Test Blu-ray / Pépé le Moko, réalisé par Julien Duvivier

PÉPÉ LE MOKO, réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 octobre 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Gabriel Babrio, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Saturnin Fabre, Marcel Dalio, Charles Granval…

Scénario : Julien Duvivier & Henri La Barthe, d’après le roman de Henri La Barthe

Photographie : Marc Fossard & Jules Kruger

Musique : Mohamed Iguerbouchène & Vincent Scotto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

Réfugié dans la casbah d’Alger, Pépé le Moko chef d’une bande de malfaiteurs, est émerveillé par la beauté d’une jeune femme, Gaby, dont il tombe amoureux. Hélas, leur idylle est de courte durée car Slimane, un indicateur, tend un piège à Pépé pour le faire quitter son repaire…

Parmi les plus grandes collaborations entre Jean Gabin et des metteurs en scène, il y a celle avec Julien Duvivier (1896-1967), qui s’est déroulée sur sept longs-métrages, de Maria Chapdelaine (1934) à Voici le temps des assassins (1956). Pépé le Moko est non seulement l’une de leurs associations les plus célèbres, mais aussi l’un des films les plus emblématiques de toute la carrière prestigieuse du « Vieux ». En l’espace de deux ou trois ans, ce dernier tournera rien de moins que La Belle Équipe (déjà avec Duvivier, qui ne connaîtra pas le même succès que La Bandera), Les Bas-Fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine de Jean Renoir (à qui Pépé le Moko avait tout d’abord été proposé), sans oublier Le Quai des brumes et Le Jour se lève de Marcel Carné. Ça calme. On retrouve donc Jean Gabin dans la peau du « Moko », dérivé du « moco », qui désigne un marin originaire de Toulon et de la Provence, truand qui a débarqué à Alger (ville entièrement reconstituée en studio à Paris) le lendemain de l’attaque d’une bande toulonnaise. Pépé le Moko, d’après le roman de Henri La Barthe, est un huis clos à ciel ouvert, un drame sentimental teinté de thriller, où le monstre du cinéma français, quasiment de tous les plans, ou de toutes les scènes, crève l’écran une fois de plus en créant une nouvelle image de gangster, ou tout du moins héritée du Scarface d’Howard Hawks sorti cinq années auparavant. Passionnant, immersif, à la limite du documentaire quant à la représentation de la Casbah, Pépé le Moko est une étape indispensable et primordiale dans le parcours de tout cinéphile qui se respecte.

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Test Blu-ray / Un si noble tueur – The Gentle Gunman, réalisé par Basil Dearden

UN SI NOBLE TUEUR (The Gentle Gunman), réalisé par Basil Dearden, disponible en combo Blu-ray/DVD le 28 février 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : John Mills, Dirk Bogarde, Robert Beatty, Elizabeth Sellars, Barbara Mullen, Eddie Byrne, Joseph Tomelty, Liam Redmond…

Scénario : Roger MacDougall, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Gordon Dines

Musique : John Greenwood

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

En 1941, un petit groupe d’hommes de l’I.R.A. dépose des bombes dans les stations du métro de Londres. Un membre, Terence, a fini par prendre conscience de la stupidité et de l’inutilité de la violence, et il déserte. Son frère Matt vient alors d’Irlande pour prendre sa place. Après l’arrestation de deux des hommes, Matt, croyant que Terence les trahissait, revient en Irlande et fait son rapport au chef de l’I.R.A., Shinto, et à une femme, partisane fanatique. Elle a aimé Terence mais maintenant elle reporte son amour sur son frère. Lorsqu’ils apprennent que deux prisonniers doivent venir à la prison de Belfast, Shinto projette de les faire échapper.

Noblesse oblige, De l’or en barres, Tueurs de dames, Passeport pour Pimlico, L’Homme au complet blanc, Tortillard pour Titfield, fleurons, monuments de la comédie anglaise des années 1940-50 ont toutes un point commun, elles sortent des Ealing Studios. Cependant, on a tendance à oublier que ces derniers ont toujours su se diversifier. C’est le cas des films de guerre (Un contremaître est allé en France, The Next of Kin, The Bells Go Down, Went the Day Well?) ou même fantastico-horreur (le génial Au coeur de la nuit Dead of Night). Avec près d’une vingtaine d’opus à son actif réalisés pour le compte des Ealing Studios, Basil Dearden (1911-1971), le metteur en scène de Pool of London Les Trafiquants du Dumbar, Police sans arme The Blue Lamp, Le Pas de l’oie The Goose Steps out, où d’ailleurs il ne se cantonne pas au registre comique, est l’un des rares cinéastes sous contrat à faire preuve de diversité. À ce titre, Un si noble tueur The Gentle Gunman, adapté d’une pièce de théâtre de Roger MacDougall, sorti au Royaume-Uni en 1952 (et deux ans plus tard dans nos contrées) est un thriller politique sombre furieusement moderne, pour ne pas dire toujours autant d’actualité. Certes, le film contient quelques touches d’humour étonnantes, qui contrastent avec le reste et servent avant tout de soupapes pour permettre aux spectateurs de reprendre leur souffle, mais Un si noble tueur est un vrai film noir qui se déroule dans le milieu encore rarement exploité au cinéma de l’IRA. Ainsi, bien avant Au nom du père et The Boxer de Jim Sheridan, Michael Collins de Neil Jordan, Ennemis rapprochés d’Alan J. Pakula, Bloody Sunday de Paul Greengrass, Le Vent se lève et Secret défense de Ken Loach, Hunger de Steve McQueen, ‘71 de Yann Demange, évidemment plus tardifs et reconnus, Un si noble tueur se penchait déjà avec réalisme sur le bouillonnement de cette lutte armée. Si Basil Dearden s’inspire vraisemblablement de ce que l’immense John Ford avait fait avant lui avec Le Mouchard The Informer (4 Oscars) en 1935 et The Plough and the Stars l’année suivante, il serait temps de (re)découvrir et surtout de réhabiliter The Gentle Gunman.

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Test DVD / Toni en famille, réalisé par Nathan Ambrosioni

TONI EN FAMILLE, réalisé par Nathan Ambrosioni, disponible en DVD le 10 janvier 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labèque, Oscar Pauleau, Juliane Lepoureau, Catherine Mouchet, Guillaume Gouix…

Scénario : Nathan Ambrosioni

Photographie : Raphaël Vandenbussche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À 42 ans, Toni, de son vrai prénom Antonia, élève seule ses cinq enfants, un véritable travail à temps complet. Ex-vedette de télécrochet dans sa jeunesse, elle chante aussi le soir pour nourrir sa famille. Aujourd’hui, ses deux aînés s’apprêtent à partir à l’université. Toni s’interroge : que deviendra-t-elle quand tous ses enfants auront quitté le nid familial ? Lui est-il encore possible de se réinventer ?

Nathan Ambrosioni n’aura que 25 ans en 2024 et pourtant ce réalisateur autodidacte, devenu le plus jeune metteur en scène à bénéficier de l’avance sur recettes du CNC, a déjà livré deux longs-métrages d’une étonnante maturité. Le premier, Les Drapeaux de papier, sorti en 2018, réunissait Noémie Merlant, Guillaume Gouix, Jérôme Kircher et Alysson Paradis et imposait d’emblée une vraie patte d’auteur. Le second est donc Toni en famille, qui, à l’instar de son film précédent, est mis en scène, écrit et monté par Nathan Ambrosioni. Celui-ci passe la vitesse supérieure et livre une comédie-dramatique aussi drôle que délicate, tendre, percutante et bouleversante, magnifiquement interprétée par Camille Cottin, qui n’en finit plus d’étonner et qui trouve indiscutablement ici l’un de ses plus grands rôles. Elle est par ailleurs excellemment entourée par cinq jeunes acteurs exceptionnels, parmi lesquels se détachent Léa Lopez, également née en 1999, déjà pensionnaire de la Comédie-Française, vue dans les séries Clem et Nina, qui s’impose ici comme une grande révélation. Véritable coup de coeur, Toni en famille, auréolé d’un beau succès critique et public (300.000 entrées) démontre que Nathan Ambrosioni en a sérieusement sous le capot et donne sacrément envie de suivre sa carrière.

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Test 4K UHD / Le Règne animal, réalisé par Thomas Cailley

LE RÈGNE ANIMAL, réalisé par Thomas Cailley, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray/4K UHD le 7 février 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier, Billie Blain, Xavier Aubert, Saadia Bentaïeb, Gabriel Caballero…

Scénario : Thomas Cailley & Pauline Munier

Photographie : David Cailley

Musique : Andrea Laszlo De Simone

Durée : 2h08

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

En 2014 sortait Les Combattants, coup de coeur de l’année, premier long métrage – et César à la clé – réalisé par Thomas Cailley, qui avait tout d’abord reçu un accueil triomphal et unanime lors de sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes où il avait raflé tous les prix : Art Cinema Award de la CICAE, Prix FIPRESCI, Prix SACD, Label Europa Cinemas. Remarqué avec son court-métrage Paris-Shanghai, primé dans de nombreux festivals, Thomas Cailley confirmait avec Les Combattants en signant un véritable coup de maître. Originaire de la région Aquitaine, c’est tout naturellement que le cinéaste pose à nouveau sa caméra au milieu des immenses forêts des Landes pour son retour au cinéma avec Le Règne animal. C’est probablement LE film événement du cinéma français de 2023, dans lequel on retrouve certains motifs des Combattants. C’est encore cette fois la rencontre brutale entre deux éléments contraires, ici les êtres humains et les animaux, les premiers se métamorphosant progressivement en créatures. Malgré leurs différences, une force magnétique attire parfois ces êtres différents, que tout oppose, qui vont apprendre à communiquer, à se reconnaître, à écouter l’autre, à se livrer. Chef d’oeuvre instantané, Le Règne animal est indiscutablement une étape dans le cinéma de genre hexagonal, même si l’on ne saurait réduire ce film ainsi. D’emblée, le fantastique s’inscrit dans un réalisme contemporain, certains êtres humains mutent en animal, c’est ainsi. La moelle, la sève du récit est au coeur des protagonistes. Et c’est un bijou. Tout y est formidable, ambitieux : les comédiens, la mise en scène, le rythme, l’humour, le spleen, sa liberté de ton, sa sensibilité à fleur de peau, la photographie (signée David Cailley, frère du cinéaste), la musique d’Andrea Laszlo De Simone. « Voilà un vrai auteur français à suivre de près » écrivait l’auteur de ces mots il y a dix ans. La durée de la chrysalide pour Thomas Cailley pour prendre définitivement son envol.

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Test Blu-ray / Le Prince et le Pauvre, réalisé par Richard Fleischer

LE PRINCE ET LE PAUVRE (Crossed Swords – The Prince and the Pauper), réalisé par Richard Fleischer, disponible en combo Blu-ray/DVD le 31 janvier 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Oliver Reed, Raquel Welch, Mark Lester, Ernest Borgnine, George C. Scott, Rex Harrison, David Hemmings, Harry Andrews…

Scénario : Berta Domínguez D., Pierre Spengler & George MacDonald Fraser, d’après le roman de Mark Twain

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un jeune voleur, pour échapper à la police, escalade un mur et se retrouve face à face avec le prince Edward, dont il est le parfait sosie. Pour une nuit, les deux garçons vont échanger leur vie. Mais il est aussi difficile pour le prince de se retrouver dans la rue que pour le pauvre d’être au palais !

Quand il réalise Le Prince et le PauvreThe Prince and the Pauper (ou bien encore Crossed Swords aux États-Unis) en 1977, Richard Fleischer a déjà trente ans de cinéma derrière-lui et amorce la toute dernière partie de sa carrière. Deux ans après le terrible échec critique de l’extraordinaire Mandingo, le cinéaste, qui était alors toujours en quête de reconnaissance et qui misait sur ce film qu’il attendait comme étant celui qu’il avait voulu faire toute sa vie, dépose les armes et retourne à son « simple » statut de metteur en scène, à défaut d’être considéré comme un auteur. Il enchaîne avec un biopic consacré à Sarah Bernhardt, The Incredible Sarah, interprété par Glenda Jackson, puis il est appelé par les producteurs Pierre Spengler et Ilya Salkind, qui avaient financé l’étonnant Kill de Romain Gary et qui prévoyaient de monter un budget conséquent pour Superman, pour prendre les manettes du Prince et le Pauvre. Ilya Salkind et son père Alexander avaient connu deux triomphes dans le monde entier avec Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady, divertissements quasi-anachroniques, qui avaient pourtant explosé le box-office aussi bien en Europe que sur le sol américain. La tentation était trop grande de surfer sur ce genre inattendu et cette adaptation du roman de Mark Twain, écrite par le même scénariste George MacDonald Fraser, tombait à point nommé. S’il ne fait pas et ne fera jamais partie des films les plus célèbres de Richard Fleischer, Le Prince et le Pauvre n’en reste pas moins un spectacle mené à cent à l’heure, porté par un casting exceptionnel (en dehors de Mark Lester certes, nous y reviendrons) et marqué par des scènes d’action solidement emballées par un artiste et artisan, qui s’il avait dû mettre ses ambitions de côté, n’a jamais renié son travail et s’est toujours acquitté élégamment de la tâche qui lui était confiée.

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Test Blu-ray / Nous nous sommes tant aimés, réalisé par Ettore Scola

NOUS NOUS SOMMES TANT AIMÉS (C’eravamo tanto amati), réalisé par Ettore Scola, disponible en combo Blu-ray/DVD le 6 décembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli, Stefano Satta Flores, Giovanna Ralli, Aldo Fabrizi, Mike Bongiorno, Federico Fellini, Marcello Mastroianni…

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli & Ettore Scola

Photographie : Claudio Cirillo

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Trois camarades, frères d’armes pendant la résistance, attachés au même idéal de justice et de progrès social, célèbrent la fin de la guerre et la chute du fascisme en Italie. Gianni termine ses études de droit à Rome. Nicola enseigne dans un lycée de province. Antonio se retrouve modeste brancardier-infirmier. C’est une période d’espoir et d’euphorie…

« On se reverra dans 25 ans, donc plus jamais. ».

C’est un film culte, un vrai, un mythe, un monument, sans qui le cinéma italien ne serait pas tout à fait le même et qui a d’ailleurs servi de modèle pour ceux qui ont suivi. Nous nous sommes tant aimésC’eravamo tanto amati est ce que l’on peut qualifier de miracle de cinéma, celui qui happe le spectateur, le prend par la main pour lui faire traverser l’écran, derrière lequel on se place en tant que témoin des multiples événements qui surviennent au fil des trente années qui nous sont contées. Avec ce dixième long-métrage, qui devait alors rencontrer un succès international, Ettore Scola (1931-2016) devait entrer définitivement dans la légende du septième art transalpin. Merveilleusement interprété par le quatuor Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli et Stefano Satta Flores (mais pas que), Nous nous sommes tant aimés est un chef d’oeuvre auquel on revient sans cesse, on fait référence, auprès duquel on se réfugie en cas de coup de mou, qui revigore. Rollercoaster émotionnel dont on ressort le coeur gros et l’esprit apaisé, C’eravamo tanto amati paraît inépuisable, le spectateur découvrant alors de nouvelles choses au fur et à mesure qu’il prend de l’âge lui-même et se rend compte du temps qui passe ou plutôt qui a passé. La poésie de la mélancolie. Capolavoro.

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Test Blu-ray / Le 4e pouvoir, réalisé par Serge Leroy

LE 4e POUVOIR, réalisé par Serge Leroy, disponible en combo Blu-ray/DVD le 29 novembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Philippe Noiret, Nicole Garcia, Roland Blanche, Michel Subor, Toni Cecchinato, Jean Lescot, François-Eric Gendron, Pierre Fabien, Pascal Légitimus, Jean-Claude Brialy…

Scénario : Serge Leroy, Yonnick Flot & Françoise Giroud

Photographie : André Domage

Musique : Alain Bashung & Juan José Mosalini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Présentatrice vedette du journal télévisé, Catherine Carré est confrontée à l’enlèvement de Yves Dorget, un journaliste qu’elle a aimé jadis. Mêlé à de dangereuses affaires, Yves a besoin d’aide.

C’est toujours avec un plaisir de se replonger dans l’oeuvre de Serge Leroy (1931-1993), réalisateur du mythique La Traque (1975), du polar burné Légitime violence (1982), sans oublier d’un des opus d’Alain Delon les plus singuliers et jouissifs, Attention, les enfants regardent (1978). Également le metteur en scène du Mataf (1973) et des Passagers (1977), Serge Leroy mérite d’être reconsidéré dans l’histoire du cinéma français et son travail, que l’on peut rapprocher de celui d’Yves Boisset, d’être réhabilité. En 1985, il connaît l’un de ses plus grands succès avec Le Quatrième pouvoir, dans lequel il exploite son passé dans le documentaire et surtout de journaliste, puisqu’il s’intéresse à la presse. S’il coécrit le film avec Yonnick Flot, c’est la journaliste Françoise Giroud qui se charge des dialogues, assurant ainsi une authenticité recherchée et à laquelle le cinéaste tenait particulièrement. Si le scénario lui-même n’est pas transcendant et même disons-le prévisible, Le Quatrième pouvoir vaut pour ses deux formidables têtes d’affiche, Philippe Noiret et Nicole Garcia, dont l’alchimie est évidente, vibrante, totale, qui sont eux-mêmes épaulés par une distribution haut de gamme. Pas inoubliable, mais un bon moment et dont le message n’a évidemment pas vieilli.

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Test DVD / Une nuit, réalisé par Alex Lutz

UNE NUIT réalisé par Alex Lutz, disponible en DVD le 8 novembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Karin Viard, Alex Lutz, Jérôme Pouly, Noémie De Lattre, Kenza Fortas, Nicole Calfan, Marco Luraschi, Fanny Gutking…

Scénario : Alex Lutz, Karin Viard & Hadrien Bichet

Photographie : Éponine Momenceau

Musique : Vincent Blanchard

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Paris, métro bondé, un soir comme les autres.
Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite, le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.
La nuit, désormais, leur appartient.
Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?

En dépit de l’échec public de son second long-métrage comme réalisateur, avec seulement 175.000 entrées, mais porté par une critique élogieuse, Alex Lutz s’était vu décerner en 2018 le César du meilleur acteur pour Guy. Ce très beau film sur un chanteur populaire en fin de carrière était on ne peut plus prometteur et on attendait le retour d’Alex Lutz derrière la caméra. « Et là, c’est le drame » comme dirait l’autre. Une nuit, écrit, interprété et produit par le comédien/metteur en scène avec Karin Viard, est une véritable catastrophe industrielle, une compilation de tous les tics possibles et imaginables du cinéma d’auteur français, un amoncellement de clichés, aussi bien sur le fond que sur la forme. Rien, absolument rien ne fonctionne dans Une nuit et ce dès la toute première scène, celle de l’altercation dans le métro entre un homme et une femme, qui après s’être engueulés devant tout le monde, se mettent à baiser dans une cabine de photomaton, avant de se mettre à parler de tout, de la vie, de l’alchimie entre les êtres humains, du temps qui passe…Cela se voudrait spontané, mais aucune réplique ne tombe juste, tout y est boursouflé, pédant, crétin et surtout irritant. Attention, Karin Viard et Alex Lutz ne sont pas mauvais, bien sûr que non, c’est juste que les personnages semblent constamment déconnectés des réalités et que leurs sujets de conversation n’ont aucun intérêt et paraissent avoir été créés par une intelligence artificielle à laquelle on aurait demandé de créer des dialogues Kamoulox. On ne sait pas si Alex Lutz avait des choses à régler après l’engouement de la profession pour Guy et l’obtention du Saint Graal aux Césars (surtout quand on avait en face Denis Ménochet pour Jusqu’à la garde, Gilles Lellouche pour Pupille et Romain Duris pour Nos batailles), toujours est-il qu’Une nuit fait penser à un énorme ego-trip pensé pour et uniquement ses deux têtes d’affiche. Circulez, y’a rien à voir !

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Test Blu-ray / L’Enquête est close – Circle of Danger, réalisé par Jacques Tourneur

L’ENQUÊTE EST CLOSE (Circle of Danger), réalisé par Jacques Tourneur, disponible en combo Blu-ray/DVD le 27 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Ray Milland, Patricia Roc, Marius Goring, Hugh Sinclair, Naunton Wayne, Edward Rigby, Marjorie Fielding, John Bailey…

Scénario : Philip MacDonald

Photographie : Oswald Morris

Musique : Robert Farnon

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

À la fin de la seconde guerre mondiale, Clay Douglas, citoyen américain, enquête sur la mort de son jeune frère, Hank, tué d’une balle alors qu’il combattait aux côtés des forces britanniques. Pour Clay, le tir ne venait pas des lignes allemandes mais bien du commando dont Hank était membre. Du Pays de Galles à l’Angleterre en passant par l’Écosse, Clay tente de retrouver la trace des membres survivants pour comprendre ce qui a pu se passer.

Du cinéaste franco-américain Jacques Tourneur, on connaît surtout Cat People (La Féline, 1942), Vaudou (I walked with a zombie, 1943) ou encore The Leopard Man (1943), emblèmes flamboyants du cinéma fantastique de l’âge d’or. Nettement moins ses films policiers, genre auquel Circle of danger semble appartenir. En apparence seulement. Car sous les oripeaux formels d’une enquête classique, voilà en réalité une comédie romantique qui ne dit pas son nom. C’est bien là la principale surprise d’un film qui nous en ménage une autre, et de taille, dans ses ultimes minutes. De fait, le protagoniste interprété par Ray Milland va au cours de son investigation en terres britanniques, faire la rencontre d’une illustratrice écossaise, Elspeth (Patricia Roc). Bien davantage que les membres du commando dont Clay remonte progressivement la piste, la jeune femme devient le pivot du récit, lequel prend une tournure sentimentale totalement décalée. Ce qui intéresse ici Jacques Tourneur, est donc autant l’évolution de l’enquête que la relation entre Clay et Elspeth, marquée par une série de rendez-vous manqués plutôt cocasse. Mais dans la résolution du meurtre comme dans les prémices de l’histoire d’amour, Jacques Tourneur déroule un seul et même fil rouge : la thématique du temps. Clay passe ainsi une bonne partie du sien à demander l’heure à ses interlocuteurs pour s’assurer de ne pas arriver en retard à ses rendez-vous avec Elspeth (le seul ressort comique du film consistant à le faire invariablement échouer). Entre l’obsession de la vérité et la liaison naissante, l’incompatibilité est manifeste et l’urgence signifiée : Tourneur filme explicitement les montres, les horloges et les injonctions verbales à l’empressement (tel personnage somme Clay de se dépêcher s’il ne veut pas rater son train, un autre lui demande d’abréger leur discussion car il manque de temps, Elspeth semble avoir toujours un pays d’avance sur Clay lors de leurs déplacements simultanés). Confère également cette scène magnifique où le couple en devenir se tient sur une falaise face à la mer, en réalité – trucage typique de l’époque – la photo en trompe-l’oeil d’un paysage écossais où rien, à part les acteurs, ne bouge. Ni les nuages ni les vagues. Et soudain… le silence. Tourneur utilise ici de façon très consciente l’artificialité de son décor non seulement à des fins techniques, mais aussi au profit de ce qu’il raconte : littéralement, il suspend le temps et invite les deux personnages (et le spectateur) au sursis.

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Test Blu-ray / Farang, réalisé par Xavier Gens

FARANG réalisé par Xavier Gens, disponible en DVD & Blu-ray le 8 novembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Nassim Lyes, Loryn Nounay, Olivier Gourmet, Chananticha Tang-Kwa, Vithaya Pansringarm, Sahajak Boonthanakit, Yothin Udomsanti, Boonsong Nakphoo…

Scénario : Xavier Gens, Magali Rossitto, Stéphane Cabel & Guillaume Lemans

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jean-Pierre Taïeb

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sam est un détenu exemplaire. À quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidûment sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.

C’est du brutal comme dirait l’autre. Xavier Gens revient en forme avec Farang, son septième long-métrage, thriller d’action très violent, sanglant, pour ne pas dire gore dans certaines séquences, qui s’impose d’ores et déjà comme l’un des indispensables de l’année 2023. Après avoir bossé sur plusieurs épisodes de la série Gangs of London, créée par Gareth Evans, le réalisateur qui nous avait déjà récemment captivé avec son formidable Cold Skin et bien fait marrer avec son unique comédie Budapest, déploie une sacrée maturité de mise en scène, nourrie de sa collaboration avec le cinéaste de The Raid et de sa suite. Car Farang est on peut le dire « un putain de bon film d’action », très contemporain dans sa forme, avec cependant un montage toujours lisible et percutant, mais qui renvoie aussi au genre des années 1980-90, le cinéma HK bien sûr, mais également celui de Jean-Claude Van Damme et consorts que les spectateurs allaient voir pour se rincer le cerveau. Magistralement réalisé, mené sans aucun temps mort pendant 1h40, Farang révèle aussi et surtout un comédien au charisme magnétique et exceptionnel dans les scènes de bastons (on se souviendra longtemps de l’époustouflante et immersive scène de l’ascenseur), Nassim Lyes, vu dans le sensible 16 ans de Philippe Lioret (mais aussi dans le navrant Kandisha du tandem Maury/Bustillo, mais mieux vaut oublier), qui avait démarré au cinéma en 2011 dans le méconnu Mineurs 27 de Tristan Aurouet, aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Gilles Lellouche. Si celui-ci aura aussi bossé avec Nicolas Boukhrief (Made in France) et Olivier Marchal (Overdose), il lui aura fallu attendre l’âge de 35 ans pour se voir proposer enfin un rôle à la mesure de ses capacités physiques, tout en dévoilant une large palette. Ses scènes face à l’imposant Olivier Gourmet sont sans doute les meilleures. Nassim Lyes porte solidement le film sur ses épaules et les fans d’action sauront accueillir Farang comme il se doit, après un passage timide dans les salles françaises où il n’aura attirer que 170.000 spectateurs. Depuis, le bouche-à-oreille fait carton plein et Farang jouit d’une seconde vie hautement méritée.

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