Test Blu-ray / Le Grand couteau, réalisé par Robert Aldrich

LE GRAND COUTEAU (The Big Knife) réalisé par Robert Aldrich, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 17 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jack Palance, Ida Lupino, Wendell Corey, Jean Hagen, Rod Steiger, Shelley Winters, Ilka Chase, Everett Sloane…

Scénario : James Poe, d’après le pièce de Clifford Odets

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : Frank De Vol

Durée : 1h49

Année de sortie : 1955

LE FILM

Charlie Castle, vedette d’Hollywood, a promis à sa femme de ne pas se lier à son producteur Stanley Hoff par un autre contrat. Mais le malheureux, pour ne pas voir exploiter certains faits délicats de sa vie privée, est obligé de revenir sur sa décision. Quand il tente de faire machine arrière, il est trop tard : tous ceux qui ont intérêt à lui nuire sont là, et sa femme, qu’il veut reconquérir, parle de le quitter…

Ce sont des débuts pour le moins fracassants. Imaginez, en l’espace de deux ans, Robert Aldrich (1918-1983) sort sur les écrans Alerte à Singapour World for Ransom, Bronco Apache Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse Kiss Me Deadly et Le Grand Couteau The Big Knife. Alors qu’il vient de fonder sa société de production, Associates and Aldrich, grâce au triomphe d’En quatrième vitesse, le réalisateur jette son dévolu sur une pièce de théâtre à succès, The Big Knife de Clifford Odets, qu’il souhaitait adapter depuis longtemps. Robert Aldrich a désormais les mains libres pour concrétiser ce projet. Le Grand couteau demeure avec Boulevard du Crépuscule une charge explosive contre Hollywood. Même si, soyons honnêtes, The Big Knife n’arrive pas à la hauteur du chef d’oeuvre de Billy Wilder et n’échappe pas à une certaine théâtralité (nous y reviendrons), le film de Robert Aldrich ne manque pas de virulence envers l’industrie hollywoodienne, mais se montre beaucoup trop bavard, s’étire en longueur et finit même par ennuyer parfois le spectateur. Toutefois, l’intérêt est souvent relancé par des séquences d’une ahurissante cruauté verbale, soutenue par la photo tranchante d’Ernest Laszlo avec qui le cinéaste collabora sept fois dans sa carrière. Le Grand couteau est passé à la postérité grâce à Jack Palance, habituel salaud au cinéma trouvant ici un rôle inattendu de victime à fleur de peau tout en violence contenue, un géant d’1m93 pliant sous le poids d’un chantage malsain, qui n’a pu oublier ses rêves alors brisés, un comédien devenu lâche et dépendant face au système qui le broie littéralement. The Big Knife est une œuvre peu aimable avec ses êtres vicieux et crapuleux, que l’on redécouvre néanmoins à chaque visionnage. Une nouvelle preuve du génie du cinéaste.

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Test Blu-ray / Opération V2, réalisé par Boris Sagal

OPÉRATION V2 (Mosquito Squadron) réalisé par Boris Sagal, disponible en DVD & Blu-ray le 27 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : David McCallum, Suzanne Neve, Charles Gray, David Buck, David Dundas, Dinsdale Landen, Nicky Henson, Bryan Marshall…

Scénario : Donald S. Sanford & Joyce Perry

Photographie : Paul Beeson

Musique : Frank Cordell

Durée : 1h31

Année de sortie : 1969

LE FILM

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les forces alliées apprennent que l’armée allemande a mis au point une nouvelle arme, encore plus dévastatrice que les précédentes : la fusée V2, conçue dans un centre d’essais ultra-secret. Un chef d’escadron de la Royal Air Force reçoit une mission : former en dix jours une équipe capable de détruire les bombes cachées dans un tunnel hyper protégé.

C’est un petit film de guerre sorti la même année que Le Pont de Remagen The Bridge at Remagen de John Guillermin et La Bataille d’Angleterre Battle of Britain de Guy Hamilton. Opération V2 Mosquito Squadron n’a sans doute pas le même prestige et la renommée des films cités précédemment, mais possède un atout de taille pour qu’on s’y intéresse en la personne de David McCallum, comédien (et musicien) américano-britannique, disparu il y a quelques mois à l’âge de 90 ans, qui tient ici le haut de l’affiche. Alors qu’il venait de mettre un terme à la série qui l’a rendu célèbre dans le monde entier, Des agents très spéciaux The Man from U.N.C.L.E., dans laquelle il campait Illya Kouriakine, un agent secret d’origine russe, l’acteur tentait de se reconvertir au cinéma. Il retrouve ainsi le réalisateur Boris Sagal, avec lequel il venait de tourner Espions en hélicoptère The Helicopter Spies, une des missions du tandem Solo/Kouriakine exploitées sur le grand écran. Opération V2 est une production modeste, supposée raconter une énième « mission suicide qui a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale », qui repose avant tout sur un casting efficace. Si l’ensemble fait penser à un téléfilm ou à un épisode de série télévisée, Mosquito Squadron n’est pas déplaisant, mais demeure complètement anecdotique.

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Test Blu-ray / Meurtres dans la 110e rue, réalisé par Barry Shear

MEURTRES DANS LA 110e RUE (Across 110th Street) réalisé par Barry Shear, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 16 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Quinn, Yaphet Kotto, Anthony Franciosa, Paul Benjamin, Ed Bernard, Richard Ward, Norma Donaldson, Antonio Fargas…

Scénario : Luther Davis, d’après le roman de Wally Ferris

Photographie : Jack Priestley

Musique : J.J. Johnson

Durée : 1h37

Année de sortie : 1972

LE FILM

Dans un tripot de Harlem contrôlé par la Mafia, cinq hommes comptent la recette du jour. Deux Noirs déguisés en policiers font irruption dans la salle, abattent les hommes et s’enfuient à bord d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux policiers, authentiques ceux-là, s’interposent et sont à leur tour abattus. La Mafia, qui a la mainmise sur le quartier, commence ses propres investigations, aidée par des caïds noirs. De son côté, la police confie l’affaire à Pope, un jeune et idéaliste lieutenant noir, et au capitaine Mattelli, proche de la retraite, et dont la misanthropie n’a d’égale que la corruption…

Tout le monde, ou presque connaît la chanson de Bobby Womack, Across 110th Street et la plupart des spectateurs ont dans la tête l’ouverture de Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino. En réalité, ce dernier a comme d’habitude pompé de tous les côtés et avait tout simplement repris le tube éponyme du film de Barry Shear, baptisé en France Meurtres dans la 110e rue. Souvent classé à tort dans le sous-genre alors en vogue de la Blaxploitation, Across 110th Street est un polar pur et dur se déroulant à Harlem, Pandémonium sur Terre, territoire laissé à l’abandon, ou plutôt aux mains des mafieux blancs qui se la coulent douce de l’autre côté de Central Park, laissant le sale boulot aux noirs avec lesquels ils sont en affaire. Venu de la télévision, pour laquelle il officiait sur une quantité phénoménale de téléfilms et de séries depuis les années 1950 (Des agents très spéciaux, Opération vol, Les Règles du jeu, Opération danger, Les Rues de San Francisco), Barry Shear (1923-1979) aura peu, mais bien tourné pour le cinéma. Meurtres dans la 110e rue est alors son quatrième long-métrage pour le grand écran et restera son film le plus célèbre. Comme dirait Raoul Volfoni, « c’est du brutal » ! Across 110th Street est une véritable immersion (rendu imputable à l’utilisation de la révolutionnaire caméra portée Arriflex 35BL) au coeur de l’enfer, une œuvre poisseuse, redoutablement pessimiste, ultra-violente par moments (certaines scènes sont même déconseillées aux âmes sensibles), qui n’a rien perdu de son efficacité et qui embarque le spectateur pendant 1h35 sur un des affluents du Styx. Merveilleusement interprété par Anthony Quinn (également co-producteur exécutif aux côtés du metteur en scène) et Yaphet Kotto, Meurtres dans la 110e rue, écrit par Luther Davis (auteur des géniaux La Main noire de Richard Thorpe et Une femme dans une cage de Walter Grauman) d’après un roman de Wally Ferris (sorti en France sous le titre Noirs et Blancs, dans la collection Série Noire), est un thriller à réhabiliter de toute urgence.

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Test Blu-ray / Le Diable boiteux, réalisé par Sacha Guitry

LE DIABLE BOITEUX réalisé par Sacha Guitry, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 5 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sacha Guitry, Lana Marconi, Émile Drain, Henry Laverne, Maurice Teynac, Philippe Richard, Georges Spanelly, Renée Devillers…

Scénario : Sacha Guitry, d’après sa pièce

Photographie : Nikolai Toporkoff

Musique : Louis Beydts

Durée : 2h05

Année de sortie : 1948

LE FILM

De la fin du XVIIIè au début du XIXè, Talleyrand, homme d’État français et rusé diplomate sert six régimes successifs, parfois opposés… Avec brio, Sacha Guitry dresse le portrait de ce maître de la trahison et du changement d’allégeance, jusqu’à son triomphe final.

Avec Le Diable boiteux (« un film conçu, dialogué, réalisé et interprété par l’auteur »), biographie filmée du prince de Talleyrand, évêque d’Autun, qui servit la France de l’Ancien Régime jusqu’à la Monarchie de Juillet en passant par le Directoire, le Consulat, le Premier Empire et la Restauration (« Vive le roy ! », « Vive la République ! », « Vive l’Empereur ! », « Vive le roi ! » est-il écrit sur le même mur au fil du récit), Sacha Guitry signait son retour au cinéma. Si Le Comédien allait sortir en premier, Le Diable boiteux était initialement prévu avant celui-ci, mais le réalisateur, auteur et comédien allait rencontrer quelques soucis avec la censure. Avant que le tournage soit lancé, la pièce en trois actes et neuf tableaux Talleyrand ou le Diable boiteux attirait les foules au théâtre Édouard VII en 1948. Fasciné par le personnage historique, Sacha Guitry y voyait une opportunité pour faire un parallèle avec ce qu’il venait de vivre, ayant été arrêté puis incarcéré pour son comportement avec l’occupant allemand. Adulé et pourtant détesté par certains, mis au pilori et encensé, Sacha Guitry se met à nu dans la peau de Talleyrand (« le plus grand diplomate qui ait jamais existé […] qui ne s’est jamais soucié de l’opinion d’autrui ») et livre une sublime prestation, probablement l’une de ses meilleures. Si quelques longueurs se font parfois ressentir (le film durant plus de deux heures), notamment lors de la fête organisée pour les infants d’Espagne à Valençay, Le Diable boiteux laisse pantois d’admiration par la beauté incommensurable de ses dialogues et la modernité de sa mise en scène.

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Test Blu-ray / Le Comédien, réalisé par Sacha Guitry

LE COMÉDIEN réalisé par Sacha Guitry, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 5 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sacha Guitry, Lana Marconi, Pauline Carton, Jacques Baumer, Robert Seller, José Noguéro, Maurice Teynac, Léon Belières, Simone Paris…

Scénario : Sacha Guitry, d’après sa pièce

Photographie : Nikolai Toporkoff

Musique : Louis Beydts

Durée : 1h36

Année de sortie : 1948

LE FILM

La vie romancée de Lucien Guitry par son fils Sacha…Lucien se prend de passion pour le théâtre dès l’enfance et fait ses débuts sur scène à dix-sept ans. Il triomphe dans tous les grands rôles du répertoire. Les difficultés commencent lorsqu’il s’éprend d’une jeune fille qui décide de devenir à son tour comédienne.

« Sacha Guitry, pourquoi avez-vous fait Lucien Guitry ? » demandait un journaliste au dramaturge quand son film s’intitulait encore ainsi. Ce à quoi ce dernier aurait répondu « Parce-que Lucien Guitry m’a fait ». À l’origine du Comédien, sorti en 1948, il y a un livre, Lucien Guitry raconté par son fils, puis une pièce Le Comédien, et finalement un film, comme un hommage ultime rendu à Lucien par Sacha, qui pour le coup endosse les deux rôles dans ce long-métrage. S’il commence comme un véritable documentaire centré sur l’enfance du personnage principal, Le Comédien bifurque rapidement vers la reconstitution en narrant les origines de la passion du théâtre de son père, qui préférait apprendre les pièces les plus célèbres, plutôt que ses leçons d’arithmétique. Le Comédien convoque une troupe d’acteurs exceptionnels (dont la fidèle Pauline Carton), qui gravitent tous autour du noyau central représenté par le maître en personne, maniant le sarcasme et l’ironie comme personne d’autre à son époque. Le Comédien est une œuvre irrésistible, marquée constamment par de fabuleuses répliques, le tout doublé d’une déclaration d’amour d’un fils pour son père, qui le ressuscite pour toucher sa main une dernière fois grâce à l’artifice du septième art, pour converser avec lui, pour lui signifier qu’il sera toujours présent chaque seconde. Et c’est superbe.

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Test Blu-ray / Douce nuit, sanglante nuit, réalisé par Charles E. Sellier Jr.

DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT (Silent night, Deadly night) réalisé par Charles E. Sellier Jr, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 7 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Lilyan Chauvin, Gilmer McCormick, Toni Nero, Robert Brian Wilson, Britt Leach, Nancy Borgenicht, Linnea Quigley, Leo Geter…

Scénario : Michael Hickey, d’après une histoire originale de Paul Caimi

Photographie : Henning Schellerup

Musique : Perry Botkin Jr.

Durée : 1h19

Année de sortie : 1984

LE FILM

C’est l’histoire terrifiante de Billy Chapman. Traumatisé par le viol et le meurtre de ses parents lors d’un réveillon de Noël, le petit Billy est recueilli dans un orphelinat dirigé par des nonnes sadiques qui vont le brutaliser pendant des années. Devenu adolescent, Billy doit se déguiser en Père Noël pour le réveillon et cela va déclencher chez lui une fureur dévastatrice et sanglante : il croit avoir pour mission de tuer les méchants.

Si vous n’avez pas encore fait votre lettre au Père Noël, alors n’hésitez pas à ajouter le Blu-ray de Douce nuit, sanglante nuit à votre liste de cadeaux. Que voilà un beau et bon slasher ! Silent Night, Deadly Night (ou Du sang dans les souliers pour certaines diffusions TV) a subi de très violentes critiques lors de sa sortie éphémère aux États-Unis, de la part de celles et ceux qui défendaient activement la figure pacifique, altruiste et bienveillante du Papa Noël. En l’état, le film de Charles E. Sellier Jr. (1943-2011) demeure extrêmement sympathique et repose surtout sur un scénario malin, qui trouve ce parfait équilibre entre les scènes d’horreur et la psychologie de son personnage principal. Profitant d’un large buzz suite aux plaintes et manifestations qui fleurissaient devant les cinémas qui “osaient” projeter Douce nuit, sanglante nuit, celui-ci parviendra à engranger plus de billets verts lors de sa première semaine de diffusion, que son concurrent direct sorti le même jour, un certain A Nightmare on Elm Street ou Les Griffes de la nuit dans nos contrées. Mais nous sommes chez l’Oncle Sam et les revendications diverses des associations parentales ont réussi à prendre le dessus, tuant dans l’oeuf le succès de Silent Night, Deadly Night qui aurait pu être bien plus conséquent. Aujourd’hui, cet opus reste une référence et s’avère bien plus convaincant que Christmas Evil de Lewis Jackson, sorti quatre ans auparavant et avec lequel il possède de nombreux points communs, dont le fait de faire du Père Noël un tueur impitoyable distribuant les châtiments à ceux qui n’auraient pas été sages durant l’année. Une excellente (re)découverte.

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Test Blu-ray / Audrey Rose, réalisé par Robert Wise

AUDREY ROSE réalisé par Robert Wise, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 21 novembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marsha Mason, Anthony Hopkins, John Beck, Susan Swift, Norman Lloyd, John Hillerman, Robert Walden, Philip Sterling…

Scénario : Frank De Felitta, d’après son roman

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Michael Small

Durée : 1h48

Année de sortie : 1977

LE FILM

Janice et Bill Templeton forment avec leur fille Ivy une famille heureuse et sans histoire… jusqu’au jour où un mystérieux étranger se met à les suivre partout où ils vont. L’inconnu finit par leur proposer un rendez-vous et leur révéler qu’Ivy serait la réincarnation de sa propre fille, morte onze ans plus tôt…

C’est toujours une joie immense pour le cinéphile que de parcourir l’oeuvre éclectique et prolifique de Robert Wise et ce dans tous les sens. Car passer de La Malédiction des hommes-chats à Star Trek, le film, en passant par Né pour tuer, Le Mystère Andromède, Nous avons gagné ce soir, La Mélodie du bonheur, Le Jour où la Terre s’arrêta et La Maison du diable revient à traverser près de quarante ans de cinéma, le réalisateur ayant officié dans tous les genres, surfé sur toutes les tendances et les goûts des spectateurs à un moment précis. C’est encore une fois le cas pour Audrey Rose, l’antépénultième film du cinéaste. Dans les années 1970, l’épouvante à l’écran change de forme et les partis-pris sont plus frontaux. Déferlent alors dans les salles Les Dents de la mer, Suspiria, Massacre à la tronçonneuse, Carrie au bal du diable, Ne vous retournez pas, La Dernière maison sur la gauche…Puis arrivent L’Exorciste The Exorcist (1973) et La Malédiction The Omen (1976), qui s’attaquent à un sujet disons tabou en plaçant un enfant au centre de l’horreur. Le producteur Joe Wizan, à qui l’on doit l’exceptionnel Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, le très efficace Carnage – Prime Cut de Michael Ritchie et Junior Bonner : Le Dernier Bagarreur de Sam Peckinpah souhaite profiter de l’engouement du public pour les histoires fantastiques et surnaturelles et jette son dévolu sur le roman Audrey Rose de Frank De Felitta (La Bataille pour Anzio, L’Emprise), dont il obtient les droits, en échange de la participation de l’auteur à la production, mais aussi comme adaptateur de son propre livre, qui serait par ailleurs inspiré d’un fait divers authentique. S’il n’a pas et n’aura jamais le prestige des monuments susmentionnés, Audrey Rose ne démérite pas et contient son lot d’émotions fortes, psychologiques surtout, le film étant avant tout un drame sur un deuil impossible et sur l’acceptation de forces extraordinaires. Un opus élégant, émouvant, éprouvant même, concocté par l’un des plus grands artisans du cinéma américain.

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Test Blu-ray / Casino Royale, réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath

CASINO ROYALE réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 18 octobre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Ursula Andress, David Niven, Orson Welles, Joanna Pettet, Daliah Lavi, Woody Allen, Deborah Kerr, William Holden, Charles Boyer, John Huston, Kurt Kasznar, George Raft, Jean-Paul Belmondo, Terence Cooper, Barbara Bouchet, Jacqueline Bisset…

Scénario : Wolf Mankowitz, John Law & Michael Sayers

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Burt Bacharach

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Sir James Bond se repose dans son château d’Ecosse. C’est alors que les quatre chefs secrets des grandes puissances le supplient d’accomplir une dernière mission. Pour le convaincre, ils font sauter sa demeure. Le grand Bond se décide alors à agir et à démasquer celui qui fait peser une terrible menace sur le monde.

Passer en revue le pourquoi du comment le producteur Charles K. Feldman a pu obtenir les droits d’adaptation de la première aventure de James Bond écrite par Ian Fleming sera non seulement long, voire interminable, pas obligatoirement passionnant. Mais il est important de noter que Casino Royale, édité au Royaume-Uni en 1953 – il faudra attendre 1960 pour la première traduction française, infidèle et incomplète, qui sortira sous le titre Espions, faites vos jeux – avec un succès foudroyant avait connu une première transposition, non pas au cinéma, mais pour le petit écran, dès l’année suivante sur la chaîne CBS. Dans cet épisode de la série intitulée Climax !, filmé et diffusé en direct, l’américain Barry Nelson est donc le premier à incarner James Bond, « américanisé » pour l’occasion, puisqu’il devient ici un agent de la CIA, tandis que Clarence Leiter (et non pas Felix) est lui un agent britannique au service de sa Majesté. Un téléfilm de 50 minutes, divisé en trois actes, permettant ainsi un changement de décor durant les publicités. 1962, hit inattendu de James Bond 007 contre Dr No, 1963, grand succès de Bons baisers de Russie, 1964, triomphe de Goldfinger, 1965, phénomène mondial d’Opération Tonnerre. EON Productions ne disposant pas des droits pour le cinéma de Casino Royale et refusant de s’associer avec Charles K. Feldman, ce dernier décide de faire cavalier seul et lance son projet personnel avec l’aide de Columbia Pictures. Ce sera l’un des tournages de films les plus catastrophiques avec pas moins de cinq metteurs en scène à la barre Val Guest, Kenneth Hughes, John Huston, Joseph McGrath et Robert Parrish, des comédiens qui vont et viennent, quand ils ne se volatilisent pas complètement dans la nature comme Peter Sellers, sans compter le budget qui explose en raison de cette valse de réalisateurs et d’acteurs, les retards accumulés…Cette parodie, pensée finalement ainsi afin de ne pas s’opposer au « vrai » 007 qui disposait alors de moyens pharaoniques et des meilleurs techniciens du cinéma anglais, connaîtra malgré tout un beau succès dans le monde entier durant les fêtes de Noël. Aujourd’hui, Casino Royale se regarde comme un témoignage d’une époque bien révolue, marquée sur le fond et sur la forme par un psychédélisme difficile à supporter, pas déplaisant, mais bourratif, parfois écoeurant à force de faire ingurgiter aux spectateurs tout et n’importe quoi. Casino Royale est et restera une curiosité couchée sur pellicule, dans laquelle de grands noms du cinéma s’entrecroisent avec un air crispé, trouvant visiblement le temps long, à l’exception de Woody Allen, qui comme dans Quoi de neuf, Pussycat ?, imputable au même producteur, vole la vedette à tous ses partenaires. Il est probablement le seul véritable intérêt de ce pastiche, étant pleinement dans son élément. Quant au scénario, découpé, rapiécé, trahi, agrémenté par des improvisations, réécrit, il ne faut pas en attendre beaucoup et renvoie aux innombrables problèmes rencontrés durant la confection de ce vilain petit canard.

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Test Blu-ray / Quoi de neuf, Pussycat ?, réalisé par Clive Donner

QUOI DE NEUF, PUSSYCAT ? (What’s New, Pussycat?) réalisé par Clive Donner, disponible en combo Blu-ray + DVD le 7 novembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, Eddra Gale…

Scénario : Woody Allen

Photographie : Jean Badal

Musique : Burt Bacharach

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Rédacteur en chef d’une grande revue féminine parisienne, Michael James passe ses journées entouré de femmes superbes. Bien qu’il soit amoureux de la jolie Carole Werner, les autres beautés de son entourage ne le laissent pas indifférent. Pour tenter de s’amender, il consulte le psychiatre Fritz Fassenbender. Malheureusement pour James, le docteur est encore plus fou que lui et entraîne ses patients dans une spirale infernale de folie et de romance.

Peter Sellers, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, ils sont tous réunis à la même affiche de Quoi de neuf, Pussycat ?What’s New, Pussycat?, comédie complètement déjantée réalisée par Clive Donner, d’après un scénario de Woody Allen. Le film étant entièrement tourné en France, au fameux Castel Henriette dans les Hauts-de-Seine, au Château de Chaumontel et à Luzarches dans le Val-d’Oise, et bien sûr à Paris (dont La Closerie des Lilas), il n’est donc pas étonnant de voir le casting anglo-saxon donner la réplique à Michel Subor, Jacques Balutin, Robert Rolis, Daniel Emilfork et même à Françoise Hardy dans la dernière scène. Quoi de neuf, Pussycat ? fait penser au buffet à volonté d’un traiteur asiatique. Le choix est vaste, immense, on blinde son assiette sur plusieurs étages, on engouffre le tout sans forcément se rendre compte du mélange hétérogène auquel on s’adonne, avant de lécher son auge et de repartir se servir pour un second service. Si l’on finit enfin par être rassasié, l’estomac en a pris un coup, le souffle est court, la fatigue nous assomme, on se sent barbouillé, mais heureux. C’est ça What’s New, Pussycat?, on en prend plein les mirettes, c’est souvent lourd et pesant, mais les ingrédients foutraques fonctionnent malgré tout et si l’ingestion pointe effectivement en fin de parcours, on ne peut s’empêcher d’aimer cette fantaisie frappadingue, qui marque les débuts au cinéma, comme scénariste et comédien d’Allan Stewart Konigsberg, plus connu sous le nom de Woody Allen.

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Test Blu-ray / Bunker Palace Hotel, réalisé par Enki Bilal

BUNKER PALACE HOTEL réalisé par Enki Bilal, disponible en combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 17 octobre 2023 chez Rimini.

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Carole Bouquet, Jean-Pierre Léaud, Benoît Régent, Yann Collette, Maria Schneider, Roger Dumas…

Scénario : Enki Bilal & Pierre Christin

Photographie : Philippe Welt

Musique : Arnaud Devos et Philippe Eidel

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

C’est la guerre. On ne sait qui se bat, ni où, ni quand. Des personnalités importantes, hauts dignitaires du régime en train de tomber, se terrent dans un bunker transformé en hôtel, et attendent le Président. Les heures passent et ce dernier n’arrive pas. Une révolutionnaire aux cheveux rouges et aux pantalons trop grands, a elle, réussi à s’infiltrer.

En 1989, Enki Bilal, 38 ans, est un nom réputé de la bande dessinée. Lauréat du grand prix du festival d’Angoulême en 1987, il a entre autres, déjà publié deux albums de sa trilogie Nikopol, La Foire aux immortels et La Femme piège. Ses dystopies érigeant en art la décrépitude et le chaos, il les façonne à la peinture grise, dont la légende raconte qu’il la mélange à la cendre de ses cigares. Grand passionné de cinéma depuis l’enfance, Enki Bilal va sans surprise, mettre en mouvement ce style si reconnaissable à la fin des années 1980 dans un premier film co-écrit avec son complice de longue date, Pierre Christin. Bunker Palace Hôtel, pourtant, n’était pas destiné à devenir un long-métrage. Le projet d’Enki Bilal était de le faire figurer dans un film à sketches mêlant les univers de divers illustrateurs de BD. Ces derniers ne suivant pas, Bilal se retrouve seul avec sur les bras, un traitement de plusieurs pages qui contre toute attente, tape dans l’oeil d’un producteur indépendant, Maurice Bernart. Il décide de financer le film d’Enki Bilal, mais uniquement sous forme de long-métrage. Cet acte de naissance, argueront les détracteurs de Bunker Palace Hôtel, expliquerait la langueur et l’aridité du film. Soit les arguments récurrents avancés par celles et ceux qui n’ont pas su voir dans ces caractéristiques ce qui précisément, en fait la valeur.

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