Test Blu-ray / Killer Crocodile I & II, réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi

KILLER CROCODILE I& II réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi, disponible en Édition Limitée Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Crenna, Ennio Girolami, Julian Hampton, Van Johnson, Sherrie Rose, Bill Wohrman, Ann Doulas…

Scénario : Fabrizio De Angelis, Dardano Sacchetti & Giannetto De Rossi

Photographie : Federico Del Zoppo & Giovanni Bergamini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h28 & 1h26

Date de sortie initiale : 1989 & 1990

LES FILMS

Un groupe d’écologistes se rend dans les Caraïbes pour tenter de prouver que les activités d’une multinationale mettent en péril la faune et la flore. Il ne leur faut pas longtemps pour que, dans un marais, ils découvrent des fûts toxiques… Avant de mettre les autorités locales au courant, ils décident de rester pour la nuit. Mais à leur réveil, l’un d’entre eux a disparu…

Un an plus tard…

Ils pensaient en avoir fini avec le saurien mutant… ils avaient forcément tord ! Les fûts toxiques qui étaient supposés avoir été détruits sont toujours là, attendant de créer une nouvelle génération de mutants…

Préparez le pack de binouzes (de préférence, ne prenez pas de la Tourtel, l’effet ne serait pas le même), le paquet de chips (pas celui aux légumes oubliés, en plus le paquet est à 5 balles au Monop’), le chocolat Lindt lait façon Rocher et enchaînez les deux mirifiques opus Killer Crocodile ! On doit le premier à Fabrizio De Angelis, habituellement producteur (Black Emanuelle autour du monde, L’Enfer des zombies, L’Au-delà, L’Éventreur de New York, Formule pour un meurtre), également ici scénariste et metteur en scène sous le pseudo de Larry Ludman. Évidemment très largement inspiré par Les Dents de la merJaws de Steven Spielberg, qui a non seulement créé le blockbuster une quinzaine d’années auparavant, mais aussi donné naissance au film d’épouvante centré sur une créature marine, Killer Crocodile ne lui arrive pas à la cheville, tout juste à la plante des pieds. Car c’est est un nanar, un pur et dur, celui qui vous fracasse le bide comme les zygomatiques. Et bordel, ça fait un bien fou. Le film enchaîne les scènes d’anthologie avec son monstre douteux, son casting dont le charisme n’a d’égal que le talent (autrement dit zéro pointé sur ces deux points), la musique de Riz Ortolani qui plagie ouvertement le score de John Williams, bref, du bonheur sur pellicule pendant près de 90 minutes. La suite oscille constamment entre le navet et le nanar. Si elle comprend quelques moments épiques, cette séquelle emballée par Giannetto De Rossi, spécialiste des maquillages et des effets spéciaux (Pulsions cannibales, Il était une fois dans l’Ouest), qui avait déjà bossé sur le premier opus et qui venait de faire ses débuts comme réalisateur (Cyborg – Il guerriero d’acciaio), n’est pas aussi « hénaurme ». Le spectateur qui attendrait un second épisode dans la lignée du précédent pourrait être déçu en raison d’un ventre mou, mais au final le résultat est plutôt réjouissant. Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Dépêchez vous, la bière va s’éventer.

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Test Blu-ray / La Vie pour de vrai, réalisé par Dany Boon

LA VIE POUR DE VRAI réalisé par Dany Boon, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2023 chez Pathé.

Acteurs : Dany Boon, Kad Merad, Charlotte Gainsbourg, Maxime Gasteuil, Caroline Anglade, Aurore Clément, Gaël Raës, Catherine Artigala…

Scénario : Dany Boon

Photographie : Glynn Speeckaert

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.

Dany Boon, huit longs-métrages réalisés à ce jour depuis 2006, plus de 46 millions d’entrées cumulées rien qu’en France dont évidemment 20,5 millions pour Bienvenue chez les Ch’tis et sachant que l’immonde 8 rue de l’Humanité n’est pas sorti dans les salles et a été présenté uniquement sur la plateforme Netflix. Pas un seul échec au box-office, y compris son premier coup d’essai, le très bon La Maison du bonheur, qui avait dépassé la barre du million d’entrées. Il fallait bien que cela arrive un jour et donc son dernier opus en date, La Vie pour de vrai, produit avec un budget de près de 25 millions d’euros (contre 28 pour La Ch’tite famille, 33 pour Raid Dingue, 32 pour Supercondriaque…) n’aura attiré que 800.000 spectateurs. L’auteur de ces mots est le premier étonné d’écrire ceci, mais ce bide sévère est injuste, car La Vie pour de vrai est sans aucun doute le meilleur de son auteur depuis Rien à déclarer (2011) et ce sans aucune commune mesure. En effet, Dany Boon retrouve enfin ce qui faisait la réussite de ses trois premiers longs-métrages, des personnages attachants et simples, des dialogues soignés, ce à quoi s’ajoute une mise en scène également plus recherchée et moins fonctionnelle. Sortie dans un contexte social quelque peu houleux (ou quand on évoquait la possibilité d’un nouveau mai 68 en mars 2023), La Vie pour de vrai n’a pas su attirer un public que l’on pensait pourtant conquis d’avance par ces retrouvailles entre Dany Boon et Kad Merad, accompagnés cette fois par la toujours divine Charlotte Gainsbourg, géniale dans la peau d’une nymphomane qui tombe amoureuse pour la première fois.

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Test DVD / Sage-homme, réalisé par Jennifer Devoldère

SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.

Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…

Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Dim Sum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.

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Test DVD / 10 jours encore sans maman, réalisé par Ludovic Bernard

10 JOURS ENCORE SANS MAMAN réalisé par Ludovic Bernard, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Franck Dubosc, Aure Atika, Alexis Michalik, Annelise Hesme, Héléna Noguerra, Swan Joulin, Violette Guillon, Ilan Debrabant, Evan Paturel, Vincent Martin…

Scénario : Ludovic Bernard & Mathieu Oullion, d’après une histoire originale de Mariano Vera

Photographie : Vincent Richard

Musique : Harry Allouche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Antoine Mercier a été licencié de son poste de directeur des ressources humaines dans une grande enseigne de bricolage. Depuis deux ans, il est devenu père au foyer et s’occupe de ses quatre enfants, souvent seul car sa femme Isabelle est très prise par son activité d’avocate. Depuis deux ans dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi 10 jours de vacances à la montagne s’annoncent comme une aubaine, surtout à Courchevel. Antoine se dit alors qu’il va pouvoir enfin se reposer. Malheureusement pour lui, alors qu’ils sont sur le quai de la gare, le cabinet d’Isabelle la sollicite et elle ne peut plus partir avec les siens. Antoine va alors devoir à nouveau passer 10 jours seul avec ses 4 enfants.

En 2020, Ludovic Bernard (Mission Pays Basque, L’Ascension) connaît un joli succès mérité avec 10 jours sans maman. Porté par Franck Dubosc, ce remake du film argentin Mamá se fue de viaje d’Ariel Winograd, sorti en 2017 et inédit dans l’Hexagone, parvient à attirer 1,2 million de français dans les salles, juste avant l’instauration du confinement et de la fermeture des cinémas. Après deux épisodes emballés pour la série Lupin, le réalisateur qui a fait ses classes dans l’écurie Besson en étant assistant sur Lucy, Taken 2 et 3, 3 Days to Kill, Malavita et autres ignominies, décide de revenir à la famille Mercier, histoire sans doute de surfer sur le hit rencontré par le premier opus, qui aurait pu aller plus loin si nous n’avions pas été « en guerre » (pour citer un humoriste qui s’ignore) contre la Covid 19. Le fait est que cette suite qui ne s’imposait pas reprend certes les personnages, mais n’en fait pas grand-chose et perd la dynamique de groupe qui faisait la réussite du précédent, en se focalisant beaucoup plus sur Franck Dubosc, trop souvent isolé des enfants. L’alchimie entre les comédiens, qui reprennent tous leurs rôles respectifs y compris les quatre rejetons, est évidente et les scènes les plus amusantes sont indéniablement celles où ils sont tous confrontés les uns aux autres, mais elles apparaissent étonnamment peu. On a donc l’impression constante que Ludovic Bernard a dégoté un ancien scénario et l’a quelque peu remanié pour en faire une pseudo-suite à 10 jours sans maman, mais sans jamais parvenir à retrouver cette fraîcheur et le sens du gag qui faisaient mouche il y a trois ans. Au final, 10 jours encore sans maman n’est pas désagréable en soi et Franck Dubosc est entre autres très bien, mais l’ensemble demeure un brin poussif.

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Test Blu-ray / Paradise Highway, réalisé par Anna Gutto

PARADISE HIGHWAY réalisé par Anna Gutto, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Juliette Binoche, Frank Grillo, Hala Finley, Cameron Monaghan, Veronica Ferres, Christiane Seidel, Morgan Freeman, Desiree Wood…

Scénario : Anna Gutto

Photographie : John Christian Rosenlund

Musique : Anné Kulonen

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Pour sauver son frère, Dennis, d’un gang de prisonniers dangereux, Sally, une conductrice de camion, a été obligée de faire passer des cargaisons illicites. Bientôt l’agent du FBI Gerick est à ses trousses. Parallèlement, la dernière livraison de Sally l’interroge moralement car il s’agit d’une adolescente.

Entre un film de Claire Denis (Avec amour et acharnement) et un autre de Christophe Honoré (Le Lycéen), Juliette Binoche s’est exilée un temps outre-Atlantique pour y tourner un thriller dramatique, Paradise Highway, exploité quelques fois en France sous le titre La Route de l’enfer. Ce premier long-métrage écrit et réalisé par Anna Gutto, remarquée pour la série Home for Christmas diffusée sur Netflix, se penche sur le trafic sexuel d’enfants aux Etats-Unis, thème ô combien difficile à traiter sans tomber dans les clichés ou les effets stylistiques du genre. Si Paradise Highway s’en tire honorablement sur ce sujet, c’est aussi un road-movie étrange où il n’y a quasiment pas d’action, mais où la tension est constante du début à la fin et surtout qui offre à ses acteurs l’occasion de réaliser quelques numéros sympathiques et donc divertissants. Une assez bonne surprise au final que ce Paradise Highway, qui a eu les honneurs d’une présentation au Festival de Locarno.

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Test DVD / Lavé par le sang, réalisé par Randall Emmett

LAVÉ PAR LE SANG (Savage Salvation) réalisé par Randall Emmett, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jack Huston, Robert De Niro, John Malkovich, Willa Fitzgerald, Meadow Williams, Quavo, Swen Temmel, Winter Ave Zoli…

Scénario : Adam Taylor Barker & Chris Sivertson

Photographie : Eric Koretz

Musique : Philip Klein

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un drogué aux opiacés en voie de guérison cherche à se venger des dealers responsables de la vente des drogues qui ont entraîné la mort de sa fiancée.

En lisant le résumé du film et en voyant le visuel de ce DTV on était en droit de se dire que ce ne serait certainement pas un chef d’oeuvre. Effectivement, ce n’est pas le cas. Néanmoins, Lavé par le sang ou Savage Justice, ou bien encore Wash Me in the River n’est pas une série Z et s’avère même une bonne série B. Alors oui ne vous attendez pas à un modèle du genre, mais cet opus qui réunit Robert De Niro et John Malkovich en guest-stars de luxe n’est pas honteux du tout. Le film est réalisé par Randall Emmett, qui avait signé l’une des meilleures dernières Williseries avant la retraite anticipée du comédien, La Proie Midnight In The Switchgrass, dans lequel il donnait la réplique à Megan Fox et Emile Hirsch. Également producteur de produits uniquement destinés au marché de la vidéo à l’instar du récent et navrant Hot Seat avec Mel Gibson, de l’excellent Boss Level de Joe Carnahan, du pathétique Killing Field, du supportable Out of Death et même du sous-estimé Silence de Martin Scorsese, Randall Emmett soigne un peu plus que d’habitude le long-métrage dont il a la charge et n’est sûrement pas un manchot derrière la caméra. À la tête du casting, Jack Huston, qui tenait le rôle-titre de l’exécrable Ben-Hur de Timur Bekmambetov et celui de Bob Kennedy dans The Irishman, s’en tire bien et s’impose facilement dans cette histoire ultra-classique, mais efficacement traitée. Un bon moment.

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Test Blu-ray / Liaisons perverses, réalisé par Jean-Paul Savignac

LIAISONS PERVERSES réalisé par Jean-Paul Savignac, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mona Heftre, Jean Roche, Pierre Oudrey, Samuel Sladow, Monique Vita, Ghislaine Hettre, Monique Lauffenburger, Claudine Beccarie…

Scénario : Jean-Paul Savignac

Musique : Maurice Lecoeur

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Laurent, un photographe parisien, recherche l’endroit parfait pour le photo-roman qu’il doit réaliser. Croyant trouver l’endroit idoine, il s’introduit chez Hélène, une jeune et belle bourgeoise délaissée par son mari. Débute entre eux une liaison, Laurent se servant d’Hélène pour ses photos sexy. Soupçonnant quelque chose, Philippe, son mari, engage un détective privé…

Pas mal ce petit film érotique réalisé par Edgar P. Sullivan alias Jean-Paul Savignac, sorti sous les titres Les Liaisons perverses, mais aussi Des liaisons très perverses, Le Désir satisfait, Objectivement vôtre ou bien encore Depraved Relations dans les pays anglo-saxons. Ce dernier opus de l’ancien assistant de Jean-Luc Godard sur Vivre sa vie : Film en douze tableaux (1962), Les Carabiniers (1963), Bande à part (1964) et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965), également de Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg) et Agnès Varda (Le Bonheur) ne manque certainement pas de charme et d’idées de mise en scène. Mais ce que l’on retiendra avant tout de Liaisons perverses, c’est la beauté foudroyante de la comédienne Mona Heftre, ici sous le nom de Mona Mour, qui faisait ses premières apparitions à l’écran, la même année que Change pas de main de Paul Vecchiali et La Fille du garde-barrière de Jérôme Savary, son futur époux et père de ses deux filles. Jamais vulgaire, mais avec délicatesse et reflétant une connaissance évidente de la grammaire cinématographique, Liaisons perverses n’est pas une succession gratuite de séquences olé olé, mais présente des personnages englués dans un quotidien morose, qui ont vu leurs idéaux s’éloigner puis disparaître, les rendant frustrés voire aigris. À ce titre, Mona Heftre campe formidablement une jeune femme de 24 ans presque vieillie avant l’âge en raison d’un mariage ennuyeux, qui va redécouvrir son corps et le désir auprès d’un photographe qui va la prendre comme modèle. Une jolie découverte.

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Test DVD / Désir fatal, réalisé par Neil LaBute

DÉSIR FATAL (Out of the Blue) réalisé par Neil LaBute, disponible en DVD le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Diane Kruger, Ray Nicholson, Gia Crovatin, Hank Azaria, Chase Sui Wonders, KeiLyn Durrel Jones, Pamela Jayne Morgan, Frederick Weller…

Scénario : Neil LaBute

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Adam Bosarge

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Connor Bates est un jeune homme qui a purgé une peine de prison pour voies de fait. Il travaille maintenant dans une bibliothèque et passe son temps libre à courir, nager et essayer de remettre sa vie sur les rails. Un jour, il rencontre Marilyn Chambers, l’épouse d’un riche homme d’affaires qui la maltraite régulièrement. Commence alors une relation intense qui plonge Connor et Marilyn dans une spirale dont ils perdent peu à peu le contrôle.

Du réalisateur Neil LaBute (né en 1963) on retient surtout le tendu HarcelésLakeview Terrace (2008), dans lequel Samuel L. Jackson s’en prenait à un jeune couple qui venait d’emménager à côté de chez lui, en raison de leur relation interraciale. D’autres, ils sont moins nombreux, mais tout autant enthousiastes, soutiennent son remake de The Wicker Man (2006) avec Nicolas – Not the bees ! – Cage. Dommage, car son premier long-métrage En compagnie des hommes In the Company of Men (1997), adapté d’une de ses pièces de théâtre, récompensé à Sundance et par le Prix spécial du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville, le plaçait parmi les auteurs les plus en vue de sa génération. Dramaturge prolifique et cinéaste éclectique, Neil LaBute n’a jamais arrêté de travailler, même si son nom est quelque peu oublié. Comme la plupart de ses précédents films, il signe seul le scénario de Désir fatalOut of the Blue, l’un de ses derniers opus en date, un thriller romantique et vaguement érotique (mais où dame Kruger ne dévoile rien de sa superbe poitrine) marqué par de nombreuses références au film noir américain, auquel il rend hommage y compris sur la forme avec l’utilisation (souvent très exagérée) d’intertitres en N&B du style « Le lendemain », « Une heure après », « Quelques semaines plus tard ». On n’attendait rien ou pas grand-chose de Désir fatal et on est finalement étonnamment conquis par l’atmosphère lente et prenante, par la photo de Walt Lloyd (Sexe, mensonges & vidéos, Kafka, Parties intimes), ainsi que par l’excellente prestation du couple vedette, Ray Nicholson et Diane Kruger, le premier (fils du grand Jack) est une belle révélation, tandis que la seconde subjugue en femme fatale et mystérieuse. Un DTV appréciable, à défaut d’être inoubliable bien sûr.

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Test Blu-ray / Dominique: Les Yeux de l’épouvante

DOMINIQUE: LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE (Dominique) réalisé par Michael Anderson, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 1er septembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson, Michael Jayston, Flora Robson…

Scénario : Edward Abraham & Valerie Abraham, d’après le roman de Harold Lawlor

Photographie : Ted Moore

Musique : David Whitaker

Durée : 1h31

Année de sortie : 1979

LE FILM

A peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions : un cadavre pendu dans la serre, des objets qui disparaissent…Est-elle en train de perdre la tête ? Témoin d’événements surnaturels ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?

Assistant d’Anthony Asquith, Harold French, Terence Young et Peter Ustinov dans les années 1940, Michael Anderson passe à la mise en scène la décennie suivante. Le succès arrive très vite avec Les Briseurs de barrages The Dam Busters (1954), rapidement suivi d’une adaptation de 1984 de George Orwell et du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Étonnamment, les cinéphiles auront surtout retenu ses opus plus tardifs comme Le Secret du rapport QuillerThe Quiller Memorandum (1966), L’Âge de cristal – Logan’s Run (1976) et Orca (1977). Dominique, sous-titré en France Les Yeux de l’épouvante, clôt les années 1970 pour le réalisateur, qui après l’insuccès de son ersatz des Dents de la mer et qui s’apprêtait à transposer Chroniques martiennes de Ray Bradbury, surfait sur la mode des thrillers fantastiques et d’épouvantes. Il se reposait sur un scénario du couple Edward & Valerie Abraham (qui signeront tout de suite après Le Club des monstres, avec Vincent Price, John Carradine et Anthony Steel), lui-même découlant d’un roman de l’américain Harold Lawlor, seule et unique fois où l’un de ses livres donnera naissance à un long-métrage. De facture classique, Dominique fait preuve de sobriété, trop sans doute diront certains et il n’auront peut-être pas tort, mais cette retenue sied à un récit malin, élégamment pris en charge par le cinéaste, qui compose des cadres intéressants et beaux, joliment photographiés par le chef opérateur Ted Moore (Le Choc des Titans, Shalako et cinq James Bond avec Sean Connery). De plus, Dominique nique nique bien le spectateur avec un final cynique et réussi.

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Test Blu-ray / Le Tueur s’est évadé, réalisé par Budd Boetticher

LE TUEUR S’EST ÉVADÉ (The Killer Is Loose) réalisé par Budd Boetticher, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 23 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joseph Cotten, Rhonda Fleming, Wendell Corey, Alan Hale Jr., Michael Pate, John Larch, Dee J. Thompson, John Beradino, Virginia Christine, Paul Bryar…

Scénario : Harold Medford, d’après une histoire originale de John Hawkins & Ward Hawkins

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Lionel Newman

Durée : 1h10

Année de sortie : 1956

LE FILM

Leon Poole est un employé de banque méprisé par ses pairs. Un jour, il se fait complice de truands qui braquent l’établissement. Lorsque les policiers viennent le débusquer chez lui, le détective Sam Wagner tue sa femme par erreur. Après des années à purger sa peine, Poole s’évade et n’a qu’une idée en tête : tuer la femme de Wagner pour se venger.

Quand on lui évoque Budd Boetticher, le cinéphile pense immédiatement à ses westerns et plus particulièrement au légendaire cycle Ranown, les sept collaborations entre le réalisateur et l’acteur Randolph Scott. Juste avant Sept Hommes à abattreSeven Men from now, le cinéaste revenait au film noir avec Le Tueur s’est évadé The Killer is Loose après quelques westerns dont l’excellent Le Déserteur de Fort Alamo et À feu et à sangThe Cimarron Kid, un des premiers opus avec Audie Murphy. La même année qu’Un si doux visage d’Otto Preminger, Le Quatrième homme de Phil Karlson et les exceptionnels L’Énigme du Chicago Express et L’Homme à l’affût d’Edward Dmytryk, Budd Boetticher se livrait de son côté à un exercice de style rapide, sec, nerveux, qui va droit au but et qui vaut la peine d’être connu pour son personnage de criminel, solidement interprété par Wendell Corey, alors au sommet de sa carrière, puisqu’il venait d’enchaîner avant Le Tueur s’est évadé, Le Grand couteau de Robert Aldrich et Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. « Ce n’est pas un tueur ordinaire », indiquait une des affiches d’exploitation et effectivement Leon Poole est étonnamment bouleversant dans The Killer is Loose et Corey parvient même à voler facilement la vedette à Joseph Cotten, qui avait pourtant derrière lui Niagara, Le Troisième Homme, Le Portrait de Jennie, L’Ombre d’un doute, La Splendeur des Amberson et bien sûr Citizen Kane. C’est dire si Le Tueur s’est évadé mérite toute l’attention du passionné de polars rétros, dont l’atmosphère et même le scénario font penser à un western moderne.

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