MISSISSIPPI BURNING réalisé par Alan Parker, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mai 2020 chez L’Atelier d’Images
Acteurs : Gene Hackman, Willem Dafoe, Frances McDormand, Brad Dourif, Michael Rooker, R. Lee Ermey, Gailard Sartain, Stephen Tobolowsky…
Scénario : Chris Gerolmo
Photographie : Peter Biziou
Musique : Trevor Jones
Durée : 2h07
Date de sortie initiale : 1988
LE FILM
1964. Trois militants d’un comité de défense des droits civiques disparaissent mystérieusement dans l’État du Mississippi. Deux agents du FBI, Ward et Anderson, aux méthodes opposées mais complémentaires sont chargés de l’enquête. Très vite leurs investigations dérangent et des violences sur fond de racisme éclatent dans cette ville où le Ku Klux Klan attise les haines et la violence…
Lorsqu’il réalise Mississippi Burning en 1988, Alan Parker est déjà un cinéaste confirmé avec des films éclectiques. Il commence sa carrière en 1976 avec Du rififi chez les mômes – Bugsy Malone, où il parodie, sous forme d’hommage, les films de gangsters des années 1920/1930, en mettant en scène uniquement des enfants. Deux ans plus tard, sort sur les écrans Midnight Express, film sur l’histoire véridique de William Hayes arrêté et emprisonné en Turquie, qui vaudra à Alan Parker une nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Ensuite, il met en scène le film musical Fame, le drame L’Usure du temps – Shoot the Moon, puis The Wall, fondé sur le double album conceptuel du groupe Pink Floyd, Birdy l’adaptation du roman de William Wharton et enfin Angel Heart avec Robert De Niro et Mickey Rourke.
Mississippi Burning commence par une scène pré-générique saisissante, en plan fixe. Nous pouvons y voir deux fontaines à eau. L’une a un écriteau où l’on peut lire « WHITE » et l’autre un panneau qui mentionne « COLORED ». Deux personnes aux couleurs de peau différentes les utilisent. Cette situation leur paraît tout à fait normale. Cette scène très courte place le film immédiatement dans un contexte historique précis, nous sommes en 1964 dans le Mississippi. Puis, le générique montre une église ravagée par un incendie.
Le film s’inspire en partie des meurtres de la Freedom Summer. James Chaney, Andrew Goodman et Michael Schwerner, trois militants pour les droits civiques, qui voulaient inciter les Afro-Américains à s’inscrire sur les listes électorales, sont assassinés. Dans Mississippi Burning, l’enquête est menée par deux agents du FBI. L’un est interprété par Gene Hackman, proche de la retraite et décontracté. L’autre est joué par Willem Dafoe, un jeune diplômé fonceur et très sérieux. Leurs méthodes sont opposées, ce qui crée parfois des étincelles, mais leurs qualités divergentes se complètent parfaitement. Ces deux acteurs forment un duo magnifique.
En utilisant les procédures classiques, ces deux agents peinent à recueillir les témoignages des habitants du comté de Jessup. Certains restent silencieux pour se protéger et d’autres par peur des représailles. Une ambiance pleine de haine règne. Le racisme et l’intolérance sont superbement retranscrits. Les scènes de massacres des personnes afro-américaines par le Ku Klux Klan sont glaçantes. Les dialogues avec le mot récurrent « nègre » choquent. La réalisation d’Alan Parker est remarquable. Bien que le film ait été réalisé à la fin des années 1980, que l’action se déroule dans les années 1960, il est impossible de ne pas y avoir un écho avec notre actualité. Il est dommage de constater que les problèmes sont toujours présents.
La présence de ces agents du FBI provoque une pagaille dans le comté. Face à l’impunité des crimes, les afro-américains se révoltent, ce qui entraîne une recrudescence de drames. Nos deux agents vont décider d’utiliser des approches peu conventionnelles, mais dont l’efficacité permet d’avoir des résultats. Dans Mississippi Burning, les seconds rôles sont intéressants, puisqu’ils sont tenus par des acteurs dont le visage est familier des cinéphiles. Frances McDormand est connue pour avoir joué dans une grande partie des films des frères Coen, Brad Dourif a interprété le rôle de Billy dans Vol au-dessus d’un nid de coucou – One Flew Over the Cuckoo’s Nest, R. Lee Ermey le fameux sergent Hartman dans Full Metal Jacket, Stephan Tobolowsky l’assureur face à Bill Murray dans Un jour sans fin – Groundgho Day, Michael Rooker qui est Merle Dixon dans la série The Walking Dead et Yondu dans Les Gardiens de la Galaxie – Guardians of the Galaxy. Enfin, dans son tout premier et court rôle au cinéma, vous verrez Tobin Bell qui deviendra plus tard le mythique John Kramer dans la saga Saw. Le casting est tout bonnement incroyable…
Mississippi Burning est un film majeur qui aborde un sujet délicat avec une grande justesse. La réalisation d’Alan Parker a réussi à défier les années écoulées. La distribution est composée d’acteurs talentueux. Pour toutes ces raisons, Mississippi Burning est un chef d’œuvre qui doit être découvert et redécouvert tout comme une grande partie de la filmographie d’Alan Parker qui nous a quittés le 31 juillet 2020.
LE BLU-RAY
Le DVD et le Blu-ray du film Mississippi Burning sont disponibles chez L’Atelier d’Images. Le visuel de la jaquette reprend l’affiche, avec ce gros plan sur les yeux d’un membre du Ku Klux Klan et avec cette phrase d’accroche « Une enquête terrifiante au cœur du Ku Klux Klan ! ». Le menu est légèrement animé, reprenant l’affiche où l’on peut voir des flammes bouger dans les yeux et sonorisé par la musique du film. Le Boîtier est glissé dans un surétui cartonné.
Cette édition est riche en bonus. Vous trouverez tout d’abord une interview d’Alan Parker en VOSTFR (10′) menée par Jean-Pierre Lavoignat et Christophe d’Yvoire, entrecoupée par des extraits du film. Alan Parker revient sur le choix du sujet qui s’inspire d’un fait réel, ce qu’il a voulu raconter, la réception et la controverse à la sortie, la collaboration avec les acteurs, sa vision du métier de réalisateur et analyse certaines scènes.
Les coulisses du tournage (7′) est un superbe document qui montre des images d’archives, où l’on peut voir la réalisation mais aussi des instants captés entre les prises. Dans une interview en VOSTFR, Alan Parker parle des conditions de tournage, du sujet et de sa méthode de travail. Willem Defoe revient sur son jeu d’acteur et sa façon de préparer le rôle. Quant à Gene Hackman, il donne sa vision du personnage et parle de sa collaboration avec Alan Parker.
Une interview en VOSTFR plus récente de Willem Defoe, entrecoupée d’extraits du film (10′) est disponible. Ce dernier raconte son arrivée sur le projet, la raison pour laquelle il a failli refuser de jouer ce personnage, sa collaboration avec Alan Parker et Gene Hackman, ses souvenirs du tournage et son avis sur le sujet du film.
Une autre interview en VOSTFR d’Alan Parker (21′) est aussi présente. Il revient plus en détails sur la naissance du projet, l’évolution du scénario, la recherche des lieux, la constitution du casting, les conditions de tournage, le travail sur les décors, la collaboration avec les acteurs, les techniciens et les producteurs, la réception du film et le regard actuel sur son œuvre.
Dans l’interview du scénariste Chris Gerolmo en VOSTFR (16′), ce dernier raconte son parcours, la naissance de l’idée, l’histoire qui a inspiré le film, l’évolution du scénario, le sujet, la rencontre avec les producteurs, les acteurs qui étaient pressentis ainsi que la critique à la sortie et l’influence de Mississippi Burning sur la réalité.
Des commentaires audio en Dolby Digital du réalisateur Alan Parker sont disponibles en anglais pendant le visionnage du film. Il est malheureusement regrettable de constater qu’aucun sous-titres en français n’ait été mis à disposition, comme il est mentionné sur un texte juste avant le lancement des commentaires. Seuls les spectateurs anglophones peuvent donc apprécier les paroles d’Alan Parker, ce qui est bien dommage pour le public qui ne pratique pas la langue de Shakespeare.
Enfin, les bonus se terminent par les bandes-annonces en VOSTFR des films Mississippi Burning, Ragtime et La Main droite du diable – Betrayed.
L’image et le son
Le film a été restauré en 4K. Cette Haute-Définition offre de bonnes conditions de visionnage avec une image superbe qui se remarque dès le générique, avec l’incendie de l’église. Le travail de restauration est appréciable. Cependant, lors d’une des premières scènes se déroulant la nuit, nous pouvons voir quelques poussières mais qui n’empêchent pas un rendu agréable. Ces parasites sont moins visibles le reste du film, dont l’image a gardé le grain d’époque. Le contraste a été bien travaillé tout comme la luminosité.
Le son en DTS-HD Master Audio Stéréo permet une écoute plaisante du film. Les ambiances ont été respectées. La piste anglaise et la piste française proposent la même qualité. Nous retrouvons d’ailleurs dans le doublage français quelques noms connus dans le domaine qui sont synonymes de qualité. Des sous-titres non imposés sont disponibles sous deux versions : l’une traduisant seulement les textes visibles en anglais et l’autre pour l’intégralité des dialogues.