Test Blu-ray / La Route de l’Ouest, réalisé par Andrew V. McLaglen

LA ROUTE DE L’OUEST (The Way West) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Kirk Douglas, Robert Mitchum, Richard Widmark, Lola Albright, Sally Field, Katherine Justice, Jack Elam ,Stubby Kaye…

Scénario : Ben Maddow & Mitch Lindemann, d’après le roman « la Route de l’Ouest » de A.B. Guthrie Jr.

Photographie : William H. Clothier

Musique : Bronislau Kaper

Durée : 2h02

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

1843, le sénateur William J. Tadlock prend la tête d’un groupe de colons désireux de commencer une nouvelle vie dans l’Ouest. Tadlock est un homme de principes et travailleur exigeant tant envers lui-même qu’envers ceux qui se sont joint à la caravane. Il se heurte à Lije Evans, l’un des colons, qui n’apprécie guère ses méthodes. Lors du périple, les familles doivent faire face aux dangers et à un semblant de justice lorsque l’un d’entre eux abat accidentellement un jeune Indien.

Un western réunissant Kirk Douglas, Robert Mitchum et Richard Widmark ??? Oui ??? Mais non…non, car La Route de l’Ouest – The Way West n’est pas ce qu’on peut appeler un bon film et cela est d’autant plus frustrant quand on voit cette affiche. La faute au producteur et vice-président responsable de la production chez United Artists qui trouvant que le premier montage de près de 2h30 était beaucoup trop long, a purement et simplement demandé au réalisateur Andrew V. McLaglen (1920-2014), ancien assistant de John Ford sur L’Homme tranquille, de William A. Wellman et de Budd Boetticher, de tailler dans sa pellicule pour en retirer au moins vingt minutes. Le problème, c’est que ce dernier a visiblement préféré retirer l’exposition de ses personnages principaux et même de certains enjeux. Du coup, le spectateur aura l’impression de prendre le train en marche, ou le convoi plutôt, de faire comme s’il connaissait déjà le Sénateur William J. Tadlock, Dick Summers et Lije Evans. Par conséquent, on se désintéresse tout du long de tout ce beau monde, d’autant plus qu’Andrew V. McLaglen rajoute toute une tripotée de seconds et de troisièmes rôles qui n’ont là encore aucune consistance et qui comblent un vide qui subsiste pendant les deux longues heures du métrage. Reste le show Kirk Douglas, qui aurait mis en scène ses propres scènes histoire d’être mieux mis en valeur que ses camarades, tandis que Robert Mitchum traverse ce récit en se demandant ce qu’il fout là. Quant à Richard Widmark, cela fait beaucoup de peine à dire, à écrire plutôt, il est tout simplement transparent du début à la fin. Dommage…

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Test Blu-ray / Lanky, l’homme à la carabine, réalisé par Tonino Valerii

LANKY, L’HOMME À LA CARABINE (Per il gusto di uccidere) réalisé par Tonino Valerii, disponible en Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Craig Hill, Jorge Martín, Piero Lulli, Fernando Sancho, Franco Ressel, George Wang, Diana Martín, Eugenio Galadini…

Scénario : Tonino Valerii & Victor Auz

Photographie : Stelvio Massi

Musique : Nico Fidenco

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Après avoir affronté la bande de hors-la-loi menée par Sanchez, le chasseur de primes Lanky Fellow est engagé par un riche propriétaire de mines pour escorter un transport d’or. Gus Kennebeck, l’ennemi juré de Lanky, a bien l’intention de s’en emparer…

Voilà un synopsis aussi sec d’un premier long-métrage qui ne l’est pas moins, celui du célèbre Tonino Valerii (1934-2016), réalisateur passé à la postérité avec un film en particulier, Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno, sorti en 1973, carton mondial qui réunissait Henry Fonda et Terence Hill, chant du cygne, oraison funèbre et chant mortuaire du western dit spaghetti. Mais avant l’enterrement de tout un genre, Tonino Valerii avait déjà une demi-douzaine de films à son actif, dont la moitié de westerns. C’est en 1966 que l’ancien assistant de Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars et Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone s’émancipe en livrant son premier opus derrière la caméra avec Lanky, l’homme à la carabinePer il gusto di uccidere, d’après un scénario de Victor Auz, même s’il est indéniable que le metteur en scène lui-même a mis la main à la pâte, la coproduction hispano-italienne ayant préféré mettre en avant un nom ibérique histoire de bien respecter les quotas. Toujours est-il que ce Lanky, l’homme à la carabine est un savoureux tour de force, qui impose Tonino Valerii comme l’un des meilleurs auteurs de westerns venus de l’autre côté des Alpes (et des Pyrénées aussi, comme c’est le cas ici), qui parvient à transcender un récit somme toute standard, via une mise en scène sans cesse inspirée, élégante, stylisée, qui ne se contente pas de reprendre les ingrédients déjà utilisés par son maître, mais parvient à les combiner différemment, pour offrir sa propre version d’un genre alors en pleine explosion. Assurément, Per il gusto di uccidere (littéralement « pour le goût de tuer » ou « pour la saveur d’assassiner ») est l’une des plus belles (re)découvertes cinématographiques que vous ferez cette année.

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Test Blu-ray / Dead for a Dollar, réalisé par Walter Hill

DEAD FOR A DOLLAR réalisé par Walter Hill, disponible en DVD & Blu-ray le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Christoph Waltz, Willem Dafoe, Rachel Brosnahan, Warren Burke, Brandon Scott, Benjamin Bratt, Luis Chávez, Hamish Linklater…

Scénario : Walter Hill & Matt Harris

Photographie : Lloyd Ahern II

Musique : Xander Rodzinski

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Chihuahua, Nouveau-Mexique en 1897. Max Borlund, un célèbre chasseur de primes, est engagé pour retrouver et ramener la femme d’un homme d’affaires de Santa Fe, apparemment kidnappée par un déserteur afro-américain. Au cours de son investigation au Mexique, il tombe sur son ennemi juré, l’expatrié américain Joe Cribbens que Max a envoyé en prison des années auparavant. Il retrouve également la femme et le déserteur, désormais amants, qui se cachent dans le désert mexicain pour échapper à son mari violent. Max la renverra-t-il ou l’aidera-t-il à combattre des tueurs à gages sans pitié et son rival de toujours ?

Tiens, revoilà ce bon vieux Walter Hill ! Nous étions sans nouvelle de l’auteur du Bagarreur, Driver, Les Guerriers de la nuit, 48 Heures, Double détente, Extrême préjudice, Comment claquer un million de dollars par jour depuis son lénifiant, mais sympathique Revenger The Assignment avec Michelle Rodriguez. Retour au western pour le metteur en scène du Gang des frères JamesThe Long Riders (1980), Geronimo (1993), Wild Bill (1995), Dernier Recours Last Man Standing (1996), sans oublier la série Deadwood (2004) et le téléfilm Broken Trails (2006), genre de prédilection du cinéaste, qui s’en est même toujours inspiré pour ses films contemporains. Six ans après son adaptation de la bande dessinée, publiée en France sous le titre Corps et Ame (chez Rue de Sèvres), cosignée par le réalisateur lui-même avec Matz et Jef, Walter Hill revient au grand Ouest Américain pour Dead for a Dollar, dont il a coécrit le scénario avec Matt Harris. Avec ce retour aux sources et un tel casting mené par Christoph Waltz et Willem Dafoe, on pouvait s’attendre à mieux que ce petit western finalement sans ambition, mené sur un rythme pépère, qui n’invente rien et qui déçoit également dans sa direction artistique sans grande envergure avec des décors cheaps, un montage paresseux (doublé d’une surabondance de fondus en noir), une photo sépia lisse et sans aspérité du chef opérateur Lloyd Ahern, déjà à l’oeuvre sur Wild Bill et Les Pilleurs. Avec Du plomb dans la têteBullet to the Head, Walter Hill avait démontré qu’il en avait encore sous le capot, mais désormais âgé de plus de 80 balais, il serait sans doute temps pour lui de prendre sa retraite (dites-le aussi à Ridley Scott au passage), car tout le monde n’est pas Clint Eastwood et Dead for a Dollar est clairement un « film de trop ».

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Test Blu-ray / Tomahawk, réalisé par George Sherman

TOMAHAWK réalisé par George Sherman, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Susan Cabot, Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Alex Nicol, Preston Foster, Jack Oakie, Tom Tully…

Scénario : Silvia Richards & Maurice Geraghty

Photographie : Charles P. Boyle

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

1866. De nouvelles découvertes d’or conduisent l’armée à ouvrir une route et bâtir un fort sur un territoire attribué aux Sioux. Au grand dam du garde frontalier Bridger dont la femme Cheyenne l’amène à considérer ce nouveau conflit des deux bords. Alors que Bridger essaie de pacifier les rapports entre les parties, une simple étincelle peut mettre le feu aux poudres que le Lieutenant Dancy ne souhaite qu’allumer.

L’auteur de ces mots a une affection particulière pour les films de George Sherman (1908-1991), quarante ans de carrière au cinéma et à la télévision, avec le western comme genre de prédilection. Le Diable dans la peau (1960), Duel dans la Sierra (1958), Le Shérif d’El Solito (1957), Comanche (1956), La Vengeance de l’indien (1956), Crazy Horse – Le Grand Chef (1955), L’Étreinte du destin (1955), Les Rebelles (1956), Vengeance à l’aube (1954), À l’assaut du Fort Clark (1953)…il y en a tellement et bien d’autres. Loin d’être un simple « faiseur », George Sherman a toujours su imprimer une marque de fabrique, tant formelle que thématique et à ce titre Tomahawk (1951) est assurément l’un des opus les plus représentatifs de l’oeuvre éclectique et prolifique du réalisateur. À l’instar de Sur le territoire des Comanches Comanche Territory qu’il venait de mettre en scène et suivant le courant initié par Delmer Daves avec La Flèche brisée Broken Arrow et par Anthony Mann avec La Porte du diable Devil’s Doorway, George Sherman livre un nouveau western pro-Indien. Si Cecil B. DeMille et Maurice Tourneur avaient déjà posé les bases dans les années 1920, ces partis-pris explosent littéralement en 1950 et le travail dans ce sens de George Sherman est indéniablement à reconsidérer. Tomahawk est la première collaboration du cinéaste avec le prodigieux Van Heflin, qui se retrouveront en 1954 pour l’étonnant L’Étreinte du destin – Count Three and Pray, et la première séquence donne le ton avec les deux visions qui s’opposent, où une voix-off nous indique d’emblée que le gouvernement américain est responsable du viol des terrains de chasses sacrés des Sioux, de la disparition des bisons, des élans et des castors. Une terre autrefois abondante, aujourd’hui sèche et qui a entraîné la famine d’un peuple. Juin 1866 : le gouvernement des États-Unis organise une conférence de paix à Fort Laramie. Le général William Sherman demande aux chefs l’autorisation de traverser leurs terres, et de construire trois forts sur la Piste Bozeman. Nuage Rouge refuse. La conférence, comme l’indique le narrateur, prend l’apparence d’un baril de poudre prêt à exploser à la moindre petite étincelle. Un homme, Jim Bridger, trappeur, pionnier et éclaireur, magnifiquement incarné par Van Heflin est peut-être l’espoir des deux camps opposés. Tomahawk, surnom donné au personnage principal par les Sioux, est un immense divertissement doublé d’un message humaniste, intemporel et universel, qui condense en 78 minutes toute la magie du cinéma, celle qui offre aux spectateurs un spectacle de qualité, tout en faisant constamment appel à leur intelligence. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

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Test Blu-ray / Toutes les couleurs du vice, réalisé par Sergio Martino

TOUTES LES COULEURS DU VICE (Tutti i colori del buio) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Julián Ugarte, George Rigaud, Maria Cumani Quasimodo, Nieves Navarro, Marina Malfatti, Luciano Pigozzi…

Scénario : Ernesto Gastaldi & Sauro Scavolini

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Victime d’un traumatisme dans son enfance, Jane est sujette à des cauchemars où elle se voit la proie d’un meurtrier. De plus, elle croit reconnaître cet assassin dans la personne d’un inconnu qui semble la suivre. Sa soeur Barbara lui conseille de consulter un psychiatre. Jane, entraînée par une nouvelle voisine, s’adonne à des pratiques de sorcellerie avant d’être reprise en main par le psychiatre qui la confie à un couple âgé à la campagne. Ses protecteurs ayant été tués, Jane menace de sombrer dans une dépression et songe au suicide. Son amant arrive cependant à déceler dans ces divers incidents un complot criminel ourdi pour priver Jane d’un héritage.

Sergio Martino-Edwige Fenech deuxième ! Ciak motore ! Azione ! Après le triomphe international de L’Étrange Vice de Madame Wardh, le réalisateur enchaîne avec un autre giallo, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, interprété par George Hilton et la suédoise Anita Strindberg, Edwige Fenech venant de mettre au monde son unique enfant et devant alors laisser sa place à sa consœur. Qu’à cela ne tienne, la belle Edwige revient pour Toutes les couleurs du vice (ou L’Alliance invisible, titre d’exploitation hexagonal à sa sortie), sorte de relecture italienne de Rosemary’s Baby, qui imprègne non seulement le scénario d’Ernesto Gastaldi et Sauro Scavolini (Le Cynique, l’infâme, le violent, Amour et mort dans le jardin des dieux, Cité de la violence), mais aussi la mise en scène même de Sergio Martino, alors sous influence. Cette référence forcément avouée se retrouve même dans le décor principal, celui de la résidence de Jane, immeuble édouardien, qui rappelle fortement le Dakota Building où se déroule le chef d’oeuvre de Roman Polanski. Voulant sans cesse se renouveler, malgré les difficultés liées au genre qui demandait de respecter un cahier des charges établi dans le but de livrer aux spectateurs ce qu’ils étaient venus chercher en payant leur place de cinéma, Sergio Martino parvient à tirer son épingle du jeu, tout en reprenant les mêmes ingrédients ou presque de son modèle. En renouant avec le même trio vedette de L’Étrange Vice de Madame Wardh, Edwige Fenech, George Hilton et Ivan Rassimov, le cinéaste emmène son public et ses protagonistes sur un territoire pour le moment peu exploré, en mêlant mystère, magie et épouvante, en entremêlant le rêve et la réalité, en faisant progressivement disparaître la frontière friable entre les deux dimensions, afin de mettre en relief la psyché perturbée de son personnage central. Encore une immense réussite imputable aussi bien au réalisateur qu’à ses scénaristes.

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Test Blu-ray / La Rose de la mer, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA ROSE DE LA MER réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Denise Bosc, Fernand Ledoux, Roger Pigaut, Lily Baron, Noël Roquevert, Palau, Georges Lannes, Jane Maguenat…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, d’après le roman de Paul Vialar

Photographie : Jean Isnard

Musique : Louiguy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Jérôme possède un bateau, La Rose de la Mer, avec son truand d’oncle. Ils naviguent avec une bande de forbans engagés par l’oncle pour saborder le navire et toucher la prime d’assurance. Mais Jérôme n’est pas de cet avis et s’oppose au reste de l’équipage.

En 2021, l’auteur de ces mots faisait la découverte d’un film, d’un chef d’oeuvre, La Femme et le pantin (1929) et surtout de son réalisateur, dont il n’avait alors jamais entendu parler, Jacques de Baroncelli (1881-1951). Complètement oublié aujourd’hui, celui-ci aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Jacques de Baroncelli était un passionné de cinéma, un amoureux des comédiens auxquels il était d’ailleurs fidèle (il collaborera plus de quinze fois avec Charles Vanel, fera aussi tourner à plusieurs reprises Pierre Brasseur, Edwige Feuillère…) et enchaînait les films aussi divers que variés, avec pour priorité le désir de se renouveler. La Rose de la mer est l’un de ses derniers longs-métrages, peut-être pas le plus représentatif de son œuvre générale, mais qui se démarque par son savoir-faire et sa tonalité sombre, le film ayant été tourné après la Seconde Guerre mondiale. D’après un scénario écrit par Marc-Gilbert Sauvajon (Le Canard à l’orange, Michel Strogoff, Non coupable), transposition d’un roman de Paul Vialar, le cinéaste dirige une bande de comédiens qui en dehors du légendaire Noël Roquevert et du respecté Fernand Ledoux ne sont pas vraiment passés à la postérité, mais qui n’en restent pas moins convaincants, même si leur jeu reste représentatif des « codes » d’une certaine époque. La Rose de la mer demeure un drame assez prenant, culotté, romanesque, teinté de thriller, où la violence peut éclater à n’importe quel moment et ce jusqu’à la fin. Une étonnante curiosité donc.

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Test Blu-ray / Boulevard, réalisé par Julien Duvivier

BOULEVARD réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Monique Brienne, Magali Noël, Pierre Mondy, Jacques Duby, Robert Pizani, Julien Verdier, Georges Adet…

Scénario : Julien Duvivier & René Barjavel, d’après le roman de Robert Sabatier

Photographie : Roger Dormoy

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Jojo a été abandonné par son père qui a refait sa vie avec une mégère abusive. II habite tout seul dans une chambre du 6e étage et s’efforce, vis-à-vis des voisins, de ne pas avoir l’air abandonné. Pour cela, il joue au dur, méprise la gentille Marietta dont les parents le reçoivent souvent pour compléter sa maigre pitance, et préfère son autre voisin, l’artiste, ou bien la danseuse de strip-tease Jenny, qu’il épie par le trou de la serrure et voudrait bien approcher de plus près. Plusieurs tentatives pour gagner sa vie lui confirmeront que le monde des adultes n’est pas tendre. Il parvient à se faire un peu d’argent en vendant des illustrés et prépare une petite fête en rapportant quelques bouteilles chez Jenny. Celle-ci le traitera plutôt maternellement, réservant ses faveurs au boxeur Dicky qu’elle entretient aveuglément.

À l’occasion de la sortie en Blu-ray de Marie-Octobre, du Diable et les 10 commandements et de La Femme et le Pantin, nous sommes déjà revenus longuement sur la longue, prolifique et éclatante carrière de Julien Duvivier (1896-1967). Pour y situer Boulevard, disons qu’il s’agit d’un de ses derniers films, puisque le réalisateur ne signera plus que quatre longs-métrages après celui-ci. Boulevard, c’est comme qui dirait la rencontre entre le cinéma classique et le septième art moderne représenté par l’arrivée mouvementée de la Nouvelle vague. Ou quand un cinéaste estimé (dont les œuvres ont attiré pas loin de 60 millions de spectateurs dans les salles) dirige la star des Quatre Cents Coups de François Truffaut, Jean-Pierre Léaud, alors âgé de 16 ans. Le jeune comédien apporte avec lui une vérité (24 images par seconde) et Boulevard n’est d’ailleurs pas dépourvu d’une réalité documentaire, notamment quand Julien Duvivier rend compte du Paris de l’époque, en posant sa caméra entre Pigalle et la place de Clichy, pas loin de Montmartre. S’il reconstitue admirablement un immeuble en studio grâce au savoir-faire du décorateur Robert Bouladoux (Le Monocle rit jaune, 125 rue Montmartre, Le Sang à la tête), pour des facilités de tournage, nombreuses sont les images capturées dans la rue qui restent en mémoire après le visionnage, où l’on aperçoit des cinémas disparus depuis belle lurette (avec à l’affiche Recours en grâce de László Benedek ou L’Amérique insolite de François Reichenbach, ce qui date les prises de vue autour de mai-juin 1960), des night-clubs devenus des sex-shops ou des peep-shows, des primeurs ayant laissé place à des Monoprix, ou des pharmacies…qui le sont encore aujourd’hui. Au-delà de ce témoignage d’un présent qui s’est volatilisé et dont plus rien ou presque ne subsiste, Boulevard est le portrait dressé d’un adolescent pour ainsi dire comme les autres, car si les époques changent, les êtres humains demeurent les mêmes et le film de Julien Duvivier rend compte de ce premier carrefour d’une existence, quand un adolescent se retrouve bloqué entre l’enfance et le monde adulte. Un sujet ô combien éternel et universel.

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Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio

LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS (Curse of the Blind Dead) réalisé par Raffaele Picchio, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White, Jennifer Mischiati, Douglas Dean…

Scénario : Lorenzo Paviano, Raffaele Picchio & Alessandro Testa, d’après les personnages de Gustavo Adolfo Bécquer et Amando de Ossorio

Photographie : Alberto Viavattene

Musique : Andrea C. Pinna

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.

En voilà une bonne découverte ! La Malédiction des morts-vivants Curse of the Blind Dead est une production essentiellement italienne, réalisée par Raffaele Picchio, dont on ne sait pas grand-chose, mise à part sa nationalité et les titres de ses précédents longs-métrages, Morituris : Legions of the Dead (2011, sorti dans les bacs français chez Elephant Films en 2013), Sangue misto (2016, film collectif), The Blind King (2016) et donc cette Malédiction des morts-vivants (2020). Comme les Templiers de son film, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui anime ce jeune cinéaste est le genre, l’horreur, le gore, son cinéma étant irrigué par des codes issus de l’épouvante rétro-vintage. C’est encore une fois le cas pour Curse of the Blind Dead, à voir comme une suite-reboot-remake de la légendaire tétralogie dite « des Templiers » de l’espagnol Amando de Ossorio (1918-2001), constituée de La Révolte des morts-vivants La Noche del terror ciego (1971), Le Retour des morts-vivants El Ataque de los muertos sin ojos (1973), Le Monde des morts-vivants El Buque maldito (1974) et La Chevauchée des morts-vivants La Noche de las gaviotas (1975). S’il n’est pas réussi tout du long, cet opus vaut absolument le coup d’oeil, ne serait-ce que pour son prologue, ébouriffant, sans doute l’une des séquences les plus dingues qu’il nous ait été donnés de voir depuis des lustres, suivi d’un générique chiadé et prometteur. Évidemment, il est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, même si La Malédiction des morts-vivants demeure souvent ponctué par des fulgurances d’hémoglobine. Au final, on est tellement emballé que l’on souhaiterait revoir ces Templiers à l’oeuvre !

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Test Blu-ray / Les Amants de Brasmort, réalisé par Marcello Pagliero

LES AMANTS DE BRASMORT réalisé par Marcello Pagliero, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Nicole Courcel, Frank Villard, Henri Génès, Line Noro, Robert Dalban, Philippe Nicaud, Mona Goya, Jacky Flynt…

Scénario : Jacques Dopagne & Robert Scipion

Photographie : Roger Hubert

Musique : Georges Auric

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Jean Michaut est un marinier sans le sou qui vit près d’un cimetière de péniches appelé le « Bras-mort ». Il tombe amoureux de Monique la fille de son oncle qui est un riche armateur fluvial. Elle finit par l’aimer mais leurs différences sociales rendent difficile leur relation. Monique décide malgré tout de vivre avec Jean et de l’épouser.

Le bras-mort du titre du film de Marcello Pagliero, c’est le « Bras Favé » de l’île-du-Devant à Conflans-Sainte-Honorine, bras mort de la Seine donc, qui accueillait d’anciennes embarcations en bois, demeures habitées par des personnes sans véritables ressources, en particulier des familles d’anciens mariniers. C’est là que le réalisateur français d’origine italienne a entièrement tourné Les Amants de Bras-Mort, dans cette commune des Yvelines qui servait de carrefour aux voies fluviales. Si ce long-métrage mérite d’être redécouvert aujourd’hui, c’est pour sa dimension documentaire, celle d’une France qui a totalement disparu au profit d’une modernisation inévitable des travaux d’hier. L’histoire est sans doute simple, mais les personnages attachants, notamment le couple formé par la belle Nicole Courcel – alors au début de sa carrière et qui avait déjà tourné pour Jacques Becker, Henri Decoin, Jean Dalannoy et Marcel Carné – et Franck Villard, dont la présence est forte et marquante. Si la mise en scène est plus ou moins fonctionnelle et illustrative, Les Amants de Bras-Mort possède un charme inaltérable, rend compte admirablement des métiers d’antan et repose sur une distribution solide.

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