Test Blu-ray / Comment tuer un juge, réalisé par Damiano Damiani

COMMENT TUER UN JUGE (Perché si uccide un magistrato) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Françoise Fabian, Marco Guglielmi, Mico Cundari, Renzo Palmer, Ennio Balbo Giancarlo Badessi, Pierluigi Aprà, Luciano Catenacci, Eva Czemerys, Tano Cimarosas Claudio Gora…

Scénario : Damiano Damiani, Enrico Ribulsi & Fulvio Gicca Palli

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un cinéaste décide d’enquêter sur l’assassinat d’un juge sicilien soupçonné de corruption : il se trouve que cette mort est survenue dans des circonstances identiques à une scène de son dernier film.

Comment tuer un juge ou Perché si uccide un magistrato. Un titre qui claque, qui donne le ton, qui en impose et qui sonne comme l’intitulé d’un mode d’emploi. Une chose est sûre, Damiano Damiani veut encore s’adresser à ses concitoyens et également aux spectateurs du monde entier, pour non seulement faire un constat sur la société et sur ceux qui la régissent, mais aussi si possible entraîner un débat devant des faits accablants. Cependant, même si le film demeure ô combien réussi, Comment tuer un juge est somme toute plus classique dans son déroulé, comme si le cinéaste se laissait tenter par un exercice de style à visée plus commerciale qu’à son habitude. Mais n’allez pas croire que Damiano Damianbi met de la San Pellegrino dans son Chianti, bien au contraire, le breuvage est aussi gouleyant qu’amer et laisse au palais un goût d’acier dont il est difficile de se débarrasser. La mécanique du scénario qu’il a coécrit avec Enrico Ribulsi (Achtung ! Banditi !, Les Cent Cavaliers) et Fulvio Gicca Palli (La Victime désignée, La Corruption) est implacable et prend des allures d’engrenages, qui une fois enclenchés s’avèrent impossibles à stopper. Nouvelle grande prestation de Franco Nero, pour sa quatrième et dernière collaboration avec Damiano Damiani (La Mafia fait la loi, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, Nous sommes tous en liberté provisoire), magistral dans la peau d’un réalisateur engagé (en gros l’alter ego de Damiani lui-même), qui se retrouve rattrapé et même dépassé par les événements qu’il a voulu dénoncer.

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Test Blu-ray / Le Seul témoin – Narrow Margin, réalisé par Peter Hyams

LE SEUL TÉMOIN (NARROW MARGIN), réalisé par Peter Hyams, disponible en combo Blu-Ray + DVD le 25 janvier 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gene Hackman, Anne Archer, James B. Sikking, J.T. Walsh, M. Emmet Walsh, Susan Hogan, Harris Yulin…

Scénario : Peter Hyams

Photographie : Peter Hyams

Musique : Bruce Broughton

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Robert Caulfield, un district attorney de Los Angeles, escorte une femme témoin d’un meurtre perpétré par un cador de la mafia. Mais une bande de tueurs va tout faire pour empêcher qu’elle arrive jusqu’au tribunal. A bord d’un train qui traverse le coeur des Rocheuses canadiennes, une poursuite s’engage.

Peter Hyams, au moment de réaliser Narrow Margin en 1990 (sorti en France sous le titre Le Seul témoin), a à son actif une dizaine de longs-métrages témoignant d’une inclination certaine pour le film policier (La Nuit des juges, 1983, Presidio, 1988…), la science-fiction (Outland, loin de la Terre, 1981, avec Sean Connery, ou encore la suite du 2001 de Stanley Kubrick, 2010 : l’année du premier contact, en 1984), voire les deux en même temps (Capricorn one, 1978). Fort de ces expériences l’asseyant comme un artisan solide mais sur une pente descendante au box office avec l’échec de Presidio, Hyams se lance dans l’exercice du remake pour se remettre sur les rails. L’excellent film noir de Richard Fleischer, L’Énigme du Chicago express (The Narrow Margin, 1952), dont l’essentiel de l’action se déroule dans un train, va lui donner l’occasion d’expérimenter le genre du huis-clos ferroviaire, terrain naturellement propice aux audaces formelles, d’autant que Hyams décide d’emballer le tout en cinémascope. La pertinence d’un tel format dans un cadre aussi contraint peut sembler hasardeuse de prime abord, en dehors des scènes où Hyams filme les Rocheuses – le procédé se prêtant à merveille à la mise en lumière des grands espaces. Mais dès la première séquence du film, où Anne Archer assiste au meurtre d’un homme dans une chambre d’hôtel, ce choix se révèle pleinement justifié par les possibilités qu’il offre en termes d’immersion du spectateur et d’isolement du personnage.

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Test Blu-ray / Trois jours à vivre, réalisé par Gilles Grangier

TROIS JOURS À VIVRE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 avril 2023 chez Pathé.

Acteurs : Daniel Gélin, Jeanne Moreau, Lino Ventura, Georges Flamant, Albert Augier, Aimé Clariond, Roland Armontel, Joëlle Bernard…

Scénario : Gilles Grangier, Michel Audiard & Guy Bertret, d’après le roman de Peter Vanett

Photographie : Armand Thirard

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Simon Belin est un comédien ambitieux dans une troupe de théâtre itinérante, mais toujours relégué aux seconds rôles. Un soir, il est témoin d’un meurtre. En identifiant le premier suspect qu’on lui présente, Lino Ferrari, il voit là une opportunité pour briller et être sous le feu des projecteurs. Mais ce dernier s’échappe de prison et prévient Simon : il ne lui reste que trois jours à vivre.

Ceux qui me lisent depuis X-années le savent, Gilles Grangier est sans doute l’un des cinéastes qui a le plus bercé l’auteur de ces mots. Sur Homepopcorn.fr (et ailleurs, dans une galaxie lointaine…), j’ai pu revenir sur beaucoup d’opus de ce merveilleux réalisateur, Meurtre à Montmartre, Échec au porteur, Le Sang à la tête, Train d’enfer, Gas-oil, Maigret voit rouge, Archimède le clochard…Une petite partie de l’iceberg flottant sur l’océan que représente sa filmographie conséquente composée de près de 70 longs-métrages, séries télévisées et téléfilms, son plus grand succès étant La Cuisine au beurre, le tandem Bourvil-Fernandel réunissant près de 6,5 millions de spectateurs en 1963. S’il demeure plus connu, tant auprès des cinéphiles que la critique, pour sa douzaine de collaborations avec Jean Gabin, de La Vierge du Rhin en 1953 à Sous le signe du taureau en 1969, Gilles Grangier c’est aussi de petits films qui ont toujours eu l’élégance de la fausse simplicité. Ainsi, juste avant Le Désordre et la nuit, avec le « Vieux », assuré de remporter à nouveau les suffrages du public, sortent deux films coup sur coup, Échec au porteur au mois de janvier (1,2 million d’entrées) et Trois jours à vivre au mois de mars (qui dépasse de justesse la barre du million). Le second, qui nous intéresse aujourd’hui, est l’adaptation d’un roman de Peter Vanett (éditions Fleuve noir, collection Spécial Police 1955), coécrite par Gilles Grangier, Guy Bertret (habituellement compositeur) et surtout Michel Audiard, dont la griffe est immédiatement reconnaissable et qui signe évidemment les dialogues. Trois jours à vivre reste complètement méconnu dans la carrière prolifique et éclectique de Grangier et vaut le coup d’oeil pour plusieurs raisons. La première, pour Jeanne Moreau, qui crève l’écran une fois de plus dans sa troisième association avec le cinéaste, la seconde pour Lino Ventura, alors à ses tous débuts (fracassants), avec lequel Grangier venait de tourner Le Rouge est mis, et qui cette fois encore tire son épingle du jeu malgré son peu de présence à l’écran. Outre son casting, comme d’habitude excellemment dirigé, on retrouve tout ce qui fait le charme inaltérable des films de Gilles Grangier avec son amour pour les scènes tournées en extérieur, de véritables témoignages sur la vie parisienne et provinciale. Une atmosphère que l’on aime ressentir dans chaque film. S’il pâtit d’une tête d’affiche peu enthousiasmante en la personne de Daniel Gélin, nous y reviendrons, Trois jours à vivre est une découverte bien sympathique sur laquelle il n’est pas interdit de se pencher.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / À coups de crosse, réalisé par Vicente Aranda

À COUPS DE CROSSE réalisé par Vicente Aranda, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Fanny Cottençon, Bruno Cremer, Francisco Algora, Berta Cabré, Ian Sera, Paca Gabaldón, Eduardo MacGregor, Joaquim Cardona…

Scénario : Vicente Aranda, d’après le roman Prótesis d’Andreu Martín

Photographie : Juan Amorós

Musique : Manel Camp

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

L’inspecteur Andrés Gallego noue une relation passionnée avec Fanny, une prostituée délinquante qu’il a récemment arrêté à Barcelone. Il espère ainsi pouvoir approcher Manuel, l’amant de la jeune femme, et obtenir quelques informations concernant ses activités douteuses, notamment son stock important d’armes à feu. Après avoir finalement décidé d’abattre l’homme, Fanny retrouve Andrés quelques années plus tard avec la ferme intention de venger la mort de Manuel…

L’affiche montrant le colosse Bruno Cremer, un léger sourire aux lèvres, agrippant par le col la diaphane Fanny Cottençon, en petite culotte et le flingue à la main donne sérieusement envie. Même si l’on ne sait rien du film, À coups de crosse n’est assurément pas une comédie et une vilenie se dégage instantanément de ce visuel alléchant. En effet, nous sommes ici en plein polar psychologique, réalisé par un certain Vicente Aranda (1926-2015). Ce dernier n’est pas inconnu des amateurs de cinéma d’exploitation, puisque c’est à lui que l’on doit l’immense classique de l’âge d’or du cinéma d’épouvante espagnol, La Mariée sanglante – La Novia ensangrentada, un opus érotique, gore, fantastique, cruel, mystérieux, qui aujourd’hui encore n’a rien perdu de sa force hypnotique. Avec À coups de crosse, nous sommes loin de ce chef-d’oeuvre et film emblématique du genre ibérique doublé d’une parabole sur la libération sexuelle, même si le thriller qui nous intéresse est tout aussi bien photographié, mis en scène et interprété, parcouru également par un féminisme appuyé. À coups de crosse dresse le portrait d’une jeune femme dont on ne saura pas grand-chose, à fleur de peau, animée par une violence intrinsèque, qui va devoir se confronter à un monstre tout aussi atteint qu’elle, autoritaire et brutal, qui va l’entraîner sur un terrain qu’on imagine inexploré. Une perversité traverse le film de bout en bout. Volontiers troublant, mais toujours inscrit dans un contexte social et mental réaliste, À coups de crosse, adaptation d’un roman d’Andreu Martín (ProthèsePròtesis) se focalise sur la part sombre et les démons qui sommeillent en chaque individu, peut-être le thème récurrent de l’oeuvre de Vicente Aranda. S’il n’est pas totalement dénué de défauts, le résultat est néanmoins particulièrement éprouvant.

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Test Blu-ray / Le Bar du téléphone, réalisé par Claude Barrois

LE BAR DU TÉLÉPHONE réalisé par Claude Barrois, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniel Duval, François Périer, Raymond Pellegrin, Julien Guiomar, Georges Wilson, Valentine Monnier, Christophe Lambert, Richard Anconina…

Scénario : Claude Néron

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Marseille – À la suite d’un contentieux, Tony Véronèse, criminel notoire, fait sauter en guise de représailles les boîtes de nuit et hôtels de passe détenus par les frères Pérez. Ces attentats spectaculaires conduisent le commissaire Joinville à pactiser avec deux personnalités respectées dans le Milieu. Mais, alors que le policier espère un accord tacite entre les deux clans, les règlements de compte se poursuivent dans un bain de sang.

Si l’on excepte Le Voyage d’Amélie, qu’il a écrit, mis en scène et interprété en 1974, Daniel Duval accède pour la première fois en haut de l’affiche avec Le Bar du téléphone de Claude Barrois en 1980, après le triomphe de La Dérobade, qui vaudra à Miou-Miou le César de la meilleure actrice. Inspiré (de loin) par la tuerie dite du Bar du Téléphone (dix personnes sauvagement assassinées), survenue à Marseille en octobre 1978, ce film de très grande classe se situe sur le fil tendu entre un genre qui s’éteint, ou plutôt en pleine mutation, et le néo-polar, dans lequel deux générations s’affrontent pour prendre la place. Les codes changent, le respect mutuel représenté par les vieux de la vieille interprétés par Daniel Duval, François Périer, Julien Guiomar, Raymond Pellegrin (une tronche, une voix aussi bien sûr, qui fût celle légendaire de Fantômas) et Georges Wilson disparaît au profit des chiens fous incarnés ici entre autres par Christophe Lambert et Richard Anconina, qui ne jurent que par la violence gratuite, le sang, les armes automatiques et l’humiliation. Le personnage principal, Tony Véronèse, au mi-temps de sa vie, sait qu’il est temps de raccrocher, mais ne compte pas non plus céder à l’impatience de ceux qui voudraient devenir calife à la place du calife, ni se laisser marcher sur les pieds par ses aînés qui font tout pour ne pas lui régler la somme qu’ils lui doivent. Daniel Duval trône – avec une force tranquille et une sensibilité à fleur de peau – magistralement sur cette distribution quatre étoiles, crève l’écran en truand ambitieux qui déclenche une guerre des gangs parce qu’un deal n’a pas été respecté, événement qui va créer une faille dans laquelle vont s’engouffrer les jeunes loups affamés qui n’ont plus aucun code d’honneur, ni retenue. Avec son affiche qui rend un évident hommage au mythique Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, y compris dans son ultime séquence, Le Bar du téléphone, qui aura attiré un peu plus de 400.000 spectateurs dans les salles à sa sortie, alors que L’Empire Contre-attaque d’Irvin Kershner et La Banquière de Francis Girod faisaient le plein, demeure un thriller élégant, qui a de la gueule, intelligent et passionnant, que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage.

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Test Blu-ray / L’Exécutrice, réalisé par Michel Caputo

L’EXÉCUTRICE réalisé par Michel Caputo, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Brigitte Lahaie, Michel Modo, Pierre Oudrey, Michel Godin, Betty Champeval, Dominique Erlanger, Jean-Hugues Lime, Dominique LeMonier…

Scénario : Michel Caputo

Photographie : Gérard Simon

Durée : 1h34 (Version intégrale, Director’s Cut)

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Inspectrice à la brigade des moeurs de Paris, Martine cherche à inculper Nadine Wenders, patronne d’un night-club, le Cloître, mais surtout à la tête d’un vaste réseau où se mêlent trafic de drogue, tournages de films pornos clandestins et traite des blanches. Pour y parvenir, notre flic de choc pourra compter sur son équipe, qui aura fort à faire dans cette mission, d’autant plus que Madame Wenders bénéficie du soutien de la mafia chinoise et d’une personne haut placée au sein de la police.

Brigitte Lahaie n’a pas attendu de mettre fin à sa carrière dans le X pour apparaître dans le cinéma dit classique ou traditionnel à l’instar des Raisins de la mort et La Nuit des traquées de Jean Rollin, I…comme Icare d’Henri Verneuil, New Generation de Jean-Pierre Lowt-Legoff, Diva de Jean-Jacques Beineix, ainsi que Dans la peau d’un flic d’Alain Delon. La bougresse s’est aussi essayée à la pantalonnade bien de chez nous avec Les Bidasses aux grandes manœuvres de Raphaël Delpard, Te marre pas…c’est pour rire ! de Jacques Besnard et N’oublie pas ton père au vestiaire de Richard Balducci. Des pointures, des cadors, mais ça remplissait le frigo on va dire. Alors qu’elle vient de tourner le très bon Brigade des mœurs de Max Pécas et le sympathique Le Couteau sous la gorge de Claude Mulot, la divine Brigitte retrouve Michel Caputo, qui l’avait déjà « dirigé » dans Si ma gueule vous plaît… en 1981 et accède cette fois au haut de l’affiche avec L’Exécutrice. Tandis que Jean-Paul Belmondo s’apprêtait à raccrocher la pétoire suite au bide que connaîtra Le Solitaire de Jacques Deray, mademoiselle Lahaie revêtait elle aussi son blouson en cuir et peinait à soulever son flingue (même si celui-ci n’est volontairement pas chargé) des deux mains, dans une histoire nawak aussi passionnante qu’un épisode de Julie Lescaut, rythmée comme une enquête de l’Inspecteur Derrick et photographiée comme un Navarro. Mais ce bon vieux Caputo est malin puisqu’il entame – pour capter l’attention des spectateurs – et clôt son film en demandant à sa comédienne principale de prendre du bon temps dans un jacuzzi, ce qui met immédiatement dans le bain (rires), sauf que cet « élément narratif » n’a absolument aucun impact ni intérêt sur le récit, mais fait office de remplissage. Ce sera aussi le cas d’une poignée de scènes érotiques qui ne sont dispersées ici et là que pour réveiller une audience engourdie, probablement plombée par l’absence d’action et de rebondissements. Elle fait ce qu’elle peut Brigitte, elle est d’ailleurs loin d’être la plus mauvaise dans ce film, mais L’Exécutrice peine sérieusement à emballer…

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Test Blu-ray / Kill, réalisé par Romain Gary

KILL réalisé par Romain Gary, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, James Mason, Curd Jürgens, Stephen Boyd, Daniel Emilfork, Mauro Parenti, José María Caffarel, Carlos Montoya, Henri Garcin…

Scénario : Romain Gary

Photographie : Edmond Richard

Musique : Bert Pisano & Jacques Chaumont

Durée : 1h47 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Années 1970, au Pakistan – Kidnappée, Emily Hamilton, femme d’un fonctionnaire d’Interpol, est délivrée par Brad Killian, un justicier solitaire. Ce dernier cherche à exterminer les membres d’un important trafic de drogue et de traite des blanches, ignorant qu’un certain Alan Hamilton fait partie de l’organisation. Emily, quant à elle, sera confrontée à la violence et à la corruption et devra faire face à la vérité concernant son mari.

Romain Gary (1914-1980), parfois Émile Ajar, a été aviateur et résistant, romancier bien évidemment (deux fois prix Goncourt), diplomate, scénariste et, on le sait moins, réalisateur. Le monde du cinéma s’intéresse très vite à l’écrivain, car avant que Romain Gary passe lui-même derrière la caméra, ce dernier signera le scénario des Racines du ciel The Roots of Heaven (1958), tiré de son roman et pour le compte de John Huston. D’autres transpositions suivront, comme L’Homme qui comprend les femmes The man Who Understood Women (1959) de Nunnally Johnson, avec Leslie Caron et Henry Fonda, ainsi que Lady L (1965) de Peter Ustinov, avec Sophia Loren, Paul Newman, David Niven et Philippe Noiret. Le premier coup d’essai de Romain Gary à la mise en scène est Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968), d’après un scénario original, passé à la postérité pour avoir été le premier film classé dans la catégorie X par la Motion Picture Association of America et qui connaîtra un succès d’estime avec près de 900.000 entrées. Alors que Jules Dassin adapte La Promesse de l’aube, Romain Gary décide de réitérer l’expérience au cinéma avec Kill, également connu sous le titre Police Magnum et même Kill ! Kill ! Kill ! Kill ! aux États-Unis. Il confie une fois de plus le rôle principal à sa compagne Jean Seberg et la plonge dans une histoire d’espionnage se déroulant au Pakistan. Tous les ingrédients du genre sont réunis : un pays exotique, des faux-semblants, des trahisons, des agents troubles, un aventurier chaud comme la b(r)aise, des poursuites (réglées et exécutées ici par Rémy Julienne), des fusillades, des suspects potentiels…On sent que le réalisateur se fait plaisir en enchaînant volontairement les clichés et Kill peut se voir comme un roman pulp en live action. Si l’on fait fi de certains effets kitschs, pour ne pas dire psychédéliques propres à son époque, Kill est une savoureuse découverte pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Cité de la violence, réalisé par Sergio Sollima

CITÉ DE LA VIOLENCE (Città violenta) réalisé par Sergio Sollima, disponible en DVD et Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Telly Savalas, Jill Ireland, Michel Constantin, Umberto Orsini, George Savalas, Ray Saunders, Benjamin Lev, Peter Dane…

Scénario : Sauro Scavolini, Gianfranco Calligarich, Lina Wertmüller & Sergio Sollima, d’après une histoire originale de Dino Maiuri & Massimo De Rita

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h44

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Tandis qu’il circule en voiture avec sa compagne Vanessa, le tueur à gages Jeff Heston tombe dans un piège. Blessé, il échoue en prison. Libéré, il ne poursuit désormais plus qu’un double objectif : se venger de ceux qui l’ont trahi et retrouver celle qu’il aime. Sa croisade sanglante débute à la Nouvelle Orléans où la mafia locale l’attend de pied ferme…

Quand on évoque le nom du cinéaste romain Sergio Sollima (1921-2015), le spectateur se souvient d’un cinéma carré, brutal, violent, sec, nerveux, qui a toujours su concilier le divertissement populaire et le cinéma dit d’auteur. Troisième Sergio aux côtés de Leone et Corbucci, Sollima est à la base journaliste et critique de cinéma, profession qu’il exerce en sortant de la Seconde Guerre mondiale, après ses études au mythique Centro sperimentale di cinematografia. En même temps, il commence à écrire pour le théâtre, puis devient scénariste (ainsi que script doctor) pour les plus grands « faiseurs » du moment de Luigi Capuano à Domenico Paolella (Le Secret de l’Épervier Noir), en passant par Gianfranco Parolini, avec une prédilection pour le péplum, qui remplit alors les salles. 1962, il passe lui-même derrière la caméra aux côtés de Nino Manfredi, pour un segment du film à sketches Les Amours difficiles. Sergio Sollima enchaîne rapidement en surfant sur la mode de l’Eurospy (Agent 3S3, passeport pour l’enfer, Agent 3S3, massacre au soleil, Un certain Monsieur Bingo), puis sur celle du western (Colorado, Le Dernier Face à face, Saludos hombre). Ce qui nous amène au début des années 1970 et Cité de la violenceCittà violenta, un des monuments de la filmographie de Sergio Sollima, dans lequel il dirige Charles Bronson et sa compagne Jill Ireland, mais aussi Telly Savalas, qui venait de camper Ernst Stavro Blofeld (et ses oreilles sans lobes) dans le fabuleux Au service secret de Sa Majesté de Peter Hunt. Contrairement à ce que certains ont tendance à penser, Cité de la violence n’est pas un poliziottesco, mais une œuvre qui condense toutes les influences du réalisateur, américaines surtout (il avait d’ailleurs écrit un ouvrage sur le cinéma US à la fin des années 1940), qui prend des allures de polar, analyse, dissèque et à la fois explose les codes du genre en vigueur, ainsi que le film noir traditionnel. Aussi passionnant sur le fond que sur la forme, Cité de la violence offre à Charles Bronson le rôle d’un tueur à gages, qui non seulement annonce Le FlingueurThe Mechanic de Michael Winner, qui sortira deux ans plus tard, mais se révèle être clairement l’une des pierres fondatrices de la carrière à venir du comédien. Un film remarquable, qui réussit à trouver cet équilibre souvent recherché en vain entre le spectacle et le contemplatif.

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Test Blu-ray / Mitraillette Kelly, réalisé par Roger Corman

MITRAILLETTE KELLY (Machine-Gun Kelly) réalisé par Roger Corman, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Susan Cabot, Morey Amsterdam, Richard Devon, Jack Lambert, Frank DeKova, Connie Gilchrist, Wally Campo…

Scénario : R. Wright Campbell

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Gerald Fried

Durée : 1h23

Date de sortie initiale: 1958

LE FILM

Surnommé par sa maîtresse Mitraillette Kelly, le gangster George Kelly réussit un audacieux hold-up. Il en confie le butin à Fandango, un complice qui, en essayant de détourner une partie de l’argent à son profit, suscite sa colère. Plutôt que de se faire oublier, lui et son gang préparent un nouveau braquage. L’attaque des banques et transports de fonds présentant désormais des risques trop élevés, Kelly kidnappe la fille d’un riche industriel…

Si l’on considère souvent Mitraillette KellyMachine-Gun Kelly comme une « œuvre de jeunesse » de Charles Dennis Buchinsky aka Charles Bronson, ce dernier, déjà monstre de charisme, approche la quarantaine quand il collabore avec Roger Corman. Il a d’ailleurs derrière-lui Bronco Apache et Vera Cruz de Robert Aldrich, ainsi que L’Homme de nulle partJubal de Delmer Daves. En 1958, il accède en tête d’affiche, dans Syndicat du crimeGang War de Gene Fowler Jr, dans Confessions d’un tueurShowdown at Boothill de Gene Fowler Jr, dans L’Enfer des humainsWhen Hell Broke Loose de Kenneth G. Crane, mais l’histoire retiendra donc surtout ce Mitraillette Kelly, deux ans avant sa mise sur orbite définitive grâce aux 7 MercenairesThe Magnificent Seven de John Sturges. D’une part en raison de son légendaire réalisateur, qui en était alors qu’au début (autrement dit à son vingtième long-métrage) de sa prolifique (euphémisme) et éclectique carrière, d’autre part parce que Charles Bronson y incarne une véritable figure du crime américain, George Kelly Barnes alias George « Machine-Gun » Kelly alias George R. Kelly (1895-1954), célèbre bootlegger, kidnappeur et braqueur de banques qui a sévi durant la prohibition, qui fut ensuite incarcéré à vie à la prison d’Alcatraz. Tourné en une petite semaine avec un budget anémique, Machine-Gun Kelly peut compter sur le système D de génie du cinéaste, la mise en scène étant un vrai petit modèle du genre, couplée à un montage dynamique qui ne laisse pas un moment de répit aux spectateurs, ou tout simplement le temps d’apercevoir ce qui pourrait trahir une production fauchée ou des faux raccords inévitables. En l’état, Mitraillette Kelly est un excellent film de gangsters, une série B bourrée de charme et d’action, avec une touche d’humour et de psychologie.

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