Test DVD / Tout de suite maintenant, réalisé par Pascal Bonitzer

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TOUT DE SUITE MAINTENANT réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 8 novembre 2016 chez Ad Vitam

Acteurs : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, Pascal Greggory, Virgil Vernier

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy

Photographie : Julien Hirsch

Musique : Bertrand Burgalat

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance.
Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore.
Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.

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S’il n’a pas battu le record d’entrées de Rien sur Robert (1999), le réalisateur Pascal Bonitzer a connu un de ses plus grands succès en 2012 avec l’excellent Cherchez Hortense, coécrit avec la scénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs se retrouvent naturellement pour Tout de suite maintenant. Le cinéaste s’entoure de comédiens qu’il connaît déjà comme Jean-Pierre Bacri (Cherchez Hortense) et Lambert Wilson (Le Grand alibi), mais bénéficie également du talent d’autres grands acteurs, Isabelle Huppert et Pascal Greggory, nouveaux dans son univers. S’il retrouve également sa fille Agathe, présente dans quatre de ses précédents longs métrage, Pascal Bonitzer engage la jeune génération, le désormais incontournable Vincent Lacoste et la délicieuse Julia Faure.

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Agathe Bonitzer est Nora Sator, recrutée dans une société qui gravite dans la haute finance.  Incidemment, elle découvre que son directeur (Lambert Wilson) et son père (Jean-Pierre Bacri) se sont fréquentés dans leur jeunesse. Une rivalité semble encore les opposer. Au fil des semaines, Nora acquiert la confiance de la direction mais ses rapports avec son collègue direct, Xavier (Vincent Lacoste, impeccable), sont compliqués. Ce dernier séduit Maya (Julia Faure), la sœur de Nora. Les vieilles histoires de famille et les antagonismes professionnels vont bientôt se révéler au grand jour.

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Avec Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer a voulu aborder le monde de la finance et ses « requins ». Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste cristallise le rythme trépidant de ce monde à travers le titre du film Tout de suite maintenant, qui ne laisse aucun moment de répit à ses « acteurs » principaux. La caméra ne quitte pour ainsi dire jamais Agathe Bonitzer, magnétique, qui trouve ici son premier vrai rôle de femme et qui s’en acquitte merveilleusement. Pour l’anecdote, la jeune comédienne incarnait déjà la fille de Jean-Pierre Bacri dans Les Sentiments (2006) de Noémie Lvovski. Le titre Tout de suite maintenant correspond également à la volonté de tout obtenir, l’argent, la réussite, le respect, le succès, la célébrité et l’amour dans les plus brefs délais, de plus en plus jeune.

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Agathe Bonitzer et Vincent Lacoste incarnent de jeunes loups plongés dans ce monde sans foi ni loi, elle la fille d’un ancien homme d’affaires, lui issu d’un milieu modeste qui est prêt à tout pour s’élever socialement. Mais si le monde de l’entreprise n’a pas changé ou s’est encore plus endurci, la nouvelle génération semble moins « monstrueuse » que l’était celle de leurs aînés. Nora est sans doute pleine d’ambition, prête à tout pour réussir et être reconnue pour son travail plutôt que par son nom, ses projets vont tout de même être perturbés par les sentiments qui vont naître entre elle et son collègue Xavier, même s’il commence à flirter avec sa sœur, chanteuse-serveuse dans une boîte de nuit. C’est la première fois que le cinéaste centre son récit autour d’une jeune femme, même si les personnages satellites, Bacri (impérial), Huppert (sublime), Wilson et Greggory (décalés et formidables) s’avèrent typiques de Pascal Bonitzer, à savoir des êtres en plein spleen, désenchantés, fatigués avant l’âge. Ce que ces personnages ont vécu, ce pourquoi ils se sont confrontés, disputés, déchirés, se répercute inévitablement sur la génération suivante, qui l’apprend à son corps défendant.

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Là où Jean-Pierre Bacri incarnait un fils écrasé par l’aura d’un père important et très demandé dans Cherchez Hortense, l’acteur le devient ici malgré lui puisque son nom devient un fardeau pour sa fille Nora. Même s’il n’appartient plus à ce monde, son fantôme demeure dans les couloirs froids et aseptisés désormais arpentés par sa fille. Mais les requins qui lui tournent autour semblent également la convoiter et Nora devient malgré elle le nouveau centre névralgique de toutes les frustrations et des occasions manquées, qui demeuraient jusqu’alors enfouies. Le désir de s’affirmer, de s’affranchir d’un nom célèbre dans le même milieu professionnel, tout cela fait évidemment écho avec Agathe Bonitzer, fille de Pascal Bonitzer et de Sophie Fillières. Elégamment écrit et interprété, Tout de suite maintenant confirme la fraîcheur du cinéma de Pascal Bonitzer, qui parvient à accrocher les wagons entre les générations, qui questionne le passé pour mieux comprendre le présent. Une grande réussite, intelligente et bourrée de charme.

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LE DVD

Le test du DVD de Tout de suite maintenant, disponible chez Ad Vitam, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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L’éditeur joint un entretien intéressant de 28 minutes avec Pascal Bonitzer et sa coscénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs, qui avaient déjà signé Cherchez Hortense en 2012, reviennent sur la genèse de Tout de suite maintenant, la difficulté rencontrée à l’écriture en raison de leur méconnaissance du monde de l’entreprise, les personnages, l’évolution du scénario, les thèmes explorés et inspirés par le livre autobiographique d’Anne Lauvergeon, La Femme qui résiste, dans lequel elle raconte ses débuts comme conseillère de Mitterrand. Le travail avec les comédiens, la musicalité des dialogues et les quelques coupes au montage sont également abordés.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master d’A tout de suite maintenant est très propre et lumineux, détaillé à souhait et toujours plaisant pour les mirettes. Les séquences diurnes sont les mieux loties avec un piqué plus incisif et une colorimétrie pétillante. Les contrastes sont au beau fixe, tout comme les nombreux gros plans d’une précision sans failles. Mention spéciale aux ambiances tamisées du plus bel effet.

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Immersion totale que cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées à l’instar des scènes en bord de mer. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en audiodescription.

atdm9Crédits images : © Ad Vitam / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Petite voleuse, réalisé par Claude Miller

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LA PETITE VOLEUSE réalisé par Claude Miller, disponible en Blu-ray et DVD le 25 octobre 2016 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Didier Bezace, Simon de La Brosse, Clotilde de Bayser, Raoul Billerey, Chantal Banlier, Nathalie Cardone

Scénario : Claude Miller, Luc Béraud, Annie Miller d’après une histoire originale de François Truffaut et Claude de Givray

Photographie : Dominique Chapuis

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Une petite ville du centre de la France dans les années cinquante. Janine en sortant de l’école vole un paquet de cigarettes dans une voiture de l’armée américaine et un vêtement aux « Folies de Paris ». Le directeur de cet établissement arrive chez ses parents adoptifs et découvre le butin. Un jour, Janine rencontre Raoul, jeune couvreur, en train de voler. La complicité, puis l’amour va lier ces deux jeunes gens en rébellion contre leur monde.

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En juillet 1983, François Truffaut travaille sur le scénario de La Petite voleuse, quand il est victime d’une première attaque cérébrale. Il est atteint d’une tumeur, qui l’affaiblira de plus en plus. Le cinéaste s’éteint le 21 octobre 1984 à l’âge de 52 ans. Ami cinéphile de François Truffaut et surtout directeur de production de La Sirène du Mississippi (1969) à L’Histoire d’Adèle H. (1975), Claude Miller décide après le triomphe de L’Effrontée, de reprendre le scénario coécrit par François Truffaut et Claude de Givray, et de l’adapter avec l’aide de sa femme Annie et de Luc Béraud. Pour ce pendant féminin des 400 coups, le réalisateur jette une fois de plus son dévolu sur Charlotte Gainsbourg. Du haut de ses 17 ans, elle porte désormais entièrement le film sur ses épaules. Bien qu’elle se défende face aux journalistes de ne pas penser à devenir actrice, force est de constater que Charlotte Gainsbourg est devenue une comédienne professionnelle en peu de temps et son talent éclate une fois de plus à l’écran à travers le rôle de Janine Castang.

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En 1950, dans une petite bourgade paumée du centre de la France, cette adolescente, fruit d’une liaison entre une mère qui l’a abandonné sans explication il y a cinq ans et un officier allemand qu’elle n’a pas connu, Janine est élevée par son oncle (Raoul Billerey) et sa tante ingrate (Chantal Banlier) qui la laissent vivre et se débrouiller seule. A l’instar du personnage de Charlotte dans L’Effrontée, Janine Castang (qui a d’ailleurs le même nom de famille que Charlotte) étouffe dans cette petite maison en ruines, mais aussi à l’école et rêve de liberté. Pour tromper son ennui, elle vole tout ce qui se présente à elle, des cigarettes, de la lingerie fine, des bijoux, tout ce qui peut lui donner l’impression d’être déjà la femme qu’elle souhaite devenir, pour accélérer le temps. Elle fréquente aussi le cinéma (comme Antoine Doinel), avec une prédilection pour les histoires d’amour et les opérettes. Un soir, elle s’endort (ou feint de s’endormir ?) sur l’épaule de Michel (superbe Didier Bezace), un poète et musicien, marié et père d’une jeune fille qui a le même âge que Janine. Ils font connaissance. Janine s’éprend très vite de cet homme qui visiblement connaît tout de la vie et qui en parle bien. Si Michel est très vite attiré par Janine, c’est cette dernière qui fera le premier pas et le couple commence à se fréquenter.

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Janine souhaite devenir une femme et devenir indépendante. Elle trouve un travail de bonne chez un couple bourgeois. Mais si Janine commence à déambuler dans le monde qu’elle s’est longtemps imaginée, elle souhaite également en devenir une des actrices principales. Elle rencontre alors Raoul (Simon de La Brosse), également voleur à ses heures. Les deux jeunes gens se trouvent et Janine, pour la première fois de sa vie, tombe réellement amoureuse. Mais combien de temps encore peut-elle s’obstiner à vouloir aller plus vite que la vie ?

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Magnétique, drôle et bouleversante, Charlotte Gainsbourg accroche la pellicule, tout comme ses partenaires, Didier Bezace et Simon de La Brosse. L’écriture est délicate, la reconstitution des années 1950 est soignée, les dialogues percutants. Une actrice née sous nos yeux. Charlotte Gainsbourg réalise sa première performance et même si sa vraie personnalité est encore visible, Janine Castang est son premier vrai personnage original. Les spectateurs suivent émus cette jeune femme, immédiatement attachante, découvrir l’amour, la sexualité, le monde du travail, l’amitié, l’entraide, à travers un récit d’apprentissage doux, pudique, parfois cruel, toujours humain. Claude Miller parvient à s’approprier l’histoire originale de François Truffaut, tout en rendant quelques hommages au cinéma de ce dernier à travers quelques clins d’oeil. La Petite voleuse sort juste avant Noël 1988. S’il ne connaît pas le même succès que L’Effrontée, le film réalise tout de même un score fort honorable d’1,8 millions d’entrées.

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LE BLU-RAY

Contrairement aux éditions Blu-ray de Garde à vue et de Mortelle randonnée, et à l’instar de celle de L’Effrontée, l’édition Blu-ray de La Petite voleuse s’avère plus basique puisque le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une séquence du film.

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On commence les suppléments par le documentaire rétrospectif de 25 minutes intitulé Sur les traces de François Truffaut, coréalisé par Olivier Curchod et Luc Béraud. Ce dernier, collaborateur et ami de Claude Miller, également coscénariste de La Petite voleuse, intervient dans ce module. Il semble que les protagonistes n’aient pas grand-chose à dire ici, surtout que la réalisation de ce documentaire s’avère bien plate et basique. Nous retrouvons Nathan Miller, fils de Claude Miller, assistant-réalisateur sur La Petite voleuse, Annie Miller (la femme du cinéaste et coscénariste), Jean-Louis Livi (producteur), Guillaume Schiffman (deuxième assistant caméra), Jacqueline Bouchard (costumière), Alain Jomy (compositeur) et Nadine Muse (monteuse son).

screenshot001screenshot002Les intervenants ont l’air parfois gênés d’évoquer ce film, surtout quand on leur demande ce qui appartient à François Truffaut (qui a écrit le scénario original et qui aurait fait ce film s’il n’était pas tombé gravement malade) ou à Claude Miller. Du coup, les propos manquent souvent d’intérêt. Chacun évoque un tournage très agréable malgré une production plus lourde en raison du caractère « historique » et des reconstitutions nécessaires. La production, les conditions des prises de vues, le casting (avec évidemment le retour de Charlotte Gainsbourg) et la création de l’affiche sont abordés, mais sans véritable entrain.

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De son côté, le réalisateur Stéphane Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé, Mademoiselle Chambon, La Loi du marché) se penche sur la psychologie des personnages dans le cinéma de Claude Miller (8’). Pour lui, La Petite voleuse fait écho à L’Effrontée et à Thérèse Desqueyroux avec cette jeune femme « qui refuse sa condition et qui n’accepte pas le monde étroit dans lequel elle vit ». Brizé évoque ensuite le thème récurrent de l’abandon dans les films de Miller, puis se penche un peu plus sur le jeu de Charlotte Gainsbourg qui l’impressionne toujours autant.

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Après avoir partagé ses souvenirs pour L’Effrontée, Charlotte Gainsbourg revient ici sur La Petite voleuse (17’), film pour lequel elle a refusé une proposition de Miloš Forman. Dans cette interview divisée en « 10 chapitres », la comédienne déclare n’avoir jamais lu le scénario original de François Truffaut, parle des essayages des costumes, de sa relation avec Claude Miller (« plus professionnelle que sur L’Effrontée »), le travail avec ses partenaires et le chef opérateur. Charlotte Gainsbourg semble nostalgique de la façon dont on faisait du cinéma à l’époque, quand « le réalisateur était derrière la caméra et pas dans un coin dissimulé derrière son combo ».

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L’Image et le son

Le master HD de La Petite voleuse tient ses promesses, même si le Blu-ray demeure parfois perfectible. La restauration est très appréciable et rares sont les tâches subsistantes. Toutefois, seules les séquences tournées en extérieur demeurent les plus lumineuses de ce transfert. La profondeur de champ déçoit quelque peu, le piqué est moins pointu sur les scènes en intérieur et les noirs manquent de consistance. Le grain original est heureusement conservé et bien géré. Beaucoup de séquences sortent du lot et font honneur au support. La colorimétrie retrouve une nouvelle fraîcheur, le relief des matières est palpable, le rendu des visages est plaisant et les fourmillements limités grâce à un encodage AVC de fort bon aloi. Quant aux contrastes, ils demeurent plutôt solides pour un rendu homogène.

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Ce mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique probant, riche et solide. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, sans souffle parasite. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

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Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier

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MARIE-OCTOBRE réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir, Paul Guers

Scénario : Julien Duvivier d’après le roman Marie-Octobre de Jacques Robert

Photographie : Robert Lefebvre

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Marie-Hélène Dumoulin, patronne d’une maison de couture, était Marie-Octobre pendant la guerre. Membre d’un groupe de résistants, elle a vu son chef et amant Castille arrêté et exécuté par les Allemands. Quinze ans plus tard, elle apprend que le réseau avait été dénoncé par l’un des siens. Elle réunit tous les survivants pour un dîner, bien décidée à démasquer le traître.

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Imaginez un film dans lequel seraient réunis les comédiens prestigieux Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir et Paul Guers. Un casting de rêve qui est pourtant bien celui de Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier (1896-1967) en 1958. Le metteur en scène de Pépé le Moko, La Fin du jour, Voici le temps des assassins et de La Belle équipe venait d’être marqué par 12 hommes en colère, tout juste réalisé par Sidney Lumet et souhaitait trouver une histoire qui lui permette de réunir une brochette de comédiens dans un espace réduit. Cinéaste du pessimisme et de la noirceur de l’âme humaine, Julien Duvivier trouve dans le roman Marie-Octobre de Jacques Robert, les éléments adéquats. Cependant, trouvant l’ouvrage trop inscrit dans son époque (1948), le réalisateur remanie le roman original et demande à son fidèle collaborateur Henri Jeanson de signer les dialogues qu’il souhaite plus incisifs.

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Marie-Octobre est un pur exercice de style : 11 personnages, 9 hommes, anciens résistants et 2 femmes, Marie-Octobre qui s’occupait du réseau avec Castille, exécuté par la Gestapo, et Victorine sa vieille gouvernante. Une intrigue qui respecte l’unité de lieu, de temps et d’action, autrement dit une maison cossue avec un grand salon au plafond bas, le temps d’une soirée, avec des échanges ininterrompus entre plusieurs individus. Sous l’égide de Marie-Hélène Dumoulin dite « Marie-Octobre » (Danielle Darrieux), directrice d’une maison de couture et de l’industriel François Renaud-Picart (Paul Meurisse), Julien Simoneau, avocat pénaliste (Bernard Blier), Carlo Bernardi, patron d’une boîte de strip-tease (Lino Ventura), Étienne Vandamme, contrôleur des contributions (Noël Roquevert), Léon Blanchet, serrurier plombier (Robert Dalban), Lucien Marinval, boucher mandataire aux Halles (Paul Frankeur), Antoine Rougier, imprimeur (Serge Reggiani), Yves Le Gueven, prêtre (Paul Guers) et Robert Thibaud, médecin-accoucheur (Daniel Ivernel) sont invités pour un dîner préparé par Victorine (Jeanne Fusier-Gir), qui scelle leurs retrouvailles. Il y a quinze ans, ces hommes et cette femme formaient un réseau de Résistance que dirigeait alors Castille, mort sous les balles de la Gestapo dans ce salon même où ils lui rendent hommage.

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Après le dîner, alors que le digestif et le café les apaisent, ces hommes sont invités à se réunir dans le grand salon qui servait alors de quartier général au réseau. Marie-Octobre et Renaud-Picart leur apprennent alors la véritable raison de cette soirée. Un traitre se cache parmi eux, celui qui en août 1944 a balancé le réseau aux allemands et qui se trouve par conséquent être le responsable de la mort de Castille. Les masques tombent, tous les coups sont permis. Les rancunes refont surface, les accusations commencent à pleuvoir, tout comme les secrets enfouis, les suspicions, les compromissions avec l’occupant. Une chose est sûre, le traitre sera démasqué avant l’aube et ne sortira pas vivant de cette maison.

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Alors que la Nouvelle vague pointe son nez et s’en prend violemment à ce « cinéma poussiéreux », Julien Duvivier démontre qu’il en a encore sérieusement sous le capot. Marie-Octobre est un très grand huis clos. La fluidité de la mise en scène, la photographie oppressante, l’excellence de l’interprétation et le montage percutant ne laissent aucune place à l’ennui. On admire la maîtrise de la technique et du langage cinématographique de Duvivier, tout comme les confrontations des monstres sacrés qui se renvoient la balle mouillée d’acide dans une remarquable partie de ping-pong verbal. Si le dispositif demeure proche du théâtre, Marie-Octobre échappe à ces limites imposées à travers une mise en scène inspirée, par ailleurs préparée bien en amont par le cinéaste avec quelques maquettes et des figurines en carton. Duvivier avait d’ailleurs tellement peaufiné ses plans et le montage que les prises de vues ont été réalisées en trois semaines seulement, du 17 novembre au 10 décembre 1958, dans un décor unique, dans l’ordre chronologique et sans que les comédiens eux-mêmes ne sachent qui était le coupable avant le dernier jour de tournage.

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Les corps, tout comme la caméra, se déplacent sans cesse, créant ainsi une valse des sentiments, tout d’abord légère quand les anciens résistants se retrouvent, puis qui se fait plus grave au fur et à mesure que la tension se resserre à cause de la peur et de l’issue qui semble fatale. Marie-Octobre est un film ingénieux, formidable, souvent captivant, même si finalement la révélation n’en est guère une et manque de puissance, malgré les doutes qui ne cessent de passer d’un personnage à l’autre. Sans doute parce que ce qui intéresse Julien Duvivier est ailleurs, comme les petites bassesses auxquelles se sont livrés ces hommes pourtant considérés comme des héros, comme quoi personne n’est parfait, surtout quand l’argent ou l’amour sont de la partie. Mais puisqu’un homme (ou une femme) doit payer pour ses fautes, autant qu’il/qu’elle serve d’exutoire pour les autres et que le spectateur serve de douzième homme pour composer un vrai jury.

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Marie-Octobre demeure une référence du whodunit à la française, qui inspirera d’ailleurs François Ozon pour 8 femmes, pour lequel Danielle Darrieux fait d’ailleurs le lien avec le film de Duvivier. Entre Dix petits nègres et une bonne partie de Cluedo (un tel, dans le grand salon avec le revolver), Marie-Octobre, grand succès de l’année 1959 avec 2,6 millions d’entrées, est une œuvre à redécouvrir et à réhabiliter.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Marie-Octobre a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur une des séquences du film.

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A l’instar des segments réalisés pour les éditions Blu-ray+DVD de Voici le temps des assassins, La Belle équipe et La Fin du jour sorties en juin 2016, celui de Marie-Octobre est signé Jérôme Wybon. Ce documentaire judicieusement intitulé Une femme en colère (17’), est composé d’entretiens avec Eric Bonnefille (auteur de Julien Duvivier – Le mal aimant du cinéma français), Hubert Niogret (auteur de Julien Duvivier – 50 ans de cinéma) et des archives montrant Danielle Darrieux qui évoque le prochain tournage de Marie-Octobre et d’autres images provenant d’une interview d’Henri Jeanson dans laquelle le dialoguiste explique ses rapports avec Julien Duvivier, « un personnage grognon et désagréable, n’ayant pas de conversation ».

screenshot002screenshot003screenshot005screenshot006Les deux spécialistes ès Duvivier replacent Marie-Octobre dans la filmographie éclectique du cinéaste et ne manquent pas de raconter quelques souvenirs liés à la production comme la genèse du film, la libre adaptation du roman de Jacques Robert, la minutieuse préparation du film, les conditions de tournage. Les thèmes de Marie-Octobre sont ensuite analysés, notamment la façon dont Duvivier aborde la face sombre et finalement « humaine » de ces héros de la Résistance. Enfin, l’accueil du film est évoqué, tout comme les attaques virulentes de Jean-Luc Godard envers le cinéma de Julien Duvivier.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Force est de constater que nous n’avions jamais vu Marie-Octobre dans de telles conditions. Les contrastes affichent une densité inédite, les noirs sont denses, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Seul le générique apparaît peut-être moins aiguisé, mais le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent dingue et les détails regorgent sur les visages des comédiens. La restauration 2K du film effectuée en 2016 par l’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna. Celle-ci se révèle extraordinaire, aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, le relief des matières est palpable. La photo est resplendissante et le cadre au format respecté, brille de mille feux. Ce master très élégant permet de redécouvrir ce très grand classique dans une qualité technique admirable.

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Egalement restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants. Aucun souffle sporadique ni aucune saturation ne sont à déplorer. L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Egarés (Gli Sbandati), réalisé par Francesco Maselli

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LES EGARES (Gli Sbandati) réalisé par Francesco Maselli, disponible en DVD le 9 novembre 2016 chez Tamasa Diffusion

Acteurs : Jean-Pierre Mocky, Lucia Bose, Isa Miranda, Antonio De Teffe, Goliarda Sapienza, Leonardo Botta

Scénario : Francesco Maselli, Ageo Savioli, Eriprando Visconti

Photographie : Gianni Di Venanzo

Musique : Giovanni Fusco

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En 1943, la comtesse Luisa, son fils Andrea, son neveu Carlo, fils d’un dirigeant fasciste et Ferrucio, un ami de la famille, quittent Milan pour la campagne et ainsi échapper aux bombardements. Contre l’avis de sa mère, Andrea accepte d’héberger des sans-abris, dont la jeune ouvrière Lucia.

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Les Egarés Gli Sbandati est le premier long métrage de Francesco Maselli. Né à Rome en 1930 dans une famille bourgeoise, il participe aux activités de la Résistance italienne durant la Seconde Guerre mondiale, puis entre au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome dont il sort diplômé à la fin des années 1940. Il devient très vite l’assistant du réalisateur Michelangelo Antonioni sur Chronique d’un amour (1950) et La Dame sans camélia (1953). Parallèlement, Francesco Maselli se fait la main derrière la caméra en signant quelques documentaires. Il réalise son premier long métrage en 1955, Les Egarés, également connu en France sous le titre Les Abandonnés, amer constat de l’Italie en 1943, à la veille de l’armistice dit Armistice de Cassibile le 8 septembre 1943, signé par l’Italie avec les forces anglo-américaine. Véritable coup de maître, Gli Sbandati est déjà un superbe objet de cinéma, magnifiquement photographié par le chef opérateur Gianni Di Venanzo, qui signera ensuite les images inoubliables de La Nuit et L’Eclipse d’Antonioni, Main basse sur la ville de Francesco Rosi, Huit et demi et Juliette des esprits de Federico Fellini. Un N&B extraordinaire, qui subjugue du début à la fin et qui imprègne le film d’une évidente sensualité.

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Ce film réalisé par un jeune metteur en scène de seulement 24 ans, étonne par sa maturité, son engagement, son ton désespéré et mélancolique et sa justesse de tous les instants. Eté 1943. Les jours s’écoulent doucement, mais sans ennui au bord du Pô. Depuis le début de la guerre, la comtesse Luisa (Isa Miranda), femme d’affaires ayant repris l’activité de son mari décédé accidentellement, a quitté Milan pour venir se réfugier en Lombardie dans une villa, loin des combats, en compagnie de son fils Andrea (Jean-Pierre Mocky), de son neveu Carlo (Anthony Steffen), le fils d’un dignitaire fasciste, et de Ferrucio (Leonardo Botta), un vieil ami de la famille. Les trois jeunes gens ont à peine vingt ans et passent principalement leurs journées à batifoler le long du fleuve, sans véritablement penser à l’avenir. Andrea flirte avec une jeune fille de son âge, mais aime surtout plonger son nez dans ses livres et ses disques de jazz qui l’ont suivi depuis Milan. Un jour, le conflit les rattrape. Le maire du village voisin convainc Andrea d’héberger des sans-abris, des réfugiés ayant fui les bombardements. Parmi eux se trouve Lucia (Lucia Bosè), jeune ouvrière au caractère bien trempé, que la guerre a fait grandir trop vite. Contre l’avis de sa mère, Andrea accepte la proposition du maire et cache le groupe de réfugiés dans la propriété familiale. Il ne tarde pas à tomber amoureux de Lucia, puis découvre ensuite que son cousin Carlo fait partie d’un groupe de résistants. Andrea découvre alors ce que signifient l’engagement et le combat. Quelques semaines plus tard, après l’armistice, des prisonniers italiens désormais ennemis des nazis, sont parqués dans des wagons à bestiaux en direction de l’Allemagne. Certains – parmi eux le jeune Mario Girotti qui sera célèbre plus tard sous le pseudo de Terence Hill – parviennent à s’en échapper. Andrea décide de les aider et de les cacher une fois de plus dans la propriété de sa mère alors absente.

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Tourné entre septembre et octobre 1954 dans un contexte difficile, de manière quasi-clandestine, dans un pays placé sous le signe de la censure et des brimades, Les Egarés apparaît comme étant le premier volet d’une trilogie consacrée à la jeunesse issue et prisonnière malgré-elle de la grande bourgeoisie. Suivront Les DauphinsI Delfini (1960) et Les Deux rivalesGli indifferenti (1964). Jusqu’alors inédit en France, Les Egarés est une très grande découverte. L’une des particularités du film est aussi de voir le jeune Jean-Pierre Mocky, âgé de 22 ans. Beau, magnétique, sensible, intense, le comédien porte ce film avec un immense talent qu’on oublie malheureusement trop souvent aujourd’hui. Il est vraiment formidable dans la peau d’Andrea, dont la conscience et l’engagement politique vont se révéler notamment grâce à l’amour qu’il porte pour une jeune réfugiée interprétée par la belle Lucia Bosè. Malgré sa courte durée (1h16) et la rapide présentation des personnages, Les Egarés est un film passionnant, attachant, qui continue de faire écho à l’actualité contemporaine. C’est aussi une œuvre totalement maîtrisée, hypnotique et engagée. En un mot, Les Egarés est un film essentiel.

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LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 16 pages illustré et comprenant quelques notes de production. Le menu principal est fixe et musical

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En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce, mais aussi et surtout un entretien exclusif avec Jean-Pierre Mocky lui-même ! En un peu plus d’un quart d’heure, le réalisateur et comédien revient sur Les EgarésGli Sbandati. Fidèle à son habitude, Mocky parle des stars et célébrités croisées à cette époque de sa vie : « J’étais au conservatoire avec Belmondo », « j’étais l’assistant d’Antonioni », « j’étais copain avec Clint Eastwood avec qui je faisais du mannequinat », « j’étais assistant de Visconti sur Senso », « je suis devenu ami avec Anthony Quinn », « j’ai assisté à la rupture de Fellini et Giulietta », « j’ai travaillé avec Ferreri qui m’adorait et Sergio Leone », « j’ai beaucoup travaillé avec François Truffaut, on était amis à l’époque ». Un vrai bonheur. Mocky parle évidemment du film qui nous intéresse en racontant quelques anecdotes de tournage (Lucia Bosè qui n’ouvrait pas la bouche en embrassant), les conditions des prises de vues, le travail avec Francesco Maselli, sans oublier sa propre carrière d’acteur.

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L’Image et le son

C’est agréable de découvrir Les Egarés dans de telles conditions. Les contrastes affichent d’emblée une véritable densité, les noirs sont profonds, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Hormis divers moirages sur les surfaces rayées, quelques décrochages sur les fondus enchaînés et un générique qui apparaît peut-être moins aiguisé, le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent appréciable et les détails regorgent sur les visages des comédiens. On oublierait presque d’évoquer la restauration qui se révèle impressionnante, quasiment aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique. L’encodage consolide l’ensemble avec brio. Toutes les qualités techniques sont de mise dans ce master élégant.

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Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine italienne. Seule la version italienne est disponible, mais aucune raison de s’en plaindre. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable. Les effets et les ambiances sont nets. L’ensemble demeure homogène et les dialogues solides.

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Crédits images : © Tamasa Diffusion / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Femme du dimanche, réalisé par Luigi Comencini

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LA FEMME DU DIMANCHE (La donna della domenica) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD le 25 octobre 2016 chez Tamasa Diffusion

Acteurs : Jacqueline Bisset, Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani, Maria Teresa Albani, Omero Antonutti

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli d’après le roman La Femme du dimanche (La Donna della domenica) de Carlo Fruttero et Franco Lucentini

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Garrone, un riche et célèbre architecte turinois, a été retrouvé chez lui, brutalement assassiné à l’aide d’un phallus en pierre retrouvé sur les lieux. L’inspecteur Santamaria est chargé de l’enquête. Originaire d’une famille modeste du sud de l’Italie, il navigue avec difficulté dans la haute bourgeoisie de Turin. Les suspects sont nombreux : Anna-Carla Dosio, la veuve désoeuvrée d’un industriel, oisive et séduisante, Massimo Campi, un ami homosexuel de Garrone et Lello Riviera, son amant, un petit fonctionnaire, sont tour à tour soumis aux questions pertinentes de Santamaria. L’assassinat de Riviera, qui menait sa propre enquête, brouille les pistes…

la-femme-du-dimanche6Dans les années 1970, le réalisateur Luigi Comencini a déjà bien entamé la cinquantaine et met les bouchées doubles. Loin des comédies de mœurs mégères qui ont fait sa renommée dans les années 1950-60, le cinéaste mythique de Pain, Amour et Fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise et bien d’autres chefs-d’oeuvre entame une décennie placée sous le titre de la réflexion sur la dégradation des rapports entre individus, la bassesse de l’être humain, l’amertume et la haine qui a pourri toutes les couches sociales comme une véritable gangrène. Sur le fil entre le divertissement populaire et le drame policier ironique, La Femme du dimanche est le parfait reflet de la désillusion du cinéaste transalpin qui transparaît derrière les échanges des protagonistes, désabusés et dépassés par une enquête où tout le monde ou presque pourrait être le meurtrier d’un minable architecte libidineux et mondain, retrouvé le crâne fracassé par…un phallus en pierre.

la-femme-du-dimanche5Corrosif, La Femme du dimancheLa Donna della domenica l’est assurément. Passionnant ? Peut-être dans les débats qu’il entraîne après visionnage, beaucoup moins pendant à cause d’un rythme souvent poussif et inégal. Cette méditation amère et désenchantée – mais trop bavarde – sur les rapports de classe et la petite bourgeoisie mesquine peut tout d’abord apparaître froide, mais c’est sans compter sur le génie de Comencini qui ne nous jette pas une explicite radiographie des rapports sociaux sous les yeux. En vieux briscard et croyant en l’intelligence du spectateur, Comencini fait confiance à son audience pour décrypter ce qu’il y a au-delà, tout en respectant le livre phénomène de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, adapté par le célèbre duo Age & Scarpelli. C’est là toute l’acuité d’un réalisateur arrivé au sommet de son art qui utilise l’art cinématographique comme objet d’analyse puisque le temps du divertissement – l’enquête n’intéresse pas Comencini – semble révolu. Mais le film vaut aussi pour son incroyable casting qui réunit Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset.

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lfdd2Le premier est comme d’habitude parfait dans le rôle de Santamaria, le flic chargé de l’enquête. Officier méridional, il regarde le monde turinois d’un œil narquois. Ses premiers soupçons se portent sur la séduisante Anna Carla Dosio, campée par la magnifique Jacqueline Bisset. Elle est l’auteur d’une lettre où elle disait vouloir se débarrasser de Garrone, l’architecte assassiné. Mais c’est en réalité toute la bonne société et la grande bourgeoisie de la ville qui vont bientôt se retrouver dans son collimateur, pour une enquête sulfureuse où il sera question de jalousie, de prostitution et d’homosexualité. C’est là que rentre en scène Massimo Campi (Trintignant, superbe), ami et confident d’Anna Carla, qui vit secrètement avec un homme dans sa garçonnière.

la-femme-du-dimanche3Le réalisateur s’amuse à dépeindre des bourgeois décadents qui s’ennuient – ils passent leur temps à prononcer Boston à l’anglaise plutôt qu’à l’italienne – et qui profitent de la mort d’autrui pour en tirer du plaisir en jouant notamment à l’apprenti détective. C’est le cas d’Anna Carla, qui n’hésite pas à interférer dans l’enquête de Santamaria, quelque peu dépassé par les événements et les dessous insoupçonnés d’une ville corrompue. Il est aidé par son collègue De Palma (hilarant Pino Caruso), seul personnage vraiment attachant de toute cette cohue. Réalisé entre Les Aventures de Pinocchio (1975) et le film à sketchs Mesdames et messieurs bonsoir (1976), La Femme du dimanche n’est sans doute pas un grand Comencini, mais reste symbolique du cinéma italien qui n’hésitait pas à s’engager derrière les apparences de la comédie ou du film de genre, par ailleurs merveilleusement mis en musique ici par le maestro Ennio Morricone aux accents de giallo qui remplissait alors les salles. Mais mineur ou pas, La Femme du dimanche demeure une sympathique curiosité à connaître absolument.

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LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 12 pages illustré et signé Jean A. Gili, critique cinématographique et historien du cinéma, spécialisé dans le cinéma italien. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce. Aucune trace des filmographies mentionnées sur le verso. Le menu principal fixe et musical.

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L’Image et le son

Posséder La Femme du dimanche en DVD était inespéré. Le film de Luigi Comencini renaît donc de ses cendres chez Tamasa dans une copie – présentée dans son format 1.66 – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, sont ravivées, le master est propre, immaculé, stable, les noirs plutôt concis et les contrastes homogènes. Hormis divers moirages, le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ permettent d’apprécier la ville de Turin présentée sous tous les angles, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Luciano Tovoli (Suspiria, Nous ne vieillirons pas ensemble) sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci Tamasa !

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Seule la version originale aux sous-titres français (peu élégants) amovibles est disponible. Ce mixage demeure consistant et le souffle aux abonnés absents. Comme de coutume, la bande-son a été entièrement retravaillée en post-production, d’autant plus que Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset ne parlaient évidemment pas italien. On peut d’ailleurs repérer que Marcello Mastroianni donne la réplique en français à Trintignant.

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Crédits images : © Tamasa Diffusion

Test Blu-ray / L’Effrontée, réalisé par Claude Miller

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L‘EFFRONTEE réalisé par Claude Miller, disponible en Blu-ray et DVD le 25 octobre 2016 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Bernadette Lafont, Jean-Claude Brialy, Clothilde Baudon, Julie Glenn, Jean-Philippe Écoffey

Scénario : Claude Miller, Luc Beraud, Bernard Stora, Anne Miller

Photographie : Dominique Chapuis

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Charlotte, treize ans, en a terminé avec l’enfance et si elle sait ce qu’elle ne veut plus être, elle ne sait pas encore ce qu’elle veut devenir. L’adoration que lui voue Lulu, une petite voisine de six ans, l’agace, et elle est fascinée par Clara Bauman, enfant prodige et pianiste surdouée qui a le même âge qu’elle.

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Avec un peu plus de 900.000 entrées en mars 1983, Mortelle randonnée n’a pas connu l’engouement de la critique et encore moins des spectateurs. Pour rebondir, Claude Miller souhaite retrouver un sujet simple pour un tournage plus léger. Ce sera donc L’Effrontée, sur un scénario écrit par ses soins, mais aussi par sa femme Annie, Luc Béraud (son complice de La Meilleure façon de marcher) et Bernard Stora. Cette chronique adolescente douce-amère, librement adaptée du roman Frankie Addams, écrit par l’écrivaine américaine Carson McCullers (1917-1967) mais également fortement inspirée de souvenirs autobiographiques liés au couple Miller, se focalise sur Charlotte Castang, 13 ans, bientôt 14. C’est le dernier jour d’école avant les grandes vacances et un été qui s’annonce caniculaire. Alors qu’elle vient de se blesser légèrement en sautant du plongeoir de la piscine, Charlotte, renfermée, mal dans sa peau (elle vient de prendre dix centimètres en quelques semaines) et moquée par sa classe, entend un récital. Elle s’approche de l’amphithéâtre et se rend compte qu’il s’agit en réalité de la captation d’un concerto donné par la jeune pianiste et déjà virtuose Clara Bauman (Clotilde Baudon). Charlotte s’assoit et regarde fascinée cette petite fille dans sa robe rouge dont les doigts parcourent si facilement les touches noires et blanches. Visiblement, Charlotte envie cette petite fille, qui a le même âge qu’elle, mais qui a déjà le monde à ses pieds.

EXTRAIT DU FILM "L'EFFRONTEE" AVEC CHARLOTTE GAINSBOURG

Charlotte doit retourner chez elle. Son frère Jacky (le regretté Simon de La Brosse) est sur le point de partir en vacances avec ses copains. Même s’ils se chamaillent les 3/4 du temps, Charlotte et lui doivent se séparer pour la première fois. Elle doit passer tout le mois de juillet seule, ou presque, en compagnie de son père (Raoul Billerey), qui n’a guère le temps de voir ses enfants grandir, et Léone (Bernadette Lafont, César du meilleur second rôle féminin) qui s’occupe d’elle depuis la mort de sa mère, décédée en mettant Charlotte au monde. Il y a aussi la petite Lulu (Julie Glenn), qui la considère un peu comme sa grande sœur. De santé fragile, Lulu ne quitte pas Charlotte d’une semelle. Jusqu’au jour où Charlotte voit son rêve se concrétiser : Clara Bauman débarque dans sa petite ville de province pour donner un récital. Par le hasard des choses, elles se rencontrent et Charlotte rêve de pouvoir s’évader à ses côtés, pour voir le monde.

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En confiant le premier rôle à Charlotte Gainsbourg, qui n’avait fait qu’une apparition dans Paroles et musique d’Elie Chouraqui et La Tentation d’Isabelle de Jacques Doillon, Claude Miller ne s’est pas trompé. Elle est l’une des plus belles et l’une des plus grandes jeunes révélations du cinéma français. Son naturel confondant, sa sensibilité à fleur de peau, sa voix fluette, son charisme magnétique et son talent inné ont fait le triomphe et font toujours aujourd’hui la grande réussite de L’Effrontée. Ce cinquième long métrage de Claude Miller sera d’ailleurs le plus grand succès de sa carrière avec 2,8 millions d’entrées. Le film a non seulement ému les adultes, mais aussi de nombreux enfants et en particulier les petites filles qui se sont retrouvées dans le personnage de Charlotte, qui entre de plain-pied dans le monde impitoyable de l’adolescence.

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La mise en scène adopte le spleen de Charlotte, qui s’ennuie pour la première fois de sa vie. Alors que les « plus grands » s’agitent et s’embrassent devant la boîte de nuit Le Roule-Roule, Charlotte doit subir le bagou de Lulu, qui lui parle de sa maladie et de ses traitements de jour comme de nuit. Mais Charlotte va pouvoir s’échapper grâce à Jean (Jean-Philippe Ecoffey), un jeune marin de passage plus âgé, qu’elle rencontre par hasard. Grâce à lui, au cours de la livraison d’un piano, elle arrive directement dans le monde riche et clinquant de Clara Bauman et se retrouve face à son impresario (Jean-Claude Brialy). Au cours d’une discussion, Clara demande à Charlotte si elle ne voudrait pas devenir sa manager. Malgré cet espoir de voir son rêve se concrétiser, Charlotte découvre un monde fait de promesses non tenues, les désillusions, mais aussi les élans du coeur et la violence des sentiments. 

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Quasiment de tous les plans, à l’instar de Sophie Marceau dans La Boum et sa suite, Charlotte Gainsbourg crève l’écran. On la suit dans ses promenades sans but, dans ses espoirs et ses doutes, dans sa petite maison où la chaleur écrasante fatigue autant qu’elle met les nerfs à vif, comme le célèbre tube Sarà perchè ti amo du groupe Ricchi e Poveri qui revient fréquemment. Son interprétation sera saluée immédiatement par la profession, les spectateurs et l’académie des César lui décerne la compression du meilleur espoir féminin en 1986. En toute simplicité, de la mise en scène à la photographie solaire, Claude Miller rend immédiatement attachante cette pré-ado qui voit différemment le monde qui l’entoure, pour la première fois de sa vie. Avec délicatesse et pudeur, cette oeuvre universelle, mélancolique et tendre, est une des plus belles du cinéaste.

LE BLU-RAY

Contrairement aux éditions Blu-ray de Garde à vue et de Mortelle randonnée, celle de L’Effrontée s’avère plus basique puisque le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une séquence du film.

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TF1 Vidéo joint une cinquantaine de minutes de suppléments !

On commence par le documentaire rétrospectif de 29 minutes intitulé Le Bel été de L’Effrontée coréalisé par Olivier Curchod et Luc Béraud. Ce dernier, collaborateur et ami de Claude Miller, mais également crédité en tant que coscénariste intervient dans ce module. Après les modules consacrés aux tournages de Garde à vue et de Mortelle randonnée, nous sommes maintenant habitués à écouter les interventions des protagonistes filmés sur un fond morne et gris. Cependant, le rythme est ici plus maîtrisé. Nous retrouvons Nathan Miller, fils de Claude Miller, assistant-réalisateur sur L’Effrontée, Annie Miller (la femme du cinéaste et coscénariste), Bernard Stora (coscénariste), Marie-Laure Peyre (productrice), Guillaume Schiffman (deuxième assistant caméra), Jacqueline Bouchard (costumière), Alain Jomy (compositeur), Julie Glenn (comédienne, « Lulu » dans L’Effrontée) et Nadine Muse (monteuse son).

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La genèse du film, le roman de Carson McCullers qui a grandement inspiré l’histoire, le scénario de La Voyageuse coécrit par Stora et Béraud, qui n’a jamais vu le jour mais dans lequel Claude Miller a pioché de nombreux éléments pour le scénario final de L’Effrontée, sans oublier le casting (et le choix de Charlotte Gainsbourg), les partis pris, les conditions de tournage, la sortie et le triomphe du film, les accusations de plagiat, tout est abordé au fil de cette demi-heure passionnante.

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La comédienne Ludivine Sagnier, qui a tourné La Petite Lili (2003) et Un secret (2007) sous la direction de Claude Miller, revient sur L’Effrontée (8′). L’actrice avoue que c’est ce film qu’elle regardait en boucle avec sa grande sœur et qu’elle connaît encore par coeur aujourd’hui, qui lui a donné envie de faire du cinéma. Elle évoque également cette authenticité, cette vérité et cet impact universel qui l’ont subjugué dès le premier visionnage.

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Nous sommes vraiment heureux de retrouver ensuite la belle Charlotte Gainsbourg qui se penche sur son premier vrai rôle au cinéma, qui reste pour elle le plus grand souvenir de sa carrière (14′). Avec son sourire désarmant, un thé chaud à la main et vêtue d’une simple veste en cuir qui lui va à ravir (oui, bon, ça va hein !), la comédienne enchaîne les anecdotes sur son arrivée sur le projet, sur sa rencontre avec Claude Miller (elle connaissait par coeur son premier long métrage), sur la simplicité d’un tournage « familial », sur les conseils prodigués par son père (« si on te demande de parler plus fort, refuse ! »), sur la difficulté pour elle de promouvoir le film, et sur sa préparation pour la Cérémonie des César. Une rencontre incontournable.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

L’Image et le son

L’élévation HD offre à L’Effrontée une nouvelle cure de jouvence plus de quinze ans après sa première édition en DVD. Le grain cinéma est plutôt bien restitué et l’encodage solide. Malgré tout, les contrastes peinent à trouver une densité et les noirs déçoivent quelque peu. Néanmoins, le piqué permet d’apprécier les détails sur les nombreux gros plans, surtout sur les séquences en extérieur jour. Signalons également une colorimétrie aux tons parfois trop pastels ou ternes selon les séquences, certains plans sensiblement plus altérés ainsi qu’une profondeur de champ parfois limitée et des visages un peu rosés. Heureusement, la copie est stable et très propre.

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Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / A pleines dents, l’intégrale de la série documentaire avec Gérard Depardieu

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A PLEINES DENTS série documentaire réalisée par Stéphane Bergouhnioux et Sébastien Falliurd, disponible en Coffret DVD le 2 novembre 2016 chez Wild Side

Avec : Gérard Depardieu, Laurent Audiot, Edouard Baer, Isabel Coixet, Philip Kerr, Mathieu Sapin

Durée : 10 épisodes de 52 minutes

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LA SERIE DOCUMENTAIRE

Accompagné de Laurent Audiot, chef étoilé et chef cuisinier du restaurant La Fontaine Galion à Paris, Gérard Depardieu nous invite à la découverte de produits culinaires des terroirs. Ce périple gastronomique qui mène notre duo à travers l’Europe sera l’occasion de rencontres, de repas savoureux, de discussions sur les plaisirs de la vie, la nourriture, le cinéma et la culture… Un road-trip culinaire savoureux et drôle, aux moments de vie irrésistibles !

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Ce coffret 4 DVD regroupe les deux saisons et les dix épisodes-destinations gastronomiques de Gérard Depardieu avec son ami Laurent Audiot, diffusées sur Arte à raison d’un épisode par jour de 43 minutes. Chaque épisode est introduit par le comédien lui-même : «Je suis Gérard Depardieu. Je suis citoyen du monde et je suis vivant. J’aime manger, rire, et m‘émouvoir. J’ai rencontré le chef Laurent Audiot il y a vingt ans. Nous sommes devenus amis, et depuis nous partageons nos découvertes culinaires. La simplicité des produits, le contact humain et les territoires à explorer nous émerveillent toujours. Nous voulons transmettre nos passions, nos aventures, et cette vie gastronomique que nous dévorons…à pleines dents ! ».

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Les aventures de l’ogre Depardieu et du chef Audiot les emmènent à la rencontre de cultivateurs, producteurs, éleveurs, pâtissiers, pêcheurs, boulangers. Depardieu regarde, renifle, goûte, mange, dévore, engloutit, le sourire aux lèvres et l’oeil pétillant, tandis que Laurent Audiot regarde son ami toujours halluciné, mais ne reste évidemment pas le dernier pour tester et faire fonctionner ses papilles gustatives. Les deux mettent également la main à la pâte, s’en vont caresser le bétail, s’incrustent sur les marchés ou au milieu des ruches présentes sur le toit de l’Opéra Garnier et attendent patiemment les dégustations de miel, de saucisse blanche, de pasta, de jambon de Paris, de choucroute. De plus, c’est aussi l’occasion pour Depardieu de raconter quelques anecdotes savoureuses, comme une partie de chasse avec Fidel Castro, sur la fois où il a mangé de la baleine, du chameau, du hérisson, du cormoran, de la mouette, de la tortue, du lion. Mais il faut aussi l’entendre parler de certains tournages comme Buffet froid, 1900, Astérix et Obélix contre César, Maîtresse. On l’écouterait à satiété.

a-pleines-dents2a-pleines-dents4Les deux premiers disques sont consacrés à la première saison réalisée en 2015 et les épisodes, proposés en version intégrale inédite de 52 minutes, sont ainsi répartis :

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La Bretagne

Début du voyage en Bretagne, première région de pêche en France avec plus de 2 500 kilomètres de côtes. Dans le Finistère, autour de Morlaix, de Carantec et de Lannilis, les deux compères partent pêcher le homard, racontent le cidre, livrent le secret du levain ou l’histoire du beurre salé… Et cultivent des instants magiques qui s’égrènent au fil de la vague.

L’Écosse

Comme Laurent Audiot, Gérard Depardieu a entendu l’appel de la rivière et celui du saumon écossais qui remonte aux sources. Dans cet épisode, les deux amis découvrent la sauvage île de Skye, ses langoustines, ses vaches des Highlands, son whisky et ses moutons de Soay. Ils rencontrent également le romancier Philip Kerr sur ses terres.

Le Pays Basque
Aujourd’hui, Laurent Audiot et Gérard Depardieu s’arrêtent dans un élevage de porcs Kintoa, dégustent de l’Ossau-Iraty et rencontrent un producteur de piment à Itxassou, où ils retrouvent Édouard Baer. Puis ils arpentent les vignes d’Irouléguy avant de gagner Hendaye.

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L’Italie du Nord
S’il est vrai que la gastronomie française est d’une richesse inouïe, c’est dans la simplicité italienne que Gérard Depardieu se retrouve le plus. Cette cuisine de pauvreté repose sur des produits à la saveur sans égale. Avec son ami le chef étoilé Laurent Audiot, ils rencontrent des producteurs d’huile d’olive et de vin à Sienne et Petroio, en Toscane, avant de partir à la découverte de Parme et de son jambon, puis d’Alba, patrie de la truffe blanche…

L’Italie du Sud

Laurent Audiot, son complice gustatif l’emmène dans cet épisode au Sud de l’Italie, plus particulièrement au cœur de l’Italie, à Naples.  Dans les ruelles colorées et festives, coupant à travers les villes du Vésuve, nos deux hédonistes se rendent à Ischia ou résident de curieux lapins. Ils parcourent ensuite la péninsule amalfitaine de Cetara à Gragnano, de mozzarella en anchois, Gérard et Laurent se régalent des couleurs, des odeurs, des Hommes. Ici, chaque produit sauve des vies. C’est le cas du citron d’Amalfi et de sa vitamine C, qui guérit les marins du scorbut. Ou du sanguinaccio, dessert né après-guerre, où le chocolat dissimule le sang de porc pour que les enfants mangent enfin des protéines.

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Les épisodes de la deuxième saison réalisée en 2016 sont quant à eux présentés ainsi, toujours en version longue inédite de 52 minutes :

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L’Île-de-France
Gérard Depardieu et Laurent Audiot visitent des lieux franciliens abritant des produits parfois méconnus : le toit de l’Opéra de Paris et ses ruches, Méréville, la capitale du cresson, Milly-la-Forêt et sa menthe, Saint-Ouen-l’Aumône et ses anciennes champignonnières… Les deux compères s’octroient ensuite une pause baguette dans un bistrot parisien avant d’aller observer la fabrication du (vrai) jambon de Paris. Le périple se termine dans le potager du château de Courances.

La Bavière
Gérard Depardieu et Laurent Audiot nous font découvrir les produits et le terroir bavarois : le boeuf simmental dans les pâturages de Samerberg, le bretzel à Bichl, les champignons ramassés dans les sous-bois près de Suttensee, la choucroute, la fameuse weisswurst (la saucisse blanche)… Ils profitent de leur séjour pour rencontrer un bouilleur de cru qui prépare du schnaps.

La Catalogne
Méditerranéenne et au carrefour de toutes les influences – arabes, juives, romaines… -, la cuisine catalane séduit Gérard Depardieu. Il apprécie les gambas, les haricots crochets et les escargots. Nos deux amis commencent leur périple à La Calma, où ils évoquent les poulets du Prat, une race à crête rouge et pattes bleu-gris, pour finir du côté de Gallecs où est cultivé le haricot crochet, spécialité locale qui les intrigue.

Zur ARTE-Sendung Schlemmen mit Gérard Depardieu: Norditalien 3: Gérard Depardieu (4.v.l.) genießt die kulinarischen Köstlichkeiten Norditaliens. © Les Films d'Ici 2/S. Bergouhnioux Foto: ARTE France Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wölk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv

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Le Portugal
Le périple portugais de Gérard Depardieu et Laurent Audiot démarre à Porto, au marché de Bolhão. Chinchards, sardines, morues, tripes : tout leur fait envie. Ils partent ensuite pour Aguada de Cima, où ils dégustent un cochon de lait. À Tentúgal, un producteur de châtaignes leur montre des arbres vieux de huit cents ans. Les deux compères retrouvent ensuite le dessinateur de BD Mathieu Sapin dans un bar lisboète. Dernière étape à Tróia, au bord de l’océan, où le duo s’initie à la pêche au poulpe et chasse les couteaux.

Le Maroc
Laurent Audiot et Gérard Depardieu traversent la Méditerranée pour se plonger dans la cuisine marocaine et ses produits. Après la visite d’une orangeraie, ils arrivent à Fès pour une promenade dans la médina. Ils y découvrent le klhei, des lamelles de vache séchées et assaisonnées, et aussi des étals généreux d’épices, d’olives et de pigeons. Ils terminent par un grand repas avec méchoui de mouton.

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Pour en savoir plus sur Laurent Audiot :

Chef cuisinier du restaurant la Fontaine Gaillon à Paris.
Laurent Audiot passe son enfance à Vendôme, pas très loin du Châteauroux de Gérard Depardieu. Attiré par la restauration, il s’oriente vers la gestion et sort diplômé de l’école hôtelière de Blois. Il travaille dans quelques restaurants mais c’est dans le Sud de la France, à Sète, qu’il tombe amoureux des beaux produits en voyant s’étaler devant lui chaque matin, des poissons de roche vivants, se trémoussant en dévoilant leurs épines, leurs écailles colorées et leurs odeurs. L’envie de cuisine pointe et Laurent se rend alors à Paris et est engagé dans la brigade d’une grande brasserie. Rapidement, le jeune aspirant cuisinier monte en grade et devient second. Puis, presque pour faire plaisir au patron qui repère en lui un talent inné pour mettre en valeur les produits, Laurent Audiot devient chef du célèbre restaurant Marius et Jeannette. Et une étoile du guide Michelin vient célébrer le jeune roi des fourneaux.

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La rencontre avec Gérard Depardieu :
C’est alors que Gérard Depardieu entre dans la vie et la cuisine de Laurent Audiot. L’acteur qui vient de tourner Cyrano et Christophe Colomb, attend sa femme Elisabeth qui joue au théâtre. Et plutôt que de tourner en rond, seul dans le froid, il préfère boire quelques canons de blanc en compagnie de son ami Jean Carmet entre les fourneaux de Laurent. L’amitié entre l’acteur et le cuisinier naît à ce moment-là. Et va se poursuivre. Un jour, Gérard propose à Laurent d’acheter un restaurant avec lui. Sans trop y croire, Laurent entreprend alors de chercher un lieu dans Paris. Pourtant Gérard appelle chaque soir et demande « Alors tu as trouvé ? Parce qu’il faut y aller, moi c’est dans ma tête ! ».
Dynamisé par son ami, Laurent trouve un petit restaurant chaleureux. Mais dans le même temps il visite une institution parisienne qui semble trop grande pour lui, La Fontaine Gaillon. Il en parle à Gérard qui part, seul, visiter les deux endroits. Le soir même Gérard appelle Laurent.

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Les meilleurs produits :

Gérard Depardieu et Laurent Audiot le Chef du restaurant la Fontaine Gaillon, ont l’habitude de s’approvisionner chez les meilleurs producteurs. Très attentifs à la qualité des produits et à l’histoire de ceux qui les produisent, Gérard et Laurent se déplacent régulièrement dans toutes les régions du monde pour aller à leur rencontre et capturer l’excellence. Comme deux aventuriers cuisiniers, ils partent faire leurs courses. Chaque région de chaque pays possède sa propre culture, sa nature, sa cuisine, sa nourriture, ses plats, ses recettes.

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Cette échappée belle et gourmande fait des étincelles. On salive, l’estomac gargouille et on rit des réparties de Gérard Depardieu, dont nous vous proposons quelques éclats :

« J’aime bien les cidres qui donnent la chiasse tout de suite ! Des cidres de paysans, des tord-boyaux ! Le goût de la cuite ! »

« Mon père buvait, bah regarde-moi, j’suis un alambic ! »

« Toute ma famille était diabétique, sauf moi, j’ai échappé mais c’est grâce aux russes ! »

« Ça doit être bon à manger un phoque ! »

« C’est quoi ça ? Une méduse ? Ça se bouffe ? »

« L’andouillette, ça sent le cul ! »

« Ton grand-père est venu ici pour fuir Franco ? Comme moi je fuis Hollande… »

(mangeant un jambon) « Si les hosties étaient comme ça, on irait communier le dimanche ! »

« Moi j’en ai du cholestérol ! Mais c’est pas le gras qui m’en a donné, c’est certaines personnes ! »

«Plus personne ne mange aujourd’hui. Quand tu vois les mecs à la télé, on ne sait même pas s’ils chient. Ils doivent pas casser les chiottes comme moi ! »

« C’est bourré d’iode, on a l’impression que la mer vous pisse dans la gueule ! »

« Tous les produits m’excitent. Je mange de tout. Il m’est même arrivé de croquer la viande à même le bœuf. »

« Lors du tournage de Maîtresse, de Barbet Schroeder, il y avait une scène où je mangeais une bavette. J’ai fait 24 prises. Il y avait trois kilos de viande, j’ai mangé ça en 2 heures. »

« Dans l’ivresse je n’ai pas de frein, je ne vois pas la sortie de secours. »

« Plus je mange, moins je peux me freiner. Surtout quand c’est pas bon. »

« Les bulots, c’est les chiottes de la mer ! »

« Je préfère manger ça à l’oursin. Je ne te cache pas que je ne peux plus en manger. L’autre fois, j’en ai mangé…une chiasse ! »

« Je mange exprès les pois chiches pour le gaz. Comme ça je peux faire chier le monde. »

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Depardieu est partout comme chez lui. Sa sublime voix commente les épisodes au fil de ses pérégrinations, n’hésitant pas à laisser parfois Laurent Audiot seul en scène, probablement pendant que le comédien se trouve entre deux avions et deux tournages aux quatre coins du monde. Mais quand l’ogre – et pas seulement pour la nourriture, mais pour tout ce que la vie peut offrir – revient, il ne fait pas semblant, souhaite se rattraper et goûter à tout ce qui lui tombe sous la main, quitte à le manger crû y compris des algues. Si Obélix n’a jamais eu le droit de tester à nouveau la potion magique parce qu’il était tombé dans la marmite quand il était petit, Gégé n’a de cesse d’y retourner. C’est sans doute la seule différence avec le personnage de Goscinny et d’Uderzo. Depardieu et Laurent Audiot, à l’instar d’Astérix et Obélix, sont à la recherche d’ingrédients et de produits à mettre dans leur potion magique pour le déjeuner ou pour le dîner. Leur passion, leur gourmandise, leur curiosité et leur érudition sont contagieuses et donnent furieusement envie de s’installer à table avec eux.

LE COFFRET DVD

L’intégrale de la série tient sur quatre disques. Le menu principal de chaque DVD est animé sur la musique du générique. Aucun supplément au programme, si ce n’est la version intégrale de chaque épisode de 52 minutes. Cinq fiches recettes de Laurent Audiot sont glissées dans le boîtier.

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L’Image et le son

Wild Side nous propose une image croustillante sur fond de contrastes bien fermes, saupoudrée d’une clarté bienvenue. Le tout est arrosé d’un piqué sec, des détails qui flattent les pupilles (ou papilles ?) gustatives et la profondeur de champ est offerte pour le dessert. En guise de digestif, nous admirerons le joli relief, la concision des noirs, la colorimétrie qui s’en sort avec les honneurs, la propreté de la copie ainsi que la stabilité. Quatre étoiles au Guide Homepopcorn.fr.

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Tous les épisodes sont proposés en français DTS 2.0 et Dolby Digital 2.0. La première acoustique est évidemment à privilégier, plus détaillée, au point d’entendre l’eau frémir, les ventres gronder et les dents de Depardieu claquer d’impatience. Pas de sous-titres.

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Copyright Wild Side Vidéo

Test Blu-ray / Love & Friendship, réalisé par Whit Stillman

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LOVE & FRIENDSHIP réalisé par Whit Stillman, disponible en DVD et Blu-ray le 2 novembre 2016 chez Blaq Oout

Acteurs : Kate Beckinsal, Chloé Sevigny, Tom Bennett, Jenn Murray, Lochlann O’Mearáin, Sophie Radermacher

Scénario : Whit Stillman, d’après le roman Love & Friendship de Jane Austen

Photographie : Richard Van Oosterhout

Musique : Benjamin Esdraffo

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Angleterre, fin du XVIIIe siècle : Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente.
Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d’ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide…

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En 2011, soit 13 ans après son dernier film The Last Days of Disco (1998), le cinéaste Whit Stillman signait son retour derrière la caméra avec Damsels in Distress. Metropolitan (1990) avait fait de lui l’un des réalisateurs du cinéma indépendant les plus en vue et s’était vu auréolé d’une nomination pour l’Oscar du meilleur scénario original en 1991. Après Les Derniers jours du disco, le réalisateur américain s’était trouvé en manque d’inspiration. Parallèlement à la novélisation de son précédent long métrage, Whit Stillman, installé à Paris, travaille sur l’adaptation de Lady Susan, un roman de jeunesse épistolaire méconnu écrit (et inachevé) par Jane Austen à la fin du XVIIIe siècle, mais publié vers 1870.

Location images of Love & Friendship, a Jane Austen film adaptation starring Kate Bekinsdale and Chloe Sevigny, directed by Whit Stillman. CHURCHILL PRODUCTIONS LIMITED. Producers Katie Holly, Whit Stillman, Lauranne Bourrachot. Co-Producer Raymond Van Der Kaaij. Also Starring: Xavier Samuel, Emma Greenwell & Morfydd Clark

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Nous sommes en 2003 et Whit Stillman souhaite confier le rôle principal à la comédienne britannique Kate Beckinsale, qu’il avait dirigée dans The Last Days of Disco. Mais l’actrice âgée de 25 ans était encore bien trop jeune pour incarner Lady Susan Vernon. Les années passent, Damsels in Distress sort sur les écrans et Whit Stillman peut enfin se concentrer sur cette libre transposition. Love & Friendship est caractéristique du réalisateur. Une comédie quasi inclassable qui se déroule dans l’Angleterre du XVIIIe et prenant pour cible un groupe de personnages dont la plupart voient leurs repères ébranlés et bouleversés par l’arrivée d’une femme, veuve, précédée d’une réputation peu flatteuse, à la recherche d’un nouvel époux fortuné, tout en cherchant à marier sa propre fille. Tous les coups sont permis, mais en restant classe bien entendu et en tâchant d’éveiller le moins possible les soupçons de son ex-belle famille.

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Comme souvent chez Whit Stillman, il faut s’armer de patience pour pouvoir entrer véritablement dans l’univers qu’il nous dépeint et même certains spectateurs risquent de passer complètement à côté en raison de son abondance des dialogues et de personnages multiples qui se croisent et s’entrecroisent entre rires et pleurs, calèches qui stoppent et qui s’ébranlent, prétendants qui arrivent le sourire aux lèvres et qui repartent la queue entre les jambes. Malgré une présentation drôle, intelligente et théâtrale des protagonistes principaux, il n’est pas certain de parvenir à tous les relier entre eux. Mais pour les spectateurs les plus investis, Love & Friendship apparaîtra comme une vraie comédie finaude, charmante, sophistiquée et singulière, qui certes repose plus sur l’énergie, l’immense talent et le charisme de ses interprètes que sur son histoire à tiroirs proprement dite. Les spectateurs habitués aux adaptations des œuvres de Jane Austen, pour la télévision et le cinéma, vont sans doute être bousculés puisque le ton est ici drôle, cynique, ironique et décalé, bref un excellent remède contre la morosité.

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Les dialogues, certes omniprésents, sont déclamés à une vitesse folle par les acteurs, sublimes, où trône la merveilleuse Kate Beckinsale, formidable en garce pourtant attachante, que nous n’avions pas vue à pareille fête depuis…toujours ? Par conséquent, l’audience est emportée par ce cyclone de femmes opportunistes issues de la petite bourgeoisie déchue, qui s’attaquent à la fortune des autres pour pouvoir survivre. Kate Beckinsale retrouve Chloë Sevigny, sa partenaire des Derniers jours du Disco, et donne la formidable réplique à une ribambelle de comédiens (Stephen Fry, Xavier Samuell et la révélation Tom Bennett) en très grande forme, pour ne pas dire exceptionnels, qui prennent un plaisir évident à se renvoyer la balle.

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Tous les thèmes récurrents de l’oeuvre de Jane Austen, y compris les émois et les tourments des personnages sont bel et bien présents, mais le ton, ouvertement cynique est radicalement différent. Love & Friendship est donc une vraie comédie menée à cent à l’heure (le tournage s’est d’ailleurs déroulé en 26 jours seulement), élégante, raffinée, intelligente et follement moderne. Un vrai régal.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Love & Friendship, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

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Voici une édition soignée avec quelques suppléments fort sympathiques à se mettre sous la dent.

On commence par un entretien avec le réalisateur Whit Stillman (11′) qui revient dans un premier temps sur la longue gestation de Love & Friendship, projet qui remonte à 2003 et pour lequel il voulait déjà Kate Beckinsale dans le rôle principal. La trouvant encore trop jeune à l’époque, le film est ensuite resté dans les tiroirs, à une époque où le cinéaste se trouvait en panne d’inspiration après son dernier film Les Derniers jours du disco en 1998. Après son comeback en 2011 avec Damsels in distress, Whit Stillman peut enfin se consacrer à cette libre adaptation de Jane Austen. Il indique ensuite la difficulté d’adaptation de cette œuvre épistolaire et évoque son humour inattendu (qu’il compare à celui d’Oscar Wilde). Les personnages sont passés au peigne fin, tandis que le réalisateur avoue son attachement aux écrits de Jane Austen en rappelant qu’on lui avait proposé l’adaptation de Raisons et sentiments, finalement réalisé par Ang Lee en 1995.

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C’est au tour de Sophie Demir, docteur en littérature britannique et auteure de Jane Austen : Une poétique du différend (PU Rennes), de parler de l’univers, des thèmes puis des personnages et de la singularité de cette adaptation de l’oeuvre de Jane Austen. Un exposé brillant de dix minutes, qui donne envie de se (re)plonger dans toutes ces histoires souvent transposées au cinéma et à la télévision.

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S’ensuit un making of (10′) dynamique qui donne un bel aperçu du tournage. Les comédiens et le réalisateur se confient sur cette libre adaptation et sur l’humour qui s’en dégage à travers les dialogues et le cynisme des personnages.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Voilà une belle édition HD ! Sans pour autant être un disque de démonstration, Blaq Out livre un objet élégant qui respecte toutes les volontés artistiques du chef opérateur Richard Van Oosterhout. Les couleurs sont froides et la luminosité parfois très poussée. Soutenus par un codec solide, ces partis pris esthétiques auraient pu donner du fil à retordre pour le passage du film en Blu-ray, mais l’écrin est beau, tout comme ce léger grain qui se fait parfois sentir sur les scènes en extérieur. Le piqué est suffisamment tranchant (comme les dialogues), les contrastes solides et les détails appréciables.

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Seule la version originale est disponible. Franchement, qui s’en plaindra ? Car Love & Friendship est un film à découvrir et à savourer uniquement en anglais puisque la langue et l’accent britannique font partie intégrante de la réussite du film de Whit Stillman ! Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle ample et dynamique. La spatialisation musicale est omniprésente, les dialogues percutants sur la centrale, la balance frontale est riche et les effets annexes ne manquent pas. Le mixage ne tombe jamais dans la surenchère. La Stéréo est tout aussi riche et contentera ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Copyright Blaq Out / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Triangle du Diable, réalisé par Sutton Roley

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LE TRIANGLE DU DIABLE ( Satan’s Triangle) réalisé par Sutton Roley, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Showshank Films

Acteurs : Kim Novak, Doug McClure, Alejandro Rey, Ed Lauter, Jim Davis, Michael Conrad

Scénario : William Read Woodfield

Photographie : Leonard J. South

Musique : Johnny Pate

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 1975

LE TELEFILM

Un hélicoptère et ses deux sauveteurs partent secourir un bateau en perdition. A son bord, des cadavres et une seule survivante… Au beau milieu de l’océan, la tempête se lève. Leurs coordonnées semblent indiquer qu’ils se trouvent au centre d’un endroit mystérieux surnommé le Triangle du Diable…

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Difficile à croire en découvrant ce téléfilm en 2016, mais Le Triangle du Diable, Satan’s Triangle, produit par la chaîne ABC, diffusée le 14 janvier 1975 aux Etats-Unis, puis en France en novembre 1975, mais surtout le 4 février 1979, a traumatisé toute une génération pour sa diffusion à une heure de grande écoute, un dimanche en début de soirée. Réalisé par Sutton Roley, grand habitué de la télévision avec une multitude de séries à son actif depuis la fin des années 50-60 (Mannix, Le Magicien) jusqu’aux années 1980 (Supercopter, Mike Hammer), Le Triangle du Diable demeure toujours aussi chéri par celles et ceux qui l’ont découvert quand ils étaient jeunes, même s’il faut bien avouer qu’il a considérablement mal vieilli.

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On comprend ce qui a pu choquer à l’époque puisque Le Triangle du Diable est un téléfilm sombre, parfois violent et macabre, avec une petite touche fantastique qui a dû effrayer les enfants qui se demandaient alors ce qu’on pouvait bien leur offrir de gentil et de propre dans la petite lucarne. Le Triangle du Diable vaut surtout aujourd’hui pour revoir Kim Novak, qui se faisait déjà rare sur les écrans. Sa dernière grande apparition au cinéma remontait déjà à 1969 dans Le Plus grand des hold-up d’Hy Averback, bien que la comédienne fît également une apparition dans le quatrième segment du film à sketchs Tales That Witness Madness en 1973. Hormis cette diffusion invraisemblable en fin de week-end alors que les petits n’avaient pas encore pris leur bain, on se demande pourquoi Le Triangle du Diable, modeste fiction à petit budget, est devenu aussi culte puisque le récit – écrit par William Read Woodfield, grand manitou de la série Mission Impossible – sous forme de flashbacks imbriqués apparaît aujourd’hui bien classique, efficace mais platement mis en scène, interprété par des acteurs peu concernés, notamment une Kim Novak complètement éteinte. Le twist final fonctionne, tout comme l’épilogue, mais le reste n’est souvent qu’ennui, il ne se passe rien et l’ensemble s’avère aussi passionnant qu’une partie de pêche à l’espadon diffusée à 3h du matin.

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C’est là tout le mystère de la fibre nostalgique, tout comme celui du Triangle des Bermudes qui sert ici de prétexte pour une entourloupe de 70 minutes, mais où il n’y a que les cinq dernières à sauver.

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LE DVD

Le DVD du Triangle du Diable, disponible chez Showshank Films, repose dans un Digipack un peu léger et fragile. Le visuel, cheap, mentionne « Le Film qui a traumatisé toute une génération » et vise ceux qui recherchaient activement ce téléfilm depuis des années.

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L’éditeur ne vient pas les mains vides ! En effet, nous trouvons une présentation du Triangle du Diable, ou plutôt de son contexte singulier de diffusion à la télévision française, par Jérôme Wybon (13′). Nous avons beaucoup de plaisir à retrouver l’auteur de Nos années Temps X : Une histoire de la science-fiction à la télévision française et le réalisateur de nombreux suppléments rétrospectifs présents sur moult DVD et Blu-ray. Jérôme Wybon replace ce téléfilm dans son contexte, puis donne quelques indications sur le scénariste, le réalisateur, le compositeur et le casting. Vous en saurez également un peu plus sur le sujet du Triangle des Bermudes abordé au cinéma et à la télévision.

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L’interactivité se clôt sur le générique français d’époque (« qui vous a fait frissonner ») et un petit comparatif avant/après la restauration.

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L’Image et le son

Le Triangle du Diable est un téléfilm. Le master plein cadre 1.33 (4/3) d’origine proposé par Showshank Films s’avère honnête, même s’il demeure marqué par l’usure du temps et ce malgré une restauration. Les couleurs retrouvent un certain éclat par rapport au master original, le grain est parfois très marqué et sa gestion reste aléatoire, certains moirages sont visibles, tout comme les stock-shots lors de la partie de pêche. Divers plans sont toujours flous et inhérents aux partis pris esthétiques qui privilégient un aspect cotonneux lors de l’arrivée du prêtre sur le voilier. La copie trouve néanmoins une stabilité, malgré des fourmillements à foison.

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La version originale Mono est beaucoup plus étouffée que la piste française, dynamique, aux dialogues et aux effets nettement plus élevés. De plus, le doublage est très bon, avec notamment Marcel Bozzuffi, Pierre Garin et Serge Lhorca (la voix de Yoda dans les épisodes V et VI de Star Wars).

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Crédits images : © Showshank Films / Captures DVD et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Les Flics ne dorment pas la nuit, réalisé par Richard Fleischer

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LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT (The New Centurions) réalisé par Richard Fleischer, disponible en Blu-ray et DVD le 9 novembre 2016 chez Carlotta Films

Acteurs : George C. Scott, Stacy Keach, Jane Alexander, Scott Wilson, Rosalind Cash, Erik Estrada

Scénario : Stirling Silliphant, d’après le livre de Joseph Wambaugh The New Centurions

Photographie : Ralph Woolsey

Musique : Quincy Jones

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

De nouvelles recrues font leur entrée dans un commissariat de Los Angeles, parmi lesquelles Roy Fehler, étudiant en droit entré dans la police pour subvenir aux besoins de sa famille. Il fait équipe avec Andy Kilvinski, vieux briscard engagé dans la police depuis 23 ans, qui lui apprend toutes les ficelles du métier. Roy devient vite accro à la rue et à ses dangers, et délaisse peu à peu ses études et sa famille…

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Richard Fleischer (1916-2006) a déjà plus de trente longs métrages à son actif lorsqu’il réalise Les Flics ne dorment pas la nuitThe New Centurions en 1972. Le film est adapté du best-seller de Joseph Wambaugh, ancien membre de la police de Los Angeles, qui parallèlement à sa carrière écrivait en secret des récits policiers inspirés de son propre quotidien. Après avoir trouvé un éditeur et tout en continuant son travail dans la police, Joseph Wambaugh devient immédiatement un écrivain à succès. Dès sa publication, le livre The New Centurions est un immense succès et le monde du cinéma ne tarde pas à lui faire les yeux doux pour acquérir les droits. Les producteurs Robert Chartoff et Irwin Winkler (On achève bien les chevaux, Le Point de non-retour) se mettent d’accord avec Joseph Wambaugh et le scénario est confié au talentueux Stirling Silliphant (Nightfall, La Ronde du crime, Dans la chaleur de la nuit). Le cinéaste Richard Fleischer vient d’enchaîner trois films en 1971, L’Etrangleur de Rillington Place, Les Complices de la dernière chance et Terreur aveugle, quand il signe pour Les Flics ne dorment pas la nuit. Il retrouve George C. Scott après Les Complices de la dernière chance, qui donne la réplique à Stacy Keach, qui venait de tourner dans le superbe Fat City de John Huston.

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Les Flics ne dorment pas la nuit est une chronique qui plonge les spectateurs dans l’implacable quotidien d’une unité de police de Los Angeles. Le vétéran Andy Kilvinski (George C. Scott, immense) doit former Roy Fehler (Stacy Keach, superbe), lui apprendre les ficelles du métier, les patrouilles dans les rues mal famées et les réflexes. Le jeune homme, étudiant en droit, qui s’est engagé dans la police pour gagner de quoi faire vivre sa femme et sa petite fille, apprécie cette nouvelle vie. Grisé par l’adrénaline du monde de la nuit et de la rue, Roy délaisse peu à peu ses études, puis oublie parfois de rentrer chez lui. Il devient flic et il aime ça. Lassée de ne plus le voir, anxieuse de savoir sa vie en danger, sa femme le quitte et Roy sombre dans la dépression et l’alcool. De son côté, Kilvinski part à la retraite. Mais peut-on vraiment raccrocher quand on a été flic pendant un quart de siècle ?

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Redoutablement pessimiste, sombre, mais jamais désespéré ou morbide, Les Flics ne dorment pas la nuit dresse le portrait d’hommes attachants, des simples flics qui se donnent corps et âme à leur métier, que certains n’ont pas choisi ou d’autres qui au contraire sont nés avec cette vocation. Le danger et même la mort peuvent frapper à chaque coin de rue, ils sont conscients de cela, mais la passion prend souvent le pas, d’autant plus que la plupart des flics n’ont pas de vie en dehors de leur job. Ils ont souvent été largués par celle qu’ils aimaient ou n’ont tout simplement pas eu le temps de fonder une famille à cause de ce travail qui les accapare de jour comme de nuit. Après des années de fiers et loyaux services, la descente peut être brutale, voire fatale pour certains.

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Soutenu par le scénario en béton de Stirling Silliphant qui fonctionne de manière elliptique, Richard Fleischer met comme d’habitude un point d’honneur à être le plus réaliste possible avec une dimension toujours quasi-documentaire, en s’attachant aux petits détails qui cumulés font le quotidien de ces quelques officiers de police, entre moments légers (le ramassage des prostituées) et très violents (la séquence avec le bébé maltraité par une mère alcoolique). Des policiers, premiers témoins d’un monde au bord du gouffre dans lequel des actes terribles sont maintenant commis par des gens « normaux ».

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Filmé en décors naturels dans les rues de Los Angeles, principalement de nuit, The New Centurions est non seulement un sublime et passionnant objet de cinéma, grave, intelligent (le réalisateur refuse le spectaculaire), profond, mais sans nul doute un des plus grands films policiers, ou plutôt un drame policier mélancolique et crépusculaire, des années 1970. La musique de Quincy Jones, la photographie de Ralph Woolsey (L’Ultime randonnée de Sidney J. Furie), un montage toujours au cordeau, ici réalisé par Robert C. Jones (Love Story, Devine qui vient dîner ?, Un monde fou, fou, fou, fou), la virtuosité de Richard Fleischer et l’excellence de l’interprétation, tout contribue à faire des Flics ne dorment pas la nuit un saisissant chef d’oeuvre du genre.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray des Flics ne dorment pas la nuit, disponible chez Carlotta Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

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Comme sur les Blu-ray de Terreur aveugle et de L’Etrangleur de Rillington Place, Les Flics ne dorment pas la nuit s’accompagne d’une préface (7′30) réalisée par le brillant réalisateur Nicolas Saada (Espion(s), Taj Mahal). Même si l’éditeur appelle ce segment une préface, ne la visionnez surtout pas avant Les Flics ne dorment pas la nuit puisque les propos de Nicolas Saada sont collés sur des images tirées du film et révèlent beaucoup d’éléments. Le cinéaste, grand admirateur et fasciné par le cinéma de Richard Fleischer, avoue d’emblée que c’est un film qu’il adore et qu’il s’agit pour lui d’un des très grands films américains des années 1970. Il croise ensuite le fond avec la forme, évoque le casting, le roman de Joseph Wambaugh, le côté visionnaire de cette œuvre qui traite entre autres des bavures policières. Une excellente présentation !

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Après Christophe Gans et Fabrice Du Welz, c’est au tour de l’excellent Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur, Cortex, Gardiens de l’ordre, Made in France) de se pencher sur une œuvre de Richard Fleischer (25’). Grand admirateur du cinéaste, Nicolas Boukhrief commence cette intervention en indiquant que Richard Fleischer n’a malheureusement jamais eu la reconnaissance qu’il méritait de son vivant et même encore aujourd’hui. Selon lui, Fleischer fait partie de ces réalisateurs, comme Robert Wise ou Franklin J. Schaffner, qui n’étaient pas considérés comme des auteurs à part entière, qui ont toujours su s’adapter aux films que les studios leur proposaient, sans pour autant avoir le soutien qu’ils méritaient et ce malgré les grands succès à leur actif. Nicolas Boukhrief en vient ensuite au film qui nous intéresse, Les Flics ne dorment pas la nuit, titre français qu’il trouve d’ailleurs très poétique, qu’il a découvert il y a quelques années seulement. Le fond et la forme s’entrecroisent à travers un exposé brillant et passionné qui met en relief le caractère prophétique de cette œuvre sur la situation politique et sociale des Etats-Unis, mais aussi sur l’évolution du genre policier au cinéma ainsi qu’à la télévision.

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La pièce centrale de cette interactivité demeure le module intitulé Cop Stories (44’), qui croise les entretiens de Joseph Wambaugh (auteur du livre dont le film est l’adaptation), le comédien Stacy Keach, Richard Kalk (conseiller technique) et Ronald Vidor (assistant opérateur). En introduction, un carton indique que certains éléments majeurs de l’intrigue, y compris le dénouement du film sont dévoilés et analysés. A ne visionner qu’après avoir (re)vu le film donc. Joseph Wambaugh revient sur son parcours atypique, flic de la ville de Los Angeles devenu écrivain, qui est d’ailleurs resté dans les forces de l’ordre jusqu’en 1974 alors que son roman Les Nouveaux CenturionsThe News Centurions était devenu un best-seller en 1971. Dans un premier temps, Joseph Wambaugh évoque ses débuts dans l’écriture, ce qui a nourri son premier roman (son quotidien et les émeutes de Watts), la psychologie de ses trois personnages principaux (Sergio Duran, Gus Plebesly et Roy Fehler), le grand succès du livre et l’achat des droits pour le cinéma par les producteurs Robert Chartoff et Irwin Winkler. C’est là qu’intervient Richard Kalk, son confrère dans la police, qui devient alors le conseiller technique sur le film de Richard Fleischer. Puis, Stacy Keach et Ronald Vidor interviennent à tour de rôle pour raconter diverses anecdotes liées au tournage. Tout ce beau petit monde parle de la direction d’acteurs de Richard Fleischer, du casting, de l’entraînement des comédiens pendant quinze jours dans une Police Academy, des conditions des prises de vues (parfois dans des quartiers mal famés), du succès dans les salles. Un documentaire rétrospectif souvent passionnant et très bien réalisé.

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A une époque où la vidéo n’existait pas ou à peine dans les années 1960-1970, les studios américains proposaient pour voir chez soi et au format Super 8 ou 8mm, des extraits de leurs longs métrages ou le film entier condensé en une seule bobine ! Carlotta Films a mis la main sur un petit trésor singulier, le transfert du film Les Flics ne dorment pas la nuit condensé en 17 minutes et au format Super 8. Cet élément d’époque a été scanné en HD. La qualité et les imperfections sont évidemment dues au format original et les séquences sont en version originale sous-titrées en français.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le chef d’oeuvre de Richard Fleischer fait peau neuve chez Carlotta Films et en Blu-ray s’il vous plaît ! The New Centurions est un film dont l’action se déroule principalement de nuit. Ces scènes parfois sombres sont merveilleusement rendues avec ce master HD restauré en 2K et nettoyé de toutes défectuosités. Mis à part un générique un poil tremblant, les contrastes du chef opérateur Ralph Woolsey, retrouvent toute leur richesse et les ambiances froides épousent parfaitement les teintes plus ambrées des éclairages naturels. Certaines scènes s’accompagnent parfois d’un grain cinéma plus appuyé mais équilibré et fort attrayant. Les nombreux points forts de cette édition demeurent la beauté des gros plans, la propreté immaculée du master et le relief des scènes en extérieur jour avec des détails plus flagrants. Quelques fléchissements de la définition restent inhérents aux conditions de prises de vues originale, avec un aspect très documentaire, qui captent des instantanés de vie. Enfin, le film est proposé dans son format d’origine 2.35.

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Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 1.0 sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique de Quincy Jones. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Au jeu des différences, la version française se focalise trop sur les dialogues au détriment de certaines ambiances et effets annexes. Aucun souffle constaté sur les deux pistes. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

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LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT © 1972, RENOUVELÉ 2000 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés. / Captures du Blu-ray / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr