A COUTEAUX TIRÉS (Knives Out) réalisé par Rian Johnson, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 mars 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis, Toni Collette, Don Johnson, Michael Shannon, LaKeith Stanfield, Katherine Langford, Jaeden Martell, Christopher Plummer, Frank Oz, M. Emmet Walsh…
Scénario : Rian Johnson
Photographie : Steve Yedlin
Musique : Nathan Johnson
Durée : 2h10
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à la toute dernière minute.
Jusqu’à présent, le cinéma de Rian Johnson n’avait rien de vraiment enthousiasmant. Entre Brick (2005), film noir brouillon récompensé par le Prix spécial du jury au Festival de Sundance, Une arnaque presque parfaite – The Brothers Bloom (2008), bordélique, un Looper (2012) surestimé et prétentieux et Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi – Star Wars Episode VIII: The Last Jedi (2017) qui résume pour ainsi dire les tares de ses précédents longs métrages, nous n’attentions pas grand-chose d’A couteaux tirés – Knives Out. La surprise est de taille. Le réalisateur met tous ses tics de côté et le classicisme lui sied à ravir. Rian Johnson reprend et s’approprie les codes des thrillers à énigmes qui fleurissaient dans les années 1970, la plupart du temps adaptés des romans d’Agatha Christie. Peter Collinson (Dix petits nègres), Sidney Lumet (Le Crime de l’Orient-Express), John Guillermin (Mort sur le Nil) et Guy Hamilton (Le Miroir se brisa, Meurtre au soleil) et même Michael Winner (Rendez-vous avec la mort) se sont essayés, la plupart du temps avec une très grande réussite, à ce sous-genre spécifique, où un détective mène l’enquête auprès d’un groupe de personnes défini dès le départ. On pense aussi à Un cadavre au dessert – Murder by Death (1976) de Robert Moore et au Limier – Sleuth (1972) de Joseph L. Mankiewicz.
HÉRÉDITÉ (Hereditary)réalisé par Ari Aster,disponible en DVD et Blu-rayle 15 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Toni Collette, Gabriel Byrne, Alex Wolff, Milly Shapiro, Ann Dowd, Mallory Bechtel, Brock McKinney, Austin R. Grant, Christy Summerhays, Morgan Lund…
Scénario : Ari Aster
Photographie : Pawel Pogorzelski
Musique : Colin Stetson
Durée : 2h08
Date de sortie initiale: 2018
LE FILM
Quand Ellen, la matriarche de la famille Graham, décède, sa fille, Annie, retourne habiter dans la demeure familiale avec son mari et ses deux enfants, Peter et Charlie. Mais, rapidement, leur vie paisible est perturbée par des phénomènes étranges et inquiétants. La famille devra découvrir les terrifiants secrets de la matriarche défunte…
Hérédité est non seulement le plus grand film d’épouvante de l’année 2018, mais c’est aussi l’un des meilleurs films de genre de ces quinze dernières années et assurément l’un des plus flippants de tous les temps. Réalisateur d’une demi-douzaine de courts-métrages, Ari Aster écrit et met en scène son premier long métrage Hérédité et c’est un véritable coup de maître. En utilisant les codes du film d’horreur, le cinéaste dresse le portrait d’une famille au bord du gouffre et touchée par le deuil. Loin d’être un nouvel ersatz ou constitué d’hommages appuyés à quelques grands maîtres qui ont donné au film d’horreur ses lettres de noblesse, Hérédité innove constamment et repose sur des interprètes sensationnels, en particulier Toni Collette. Décidément trop rare, la comédienne australienne, déjà nommée aux Oscar pour Sixième Sens de M. Night Shyamalan, mériterait cet honneur une fois de plus puisqu’elle signe l’une de ses plus grandes prestations et donne le la de cet immense drame psychologique.
De l’aveu même d’Ari Aster, Hérédité s’inspire d’une succession de terribles drames qu’il a vécus dans sa propre famille pendant plusieurs années. Des épreuves difficiles et des disparitions de proches qui lui faisaient parfois penser que sa famille était « maudite ». L’art est cathartique et pour l’aider à sortir de cette spirale infernale, Ari Aster a imaginé une famille confrontée à la disparition de la matriarche, découvrant progressivement des secrets de plus en plus terrifiants sur la défunte et leur lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper.
Quelle claque ! Et l’impression reste la même après les multiples visionnages. Pour son premier long métrage, Ari Aster foudroie par la virtuosité de sa mise en scène, du montage en passant par la composition du cadre, la direction d’acteurs, sans oublier le travail de titan sur le son. Les scènes destinées à devenir cultes s’enchaînent sur un rythme lent, mais redoutablement maîtrisé. D’emblée, il y a quelque chose de foncièrement dérangeant dans cette famille. La mère Annie semble constamment plongée dans son travail en réalisant des miniatures (glaçantes et représentant leur quotidien) dans son atelier, le père Steve (superbe Gabriel Byrne), plus doux, psychiatre, devient le réceptacle du mal-être des autres, Peter le fils aîné (Alex Wolff, vu dans Jumanji: Welcome to the Jungle), fragile, semble en perte de repères et se réfugie dans le cannabis, tandis que la petite Charlie (troublante Milly Shapiro, révélation du film) paraît ailleurs, comme déconnectée et victime d’hallucinations puisqu’elle pense apercevoir sa grand-mère après son décès.
Véritable cauchemar éveillé, Hérédité s’impose comme une immense réussite, difficile d’accès peut-être, à tel point que certains trouveront le film opaque. Cette tragédie familiale et son épilogue complètement dingue rappellent The Witch de Robert Eggers. Les deux films, produits par la compagnie A24 (It Comes at Night, A Ghost Story), reposent sur un rythme languissant, effraient sans jamais avoir recours aux sempiternels jump-scares et rappellent les histoires qu’on aimait entendre caché sous les draps. Le final d’Hérédité renvoie à celui de The Witch quant à sa révélation, son déroulé, ses partis pris, comme s’il s’agissait du second volet d’une trilogie en devenir. Mais le film d’Ari Aster, retenez bien ce nom, redoutablement pessimiste et machiavélique, peut heureusement et surtout se voir comme une expérience unique et oserai-je dire inédite, tant le réalisateur parvient à renouveler un genre pourtant archi-rabattu, replié sur lui-même en usant habituellement des mêmes clichés.
Prenons le pari qu’Hérédité fera date et qu’il deviendra non seulement un grand classique de l’épouvante, mais aussi une nouvelle référence. Absolument effrayant.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Hérédité, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical.
Le making of (20’) en dit un peu plus sur les thèmes, les intentions du réalisateur et les partis pris du film. Ari Aster, les comédiens principaux, ainsi que divers techniciens et chefs de départements partagent leur expérience et les conditions de tournage. Sans rentrer dans les détails, le cinéaste indique s’être inspiré de quelques drames vécus et donne quelques titres de films qui l’ont traumatisé comme Carrie au bal du diable de Brian De Palma et Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway. De nombreuses photos de plateau viennent également illustrer l’ensemble.
Huit scènes coupées (17’) prolongent notamment la relation entre Steve et Peter.
L’interactivité se clôt sur une galerie de photographies focalisées sur les très nombreuses maquettes du film, des bandes-annonces et des liens internet.
L’Image et le son
Hérédité est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Pawel Pogorzelski. Les volontés artistiques sont donc respectées, sans aucune perte du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, le cadre est sublime, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale. Un vrai régal pour les yeux. Disque de démonstration.
Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce quasi-huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, ainsi que sur le report des voix. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.