Test Blu-ray / Visage écrit, réalisé par Daniel Schmid

VISAGE ÉCRIT (Das geschriebene Gesicht) réalisé par Daniel Schmid, disponible en Blu-ray le 6 février 2024 chez Carlotta Films.

Acteurs : Tamasaburô Bandô, Han Takehara, Haruko Sugimura, Kazuo Ôno, Yajuro Bando, Kai Shishido, Toshiya Nagasawa, Asaji Tsutakiyokomatsu, Hiroyuki Koga…

Scénario : Daniel Schmid

Photographie : Renato Berta

Durée : 1h33

Année de sortie : 1995

LE FILM

Il y a bientôt quatre siècles, une loi impériale japonaise imposa que les rôles de femmes dans le théâtre kabuki soient tenus par des hommes, appelés onnagata. Visage écritde Daniel Schmid est une tentative d’approche de Tamasaburo Bando, le plus prestigieux onnagata contemporain. Ce grand acteur de kabuki qui a également tourné pour le cinéma est considéré comme un véritable « trésor vivant », acclamé aussi bien par Rudolf Noureev que par Yukio Mishima.

Dans ce film conçu en quatre parties, le réalisateur suisse livre une œuvre hybride qui abolit les genres et les codes, naviguant allègrement entre fiction et documentaire, Japon moderne et traditionnel. À travers les portraits croisés de Tamasaburo Bando et de ses illustres aînés, comme l’actrice Haruko Sugimura ou le danseur Kazuo Ohno, Visage écrit sonde l’âme de cet art en voie de disparition et rend hommage à ces figures éternelles de la culture nippone.

Bienvenue au kabuki, théâtre japonais traditionnel. Vous y croiserez Morita Shinichi alias Tamasaburo Bando (né en 1950), star en son pays, qui s’est produit dans le monde entier et qui est même apparu au cinéma devant la caméra d’Andrzej Wajda dans Nastasja (1994). Sur scène, mais aussi dans les coulisses et en parallèle en interview, Tamasaburo Bando se livre dans et sur son art à l’occasion de Visage écrit Das geschriebene Gesicht, réalisé par le cinéaste suisse Daniel Schmid. Ce dernier, également acteur apparu chez Wim Wenders (L’Ami Américain), Rainer Werner Fassbinder (Le Marchand des quatre saisons, Lili Marleen), Patrice Chéreau (Judith Therpauve), se glisse derrière et sous la scène, observe comment l’artiste qu’il a sous les yeux se met dans la peau de son personnage, un onnagata donc.

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Test Blu-ray / Un si noble tueur – The Gentle Gunman, réalisé par Basil Dearden

UN SI NOBLE TUEUR (The Gentle Gunman), réalisé par Basil Dearden, disponible en combo Blu-ray/DVD le 28 février 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : John Mills, Dirk Bogarde, Robert Beatty, Elizabeth Sellars, Barbara Mullen, Eddie Byrne, Joseph Tomelty, Liam Redmond…

Scénario : Roger MacDougall, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Gordon Dines

Musique : John Greenwood

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

En 1941, un petit groupe d’hommes de l’I.R.A. dépose des bombes dans les stations du métro de Londres. Un membre, Terence, a fini par prendre conscience de la stupidité et de l’inutilité de la violence, et il déserte. Son frère Matt vient alors d’Irlande pour prendre sa place. Après l’arrestation de deux des hommes, Matt, croyant que Terence les trahissait, revient en Irlande et fait son rapport au chef de l’I.R.A., Shinto, et à une femme, partisane fanatique. Elle a aimé Terence mais maintenant elle reporte son amour sur son frère. Lorsqu’ils apprennent que deux prisonniers doivent venir à la prison de Belfast, Shinto projette de les faire échapper.

Noblesse oblige, De l’or en barres, Tueurs de dames, Passeport pour Pimlico, L’Homme au complet blanc, Tortillard pour Titfield, fleurons, monuments de la comédie anglaise des années 1940-50 ont toutes un point commun, elles sortent des Ealing Studios. Cependant, on a tendance à oublier que ces derniers ont toujours su se diversifier. C’est le cas des films de guerre (Un contremaître est allé en France, The Next of Kin, The Bells Go Down, Went the Day Well?) ou même fantastico-horreur (le génial Au coeur de la nuit Dead of Night). Avec près d’une vingtaine d’opus à son actif réalisés pour le compte des Ealing Studios, Basil Dearden (1911-1971), le metteur en scène de Pool of London Les Trafiquants du Dumbar, Police sans arme The Blue Lamp, Le Pas de l’oie The Goose Steps out, où d’ailleurs il ne se cantonne pas au registre comique, est l’un des rares cinéastes sous contrat à faire preuve de diversité. À ce titre, Un si noble tueur The Gentle Gunman, adapté d’une pièce de théâtre de Roger MacDougall, sorti au Royaume-Uni en 1952 (et deux ans plus tard dans nos contrées) est un thriller politique sombre furieusement moderne, pour ne pas dire toujours autant d’actualité. Certes, le film contient quelques touches d’humour étonnantes, qui contrastent avec le reste et servent avant tout de soupapes pour permettre aux spectateurs de reprendre leur souffle, mais Un si noble tueur est un vrai film noir qui se déroule dans le milieu encore rarement exploité au cinéma de l’IRA. Ainsi, bien avant Au nom du père et The Boxer de Jim Sheridan, Michael Collins de Neil Jordan, Ennemis rapprochés d’Alan J. Pakula, Bloody Sunday de Paul Greengrass, Le Vent se lève et Secret défense de Ken Loach, Hunger de Steve McQueen, ‘71 de Yann Demange, évidemment plus tardifs et reconnus, Un si noble tueur se penchait déjà avec réalisme sur le bouillonnement de cette lutte armée. Si Basil Dearden s’inspire vraisemblablement de ce que l’immense John Ford avait fait avant lui avec Le Mouchard The Informer (4 Oscars) en 1935 et The Plough and the Stars l’année suivante, il serait temps de (re)découvrir et surtout de réhabiliter The Gentle Gunman.

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Test Blu-ray / L’Énigmatique Monsieur D., réalisé par Sheldon Reynolds

L’ÉNIGMATIQUE MONSIEUR D. (Foreign Intrigue) réalisé par Sheldon Reynolds, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 6 mars 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Robert Mitchum, Geneviève Page, Ingrid Thulin, Frédéric O’Brady, Eugene Deckers, Inga Tidblad, John Padovano, Lauritz Falk…

Scénario : Sheldon Reynolds, Harold Jack Bloom & Gene Levitt

Photographie : Bertil Palmgreen

Musique : Paul Durand

Durée : 1h35

Année de sortie : 1956

LE FILM

En villégiature sur la Côte d’Azur, le riche homme d’affaires Victor Danemore meurt subitement. Travaillant pour Danemore et présent au moment de sa mort, l’agent de publicité Dave Bishop est intrigué par le mystérieux passé de son ancien employeur. Il découvre que celui-ci était un maître-chanteur. En pleine guerre froide, il suit alors ses traces en France, en Suède et en Autriche.

Rétrospectivement parlant, on ne peut pas dire que L’Énigmatique Monsieur D. fasse partie des films les plus connus de la carrière de Robert Mitchum. Situé entre La Nuit du chasseur de Charles Laughton (qu’on ne présente plus) et Bandido Caballero ! de Richard Fleischer (méconnu et pourtant très bon), Foreign Intrigue est en réalité l’une des premières adaptations d’une série télévisée au cinéma. Foreign Intrigue ou Foreign Assignment est donc à la base une série dramatique et d’espionnage créée et produite par Sheldon Reynolds, plus de 150 épisodes répartis sur quatre saisons tournées entre 1951 et 1955. Ayant de la suite dans les idées, le « showrunner » décide de transposer son bébé pour le grand écran, en proposant à la fois une suite et un récapitulatif de l’histoire déjà connue des spectateurs. Exit Jerome Thor, James Daly et Gerald Mohr, vedettes respectives des deux premières saisons, de la troisième et de la quatrième, place à Robert Mitchum à qui le trench-coat sied évidemment à ravir. S’il avait déjà derrière-lui La Griffe du passé, Ça commence à Vera Cruz, Un si doux visage et Rivière sans retour, le comédien, à l’aube de ses 40 ans, n’était pas encore totalement reconnu dans le milieu et continuait à passer d’un genre à l’autre avec la même apparente décontraction. Un talent insolent qui fait le sel de L’Énigmatique Monsieur D., qui n’est certes pas transcendant, mais qui n’en reste pas moins agréable à suivre et qui vaut surtout pour la prestation de ses deux actrices principales, la française Geneviève Page et la suédoise Ingrid Thulin. Une curiosité, une découverte.

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Test DVD / Le Consentement, réalisé par Vanessa Filho

LE CONSENTEMENT réalisé par Vanessa Filho, disponible en DVD & Blu-ray le 21 février 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta, Élodie Bouchez, Jean Chevalier, Lolita Chammah, David Clavel, Agathe Dronne…

Scénario : Vanessa Filho & François Pirot, d’après le livre de Vanessa Springora

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Olivier Coursier & Audrey Ismael

Durée : 1h54

Année de sortie : 2023

LE FILM

Paris, 1985. Vanessa a 13 ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

Le Consentement est évidemment l’adaptation cinématographique du livre éponyme de Vanessa Springora publié en 2020 chez Grasset, dans lequel elle dévoilait et dénonçait l’emprise de Gabriel Matzneff (sobrement désigné GM), quand elle n’avait que 13 ans et l’écrivain 49. Une transposition choc, frontale, difficile, insoutenable même par moments, qui aura connu un grand succès dans les salles avec plus de 600.000 entrées. Cet accueil favorable, porté entre autres par de jeunes spectateurs qui sur les réseaux sociaux encourageaient à aller voir le film, est on ne peut plus mérité, même si bien entendu le second long-métrage de Vanessa Filho (cinq ans après Gueule d’ange avec Marion Cotillard) n’est pas à mettre devant tous les yeux et pourrait heurter un public sensible. Jean-Paul Rouve y trouve sans doute son plus grand rôle à ce jour, celui d’un monstre immonde, impardonnable, terrifiant, abject, dégueulasse. On oublie le comédien et le dégoût est là, omniprésent, de tous les plans. Face à lui, Kim Higelin (petite-fille du grand Jacques, née en 2000, nièce d’Arthur H et d’Izïa Higelin) est une révélation, par ailleurs nommée dans cette catégorie à la dernière cérémonie des César, compression finalement remportée par Ella Rumpf pour Le Théorème de Marguerite. Elle ne démérite pas et porte le film sur ses frêles épaules, impressionnante dans la peau de la jeune Vanessa Springora, qui dans le récit a 13 ans alors que l’actrice en avait dix de plus. À l’instar de l’ouvrage original et best-seller, Le Consentement est une œuvre d’intérêt général, qui montre les faits, qui ne prend pas de gants ni de pincettes, tout en prouvant que le Mal est partout, depuis toujours et n’en finira jamais de ronger, de se nourrir des plus purs et innocents.

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Test DVD / Monsieur, le Maire, réalisé par Karine Blanc & Michel Tavares

MONSIEUR, LE MAIRE réalisé par Karine Blanc & Michel Tavares, disponible en DVD le 6 mars 2024 chez UGC.

Acteurs : Clovis Cornillac, Eye Haïdara, Laurence Côte, Jean-Pierre Martins, Sophie Guillemin, Shirel Nataf, Cassie Makoumbo Fowe, Mehdi Senoussi…

Scénario : Karine Blanc & Michel Tavares

Photographie : Romain Le Bonniec

Musique : Jérôme Rebotier & Geoffroy Berlioz

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Paul Barral est le maire de Cordon, une petite commune rurale en Haute-Savoie dans les Alpes. Il subit la désertification et le vieillissement de la population et doit se battre contre la fermeture des commerces et des salles de classe. Alors qu’il cherche désespérément comment attirer de nouveaux habitants, l’arrivée de mères célibataires en situation difficile constitue peut-être la clé pour ramener de la vie dans ce village peu habitué au changement et à l’agitation.

Recherche succès désespérément…Décidément, ce bon vieux Clovis Cornillac peine à remonter la pente depuis quelques années et finalement seules deux de ses mises en scène, Couleurs de l’incendie et Belle et Sébastien 3 : Le Dernier Chapitre lui auront permis de retrouver quelque peu les faveurs du public. Car on ne peut pas dire que Les Têtes givrées (120.000 entrées), C’est magnifique (175.000 entrées) et Si on chantait (220.000 entrées) ont laissé des traces dans la mémoire des spectateurs, à part peut-être Les Vétos (640.000 entrées) et on l’espère Les Chatouilles (370.000 entrées). Malgré tout, l’acteur âgé aujourd’hui de 55 ans (dont près de 40 passés devant la caméra) n’a jamais cessé d’enchaîner les films et de tenir le haut de l’affiche. C’est le cas de son dernier opus en date, Monsieur, le Maire, coréalisé par Karine Blanc et Michel Tavares, qui livrent leur premier long-métrage et qui avaient déjà collaboré par le passé sur le court-métrage 3 gouttes d’Antésite. Habituellement producteurs associés, ils signent un coup d’essai sympathique, certes pas transcendant et que beaucoup qualifieront de « téléfilmesque », mais qui tient sur la durée grâce à l’investissement et à l’excellence de ses comédiens, Clovis Cornillac donc, mais aussi et surtout de la géniale Eye Haïdara, que l’on a plaisir à revoir depuis son explosion dans Le Sens de la fête d’Éric Toledano et Olivier Nakache. Pour résumer, Monsieur, le Maire est complètement anecdotique, mais fait oublier les soucis pendant 1h40 et le cinéma sert également (pour ne pas dire avant tout) à cela.

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Test DVD / Le Théorème de Marguerite, réalisé par Anna Novion

LE THÉORÈME DE MARGUERITE réalisé par Anna Novion, disponible en DVD & Blu-ray le 5 mars 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Julien Frison, Sonia Bonny, Xiaoxing Cheng, Idir Azougli, Camille de Sablet…

Scénario : Agnès Feuvre, Marie-Stéphane Imbert, Anna Novion & Mathieu Robin

Photographie : Jacques Girault

Musique : Pascal Bideau

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

L’avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l’ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.

Il y a une dizaine d’années, la réalisatrice Anna Novion nous enchantait avec Rendez-vous à Kiruna (la ville la plus connue de la Laponie suédoise), un petit road-movie bourré de charme et d’émotion. Elle revient au cinéma après avoir signé quelques épisodes de la série Le Bureau des légendes, avec Le Théorème de Marguerite, dans lequel la cinéaste explore à nouveau un cheminement intérieur, ici celui d’une jeune femme de 25 ans, superbement interprétée Ella Rumpf, comédienne franco-suisse révélée dans Grave de Julia Ducournau, où elle volait d’ailleurs la vedette à Garance Marillier à chaque apparition. Actrice magnétique vue récemment dans les séries Succession et Tokyo Vice, elle explose littéralement dans Le Théorème de Marguerite, pour lequel elle vient d’être récompensée par le César de la meilleure révélation féminine, damnant ainsi le pion à l’excellente Rebecca Marder, alors favorite pour son rôle dans De grandes espérances de Sylvain Desclous. Là où les protagonistes évoluaient dans de magnifiques paysages suédois, le comportement de Marguerite et ses décisions vont muter hors des murs de l’École Nationale Supérieure où elle s’est enfermée depuis plusieurs années, à la suite d’un événement qui va remettre en question tout le travail effectué dans le cadre de sa thèse. À l’instar du personnage de Jean-Pierre Darroussin dans Rendez-vous à Kiruna, architecte parisien ronchon qui avait vécu toute sa vie en apnée et qui retrouvait alors un second souffle inattendu lors d’une « mission » troublante à l’étranger et à laquelle il ne pouvait échapper, Marguerite replonge dans la jungle urbaine et va devoir apprendre à penser à elle pour la première fois de son existence. Décidément, 2023 a été une des plus belles années pour le cinéma français depuis longtemps et Le Théorème de Marguerite est sans doute l’un des plus beaux de ses derniers fleurons.

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Test Blu-ray / Mausoleum, réalisé par Michael Dugan

MAUSOLEUM réalisé par Michael Dugan, disponible en Blu-ray chez Pulse Vidéo.

Acteurs : Bobbie Bresee, Marjoe Gortner, Norman Burton, LaWanda Page…

Scénario : Robert Barich, Robert Madero & Katherine Rosenwink

Photographie : Robert Barich

Musique : Jaime Mendoza-Nava

Durée : 1h37

Année de sortie : 1983

LE FILM

Traumatisée par la mort de sa mère, qu’elle pense due à la possession par un démon, Susan commence à ressentir elle aussi ce même démon qui l’habite. De plus en plus, son mari et son médecin remarquent de troublants changements en elle…

Mausoleum est resté culte dans nos contrées pour avoir remporté le Prix spécial du Jury au Festival National du Film Fantastique de Paris, tandis que sa tête d’affiche, la sculpturale et plantureuse Bobbie Bresee était récompensée par le Prix de la meilleure actrice. Tandis qu’Amityville, la maison du diable de Stuart Rosenberg et Poltergeist de Tobe Spielberg Hooper viennent de cartonner, qu’Evil Dead de Sam Raimi débarque dans les salles, Mausoleum tente de se faire une place dans le genre horrifique de possession, d’exorcisme et d’esprits maléfiques. S’il n’arrive pas à la cheville des films mentionnés, des monuments plutôt, l’opus mis en scène par Michael Dugan parvient à tirer son épingle du jeu grâce à sa comédienne principale, peu avare de ses charmes (bien rebondis), dont le charme, le sex-appeal et le talent (oui, quand même) élèvent Mausoleum au rang de sympathique curiosité.

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Test DVD / Nouveau départ, réalisé par Philippe Lefebvre

NOUVEAU DÉPART réalisé par Philippe Lefebvre, disponible en DVD le 7 février 2024 chez Orange Studio.

Acteurs : Franck Dubosc, Karin Viard, Clotilde Courau, Youssef Hajdi, Tom Leeb, Clémentine Baert, Bérengère Krief, Louise Orry-Diquéro…

Scénario : Philippe Lefebvre & Maria Pourchet, d’après le scénario original de Daniel Cúparo & Juan Vera

Photographie : Axel Cosnefroy

Musique : Philippe Kelly

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Amoureux de Diane comme au premier jour, Alain traverse la cinquantaine sans crise. Même le départ des enfants, il l’a bien vécu. Diane moins.… Cette période, elle l’entame avec la sensation qu’elle pourrait mourir d’ennui ou d’angoisse. Pour Alain, qui voit pour la première fois son couple vaciller, il est temps de se poser les questions essentielles, et de prendre un risque majeur après 30 ans de vie commune : quitter Diane pour réveiller la flamme et l’envie de se retrouver.

Nouveau départ est à la base le remake du film argentin El amor menos pensado, sorti chez nous sous le titre Retour de flamme, avec le grand Ricardo Darín. Décidément, la comédie sud-américaine « inspire » le cinéma français, puisqu’Un coup de maître de Rémi Bezançon, Citoyen d’honneur de Mohamed Hamidi, 7 jours pas plus d’Héctor Cabello Reyes et Un homme à la hauteur de Laurent Tirard étaient aussi des adaptations de films provenant du « Pays de l’argent ». Le projet a été confié à Philippe Lefebvre, scénariste (complice de Guillaume Canet), comédien et réalisateur (Le Siffleur), qui après quelques séries (Fais pas ci, fais pas ça, Les Chamois, Sam), fait son retour au cinéma avec son deuxième long-métrage comme metteur en scène. Nouveau départ se penche sur la relation d’un homme et d’une femme, mariés depuis trente ans, atteints par syndrome du nid vide, quand leur deuxième et dernier enfant s’envole au Japon pour y faire ses études. Alors qu’un sentiment de tristesse et de solitude s’empare de Diane, son mari Alain, profondément amoureux de son épouse, se rend compte qu’ils n’ont peut-être pas vieilli de la même façon. Cette comédie tendre est impeccablement campée par le tandem Karin Viard – Franck Dubosc, qui s’ils se connaissaient depuis l’adolescence (ils ont fréquenté en même temps le conservatoire de Rouen), ne s’étaient jamais encore donnés la réplique, même s’ils avaient partagé l’affiche des Visiteurs – La Révolution. Avec sa coscénariste Maria Pourchet (King), Philippe Lefebvre signent un film très attachant et sans doute universel. Son échec relatif dans les salles (285.000 entrées, c’est peu avec ces têtes d’affiche) sera rattrapé plus tard et Nouveau départ devrait en toute logique connaître une seconde vie par la suite, ce qu’on lui souhaite et ce qu’il mérite largement.

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Test Blu-ray / Silent Night, réalisé par John Woo

SILENT NIGHT réalisé par John Woo, disponible en DVD & Blu-ray le 29 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Joel Kinnaman, Catalina Sandino Moreno, Kid Cudi, Harold Torres, Vinny O’Brien, Yoko Hamamura, Anthony Giulietti, John Pollack…

Scénario : Robert Archer Lynn

Photographie : Sharone Meir

Musique : Marco Beltrami

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En couple avec Saya, Brian Godlock est un père de famille comme tout le monde. En cette veille des fêtes de fin d’année, son jeune fils est tué, victime collatérale d’une guerre des gangs. Godlock va alors décider de se venger. Ignorant tous les codes, il va devoir se rendre dans les bas-fonds de la pègre et dans ce monde qu’il ne connaît pas, pour tuer les responsables de la mort de son enfant.

Pourquoi tant de haine autour du dernier long-métrage en date de John Woo ? Vingt ans après Paycheck, le réalisateur chinois fait son retour à Hollywood pour un nouveau film d’action, qui présente pour particularité de ne comprendre aucun dialogue, si ce n’est en fond, par radio ou à la télévision. Même chose, on a beaucoup entendu qu’il s’agissait d’un opus au rabais, pourtant Silent Night n’a rien d’un « John Wish », même s’il est inévitable de penser à la saga avec Keanu Reeves. En fait, il s’agit ici d’un mix entre John Wick (avec les mêmes producteurs Erica Lee et Basil Iwanyk aux manettes) et Un justicier dans la ville et le maître hongkongais (né en 1946) ne s’en cache pas, il connaît bien sûr les clichés inévitables, qu’il n’évite pas, mais qu’il embrasse au contraire avec une totale décontraction. Évidemment, ceux qui s’attendent à retrouver la virtuosité du Syndicat du crime, The Killer, Une balle dans la tête et bien d’autres seront sans doute déçus, pourtant, le cinéaste renoue avec l’efficacité plus édulcorée dirons-nous qui avait fait ses preuves dans Chasse à l’homme, Broken Arrow, Volte-Face et Mission impossible 2. Il n’y a rien de déshonorant dans Silent Night, le film étonne même par son émotion et la belle installation des personnages dans le premier acte, malgré son absence quasi-totale de dialogues et qui repose entre autres sur l’intense prestation du suédois Joel Kinnaman. Un bon ride, un divertissement soigné, un spectacle haut de gamme.

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Test 4K UHD / Incubus, réalisé par Leslie Stevens

INCUBUS réalisé par Leslie Stevens, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : William Shatner, Allyson Ames, Eloise Hardt, Robert Fortier, Milos Milos, Ann Atmar…

Scénario : Leslie Stevens

Photographie : Conrad L. Hall

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Situé au bord de l’océan, le village de Nomen Tuum a tout d’un lieu paradisiaque. On y trouve un puits, la Fontaine du Cerf, au fond duquel coule une source aux vertus curatives. Mais cet endroit a aussi attiré des succubes, démons à l’apparence de belles femmes, recherchant des âmes corrompues pour les livrer au Dieu des Ténèbres. L’une d’elles, Kia, a jeté son dévolu sur une âme pure : Marko, ancien soldat rentré au pays après avoir été blessé et qui vit modestement dans une ferme avec sa soeur, Arndis. Kia séduit Marko, qui tombe rapidement amoureux de la jeune femme, ignorant sa véritable nature.

En 2017, nous faisions la découverte de Propriété privée Private Property. Longtemps considéré comme définitivement perdu – en raison d’un incendie qui aurait tout dévasté – avant qu’une copie 35mm soit finalement retrouvée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Propriété privée était en réalité une vraie perle rare du film noir des années 1960, qui demeurait invisible depuis sa sortie. Premier film réalisé par le cinéaste américain Leslie Clark Steven IV alias Leslie Stevens (1924-1998), célèbre pour avoir créé la série Au-delà du réel en 1963, ce drame-thriller que l’on pourrait qualifier de néo-hitchcockien, marquait les débuts au cinéma du comédien Warren Oates, qui signait sa troisième apparition à l’écran. 2024, Incubus, le troisième long-métrage de Leslie Stevens connaît quelque peu le même sort et se révèle être une autre expérience cinématographique tout aussi originale. Après l’annulation de la série Au-delà du réel en 1965 par ABC, le réalisateur signe un scénario afin de réunir son équipe technique habituelle, entre autres le directeur de la photographie Conrad L. Hall (De sang-froid, Electra Glide in Blue, Luke la main froide, Marathon Man, American Beauty) et le compositeur Dominic Frontiere (Pendez-les haut et court, Roar), en vue de l’exploiter dans les cinémas art et essai. Le plus surprenant sur Incubus et ce qui l’a fait entrer dans l’histoire du cinéma, est d’avoir été tourné en langue espéranto (les acteurs ayant appris phonétiquement leurs répliques à cette occasion), le second des trois films à avoir adopté ce langage dit « universel » au cinéma, ce qui selon le cinéaste ajoutait une dimension étrange à son récit. Ce procédé ne vaut pas celui de The Man from Another Place dans la série Twin Peaks, mais on s’en rapproche, même si seuls les espérantophones sauront juger de la qualité de la prononciation des acteurs. Incubus, emballé en un plus de deux semaines avec un budget très modeste, est quasiment inclassable et le résultat oscille entre les œuvres d’Ingmar Bergman (pour ce qui est du décor et des silhouettes perdues dans l’immensité de la nature) et de Carl Theodor Dreyer (en ce qui concerne la capture des visages et du thème central de l’amour). Une curiosité sur laquelle les cinéphiles devraient tous se pencher à un moment donné de leur parcours du septième art, d’autant plus que ce long-métrage avait été longtemps perdu…

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