Test Blu-ray / Astérix & Obélix contre César, réalisé par Claude Zidi

ASTÉRIX ET OBÉLIX CONTRE CÉSAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 27 septembre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Roberto Benigni, Michel Galabru, Laetitia Casta, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Arielle Dombasle, Sim, Marianne Sägebrecht, Gottfried John, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Roger Milo, Jean-Jacques Devaux, Michel Muller…

Scénario : Claude Zidi & Gérard Lauzier, d’après la bande dessinée de René Goscinny & Albert Uderzo

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Jean-Jacques Goldman & Roland Romanelli

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Vers 50 avant Jésus-Christ, tandis que toute la Gaule est occupée, seul un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur romain et défie les augustes légions de César. Pour comble, voilà que ces rebelles s’emparent de la recette des impôts, alors que César est en route pour envahir la Bretagne. Cet affront à la « pax romana » fait peu l’affaire de Détritus, le gouverneur de la région, car Astérix, Obélix et leurs concitoyens, tous unis derrière leur chef Abraracourcix lorsqu’il s’agit d’aller se battre contre les Romains, sont fort susceptibles. La potion magique de leur druide Panoramix les rend invincibles…

Astérix et Obélix contre César a été en son temps, il y a près d’un quart de siècle donc, le film français de tous les records, ou presque. Plus de 270 millions de francs (soit plus de 40 millions d’euros) de budget, des centaines de figurants, le plus grand succès au box-office de l’année 1999 – devant Tarzan de Disney, La Menace fantôme, Matrix, Coup de foudre à Notting Hill… – avec près de 9 millions de spectateurs rien que dans l’Hexagone, 3,5 millions en Allemagne, 3 millions en Espagne, 2 millions en Italie…Une affaire très lucrative en dépit de critiques on ne peut plus tièdes voire glaciales qui l’ont accompagné à sa sortie. Co-production franco-italo-allemande, Astérix et Obélix contre César est aussi devenu le plus grand triomphe de la carrière exceptionnelle de Claude Zidi (le film ayant été aussi envisagé avec Jean-Marie Poiré à la barre), qui s’est vu confier par Claude Berri, la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la bande dessinée Astérix écrite par Albert Uderzo et René Goscinny, après deux projets qui n’avaient jamais vu le jour, le premier par Claude Lelouch, le second avec Louis de Funès. Éminemment populaire, cet opus d’Astérix version live est passé quelque peu dans l’ombre suite au raz-de-marée trois ans plus tard d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, même si l’épisode concocté par Claude Zidi lui reste supérieur en termes d’entrées à l’étranger avec 16 millions de spectateurs contre 10 millions. Après la déconvenue d’Astérix aux Jeux olympiques (2008), d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) et d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023), le premier volet a su être reconsidéré et détient aujourd’hui de nombreux aficionados qui le défendent et le considèrent même de meilleure qualité que la colossale seconde aventure. S’il y a définitivement des éléments qui coincent, d’autres non négligeables participent à la réussite d’Astérix et Obélix contre César qui marque une étape dans le cinéma bien de chez nous.

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Test DVD / Showing Up, réalisé par Kelly Reichardt

SHOWING UP réalisé par Kelly Reichardt, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2023 chez Diaphana.

Acteurs : Michelle Williams, Hong Chau, André 3000, Todd-o-Phonic Todd, Lauren Lakis, Denzel Rodriguez, Jean-Luc Boucherot, Ted Rooney…

Scénario : Jonathan Raymond & Kelly Reichardt

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Ethan Rose

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À quelques semaines du vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration…

C’est toujours un plaisir de parler de Kelly Reichardt (née en 1964), l’une des réalisatrices les plus singulières et passionnantes du cinéma indépendant américain. Showing Up est son huitième long-métrage mis en scène en près de trente ans de carrière et s’il n’est assurément pas le meilleur et demeure même sans doute mineur dans la filmographie de la cinéaste, cet opus n’en reste pas moins bien au-dessus de la mêlée et mérite qu’on s’y attarde. Merveilleuse directrice d’acteurs, Kelly Reichardt retrouve Michelle Williams, sa comédienne fétiche, pour la quatrième fois et lui offre un nouveau rôle atypique, diamétralement opposé à ceux qu’elle interprétait dans le sublime Wendy et Lucy (2008), La Dernière piste (2011) et Certaines femmes (2016). Dans Showing Up, on reconnaît ce minimalisme propre au cinéma de Kelly Reichardt, que certains pourront trouver cette fois trop épuré ou tout du moins asséché. Car il ne se passe pas grand-chose (en apparence) dans Showing Up, qui tente de percer et de capturer le bouillonnement créatif qui anime une artiste, loin de l’image de l’exubérance qu’on leur prête et associe souvent. Encore et toujours à contre-courant du septième art y compris celui catalogué d’auteur, la réalisatrice signe avec Showing Up l’un de ses films les plus étranges.

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Test Blu-ray / Colegas, réalisé par Eloy de la Iglesia

COLEGAS réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en coffret Cinéma Quinqui de Eloy de la Iglesia – Coffret 3 films : Colegas + El Pico + El Pico 2 le 5 septembre 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Antonio Flores, Rosario Flores, José Luis Manzano, José Manuel Cervino, Queta Ariel, Francisco Casares, Isabel Perales, José Luis Fernández Eguia « El Pirri », Ricardo Márquez, Luis Romero…

Scénario : Gonzalo Goicoechea & Eloy de la Iglesia

Photographie : Hans Burmann & Antonio Cuevas

Musique : Miguel Botafogo

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

José et Antonio, qui vivent dans un quartier des bidonvilles de Madrid, sont les meilleurs amis du monde, et la sœur d’Antonio, Rosario, est la petite amie de José. Lorsque Rosario découvre qu’elle est enceinte, les jeunes, qui ne trouvent pas de travail, tentent de récolter l’argent nécessaire pour un avortement en se prostituant dans les saunas homosexuels et en cambriolant un magasin. Désespérés, ils contactent un escroc professionnel. C’est ainsi que commencent les vrais problèmes du trio.

En avril 2022, l’édition en DVD et Blu-ray Artus Films de Cannibal Man La Semaine d’un assassin (1972) a permis de reparler du cinéaste Eloy Germán de la Iglesia (1944-2006), réalisateur d’une vingtaine de longs-métrages et dont la postérité a essentiellement retenu les opus s’inscrivant dans le genre cinématographique populaire dit du quinqui, qui se focalise sur l’existence des jeunes délinquants, ces derniers étant très souvent interprétés par des experts en la matière, reprenant aussi leur véritable surnom dans les films dans lesquels ils apparaissent, à l’instar de José Luis Fernández Eguia, dit El Pirri dans Colegas. Quand on demande aujourd’hui à un espagnol ce que désigne le mot quinqui, celui-ci vous répondra « gitan ». En réalité, cette appellation argotique est plurielle et ce qu’elle qualifie est également faite de strates multiples. L’un des longs-métrages les plus représentants du cinema quinqui demeure Colegas (1982), qui s’intéresse à une poignée de jeunes gens (forcément) marginaux, ou tout du moins vivant dans la banlieue de Madrid, dans un bâtiment aussi haut que laid, bordant l’autoroute où le trafic incessant couvre les conversations. C’est là que nous rencontrons Antonio et Rosario, deux frères et sœurs, qui l’étaient d’ailleurs réellement. José est le meilleur ami d’Antonio et l’amant de Rosario, et tous les trois doivent faire face à la dure réalité de la vie. Parfois proche du documentaire, Colegas a beau parler de choses graves, le film n’en reste pas moins étonnamment léger, comme si les personnages se rendant compte du caractère inéluctable de la vie et de leur avenir, acceptaient d’embrasser pleinement ce que leur destin leur réserve, sans jamais vraiment se plaindre de leur sort. D’une étonnante fraîcheur, Colegas est un film virtuose où les protagonistes marchent continuellement sur le fil tendu entre la jouissance au quotidien et la chute inexorable qui les attend s’ils devaient trébucher. Pas de juste milieu. Remarquable découverte.

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Test 4K UHD / Hérédité, réalisé par Ari Aster

HÉRÉDITÉ (Hereditary) réalisé par Ari Aster, disponible en 4K Ultra HD – Coffret collector limité le 1er septembre 2023 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Toni Collette, Gabriel Byrne, Alex Wolff, Milly Shapiro, Ann Dowd, Mallory Bechtel, Brock McKinney, Austin R. Grant, Christy Summerhays, Morgan Lund…

Scénario : Ari Aster

Photographie : Pawel Pogorzelski

Musique : Colin Stetson

Durée : 2h08

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quand Ellen, la matriarche de la famille Graham, décède, sa fille, Annie, retourne habiter dans la demeure familiale avec son mari et ses deux enfants, Peter et Charlie. Mais, rapidement, leur vie paisible est perturbée par des phénomènes étranges et inquiétants. La famille devra découvrir les terrifiants secrets de la matriarche défunte…

Hérédité est non seulement le plus grand film d’épouvante de l’année 2018, mais c’est aussi l’un des meilleurs films de genre de ces quinze dernières années et assurément l’un des plus flippants de tous les temps. Réalisateur d’une demi-douzaine de courts-métrages, Ari Aster écrit et met en scène son premier long métrage Hérédité et c’est un véritable coup de maître. En utilisant les codes du film d’horreur, le cinéaste dresse le portrait d’une famille au bord du gouffre et touchée par le deuil. Loin d’être un nouvel ersatz ou constitué d’hommages appuyés à quelques grands maîtres qui ont donné au film d’horreur ses lettres de noblesse, Hérédité innove constamment et repose sur des interprètes sensationnels, en particulier Toni Collette. Décidément trop rare, la comédienne australienne, déjà nommée aux Oscar pour Sixième Sens de M. Night Shyamalan, aurait mérité cet honneur une fois de plus puisqu’elle signait ici l’une de ses plus grandes prestations, en donnant le la de cet immense drame psychologique.

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Test DVD / Mon père et moi, réalisé par Laura Terruso

MON PÈRE ET MOI (About My Father) réalisé par Laura Terruso, disponible en DVD le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Robert De Niro, Sebastian Maniscalco, Leslie Bibb, Kim Cattrall, David Rasche, Anders Holm, Brett Dier, Adan James Carrillo…

Scénario : Austen Earl & Sebastian Maniscalco

Photographie : Rogiers Stoffers

Musique : Stephanie Economou

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Encouragé par sa fiancée, Sebastian invite son père Salvo, modeste coiffeur italo-américain, à faire la connaissance de sa très riche et excentrique belle-famille durant un weekend prolongé dans leur somptueuse résidence. Ce véritable choc des cultures se transforme en un concentré édifiant et hilarant de tout ce qu’il faut éviter de faire lors d’une telle rencontre familiale…

Quand il ne tourne pas chez son pote Martin Scorsese ou chez David O. Russell, ce bon vieux Robert De Niro enfile une chemise hawaïenne et un bermuda pour se complaire dans des comédies souvent insignifiantes. Il y a près de 25 ans (oui oui, déjà un quart de siècle), le premier volet de ce qui sera alors une trilogie, Mon beau-père et moi Meet the Parents de Jay Roach, que le comédien produisait également, allait lui faire un nouveau pécule à la banque et confirmait ainsi au public, déjà conquis précédemment par Mafia Blues Analyze This de Harold Ramis, que Bob savait faire rire. Ou comment passer en un clin d’oeil de Casino et Heat à Showtime de Tom Dey et La Loi et l’Ordre Righteous Kill de Jon Avnet, une comédie qui s’ignore certes, mais tout de même. Mon beau-père, mes parents et moiMeet the Fockers (2004) et Mon beau-père et nousLittle Fockers de Paul Weitz (2010) ont laissé de telles traces, y compris chez nous, que certains distributeurs n’ont pas hésité à nous refourguer d’autres exploits du même genre de Bobby, en nous faisant croire à travers leurs titres français qu’il s’agissait d’une pseudo-suite. Ainsi, après Mon grand-père et moi The War with Grandpa de Tim Hill en 2020 (sans parler de Dirty Papy de Dan Mazer), voilà que débarque Mon père et moi About My Father de Laura Terruso. Évidemment, rien à voir encore une fois avec les Fockers, mais il s’agit d’une entourloupe pour nous vendre la nouvelle distribution Lionsgate et production des frères Chris et Paul Weitz. Totalement inconnu en France, Sebastian Maniscalco (né en 1973) est un acteur et humoriste spécialisé dans le stand-up, qui a fait quelques apparitions au cinéma dasns Green Book: Sur les routes du sud de Peter Farrelly et The Irishman de Martin Scorsese. Il y a fort à parier que c’est sur ce dernier que Sebastian Maniscalco a su convaincre Robert De Niro d’incarner son père dans About My Father, inspiré de sa propre vie et donc de son paternel, film qu’il a écrit et dans lequel il s’est octroyé le premier rôle, personnage qui porte d’ailleurs son véritable nom. Mais ce n’est clairement pas avec ce Mon père et moi qu’il se fera justement une renommée dans nos contrées, d’une part parce que le film est sorti dans l’indifférence générale, d’autre part puisqu’il s’agit d’une comédie aux gags pauvres et complètement éculés, qui semble sortir des bas-fonds des années 1990-2000 où elle aurait été oubliée. Rien ou pas grand-chose ne sauve About My Father du tout-venant, si ce n’est l’abattage de De Niro, vêtu aux couleurs du drapeau américain, qui fait la course à l’oeuf et drague une Kim Catrall méconnaissable, tout en faisant sa mimique mythique, l’oeil pincé et le sourire de travers. C’est peu, beaucoup trop peu.

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Test DVD / Normale, réalisé par Olivier Babinet

NORMALE réalisé par Olivier Babinet, disponible en DVD le 23 août 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Justine Lacroix, Joseph Rozé, Steve Tientcheu, Sofian Khammes, Saadia Bentaïeb, Geoffrey Carey, Mayline Dubois…

Scénario : Olivier Babinet, Juliette Sales & Fabien Suarez

Photographie : Jean-François Hensgens & Boris Abaza

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h24

Année de sortie : 2023

LE FILM

Lucie, une adolescente en classe de troisième, vit seule avec son père veuf, addict au haschich et souffrant de la sclérose en plaques. Elle est amoureuse d’un garçon de sa classe, qui victime d’homophobie, lui propose un étrange marché. En parallèle, l’état de son père se dégrade. Une assistante sociale doit venir à la maison pour vérifier que tout se passe bien…

Rebelote pour Olivier Babinet, qui avec son quatrième long-métrage Normale confirme une fois de plus la singularité, mais aussi la préciosité de son cinéma. En adaptant la pièce de théâtre Monster in the Hall de David Greig, co-scénariste de l’ébouriffant Vinynan de Fabrice du Welz, le réalisateur plonge l’immense Benoît Poelvoorde dans une comédie-dramatique qui prend des allures de roman-graphique, impression renforcée par l’utilisation du cadre atypique 1.66. Il y a indéniablement une fraîcheur et un côté inclassable chez Olivier Babinet, même si Normale apparaît plus « classique » que son ambitieux Poissonsexe sorti en 2020. Il s’agit ici, pour reprendre les mots de la jeune Lucie, d’une « histoire de souffrance, de désespoir, de malaise et de honte d’une fille de Chelles, où se mêlent le sexe, la mort, l’humiliation et la catastrophe ». Il faut voir derrière ces mots couchés dans un journal intime, les sentiments complexes, la timidité, l’anxiété d’une adolescente qui a perdu sa mère dans un accident de moto et qui doit s’occuper de son père atteint de la sclérose en plaques. Quel avenir peut-on alors envisager quand on vit cette situation et quand on a juste quinze ans ? La délicatesse d’écriture, sans aucun misérabilisme, dans laquelle on peut retrouver la sensibilité de la scénariste Juliette Sales (le merveilleux Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, le génial Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu, l’envoûtant Dorothy d’Agnès Merlet), foudroie du début à la fin de Normale, drame aux allures de comédie (et/ou le contraire), magnifiquement interprété par le grand Benoît (qui a désormais l’étoffe d’un Depardieu) et Justine Lacroix, révélation de C’est ça l’amour de Claire Burger, qui confirme aussi tous les espoirs placés en en elle. Assurément l’un des petits trésors de l’année 2023.

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Test Blu-ray / Les Cruels, réalisé par Sergio Corbucci

LES CRUELS (I Crudeli) réalisé par Sergio Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Joseph Cotten, Norma Bengell, Al Mulock, Aldo Sambrell, Julián Mateos, Ángel Aranda…

Scénario : Ugo Liberatore & José Gutiérrez Maesso, d’après une histoire originale d’Ugo Liberatore, Albert Band & Virgil C. Gerlach

Photographie : Enzo Barboni

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

La guerre de Sécession est finie. Les Nordistes l’ont gagnée, mais dans le camp adverse, Jonas, un ex-gradé, n’accepte pas la défaite. En compagnie de ses trois fils et d’une femme jouant le rôle d’une veuve, ils attaquent une diligence ennemie, mettent la main sur plusieurs poignées de dollars et décident d’utiliser le magot, bien planqué dans un cercueil, pour reformer une armée de Confédérés et prendre leur revanche.

Sergio Corbucci, c’est un peu le Nathalie Rihouet du western. Après avoir vautré Django dans la boue (1966) et avant de jeter Trintignant dans la neige (Le grand silence, 1968), il expose ses protagonistes au cagnard et à la poussière, au gré d’un road movie en diligence où la pluie tombe parfois et les hommes, souvent. Coincé entre deux chefs-d’oeuvres, Les Cruels est l’un des grands oubliés de la (très longue) filmographie de Corbucci. A sa sortie, le film n’attire pas les foules, loin de là. En France, il n’est même pas exploité – il faudra attendre une discrète édition DVD en 2008 pour enfin le découvrir. Mais s’il n’atteint jamais le quart de la somptuosité de Django et Le Grand silence, force est de constater, à la faveur de sa réhabilitation dans la collection Make my day ! de StudioCanal, qu’il ne méritait pas un tel destin.

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Test Blu-ray / Cannibal Ferox, réalisé par Umberto Lenzi

CANNIBAL FEROX réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray – Digipack Limité depuis mars 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini, Fiamma Maglione, Robert Kerman, John Bartha…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Giovanni Bergamini

Musique : Roberto Donati & Fiamma Maglione

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Étudiante à New York, Gloria Davis finalise sa thèse, qui tend à démontrer que le cannibalisme est un mythe. Afin d’appuyer ses recherches, elle part en Colombie, dans un village d’Amazonie, accompagnée de son frère Rudy et de son amie Pat Johnson. Sur place, le trio rencontre deux aventuriers sans scrupules, Mike Logan et Joe Costolani, mêlés à un trafic de drogue et responsables d’actes barbares sur des indigènes. Ces derniers ne vont pas tarder à se venger, de la plus cruelle des manières…

« Cannibal Ferox est un film dont je ne voulais plus entendre parler, mais que j’ai appris à aimer en raison de l’argent qu’il m’a rapporté ! ». On ne saurait être plus clair qu’Umberto Lenzi quand il évoquait l’un de ses opus les plus célèbres et parallèlement son plus grand succès commercial. Précurseur du film cannibale, ayant réalisé Au pays de l’exorcisme Il Paese del sesso selvaggio en 1972, le cinéaste revient au genre huit ans plus tard avec La Secte des cannibalesMangiati vivi!, dans lequel Lenzi reprenait les mêmes thèmes, en allant encore plus loin dans le cannibalisme. Suivront L’Avion de l’apocalypseIncubo sulla città contaminata, avec évidemment ses zombies affamés de chair humaine, puis le film qui nous intéresse aujourd’hui, Cannibal Ferox ou Terreur Cannibale, qu’il écrit et met en scène. Depuis la sortie et le scandale de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato en 1980 et celle d’Antropophagus de Joe d’Amato, les partis-pris et la violence graphique ont changé. Les spectateurs veulent du gore, du dégueulasse, du sang qui coule à gros bouillons, mais aussi et surtout du réalisme. Umberto Lenzi décide de repousser les limites avec Cannibal Ferox, ou Make Them Die Slowly (aux States), Woman From Deep River (en Australie), considéré comme un film définitif sur nos amis (il est fortement déconseillé d’être leurs ennemis) les anthropophages. Toutefois, il faut bien avouer que Cannibal Ferox a pris du plomb dans l’aile avec les années. On peut trouver le temps long entre deux bonnes idées, souvent bien éloignées les unes des autres, tandis que les comédiens font ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles avec le peu qu’ils ont à défendre, y compris leur manque de charisme. Sympatoche, mais en aucun inoubliable donc.

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Test DVD / Alice, Darling, réalisé par Mary Nighy

ALICE, DARLING réalisé par Mary Nighy, disponible en DVD le 1er septembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Anna Kendrick, Kaniehtiio Horn, Charlie Carrick, Wunmi Mosaku, Mark Winnick, Daniel Stolfi, Carolyn Fe, Gordon Harper…

Scénario : Alanna Francis & Mark Van de Ven

Photographie : Mike McLaughlin

Musique : Owen Pallett

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une femme cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un voyage entre filles, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir.

Elle en a fait du chemin Anna Kendrick depuis la saga Twilight, dans laquelle elle campait Jessica Stanley dans la franchise initiée en 2008 par Catherine Hardwicke. La première étape a été l’excellent In the Air de Jason Reitman, puis le méconnu 50/50 de Jonathan Levine et enfin le succès (voire le triomphe) de la trilogie Pitch Perfect de 2012 à 2017 pour laquelle elle devenait tête d’affiche. Vue par la suite chez Robert Redford, David Ayer, Marjane Satrapi, Rob Marshall et Paul Feig, Anna Kendrick a su passer d’un genre à l’autre avec le même talent. Dans Alice, Darling elle tient le rôle principal du premier long-métrage réalisé par Mary Nighy, fille du grand Bill, comédienne vue dans Marie Antoinette de Sofia Coppola, passée à la mise en scène en 2008. Alice, Darling offre à l’actrice née en 1985, l’occasion de signer l’une de ses plus belles prestations. Drame psychologique, non dépourvu d’humour et qui évite tout pathos, Alice, Darling suit un petit bout de femme qui vit sous l’emprise toxique de son compagnon. Si le film ne révolutionne rien, le propos est intelligent et bien traité, à la fois pudique et frontal, tandis que l’interprétation d’Anna Kendrick mérite tous les éloges. Une jolie découverte.

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Test Blu-ray / Détour, réalisé par Edgar G. Ulmer

DÉTOUR (Detour), disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Tom Neal, Ann Savage, Claudia Drake, Edmund MacDonald, Tim Ryan, Esther Howard, Pat Gleason…

Scénario : Martin Mooney & Martin Goldsmith, d’après le roman de Martin Goldsmith

Photographie : Benjamin H. Kline

Musique : Leo Erdody

Durée : 1h08

Année de sortie : 1945

LE FILM

Un pianiste de bar va, malgré lui, usurper l’identité d’un automobiliste qui l’a pris en stop mais qui meurt subitement. Le propriétaire de la voiture, que sa famille n’a pas revu depuis des années, était l’héritier d’un millionnaire agonisant…

Détour, ou tout simplement Detour (sans accent) en version originale, est un de ces films qui font l’unanimité depuis sa sortie, autrement dit depuis 75 ans, qui n’a eu de cesse d’être mis en avant par les historiens ou les experts du cinéma, à l’instar de Martin Scorsese et de David Lynch, ce dernier ayant rtoujours avoué s’en être inspiré pour Lost Highway et Mulholland Drive. Tourné en seulement six jours avec un budget restreint de 100.000 dollars (le film est d’ailleurs considéré comme le premier film indépendant de l’histoire du cinéma américain), Détour, adapté du roman Detour : An Extraordinary Tale de Martin Goldsmith (qui transpose lui-même son livre sorti en 1939), est l’une des plus grandes références de la série B, où l’on retrouve à la barre l’un des spécialistes en la matière, Edgar Georg Ulmer (1904-1972). Metteur en scène, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d’origine austro-hongroise, ancien comédien et décorateur, celui que l’on connaît plus communément sous le nom d’Edgar G. Ulmer est l’auteur de moult films chéris par les spectateurs. L’ancien assistant de F.W. Murnau, Robert Siodmak, Billy Wilder et Fred Zinnemann, vient de mettre en scène L’Ile des péchés oubliés (1943) et Barbe Bleue (1944) quand il entreprend Détour, qui restera son chef d’oeuvre, sélectionné par la Bibliothèque du Congrès parmi le premier groupe de cent films américains méritant un effort particulier de conservation. C’est dire l’importance de cet éminent film noir, sec, resserré sur une durée de 68 minutes, frontal, violent, où les archétypes s’inversent et où l’urgence du tournage se reflète constamment sur l’atmosphère et les personnages.

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