Robert Elswit (The King of Staten Island de Judd Apatow, Skyscraper de Rawson Marshall Thurber, Punch-Drunk Love (Ivre d’amour) de Paul Thomas Anderson) est belle, mais anodine, tout comme la musique de Kris Bowers (Billie Holiday, une affaire d’état, Respect, Space Jam – Nouvelle Ère, Green Book : Sur les routes du Sud) qui emballe soigneusement le tout, mais dont il ne reste absolument rien après la séance.

Il n’est donc pas certain qu’on se souvienne plus de La Méthode Williams pour l’interprétation de Will Smith que pour ce qui s’est déroulé lors de la Cérémonie des Oscars en mars 2022. King Richard n’a d’ailleurs guère attiré les foules, ne récoltant que 15 millions de dollars aux Etats-Unis et dix « petits » millions dans le reste du monde, pour un budget hors-promo de 50 millions de dollars. Mais il était temps de couronner le comédien qui a trôné très longtemps sur le box-office américain (pour ne pas dire international) et qui avait su démontrer depuis une vingtaine d’années qu’il était capable de faire bien plus que le pitre ou le mec cool à l’écran.

LE BLU-RAY

270.000 entrées sur le sol français, c’est pas mal on va dire pour un film sur ce sujet. La Méthode Williams débarque maintenant dans les bacs, en DVD et Blu-ray, chez Warner Bros. La jaquette ne comporte pas l’estampille « Oscar du Meilleur Acteur », question de timing sans doute, mais il en sera sûrement autrement à la réédition du film. Le boîtier écologique (qui a nécessité moins de plastique) est de couleur bleue. Le menu principal est fixe et musical.

Vous pouvez démarrer les bonus par les deux scènes coupées (3’), qui dévoilent la première conversation téléphonique entre Richard et Rick Macci (avant son arrivée à Compton), durant laquelle le père de famille essaye de faire la promotion de ses deux prodiges du tennis, ainsi qu’une autre séquence avec Rick, où celui-ci tente une fois de plus de convaincre Richard à accepter l’offre de Nike.

Le reste de l’interactivité se compose de trois modules (durée totale 21’30), qui donnent un bel aperçu du tournage, de l’implication du casting (avec un Will Smith sur tous les fronts), des conditions de prises de vue, avec les interviews de toute l’équipe, sans oublier les images de la venue de Venus Williams, dissimulée derrière son casque et son masque anti-COVID. On y voit entre autres l’entraînement au tennis – intense et rigoureux – des deux jeunes comédiennes, le maquillage de Will Smith, ce dernier étant en plein mode promo (il est aussi producteur ne l’oublions pas) et n’hésitant pas à déclarer « On voudrait tous être la meilleure version de nous-même et parfois, les circonstances ne nous le permettent pas ! ». Tu m’étonnes !

L’Image et le son

Le réalisateur Reinaldo Marcus Green et le chef opérateur Robert Elswit (Boogie Nights, Demain ne meurt jamais, 8 millimètres, Mission impossible : Rogue Nation) ont décidé de tourner La Méthode Williams en numérique. Afin de conserver une image proche de la pellicule, leur choix s’est porté sur la caméra Arri Alexa XT et des objectifs anamorphiques Panavision. Ces partis pris couplés au format 2.40 donnent parfois à la photographie un aspect argentique. Le master HD concocté par Warner Bros. est sublime. Les couleurs sont étincelantes, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel et les détails, y compris les sourcils broussailleux de Will Smith, foisonnent du début à la fin. De jour comme de nuit, l’élévation Haute-Définition est omniprésent, évident et indispensable. On en prend plein les yeux avec ce cadre large riche et des contrastes d’une densité jamais démentie.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage Dolby Atmos – TrueHD anglais, aussi percutant dans les scènes d’affrontements sur le court que dans les échanges traditionnels. Les séquences de tournoi peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. En revanche, la piste française, proposée dans un pauvre Dolby Digital 5.1, parvient à s’en sortir, même s’il n’y a pas de comparaison possible avec la version originale.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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