Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco »

Test Blu-ray / Le Roman de Jim, réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu

LE ROMAN DE JIM réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu, disponible en DVD & Blu-ray le 7 janvier 2025 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Karim Leklou, Laetitia Dosch, Bertrand Belin, Noée Abita, Andranic Manet, Eol Personne, Sara Giraudeau, Mireille Herbstmeyer, Suzanne De Baecque, Sabrina Seyvecou, Marguerite Machuel, Robinson Stévenin…

Scénario : Arnaud & Jean-Marie Larrieu, d’après le roman de Pierric Bailly

Photographie : Irina Lubtchansky

Musique : Bertrand Belin & Shane Copin

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Aymeric, le beau-père de Jim, a rencontré Florence, sa mère, alors qu’elle était enceinte de six mois. Tous les trois mènent une vie heureuse dans le Jura jusqu’à ce que le père biologique, Christophe, revienne suite à une tragédie personnelle. Aymeric ne trouve plus sa place et, éloigné de l’enfant, il décide de partir faire sa vie ailleurs. Mais des années plus tard, Jim, 23 ans, frappe à la porte d’Aymeric.

Autant le dire d’emblée, le neuvième long-métrage de Jean-Marie et Arnaud Larrieu est incontestablement l’un de leurs meilleurs. Les réalisateurs de Peindre ou faire l’amour (leur plus gros succès), Le Voyage aux Pyrénées et Les Derniers Jours du monde, livrent une adaptation à la fois personnelle et fidèle au roman de Pierric Bailly, publié en 2021. Trois ans après l’infernal Tralala (ne tentez pas, vous n’en reviendrez pas indemnes), les Larrieu rectifient le tir, ils ne sont d’ailleurs jamais aussi inspirés que lorsqu’ils ne dirigent pas Mathieu Amalric finalement, et offrent au grand Karim Leklou l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Délicat, à fleur de peau, pudique, Le Roman de Jim frappe le spectateur en plein coeur et l’embarque dans une histoire d’amour contrariée entre un père et son fils, en jouant ouvertement la carte du romanesque. On ne s’attendait pas à pareille explosion des sentiments de la part des deux cinéastes, comme s’ils avaient attendu une « commande » pour démontrer qu’ils savaient aussi exprimer les non-dits de leurs personnages. On ressort bouleversés et les joues inondées de larmes du Roman de Jim, qui donnera sûrement envie aux spectateurs de découvrir l’ouvrage de Pierric Bailly, si cela n’avait pas déjà été fait.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Roman de Jim, réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu »

Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz

DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES (Im Staub der Sterne) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, Silvia Popovici, Violeta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Heintze…

Scénario : Joachim Hellwig & Gottfried Kolditz

Photographie : Peter Süring

Musique : Karl-Ernst Sasse

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Ayant reçu un appel de détresse provenant de la planète TEM4, le vaisseau spatial Cyrno parvient à s’y rendre, non sans difficultés. Sur place, on fait comprendre à l’équipage qu’il s’agissait d’une erreur. Le chef de la planète invite alors tous les membres du Cyrno à une fête. Seul Suko reste méfiant, et à juste titre : les mines de TEM4 ont besoin d’esclaves…

« Dans la poussière d’étoiles » chantait Jasmine à Aladdin sur le tapis volant…Mais une quinzaine d’années auparavant, dans une autre partie du monde, un autre rêve, non pas bleu, mais rouge, débarquait au cinéma, Dans la poussière des étoiles donc, ultime film de science-fiction allemand produit par la légendaire DEFA. Si l’étoile rouge à cinq branches reste le symbole des États communistes, celles explorées dans cette superproduction est-allemande par Gottfried Kolditz (1922-1982) sont bel et bien celles de l’espace. Déjà à l’oeuvre sur Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer, le réalisateur s’en sort beaucoup mieux, quand bien même les effets spéciaux s’avèrent ici limités. On retrouve par ailleurs les mêmes tares, à savoir des acteurs peu charismatiques, un rythme lent, mais cette fois la pilule passe, sans doute en raison de certaines scènes psychédéliques à la limite du nanar, des coupes de cheveux et des costumes invraisemblables (les pattes d’eph dans l’espace, c’est quelque chose!), mais aussi et contre toute attente grâce à son scénario généreux en rebondissements et en nawak complètement assumé. Si la dernière partie traîne un peu en longueur, Dans la poussière des étoiles est un divertissement désuet qui ne manque pas de charme.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz »

Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche

EOLOMEA réalisé par Herrmann Zschoche, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe, Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson…

Scénario : Willi Brückner, d’après le roman d’Angel Wagenstein

Photographie : Günter Jaeuthe

Musique : Günther Fischer

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Après L’Étoile du silence Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig et Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer (1970) de Gottfried Kolditz, la science-fiction allemande n’avait pas dit son dernier mot. Pour preuve, en 1972 débarque Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche, qui prend les manettes de cette grosse production de science-fiction tournée en 70mm. Malheureusement, nous sommes loin de la réussite de la sympathique Étoile du silence et donc plus proche du lénifiant Signal, une aventure de l’espace. La raison? Beaucoup de blablas, une abondance de dialogues qui s’étirent et qui s’avèrent souvent étranges (en bref, qui évoquent une certaine idéologie, sans la nommer ouvertement, mais qui n’en pense pas moins), des répliques hermétiques récitées par des comédiens sans véritable charisme (les coiffures et les costumes n’arrangent rien), qui prennent l’air sérieux, en pensant donner le change. Mais rien n’y fait, on s’ennuie devant Eolomea, dont le charme des effets spéciaux demeure malgré tout, mais qui se perd dans un premier degré qui fait plus bâiller que rire. Dommage…

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche »

Test Blu-ray / Pourquoi tu souris?, réalisé par Chad Chenouga & Christine Paillard

POURQUOI TU SOURIS? réalisé par Chad Chenouga & Christine Paillard, disponible en DVD & Blu-ray le 5 novembre 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : Jean-Pascal Zadi, Raphaël Quenard, Emmanuelle Devos, Judith Magre, Hubert Myon, Anne-Lise Heimburger, Camille Rutherford, Vincent Deniard, Stéphane Pezerat…

Scénario : Chad Chenouga & Christine Paillard

Photographie : Jacques Girault

Musique : Arthur Simonini

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Wisi est en galère. Il débarque à Bordeaux dans l’espoir de trouver un boulot et croise la route de Marina, une humanitaire au grand cœur. Pour se faire héberger chez elle, il prétend être un sans-papier. Un soir, il rencontre Jérôme, lui-même à la rue après le décès de sa mère. Malgré ses propos racistes et son étrange phobie de l’effort, Wisi accepte de le cacher pour une nuit chez Marina. Mais flairant le bon plan, Jérôme est bien décidé à s’incruster. Surtout depuis qu’il a découvert la combine de Wisi pour amadouer Marina…

On connaissait le réalisateur Chad Chenouga pour son très beau De toutes mes forces (2016). Deux ans après Le Principal (2024), celui-ci fait son retour avec Pourquoi tu souris ?, qu’il met en scène avec Christine Paillard, qui se sont rencontrés au cours Florent quand ils étaient élèves, avant d’y donner eux-mêmes des cours. Les deux avaient déjà collaboré en 2007 pour Cash, un documentaire consacré aux gens de la rue, qui trouvaient refuge dans un centre de soins hospitaliers placé à Nanterre, qui accueillait des personnes en grande difficulté. C’est dans cette structure d’urgence constituée de chambres communes et individuelles qu’ils avaient décidé d’aller à la rencontre de ces oubliés, en leur proposant une activité culturelle, en partenariat avec le théâtre des Amandiers, plus précisément un atelier d’improvisations. Plus de quinze ans après, Chad Chenouga et Chrtistine Paillard (également co-scénariste des longs-métrages du premier), qui n’ont jamais oublié cette expérience et surtout ces visages et parcours atypiques, ont décidé de leur rendre hommage dans Pourquoi tu souris ?, qui suit le face-à-face entre deux sans-abris, spécialisés dans l’art de la débrouille, qui parviennent à s’incruster dans le quotidien (mais pas que) d’une bénévole, qui n’était sans doute pas si prête que cela à accueillir chez elle « toute la misère du monde ». Formidablement interprété par un trio vedette aussi complémentaire que charismatique, Jean-Pascal Zadi-Raphaël Quenard-Emmanuelle Devos, Pourquoi tu souris ? est une comédie qui fait du bien, qui évite tout misérabilisme et pathos dégoulinant, qui ne se prend pas au sérieux et qui en dit pourtant long sur l’entraide et le vivre ensemble. Un petit coup de coeur.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Pourquoi tu souris?, réalisé par Chad Chenouga & Christine Paillard »

Test DVD / Only the River Flows, réalisé par Shujun Wei

ONLY THE RIVER FLOWS (He bian de cuo wu – 河边的错误) réalisé par Shujun Wei, disponible en DVD le 19 novembre 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : Zhu Yilong, Chloe Maayan, Zeng Meihuizi, Hou Tianlai, Tong Linkai, Huang Jun, Huang Miyi, Kang Chunlei…

Scénario : Chunlei Kang & Shujun Wei, d’après une nouvelle de Yu Hua

Photographie : Zhiyuan Chengma

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En Chine, dans les années 1990, trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo. Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est chargé d’élucider l’affaire. Un sac à main abandonné au bord de la rivière et des témoignages de passants désignent plusieurs suspects. Alors que l’affaire piétine, l’inspecteur Ma est confronté à la noirceur de l’âme humaine et s’enfonce dans le doute…

Jeune cinéaste Chinois, Shujun Wei (né en 1991) a déjà une poignée de courts et longs-métrages à son actif, tous inédits dans les salles françaises. Jusqu’à l’apparition dans nos cinémas de Only the River Flows l’été dernier qui a su attirer un peu plus de 50.000 spectateurs chez nous et plus de sept millions en Chine. Un succès colossal pour ce polar qui n’est pas sans rappeler Memories of Murder (2003) de Bong Joon-ho, adapté d’une nouvelle de Yu Hua, qui révèle la virtuosité d’un réalisateur jusqu’à présent inconnu dans nos contrées et qui révèle instantanément une patte, une griffe, un style, une âme. Si l’intrigue demeure tortueuse, au point où l’on ne comprendra finalement pas tous les aboutissants, pour ne pas dire l’identité du meurtrier, Only the River Flows reste avant tout une expérience enthousiasmante de cinéma, un thriller poisseux et étouffant sur le fond comme sur la forme (la pluie tombe sans discontinuer, tout le monde a la clope au bec), qui s’interroge également sur le futur des salles de cinéma, tout en rendant hommage au passé du septième art. En ayant recours à la pellicule, d’une part pour renvoyer aux années 1990, durant lesquelles se déroule l’intrigue, mais aussi pour bénéficier d’une patine qui sied à la noirceur de l’histoire, Shujun Wei met dans le mille et nous hypnotise durant 1h35. Assurément une découverte pour les cinéphiles hexagonaux.

Continuer la lecture de « Test DVD / Only the River Flows, réalisé par Shujun Wei »

Test DVD / Un homme en fuite, réalisé par Baptiste Debraux

UN HOMME EN FUITE réalisé par Baptiste Debraux, disponible en DVD depuis le 17 septembre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin, Marion Barbeau, Wim Willaert, Théo Navarro-Mussy, Anne Consigny, Eric Godon…

Scénario : Baptiste Debraux & Armel Gourvennec

Photographie : Fabien Benzaquen

Musique : Feu ! Chatterton

Durée : 1h42

Année de sortie : 2024

LE FILM

Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny…

Un homme en fuite est le premier long-métrage de Baptiste Devraux, jusqu’à présent scénariste et réalisateur d’une poignée de courts-métrages et d’un clip musical pour Ibrahim Maalouf. Co-écrit avec Armel Gourvennec, Un homme en fuite impose immédiatement un auteur, un brillant technicien et un solide directeur d’acteurs. Si la forme l’emporte finalement plus que le fond (somme toute classique), il serait dommage de passer à côté de cette histoire souvent prenante et surtout brillamment interprétée par un casting de haut vol, sur lequel trône une fois de plus la formidable Léa Drucker, décidément en odeur de sainteté. Drame psychologique et polar immersif, Un homme en fuite rappelle le génial Rouge de Farid Bentoumi, avec sa description d’une petite ville ouvrière des Ardennes, dont la jeune population a pris la fuite et où les anciens regardent les jours passer sans plus rien attendre de l’existence. S’il inscrit son récit dans un réalisme social, basé sur une longue documentation concernant l’évolution démographique de la Vallée de la Meuse (dont il est originaire), où les petites bourgades ont perdu pas moins de la moitié de leurs habitants en à peine un quart de siècle, Baptiste Devraux ne délaisse pas pour autant le romanesque, qui sait rester crédible. Assurément un metteur en scène à suivre.

Continuer la lecture de « Test DVD / Un homme en fuite, réalisé par Baptiste Debraux »

Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi

L’ENFANT DE SATAN (La Bimba di Satana) réalisé par Mario Bianchi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Duca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…

Scénario : Piero Regnoli, d’après une histoire originale de Gabriele Crisanti

Photographie : Franco Villa & Angelo Lannu

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Suite à la mort de sa mère, Miria commence à agir bizarrement. Tour à tour, les proches de la famille et les anciens amants de sa mère disparaissent mystérieusement. Serait-ce son fantôme qui revient d’entre les morts pour se venger, ou son mari qui, par jalousie, décide de faire payer tous ceux qui l’ont rendu cocu ?

Mario Bianchi (1939-2022). Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur a su oeuvrer de longues années dans le domaine du cinéma populaire italien, y compris dans le registre pornographique (quelques titres explicites du genre Analità profondaOrgasmi del secondo canale, L’Ultimo tango anale, Francesca: Sinfonia anale). Ce qui nous intéresse aujourd’hui – les plus pervers devront attendre encore un peu pour en savoir plus sur sa collaboration avec Rocco Siffredi, la Cicciolina et Roberto Malone – est donc la « première » partie de sa carrière, autrement dit celle où le cinéaste tâtait du western spaghetti (Au nom du père, du fils et du colt…, Poker d’as pour un gringo), du poliziottesco (Provinzia violenta, Les Cinq de la section spéciale) et – un peu plus tardivement – du giallo (Non aver paura della zia Marta). Le film dont nous allons parler s’intitule L’Enfant de SatanLa Bimba di Satana est se situe juste avant que le signore Bianchi se lance à corps perdu dans le X. Thriller surnaturel et horrifique, cet opus ne manque pas d’attraits, d’une part en raison de ses actrices dénudées (souvent sans raison, mais on ne va pas se plaindre), d’autre part pour ses personnages peu aimables, dont on attend patiemment qu’ils se fassent tous assassiner. C’est le cas de l’acteur espagnol Aldo Sambrell, gueule récurrente du cinéma d’exploitation (Tender Flesh de Jess Franco, Les Cruels et Navajo Joe de Sergio Corbucci), mais vu aussi chez Jackie Chan (l’immense Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Don Chaffey (Charley le Borgne), Tom Gries (Les 100 fusils), Romain Gary (Kill) et même chez Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance). Ce dernier vole la vedette dans la peau du salopard, qui se comporte en seigneur et maître du château, un être impitoyable, omnipotent, prétentieux, prêt à violer une religieuse, sous prétexte que « profaner un temple » a toujours été son rêve. Si le rythme est sans doute un peu lent, la très courte durée du film (73 minutes, génériques compris) fait qu’on ne s’ennuie pas, les meurtres et rebondissements s’enchaînent et l’ambiance est suffisamment immersive pour qu’on se prenne au jeu. Un bon cru.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi »

Test DVD / Dissidente, réalisé par Pier-Philippe Chevigny

DISSIDENTE (Richelieu) réalisé par Pier-Philippe Chevigny, disponible en DVD le 15 octobre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Ariane Castellanos, Marc-André Grondin, Nelson Coronado, Ève Duranceau, Gerardo Miranda, Antonio Ortega, Micheline Bernard, Luis Oliva, María Mercedes Coroy, Émile Schneider, Hubert Proulx, Marc Beaupré, Christine Beaulieu…

Scénario : Pier-Philippe Chevigny

Photographie : Gabriel Brault Tardif

Musique : Félicia Atkinson

Durée : 1h26

Année de sortie : 2023

LE FILM

À Richelieu, ville industrielle du Québec, Ariane est embauchée dans une usine en tant que traductrice. Elle se rend rapidement compte des conditions de travail déplorables imposées aux ouvriers guatémaltèques. Tiraillée, elle entreprend à ses risques et périls une résistance quotidienne pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.

À la base de Dissidente, titre « français » de Richelieu, le film de Pier-Philippe Chevigny (né en 1988) étant baptisé ainsi dans la Belle province, il y a tout le passé documentaire du réalisateur. Celui-ci est l’auteur de plus d’une demi-douzaine de courts-métrages (Carré de sable, Les Jours qui suivront…), reflétant sa préoccupation pour les problèmes sociaux rencontrés par ses contemporains. Dissidente est son premier long-métrage, de fiction donc, Pier-Philippe Chevigny ayant pensé un long moment livrer un documentaire sur la condition des migrants guatémaltèques au Canada. Comme il l’a indiqué en interview au moment de la sortie de Dissidente, il rendait déjà compte de la situation des aides ménagères philippines, employées chez les familles bourgeoises québécoises, dans son court-métrage Tala (2013), découvrant au cours de ses recherches la communauté des migrants guatémaltèques, qui allait devenir le catalyseur de Richelieu dix ans plus tard. Autant dire que ce film fait preuve d’une étonnante maturité. Drame social anxiogène et redoutablement immersif dès la première scène, Dissidente plonge le spectateur dans le quotidien des travailleurs guatémaltèques, qui se sont pour la plupart endettés pour venir au Canada, en espérant trouver du travail dans l’industrie agricole, qui a sans cesse besoin de main d’oeuvre, si possible bon marché. Un processus facilité par le gouvernement fédéral canadien, qui permet aux entreprises d’aller piocher en Amérique Centrale, où la demande de travail est aussi conséquente qu’illimitée. « Il n’y a qu’à se servir » comme on dit et si l’un de ces éléments devait ralentir la cadence, celui-ci serait immédiatement « remercié » (autrement dit renvoyé dans son pays), pour être remplacé par un autre qui attend patiemment son tour. Dissidente est une œuvre choc, frontale, étouffante, qui offre probablement à la comédienne Ariane Castellanos, elle-même d’origine guatémaltèque et qui avait déjà collaboré avec Pier-Philippe Chevigny, son plus grand rôle à ce jour, pour lequel elle a été très justement récompensée par le Prix d’Interprétation Féminine au Festival de Saint-Jean-de-Luz, où le film est a également remporté le Grand Prix et le Prix du Public. Une très belle et grande découverte.

Continuer la lecture de « Test DVD / Dissidente, réalisé par Pier-Philippe Chevigny »

Test Blu-ray / Douce nuit, sanglante nuit 2, réalisé par Lee Harry

DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 (Silent night, Deadly night, Part 2) réalisé par Lee Harry, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 18 décembre 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Eric Freeman, James Newman, Elizabeth Kaitan, Jean Miller, Darrel Guilbeau, Brian Michael Henley, Corrine Gelfan, Michael Combatti…

Scénario : Lee Harry & Joseph H. Earle

Photographie : Harvey Genkins

Musique : Michael Armstrong

Durée : 1h25

Année de sortie : 1987

LE FILM

Après la mort de son frère Billy et celle de son père adoptif. Ricky décide de finir « l’œuvre » de son grand frère en continuant le massacre de personnes qu’il juge « vilaines » et retrouver et tuer la Mère Supérieure. Autrefois, pour la Mère Supérieure, Ricky était son chouchou, maintenant, elle est considérée selon Ricky comme la meurtrière de son frère.

En (re)découvrant Douce nuit, sanglante nuit 2Silent Night, Deadly Night Part 2, la tentation est grande et alléchante de procéder comme le réalisateur Lee Harry, à savoir faire un copier-coller de notre chronique du premier opus. En effet, l’histoire est malheureusement connue, cette séquelle qui en tout et pour tout dure 80 minutes, est constituée dans sa toute première moitié de séquences provenant du long-métrage de Charles E. Sellier Jr. ! Autant dire que le spectateur qui arriverait sans avoir connaissance de ce subterfuge (imputable à un manque conséquent de moyens), risque de sentir blousé, avant de crier à l’arnaque pure et simple. Le monteur Lee Harry, ayant fait ses « classes » sur quelques opus inconnus de science-fiction au rabais (PSI Factor, Escape from DS-3, Laboratory) se retrouve à la barre de ce Douce nuit, sanglante nuit 2, son premier film comme metteur en scène (il ne réitérera que deux ou trois fois l’expérience), produite par Lawrence Appelbaum, avec lequel Lee Harry avait collaboré précédemment. Une fois les droits de la franchise dans le besace, que faire ? C’est là que le bât blesse, personne ne semble s’être posé la question. Si récupérer les scènes et bouts de séquences coupés au montage a été tentant, cela n’a pas abouti. De ce fait, le réalisateur et ses coscénaristes Joseph H. Earle (Scarecrows, qui serait en réalité le « vrai » metteur en scène du film), Dennis Patterson (qui fera surtout carrière dans le domaine du son) et les producteurs eux-mêmes ont purement et simplement décidé de reprendre une bonne partie des moments emblématiques du premier volet et de les faire raconter par Ricky, le petit frère de Billy, qui n’était pourtant encore qu’un bébé au moment de l’assassinat de leurs parents. Histoire de bien remettre les personnages dans leur contexte et de rappeler le précédent récit au public, ou parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement comme ils n’avaient pas suffisamment de dollars à disposition, les responsables du bouzin signent donc un best-of de quarante minutes du premier épisode. L’autre moitié ? Mieux vaut en rire. Avec son comédien au charisme du bulot (on le croirait échappé d’un boys band), grimaçant et incapable de déclamer une tirade sans en faire des tonnes, Douce nuit, sanglante nuit 2 est une des pires suites de l’histoire du slasher, sans aucune imagination. Entre le nanar et le navet, voici donc une œuvre hybride, le « narvet », qui ennuie et qui fait rire tout à la fois. À voir pour se rendre compte de la supercherie opportuniste, procédé rare, mais néanmoins déjà vu, à l’instar du faux diptyque de Claude Lelouch, Les ParisiensLe Courage d’aimer.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Douce nuit, sanglante nuit 2, réalisé par Lee Harry »