Test DVD / Avant que les flammes ne s’éteignent, réalisé par Mehdi Fikri

AVANT QUE LES FLAMMES NE S’ÉTEIGNENT réalisé par Mehdi Fikri, disponible en DVD le 17 avril 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes, Sonia Faidi, Louise Coldefy, Makita Samba, Hammou Graïa, Abdelmalik Yahyaoui…

Scénario : Mehdi Fikri, Claude Le Pape & Aude Thuries

Photographie : Romain Carcanade

Musique : Andrea Boccadoro

Durée : 1h34

Année de sortie : 2023

LE FILM

Suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation de police, Malika se lance dans un combat judiciaire afin qu’un procès ait lieu. Mais sa quête de vérité met en péril l’équilibre de sa famille.

Quand ce n’est pas la gauche qui tire à boulets rouges sur un film comme Sound of Freedom ou Vaincre ou mourir, c’est l’extrême-droite qui s’en charge pour Avant que les flammes ne s’éteignent. C’est du moins ce qu’on essaye de nous faire croire pour justifier le bide rencontré par ces trois films dans nos contrées. Non, si ces trois longs-métrages se sont plantés, c’est tout simplement parce qu’ils sont très mauvais et que le bouche-à-oreille n’a pas fonctionné. À moins que certains spécialistes et adeptes du complot se soient mis en tête que les spectateurs étaient tellement dépourvus de sens critique qu’ils s’étaient laissés berner par les pseudo-critiques, au point de ne pas aller au cinéma afin de se faire leur propre opinion. Avant que les flammes ne s’éteignent surfe sur un sujet brûlant, les bavures policières, colportées par un parti – devenu nauséabond – anti-flics, pour lequel le réalisateur Mehdi Fikri se serait inspiré de plusieurs affaires, celles d’Amine Bentounsi en 2012, de Lamine Dieng en 2007, d’Ali Ziri en 2009, de Wissam El-Yamni en 2012 et bien sûr de Adama Traoré en 2016. Pourquoi bien sûr pour ce dernier ? Car Camélia Jordana, si le personnage qu’elle incarne dans Avant que les flammes ne s’éteignent s’appelle Malika, interprète plus ou moins Assa Traoré. Évidemment, forcément, le premier long-métrage de Mehdi Fikri n’allait pas passer inaperçu dans les médias, bien qu’il le fera dans les salles avec seulement 23.000 entrées, et donnera autant de grain à moudre chez Yann Barthès et Mouloud Achour que chez Cyril Hanouna et Pascal Praud. Tout cela pour dire qu’Avant les flammes ne s’éteignent est en l’état d’une rare médiocrité, mis en scène à la va-comme-je-te-pousse, avec des protagonistes détestables et mollement campés par des acteurs peu aidés par une écriture scolaire, pourtant cosignée Claude Le Pape (Reprise en main, Petit paysan, Les Combattants).

Difficile d’ajouter autre chose après cela. Entrer dans les détails du récit ne serviraient pas à grand-chose non plus. Au fil de l’histoire, le réalisateur paraît au point mort, tant sur le fond que sur la forme. Les personnages se figent, les acteurs ne parviennent pas ou plus à apporter un supplément d’âme à cette pauvre entreprise, les dialogues s’empêtrent dans le non-sens ou la contradiction, « Oui il faut le défendre ! », « Mais il avait quand même un casier déjà chargé ! », « Euh…ouais mais il faut se battre ! », « Ce n’était pas un enfant de choeur hein ! », « …allons tout casser !!! ». On exagère, mais le propos, ou le non-propos est du même acabit. Rien à redire sur la prestation de Camélia Jordana, qui prouve une fois de plus qu’elle en a sérieusement sous le capot, après ses apparitions chez Emmanuel Mouret (Les Choses qu’on dit, les Choses qu’on fait) et Kilian Riedhof (Vous n’aurez pas ma haine). C’est juste que Malika renvoie trop à certaines de ses prises de position qui ont fait polémique (une société française dirigée par de « vieux blancs riches », le racisme ordinaire des forces de l’ordre et même de l’homme blanc en général), propos soutenus par…ah bah tiens, Assa Traoré qui à cette occasion avait lancé son #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice. La boucle est donc bouclée (ce n’est pas un délit de faciès hein, c’est une expression, on ne veut pas d’ennuis), mais Avant que les flammes ne s’éteignent n’a rien de défendable si l’on se place du point de vue cinéma, rien de divertissant, qui incite à la réflexion (puisqu’on nous enfonce le message manichéen au marteau-piqueur), qui marque les esprits, à part ce type nawak aux dialogues atroces joué par Samir Guesmi qui paraît venir d’un autre film et semble totalement à côté de la plaque dans la peau d’un militant politique de quartier.

On peut tout de même sauver la belle photographie du chef opérateur surdoué Romain Carcanade (La Nuée, L’Origine du mal, L’Heure de la sortie), mais Mehdi Fikri, ancien journaliste et qui a grandi dans le 93, aura fort à faire pour se démarquer par la suite et faire oublier ce coup d’essai faussement polémique, mais vrai pétard mouillé.

LE DVD

C’est chez Blaq Out que sort le film Mehdi Fikri, Avant que les flammes ne s’éteignent, uniquement en DVD cela va de soi étant donné le bide rencontré dans les salles. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique transparent, reprend celui de l’affiche d’exploitation, le tout reposant dans un surétui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Le seul supplément disponible sur ce DVD est une rencontre avec Cédric Berger, ingénieur son, Philippe Deschamps, monteur son et Clara Largeron, assistante décoration, organisée par l’association Étonnant Cinéma, atelier proposé aux habitants de Seine-Saint-Denis (14’). Des propos très intéressants éclairent sur la fonction des intervenants, qui ont tous travaillé sur Avant que les flammes ne s’éteignent, sur lequel ils reviennent posément.

L’Image et le son

Le master de Avant que les flammes ne s’éteignent est plutôt bichonné par Blaq Out. Le cadre large est élégant, les couleurs soignées et le piqué suffisamment aiguisé. Les contrastes sont assurés, denses et riches, les détails ne manquent pas et la profondeur de champ est soignée. Malgré un sensible bruit vidéo sur les arrière-plans, des moirages et un léger fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, la copie demeure éclatante. La belle photo riche et contrastée du chef opérateur Romain Carcanade, passe agréablement le cap du petit écran.

La piste Dolby Digital 5.1 offre un agréable confort acoustique, proposant une large ouverture frontale, divers effets latéraux (gros travail sur le son) et une belle spatialisation musicale. De son côté, la Dolby Stéréo 2.0 remplit aisément son contrat avec une balance des avant ferme et savamment équilibrée. À noter la présence de sous-titres français pour sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Blaq Out / Bac Films / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Une réflexion sur « Test DVD / Avant que les flammes ne s’éteignent, réalisé par Mehdi Fikri »

  1. Vaincre ou mourir est profondément médiocre et intellectuellement douteux, mais 300.000 entrées, ce n’est pas un flop pour un truc aussi orienté et mal foutu. Nul doute que d’autres projets similaires sont sur le feu…

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