Test Blu-ray / La Moutarde me monte au nez, réalisé par Claude Zidi

LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ réalisé par Claude Zidi, disponible en Blu-ray le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Pierre Richard, Jane Birkin, Claude Piéplu, Jean Martin, Danielle Minazzoli, Vittorio Caprioli, Julien Guiomar, Henri Guybet…

Scénario : Claude Zidi, Michel Fabre & Pierre Richard

Photographie : Henri Decaë

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Dans une petite ville du midi, Pierre est un peu l’homme à tout faire : professeur dans un pensionnat, il rédige également les discours de son père, en pleine élection électorale, sans oublier les articles pour son ami Patrick, un critique de spectacles. Ses élèves ont alors la bonne idée d’intervertir le contenu des dossiers. Pierre se retrouve alors dans une foule de situations cocasses et déconcertantes.

Dans l’immense et prolifique carrière de Claude Zidi, La Moutarde me monte au nez (3,7 millions d’entrées) se place en dixième position de son palmarès, entre Banzaï (3,70 millions) et Inspecteur la Bavure (3,69 millions). Pour la première fois, le réalisateur délaissait momentanément les Charlots, avec lesquels il avait fait Les Bidasses en folie (1971), Les Fous du stade (1972) et Le Grand Bazar (1973), qui à eux trois avaient réuni plus de 17 millions de français dans les salles. La Moutarde me monte au nez donc, est la première association entre Claude Zidi et Pierre Richard. L’année où le box-office est dominé par Emmanuelle de Just Jaeckin, Les Valseuses de Bertrand Blier, L’Exorciste de William Friedkin, Bruce Lee (avec rien de moins qu’Opération Dragon et La Fureur du Dragon), Zidi parvient à placer deux opus dans le top 10, Les Bidasses s’en vont en guerre (qui sort pour les fêtes de fin d’année), qui supplante finalement La Moutarde me monte au nez sorti deux mois avant. Depuis Le Distrait (1970) et Les Malheurs d’Alfred (1972), Pierre Richard s’est vu propulser nouvelle star de la comédie avec le triomphe international du Grand Blond avec une chaussure noire (1972) d’Yves Robert. Si son retour devant et derrière la caméra, Je sais rien mais je dirais tout, est un nouveau succès, 1974 démarre par deux échecs successifs, Juliette et Juliette de Remo Forlani et Un nuage entre les dents de Marco Pico. La Moutarde me monte au nez le remet en selle. Avec cette comédie délirante, Claude Zidi innove sur le plan formel avec une mise en scène encore plus élaborée que pour ses films avec les Charlots, les gags sont souvent plus osés, à l’instar de la légendaire scène de l’opération menée par Claude Piéplu, dont le personnage est préoccupé par sa campagne électorale, qui vire carrément au gore, comme celle du cercueil transpercé par un cadavre bien rigide et dont les pieds deviennent encombrants. Un humour anglo-saxon rare dans nos contrées, doublé d’une critique de la presse à scandale, prête à tout pour réaliser un scoop. Un grand classique.

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Test Blu-ray / Tout près de Satan, réalisé par Robert Aldrich

TOUT PRÈS DE SATAN (Ten Seconds To Hell) réalisé par Robert Aldrich, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 septembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jack Palance, Jeff Chandler, Martine Carol, Robert Cornthwaite, Dave Willock, Wesley Addy, Jim Goodwin, Virginia Baker…

Scénario : Robert Aldrich & Teddi Sherman, d’après le roman de Lawrence P. Bachmann

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : Kenneth V. Jones

Durée : 1h30

Année de sortie : 1959

LE FILM

Berlin, fin de la Seconde Guerre mondiale. Six anciens soldats allemands s’engagent dans une périlleuse mission de déminage. Au milieu des ruines, le danger est permanent et tous n’en sortiront pas vivants.

Dans l’histoire du cinéma, parmi les débuts les plus fulgurants d’un réalisateur figurent incontestablement ceux de Robert Aldrich (1918-1983). L’ancien assistant de Robert Stevenson, Edward Dmytryk, Charles Chaplin, Joseph Losey et autres passe derrière la caméra à la télévision, puis signe son premier long-métrage en 1953, Big Leaguer, avec Edward G. Robinson. Suivront très vite Alerte à SingapourWorld for Ransom, Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesseKiss Me Deadly…qui deviendront des références dans leurs genres respectifs. En 1955, le cinéaste dirige pour la première fois Jack Palance dans Le Grand CouteauThe Big Knife, qui demeure avec Boulevard du Crépuscule une charge explosive contre Hollywood. S’il n’arrive pas à la hauteur du chef d’oeuvre de Billy Wilder et n’échappe pas à la théâtralité, le film de Robert Aldrich ne manque pas de virulence envers l’industrie hollywoodienne, mais se montre trop bavard, s’étire en longueur et finit même par ennuyer parfois le spectateur jusqu’à redynamiser son intérêt par des séquences d’une ahurissante cruauté verbale, soutenue par la photo tranchante d’Ernest Laszlo avec qui Aldrich collabora à sept reprises dans sa carrière. Le Grand couteau est passé à la postérité grâce à la performance et au physique de Jack Palance, habituel salaud trouvant ici un rôle inattendu de victime à fleur de peau tout en violence rentrée, un géant d’1m93 pliant sous le poids d’un chantage malsain, un comédien devenu lâche et dépendant face au système qui le broie littéralement. Malgré des critiques positives, le film sans concession et radical de Robert Aldrich est un échec commercial, mais sera récompensé par le Lion d’Or au Festival de Venise en 1955 et les deux hommes enchaînent immédiatement avec AttaqueAttack, monument du film de guerre où le réalisateur prolonge une fois de plus ses thématiques personnelles. S’étant brouillé avec la Columbia, soupçonné d’être sympathisant communiste, Aldrich décide de s’exiler en Europe à la fin des années 1950. C’est là qu’il retrouve pour la troisième et dernière fois Jack Palance pour Tout près de SatanTen Seconds to Hell, co-production américano-britannique, partagée entre Seven Arts Productions et la célèbre Hammer Film Productions. Robert Aldrich revient au film de guerre en allant directement filmer dans le froid et les ruines de Berlin, un combat psychologique entre deux hommes revenus du front, qui ont tout perdu, mais qui affrontent différemment la situation. Si le final cut échappera au cinéaste, qui aurait voulu une œuvre plus étendue et encore plus recherchée sur le plan philosophique (ce qui exaspérait d’ailleurs Jack Palance), Tout près de Satan est une œuvre sèche et intense, qui prend aux tripes du début à la fin et qui vaut aussi et avant tout pour la confrontation de ses sublimes acteurs.

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Test Blu-ray / Killer Crocodile I & II, réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi

KILLER CROCODILE I& II réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi, disponible en Édition Limitée Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Crenna, Ennio Girolami, Julian Hampton, Van Johnson, Sherrie Rose, Bill Wohrman, Ann Doulas…

Scénario : Fabrizio De Angelis, Dardano Sacchetti & Giannetto De Rossi

Photographie : Federico Del Zoppo & Giovanni Bergamini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h28 & 1h26

Date de sortie initiale : 1989 & 1990

LES FILMS

Un groupe d’écologistes se rend dans les Caraïbes pour tenter de prouver que les activités d’une multinationale mettent en péril la faune et la flore. Il ne leur faut pas longtemps pour que, dans un marais, ils découvrent des fûts toxiques… Avant de mettre les autorités locales au courant, ils décident de rester pour la nuit. Mais à leur réveil, l’un d’entre eux a disparu…

Un an plus tard…

Ils pensaient en avoir fini avec le saurien mutant… ils avaient forcément tord ! Les fûts toxiques qui étaient supposés avoir été détruits sont toujours là, attendant de créer une nouvelle génération de mutants…

Préparez le pack de binouzes (de préférence, ne prenez pas de la Tourtel, l’effet ne serait pas le même), le paquet de chips (pas celui aux légumes oubliés, en plus le paquet est à 5 balles au Monop’), le chocolat Lindt lait façon Rocher et enchaînez les deux mirifiques opus Killer Crocodile ! On doit le premier à Fabrizio De Angelis, habituellement producteur (Black Emanuelle autour du monde, L’Enfer des zombies, L’Au-delà, L’Éventreur de New York, Formule pour un meurtre), également ici scénariste et metteur en scène sous le pseudo de Larry Ludman. Évidemment très largement inspiré par Les Dents de la merJaws de Steven Spielberg, qui a non seulement créé le blockbuster une quinzaine d’années auparavant, mais aussi donné naissance au film d’épouvante centré sur une créature marine, Killer Crocodile ne lui arrive pas à la cheville, tout juste à la plante des pieds. Car c’est est un nanar, un pur et dur, celui qui vous fracasse le bide comme les zygomatiques. Et bordel, ça fait un bien fou. Le film enchaîne les scènes d’anthologie avec son monstre douteux, son casting dont le charisme n’a d’égal que le talent (autrement dit zéro pointé sur ces deux points), la musique de Riz Ortolani qui plagie ouvertement le score de John Williams, bref, du bonheur sur pellicule pendant près de 90 minutes. La suite oscille constamment entre le navet et le nanar. Si elle comprend quelques moments épiques, cette séquelle emballée par Giannetto De Rossi, spécialiste des maquillages et des effets spéciaux (Pulsions cannibales, Il était une fois dans l’Ouest), qui avait déjà bossé sur le premier opus et qui venait de faire ses débuts comme réalisateur (Cyborg – Il guerriero d’acciaio), n’est pas aussi « hénaurme ». Le spectateur qui attendrait un second épisode dans la lignée du précédent pourrait être déçu en raison d’un ventre mou, mais au final le résultat est plutôt réjouissant. Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Dépêchez vous, la bière va s’éventer.

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Test Blu-ray / La Vie pour de vrai, réalisé par Dany Boon

LA VIE POUR DE VRAI réalisé par Dany Boon, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2023 chez Pathé.

Acteurs : Dany Boon, Kad Merad, Charlotte Gainsbourg, Maxime Gasteuil, Caroline Anglade, Aurore Clément, Gaël Raës, Catherine Artigala…

Scénario : Dany Boon

Photographie : Glynn Speeckaert

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.

Dany Boon, huit longs-métrages réalisés à ce jour depuis 2006, plus de 46 millions d’entrées cumulées rien qu’en France dont évidemment 20,5 millions pour Bienvenue chez les Ch’tis et sachant que l’immonde 8 rue de l’Humanité n’est pas sorti dans les salles et a été présenté uniquement sur la plateforme Netflix. Pas un seul échec au box-office, y compris son premier coup d’essai, le très bon La Maison du bonheur, qui avait dépassé la barre du million d’entrées. Il fallait bien que cela arrive un jour et donc son dernier opus en date, La Vie pour de vrai, produit avec un budget de près de 25 millions d’euros (contre 28 pour La Ch’tite famille, 33 pour Raid Dingue, 32 pour Supercondriaque…) n’aura attiré que 800.000 spectateurs. L’auteur de ces mots est le premier étonné d’écrire ceci, mais ce bide sévère est injuste, car La Vie pour de vrai est sans aucun doute le meilleur de son auteur depuis Rien à déclarer (2011) et ce sans aucune commune mesure. En effet, Dany Boon retrouve enfin ce qui faisait la réussite de ses trois premiers longs-métrages, des personnages attachants et simples, des dialogues soignés, ce à quoi s’ajoute une mise en scène également plus recherchée et moins fonctionnelle. Sortie dans un contexte social quelque peu houleux (ou quand on évoquait la possibilité d’un nouveau mai 68 en mars 2023), La Vie pour de vrai n’a pas su attirer un public que l’on pensait pourtant conquis d’avance par ces retrouvailles entre Dany Boon et Kad Merad, accompagnés cette fois par la toujours divine Charlotte Gainsbourg, géniale dans la peau d’une nymphomane qui tombe amoureuse pour la première fois.

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Test DVD / Sage-homme, réalisé par Jennifer Devoldère

SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.

Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…

Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Dim Sum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.

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Test DVD / 10 jours encore sans maman, réalisé par Ludovic Bernard

10 JOURS ENCORE SANS MAMAN réalisé par Ludovic Bernard, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Franck Dubosc, Aure Atika, Alexis Michalik, Annelise Hesme, Héléna Noguerra, Swan Joulin, Violette Guillon, Ilan Debrabant, Evan Paturel, Vincent Martin…

Scénario : Ludovic Bernard & Mathieu Oullion, d’après une histoire originale de Mariano Vera

Photographie : Vincent Richard

Musique : Harry Allouche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Antoine Mercier a été licencié de son poste de directeur des ressources humaines dans une grande enseigne de bricolage. Depuis deux ans, il est devenu père au foyer et s’occupe de ses quatre enfants, souvent seul car sa femme Isabelle est très prise par son activité d’avocate. Depuis deux ans dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi 10 jours de vacances à la montagne s’annoncent comme une aubaine, surtout à Courchevel. Antoine se dit alors qu’il va pouvoir enfin se reposer. Malheureusement pour lui, alors qu’ils sont sur le quai de la gare, le cabinet d’Isabelle la sollicite et elle ne peut plus partir avec les siens. Antoine va alors devoir à nouveau passer 10 jours seul avec ses 4 enfants.

En 2020, Ludovic Bernard (Mission Pays Basque, L’Ascension) connaît un joli succès mérité avec 10 jours sans maman. Porté par Franck Dubosc, ce remake du film argentin Mamá se fue de viaje d’Ariel Winograd, sorti en 2017 et inédit dans l’Hexagone, parvient à attirer 1,2 million de français dans les salles, juste avant l’instauration du confinement et de la fermeture des cinémas. Après deux épisodes emballés pour la série Lupin, le réalisateur qui a fait ses classes dans l’écurie Besson en étant assistant sur Lucy, Taken 2 et 3, 3 Days to Kill, Malavita et autres ignominies, décide de revenir à la famille Mercier, histoire sans doute de surfer sur le hit rencontré par le premier opus, qui aurait pu aller plus loin si nous n’avions pas été « en guerre » (pour citer un humoriste qui s’ignore) contre la Covid 19. Le fait est que cette suite qui ne s’imposait pas reprend certes les personnages, mais n’en fait pas grand-chose et perd la dynamique de groupe qui faisait la réussite du précédent, en se focalisant beaucoup plus sur Franck Dubosc, trop souvent isolé des enfants. L’alchimie entre les comédiens, qui reprennent tous leurs rôles respectifs y compris les quatre rejetons, est évidente et les scènes les plus amusantes sont indéniablement celles où ils sont tous confrontés les uns aux autres, mais elles apparaissent étonnamment peu. On a donc l’impression constante que Ludovic Bernard a dégoté un ancien scénario et l’a quelque peu remanié pour en faire une pseudo-suite à 10 jours sans maman, mais sans jamais parvenir à retrouver cette fraîcheur et le sens du gag qui faisaient mouche il y a trois ans. Au final, 10 jours encore sans maman n’est pas désagréable en soi et Franck Dubosc est entre autres très bien, mais l’ensemble demeure un brin poussif.

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Test Blu-ray / Paradise Highway, réalisé par Anna Gutto

PARADISE HIGHWAY réalisé par Anna Gutto, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Juliette Binoche, Frank Grillo, Hala Finley, Cameron Monaghan, Veronica Ferres, Christiane Seidel, Morgan Freeman, Desiree Wood…

Scénario : Anna Gutto

Photographie : John Christian Rosenlund

Musique : Anné Kulonen

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Pour sauver son frère, Dennis, d’un gang de prisonniers dangereux, Sally, une conductrice de camion, a été obligée de faire passer des cargaisons illicites. Bientôt l’agent du FBI Gerick est à ses trousses. Parallèlement, la dernière livraison de Sally l’interroge moralement car il s’agit d’une adolescente.

Entre un film de Claire Denis (Avec amour et acharnement) et un autre de Christophe Honoré (Le Lycéen), Juliette Binoche s’est exilée un temps outre-Atlantique pour y tourner un thriller dramatique, Paradise Highway, exploité quelques fois en France sous le titre La Route de l’enfer. Ce premier long-métrage écrit et réalisé par Anna Gutto, remarquée pour la série Home for Christmas diffusée sur Netflix, se penche sur le trafic sexuel d’enfants aux Etats-Unis, thème ô combien difficile à traiter sans tomber dans les clichés ou les effets stylistiques du genre. Si Paradise Highway s’en tire honorablement sur ce sujet, c’est aussi un road-movie étrange où il n’y a quasiment pas d’action, mais où la tension est constante du début à la fin et surtout qui offre à ses acteurs l’occasion de réaliser quelques numéros sympathiques et donc divertissants. Une assez bonne surprise au final que ce Paradise Highway, qui a eu les honneurs d’une présentation au Festival de Locarno.

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Test DVD / Lavé par le sang, réalisé par Randall Emmett

LAVÉ PAR LE SANG (Savage Salvation) réalisé par Randall Emmett, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jack Huston, Robert De Niro, John Malkovich, Willa Fitzgerald, Meadow Williams, Quavo, Swen Temmel, Winter Ave Zoli…

Scénario : Adam Taylor Barker & Chris Sivertson

Photographie : Eric Koretz

Musique : Philip Klein

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un drogué aux opiacés en voie de guérison cherche à se venger des dealers responsables de la vente des drogues qui ont entraîné la mort de sa fiancée.

En lisant le résumé du film et en voyant le visuel de ce DTV on était en droit de se dire que ce ne serait certainement pas un chef d’oeuvre. Effectivement, ce n’est pas le cas. Néanmoins, Lavé par le sang ou Savage Justice, ou bien encore Wash Me in the River n’est pas une série Z et s’avère même une bonne série B. Alors oui ne vous attendez pas à un modèle du genre, mais cet opus qui réunit Robert De Niro et John Malkovich en guest-stars de luxe n’est pas honteux du tout. Le film est réalisé par Randall Emmett, qui avait signé l’une des meilleures dernières Williseries avant la retraite anticipée du comédien, La Proie Midnight In The Switchgrass, dans lequel il donnait la réplique à Megan Fox et Emile Hirsch. Également producteur de produits uniquement destinés au marché de la vidéo à l’instar du récent et navrant Hot Seat avec Mel Gibson, de l’excellent Boss Level de Joe Carnahan, du pathétique Killing Field, du supportable Out of Death et même du sous-estimé Silence de Martin Scorsese, Randall Emmett soigne un peu plus que d’habitude le long-métrage dont il a la charge et n’est sûrement pas un manchot derrière la caméra. À la tête du casting, Jack Huston, qui tenait le rôle-titre de l’exécrable Ben-Hur de Timur Bekmambetov et celui de Bob Kennedy dans The Irishman, s’en tire bien et s’impose facilement dans cette histoire ultra-classique, mais efficacement traitée. Un bon moment.

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Test Blu-ray / Liaisons perverses, réalisé par Jean-Paul Savignac

LIAISONS PERVERSES réalisé par Jean-Paul Savignac, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mona Heftre, Jean Roche, Pierre Oudrey, Samuel Sladow, Monique Vita, Ghislaine Hettre, Monique Lauffenburger, Claudine Beccarie…

Scénario : Jean-Paul Savignac

Musique : Maurice Lecoeur

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Laurent, un photographe parisien, recherche l’endroit parfait pour le photo-roman qu’il doit réaliser. Croyant trouver l’endroit idoine, il s’introduit chez Hélène, une jeune et belle bourgeoise délaissée par son mari. Débute entre eux une liaison, Laurent se servant d’Hélène pour ses photos sexy. Soupçonnant quelque chose, Philippe, son mari, engage un détective privé…

Pas mal ce petit film érotique réalisé par Edgar P. Sullivan alias Jean-Paul Savignac, sorti sous les titres Les Liaisons perverses, mais aussi Des liaisons très perverses, Le Désir satisfait, Objectivement vôtre ou bien encore Depraved Relations dans les pays anglo-saxons. Ce dernier opus de l’ancien assistant de Jean-Luc Godard sur Vivre sa vie : Film en douze tableaux (1962), Les Carabiniers (1963), Bande à part (1964) et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965), également de Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg) et Agnès Varda (Le Bonheur) ne manque certainement pas de charme et d’idées de mise en scène. Mais ce que l’on retiendra avant tout de Liaisons perverses, c’est la beauté foudroyante de la comédienne Mona Heftre, ici sous le nom de Mona Mour, qui faisait ses premières apparitions à l’écran, la même année que Change pas de main de Paul Vecchiali et La Fille du garde-barrière de Jérôme Savary, son futur époux et père de ses deux filles. Jamais vulgaire, mais avec délicatesse et reflétant une connaissance évidente de la grammaire cinématographique, Liaisons perverses n’est pas une succession gratuite de séquences olé olé, mais présente des personnages englués dans un quotidien morose, qui ont vu leurs idéaux s’éloigner puis disparaître, les rendant frustrés voire aigris. À ce titre, Mona Heftre campe formidablement une jeune femme de 24 ans presque vieillie avant l’âge en raison d’un mariage ennuyeux, qui va redécouvrir son corps et le désir auprès d’un photographe qui va la prendre comme modèle. Une jolie découverte.

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Test DVD / Désir fatal, réalisé par Neil LaBute

DÉSIR FATAL (Out of the Blue) réalisé par Neil LaBute, disponible en DVD le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Diane Kruger, Ray Nicholson, Gia Crovatin, Hank Azaria, Chase Sui Wonders, KeiLyn Durrel Jones, Pamela Jayne Morgan, Frederick Weller…

Scénario : Neil LaBute

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Adam Bosarge

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Connor Bates est un jeune homme qui a purgé une peine de prison pour voies de fait. Il travaille maintenant dans une bibliothèque et passe son temps libre à courir, nager et essayer de remettre sa vie sur les rails. Un jour, il rencontre Marilyn Chambers, l’épouse d’un riche homme d’affaires qui la maltraite régulièrement. Commence alors une relation intense qui plonge Connor et Marilyn dans une spirale dont ils perdent peu à peu le contrôle.

Du réalisateur Neil LaBute (né en 1963) on retient surtout le tendu HarcelésLakeview Terrace (2008), dans lequel Samuel L. Jackson s’en prenait à un jeune couple qui venait d’emménager à côté de chez lui, en raison de leur relation interraciale. D’autres, ils sont moins nombreux, mais tout autant enthousiastes, soutiennent son remake de The Wicker Man (2006) avec Nicolas – Not the bees ! – Cage. Dommage, car son premier long-métrage En compagnie des hommes In the Company of Men (1997), adapté d’une de ses pièces de théâtre, récompensé à Sundance et par le Prix spécial du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville, le plaçait parmi les auteurs les plus en vue de sa génération. Dramaturge prolifique et cinéaste éclectique, Neil LaBute n’a jamais arrêté de travailler, même si son nom est quelque peu oublié. Comme la plupart de ses précédents films, il signe seul le scénario de Désir fatalOut of the Blue, l’un de ses derniers opus en date, un thriller romantique et vaguement érotique (mais où dame Kruger ne dévoile rien de sa superbe poitrine) marqué par de nombreuses références au film noir américain, auquel il rend hommage y compris sur la forme avec l’utilisation (souvent très exagérée) d’intertitres en N&B du style « Le lendemain », « Une heure après », « Quelques semaines plus tard ». On n’attendait rien ou pas grand-chose de Désir fatal et on est finalement étonnamment conquis par l’atmosphère lente et prenante, par la photo de Walt Lloyd (Sexe, mensonges & vidéos, Kafka, Parties intimes), ainsi que par l’excellente prestation du couple vedette, Ray Nicholson et Diane Kruger, le premier (fils du grand Jack) est une belle révélation, tandis que la seconde subjugue en femme fatale et mystérieuse. Un DTV appréciable, à défaut d’être inoubliable bien sûr.

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