Test Blu-ray / Le Trou normand, réalisé par Jean Boyer

LE TROU NORMAND réalisé par Jean Boyer, disponible en Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Gaumont.

Acteurs : Bourvil, Jane Marken, Brigitte Bardot, Jeanne Fusier-Gir, Pierre Larquey, Jean Duvaleix, Noël Roquevert, Georges Baconnet…

Scénario : Arlette de Pitray

Photographie : Charles Suin

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Célestin Lemoine, l’aubergiste d’un village normand, vient de mourir. Il a légué le «Trou normand» à Hippolyte, son neveu. Celui-ci pourra prendre possession de son bien à une condition : décrocher le certificat d’études. Faute de quoi, l’auberge reviendra à la belle-soeur du défunt, la cupide Augustine, et à sa fille Javotte. C’est ainsi qu’à l’âge de 32 ans, Hippolyte se voit obligé de retourner à l’école. Quoiqu’un peu innocent, le jeune homme montre beaucoup de bonne volonté et va même jusqu’à suivre des cours particuliers. Sa tante met tout en oeuvre pour perturber le cours de ses études…

Le Trou normand est pour ainsi dire l’ultime long-métrage dans lequel Bourvil, alors âgé de 35 ans, incarne le normand benêt, naïf et bonne pâte. C’est aussi sa troisième et avant-dernière collaboration avec le réalisateur Jean Boyer (1901-1965), après l’énorme succès du Rosier de madame Husson (1950) et de Garou-Garou, le passe-muraille (1951), et avant une participation dans Cent Francs par seconde (1953) où il joue son propre rôle. Il est impeccable dans la peau de ce dadais lunaire du cru, dont l’innocence et la gentillesse contrastent avec l’arrivisme et la bassesse de sa cousine, interprétée par une jeune actrice de 17 ans, Brigitte Bardot, dans son premier rôle au cinéma. Comédie populaire au sens noble du terme, Le Trou normand conserve un charme inaltérable, qui sent bon la province, le cidre et le grillé aux pommes. Complètement inoffensive, cette facétie repose sur la nature chaleureuse et attachante de son acteur principal, ainsi que sur un casting de formidables seconds couteaux et des dialogues soignés.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Trou normand, réalisé par Jean Boyer »

Test DVD / N’oublie pas ton père au vestiaire, réalisé par Richard Balducci

N’OUBLIE PAS TON PÈRE AU VESTIAIRE réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD le 4 août 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Jean Lefebvre, Manuel Gélin, Eric Adjani, Nelly Vignon, Jean-Paul Rouland, Patricia Elig, Denise Grey, Françoise Blanchard, Brigitte Lahaie, Sabine Paturel…

Scénario : Richard Balducci & Jean-Claude Massoulier

Photographie : Marcel Combes

Musique : Gilles Tinayre

Durée : 1h36

Année de sortie : 1982

LE FILM

Philippe, un jeune homme de 18 ans délaissé par son père, ne pense qu’aux filles et néglige ses études. Lorsqu’il échoue à son baccalauréat, son père le renvoie de la maison. Philippe part alors vivre chez un ami et décide de devenir DJ. Son père, de son côté, commence à regretter son comportement.

Quand on parle de Richard Balducci (1922-2015), on pense tout de suite à la saga du Gendarme, dont il est l’un des créateurs. Le reste est symbolique du cinéma franchouillard puisque l’incriminé en question aura également écrit Le Jour de gloire (1976) et Général…nous voilà ! (1978) de Jacques Besnard, Les Bidasses en vadrouille (1979) de Christian Caza, Charlots Connection (1984) de Jean Couturier et On est pas sorti de l’auberge (1982) de Max Pecas. Finalement, comme on n’est jamais mieux servi par soi-même, ses opus les « moins pires » sont ceux qu’il a lui-même mis en scène. Après avoir écrit pour les autres, Les Saintes-Nitouches (1963) de Pierre Montazel, Cherchez l’idole (1964) de Michel Boisrond et Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) de Jean Girault, il réalise trois courts-métrages en 1968 (Le Petit cheval de bois, Les Tontons du festival et Clown), il passe au format long l’année suivante avec L’Amour. S’il fait d’abord preuve d’un tant soit peu de rigueur dans ses premiers films, comme dans L’Odeur des fauves (1972) avec Maurice Ronet et Vittorio De Sica, Dans la poussière du soleil (1972), un western (si si) avec Maria Schell et…Daniel Beretta, la comédie devient son dada (Par ici la monnaie en 1974), le réalisateur passant aussi par la case porno avec Les Demoiselles à péage (ou Les Ravageuses de sexe) en 1975 et La Grande Défonce (1976), qu’il emballe sous le pseudo de Bruno Baldwyn. Dans les années 1980, Richard Balducci collabore à trois reprises avec Jean Lefebvre avec Prends ta Rolls et va pointer (1981), N’oublie pas ton père au vestiaire (1982) et Salut la puce (1983). Le deuxième film de cette « trilogie » reste un témoignage, un vestige d’une époque révolue, qui surfait de manière opportuniste sur le triomphe de La Boum sorti deux ans auparavant. Un film complètement oublié, que l’on visionne comme si on consultait un vieil album de photos jaunies et abîmées par le temps. C’est pas forcément bon (euphémisme), mais il n’y a pas de mal à se moquer et cela en devient drôle.

Continuer la lecture de « Test DVD / N’oublie pas ton père au vestiaire, réalisé par Richard Balducci »

Test Blu-ray / Junior, réalisé par Ivan Reitman

JUNIOR réalisé par Ivan Reitman, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 17 août 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Emma Thompson, Frank Langella, Pamela Reed, Aida Turturro, James Eckhouse, Megan Cavanagh…

Scénario : Kevin Wade & Chris Conrad

Photographie : Adam Greenberg

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1994

LE FILM

Les recherches du docteur Alex Hesse, un savant autrichien qui travaille aux États-Unis, sont sur le point d’aboutir, son traitement devrait enfin assurer aux femmes des grossesses sans risque. Mais les autorités estiment qu’elles ont assez attendu, et interrompent le financement du projet avant qu’il ait pu être testé sur les humains. Alex songe déjà à rentrer en Europe quand son associé, le gynécologue Larry Arbogast, lui suggère de vérifier les bienfaits de son traitement sur sa propre personne. Alex accepte de placer dans son abdomen un ovule fécondé, volé par Larry dans le stock du docteur Diana Reddin, et prénommé Junior. Désormais «enceint», Alex s’installe chez Larry, dont l’ex-épouse, Angela, attend aussi un enfant…

Sorti dans les salles américaines pour les fêtes de Noël 1990, Un flic à la maternelle Kindergarten Cop engrange plus de 200 millions de dollars en bout de course pour un budget de trente millions, tandis que deux millions de français viennent rire aux aventures de John Kimble. Soit un score similaire à celui de Jumeaux Twins deux ans auparavant. C’est donc une affaire qui roule entre Arnold Shwarzenegger et Ivan Reitman, le premier n’hésitant pas à faire un petit caméo dans le génial Président d’un jour Dave du second en 1993. C’est peut-être à ce moment-là que les deux décident de remettre le couvert, mais en invitant leur complice Danny DeVito à venir les rejoindre pour une nouvelle comédie. Ce sera Junior. Longtemps mal aimé, y compris par l’auteur de ces mots, jugé insipide et incapable d’aller au-delà de son postulat de départ improbable (et cette fois encore lié à une manipulation génétique), cet opus nanti d’un très gros budget de 60 millions de dollars – dont un quart rien que pour la star – n’en rapporte que 35 millions sur le sol de l’Oncle Sam, mais s’en sort heureusement dans le reste du monde, parvenant même à amasser près de 110 millions au final. En l’état, surtout après le carton mondial de True Lies quatre mois auparavant, c’est un nouveau revers au box-office pour le Chêne Autrichien, un an après celui de Last Action Hero de John McTiernan. Si Ivan Reitman a toujours déclaré qu’il s’agissait de sa comédie préférée parmi les trois faites avec Arnold Schwarzenegger, Junior demeure souvent poussif et le duo reformé de Jumeaux ne retrouve pas l’étincelle qui en faisait une réussite. Toutefois, rétrospectivement, nous pouvons sauver la prestation désopilante d’Emma Thompson, dont alchimie avec Schwarzy est inattendue, ce dernier prenant aussi un évident plaisir à être « enceint » à l’écran. Est-ce en raison de la baisse qualitative de la comédie américaine depuis quinze ans, en dépit du sursaut provoqué par Judd Apatow, toujours est-il que nous redécouvrons aujourd’hui Junior, produit hollywoodien qui sentait bon ce parfum d’artisanat qui a quasiment disparu.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Junior, réalisé par Ivan Reitman »

Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica

UMBERTO D. réalisé par Vittorio De Sica, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Lina Gennari, Ileana Simova, Elena Rea, Memmo Carotenuto…

Scénario : Cesare Zavattini

Photographie : G.R. Aldo

Musique : Alessandro Cicognini

Durée : 1h25

Année de sortie : 1952

LE FILM

Fonctionnaire à la retraite, Umberto D. ne parvient plus à subvenir à ses besoins. Ayant pour seul refuge une pension en piteux état, il occupe ses journées à chercher de l’argent, accompagné par son fidèle chien Flike.

Depuis 1946, Vittorio De Sica a enchaîné Sciuscià, Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan. Figure emblématique du néoréalisme, le cinéaste et comédien a conquis le monde entier avec ces trois longs-métrages, qui lui ont valu l’Oscar du meilleur film étranger en 1947 et en 1949 pour les deux premiers, et la Palme d’or au 4e Festival de Cannes (ex-æquo avec Mademoiselle Julie d’Alf Sjöberg) pour le troisième. Cela fait une dizaine d’années que Vittorio de Sica compile les rôles comiques qui l’ont rendu très populaires au cinéma comme au théâtre. Au début des années 40, le comédien s’essaye à la mise en scène avec Madeleine, zéro de conduite – Maddalena, zero in condotta, Roses écarlates – Rose scarlatte et Mademoiselle VendrediTeresa Venerdì qui révèle Anna Magnani. Si ces trois comédies restent anecdotiques, c’est avec Les Enfants nous regardent – I bambini ci guardano, où il n’apparaît pas et par ailleurs son premier film dramatique, que naît le grand metteur en scène et l’un des pères fondateurs du néoréalisme. C’est aussi sur ce film que naît sa collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini. Rétrospectivement, Umberto D. est la fin d’un cycle qui a démarré sur des enfants et se clôt en se concentrant sur la vieillesse d’un homme. Pourtant, on y retrouve une fois de plus les thèmes de prédilection du cinéaste, même si le monde des adultes vu à travers les yeux d’un d’enfant et l’enfance malheureuse sont cette fois remplacés par le point de vue d’un vieillard, comme si rien n’avait changé ou plutôt comme si tout était immuable peu importe l’âge. Les films se rejoignent par les sujets de la fin de l’insouciance, de la difficulté du quotidien, de la solitude et des lendemains incertains. Umberto D. est inspiré en partie par le propre père de Vittorio De Sica, dont le père s’appelait Umberto De Sica (à qui le film est dédié), là où le personnage se prénomme Umberto Domenico Ferrari dans le film. Ce sublime mélodrame, pilier fondamental dans la filmographie conséquente et importante du réalisateur met à nouveau en avant les problèmes de la société italienne, dont la politique n’a de cesse de creuser le fossé entre les classes sociales. Le final « ouvert » qui peut laisser perplexe démontre en réalité que l’homme doit accepter à se résigner. Umberto D. est donc la fin d’un cycle, d’une ère, d’un genre, et surtout un monument du cinéma italien et international.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica »

Test Blu-ray / Méandre, réalisé par Mathieu Turi

MÉANDRE réalisé par Mathieu Turi, disponible en DVD et Blu-ray le 8 septembre 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Gaia Weiss, Peter Franzén, Romane Libert, Frédéric Franchitti, Corneliu Dragomirescu, Eva Niewdanski…

Scénario : Mathieu Turi

Photographie : Alain Duplantier

Musique : Frédéric Poirier

Durée : 1h31

Année de sortie : 2020

LE FILM

Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…

Le réalisateur et scénariste Mathieu Turi (né en 1987) s’est fait connaître en 2018 avec son premier long-métrage Hostile, film d’horreur post-apocalyptique produit par Xavier Gens, présenté dans multiples festivals à travers le monde et déjà centré sur un personnage féminin. Doté d’un large bagage technique qu’il s’est entre autres forgé en tant qu’assistant auprès de Quentin Tarantino (Inglourious Basterds), Clint Eastwood (Au-delà), Guy Ritchie (Sherlock Holmes : Jeu d’ombres), Fred Cavayé (Mea Culpa) et Luc Besson (Lucy), le jeune metteur en scène peut désormais voler de ses propres ailes, ce qu’il fait avec son deuxième essai et coup de maître, Méandre. Pour ce second film, Mathieu Turi revient une fois de plus à la science-fiction matinée d’horreur en signant un tour de force, puisqu’il y dirige essentiellement une seule comédienne, Gaia Weiss, qui livre une performance exceptionnelle, tout en proposant aux spectateurs de vivre une véritable et anxiogène expérience de cinéma à laquelle on n’arrête pas de penser encore bien après.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Méandre, réalisé par Mathieu Turi »

Test Blu-ray / Flics en jeans, réalisé par Bruno Corbucci

FLICS EN JEANS (Squadra Antiscippo) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Toni Ucci…

Scénario : Mario Amendola & Bruno Corbucci

Photographie : Sebastiano Celeste

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.

Nous avons déjà longuement parlé du mythe Tomás Milián (1933-2017) à travers nos chroniques sur Les Tueurs de l’Ouest El precio de un hombre (1966) d’Eugenio Martín, Tire encore si tu peux Se sei vivo, spara (1967) de Giulio Questi, Liens d’amour et de sang Beatrice Cenci (1969) et La Longue nuit de l’exorcisme Non si sevizia un paperino (1972) de Lucio Fulci, Le Conseiller Il Consigliori (1973) d’Alberto De Martino, Folle à tuer (1975) d’Yves Boisset, Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il Cinico, l’infame, il violento (1977) d’Umberto Lenzi et Les Magnats du pouvoir Winter Kills (1979) de William Richert. Un phénomène international, l’acteur se prêtant alors à tous les genres et voyageant dans tous les pays du monde. En 1975, alors qu’il est bien installé en Italie, le comédien interprète pour la première fois le rôle le plus emblématique de toute sa carrière, Nico Giraldi, un ancien voleur devenu flic, plus précisément maréchal des logis de la Brigade anti-fauche (il deviendra inspecteur au début des années 1980), officiant à Rome. Fils d’une prostituée, il décide de se ranger après plusieurs arrestations et d’utiliser ses connaissances du milieu romain et du terrain, qu’il explore avec sa bécane. Très largement inspiré par le Serpico de Sidney Lumet, dont l’affiche et les photos d’exploitation ornent d’ailleurs l’habitation du personnage et qui possède un rat baptisé du même nom, Nico Giraldi arbore un vieux bonnet de laine élimé (aux couleurs du drapeau italien), une barbe pouilleuse, les cheveux longs et gras, plusieurs pulls rongés par les mites, des pantalons crasseux et des chaussettes montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cette apparence peut faire rire, mais les résultats sont là, Giraldi est le policier le plus efficace de la capitale transalpine. Au total, Tomás Milián incarnera ce personnage à onze reprises au cours de sa prolifique et éclectique carrière, autrement dit dans Flics en jeans Squadra antiscippo (1976), Un flic très spécial Squadra antifurto (1977), Nico l’arnaqueur Squadra antitruffa (1977), Brigade antimafia Squadra antimafia (1978), Brigade antigang Squadra antigangsters (1979), Meurtre sur le Tibre Assassinio sul Tevere (1979), Crime à Milan Delitto a Porta Romana (1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 Delitto in Formula Uno (1984) et Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay (1985). Les épisodes de cette saga de néo-polars sont tous mis en scène par Bruno Corbucci (Tire, Django, tire !) et écrits par le scénariste Mario Amendola (Furie au Missouri, Pair & impair, Salut l’ami, adieu le trésor !). Tout ce beau petit monde a donc trouvé une recette qui marche, qu’ils n’auront de cesse d’épuiser au fil des épisodes et durant une dizaine d’années. Dans Flics en jeans, nous faisons connaissance avec ce fameux Nico Giraldi, auquel l’acteur cubain prête ses traits, tandis que Ferruccio Amendola, qui doublait habituellement Tomás Milián, participe également à la création du personnage avec ce dialecte romain si particulier. Rétrospectivement, Squadra antiscippo (ou The Cop in Blue Jeans pour son exploitation internationale) est un opus bien sage de la franchise, mais vaut assurément pour la folie et l’énergie contagieuses de Tomás Milián, qui mine de rien crée un personnage iconique, ainsi que pour la participation inattendue de Jack Palance.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Flics en jeans, réalisé par Bruno Corbucci »

Test Blu-ray / Le Journal d’une femme de chambre, réalisé par Jean Renoir

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (The Diary of a Chambermaid) réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paulette Goddard, Burgess Meredith, Hurd Hatfield, Francis Lederer, Judith Anderson, Florence Bates, Irene Ryan, Reginald Owen…

Scénario : Burgess Meredith, André Heuzé, André de Lorde & Thielly Norès, d’après le roman d’Octave Mirbeau

Photographie : Lucien N. Andriot

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1946

LE FILM

En Normandie, à la fin du XIXe siècle. Célestine, une jeune et jolie femme de chambre, débarque de Paris pour se mettre au service des Lanlaire, une famille bourgeoise et conservatrice qui ne lui compte pas les humiliations. Madame Lanlaire, qui ne vit que pour son fils Georges, malade et dépressif, pousse la jeune femme dans les bras de celui-ci. Mais cette liaison est fragile, d’autant plus que Célestine, soucieuse de se ranger, est également convoitée par Joseph, l’inquiétant valet qui prend plaisir à faire souffrir les oies qu’il tue, et le capitaine Mauger, un voisin primesautier. Joseph finit par entraîner la soubrette dans ses sinistres projets…

En janvier 1941, Jean Renoir (1894-1979) débarque aux Etats-Unis et s’installe en Californie, où il parvient à signer un contrat avec la Fox. Mais cela ne va pas être le rêve américain pour le réalisateur et la vie à Hollywood encore moins chose facile. Il démarre sa carrière US avec L’Étang tragique Swamp Water, avec Walter Brennan et Anne Baxter, dont le tournage sera surveillé par la production, qui lui impose des prises de vue en studio, là où le cinéaste pensait profiter des extérieurs comme il en avait l’habitude. C’est un échec commercial. Dans Vivre libre This Land is Mine, il dirige Charles Laughton, son témoin à son mariage, ainsi que la sublime Maureen O’Hara, qui obtient un Oscar en 1943. Avec L’Homme du sud The Southerner, Jean Renoir, qui a pour assistant un certain Robert Aldrich, se rapproche par ses thèmes abordés d’un John Ford et obtient le Prix du meilleur film à la Biennale de Venise en 1946, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. La même année, il décide d’adapter enfin Le Journal d’une femme de chambre, roman d’Octave Mirbeau paru en 1900, projet de longue date et qu’il peut concrétiser grâce au soutien financier de ses deux amis Paulette Goddard et Burgess Meredith, alors époux à la ville. Grâce à cette liberté, Jean Renoir signera ce qui apparaît sans doute comme son œuvre américaine la plus libre, la plus proche de lui et la plus représentative de son univers. Même s’il prend beaucoup de libertés avec le livre original, le réalisateur ponctue son film de moments tragi-comiques succulents, en fustigeant les bassesses de la bourgeoisie et l’arrivisme exacerbé des petites gens, notamment du personnage principal, merveilleusement incarné par Paulette Goddard, au sommet de son talent de sa beauté.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Journal d’une femme de chambre, réalisé par Jean Renoir »

Test Blu-ray / Retour à la bien-aimée, réalisé par Jean-François Adam

RETOUR À LA BIEN-AIMÉE réalisé par Jean-François Adam, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Bruno Ganz, Christian Rist, Jean-François Adam, Aline Bertrand, Rodolphe Schacher, Axelle Bernard…

Scénario : Jean-François Adam, Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot & Georges Perec

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Antoine Duhamel

Durée : 1h38

Date de sortie initiale: 1979

LE FILM

Obscur pianiste, Julien vit de plus en plus mal la séparation avec sa femme Jeanne et son fils, d’autant plus que ceux-ci forment désormais une famille auprès du docteur Kern et qu’ils vivent tous dans son ancienne maison. Impatient de reconquérir celle qu’il a perdu, aidé d’un complice qu’il sacrifie, Julien orchestre un complot machiavélique dans le but de faire accuser son rival de meurtre…

Jean-François Adam a comme qui dirait été un feu follet dans le cinéma français. Né en 1938, Jean François Albert Hermant Abraham-Adam de son vrai nom aura été assistant réalisateur de Robert Enrico (Au coeur de la vie, La Belle vie) et de Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle, L’Armée des ombres), régisseur et décorateur sur Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, ainsi que comédien chez François Truffaut (Antoine et Colette, Baisers volés) et chez Maurice Pialat (Passe ton bac d’abord). Parallèlement, il écrit et réalise trois longs-métrages, M comme Mathieu (1970), Le Jeu du solitaire (1975) et Retour à la bien-aimée (1979). Redoutablement dépressif, il se donnera la mort le 15 octobre 1980 à l’âge de 42 ans. Son troisième et dernier film rend compte du caractère à la fois romantique et furieusement mélancolique de son auteur. Si quatre auteurs sont crédités au scénario, dont Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot et Georges Perec, Retour à la bien-aimée demeure emblématique de la sensibilité et de l’univers de Jean-François Adam, où derrière une apparence froide, voire clinique, qui pourra rebuter plus d’un spectateur, s’affrontent des êtres poussés par leurs sentiments amoureux exacerbés. Réservée à un public averti et non allergique au cinéma d’auteur français , cette œuvre personnelle s’avère difficile d’accès et permet surtout d’admirer le jeu intense, ainsi que le charisme magnétique de Jacques Dutronc, qui se permet de voler la vedette à Isabelle Huppert, diaphane, quasi-fantomatique et donc parfaite pour incarner la femme qui s’est évaporée de la vie du personnage principal. Une expérience à part entière.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Retour à la bien-aimée, réalisé par Jean-François Adam »

Test Blu-ray / L’Amour trop fort, réalisé par Daniel Duval

L’AMOUR TOP FORT réalisé par Daniel Duval, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marie-Christine Barrault, Jean Carmet, Daniel Duval, Hubert Deschamps, Christian Delangre, Alain Flick, Monique Pantel, Bernard Dumaine…

Scénario : Daniel Duval & Jean Curtelin

Photographie : Michel Cénet

Musique : Maurice Vander

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1981

LE FILM

Une solide amitié liait Max, vieil acteur raté, à Charlie, jeune metteur en scène ambitieux, jusqu’au jour où ce dernier rencontre le grand amour en la personne de Rose-Marie, une jeune antiquaire un peu bourgeoise. Abandonné par sa femme, Max se raccroche au nouveau couple mais sa présence devient trop pesante et Rose-Marie menace de rompre si Charlie ne choisit pas.

Dans l’esprit des cinéphiles, Daniel Duval (1944-2013) c’est avant tout une gueule incroyable vue dans Que la fête commence (1974) de Bertrand Tavernier, Le Bar du téléphone (1980) de Claude Barrois, Les Loups entre eux (1985) de José Giovanni, Stan the Flasher (1990) de Serge Gainsbourg. Peu de grands rôles, mais des apparitions marquantes, un charisme à part, une sensibilité à fleur de peau, une rage intérieure. En 1996, le succès surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset va changer la donne et le comédien, qui avait entamé la cinquantaine, va se voir proposer plus de rôles au cinéma, chez Xavier Durringer (J’irai au paradis car l’enfer est ici), Jeanne Labrune (Si je t’aime, prends garde à toi), Philippe Garrel (Le Vent de la nuit), Michael Haneke (Le Temps du loup), Olivier Marchal (36 Quai des Orfèvres), etc. Mais parallèlement à sa carrière d’acteur, Daniel Duval était également scénariste et réalisateur. Six longs-métrages écrits et mis en scène de 1974 avec Le Voyage d’Amélie à 2006 avec Le Temps des porte-plumes, son plus grand hit restant bien sûr La Dérobade (1979), qui attire 2,8 millions de spectateurs à sa sortie et qui connaît un succès foudroyant dans le monde entier. Après ce triomphe, Daniel Duval revenait à une œuvre plus intimiste et personnelle, complètement méconnue, L’Amour trop fort, dont il partageait l’affiche avec Jean Carmet et Marie-Christine Barrault. Ou quand l’amour et l’amitié s’imbriquent et doivent cohabiter. On pense à une version tragique de Viens chez moi, j’habite chez une copine, mais L’Amour trop fort s’en distingue très rapidement avec la force, la délicatesse, l’élégance et la passion propres à son auteur, loin de toute mièvrerie ou facilité, qui rappellent souvent le cinéma de Claude Sautet. Autant dire que L’Amour trop fort, qui n’avait pas du tout connu le même engouement que La Dérobade, demeure encore un film ignoré, peut-être incompris ou obscur, et qui s’avère quarante ans après une sacrée belle découverte.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Amour trop fort, réalisé par Daniel Duval »

Test Blu-ray / Le Bison Blanc, réalisé par J. Lee Thompson

LE BISON BLANC (The White Buffalo) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker, Slim Pickens, Stuart Whitman, Kim Novak, John Carradine…

Scénario : Richard Sale, d’après son roman

Photographie : Paul Lohmann

Musique : John Barry

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

En septembre 1874, Wild Bill Hickok, poursuivi par un cauchemar récurrent figurant un énorme bison blanc, retourne dans l’Ouest américain. Caché sous le pseudonyme de James Otis, l’homme, qui ne s’est pas fait que des amis, est bien décidé à traquer l’animal. Pendant ce temps, un énorme bison blanc fait un massacre dans un village d’indiens Oglalas. Après un long périple, Hickok entre finalement en contact avec Crazy Horse, des Oglalas, qui évoque le carnage perpétré par l’animal.

Les fans de Charles Bronson le savent, Le Bison Blanc The White Buffalo est un film à part dans la carrière conséquente de l’acteur, un opus rare qui avait longtemps disparu des radars après son échec au cinéma en 1977. Cette seconde collaboration (sur neuf) du comédien et du réalisateur britannique J. Lee Thompson, mise en scène un an après Monsieur St. Ives et trois ans avant Capo Blanco, n’est assurément pas leur plus célèbre, mais probablement la plus singulière d’entre toutes, puisque Charles Bronson y interprète un ersatz de Capitaine Achab, qui va se lancer non pas à la recherche d’une baleine blanche, mais d’un bison blanc, présenté dès le générique comme une créature quasi-fantastique, un animal mythique qu’il ne cesse de voir dans un cauchemar prémonitoire. Une aura mystérieuse plane du début à la fin sur ce long-métrage bizarre, où les genres paraissent se fondre l’un dans l’autre et dans lequel notre ami Charley campe une figure emblématique de l’ouest américain, Wild Bill Hickcok, qui avait déjà été incarné au cinéma par Gary Cooper dans Une aventure de Buffalo Bill The Plainsman (1936) de Cecil B. DeMille, dans Le Triomphe de Buffalo Bill Pony Express (1953) de Jerry Hopper et même dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn. Le Bison Blanc est un western atypique qui se démarque très rapidement par ses effets visuels, cette fameuse bête éponyme réalisée en animatronique et montrée dans un décor presque surréaliste, mais aussi par l’apparence physique de la star, qui crée un décalage un peu à la Mystères de l’Ouest. Une belle curiosité.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Bison Blanc, réalisé par J. Lee Thompson »