Test Blu-ray / Le Retour des morts vivants 3, réalisé par Brian Yuzna

LE RETOUR DES MORTS VIVANTS 3 (Return of the Living Dead 3) réalisé par Brian Yuzna, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Melinda Clarke, J. Trevor Edmond, Kent McCord, Basil Wallace, James T. Callahan, Sarah Douglas, Abigail Lenz, Jill Andre…

Scénario : John Penney

Photographie : Gerry Lively

Musique : Barry Goldberg

Durée : 1h37

Année de sortie : 1993

LE FILM

Curt Reynolds et Julie Walker mènent le parfait amour lorsqu’un accident de la route s’avère fatal pour la jeune femme. Curt emmène alors le corps de sa fiancée dans une base militaire dirigée par son père. Dans ce lieu hautement secret sont menées des expériences visant à ramener des cadavres à la vie au moyen d’un gaz nommé Trioxine. Si Curt parvient à réanimer sa bien-aimée, celle-ci se transforme peu à peu en zombie avide de chair humaine. Semant la terreur dans la ville, Julie trouve dans l’automutilation le moyen de canaliser ses pulsions cannibales…

En 1985, Le Retour des morts-vivantsThe Return of the Living Dead sort quelques semaines avant Le Jour des morts-vivantsDay of the Dead de George A. Romero. Réalisé par Dan O’Bannon, scénariste de Dark Star de John Carpenter (1974), d’Alien, le huitième passager de Ridley Scott (1979), de Tonnerre de feu de John Badham (1983) et plus tard de Lifeforce (1985) et de L’Invasion vient de Mars (1986) de Tobe Hooper, sans oublier Total Recall de Paul Verhoeven (1990) et Planète hurlante de Christian Duguay (1995), ce « Retour » mise avant tout sur l’humour, mais n’oublie pas d’effrayer (gentiment) les spectateurs qui sont venus avant tout pour se distraire, avoir peur et s’amuser. Mission accomplie puisque non seulement Le Retour des morts-vivants sera un bien plus grand succès que Le Jour des morts-vivants en rapportant le double de dollars au box-office, mais il est aussi devenu instantanément culte. Référence du film de genre mêlant humour et gore, qui n’aura de cesse d’inspirer moult cinéastes (Edgar Wright pour Shaun of the Dead, Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer), graphique, cartoonesque et au final aussi expédié que pessimiste, Le Retour des morts-vivants a donc tout à fait sa place aux côtés des opus mythiques du genre. On ne peut pas en dire autant du Retour des morts-vivants 2 réalisé par Ken Wiederhorn (Appels au meurtre), au succès commercial très modéré et qui aura déconcerté moult spectateurs en raison de son humour potache. Changement de main et de ton pour Le Retour des morts-vivants 3 qui déboule sur les écrans en 1993 aux Etats-Unis.

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Test Blu-ray / Vigilante – Justice sans sommation, réalisé par William Lustig


VIGILANTE – JUSTICE SANS SOMMATION (Vigilante) réalisé par William Lustig, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Robert Forster, Fred Williamson, Richard Bright, Rutanya Alda, Don Blakely, Joseph Carberry, Willie Colón, Joe Spinell, Carol Lynley, Woody Strode, Vincent Beck…

Scénario : Richard Vetere

Photographie : James Lemmo

Musique : Jay Chattaway

Durée : 1h29

Année de sortie : 1983

LE FILM

Après le meurtre de son fils et les violences faites à sa femme, un modeste électricien rejoint la milice de son quartier à laquelle il avait toujours refusé sa participation.

« Je ne sais pas pour vous les gens, mais moi j’en ai jusque-là ! »

William Lustig démarre sa carrière en réalisant quelques films pornographiques sous le nom de Billy Bag. Hot Honey (1977) et The Violation of Claudia (1978) ne resteront pas dans les mémoires, ou uniquement dans celles de ceux qui auront côtoyé les salles spécialisées dans quelques quartiers mal famés de New York. Maniac, son premier véritable long métrage devient un phénomène mondial. Son comédien, scénariste et producteur Joe Spinell devient une icône de l’épouvante et le film lance le cinéaste. Il faudra toutefois attendre 1983 pour que William Lustig livre son deuxième film. Ce sera Vigilante, plus connu en France sous le titre Vigilante, justice sans sommation, qui sera un gigantesque succès dans les vidéoclubs hexagonaux. L’action se déroule toujours à New York et le cinéaste s’intéresse cette fois à l’autodéfense apparue dans les rues devenues mal famées (plus de deux millions d’armes illégales sont en circulation), où les habitants avaient fini par s’entraider, ne pouvant plus compter sur les forces de l’ordre pour les défendre face à la criminalité toujours en hausse. Les new-yorkais avaient créé leur propre police de quartier, n’hésitant pas à avoir recours à quelques méthodes expéditives. Un sujet qui revenait de droit à William Lustig, qui signe ici un de ses meilleurs films, peut-être le plus grand de sa carrière.

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Test Blu-ray / Montclare: Rendez-vous de l’horreur – Next of Kin, réalisé par Tony Williams

MONTCLARE: RENDEZ-VOUS DE L’HORREUR (Next of Kin) réalisé par Tony Williams, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Jacki Kerin, John Jarratt, Alex Scott, Gerda Nicolson, Charles McCallum, Robert Ratti, Vince Deltito, Tommy Dysart, Debra Lawrance…

Scénario : Tony Williams & Michael Heath

Photographie : Gary Hansen

Musique : Klaus Schulze

Durée : 1h29

Année de sortie : 1982

LE FILM

Non contente de décéder, la mère de Linda lègue à sa fille une maison de retraite d’allure vaguement victorienne. L’héritière débarque sur place, retrouve le journal intime de sa mère, tombe sur ces quelques lignes : « Il y a quelque chose de diabolique dans cette maison, quelque chose qui y vit et respire le même air que nous ». De fait, les morts mystérieuses commencent à s’y multiplier.

Plus connu en France sous le titre Next of Kin, cousins de sang, ou bien encore Montclare: Rendez-vous de l’horreur (pour sa sortie en VHS), Next of Kin est l’une des rares incursions au cinéma du réalisateur néo-zélandais Tony Williams. Venu du montage, également directeur de la photographie, il se lance dans la mise en scène au début des années 1970 avec la série Survey, avant de se spécialiser dans le domaine du documentaire (The Hum, Lost in the Garden of the World). Il signe son premier long métrage Solo en 1978, puis enchaîne avec Next of Kin, thriller mystérieux sous tension teinté d’horreur et de suspense, largement influencé par le cinéma européen. Si l’on se laisse emporter par son rythme languissant, alors Montclare: Rendez-vous de l’horreur est une belle expérience cinématographique emblématique de la Ozploitation, qui vaut notamment le détour pour l’impeccable interprétation de son actrice principale, Jacki Kerin.

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Test Blu-ray / Fair Game, réalisé par Mario Andreacchio

FAIR GAME réalisé par Mario Andreacchio, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Cassandra Delaney, Peter Ford, David Sandford, Garry Who, Don Barker, Carmel Young, Adrian Shirley, Tony Clay…

Scénario : Rob George

Photographie : Andrew Lesnie

Musique : Ashley Irwin

Durée : 1h26

Année de sortie : 1986

LE FILM

Jessica vit seule avec Ted dans un coin retiré du sud de l’Australie, où ils sont en charge d’une réserve naturelle. Dans ce cadre idyllique, son compagnon s’étant absenté pour une conférence, sa quiétude est compromise par l’arrivée d’un trio de chasseurs de kangourous. Lorsque les trois rustres croisent la route de la jeune femme, ils voient en elle un gibier de choix. S’engage alors un jeu du chat et de la souris entre les prédateurs et leur proie. Pour Jessica, le plus important va désormais se résumer à un mot : survivre !

C’est comme qui dirait une décharge d’adrénaline étalée sur 86 minutes. Un pied monumental que l’on prend du début à la fin, une expérience jouissive et un divertissement haut de gamme. Fair Game du réalisateur, scénariste, comédien, producteur et monteur australien Mario Andreacchio (né en 1955) est un modèle de série B. A ne pas confondre avec les autres films du même nom, celui de 1995 d’Andrew Sipes avec Cindy Crawford et William Baldwin, ou bien encore celui réalisé en 2010 par Doug Liman avec Naomi Watts et Sean Penn, le Fair Game qui nous intéresse ici est un chaînon manquant entre les Mad Max de Georges Miller et le cultissime Réveil dans la terreurWake in fright (ou bien encore Outback) de Ted Kotcheff (Rambo) qui avait secoué l’Australie en 1971. Autant dire que ce trip qui sent la sueur et la crasse vaut le détour, d’autant plus que l’actrice principale Cassandra Delaney s’avère bad-ass à souhait et sa ressemblance physique avec Linda Hamilton est souvent troublante.

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Test Blu-ray / La Nuit de la mort, réalisé par Raphaël Delpard

LA NUIT DE LA MORT réalisé par Raphaël Delpard, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Isabelle Goguey, Charlotte de Turckheim, Michel Flavius, Betty Beckers, Jean Ludow, Jeannette Batti, Michel Debrane, Germaine Delbat, Georges Lucas, Denise Montréal…

Scénario : Raphaël Delpard, Richard Joffo

Photographie : Marcel Combes

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 1h34

Année de sortie : 1980

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Test Blu-ray / La Saignée, réalisé par Claude Mulot

LA SAIGNÉE réalisé par Claude Mulot, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Bruno Pradal, Charles Southwood, Gabriele Tinti, Ewa Swann, Patti D’Arbanville, Claude Cerval, Sydney Chaplin, Jean Eskenazi, Pierre Vassiliu, Francis Lemonnier, Françoise Prévost, Gérard Croce…

Scénario : Albert Kantof, Claude Mulot, Edgar Oppenheimer

Photographie : Roger Fellous

Musique : Eddie Vartan

Durée : 1h25

Année de sortie : 1971

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Test 4K-UHD / La Rose écorchée, réalisé par Claude Mulot

LA ROSE ÉCORCHÉE réalisé par Claude Mulot, disponible en combo Blu-ray/DVD/4K-UHD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Philippe Lemaire, Anny Duperey, Elizabeth Teissier, Olivia Robin, Michèle Perello, Valérie Boisgel, Jean-Pierre Honoré, Gérard-Antoine Huart, Jacques Seiler, Michel Charrel, Howard Vernon…

Scénario : Claude Mulot, Edgar Oppenheimer, Jean Larriaga

Photographie : Roger Fellous

Musique : Jean-Pierre Dorsay

Durée : 1h34

Année de sortie : 1970

LE FILM

Le peintre Frédéric Lansac vit un amour idyllique auprès d’Anne dans leur château isolé au centre de la France lorsqu’un drame vient briser brutalement cette passion. Grièvement brûlée, l’épouse de Lansac est défigurée, sans espoir de guérison. Jusqu’au jour où un chirurgien accepte de lui redonner un visage. Mais pour que l’opération réussisse, la donneuse doit être sacrifiée… 

Nourri au cinéma de genre, cinéphage, le réalisateur Claude Mulot (1942-1986) aura réussi à marquer les spectateurs passionnés par les films Bis en une poignée de longs métrages d’exploitation. Egalement connu sous le pseudonyme Frédéric Lansac (nom repris du personnage principal de La Rose écorchée) par les plus polissons d’entre nous avec ses œuvres intitulées Les Charnelles (1974), Le Sexe qui parle (1975) ou bien encore La Femme-objet (1981) avec la sublimissime Marilyn Jess, Claude Mulot démarre sa carrière en 1968 avec la comédie coquine Sexyrella. Mais c’est en 1970 qu’il signe ce qui restera son chef d’oeuvre, La Rose écorchée. Sous ce titre, le cinéaste livre un film d’épouvante imprégné de l’oeuvre de Georges Franju, Les Yeux sans visage, mais aussi du cinéma gothique transalpin et même des opus de la Hammer. Sans oublier une petite touche de Psychose d’Alfred Hitchcock avec ce qui concerne le personnage de la soeur. Merveille visuelle et animée par un amour incommensurable pour le septième art, La Rose écorchée est aujourd’hui considérée comme une pierre angulaire du cinéma de genre hexagonal, qui a aussi révélé une magnifique comédienne, Annie Duperey.

Après avoir mené une vie dissolue, le peintre Frédéric Lansac, adulé du Tout-Paris, épouse la jeune Anne dont il est tombé éperdument amoureux. Quelques mois de bonheur, puis le drame : Anne, est atrocement défigurée dans un accident provoqué par une ancienne maîtresse de Lansac. Anne vit dès lors recluse dans son château. Jalouse de la beauté d’Agnès, son infirmière, elle la tue. Aveuglé par son amour, Lansac enterre le corps. Il découvre que le mystérieux Romer, embauché par son associé, est un chirurgien rayé de l’ordre qui refait les visages des criminels recherchés. Par le chantage, il le convainc d’opérer son épouse : tenter la greffe d’un visage entier sur une… écorchée vive ! La victime désignée sera Barbara, la sœur d’Agnès, venue enquêter sur sa disparition.

Le cinéma de Claude Mulot ne cesse d’alterner scènes kitsch et séquences virtuoses. La balance penche d’ailleurs largement plus vers le second côté. Le scénariste et complice de Max Pécas sur le très beau Je suis une nymphomane (1971), puis sur les films estampillés « Dimanche soir sur M6 » Embraye bidasse… ça fume (1978), On est venu là pour s’éclater (1979), Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu (1980) et On se calme et on boit frais à Saint-Tropez (1987) ne cesse de flatter les sens du spectateur en quête d’émotions fortes et de frissons.

La Rose écorchée est avant tout divinement photographié par le chef opérateur Roger Fellous (1919-2006), complice de Claude Mulot, tout autant inspiré que le réalisateur par les éclairages d’Arthur Grant et Jack Asher qui ont contribué à la postérité des films de Terence Fisher et de Freddie Francis. A l’écran, les décors, en particulier la demeure de Lansac, flottant dans une brume quasi-surréaliste, prennent une dimension unique, tout comme les intérieurs, inquiétants et stylisés. La Rose écorchée est également l’une des premières apparitions au cinéma d’Anny Duperey, qui n’avait alors participé qu’à Deux ou trois choses que je sais d’elle (1967) de Jean-Luc Godard, Sous le signe de Monte-Cristo (1968) d’André Hunnebelle et dans le sketch de Roger Vadim Metzengerstein du film-collectif Histoires extraordinaires, co-réalisé avec Federico Fellini et Louis Malle en 1968. Claude Mulot et Roger Fellous impriment la beauté juvénile de la comédienne âgée de 22 ans. Elle crève ainsi l’écran dans la première partie de La Rose écorchée, avant que son personnage soit défiguré par les flammes au cours d’un accident. Le film qui prenait alors la forme d’une histoire d’amour passionnée teintée d’érotisme (quelques plans dénudés ravissent les yeux), dévie alors vers le cinéma d’horreur où les protagonistes, reclus sur eux-mêmes, peinent à calmer les ardeurs de leurs deux serviteurs de petite taille, jusqu’à la rencontre inespérée avec un chirurgien singulier, spécialiste de la reconstruction du visage, auquel Howard Vernon prête ses traits particuliers.

Outre le jeu inspiré de Philippe Lemaire (1927-2004), ancien jeune premier des années 1950, notamment vu dans deux Angélique, la grande réussite des partis pris (la vue subjective brouillée d’Anne), La Rose écorchée bénéficie également d’un atout de taille, la composition de Jean-Pierre Dorsay qui nimbe chaque scène d’une aura sensuelle et mystérieuse.

Chef d’oeuvre poétique, baroque et macabre, pour ainsi dire avant-gardiste et porté par une immense passion contagieuse pour le cinéma, La Rose écorchée marque les esprits de façon indélébile. L’année suivante, Claude Mulot s’attaquera au thriller avec autant d’inspiration que de réussite. Ce sera La Saignée.

LE COMBO

A l’heure où nous écrivons cette chronique, l’édition limitée à 1500 exemplaires de La Rose écorchée comprenant le disque UHD, le Blu-ray et le DVD est épuisée. Franchement, on reste pantois devant la beauté de cet objet, magnifié une fois de plus par le travail de Frédéric Domont. Tel un écrin, le Digipack à 3 volets, est délicatement glissé dans un surétui cartonné du plus bel effet. Comme l’indique Le Chat qui fume, l’édition Blu-ray et 4K est une première mondiale. Le menu principal est animé et musical sur le Blu-ray et le DVD. Pas de menu pour l’édition 4K.

Cette magnifique édition qui s’impose comme l’une des plus dingues de l’année 2019, s’accompagne d’entretiens absolument passionnants, très bien menés, qui rendent hommage à quelques hommes de l’ombre qui ont participé à l’immense réussite du film de Claude Mulot.

Tour à tour, le producteur et scénariste Edgar Oppenheimer (25’30), le caméraman Jacques Assuérus (35’), Hubert Baumann (régisseur) et son frère Georges (11’30) alors assistant-réalisateur, sans oublier la légendaire Brigitte Lahaie (9’30) non-mentionnée sur la jaquette, reviennent avant tout sur Claude Mulot et sur sa passion pour le cinéma.

Le premier intervenant se souvient de son coup de foudre pour Claude Mulot, de leur grande amitié, de son professionnalisme. Puis, Edgar Oppenheimer évoque les démêlés avec la censure puisque le film avait été considéré comme « une atteinte aux bonnes mœurs » et à un « appel à la débauche » ! S’ensuit le coup de chance survenu lors d’une projection de La Rose écorchée, qui n’avait pas trouvé de distributeur, qui a attiré la curiosité d’un passant, en réalité le président de la Allied Artists ! Après avoir découvert le film, ce dernier décide de l’acheter pour le distribuer dans le monde entier. La genèse du film, le casting, les conditions de tournage, la musique sont également passés en revue.

Jacques Assuérus, très ému en évoquant son grand ami Claude Mulot, parle de leur rencontre via Roger Fellous, avant d’évoquer son travail sur La Rose écorchée, La Saignée et leurs autres collaborations. Les souvenirs de tournage s’enchaînent avec émotion. Ensuite, l’entretien bifurque sur l’amitié qui unissait Claude Mulot et Johnny Hallyday, deux immenses passionnés par le cinéma, qui visionnaient une quantité phénoménale de films ensemble. Claude Mulot réalisera d’ailleurs Le Survivant, court-métrage inspiré de Mad Max qui ouvrait les concerts de Johnny Hallyday en 1982.

Hubert et Georges Baumann, qui se renvoient constamment la balle avec une belle énergie, parlent de leurs débuts respectifs au cinéma, milieu dans lequel ils sont tombés par hasard, puis évoquent leurs souvenirs liés au tournage de La Rose écorchée. Le casting, le travail du directeur de la photographie Roger Fellous et bien sûr de Claude Mulot lui-même sont abordés au cours de ce module.

Avec Claude Mulot, Brigitte Lahaie aura tourné Suprêmes jouissances ou Belles d’un soir (1977), Les Petites écolières (1980) et Le Couteau sous la gorge (1986), dernier film du cinéaste. Comme pour les précédents intervenants, la comédienne dresse le portrait de Claude Mulot, un cinéaste qui avait « le sens du comédien », qui installait une « ambiance très professionnelle sur le plateau », mais « qui n’a probablement pas pu transmettre ce qu’il souhaitait en raison de contraintes financières ». Brigitte Lahaie compare également les méthodes de tournage de Claude Mulot de Jean Rollin.

Enfin, last but not least, le Chat qui fume a mis la main sur un reportage réalisé sur le plateau de La Rose écorchée (3’40). Les images de tournage sont présentes, tout comme les propos des deux comédiens principaux et du réalisateur Claude Mulot.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, ainsi que la possibilité de visionner La Rose écorchée en mode VHS, option que l’on apprécie particulièrement !

N’oublions pas citer la parution du livre Claude Mulot : cinéaste écorché (Nitrate), écrit par Philippe Chouvel, que nous saluons au passage, prolongement indispensable aux sorties Blu-ray/DVD du Chat qui fume !

L’Image et le son

La rose s’épanouit et encore plus en 4K !!! Oui mesdames et messieurs, le film de Claude Mulot est proposé dans ce format inattendu et qui signe l’entrée du Chat qui fume dans l’ère de l’Ultra-Haute Définition. Cette restauration 4K réalisée par l’éditeur lui-même à partir du négatif original est en tout point splendide. La propreté est mirifique, la stabilité jamais prise en défaut, la patine argentique omniprésente et surtout gérée de main de maître, la profondeur de champ éloquente, les superbes partis pris de Roger Fellous sont respectés et resplendissent en UHD, tout en conservant également les couacs techniques caractéristiques du cinéma Bis. Suprêmement élégant, ce master participe à la (re)découverte de La Rose écorchée (un titre aussi beau que les couleurs du film), œuvre rare qui méritait d’être ainsi choyé. Bravo au Chat qui fume qui livre donc l’une des sorties majeures de l’année 2019.

La piste DTS-HD Master Audio 2.0 délivre ses dialogues avec ardeur et fermeté, jamais parasités par un souffle chronique ou quelques craquements intempestifs. C’est nickel, dynamique, suffisamment riche et le confort appréciable. Les sous-titres anglais sont également disponibles.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Family Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Haine, réalisé par Dominique Goult

HAINE réalisé par Dominique Goult, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Klaus Kinski, Maria Schneider, Patrice Melennec, Evelyne Bouix, Katia Tchenko, Paulette Frantz, Gérard Boucaron…

Scénario : Dominique Goult

Photographie : Roland Dantigny

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h27

Année de sortie : 1980

LE FILM

On ne sait qui il est, ni d’où il vient. Vêtu d’une combinaison blanche, il sillonne les routes de campagne sur sa moto. Le destin le conduit dans un village de la France profonde fraîchement marqué par la mort d’une enfant, fauchée par un deux-roues. Très vite, l’étranger ressent l’indifférence, puis le mépris et bientôt la haine de ces villageois confinés dans leurs préjugés. Seule Madeleine, mère célibataire, accepte de lui venir en aide. Mais tous les hommes du village, jusqu’au maire, ont trouvé en l’étranger leur bouc émissaire.

Imaginez un peu. Klaus Kinski dans le rôle de Jésus-Christ, lancé sur son chemin de croix et bénéficiant de Maria Schneider dans la peau – ou presque – de Marie-Madeleine comme seul soutien. C’est ce que nous propose Haine, également connu sous le titre Le Crédo de la violence, sorti au cinéma le 9 janvier 1980 avec une interdiction aux moins de 18 ans ! Parabole christique, mais avant tout cinéma d’exploitation à la française dopé aux références fantastiques, Haine est une proposition singulière, unique et très attachante de cinéma de genre, au casting euphorisant et fourmillant d’idées.

Une très grosse moto noire roule sous une pluie torrentielle. La silhouette de l’homme qui la conduit est encore jeune mais ses yeux sont ceux d’un vieil homme. Traversant un village, il arrête sa moto devant un café. Celui-ci est sinistre et sale, le téléphone ne fonctionne plus et seule une vieille femme accepte de lui adresser la parole. En fait elle veut lui tirer les cartes : la Mort sort. La tempête calmée, le motocycliste reprend la route. Il n’ira pas loin : il heurte un camion en voulant éviter une automobile. Revenu au village pour y faire réparer sa machine, il doit affronter le patron du café-hôtel qui ne veut pas l’héberger et se fait à moitié assommer pour avoir pris la défense d’une jeune femme. Celle-ci, Madeleine, l’emmène chez elle et le soigne. Le lendemain, il retrouve sa moto sabotée, échappe de peu à un camion, voit sa route coupée par des tracteurs. Devant le refus des autorités d’enregistrer sa plainte, il s’enfuit dans la forêt où des paysans armés le poursuivent.

Klaus Kinski chez les bouseux ! Entre Woyzeck et Fitzcarraldo de Werner Herzog, le comédien allemand se téléporte dans un trou paumé bien de chez nous, sous la direction de Dominique Goult. Venu du film pornographique, ce dernier réalise son seul et unique long métrage traditionnel. Comme j’essaye d’être exhaustif dans mes articles, nous pouvons citer Les Monteuses, Les Queutardes, Partouzes perverses et Lèvres gloutonnes, mis en scène sous le pseudo de Richard Stephen. Quatre films réalisés en deux ans, c’est dire si Dominique Goult en a sous le capot(e). Pour Haine, dont il a écrit le scénario, le réalisateur nappe son récit d’une aura fantastique, tout en ancrant ses personnages dans un environnement réaliste et donc troublant.

Minéral, Klaus Kinski, déambulant dans sa combi sportive qu’il porte comme un suaire du début à la fin, fait peu de choses, mais le décalage qui se crée entre sa personne et son environnement font principalement le sel de ce Crédo de la violence. Autour de lui, tout et tous s’agitent, en particulier un camionneur bourru et vulgaire, auquel Patrice Melennec prête sa trogne mal rasée et sa carrure de bulldozer. Bon d’accord, Haine pâtit d’un rythme lent et de l’absence de rebondissements durant sa première heure. On se demande même où Dominique Goult veut en venir et surtout nous mener.

La citation tirée du Rouge et le noir de Stendhal, « J’ai assez vécu pour voir que différence engendre haine. » ouvre le film. Les éléments se mettent en place, tandis que le cinéaste instaure un malaise palpable et une atmosphère suintante. Le personnage incarné par Klaus Kinski, étranger, se retrouve malgré-lui prisonnier d’un monde placé sous cloche, comme si les habitants étaient livrés à eux-mêmes. Suite au drame ayant entraîné la mort d’une fillette, « quelqu’un » doit payer pour ce crime dont le coupable demeure inconnu. Ce motard tombe à point nommé et deviendra alors rapidement un punching-ball sur lequel tous vont vouloir frapper, tout en évacuant leurs frustrations.

Cette véritable Passion se déroulera en plusieurs étapes, jusqu’à l’ultime et évidente crucifixion. La dernière image du film aurait même pu laisser supposer une suite, une résurrection, dans laquelle Klaus Kinski aurait repris son rôle de motard en devenant ainsi un vengeur de la route, un Ghost Rider. Si cette séquelle reste de l’ordre du fantasme, cela fait apparaître les qualités de cette Haine farouche, violente et sèche, qui en dépit de ses scories diverses et variées, n’en demeure pas moins un sacré bon moment de cinéma Bis, en particulier durant son dernier tiers où les poursuites et règlements de comptes s’enchaînent. Pour résumer, Haine est une œuvre intrigante, ambitieuse, dont l’amour pour le cinoche parcourt chaque nervure.

LE COMBO BLU-RAY/DVD

Edition limitée à 1000 exemplaires pour ce très beau combo de Haine, tout droit sorti des usines du Chat qui fume ! Les deux disques sont bien calés dans un luxueux et élégant Digipack 3 volets avec étui cartonné. Nous trouvons également un petit encart de quatre pages signé Christophe Lemaire, qui partage ses souvenirs liés à la sortie de Haine au cinéma. Le menu principal est animé et musical.

Patrice Melennec c’est une gueule, une vraie. Celle que l’on a vu ou aperçue dans moult films au cinéma, chez Robert Enrico, Pierre Granier-Deferre, Claude Zidi, Gérard Oury, Jean Becker, Francis Veber, Roman Polanski, Claude Berri et dernièrement chez Hugo Gélin. Cela tombe bien, car Stéphane Bouyer, le grand manitou du Chat qui fume, est allé à sa rencontre (32’). Le comédien, une nature débordante, passe d’un souvenir à l’autre pour notre plus grand plaisir. De ses débuts au cinéma, ses rencontres diverses jusqu’au tournage de Haine, on pourrait écouter Patrice Mellenec pendant des heures. Sans langue de bois, il évoque tour à tour Philippe Noiret, Coluche, Prince pour lequel il a tourné Under the Cherry Moon, ainsi que Roman Polanski qui l’a dirigé dans Frantic aux côtés de Harrison Ford. Ne manquez pas ce rendez-vous !

Petite surprise, nous trouvons un minuscule reportage réalisé sur le plateau de Haine, avec quelques propos de Klaus Kinski et de Dominique Goult sur le film et les personnages (4’).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, mais n’oublions pas la piste musicale isolée !

L’Image et le son

C’est une première mondiale en DVD et Blu-ray ! Haine a été restauré en 2K à partir du négatif original. Un lifting de premier ordre qui sied à merveille aux couleurs fanées et à l’atmosphère trouble du film de Dominique Goult. La propreté est exemplaire, la copie stable et ferme, la gestion des contrastes est solide et les détails ne manquent pas. A cela, ajoutez le grain original qui ne cesse de flatter les mirettes, tout comme le piqué étonnant sur quelques séquences en extérieur.

Quant à la piste DTS-HD Master Audio 2.0, elle plonge élégamment la spectateur dans l’ambiance poisseuse de Haine, en délivrant la musique Alain Jomy (La meilleure façon de marcher, L’Effrontée, La Petite voleuse) et ses choeurs angoissants avec dynamisme. Les dialogues sont clairs, distincts, jamais parasités par quelques craquements ou scories diverses. La langue allemande est également disponible, ainsi que les sous-titres anglais, allemands et français.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Revanche des mortes-vivantes, réalisé par Pierre B. Reinhard

LA REVANCHE DES MORTES-VIVANTES réalisé par Pierre B. Reinhard, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Cornélia Wilms, Kathryn Charly, Anthea Wyler, Véronik Catanzaro, Sylvie Novak, Laurence Mercier, Patrick Guillemin, Georges Lucas, Michel Tugot-Doris…

Scénario : Jean-Claude Roy

Photographie : Henry Frogers

Musique : Christopher Ried

Durée : 1h22

Année de sortie : 1987

LE FILM

Sur une route de campagne, en France, un motard suit un camion-citerne transportant du lait et profite de l’arrêt du véhicule pour introduire un produit toxique dans la cuve. Plus tard, dans un village avoisinant, une future mariée s’effondre après avoir bu un verre de lait. Une mort violente que suivent de près celles de deux autres jeunes femmes dans un bar. Point commun reliant les victimes : toutes trois travaillaient dans une usine d’engrais agricoles. Tandis que les soupçons se portent vers son directeur, les trois victimes sortent de leur tombe à la nuit tombée !

« Alors mon beau chimiste ? Qu’est-ce que tu dirais d’une petite expérience ? On pourrait essayer des trucs plus physiques ? »

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux ? »

« Ce n’est pas très poli Christian ! N’oublie pas que je suis sa secrétaire ! Et que toi tu n’es rien ! Sinon l’amant de sa femme ! »

« Continue ! Parle plus fort ! Tout le monde entendra ! C’est ce que tu veux ? »

« Je ne veux plaire qu’à toi Casanova ! »

« Elle est folle ! Qu’est-ce que tu fous à moitié à poil ? Y’a beaucoup de gens qui t’ont vu faire prendre l’air à tes nibards ? Ou on t’a embauché pour faire des heures sup’ chez Playtex !? »

Voilà un petit extrait des dialogues épicés de La Revanche des mortes-vivantes réalisé par Pierre B. Reinhard, crédité ici sous le pseudonyme de Peter B. Harsone. Spécialisé dans le porno (également sous le nom de Mike Strong), on lui doit quelques œuvres aux titres romantiques du genre Pénétrations multiples, Le nain assoiffé de perversité, James Bande contre O.S.Sex 69, Outrages transsexuels des petites filles violées et sodomisées ou bien encore Petits Trous déchirés, salopes par-derrière, Pierre B. Reinhard propose un divertissement gratiné entre film d’épouvante et érotisme soft, le tout souligné par des répliques qui semblent tout droit tirées d’un gros boulard des années 1970. Cette récréation éminemment sympathique, très drôle, foncièrement absurde n’en demeure pas moins animée par une véritable envie de cinéma, de faire plaisir aux spectateurs, alors peu dupes quant à la qualité relative du produit qu’on lui propose. La Revanche des mortes-vivantes joue avec les codes du film de zombies, passés à la sauce franchouillarde où le réalisateur ne peut s’empêcher de rajouter quelques boobs et pubis qui se confondent avec les motifs fleuris du papier peint et les partis pris quelque peu douteux de la photographie. En résulte un film fourre-tout, très drôle, gentiment gore (la fausse couche avec bébé apparent fait son effet) et au final nawak, le tout martelé par une bande originale très soignée signée Christopher Reid.

Un conducteur de camion-citerne contenant du lait prend en stop Sonia, une jeune fille peu farouche. Il s’arrête avec elle dans un moulin abandonné et un complice de cette dernière (qui en fait est une prostituée en mission) en profite pour verser dans la citerne un produit toxique. Très vite, trois jeunes femmes qui ont consommé ce lait contaminé meurent instantanément. On apprend que cette manœuvre est orchestrée par Brigitte, la secrétaire d’Alphan, le patron de l’usine de lait O.K.F., afin de le faire chanter. De mèche avec une autre prostituée, elle filme les ébats d’Alphan préalablement drogué. Parallèlement, Alphan confie l’évacuation de ses déchets toxiques à Nimier, un aventurier sans scrupules. Celui-ci déverse le produit dans le cimetière local, le liquide se répand dans le sol et atteint les tombes des trois jeunes victimes qui se transforment en mortes-vivantes. Celles-ci vont s’efforcer d’éliminer les uns après les autres tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à leur mort.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénariste et producteur Jean-Claude Roy, lui-même metteur en scène de films érotiques et pornographiques (La grande enfilade, À pleine bouche, Couple cherche esclave sexuel) se fait plaisir en imaginant les meurtres qui ponctuent cette Revanche des mortes-vivantes. Une femme est énucléée, une autre transpercée par une lame enfoncée dans le vagin, un homme est émasculé avec les dents, un autre est noyé dans sa piscine. Futur réalisateur du mythique Diable rose avec Roger Carel, Pierre Doris et surtout Brigitte Lahaie, Pierre B. Reinhard emballe son film avec les moyens mis à sa disposition (les autocollants sont mal ajustés sur les portières, les noms inscrits sur les tombes sont de travers, le générique contient quelques fautes d’orthographe comme « dialouges » et « concetpion musicale »), dans quelques coins paumés de la Sarthe (à La Ferté Bernard plus exactement), la machine à brouillard turbinant à fond pour instaurer quelques ambiances à la nuit tombée. Les acteurs, tous très mauvais (un certain Georges Lucas est crédité au générique dans le rôle du gardien du cimetière), récitent leurs dialogues (en post-synchronisation souvent décalée avec le mouvement des lèvres des comédiens) sans y croire une seconde et pour la plus grande satisfaction des spectateurs avides de série Z.

Car bien sûr, La Revanche des mortes-vivantes ne cherche pas à se donner des airs de film plus ambitieux, même si le carton final ne peut s’empêcher de citer Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, quant au rebondissement final à ne pas dévoiler. Toutefois, le film n’est pas dénué de qualités, comme notamment les maquillages réalisés par un débutant du nom de Benoît Lestang (1964-2008), qui allait devenir l’un des plus grands spécialistes français en la matière en contribuant à des œuvres aussi variées que La Cité des enfants perdus, Martyrs, en passant par Le Pacte des loups et Arsène Lupin. Une chose est sûre, c’est qu’aujourd’hui La Revanche des mortes-vivantes conserve un charme rétro évident, que le film est devenu culte auprès de nombreux spectateurs et que son capital sympathie est total.

LE BLU-RAY

La Revanche des mortes-vivantes proposé en Haute-Définition ! EN BLU-RAY !!! Vous vous rendez compte ? A cette occasion, Le Chat qui fume a déroulé le tapis-rouge au film de Pierre B. Reinhard avec un superbe Digipack 3 volets, le tout glissé dans un étui cartonné liseré rouge. Cette édition comprend le DVD, le Blu-ray, ainsi que le CD de la bande originale de Christopher Reid (42’), éditée par Omega Productions Records. Egalement glissé dans le Digipack, nous trouvons un encart de deux pages écrit par Christophe Lemaire. Edition limitée à 1000 exemplaires.

On commence cette interactivité avec une interview de Pierre B. Reinhard (26’). Le réalisateur de La Revanche des mortes-vivantes revient sur ses études aux Beaux-Arts, puis sur ses débuts au cinéma comme stagiaire auprès de cinéastes tels que René Clair et Henri Verneuil. C’est alors qu’il souhaite apprendre le montage et qu’il rencontre Léon Kikoïne, qui lui présente à son tour son fils Gérard, qui allait lui apprendre les ficelles du métier sur des films pornographiques. Pierre B. Reinhard évoque également sa rencontre avec Claude Mulot, ses premières mises en scène et explique qu’il n’a jamais été friand des films d’horreur. Il revient sur les conditions de tournage du film qui nous intéresse (-18 degrés dans un patelin de la Sarthe), sur les effets spéciaux réalisés par Benoît Lestang, sur la sortie de La Revanche des mortes-vivantes, sur la fin alternative et la transformation des circuits de distribution à la fin des années 1980.

Dans un document d’archives datant de 2005, le scénariste et producteur Jean-Claude Roy et le responsable des effets spéciaux Benoît Lestang partagent leurs souvenirs et anecdotes sur La Revanche des mortes-vivantes (16’30), tout en se remémorant leur rencontre par l’intermédiaire de Jean Rollin. Visiblement très complices, les deux hommes, aujourd’hui décédés, s’attardent sur le casting des comédiennes, la censure, le succès du film avec 50.000 entrées à Paris, 200.000 entrées sur 20 copies distribuées sur toute la France.

Nous retrouvons Benoît Lestang dans un entretien réalisé en 2008 à l’occasion de la sortie dans les bacs du DVD de Martyrs de Pascal Laugier (15’). Recevant deux journalistes dans son atelier, le magicien des effets spéciaux présente quelques-unes de ses réalisations et parle de son travail, de ses débuts, de sa rencontre avec Jean Rollin. Véritable artisan et passionné par son métier, Benoît Lestang évoque également The Thing de John Carpenter, sa visite de l’atelier de Rick Baker à Los Angeles, les effets de Men In Black et clôt cette interview en parlant du rouleau compresseur des images numériques. Il précise avoir été estomaqué par le rendu du personnage de Davy Jones, interprété par Bill Nighy dans Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit. Un très beau document.

Il est encore question de Benoît Lestang à travers une rencontre très émouvante et pudique de Christophe Lemaire (33’). Ce dernier dresse un formidable portrait de celui avec lequel il a visiblement fait les 400 coups. « J’ai été le premier à le connaître dans le métier et le dernier à le voir » dit-il en se rappelant leur rencontre au début des années 1980 dans le quartier des Gobelins à Paris. Les anecdotes personnelles et très touchantes s’enchaînent. Christophe Lemaire parle des rencontres déterminantes de Benoît Lestang (Jean Rollin notamment), bourreau de travail qui travaillait sept jours sur sept dans la cave étriquée de ses parents. De sa proximité avec Mylène Farmer (il avait créé la célèbre poupée du clip de Sans contrefaçon) à l’aboutissement de sa carrière sur Martyrs de Pascal Laugier, en passant par son souhait de devenir réalisateur, jusqu’à son suicide, Christophe Lemaire rend un formidable hommage à son ami.

Dernier segment disponible, nous trouvons une petite séquence bêtisier durant laquelle Jean-Claude Roy et Benoît Lestang présentent (ou tentent de présenter plutôt) La Revanche des mortes-vivantes pour sa diffusion sur Ciné FX (2005-4’).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Hormis quelques pompages (on parle ici d’image hein petits coquins), de légers fourmillements et une perte de détails sur les scènes sombres, ce master HD de La Revanche des mortes-vivantes tient ses promesses. Les partis pris sont respectés, à savoir les couleurs fanées et grisâtres, quelques plans luminescents, une texture argentique souvent grumeleuse, tout en profitant réellement d’une élévation en Haute-Définition. La propreté n’est jamais prise en défaut, les noirs sont denses, même le réalisateur n’aurait jamais pu penser un jour voir son film aussi net et aussi beau ! C’est kitsch, ça se voit et pourtant cela ravit les yeux. Allez comprendre…

Film français peut-être, mais il semble que les dialogues aient été repris en post-synchronisation dans leur quasi-globalité. Il n’est donc pas rare que le volume change au cours d’un échange entre les voix enregistrées sur le plateau et les répliques reprises dans un second temps. Mention spéciale à la nullité des acteurs encore une fois, avec une nette préférence pour le scientifique et pour le saboteur qui ne peut s’empêcher de s’exprimer en jouant avec les mains. Les voix sont souvent étouffées. L’éditeur joint également les sous-titres anglais, ainsi qu’une piste sonore dans la langue de Shakespeare. N’hésitez pas à visionner quelques scènes (ou tout le film soyons fous) dans cette langue pour comparer les intonations avec celles de la version française.

Crédits images : © OB FILMS / Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Amour et mort dans le jardin des Dieux, réalisé par Sauro Scavolini

AMOUR ET MORT DANS LE JARDIN DES DIEUX (Amore e morte nel giardino degli dei) réalisé par Sauro Scavolini, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Erika Blanc, Peter Lee Lawrence, Ezio Marano, Rosario Borelli, Orchidea de Santis, Franz von Treuberg, Vittorio Duse, Bruno Boschetti, Carla Mancini…

Scénario : Sauro Scavolini, Anna Maria Gelli

Photographie : Romano Scavolini

Musique : Giancarlo Chiaramello

Durée : 1h29

Année de sortie : 1972

LE FILM

Se rendant dans la petite ville de Spoleto, près de Pérouse, pour des travaux d’études, un ornithologue allemand s’installe dans une propriété isolée au milieu d’un parc immense, abandonnée par les derniers occupants depuis plusieurs années. Au cours d’une de ses promenades, il découvre des bandes magnétiques dissimulées derrière des buissons et entreprend de les écouter. Il entre ainsi dans l’intimité d’Azzurra, jeune femme perturbée à la sexualité déviante, qui se confie à son psychiatre. Le scientifique ignore que la découverte de ces bandes le met en danger de mort.

Quel beau titre ! Amour et mort dans le jardin des DieuxAmore et morte nel giardino degli dei (1972) est à ce jour le premier des deux longs métrages réalisés par le metteur en scène Sauro Scavolini pour le cinéma avec Un foro nel parabrezza (1985) avec Vittorio Mezzogiorno et Mimsy Farmer. Plus connu pour son travail de scénariste – ou de dialoguiste sur La Femme infidèle de Claude Chabrol – sur des films aux titres explicites Je vais, je tire et je reviens, Creuse ta tombe Garringo, Sabata revient, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé et le formidable Le cynique, l’infâme, le violent d’Umberto Lenzi, Sauro Scavolini s’incruste dans le cinéma d’exploitation au début des années 1970, mais privilégie la psychologie aux meurtres du giallo. Amour et mort dans le jardin des Dieux est une très belle surprise, qui n’a de cesse de déjouer les attentes du spectateur à travers une recherche fouillée des personnages, et ce du début à la fin.

Un ornithologue allemand âgé, Martin, s’installe dans une villa isolée située à l’intérieur d’un grand parc afin de mener à bien ses études sur différents oiseaux. Lors d’une promenade nocturne, il découvre par hasard des bandes magnétiques chiffonnées. Intrigué par sa découverte, il se met en tête de les nettoyer puis à les écouter grâce à son magnétophone. Il y découvre différentes séances de psychanalyse de l’ancienne propriétaire de la demeure, Azzura. En les rembobinant pour les écouter, malgré lui, le vieil homme assiste à un drame conjugal raconté par la défunte qui s’est conclu par son meurtre. Abandonnés depuis leur tendre enfance, depuis la mort de leur père en Afrique et l’absence de leur mère, Manfredi et sa sœur Azzura sont inséparables. Il s’est même tissé entre eux un lien presque incestueux où l’amour et la haine se mêlent. Mais leur proximité est perturbée lorsque Azzura épouse un célèbre pianiste, Timothy. Son frère ne supporte pas leur séparation et tente de l’oublier avec une autre femme, Viola.

Né en 1934, Sauro Scavolini, fait ses études – comme beaucoup de ses futurs confrères – au Centro sperimentale du cinematografia à Rome. Durant sa carrière, il s’associera avec le réalisateur Sergio Martino et le scénariste Ernesto Gastaldi, avec une prédilection pour le western et le thriller, sur près d’une quinzaine de films pour le cinéma et la télévision. Amour et mort dans le jardin des Dieux est son premier essai derrière la caméra et le moins que l’on puisse dire c’est que Sauro Scavolini s’en sort très bien. D’ailleurs, c’est une histoire de famille. Sauro occupe le poste de metteur en scène et de scénariste, tandis que son frère Romano est crédité en tant que directeur de la photographie et produit également le film aux côtés d’Armando Bertuccioli (La Soeur d’Ursula d’Enzo Milioni). Alors non, Amore e morte nel giardino degli dei n’est pas un giallo, mais s’inspire plutôt de Blow Upde Michelangelo Antonioni. Le réalisateur installe ses personnages troubles, avec une perversité croissante qui contraste avec la sérénité inspirée par un décor verdoyant, apaisant et luxuriant. Une fois le décor dressé, Sauro Scavolini peut lâcher ses protagonistes, dont les superbes Erika Blanc et Orchidea de Santis, qui se perdent dans une confusion des sentiments, souvent contre-nature, qui conduisent au point de non-retour dans une explosion de violence et de sang.

Les retournements de situation se tiennent sur un rythme lent mais maîtrisé, la musique de Giancarlo Chiaramello est très belle, tout comme la lumineuse photographie de Romano Scavolini. Si le cinéma d’exploitation transalpin aura accueilli moult cinéastes qui voulaient essayer d’avoir leur part du gâteau, Sauro Scavolini s’en tire haut la main et mérite une place de choix avec son Amour et mort dans le jardin des Dieux.

LE BLU-RAY

Troisième titre de la salve du Chat qui fume éditée au mois de mars 2019, Amour et mort dans le jardin des Dieux apparaît au cinéphile déviant sous la forme d’un Digipack 3 volets avec étui cartonné liseré jaune. Un objet constitué du DVD et du Blu-ray, limité à 1000 exemplaires. Le menu principal est animé et musical.

En guise de suppléments, Le Chat qui fume nous propose deux entretiens. Le premier est une rencontre avec la comédienne Erika Blanc (20’). L’actrice de Moi, Emmanuelle, Ni Sabata, ni Trinità, moi c’est Sartana, Django arrive, préparez vos cercueils et de plus d’une centaine de titres du même acabit, revient (en français) sur la production et le tournage d’Amour et mort dans le jardin des Dieux. Erika Blanc évoque également ses études en France, ses débuts au cinéma, la direction d’acteurs de Sauro Scavolini, sa grande amitié avec son partenaire Peter Lee Lawrence. Puis, la comédienne dit être très heureuse que ces films « rejetés par l’intelligentsia et la critique italienne » soient enfin redécouverts et surtout adorés par de jeunes spectateurs, avant d’adresser un message à ses fans français.

Autre interview sur cette galette, celle d’Orchidea de Santis (27’). L’actrice du Décameron interdit partage à son tour moult anecdotes sur les conditions de tournage du film qui nous intéresse. A l’instar d’Erika Blanc, la comédienne se souvient de ses débuts au cinéma, avant d’en venir plus précisément sur le travail des frères Scavolini, les lieux de tournage et ne tarit pas d’éloges sur le producteur Armando Bertuccioli (« un homme vraiment extraordinaire »). Orchidea de Santis défend son personnage dans Amour et mort dans le jardin des Dieux, parle de ses partenaires, de son rapport à la nudité à l’écran et avoue avoir apprécié la scène d’amour avec son partenaire Peter Lee Lawrence, elle qui avait pour habitude de se retrouver à l’écran « avec des mecs laids comme des poux ».

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Sublime ! Quelle beauté ! Les couleurs sont éclatantes dès le premier plan avec des teintes vertes et des rouges très riches et bigarrées. Le piqué est acéré comme la lame d’un scalpel, les gros plans étonnants de précision, les détails foisonnent du début à la fin et la propreté de la copie est irréprochable. Qu’ajouter de plus ?

Seule la version originale est disponible. Les dialogues sont parfois quelque peu étouffés et un léger souffle se fait entendre. C’est néanmoins nickel et certaines scènes sont même étonnamment vives. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés.

Crédits images : © REWIND FILMS / Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr