Test Blu-ray / Enragé, réalisé par Derrick Borte

ENRAGÉ (Unhinged) réalisé par Derrick Borte, disponible en DVD et Blu-ray le 19 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Russell Crowe, Jimmi Simpson, Gabriel Bateman, Caren Pistorius, Anne Leighton, Austin P. McKenzie, Michael Papajohn, Lucy Faust…

Scénario : Carl Ellsworth

Photographie : Brendan Galvin

Musique : David Buckley

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

La Nouvelle-Orléans. Mauvaise journée pour Rachel : en retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière un pick-up qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et passe devant. Quelques mètres plus loin, le même véhicule s’arrête à son niveau. Son conducteur, Tom Cooper, la somme de s’excuser, mais elle refuse. Furieux, il commence à la suivre…Enragé, cet homme est prêt et ne craint pas de mourir et parle même de suicide par police interposée. Si la journée de Rachel s’annonçait compliquer, celle-ci se transforme en véritable cauchemar.

Mine de rien, Russell Crowe n’a pas l’air de tourner tant que ça, mais signe quelques coups d’éclat tous les deux ou trois ans, histoire de rappeler que l’on peut, ou plutôt que l’on doit encore compter sur lui. L.A. Confidential de Curtis Hanson, Révélations The Insider de Michael Mann et Gladiator de Ridley Scott ont beau avoir plus de vingt ans, le comédien néo-zélandais n’a jamais cessé de tourner et même si les années 2010 n’ont pas été pour lui aussi inspirées, on sauvera évidemment ses prestations dans NoéNoah de Darren Aronofsky, The Nice Guys de Shane Black et même sa participation à Man of Steel de Zack Snyder, dans lequel il supplantait tout le reste du casting dans la peau de Jor-El. 2020 est déjà un très bon cru pour Russell Crowe qui vient d’être récompensé par le Golden Globe du meilleur acteur pour la mini-série The Loudest Voice, et livre aussi une prestation impressionnante dans EnragéUnhinged, sixième long-métrage du méconnu Derrick Borte, remarqué en 2009 avec son premier film indépendant, La Famille Jones The Joneses, interprété par Demi Moore, David Duchovny et Amber Heard. Si ses autres opus sont passés sous le radar en France, y compris son film sur les Clash intitulé London Town (2016) avec un Jonathan Rhys Meyers sous substances (pléonasme) dans la peau de Joe Strummer, Enragé s’impose comme un modèle de série B, bien bourrin dans son genre, mené tambours battants et surtout porté par les larges épaules de Russell Crowe. Ce dernier est absolument monstrueux, tout en bedaine saillante et le front constellé de sueur, et en fait voir de toutes les couleurs à sa partenaire, Caren Pistorius, l’une des plus belles révélations de l’année 2020.

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Test Blu-ray / La Vengeance d’un acteur, réalisé par Kon Ichikawa

LA VENGEANCE D’UN ACTEUR (Yukinojo henge) réalisé par Kon Ichikawa, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er décembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kazuo Hasegawa, Fujiko Yamamoto, Ayako Wakao, Eiji Funakoshi, Narutoshi Hayashi, Eijiro Yanagi, Chusha Ichikawa, Ganjiro Nakamura…

Scénario : Daisuke Itō, Teinosuke Kinugasa & Natto Wada, d’après le roman de Otokichi Mikami

Photographie : Setsuo Kobayashi

Musique : Yasushi Akutagawa

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Au cours d’une de ses représentations, l’acteur Yukinojo Nakamura reconnait dans le public le seigneur Dobé et deux de ses complices. Ce sont les hommes qui ont conduit son père à la faillite, et provoqué le suicide de ses parents. Yukinojo va pouvoir venger ses parents.

Que l’on soit adepte ou pas du cinéma japonais classique, on ne peut être que subjugué par la beauté incommensurable de La Vengeance d’un acteurYukinojo henge, réalisé en 1963 par l’éclectique et prolifique Kon Ichikawa (1915-2008), connu en France pour Kokoro (1955), La Harpe de BirmanieBiruma no tategoto (1956), Les Feux dans la plaineNobi (1959) et Seul sur l’océan PacifiqueTaiheiyo hitori-botchi (1963). Kon Ichikawa, c’est presque cent longs-métrages, séries télévisées et documentaires, téléfilms et courts-métrages tournés sur une période incroyable de 70 ans, puisque le cinéaste exercera son métier quasiment jusqu’à sa mort. Influencé par Walt Disney (il commencera sa carrière comme dessinateur) et Jean Renoir, Kon Ichikawa était souvent considéré comme un simple yes-man, un faiseur comme on le dit vulgairement. Pourtant, si l’on devait rapprocher le réalisateur de ses confrères américains, il serait indubitablement l’équivalent d’un Sidney Lumet, d’un Robert Wise ou d’un Richard Fleischer, qui bien que sous contrat avec de gros studios, passaient d’un genre à l’autre et enchaînaient les films sans aucun complexe, avec un savoir-faire colossal, une profonde connaissance du cinéma et surtout qui s’appropriaient le sujet qu’on leur proposait pour l’inscrire dans leur filmographie à travers des motifs, des thèmes, une sensibilité particuliers et uniques. Même chose donc pour Kon Ichikawa qui signe – et se voit d’ailleurs imposer le projet par la Daiei en raison du résultat décevant de ses derniers longs-métrages – avec La Vengeance d’un acteur, par ailleurs remake d’un triptyque éponyme mis en scène en 1935 par Teinosuke Kinusaga et – chose surprenante – déjà interprété par Kazuo Hasegawa (ici dans son avant-dernière apparition au cinéma et son 300è film !) sous le nom de Chōjirō Hayashi, l’un ses opus phares et surtout un immense chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / La Chartreuse de Parme, réalisé par Christian-Jaque

LA CHARTREUSE DE PARME réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Renée Faure, Maria Casarès, Louis Salou, Lucien Coëdel, Tullio Carminati, Louis Seigner, Aldo Silvani, Maria Michi, Claudio Gora…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Jarry & Christian-Jaque, d’après le roman de Stendhal

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 2h46

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

En 1821, Fabrice Del Dongo quitte Naples où il a terminé ses études ecclésiastiques et arrive chez sa tante, la duchesse de Sanseverina, à Parme. Fasciné par Napoléon, Fabrice rêve de grandes actions et d’aventures guerrières, mais, destiné par sa famille à être prélat, il ne fera que multiplier les aventures amoureuses…

En 1947, la carrière au cinéma de Gérard Philipe explose avec Le Diable au corps de Claude Autant-Lara. Cette adaptation du roman éponyme de Raymond Radiguet s’accompagne d’un parfum de scandale et attire près de 5 millions de spectateurs dans les salles. Le succès de La Chartreuse de Parme, coproduction franco-italienne, sera encore plus fulgurant et quelques mois seulement après Le Diable au corps, le film de Christian-Jaque franchit la barre des 6 millions de spectateurs. Du haut de ses 26 ans, Gérard Philipe foudroie par son charisme, sa fougue et son immense sensibilité, trois caractéristiques qui ne se démentiront jamais jusqu’à sa mort prématurée en 1959 à l’âge de 36 ans. S’il avait connu une adaptation à l’opéra, l’oeuvre de Stendhal publiée – en deux volumes en 1839 – n’avait pas encore connu les honneurs d’une transposition au cinéma. La version de Christian-Jaque s’en éloigne parfois, au point que certains crieront au scandale à la sortie du film (entre autres, tout le début du roman et la bataille de Waterloo sont juste évoqués ici), mais pourtant La Chartreuse de Parme ne démérite pas et demeure un film romanesque, qui conserve intact son charme d’antan, qui reste brillamment interprété et surtout porté par un souffle aussi exalté que passionné qui emporte facilement le spectateur durant 2h45.

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Test DVD / Le Démon de la chair, réalisé par Edgar G. Ulmer

LE DÉMON DE LA CHAIR (The Strange Woman) réalisé par Edgar G. Ulmer, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Hedy Lamarr, George Sanders, Louis Hayward, Gene Lockhart, Hillary Brooke, Rhys Williams, June Storey…

Scénario : Herb Meadow, Hunt Stromberg & Edgar G. Ulmer d’après le roman de Ben Ames Williams

Photographie : Lucien Andriot

Musique : Carmen Dragon

Durée : 1h36

Année de sortie : 1946

LE FILM

Dans le Maine du XIXème siècle, à Bangor, une femme fatale sème la mort autour d’elle, n’hésitant pas à demander à son soupirant de tuer son père s’il veut qu’elle cède à ses avances, et fait ainsi basculer le destin de trois hommes amoureux d’elle.

Edgar Georg Ulmer (1904-1972) est un cinéaste que les cinéphiles n’ont cessé de redécouvrir depuis sa mort. Metteur en scène, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d’origine austro-hongroise, ancien comédien et décorateur, celui que l’on connaît plus communément sous le nom d’Edgar G. Ulmer est l’auteur de moult films chéris par les spectateurs. Assistant de F.W. Murnau, Robert Siodmak, Billy Wilder, Fred Zinnemann, il passe à la mise en scène dans les années 1930 et signe notamment Le Chat noirThe Black Cat (1934) avec Boris Karloff et Bela Lugosi. Suivront plus tard, pêle-mêle, L’Ile des péchés oubliés (1943), Barbe Bleue (1944) avec John Carradine, Detour (1945), Les Pirates de Capri (1951), L’Homme de la planète X (1951) qui reflètent l’éclectisme et le caractère prolifique du réalisateur. Edgar G. Ulmer a alors près de quarante films et documentaires à son actif quand il entreprend Le Démon de la chairThe Strange Woman (1946), film noir et drame psychologique adapté d’un roman de Ben Ames Williams, produit et interprété par la sublimissime Hedy Lamarr, femme fatale, vénéneuse et à se damner dans un rôle taillé sur mesure, dans lequel elle enflamme l’écran et les sens.

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Test Blu-ray / Le Chat, réalisé par Pierre Granier-Deferre

LE CHAT réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Simone Signoret, Annie Cordy, Jacques Rispal, Yves Barsacq, Nicole Desailly, Harry-Max, André Rouyer…

Scénario : Pascal Jardin & Pierre Granier-Deferre, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dans leur petit pavillon de banlieue épargné par la démolition, un vieux couple sans enfants se déchire. Lui, Julien Bouin, ouvrier à la retraite, ne l’aime plus, elle, Clémence Bouin, ancienne trapéziste qui a dû abandonner sa carrière suite à une chute. Lorsque Julien recueille un chat à qui il donne toute son affection, la jalousie commence à s’emparer de Clémence.

C’est un chef d’oeuvre d’une noirceur inégalée dans le cinéma français. Le Chat, réalisé par Pierre Granier-Deferre demeure une des plus grandes références du drame psychologique et sans doute le meilleur film du réalisateur. Immédiatement après La Horse (2,1 millions d’entrées), le cinéaste est quelque peu poussé par son scénariste Pascal Jardin pour enchaîner immédiatement après avec l’adaptation du roman éponyme de Georges Simenon, Le Chat (publié en 1967). Ils parviennent à convaincre Jean Gabin de participer à ce projet. S’il était tout d’abord réticent, le comédien considérera ce long-métrage comme son meilleur film de l’après-guerre, qui lui vaudra d’ailleurs l’Ours d’argent du meilleur acteur au Festival de Berlin, récompense qu’il avait déjà obtenu en 1959 pour le mythique Archimède le clochard, et qu’il partagera d’ailleurs avec sa partenaire à l’écran, l’immense Simone Signoret. Le Chat est un film extrêmement difficile, redoutable, vachard, percutant et surtout bouleversant, dans lequel deux êtres qui se sont aimés, n’arrivent même plus ou à peine à se regarder. Comme du sel versé sur une plaie, Le Chat fait mal, physiquement avec certaines séquences et répliques qui agissent comme un direct à l’estomac, mais aussi à l’âme avec ces deux monstres que l’on a aimés séparément au cinéma et que l’on aurait voulu sans doute se voir s’aimer à l’écran, qui s’affrontent durement pendant un peu plus d’une heure vingt est une expérience que l’on pourrait qualifier de traumatisante. Si ce huis clos affiche un demi-siècle au compteur, il n’a absolument rien perdu de son fiel et prend encore le spectateur à la gorge.

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Test Blu-ray / La Veuve Couderc, réalisé par Pierre Granier-Deferre

LA VEUVE COUDERC réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Alain Delon, Simone Signoret, Ottavia Piccolo, Jean Tissier, Monique Chaumette, Boby Lapointe, Jean-Pierre Castaldi…

Scénario : Pascal Jardin, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dans le car qui longe le canal du Centre, Jean, fuyant la police et muni de faux papiers, fait la connaissance d’une paysanne, la veuve Couderc. C’est une femme qui vieillit seule et s’acharne à conserver sa ferme, possession que la famille de son mari lui conteste. Dans la ferme d’en face, vit une fille-mère de 16 ans. Jean va les prendre comme maîtresses. Entre ces deux femmes, aux antipodes l’une de l’autre, il va connaître un bonheur condamné d’avance…

Ancien assistant de Marcel Carné, Jean-Paul le Chanois et Denys de La Patellière, Pierre Granier-Deferre (1927-2007), fait ses débuts derrière la caméra au début des années 1960 avec Le Petit Garçon de l’ascenseur. Le premier succès arrive avec le succulent La Métamorphose des cloportes (1965), dans lequel Lino Ventura, Charles Aznavour, Pierre Brasseur et Maurice Biraud se régalent (et nous aussi) avec les dialogues de Michel Audiard. En 1970, La Horse marque un grand tournant dans sa carrière et installe définitivement Pierre Granier-Deferre comme l’un des réalisateurs les plus importants du cinéma français de la décennie, avec lequel les grands noms du septième art voudront collaborer. Après Le Chat sorti en avril 1971, Simone Signoret, emballée par leur collaboration, demande au cinéaste de trouver un sujet qui pourrait les réunir à nouveau. Pierre Granier-Deferre jette alors son dévolu sur un autre roman de Georges Simenon, La Veuve Couderc, sorti en 1942, adapté ici par son complice Pascal Jardin. La comédienne est ravie et donne immédiatement son accord, mais il faut lui trouver un partenaire, forcément plus jeune, puisque le livre évoque deux personnages profondément éloignés l’un de l’autre par l’origine, l’âge et le caractère. Le metteur en scène parvient à convaincre Alain Delon, même si seulement quatorze ans séparent les monstres du cinéma hexagonal, ce dernier demandant à Pierre Granier-Deferre de redoubler de direction d’acteur au moment des scènes intimistes, au point de lui ordonner de lui indiquer les gestes et intentions pendant les prises. Quasiment cinquante ans après sa sortie, La Veuve Couderc reste l’un des sommets de la carrière du réalisateur, qui conduit son récit de la même main de maître avec laquelle il avait dirigé Le Chat l’année précédente. Le couple star est époustouflant, crevant l’écran une fois de plus par leur talent et leur charisme hors du commun, tandis que Pierre Granier-Deferre s’approprie la sève du roman original puisqu’il y retrouve quelques-uns de ses thèmes de prédilection, la nostalgie, le temps qui passe et les relations éphémères. Chef d’oeuvre absolu.

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Test Blu-ray / Benny & Joon, réalisé par Jeremiah S. Chechik

BENNY & JOON réalisé par Jeremiah S. Chechik, disponible en DVD et Blu-ray le 18 novembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Johnny Depp, Mary Stuart Masterson, Aidan Quinn, Julianne Moore, Oliver Platt, CCH Pounder, Dan Hedaya, Joe Grifasi, William H. Macy…

Scénario : Barry Berman

Photographie : John Schwartzman

Musique : Rachel Portman

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Depuis la mort accidentelle de leurs parents, Benny s’occupe de sa soeur Joon, fragile et asociale, sujette à des accès de rage et de violence qui font fuir leur entourage. L’arrivée de Sam, jeune illettré presque muet qui a adopté les manières et le costume de Buster Keaton, va bouleverser la vie du frère et de la soeur.

Pour beaucoup, malheureusement, le réalisateur canadien Jeremiah S. Chechik, né en 1955, est et restera le principal responsable d’un horrible doublé, Diabolique (1996), remake du chef d’oeuvre d’Henri-Georges Clouzot et Chapeau melon et bottes de cuirThe Avengers (1998), adaptation cinématographique de la légendaire série éponyme. Depuis, le réalisateur n’est jamais revenu au cinéma et a préféré se dissimuler à la télévision où il n’a pas cessé de tourner (The Bronx Is Burning, Gossip Girl, Burn Notice, Chuck, Rogue…). Pourtant, les débuts de Jeremiah S. Chechik sont très prometteurs puisque son premier long-métrage, Le Sapin a les boules National Lampoon’s Christmas Vacation, troisième volet de la franchise, fracasse le box-office américain en 1989 et sera d’ailleurs le plus gros succès de la saga. Si son second film, Arrive Alive (1990), est aujourd’hui oublié, le bijou de sa filmographie demeure Benny & Joon, comédie tendre, romantique et poétique, une madeleine pour un grand nombre de spectateurs. Rien qu’avec cet opus, Jeremiah S. Chechik mérite d’être réhabilité, puisqu’il démontrait ici tout son savoir-faire, notamment en direction d’acteurs, tous exceptionnels dans Benny & Joon, de Johnny Depp à Mary Stuart Masterson, en passant par Aidan Quinn, la sublimissime Julianne Moore et Oliver Platt, sans oublier Dan Hedaya et William H. Macy. Ou comment Benny & Joon est devenu un vrai classique du cinéma américain, qui fleure bon les années 1990, un parfum qui s’éloigne petit à petit, mais dans lequel on replonge avec délice.

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Test Blu-ray / Sac d’os – La Maison sur le lac, réalisé par Mick Garris

SAC D’OS – LA MAISON SUR LE LAC (Bag of Bones) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2020 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Pierce Brosnan, Melissa George, Annabeth Gish, Anika Noni Rose, Matt Frewer, Jason Priestley, Caitlin Carmichael, Peter MacNeill…

Scénario : Matt Venne, d’après le roman Sac d’os de Stephen King.

Photographie : Barry Donlevy

Musique : Nicholas Pike

Durée : 2 épisodes de 75 minutes.

Date de sortie initiale : 2011

LA MINISÉRIE

Mike Noonan, auteur de romans à succès, vient de perdre son épouse Jo dans un accident. Pour préparer son prochain livre, il décide de se retirer dans sa résidence secondaire, un chalet situé sur les bords d’un lac du Maine. Il fait aussi la connaissance de Mattie, une jeune veuve, et de sa petite fille Kayla. Or Max Devore, le beau-père de Mattie, un multimillionnaire, cherche à obtenir la garde de la fillette. Bientôt Mike se trouve confronté à la fois à des fantômes hantant sa maison dont celui de sa défunte femme et ainsi qu’à Max Devore qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec Stephen King, qui lui écrit le film La Nuit déchiréeSleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses romans. Deux ans plus tard, les deux hommes remettent le couvert avec l’ambitieuse transposition du FléauThe Stand, minisérie devenue culte déclinée en quatre parties de 90 minutes, avec Gary Sinise, Molly Ringwald, Jamey Sheridan, Miguel Ferrer et Rob Lowe. Fier de leur association, Stephen King confie à Mick Garris sa propre version de Shining en 1997, toujours sous la forme d’une mini-série, cette fois en trois parties de 85 minutes. La même année, le réalisateur signe Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker. Suivront Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis DésolationDesperation en 2006. A ce jour, La Maison sur le lac Bag of Bones est la dernière adaptation de Stephen King mise en scène par Mick Garris. Cette minisérie en deux parties est l’adaptation du roman Sac d’os, paru en 1998, récompensé à sa sortie par le prix Locus du meilleur roman d’horreur, le prix Bram Stoker et le prix British Fantasy, en d’autres termes, il s’agit du livre le plus récompensé de l’écrivain. Sur un scénario de Matt Venne, qui a récemment signé le sympathique Acts of Vengeance d’Isaac Florentine, avec Antonio Banderas qui distribue des bourre-pifs, Sac d’os ou La Maison sur le lac donc (puisqu’il a été diffusé à la télévision sous ce titre en France), est une transposition honnête, qui ne fait pas d’éclats, mais qui se concentre étonnamment sur ce qui faisait la moelle du roman, l’histoire du deuil du personnage principal. Ce dernier est campé avec élégance par Pierce Brosnan, qui venait de tourner The Ghost Writer, dernier chef d’oeuvre en date de Roman Polanski, qui porte le récit à bout de bras, en étant quasiment de tous les plans. Si le rythme est somme toute assez lent, les fans du King retrouveront l’âme de leur écrivain préféré, tandis que Mick Garris soigne sa réalisation et exploite intelligemment ses superbes décors.

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Test Blu-ray / The Game, réalisé par David Fincher

THE GAME réalisé par David Fincher, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2020 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl, James Rebhorn, Peter Donat…

Scénario : John Brancato & Michael Ferris

Photographie : Harris Savides

Musique : Howard Shore

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Nicholas Van Orton, un richissime homme d’affaires reçoit comme cadeau d’anniversaire de la part de son frère Conrad une invitation à participer à un jeu d’un genre nouveau. D’abord sceptique, il se laisse tenter par cette aventure. Cette partie se révèle être un engrenage aux mécanismes diaboliques…

Durant de longues années, The Game a probablement été le film le plus mal aimé de David Fincher. Peut-être parce que le réalisateur était attendu au tournant après le triomphe international de Se7en (330 millions de dollars de recette, 100 millions rien qu’aux Etats-Unis et 5 millions d’entrées en France), son véritable premier long-métrage puisque l’intéressé avait déjà renié Alien 3, monté, puis remonté par les producteurs sans son accord. Rétrospectivement, The Game est l’un des meilleurs opus du cinéaste et surpasse même quelques autres de ses films acclamés, comme Zodiac (2007), L’Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), The Social Network (2010) et Gone Girl (2014). The Game, c’est comme qui dirait le bijou dissimulé dans l’écrin de la carrière du metteur en scène, celui qui condense tout son amour pour le cinéma classique hollywoodien et dans lequel apparaissent clairement toutes ses obsessions. Certes, la fin a été largement décriée et le sera probablement toujours, mais ce thriller paranoïaque teinté d’humour noir demeure pourtant un très grand film, que certains qualifieront de « malade », comme le disait François Truffaut : « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. ». Le mot malade pourrait être adapté pour la conclusion de The Game, mais tout le reste est de haut niveau, en particulier l’interprétation de Michael Douglas, immense, qui trouvait ici l’un de ses plus grands rôles des années 1990, aux côtés de Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven et Chute libreFalling Down (1993) de Joel Schumacher. Tout cela pour dire qu’on ne cesse de redécouvrir The Game et que même l’effet « dérangeant » du dernier acte (on reparle de celui de Fight Club d’ailleurs ?) s’est estompé pour au final dévoiler à ceux qui se voilaient la face jusqu’alors qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / La Dernière fanfare, réalisé par John Ford

LA DERNIÈRE FANFARE (The Last Hurrah) réalisé par John Ford, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 20 octobre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Spencer Tracy, Jeffrey Hunter, Dianne Foster, Pat O’Brien, Basil Rathbone, Donald Crisp, James Gleason, Edward Brophy…

Scénario : Frank S. Nugent d’après le roman The Last hurrah d’Edwin O’Connor

Photographie : Charles Lawton Jr.

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Maire d’une ville de la Nouvelle Angleterre, le roublard Frank Skeffington brigue un cinquième mandat. Il se lance dans une campagne féroce au terme de laquelle, il est donné perdant. Avec contre lui, un candidat supporté par les grands industriels de la région et un autre, plus jeune, qui utilise des moyens modernes, Skeffington ne s’avoue pourtant pas vaincu…

C’est un bijou complètement méconnu, rare et jusqu’alors difficile à trouver en DVD et Blu-ray. La Dernière fanfareThe Last Hurrah (1958) est un autre chef d’oeuvre insoupçonné dans l’immense et prolifique carrière de John Martin Feeneya, dit John Ford (1894-1973). A la fin des années 1950, le cinéaste avoisine les 65 ans et sent le vent tourner. S’il a plus de cent films à son actif (rappelons qu’il a fait ses débuts au cinéma en 1917), John Ford ne peut que constater que les spectateurs se détournent des grandes salles et préfèrent rester chez eux, devant la télévision. L’année d’Inspecteur de serviceGideon’s Day, il réalise La Dernière fanfare, qui annonce la dernière partie de l’oeuvre du metteur en scène, placée sous le signe de l’adieu aux héros, de la mélancolie et de la nostalgie. A travers le roman d’Edwin O’Connor (qui obtiendra le prix Pulitzer en 1962 pour L’Instant de véritéThe Edge of Sadness), inspiré par l’histoire de James Michael Curley, maire de Boston, John Ford se reconnaît à travers le personnage de Frank Skeffington, vieux briscard qui a oeuvré toute sa vie pour sa ville et qui se retrouve contre toute attente viré de ses fonctions après avoir brigué un ultime mandat de maire. La Dernière fanfare n’est finalement pas celle de la victoire, mais celle qui retentit après que le couperet soit tombé, comme la parade d’une mort annoncée. Dans le rôle principal, Spencer Tracy, qui n’apparaîtra plus que cinq fois au cinéma après ce film, trouve ici l’un des plus beaux et l’un des plus grands rôles de sa vie, 28 ans après Up the River (1930), sa première collaboration avec John Ford. Quand on demandait au réalisateur de s’exprimer sur La Dernière fanfare, qu’il avait lui-même produit, John Ford préférait couper court ou demandait directement à passer à la question suivante. Sans doute parce qu’il s’agissait de son film le plus personnel (pour lequel il avait rappelé certains comédiens et amis, qui effectuaient ici leur dernier tour de piste), dans lequel il s’était totalement projeté et qu’il ne trouvait rien à redire dessus puisqu’il s’était déjà livré à travers le personnage principal. Autant dire que The Last Hurrah est à (re)découvrir immédiatement.

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