Test Blu-ray / Dominique: Les Yeux de l’épouvante

DOMINIQUE: LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE (Dominique) réalisé par Michael Anderson, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 1er septembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson, Michael Jayston, Flora Robson…

Scénario : Edward Abraham & Valerie Abraham, d’après le roman de Harold Lawlor

Photographie : Ted Moore

Musique : David Whitaker

Durée : 1h31

Année de sortie : 1979

LE FILM

A peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions : un cadavre pendu dans la serre, des objets qui disparaissent…Est-elle en train de perdre la tête ? Témoin d’événements surnaturels ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?

Assistant d’Anthony Asquith, Harold French, Terence Young et Peter Ustinov dans les années 1940, Michael Anderson passe à la mise en scène la décennie suivante. Le succès arrive très vite avec Les Briseurs de barrages The Dam Busters (1954), rapidement suivi d’une adaptation de 1984 de George Orwell et du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Étonnamment, les cinéphiles auront surtout retenu ses opus plus tardifs comme Le Secret du rapport QuillerThe Quiller Memorandum (1966), L’Âge de cristal – Logan’s Run (1976) et Orca (1977). Dominique, sous-titré en France Les Yeux de l’épouvante, clôt les années 1970 pour le réalisateur, qui après l’insuccès de son ersatz des Dents de la mer et qui s’apprêtait à transposer Chroniques martiennes de Ray Bradbury, surfait sur la mode des thrillers fantastiques et d’épouvantes. Il se reposait sur un scénario du couple Edward & Valerie Abraham (qui signeront tout de suite après Le Club des monstres, avec Vincent Price, John Carradine et Anthony Steel), lui-même découlant d’un roman de l’américain Harold Lawlor, seule et unique fois où l’un de ses livres donnera naissance à un long-métrage. De facture classique, Dominique fait preuve de sobriété, trop sans doute diront certains et il n’auront peut-être pas tort, mais cette retenue sied à un récit malin, élégamment pris en charge par le cinéaste, qui compose des cadres intéressants et beaux, joliment photographiés par le chef opérateur Ted Moore (Le Choc des Titans, Shalako et cinq James Bond avec Sean Connery). De plus, Dominique nique nique bien le spectateur avec un final cynique et réussi.

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Test Blu-ray / Le Tueur s’est évadé, réalisé par Budd Boetticher

LE TUEUR S’EST ÉVADÉ (The Killer Is Loose) réalisé par Budd Boetticher, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 23 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joseph Cotten, Rhonda Fleming, Wendell Corey, Alan Hale Jr., Michael Pate, John Larch, Dee J. Thompson, John Beradino, Virginia Christine, Paul Bryar…

Scénario : Harold Medford, d’après une histoire originale de John Hawkins & Ward Hawkins

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Lionel Newman

Durée : 1h10

Année de sortie : 1956

LE FILM

Leon Poole est un employé de banque méprisé par ses pairs. Un jour, il se fait complice de truands qui braquent l’établissement. Lorsque les policiers viennent le débusquer chez lui, le détective Sam Wagner tue sa femme par erreur. Après des années à purger sa peine, Poole s’évade et n’a qu’une idée en tête : tuer la femme de Wagner pour se venger.

Quand on lui évoque Budd Boetticher, le cinéphile pense immédiatement à ses westerns et plus particulièrement au légendaire cycle Ranown, les sept collaborations entre le réalisateur et l’acteur Randolph Scott. Juste avant Sept Hommes à abattreSeven Men from now, le cinéaste revenait au film noir avec Le Tueur s’est évadé The Killer is Loose après quelques westerns dont l’excellent Le Déserteur de Fort Alamo et À feu et à sangThe Cimarron Kid, un des premiers opus avec Audie Murphy. La même année qu’Un si doux visage d’Otto Preminger, Le Quatrième homme de Phil Karlson et les exceptionnels L’Énigme du Chicago Express et L’Homme à l’affût d’Edward Dmytryk, Budd Boetticher se livrait de son côté à un exercice de style rapide, sec, nerveux, qui va droit au but et qui vaut la peine d’être connu pour son personnage de criminel, solidement interprété par Wendell Corey, alors au sommet de sa carrière, puisqu’il venait d’enchaîner avant Le Tueur s’est évadé, Le Grand couteau de Robert Aldrich et Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. « Ce n’est pas un tueur ordinaire », indiquait une des affiches d’exploitation et effectivement Leon Poole est étonnamment bouleversant dans The Killer is Loose et Corey parvient même à voler facilement la vedette à Joseph Cotten, qui avait pourtant derrière lui Niagara, Le Troisième Homme, Le Portrait de Jennie, L’Ombre d’un doute, La Splendeur des Amberson et bien sûr Citizen Kane. C’est dire si Le Tueur s’est évadé mérite toute l’attention du passionné de polars rétros, dont l’atmosphère et même le scénario font penser à un western moderne.

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Test Blu-ray / La Ville captive, réalisé par Robert Wise

LA VILLE CAPTIVE (The Captive City) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Forsythe, Joan Camden, Harold J. Kennedy, Marjorie Crossland, Victor Sutherland, Ray Teal, Martin Milner, Geraldine Hall…

Scénario : Karl Kamb & Alvin M. Josephy Jr.

Photographie : Lee Garmes

Musique : Jerome Moross

Durée : 1h28

Année de sortie : 1952

LE FILM

Pourchassés par des gangsters, Jim Austin et sa femme se réfugient dans un commissariat. Jim raconte aux policiers comment lui, simple éditeur d’un journal local, a été amené à enquêter sur une vaste affaire de corruption mêlant la police et la mafia.

Pour le cinéaste Robert Wise, tout va pour le mieux en 1952. Le Jour où la Terre s’arrêta The Day the Earth Stood Still a été un triomphe au box-office mondial et beaucoup pensent déjà – à juste titre – que le film entrera dans l’histoire du cinéma. Désireux de revenir à une production plus modeste, Robert Wise jette son dévolu sur un scénario coécrit par Karl Kamb (Le Kid du Texas de Kurt Neumann, Smith le taciturne de Leslie Fenton) et Alvin M. Josephy Jr., d’après une histoire vraie vécue par le second, alors journaliste au magazine Time, qui s’est retrouvé confronté à la mafia qu’il dénonçait à travers ses articles. À l’instar de La Brigade du suicide et Marché de brutes d’Anthony Mann, Robert Wise apporte sa virtuosité au film policier dit documentaire pour La Ville captive The Captive City, connu aussi sous le titre La Ville enchaînée, sous-genre hérité du grand succès rencontré à la télévision des procès des grands criminels. Les expériences personnelles et donc réelles survenues à Alvin M. Josephy Jr., le tout approuvé par le sénateur Estes Kefauver, président de la commission sénatoriale sur le crime organisé, ajoutés à la mise en scène toujours inspirée de Robert Wise et la beauté de la photographie du chef opérateur Lee Garmes (Scarface de Howard Hawks, L’Homme au fusil de Richard Wilson, Les Carrefours de la ville de Rouben Mamoulian, La Maison des otages de William Wyler) font de La Ville captive un petit trésor caché dans l’imposante et éclectique filmographie du réalisateur.

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Test Blu-ray / La Chute des héros, réalisé par Karl Malden

LA CHUTE DES HÉROS (Time Limit) réalisé par Karl Malden, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Richard Widmark, Richard Basehart, Dolores Michaels, June Lockhart, Carl Benton, Reid Martin, Balsam, Rip Torn, Khigh Dhiegh…

Scénario : Henry Denker, d’après la pièce de Henry Denker & Ralph Berkey

Photographie : Sam Leavitt

Musique : Fred Steiner

Durée : 1h32

Année de sortie : 1957

LE FILM

Au cours de la guerre de Corée, le major Gargill est accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi et traduit devant la cour martiale. Chargé de l’enquête, le colonel Edwards découvre la vérité.

La Chute des hérosTime Limit est un projet très personnel de Richard Widmark. Alors entre La Dernière CaravaneThe Last Wagon de Delmer Daves et Sainte JeanneSaint Joan d’Otto Preminger, dans lequel il allait camper le Dauphin Charles VII, le comédien est immédiatement séduit par la pièce de théâtre Time Limit ! (sortie en parallèle sous la forme de roman) coécrite par Henry Denker et Ralph Berkey. Ne trouvant pas le soutien des studios, Richard Widmark décide de produire cette adaptation cinématographique (il obtient lui-même les droits pour la somme de 100.000$) avec l’aide de William Reynolds, habituellement monteur (Arrêt d’autobus, La Colline de l’adieu, Papa longues jambes, Les Bannis de la Sierra). Pour la mise en scène, il confie les manettes à son ami Karl Malden, avec lequel il avait tourné Sergent la TerreurTake The High Ground de Richard Brooks, désireux de s’essayer à la réalisation. La Chute des héros est un quasi-huis clos (au décor limité donc) et vrai thriller psychologique de guerre, qui s’intéresse au traumatisme des soldats revenus de la guerre de Corée. La même année que Les Ailes de l’espéranceBattle Hymn de Douglas Sirk, inspiré de l’histoire vraie du colonel Dean Hess et Cote 465 Men In War d’Anthony Mann, et après Le Bataillon dans la nuitHold Back The Night d’Allan Dwan et surtout l’exceptionnel Baïonnette au canon Fixed Bayonets !, La Chute des héros confronte des jeunes soldats revenus du front avec un colonel, officier enquêteur et d’État major, dans le cadre de l’éclaircissement sur des accusations de trahison portées sur l’un des leurs. Si Karl Malden ne parvient pas toujours à masquer l’origine théâtrale de son sujet, l’ensemble demeure passionnant du début à la fin et Richard Widmark signe une nouvelle grande performance qui n’est pas sans rappeler le rôle qu’il tiendra dans le phénoménal Jugement à Nuremberg.

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Test Blu-ray / Un murmure dans l’obscurité, réalisé par Marcello Aliprandi

UN MURMURE DANS L’OBSCURITÉ (Un sussurro nel buio) réalisé par Marcello Aliprandi, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : John Phillip Law, Nathalie Delon, Olga Bisera, Alessandro Poggi, Joseph Cotten, Lucretia Love, Zora Velcova, Susanna Melandri…

Scénario : Nicolò Rienzi & Maria Teresa Rienzi

Photographie : Claudio Cirillo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

D’étranges choses se déroulent dans une villa. Une jeune mère est horrifiée lorsqu’elle découvre que l’ami imaginaire de son fils est son deuxième enfant qu’elle a perdu avant la naissance. Elle sombre lentement dans une dépression et consulte un psychiatre qui lui apprend qu’elle est hantée par le fantôme de son cadet.

Ancien assistant de Luchino Visconti sur ses pièces de théâtre et ses opéras, Marcello Aliprandi (1934-1997), démarre sa carrière au cinéma en secondant Alberto Lattuada. Il passe ensuite à la mise en scène au début des années 1970 avec La Ragazza di latta dans lequel il transforme la magnifique Sydne Rome en robot, opus qui sera présenté au Festival d’Avoriaz en 1973. Malgré ce succès, le réalisateur ne revient que cinq ans plus tard derrière la caméra, en prenant le train en route du poliziottesco et signe Le Juge et la mafia, connu aussi sous le titre Corruption, l’Affaire du juge Vanini (Corruption, l’Affaire du juge Vanini), avec Franco Nero face à Fernando Rey. Cette fois, Marcello Aliprandi n’attend pas et enchaîne directement sur son troisième long-métrage, Un murmure dans l’obscuritéUn sussurro nel buio, qu’il n’a pas écrit (ce qui lui permet de s’y coller très rapidement), tâche qu’il a laissé à Nicolò Rienzi et à son épouse Maria Teresa, pour leur quasi-unique incursion dans le monde du cinéma. Un murmure dans l’obscurité est un étrange drame teinté de fantastique qui paraît s’inspirer grandement de L’Autre The Other de Robert Mulligan. Dans ce dernier, un petit garçon prénommé Niles, a perdu son frère jumeau Holland dans un tragique accident. Le jeu permet à Niles de faire comme si son frère Holland était encore avec lui, au point de croire qu’il est encore en vie. Ada, sa grand-mère, croyant bien faire pour que Niles puisse surmonter sa peine, joue le jeu en le confortant dans ce qu’il croit être vrai. Dans Un murmure dans l’obscurité, il s’agit également et avant tout de l’histoire d’un deuil impossible, non pas pour le jeune Martino, mais pour sa mère, solidement campée par la magnifique Nathalie Delon, qui avant la naissance de son fils a perdu un bébé né prématurément à l’âge de 7 mois. Le film part un peu dans tous les sens, sans vraiment trancher et ce jusqu’à la fin qui peut laisser perplexe et/ou décevoir. En l’état, Marcello Aliprandi soigne la forme de sa troisième œuvre et son atmosphère mystérieuse est pour le coup très réussie. Une curiosité.

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Test Blu-ray / Formule pour un meurtre, réalisé par Alberto De Martino

FORMULE POUR UN MEURTRE (7 Hyden Park: la casa maledetta) réalisé par Alberto De Martino, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic, Loris Loddi, Adriana Giuffrè, Daniela De Carolis…

Scénario : Alberto De Martino & Vincenzo Mannino

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Boston, 1985 – Ayant chuté, enfant, voici vingt-cinq ans, dans un escalier pour échapper à l’agression d’un homme travesti en prêtre, trauma qu’elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu’elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d’elle une sportive handisport accomplie. Alors qu’approche la date de signature d’une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l’entraîneur de Joanna, la pousse à l’épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire…

Clap de fin…ou presque pour Alberto De Martino (1929-2015), ici « Martin Herbert », qui avec Formule pour un meurtre 7, Hyden Park : La Casa Maledetta ou bien encore A Formula for a murder et Formula per un delitto, tournait son avant-dernier film, avant de raccrocher les gants la même année dans un ultime baroud d’honneur avec Miami Golem (La Force invisible). Oublions ce dernier, dont il quittera d’ailleurs la post-production en raison de divergences avec la production, pour se focaliser sur Formule pour un meurtre, qui s’il n’est pas un chef d’oeuvre, n’en reste pas moins honnête dans sa mouture. Certes, ce thriller à tendance giallesque est bien tardif (nous sommes en 1985) et tous les effets sont éculés, mais l’ensemble est suffisamment bien fichu pour que le spectateur ne s’ennuie pas durant 90 minutes. Le cinéphile préférera se souvenir de Formule pour un meurtre plutôt que L’Incroyable homme puma comme film dit testament, dans lequel le réalisateur fait preuve comme souvent d’une solide direction d’acteurs, d’ingéniosité du cadre et du sens du rebondissement multiple. Un au revoir louable de la part d’un des plus grands artisans du cinéma Bis transalpin.

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Test Blu-ray / Special Effects, réalisé par Larry Cohen

SPECIAL EFFECTS réalisé par Larry Cohen, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zoë Lund, Eric Bogosian, Brad Rijn, Kevin O’Connor, Bill Oland, H. Richard Greene, Steven Pudenz, Heidi Bassett…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Michael Minard

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Actrice en herbe originaire de Dallas, Mary Jean Waterman part à New York pour faire carrière, abandonnant son mari, Keefe, et son petit garçon. Bien qu’elle ait changé d’identité pour s’appeler désormais Andrea Wilcox, Keefe finit par la retrouver lors d’une séance de shooting de photos de nu qu’il abrège pour la traquer dans les rues de New York. Elle parvient toutefois à se réfugier chez Christopher Neville, metteur en scène mégalomane qui lui a promis un rôle dans son prochain film. En réalité, la jeune femme s’est jetée dans la gueule du loup…

Nous avons déjà pu dire tout le bien que l’on pensait de Larry Cohen (1936-2019) dans nos articles consacrés à Meurtres sous contrôleGod Told Me To (1976) et L’AmbulanceThe Ambulance (1990), à travers lesquels nous avions passé en revue son parcours et une large partie de sa carrière. C’est donc avec un immense plaisir de parler aujourd’hui de Special Effects, que l’auteur de ces mots ne connaissait même pas avant d’avoir entre les mains l’édition Haute-Définition proposée par Le Chat qui fume. Ce onzième long-métrage mis en scène par Larry Cohen transpire d’amour pour le cinéma de Brian De Palma et intrinsèquement pour Alfred Hitchcock, puisque l’ombre de Sueurs froidesVertigo et par conséquent de Body Double (ainsi que de Pulsions et même de Blow Out) plane sur Special Effects, formidable thriller de série B. Cette véritable pépite bénéficie d’un scénario en béton armé, qui joue avec les nerfs des spectateurs, s’adresse aux cinéphiles et s’amuse à déjouer leurs attentes du début à la fin. C’est aussi l’occasion d’admirer la prestation d’un comédien bien trop souvent oublié, Eric Bogosian, pour la première fois en haut de l’affiche, quatre ans avant le phénoménal Conversations nocturnes Talk Radio d’Oliver Stone, adaptation d’une pièce d’une heure, en fait un monologue écrit et interprété par le comédien, dans laquelle il interprète un animateur de radio qui s’entretient avec les noctambules paumés qu’il ne ménage pas. Comme dans ce dernier, on reste bluffé par le jeu hypnotique d’Eric Bogosian qui bouffe littéralement l’écran, qui rend saisissant son personnage, un homme narcissique, haïssable et monstrueux. Une très grande découverte que ce Special Effects !

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Test Blu-ray / The Video Dead, réalisé Robert Scott

THE VIDEO DEAD réalisé par Robert Scott, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael St. Michaels, Thaddeus Golas, Douglass Bell, Al Millan, Roxanna Augesen, Lory-Michael Ringuette, George Kernan, Rocky Duvall…

Scénario : Robert Scott

Photographie : Greg Becker

Musique : Leonard Marcel, Kevin McMahon & Stuart Rabinowitsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Écrivain de profession, Henry Jordan a la surprise, un jour, de se voir livrer un poste de télévision qu’il n’avait pas commandé. Peu après, il découvre que l’appareil est en fait une sorte de portail permettant aux morts de passer dans le monde des vivants, et très vite, des zombies s’introduisent chez lui et le tuent. La maison trouve rapidement de nouveaux propriétaires : la famille Blair. En l’absence des parents, partis en voyage, les enfants, Zoe et Jeff, commencent à mettre de l’ordre dans la demeure. Ils découvrent le téléviseur dans le grenier, ignorant qu’une horde de zombies va bientôt déferler.

The Video Dead. Réalisé par Robert Scott. Écrit par Robert Scott. Produit par Robert Scott. Avec des acteurs choisis par Robert Scott. Bref, le metteur en scène (qui se nomme Robert Scott donc, vous l’aurez compris) a mis son grain de sel partout dans son seul et unique long-métrage, tourné en 1986 et sorti en 1987, exploité en France sous le titre (raccourci) Video Dead. Rien de plus explicite que ce nom de baptême, nous sommes bien en présence de zombies et non pas d’une cassette VHS, mais d’un film de morts-vivants en N&B intitulé Zombie Blood Nightmare qui passe en boucle sur une vieille télévision…tout irait pour le mieux, si les personnages ne s’étaient pas mis en tête de traverser l’écran pour rendre une petite visite de courtoisie à ceux qui étaient en train de les mater en fumant un pétard. Voilà une série B très intelligente, ambitieuse et prometteuse, qui remplit plus que largement son contrat, tout en réservant de bonnes surprises aux spectateurs et en faisant preuve de beaucoup d’humour. C’est le cas de cette poignée de zombies très bien dépeints, qui se marrent au moment où ils trucident les êtres humains, comme s’ils avaient fait un pari entre eux pour savoir lequel sera le plus inventif pour faire passer leurs victimes de vie à trépas. À ce titre, on retiendra celle mise la tête en bas dans le tambour de la machine à laver, avant d’être essorée comme il le faut, devant des zombies goguenards qui par leur comportement rappellent parfois les Gremlins. Ceux-ci s’en sortent mieux que les comédiens non maquillés, dont le surjeu est assez grandiose. Toujours est-il que The Video Dead (de Robert Scott, mais est-il utile de le rappeler ?) demeure un spectacle ô combien réjouissant, bourré de charme y compris dans ses défauts (on se demande encore pourquoi Jeff apparaît en boitant dans des godillots pourris comme un zombie puisqu’il ne claudique plus tout de suite après), bien emballé avec des effets spéciaux et gore qui participent à cette indéniable réussite.

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Test Blu-ray / L’Abîme – The Rift, réalisé par Juan Piquer Simón

L’ABÎME (The Rift) réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise, Deborah Adair, John Toles-Bey, Ely Pouget, Emilio Linder, Tony Isbert…

Scénario : David Coleman & Colin Wilson, d’après une histoire originale de Juan Piquer Simón & Mark Klein

Photographie : Juan Mariné

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Suite à la disparition du sous-marin nucléaire Siren I, en mission secrète dans le Pacifique, une équipe de secours embarque à bord du Siren II afin de le retrouver et d’en récupérer la boîte noire. Plongeant au fond d’une crevasse, puis empruntant un vaste réseau de tunnels, l’équipage, dirigé par le capitaine Phillips, sera bientôt confronté aux dangers causés par de monstrueuses créatures.

Aaaaah revoilà ce cher Juan Piquer Simón (1935-2011), réalisateur espagnol et pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, sans oublier le mythique Supersonic Man qui surfait sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Début des années 1990, alors qu’Abyss de James Cameron a fait des émules et ce parfois même avant la sortie au cinéma de ce chef d’oeuvre, comme le génial Leviathan de George Pan Cosmatos (à quand en Blu-ray chez nous???), MAL : Mutant aquatique en liberté de Sean S. Cunningham (Vendredi 13 Friday the 13th), ce bon vieux Juan se retrouve aux manettes d’une petite production américaine d’un peu plus d’un million de dollars, The Rift, titre original de L’Abîme, ou bien encore La Grieta comme le film était intitulé dans le pays d’origine de son metteur en scène. Thriller horrifique et fantastique, cette série BZ, terme que l’on utilise pour situer l’entre-deux de cette entreprise tout en reflétant son côté somnifère (surtout dans la première partie), vaut essentiellement pour son bestiaire sympathique et ses effets spéciaux qui ne manquent pas de charme. Si l’on devait vous donner un conseil, persévérez trois bons quarts d’heure (c’est bavard, mais vous allez y arriver), car l’autre moitié du métrage vaut son pesant avec quelques effets gore bien sentis et des trucs dégueulasses avec lesquels vous vous régalerez.

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Test Blu-ray / Scarecrows, réalisé par William Wesley

SCARECROWS réalisé par William Wesley, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Ted Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B.J. Turner, Dax Vernon…

Scénario : William Wesley & Richard Jefferies

Photographie : Peter Deming

Musique : Terry Plumeri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En Floride, cinq mercenaires pénètrent dans un camp militaire, dérobent la solde des soldats de la garnison s’élevant à trois millions de dollars, puis s’emparent d’un avion, prenant en otage le pilote et sa fille. Alors que l’équipage se rend au Mexique, Bert, l’un des voleurs, saute en parachute avec le butin. Le groupe part alors à sa recherche, qui les mène à une ferme abandonnée bordée d’un champ de maïs. Ils ignorent que l’endroit est infesté d’épouvantails maléfiques…

Scarecrows est à ce jour le premier des deux longs-métrages réalisés par le cubain Jose Rolando Rodriguez, qui prendra comme nom d’artiste William Wesley, qui signera donc également Route 666 (2001) avec Lou Diamond Phillips, qui sortira en DVD en France. Mais pour l’heure, c’est Scarecrows qui nous intéresse, qui sera d’ailleurs nommé en 1989 au Festival de Fantasporto. En réalité, même si cette série B est souvent très réussie et possède beaucoup de charme, les participants les plus célèbres ne sont pas devant, mais derrière la caméra, en particulier le directeur de la photographie, qui n’est autre que le grand Peter Deming. Ce dernier démarrait son illustre carrière, peu d’années avant Evil Dead 2 de Sam Raimi et ses collaborations avec David Lynch sur Lost Highway, Mulholland Drive et Twin Peaks : The Return (excusez du peu), mais aussi avec Wes Craven sur La Musique de mon coeur, Scream 2, 3 et 4. Ici, le chef opérateur tentait d’éclairer comme il le pouvait une poignée d’acteurs dans des marais paumés en Floride. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Scarecrows doit beaucoup à Peter Deming. L’image a de la gueule et passe bien les décennies, avec ce parfum forcément reconnaissable des années 1980, ce beau grain parfois appuyé, mais qui flatte les rétines des cinéphiles/ages nostalgiques des spectacles fabriqués avec les moyens du bord, efficacité, intelligence et générosité pour emporter l’adhésion encore aujourd’hui. De l’horreur, gore quand il le faut, drôle aussi avec des dialogues limite ringards (« Ce sont des démons démoniaques ! »), du fantastique, tout cela donne un savoureux mélange, qui est un peu long à décanter, mais dont l’arôme satisfera aisément les pupilles gustatives des amateurs du genre.

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