Test Blu-ray / Here – Les Plus belles années de notre vie, réalisé par Robert Zemeckis

HERE – LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE (Here) réalisé par Robert Zemeckis, disponible en DVD & Blu-ray le 12 mars 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery, Ophelia Lovibond, Beau Gadsdon, Nikki Amuka-Bird…

Scénario : Eric Roth & Robert Zemeckis, d’après le roman graphique de Richard McGuire

Photographie : Don Burgess

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

À travers les âges et les époques, hommes et femmes défilent dans un lieu unique, sur trois générations. En défiant le temps, ce lieu sera le témoin unique de l’évolution de l’humanité et deviendra le théâtre de vies entremêlées, d’histoires d’amour, de conflits et de découvertes…

C’est un fait, le succès échappe à Robert Zemeckis depuis Flight, sorti aux Etats-Unis en 2012, qui avait récolté plus de 160 millions dans le monde pour un budget étonnamment « dérisoire » de trente millions. Malgré leurs immenses qualités, The Walk : Rêver plus haut, Alliés et Bienvenue à Marwen se sont tous les trois plantés au box-office. Les mal-aimés (à juste titre cette fois) Sacrées sorcières The Witches et Pinocchio (adaptation live du long-métrage d’animation Disney) ont connu une exploitation limitée, dans les salles pour le premier ou sur la plateforme de Mickey pour le second et l’on attendait patiemment de revoir un film de Robert Zemeckis dans les salles. Une fois ce retour annoncé, quelle ne fut pas notre impatience de retrouver toute l’équipe de Forrest Gump (devant et derrière la caméra) réunie pour une nouvelle expérience de cinéma, propre à son auteur. La déception est de mise et Here Les Plus belles années de notre vie ne peut rivaliser avec l’ampleur des opus précédents du cinéaste…en ce qui concerne le fond du moins, car force est de constater le 22e long-métrage de Robert Zemeckis possède là encore une bonne longueur d’avance sur ses camarades. Le metteur en scène tant acclamé jadis pour sa trilogie Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit, a toujours été à la pointe des effets visuels, à l’instar de la capture de mouvements initiée il y a plus de vingt ans avec Le Pôle express The Polar Express. Toujours à la recherche de nouveaux outils pour raconter ses histoires, Robert Zemeckis bénéficie ici de l’intelligence artificielle, une technologie baptisée Metaphysic Live, utilisée pour rajeunir ses comédiens (en temps réel sur le plateau), dont les personnages sont suivis de l’enfance à la vieillesse. L’occasion de redécouvrir Tom Hanks et Robin Wright comme si le premier venait de tourner Big et la seconde Princess Bride. Le résultat est bluffant et Here interpelle, passionne par son côté technique, qui laisse pantois d’admiration. Cependant, le bât blesse au niveau du récit, les protagonistes ne sont guère attachants et finalement noyés dans les effets spéciaux (omniprésents), d’autant plus que Here reste en caméra fixe durant près de 100 minutes. En fait, le film ressemble à une attraction qui aurait pu tout aussi bien avoir sa place dans un parc à thèmes (après tout, le cinéma est né dans les foires), à l’instar du Visionarium, longtemps disponible à Disneyland Paris, qui utilisait la technique Circle-Vision 360°, qui parlait aussi du thème du voyage dans le temps. C’est ce même sujet que traite Robert Zemeckis, en prenant comme point de vue celui d’une maison, d’une terre même, de la météorite responsable de l’extinction des dinosaures (si si) à l’hiver d’une poignée de personnages qui vont habiter la majeure partie de leur existence dans une bâtisse, dont le cinéaste va disséquer la mémoire des murs. Dommage que l’émotion manque à l’appel donc. Il faudra sans doute beaucoup de temps pour apprécier pleinement Here (qui nous rappelle A Ghost Story de David Lowery), qui pendant longtemps risque de demeurer un fascinant objet d’étude estimé à 50 millions de dollars (hors promo), qui n’aura rapporté que 16 millions dans le monde et attiré seulement 60.000 spectateurs en France.

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Test DVD / En tongs au pied de l’Himalaya, réalisé par John Wax

EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA réalisé par John Wax, disponible en DVD le 12 mars 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes, Naidra Ayadi, Benjamin Tranié, Jean-Charles Clichet, Steve Tientcheu, Stephan Wojtowicz…

Scénario : John Wax & Marie-Odile Weiss

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Michel-Ange Merino

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pauline, en cours de séparation, est mère d’un petit garçon autiste, Andrea, six ans et demi, en dernière année de maternelle. Entre l’emploi du temps lie à son travail et la garde alternée, malgré les outils qu’on a mis à sa disposition et la présence d’une aide, Pauline commence à se décourager…

En 2010, sort et cartonne sur les écrans Tout ce qui brille, coréalisé par Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de son tandem principal, une autre actrice avait pu aussi se démarquer, au point de voler la vedette à chaque apparition, Audrey Lamy. Celle que l’on appelait alors encore « la sœur d’Alexandra Lamy » a su très vite se faire un prénom et l’actrice n’a cessé depuis d’apparaître au cinéma, devenant un second rôle récurrent, pour ne pas dire indispensable. Si Cédric Klapisch, Maïwenn, Mélanie Laurent, Marc Fitoussi, Christophe Gans et bien d’autres lui ont offert de très beaux personnages, elle accède enfin en haut de l’affiche en 2018 avec Ma reum de Frédéric Quiring, qui connaît un joli succès avec 800.000 entrées. Cependant, loin de se cantonner au registre de la comédie, Audrey Lamy a souvent apporté une gravité, une mélancolie, une profondeur à celles qu’elle a incarnées. Les Invisibles et La Brigade de Louis-Julien Petit, Rebelles d’Allan Mauduit ont dernièrement prouvé une fois de plus son talent de caméléon. À l’instar de sa frangine, Audrey Lamy a pris de la bouteille, cela lui sied à ravir et apporte un background à ses personnages. C’est le cas pour En tongs au pied de l’Himalaya, dans lequel elle trouve l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Cette comédie dramatique, car il n’est pas interdit de rire, comme une soupape indispensable entre deux scènes plus difficiles, se penche avec force et pudeur sur le handicap. Réalisé par John Wax, ancien photographe de plateau et directeur artistique superviseur, En tongs au pied de l’Himalaya est son premier long-métrage signé en solo (il avait auparavant mis en scène Tout simplement noir avec Jean-Pascal Zadi) et témoigne d’une vraie sensibilité, doublée d’une solide direction d’acteurs. Si le propos n’est guère inédit (on pense souvent au magnifique Les Clefs de la maisonLe Chiavi di casa de Gianni Amelio), l’émotion est présente, le pathos aux abonnés absents, l’humour fonctionne et la distribution est impeccable. Un beau moment.

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Test Blu-ray / Nightmare Concert, réalisé par Lucio Fulci

NIGHTMARE CONCERT (Un gatto nel cervello) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucio Fulci, Jeoffrey Kennedy, Malisa Longo, Paola Cozzo, Robert Egon, David L. Thompson, Shilett Angel…

Scénario : Lucio Fulci, Giovanni Simonelli & Antonio Tentori

Photographie : Alessandro Grossi

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Réalisateur de films d’horreur, Lucio Fulci vit un véritable cauchemar. Poursuivi par les personnages de ses films et transporté dans les scènes les plus horribles, il croit devenir fou ! Conscient de ses obsessions, il consulte un psychiatre qui pratique l’hypnose. Mais une succession de meurtres bien réels sont alors commis et il devient de plus en plus difficile de distinguer la fiction de la réalité…

Nightmare Concert, ou Un gatto nel cervello, ou littéralement Un chat dans le cerveau est l’un des derniers longs-métrages de Lucio Fulci (1927-1996). En réalité, il s’agit d’un patchwork, d’un opus composé de scènes tirées de téléfilms supervisés ou adoubés plutôt par le maître de l’horreur dans le cadre de son anthologie Lucio Fulci presenta. Ainsi outre des extraits des Fantômes de SodomeIl fantasma di Sodoma et de Soupçons de mort Quando Alice ruppe lo specchio, sortis en 1988, on reconnaît des images tirées de Bloody Psycho de Leandro Lucchetti (1989), de Hansel e Gretel de Giovanni Simonelli (1990), de Massacre d’Andrea Bianchi (1989), de Blood Moon/Death Escape d’Enzo Milioni et de The Murder SecretNon Avere Paura Della Zia Martade Mario Bianchi (1988). Là-dessus, Lucio Fulci himself sert de fil rouge, à travers une histoire « méta », où le cinéaste se retrouve à la merci de visions cauchemardesques, qui lui font perdre le sens des réalités. Le cinéaste a une vraie gueule de cinéma et s’en tire bien dans le « rôle » de Lucio Fulci et d’entrée de jeu, celui-ci est montré à l’oeuvre, en train d’écrire, d’imaginer comment une femme peut passer de vie à trépas. Tous les moyens sont bons, à coups de hache, étranglée, pendue, coupée en morceaux avec une tronçonneuse, noyée dans l’eau bouillante, égorgée par un chat sauvage, brûlée vive, enterrée vivante, torturée, les yeux percés, poignardée, sciée en deux, crucifiée, décapitée…voilà ce qui triture les méninges de Lucio Fulci, son cerveau ne le laissant pas en paix, comme si un chat lui lacérait ou lui rongeait la matière grise, ce que le générique nous dévoile d’ailleurs littéralement. Si Nightmare Concert comporte évidemment de nombreux défauts, cette plongée dans les méandres de l’esprit du cinéaste est un petit bonus sympathique pour ses très nombreux admirateurs et ce voyage n’est franchement pas déplaisant.

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Test Blu-ray / Bernie, réalisé par Richard Linklater

BERNIE réalisé par Richard Linklater, disponible en DVD le 12 mars 2025 chez Extralucid Films.

Acteurs : Jack Black, Shirley MacLaine, Matthew McConaughey, Brady Coleman, Richard Robichaux, Rick Dial, Brandon Smith, Larry Jack Dotson…

Scénario : Richard Linklater & Skip Hollandsworth

Photographie : Dick Pope

Musique : Graham Reynolds

Durée : 1h36

Année de sortie : 2011

LE FILM

À Carthage, petite bourgade du Texas, dans les années 1990, Bernie Tiede, assistant croque-mort, est aimé de tous les habitants. Véritable maître de l’embaumement et des animations d’enterrements, chanteur hors pair, Bernie va se lier d’amitié avec Marjorie Nugent, une riche veuve, à l’inverse, détestée car désagréable. Très vite, ils deviennent inséparables, voyagent à travers le monde et ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. Mais la vieille femme possessive maintient Bernie sous son emprise…

Richard Linklater (né en 1960) rappelle Robert Wise ou Richard Fleischer. Un artisan touche-à-tout, qui a oeuvré dans moult genres, un réalisateur insaisissable, prolifique, éclectique, mais aussi et avant tout un auteur à part entière. Alors forcément, découvrir une de ses œuvres jamais sorties dans nos contrées est toujours un immense plaisir, d’autant plus que le film qui nous intéresse ici, Bernie, aura longtemps intrigué le cinéphile français. Et le résultat est jubilatoire, pour ne pas dire carrément jouissif. À la base de Bernie, il y a un fait divers réel, que Richard Linklater découvre dans les années 1990, à travers un article du magazine Texas Monthly de Skip Hollandsworth. Le cinéaste y voit très vite un sujet formidable pour un long-métrage et pense déjà à Jack Black, avec lequel il tourne finalement l’un de ses opus les plus célèbres, Rock Academy. Les années passent, Linklater attend que le comédien prenne de la bouteille et les deux hommes se retrouvent enfin en 2011 pour Bernie. À cette occasion, Jack Black rencontre le véritable Bernie Tiede en prison. Quand il se met dans la peau de ce dernier, Jack Black sort de deux échecs commerciaux sur le sol américain, Les Voyages de Gulliver de Rob Letterman et L’An 1 : Des débuts difficiles d’Harold Ramis. Cette prestation lui vaudra tous les éloges et l’acteur sera nommé dans beaucoup de festivals. Honteusement oublié aux Oscars, Bernie a pourtant tout d’un grand film sous ses apparences modestes et s’inscrit parfaitement dans la filmographie de Richard Linklater, qui à travers sa comédie dresse en réalité une radiographie implacable du Texas (où il est né), comme un faux documentaire extraordinaire. Sauf que l’histoire qui est narrée est absolument vraie, ce qui fait encore plus froid dans le dos. IN-DIS-PEN-SA-BLE.

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Test Blu-ray / Iron Man, réalisé par Joseph Pevney

IRON MAN réalisé par Joseph Pevney, disponible en DVD et Blu-ray le 25 mars 2025 chez Elephant Films.

Acteurs : Jeff Chandler, Evelyn Keyes, Stephen McNally, Rock Hudson, Joyce Holden, Jim Backus, James Arness, Steve Martin, George Baxter…

Scénario : George Zuckerman & Borden Chase, d’après le roman de William R. Burnett

Photographie : Carl E. Guthrie

Musique : Milton Rosen

Durée : 1h22

Année de sortie : 1951

LE FILM

En Pennsylvanie, un mineur, Coke Mason, veut acheter un magasin de radio et épouser Rose Warren. Son frère, lui, pense plutôt à son avenir dans la boxe, sachant que quand il se bat, on le surnomme « l’homme de fer ». Coke l’écoute mais, grisé et corrompu par le succès, il ne connaîtra la reconnaissance du public que dans la défaite…

S’il y a un nom que l’on aime retrouver au fil de nos chroniques, c’est bien celui de Joseph Pevney (1911-2008), réalisateur appliqué ayant touché à plusieurs genres, La Police était au rendez-vous Six Bridges to Cross (1955) et Rendez-vous avec une ombreThe Midnight Story (1957) avec Tony Curtis, L’Homme aux mille visages Man of a Thousand Faces (1957), formidable biopic sur Lon Chaney, avec James Cagney dans le rôle-titre, Le Château de la terreur The Strange Door (1951) avec rien de moins que Charles Laughton et Boris Karloff. Avant de se consacrer principalement à la télévision, pour laquelle il signera moult épisodes de séries cultes, notamment Star Trek, La Petite maison dans la prairie, L’Incroyable Hulk, Bonanza, Joseph Pevney se faisait un nom dans le domaine de la série B et montrait systématiquement qu’il en avait sous le capot. C’est encore le cas avec Iron Man, aka Poings d’acier dans nos contrées, son quatrième long-métrage et par ailleurs l’un de ses quatre films sortant dans les salles en cette année 1951. Iron Man est la première collaboration du cinéaste avec l’un de ses acteurs fétiches, le génial Jeff Chandler (1918-1961), avec lequel Joseph Pevney tournera plus d’une demi-douzaine de fois, pour le compte des studios Universal. Ainsi Iron Man, drame sportif, se déroule dans le milieu de la boxe et se place dans le sillage de Nous avons gagné ce soir The Set-Up de Robert Wise et Le Champion Champion de Mark Robson, sortis deux ans auparavant, mais aussi de Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh, qui racontait l’histoire d’un modeste employé de banque passionné par la boxe et désireux de s’élever au-dessus de sa condition, dont l’arrivisme irritait les membres du Club Olympique. Ou comment le sport devient synonyme (ou pas) d’élévation sociale et une échelle pour aider certains à connaître le tant convoité American Dream. Iron Man est un tout petit film, mais qui condense en à peine 80 minutes autant, si ce n’est plus, que certains titres contemporains qui s’étendent sur plus 2h30. C’est là l’efficacité d’un metteur en scène à réhabiliter et dont il est important de remettre l’oeuvre en avant.

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Test Blu-ray / En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol

EN FANFARE réalisé par Emmanuel Courcol, disponible en DVD et Blu-ray le 1er avril 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, Clémence Massart-Weit, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès, Yvon Martin…

Scénario : Oriane Bonduel, Emmanuel Courcol, Irène Muscari & Marianne Tomersy

Photographie : Maxence Lemonnier

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

En dépit d’une critique dithyrambique, Un triomphe, second long-métrage d’Emmanuel Courcol comme réalisateur, n’avait attiré qu’un peu plus de 300.000 spectateurs dans les salles en 2021. Ce très beau film offrait entre autres à Kad Merad l’un de ses plus beaux rôles et l’un de ses partenaires se distinguait une fois de plus, l’excellent Pierre Lottin (né en 1989). Qu’il semble loin désormais le Wilfried de la famille Tuche (quand bien même le cinquième volet de la saga cartonne encore avec plus de trois millions d’entrées) et le comédien, que nous n’avons eu de cesse de mettre en avant à chaque apparition, est maintenant très demandé dans le cinéma français. De François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne) à Anna Fontaine (Présidents), en passant par Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12) et bientôt chez le tandem Nakache/Toledano, Pierre Lottin est partout et on ne va pas se plaindre. Il détient enfin un hit personnel avec En fanfare, pour lequel il retrouve Emmanuel Courcol donc, qui aura attiré plus de 2,6 millions français dans les salles, tous emballés par son duo formé avec le génial (et déjà plus confirmé) Benjamin Lavernhe. Ce dernier, à mille lieues du rôle avec lequel nous l’avons découvert il y a plus de dix dans l’hilarant Radiostars de Romain Levy (Smiters, c’était lui !) a fait son chemin depuis, aussi bien à la Comédie-Française qu’au cinéma où tout le monde se l’arrache (Nicole Garcia, Jeanne Herry, Bruno Podalydès, Toledano/Nakache, Frédéric Tellier et même Wes Anderson). Les deux font des étincelles dans En fanfare, comédie (très drôle) dramatique (très triste, mais jamais pathos), qui rappelle bien sûr quelques classiques britanniques comme Les Virtuoses Brassed Off (1996) de Mark Herman ou The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo, mais qui s’en démarque rapidement et trouve sa propre personnalité, grâce à une distribution prestigieuse et une écriture aussi élégante que soignée. Un grand succès largement mérité.

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Test 4K-UHD / Pair et impair, réalisé par Sergio Corbucci

PAIR ET IMPAIR (Pari e dispari) réalisé par Sergio Corbucci, disponible en DVD, Blu-ray et Combo 4K UHD + Blu-ray, le 27 février 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Terence Hill, Bud Spencer, Luciano Catenacci, Marisa Laurito, Woody Woodbury, Salvatore Borghese, Jerry Lester, Kim McKay…

Scénario : Bruno Corbucci, Mario Amendola, Sabatino Ciuffini & Sergio Corbucci

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h55

Date de sortie initiale: 1978

LE FILM

Johnny, officier d’élite de la marine, se voit confier une mission de la plus haute importance : démanteler un gang de bookmakers. Pour réussir dans cette aventure périlleuse, il fait appel à son demi-frère Charlie, conducteur de camions et ancien croupier pour le compte du « Grec » Paragoulis. Ensemble, sous la direction de leur père (faux aveugle), ils vont jouer à tous les jeux d’argent, participant tour à tour au tiercé, poker, etc.

Où se place Pair et impair dans la carrière de notre tandem préféré ? Il s’agit de la onzième collaboration entre Terence Hill et Bud Spencer et se place entre Deux Super-flics ! – I due superpiedi quasi piatti de Enzo Barboni et Cul et ChemiseIo sto con gli ippopotami de Italo Zingarelli. Mais c’est aussi la première de leurs deux associations (en commun donc) avec le légendaire Sergio Corbucci (1926-1990). En effet le réalisateur de Django, Navajo Joe, Le Grand Silence, El Mercenario, Mais qu’est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? (on pourrait continuer longtemps ainsi) avait déjà croisé la route de Terence Hill en 1963 sur Le Jour le plus courtIl giorno più corto, parodie du Jour le plus long, interprété par un casting de folie, de Totò à Walter Chiari, en passant, par Ugo Tognazzi, Gino Cervi, Franco & Ciccio, Aldo Fabrizi, regardez la fiche Wikipédia, c’est hallucinant. De l’avis général, et à ce à juste titre, Pair et impair Pari e dispari, cette fois encore tourné à Miami, est l’un des meilleurs opus du duo. Succession ininterrompue de gags, de répliques tordantes, de bastons homériques, cette comédie familiale demeure une référence en la matière, l’un des films que l’on prend plaisir à faire découvrir à la nouvelle génération. Un grand spectacle.

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Test Blu-ray / Miséricorde, réalisé par Alain Guiraudie

MISÉRICORDE réalisé par Alain Guiraudie, disponible en DVD & Bu-ray le 4 mars 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Félix Kysyl, Catherine Frot, Jean-Baptiste Durand, David Ayala, Tatiana Spivakova, Salomé Lopes, Serge Richard, Elio Lunetta, Jacques Develay…

Scénario : Alain Guiraudie

Photographie : Claire Mathon

Musique : Marc Verdaguer

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Jérémie revient à Saint-Martial pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s’installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue…

Si comme nous, vous croisez par hasard dans votre vie ou sur les réseaux sociaux, une personne qui vous sort l’immanquable « le cinéma français, c’est toujours la même chose », demandez-lui si elle ou il connaît le réalisateur Alain Guiraudie. Il y a de fortes chances que ce nom ne lui dise rien, ce à quoi vous pourrez alors ajouter « c’est un univers unique et quasi-inclassable ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Miséricorde, le septième long-métrage du cinéaste, ne déroge pas à la règle. À la fois comédie de mœurs et thriller provincial, cette nouvelle œuvre, toujours teintée de sexe, sort constamment des sentiers battus, surprend à chaque scène, propose à son public un divertissement (car le spectacle est garanti) rempli de rebondissements, de retournements de situations, de formidables numéros d’acteurs, le tout en communion avec la nature environnante, autre sujet de prédilection de son auteur. C’est peu dire que Miséricorde est une autre grande réussite d’Alain Guiraudie, dont on salue également le rapide retour derrière la caméra, soit deux ans après la sortie de Viens je t’emmène, alors qu’il avait fallu attendre plus de cinq années pour découvrir ce dernier après le génial Rester vertical.

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Test Blu-ray / Vénus en fourrure, réalisé par Massimo Dallamano

VÉNUS EN FOURRURE (Venere in peliccia – Le Malizie di Venere) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Laura Antonelli, Régis Vallée, Loren Ewing, Renate Kasché, Werner Pochath, Mady Rahl, Wolf Ackva, Peter Heeg, Josil Raquel…

Scénario : Fabio Massimo, d’après l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch

Photographie : Sergio d’Offizi

Musique : Gianfranco Reverberi

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le romancier Séverin, en quête d’un sujet pris sur le vif, assiste par un trou aménagé dans le mur au spectacle des plaisirs de Wanda, une célèbre call-girl arrivée pour se reposer dans l’auberge où il séjourne. Repris alors par une obsession érotique qui remonte à sa plus tendre enfance, Séverin décide de posséder Wanda.

Laura Antonelli begins…enfin, pas vraiment. En effet, la belle (euphémisme) avait déjà dévoilé ses charmes en 1966 dans l’improbable et frappadingue L’Espion qui venait du surgelé Le spie vengono dal semifreddo de Mario Bava, dans lequel, alors âgée de 25 ans, elle illuminait le film de son sex-appeal en passant quasiment tout le métrage en petite nuisette affriolante. 1969, année érotique, mais pas que(eue). Alors qu’elle apparaît dans Exécutions Un detective de Romolo Guerrieri, distribué dans les salles italiennes, Laura Antonelli tient le rôle-titre de Vénus en fourrure Venere in peliccia de Massimo Dallamano (1917-1976), coproduction germano-helvético-italienne, qui n’aura pas l’honneur de sortir de l’autre côté des Alpes, ou tout du moins dans une combinaison de salles restreintes, avant d’être rapidement retiré de la circulation en raison de la censure. Elle y fait pourtant sensation en s’affichant pour la première fois dans le simple appareil et ce à de multiples reprises (et dès les premières secondes), dans quelques scènes érotiques assez osées pour l’époque. C’est en découvrant ce film (et sa prestation) dans quelques copies qui circulaient sous le manteau, que des producteurs et réalisateurs italiens décident de l’engager peu de temps après, jusqu’à exploser littéralement avec les triomphes successifs de Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile et du mythique MaliciaMalizia de Salvatore Samperi. Une star est née, ou est sur le point de naître dans Vénus en fourrure, romance dramatique évidemment inspirée de l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch (le « masochisme » vient de son nom) publiée en 1870, mais librement et qui donne matière au réalisateur Massimo Dallamano, pour expérimenter le cadre et ses remarquables recherches plastiques. Ainsi, Laura Antonelli apparaît comme étant un fascinant « objet » à sculpter et si la comédienne est parfois maladroite dans son jeu, elle reste encore aujourd’hui l’une des plus fascinantes créatures de l’histoire du cinéma.

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Test DVD / Le Royaume, réalisé par Julien Colonna

LE ROYAUME réalisé par Julien Colonna, disponible en DVD & Blu-ray le 18 mars 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci, Anthony Morganti, Andrea Cossu, Eric Ettori, Régis Gomez, Pascale Mariani, Frederic Poggi…

Scénario : Jeanne Herry & Julien Colonna

Photographie : Antoine Cormier

Musique : Audrey Ismael

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Alors qu’elle vit l’un de ses premiers étés adolescents, Lesia est envoyée chez son père. Sauf que lui est chef de clan d’une mafia locale. En plein milieu du tumulte, durant ces quelques semaines estivales, ils vont apprendre à se connaître…

Colonna ? La Corse ? Oui, mais il n’agit pas ici du célèbre éleveur, militant indépendantiste et criminel corse, assassin du préfet de Corse Claude Érignac en 1998, qui avait pris la fuite dans le maquis pendant quatre ans, avant d’être arrêté en 2012, puis incarcéré à Arles, où un codétenu allait le tuer dix ans plus tard. Julien Colonna est lui le fils de Jean-Jérôme Colonna, parrain présumé de la Corse-du-Sud, décédé en 2006 dans un étrange accident de voiture. Le Royaume est son premier long-métrage, une révélation, un choc cinématographique. Forcément largement inspiré par sa propre histoire, quand bien même le personnage principal est une adolescente, ce thriller s’intéresse avant tout à la relation père-fille, malmenée par l’action du premier, qui n’entretient avec la seconde qu’un rapport épisodique. Bien que Julien Colonna ait insisté qu’il s’agissait d’un œuvre de fiction, difficile de ne pas y voir une dimension autobiographique, y compris dans le passé du personnage du père, formidablement interprété par Saveriu Santucci, agriculteur et guide de montagne de son état, qui campe Pierre-Paul, repéré lors d’un long casting sauvage réalisé en Corse par le réalisateur, qui recherchait une authenticité qu’il n’aurait pu trouver ailleurs. Le Royaume accroche le spectateur dès la première scène, qui pose le décor, le quotidien des personnages, ainsi que le charisme et le talent de la jeune Ghjuvanna Benedetti, étudiante en école d’infirmière, quasiment de tous les plans, elle aussi comédienne non-professionnelle. Film aussi sec qu’implacable, Le Royaume est aussi un drame familial bouleversant, où l’émotion prend aux tripes au fur et à mesure de cette cavale sans issue. On en ressort la bouche pâteuse, la chair de poule, avec aussi la conviction d’avoir « rencontré » un nouvel et grand auteur à suivre de près.

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