Test Blu-ray / L’Abîme – The Rift, réalisé par Juan Piquer Simón

L’ABÎME (The Rift) réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise, Deborah Adair, John Toles-Bey, Ely Pouget, Emilio Linder, Tony Isbert…

Scénario : David Coleman & Colin Wilson, d’après une histoire originale de Juan Piquer Simón & Mark Klein

Photographie : Juan Mariné

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Suite à la disparition du sous-marin nucléaire Siren I, en mission secrète dans le Pacifique, une équipe de secours embarque à bord du Siren II afin de le retrouver et d’en récupérer la boîte noire. Plongeant au fond d’une crevasse, puis empruntant un vaste réseau de tunnels, l’équipage, dirigé par le capitaine Phillips, sera bientôt confronté aux dangers causés par de monstrueuses créatures.

Aaaaah revoilà ce cher Juan Piquer Simón (1935-2011), réalisateur espagnol et pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, sans oublier le mythique Supersonic Man qui surfait sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Début des années 1990, alors qu’Abyss de James Cameron a fait des émules et ce parfois même avant la sortie au cinéma de ce chef d’oeuvre, comme le génial Leviathan de George Pan Cosmatos (à quand en Blu-ray chez nous???), MAL : Mutant aquatique en liberté de Sean S. Cunningham (Vendredi 13 Friday the 13th), ce bon vieux Juan se retrouve aux manettes d’une petite production américaine d’un peu plus d’un million de dollars, The Rift, titre original de L’Abîme, ou bien encore La Grieta comme le film était intitulé dans le pays d’origine de son metteur en scène. Thriller horrifique et fantastique, cette série BZ, terme que l’on utilise pour situer l’entre-deux de cette entreprise tout en reflétant son côté somnifère (surtout dans la première partie), vaut essentiellement pour son bestiaire sympathique et ses effets spéciaux qui ne manquent pas de charme. Si l’on devait vous donner un conseil, persévérez trois bons quarts d’heure (c’est bavard, mais vous allez y arriver), car l’autre moitié du métrage vaut son pesant avec quelques effets gore bien sentis et des trucs dégueulasses avec lesquels vous vous régalerez.

Un sous-marin expérimental, le Siren II, avec un équipage expérimenté de l’OTAN, dont Vick, le concepteur de l’appareil, est envoyé pour découvrir ce qui est arrivé au Siren I, porté disparu. Le concepteur du sous-marin blâme les modifications apportées par la société Contek à sa conception originale. Le Siren II est commandé par un officier expérimenté, le capitaine Randolph Phillips. Ils suivent le signal de la boîte noire de Siren I jusqu’à une faille sous-marine, avant de se retrouver entourés d’une mauvaise herbe toxique, bien qu’une scientifique à bord leur affirme que la vie végétale à cette profondeur est impossible. Siren II y échappe en inversant la polarité de la coque. Mais un échantillon se trouve désormais à bord. Plus tard, Siren II fait surface surface dans un labyrinthe de grottes. Les passagers découvrent que Contek s’est en fait engagé dans des expériences de mutations génétiques illégales, qui ont produit une variété de créatures hybrides.

Moui…c’est pô mal…même s’il est certain qu’il ne restera pas grand-chose de The Rift après coup, en dehors de son enchaînement assez cool de séquences sanglantes et brutales. Mais toute l’exposition des personnages demeure tellement maladroite et surtout jamais intéressante, qu’on en vient à trouver le temps long dans les dix premières minutes. Le casting est certes composé d’acteurs chevronnés avec Jack – Je copie le look de Mel Gibson – Scalia (New York, 2 heures du matin d’Abel Ferrara, la série Dallas et une quantité astronomique de séries Z), R. Lee Ermey (le légendaire Gunnery sergeant Hartman de Full Metal Jacket, Mississippi Burning), Ray Wise et son brushing (après RoboCop et juste avant Twin Peaks) qui tape sur son clavier pendant 45 minutes avant de se recoiffer, Deborah Adair (Les Feux de l’amour, Dynastie), mais leurs rôles n’ont guère d’épaisseur et sont à peine esquissés, juste ce qu’il faut pour qu’on parvienne (tout juste) à les identifier, avant de perdre de vue qui est qui quand ils enfilent leur combinaison dans la grotte. Mention spéciale à John Toles-Bey, qui s’acquitte comme il le peut du personnage dit du « black de service », chaud comme la b(r)aise, qui enchaîne les vannes tout en rappelant qu’il est le seul noir du groupe, qu’il ne sait pas nager (sans blague ?), qu’il a tout à apprendre à ses camarades qui ne veulent rien entendre et continuer leur mission en allant au casse-pipe.

On s’amuse tout de même avec la médiocrité des décors en carton-pâte, la musique pouët-pouët de Jerry (faut pas déconner) Joel Goldsmith les costumes peu recherchés (le marcel venait de revenir à la mode grâce à John McClane et tous les mecs ici l’arborent, mais sans la classe de Bruce), les maquettes rudimentaires (avec ce petit pantin inanimé qui sort du sous-marin), ou avec les acteurs qui miment le tangage du submersible en passant du côté droit au côté gauche de l’écran comme dans un épisode Cosmos 1999.

On ne sait pas si cela est volontaire ou non, The Rift fleure bon le spectacle vintage des années 1950-60, comme une adaptation rétro d’un Jules Verne oublié (un des personnages n’est d’ailleurs pas sans rappeler le Capitaine Némo) ou rappelle parfois Le Voyage fantastiqueFantastic Voyage de Richard Fleischer, surtout quand l’équipe déambule en combinaison dans la grotte. Dans les fonds marins, personne ne vous entendra rire. Alors, n’ayez pas honte de le faire devant The Rift, cela fait du bien et passe gentiment le temps.

LE BLU-RAY

Et de trois ! On continue d’explorer le cinéma d’épouvante des années 1980-90 grâce au Chat qui fume, après nos chroniques de Breeders et Scarecrows. Place à The Rift, qui débarque uniquement en Blu-ray, sous la forme d’un boîtier Scanavo, contenant une jaquette au visuel très érectile pour les passionnés du genre. Le menu principal est animé et musical.

Comme sur les deux précédents titres susmentionnés, Damien Granger nous a concocté une très pertinente présentation de The Rift, parvenant en un peu plus de dix minutes à en dire beaucoup plus que certains en une demi-heure voire plus. L’ancien rédacteur en chef de Mad Movies démarre d’emblée en parlant de la mise en chantier du film qui nous intéresse aujourd’hui, qui se situe dans un courant cinématographique centré sur les créatures du monde aquatique initié par Abyss de James Cameron à la fin des années 1980. Après avoir donné quelques titres d’opus sur ce thème, Damien Granger en vient plus précisément à The Rift, en parlant du réalisateur Juan Piquer Simón et de sa carrière, de la genèse du film, des conditions de tournage, du casting, des effets spéciaux et de la seconde partie qui selon-lui vaut à elle seule que l’on y consacre 80 minutes.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Alors, que vaut The Rift en Blu-ray ? Cette nouvelle édition profite tout d’abord à la colorimétrie, notamment en ce qui concerne les décors. Dans le sous-marin, les sources de lumière sont vertes et principalement bleues. Les noirs sont d’une densité rarement démentie, la propreté de la copie est évidente, le grain original est très présent et excellemment géré, les gros plans regorgent de détails. Quelques légers flous sporadiques, mais rien d’important. Dans l’ensemble, (re)voir The Rift dans ces conditions est très impressionnant.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS HD Master Audio 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Le Chat qui fume / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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