MÉANDRE réalisé par Mathieu Turi, disponible en DVD et Blu-ray le 8 septembre 2021 chez Blaq Out.
Acteurs : Gaia Weiss, Peter Franzén, Romane Libert, Frédéric Franchitti, Corneliu Dragomirescu, Eva Niewdanski…
Scénario : Mathieu Turi
Photographie : Alain Duplantier
Musique : Frédéric Poirier
Durée : 1h31
Année de sortie : 2020
LE FILM
Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…
Le réalisateur et scénariste Mathieu Turi (né en 1987) s’est fait connaître en 2018 avec son premier long-métrage Hostile, film d’horreur post-apocalyptique produit par Xavier Gens, présenté dans multiples festivals à travers le monde et déjà centré sur un personnage féminin. Doté d’un large bagage technique qu’il s’est entre autres forgé en tant qu’assistant auprès de Quentin Tarantino (Inglourious Basterds), Clint Eastwood (Au-delà), Guy Ritchie (Sherlock Holmes : Jeu d’ombres), Fred Cavayé (Mea Culpa) et Luc Besson (Lucy), le jeune metteur en scène peut désormais voler de ses propres ailes, ce qu’il fait avec son deuxième essai et coup de maître, Méandre. Pour ce second film, Mathieu Turi revient une fois de plus à la science-fiction matinée d’horreur en signant un tour de force, puisqu’il y dirige essentiellement une seule comédienne, Gaia Weiss, qui livre une performance exceptionnelle, tout en proposant aux spectateurs de vivre une véritable et anxiogène expérience de cinéma à laquelle on n’arrête pas de penser encore bien après.
THE CELL réalisé par Tarsem Singh, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Jennifer Lopez, Vince Vaughn, Vincent D’Onofrio, Marianne Jean-Baptiste, Jake Weber, Colton James, Dylan Baker, Gerry Becker, Musetta Vander, Patrick Bauchau, Dean Norris, Lauri Johnson…
Scénario : Mark Protosevich
Photographie : Paul Laufer
Musique : Howard Shore
Durée : 1h50
Année de sortie : 2000
LE FILM
La psychologue Catherine Deane participe à l’expérimentation d’un procédé thérapeutique révolutionnaire qui lui permet de visiter littéralement les esprits de patients inconscients. Lorsque le FBI lui demande d’utiliser cette technique pour pénétrer dans le cerveau de Carl Stargher, un tueur en série tombé dans le coma, elle ignore l’expérience traumatisante qui l’attend. Elle doit localiser la cellule piégée où est enfermée la dernière victime de Stargher. Entre répulsion et fascination, elle progresse dans le dédale psychologique du tueur, jusqu’à devenir une proie…
C’était la grande époque de Jennifer Lopez au cinéma ! En effet, la comédienne et chanteuse, en plus de truster la première place des charts, venait d’enchaîner au cinéma Blood and Wine de Bob Rafelson, U-Turn d’Oliver Stone (dont nous parlerons prochainement) et Hors d’atteinte – Out of Sight de Steven Soderbergh. S’ils ne se sont pas hissés au sommet du box-office, la plupart des critiques louaient à la fois la qualité de ces films, mais aussi les différentes prestations de J-Lo. Cette dernière entre dans les années 2000 par la grande porte avec The Cell, thriller horrifique et fantastique réalisé par Tarsem Singh, que l’on a souvent résumé à un mélange de Se7en de David Fincher, du Cobaye – The Lawnmower Man de Brett Leonard et du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. S’il s’agit bien d’une enquête sur un tueur en série, The Cell se démarque très rapidement de ses modèles et emmène le spectateur dans un univers insolite, dans les méandres d’un esprit malade, au sens propre comme au figuré. Venu de la publicité et du vidéo-clip, Tarsem Singh s’est très vite fait remarquer par son sens visuel unique et use de son très large bagage technique pour son premier long-métrage, The Cell, sur un scénario machiavélique de Mark Protosevich. Si ce dernier n’aura guère brillé par la suite avec le Poséidon (2006) de Wolfgang Petersen et le remake de Old Boy (2013) réalisé par Spike Lee, The Cell demeure son travail le plus abouti à ce jour avec Je suis une légende (2007) de Francis Lawrence et offre au cinéaste d’origine indienne l’occasion de laisser libre cours à son imagination visuelle débordante. Plus de vingt ans après, The Cell reste une vraie référence du genre, largement inspirée par l’art contemporain et moderne, où Tarsem Singh prolonge les créations de Francis Bacon, H.R. Giger, Salvador Dali, Odd Nerdrum et autres. On en prend plein les yeux et les frissons sont au rendez-vous.
TERREUR EXTRATERRESTRE (Without Warning) réalisé par Greydon Clark, disponible en DVD et Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Jack Palance, Cameron Mitchell, Martin Landau, David Caruso, Kevin Peter Hall, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker…
Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Steve Mathis & Bennett Tramer
Photographie : Dean Cundey
Musique : Dan Wyman
Durée : 1h37 (version intégrale)
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
Une série d’attaques de petites créatures volantes et voraces provoque des morts isolées dans une campagne de l’Amérique profonde. Alerté par un couple de jeunes ayant survécu à l’hécatombe, un petit groupe lutte désespérément contre un impitoyable prédateur d’un autre monde, qui hante les forêts et chasse tous les humains qu’il rencontre.
Pour beaucoup, Greydon Clark est le réalisateur d’un nanar ultime, une référence en la matière, Le Clandestin – Uninvited, dans lequel George Kennedy se retrouvait face à un chat mutant, fruit des expériences d’un laboratoire ayant entraîné, qui avait pour particularité de dissimuler un autre chat démoniaque, vivant à l’intérieur de l’animal. Ça y est ? Vous l’avez ? C’est lui Greydon Clark (né en 1943), metteur en scène, producteur, scénariste et parfois acteur, à qui l’on doit aussi Black Shampoo (1976), Satan Cheerleaders (1977) et Les 7 Filles en or – Angels’ Brigade (1979), emblématique du cinéma de drive-in, des séries B souvent à la limite du Z, quand elles ne s’y vautraient pas complètement, de l’exploitation pur jus, faite à la va-vite, tournée avec le moins de fric possible, dans l’espoir d’en ramasser un maximum. 1979, Alien, le huitième passager sort sur les écrans. Les (méchantes) créatures de l’espace vont soudainement renaître sur le grand écran suite au triomphe du film de Ridley Scott. Un scénario circule à la fin des années 1970. S’il est aujourd’hui difficile de dire qui a écrit ou réécrit quoi parmi les quatre auteurs crédités, Lyn Freeman, Daniel Grodnik (également producteur et qui signera juste après Le Monstre du train de Roger Spottiswoode), Bennett Tramer (producteur de la série Sauvés par le gong) et Steve Mathis (un des futurs grands techniciens de John Carpenter), Terreur extraterrestre – Without Warning est rapidement mis en route et débarque sur les écrans américains le 26 septembre 1980. De l’avis général des Bisseux et autres cinéphiles déviants, cet opus demeure le meilleur de toute la carrière de Greydon Clark, qui lui aussi aura mis la main à la pâte pour réécrire le script, y compris sur le tournage. Quarante ans ont passé et Terreur extraterrestre a pris du plomb dans l’aile. Si le film vaut encore un curieux coup d’oeil, c’est surtout (pour ne pas dire uniquement) pour la photographie de l’immense chef opérateur Dean Cundey, qui avait fait ses débuts grâce entre autres à Greydon Clark, qui allait se faire remarquer pour son travail avec John Carpenter sur Halloween, la nuit des masques (qu’il allait retrouver pour Fog, New York 1997, The Thing…), avant d’entamer une longue et fructueuse collaboration avec Robert Zemeckis, d’À la poursuite du diamant vert – Romancing the Stone (1984) à La Mort vous va si bien – Death Becomes Her(1992), en passant par la trilogie Retour vers le futur – Bath to the Future, sans oublier son boulot pour Jurassic Park (1991) de Steven Spielberg. Soyons honnêtes, Terreur extraterrestre peine à maintenir l’intérêt du spectateur. S’il n’est pas déplaisant, surtout en raison du cabotinage de Martin Landau et de Jack Palance (déjà à l’affiche d’Angels’ Brigade), le film pâtit de trop grandes longueurs et d’un manque de rythme. Sympathique, mais très paresseux, malgré une ambiance oppressante finalement réussie.
LES MONSTRES DE LA MER (Humanoids from the Deep) réalisé par Barbara Peeters, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Pena, Denise Galik, Lynn Theel, Meegan King…
Scénario : Frank Arnold, Martin B. Cohen & Frederick James
Photographie : Daniel Lacambre
Musique : James Horner
Durée : 1h20
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
Le petit village tranquille de Noyo est victime d’une vague de violence. Les hommes sont assassinés et les femmes sont violées. Il apparaît rapidement qu’une expérience génétique a mal tourné, et une nouvelle race de créatures mi-homme, mi-poisson quitte son monde aquatique… pour s’accoupler avec les femmes !
Au début des années 1980, Roger Corman se consacre uniquement à la production et Dieu sait qu’il a du pain sur la planche. En effet, en l’espace de quelques mois, au moins une dizaine de longs-métrages affichent son nom en lettres dorées et celles de sa société New World Pictures, à l’instar de Destructor de Max Kleven et The Private Eyes de Lang Elliott. Deux de ses films se distinguent. Le premier est Les Mercenaires de l’espace – Battle Beyond the Stars de Jimmy T. Murakami, dont Roger Corman reprend le tournage sans être crédité, le second est Les Monstres de la mer–Humanoids from the Deep. Cette série B, limite Z avec son budget famélique, ses deux semaines de prises de vue et son casting de quasi-inconnus complètement à côté de la plaque, est symbolique du génie du producteur spécialisé dans le cinéma d’exploitation. Il confie son nouveau bébé à Barbara Peeters, remarquée dès 1970 avec son premier film, Je suis une hard-girl – The Dark Side of Tomorrow, puis Les Diablesses de la moto – Bury Me an Angel (1971), Summer School Teachers (1975) et Starhops (1978). Roger Corman avait déjà été impressionné par la qualité d’écriture, mais aussi et surtout par l’efficacité de la mise en scène de la réalisatrice, au point de lui avoir produit son troisième opus. Recherchant une nouvelle approche de l’horreur et une sensibilité inédite pour aborder le genre, le nabab lui propose donc Les Monstres de la mer, avant tout destiné aux projos dans les drive-in et devant comporter les ingrédients attendus par les spectateurs avides de ce genre de spectacle, autrement dit du sang, du gore même, et des belles nanas chichement habillées voire carrément nues si cela est possible. Barbara Peeters s’acquitte de sa tâche en grande professionnelle, mais la copie rendue déçoit Roger Corman en raison du manque de sexe. La cinéaste refuse de procéder à des reshoots. Qu’à cela ne tienne, le producteur rappelle son poulain Jimmy T. Murakami pour filmer quelques plans boobs bien gratos et des séquences beaucoup plus explicites de viols de femmes par les humanoids éponymes. Énorme succès en son temps, que reste-t-il des Monstres de la mer quarante ans après ? Un formidable divertissement complètement fou, très bien rythmé, malin, à la photographie soignée, qui fait rire autant pour son côté nawak que pour le mauvais jeu des comédiens. 80 minutes de rires non-stop, cela ne se refuse pas et surtout fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Vous ne verrez plus jamais un pavé de saumon de la même façon !
CURE (Kyua – キュア) réalisé par Kiyoshi Kurosawa, disponible en DVD et Blu-ray le 28 juillet 2021 chez Carlotta Films.
Acteurs : Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa, Masato Hagiwara, Yoriko Douguchi, Yukijiro Hotaru, Denden, Ren Osugi…
Scénario : Kiyoshi Kurosawa
Photographie : Tokushô Kikumura
Musique : Geiri Ashiya
Durée : 1h51
Date de sortie initiale : 1999
LE FILM
Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…
Cure, réalisé en 1997 par le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa (né en 1955 et aucun lien de parenté avec Akira), est le film avec lequel ce dernier allait être révélé sur la scène internationale. L’artiste considéré aujourd’hui comme faisant partie des leaders du renouveau du cinéma nippon, au même titre que ses confrères Hideo Nakata et Shinya Tsukamoto, se place à la lisière des genres et des influences, inspiré à la fois par la Nouvelle Vague japonaise des années 1960-70 (Yoshida, Imamura, Oshima), mais aussi par le cinéma hollywoodien, en particulier par le film de genre US représenté par John Carpenter, George Romero, Richard Fleischer, Tobe Hooper et Don Siegel. Dès les années 1970, Kiyoshi Kurosawa enchaîne les courts-métrages, avant de passer au format long, puis de tourner pour la télévision. Prolifique (trop diront certains, et ils auront sans doute raison), le réalisateur aime le septième art, visionne pléthore de films, autant de chefs d’oeuvre reconnus que de séries B-Z improbables qu’il affectionne tout autant, même si le fantastique et l’horreur demeurent ses genres de prédilection. Dans les années 1990, les triomphes rencontrés par Le Silence des agneaux – The Silence of the Lambs de Jonathan Demme et Seven de David Fincher rendent compte du nouvel attrait des spectateurs pour les thrillers psychologiques placés sous tension et centrés sur des tueurs en série. Ces deux références s’imposent évidemment aussi au Japon et créent moult ersatz. Cure en est assurément un. Ce sera le film de la reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa (son quinzième long-métrage), aussi bien dans son pays que dans le reste du monde où Cure est projeté dans de nombreux festivals et même encensé par un Martin Scorsese dithyrambique. Près d’un quart de siècle après sa sortie, on ne peut pas dire cependant que ce polar sensoriel ait bien vieilli, même s’il reste marqué par quelques indéniables fulgurances.
MADHOUSE réalisé par Jim Clark, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 21 juillet 2021 chez ESC Editions.
Acteurs : Vincent Price, Peter Cushing, Robert Quarry, Adrienne Corri, Natasha Pyne, Michael Parkinson, Linda Hayden, Barry Dennen…
Scénario : Ken Levison & Greg Morrison, d’après le roman Devilday, d’Angus Hall
Photographie : Ray Parslow
Musique : Douglas Gamley
Durée : 1h32
Année de sortie : 1974
LE FILM
Le célèbre acteur de film d’horreur, Paul Toombes, connu notamment pour son interprétation du Dr Death, est frappé par une dépression nerveuse alors qu’il se rend en Angleterre pour le tournage d’une nouvelle série. C’est alors que les différents acteurs et membres de l’équipe technique de cette série commencent à mourir, d’une façon très analogue à celles dont mouraient les personnages des films du Dr Death…
Nous sommes en 1974 et le comédien Vincent Price (1911-1993) a déjà près de quarante ans de carrière derrière lui. Depuis le début de la décennie, il n’a cessé de tourner et l’on peut citer Lâchez les monstres – Scream and Scream Again de Gordon Hessler, L’Abominable Dr. Phibes – The Abominable Dr. Phibes de Robert Fuest et sa suite Le Retour de l’abominable Docteur Phibes – Dr. Phibes Rises Again, sans oublier Théâtre de sang – Theatre of Blood de Douglas Hickox. Parallèlement, Vincent Price apparaît également sur le petit écran, à l’instar de l’épisode de la série Columbo, Adorable mais dangereuse – Lovely but Lethal, mis en scène par Jeannot Szwarc. Tournant principalement pour le compte de la Amicus Productions, l’acteur s’engage sur Madhouse, nouveau et énième film d’épouvante, d’après le roman Devilday d’Angus Hall, dont il trouve le scénario de Greg Morrison pourtant épouvantable et dont il demande la réécriture complète à son ami Ken Levison. Aux manettes de Madhouse, on retrouve Jim Clark (1931-2016), avant tout monteur de renom (Les Innocents de Jack Clayton, Charade de Stanley Donen, Marathon man de John Schlesinger, La Déchirure et Mission de Roland Joffé), dont il s’agit ici du dernier film en tant que réalisateur et qui remplaçait alors Robert Fuest. Le vent tourne au milieu des années 1970 et le cinéma d’horreur dit « traditionnel » donne à la fois quelques signes de fatigue, mais aussi de mutation. Bien avant Freddy sort de la nuit – Wes Craven’s New Nightmare et Scream, qui sortiront respectivement en 1994 et 1996, Madhouse proposait une réflexion quasi-méta sur le genre, où un tueur semblant être sorti d’un film d’épouvante, assassine la compagne de celui qui l’interprétait à l’écran. Est-ce l’acteur lui-même qui revêt le costume de son personnage et s’empare d’une arme blanche pour assouvir ses instincts les plus primaires ? Ou est-ce un de ses fans, qui ne sait plus faire la distinction entre la réalité et la fiction ? Madhouse n’est certes pas exempt de défauts, notamment un rythme en dents de scie et un final assez grotesque, mais n’en reste pas moins un divertissement de qualité dans lequel on est heureux de retrouver Vincent Price, donner la réplique au non moins éminent Peter Cushing.
THE DARE réalisé par Giles Alderson, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Bart Edwards, Richard Brake, Richard Short, Alexandra Evans, Robert Maaser, Mitchell Norman, Harry Jarvis, Daniel Schutzmann, Devora Wilde…
Scénario : Giles Alderson & Jonny Grant
Photographie : Andrew Rodger
Musique : Mario Grigorov
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Jay passait une soirée tranquille chez lui avec sa femme et ses deux filles, jusqu’à ce qu’il se fasse assommer et kidnapper sous leurs yeux. À son réveil, il se retrouve dans une pièce aux allures de chambre de torture, en compagnie de trois autres personnes…
On ne sait pas grand-chose sur The Dare, production Millenium Films, premier long-métrage mis en scène par le britannique Giles Alderson (né en 1977), également monteur, comédien, assistant-réalisateur, scénariste et producteur. Auteur d’une dizaine de courts-métrages, d’un documentaire (World of Darkness) et d’une série télévisée (The Girl Whisperer), il passe le cap du long format avec The Dare, film d’épouvante tourné en Bulgarie, qui a reçu le Prix du public lors de la cérémonie des Popcorn Frights, le plus gros festival américain consacré aux films de genre. Si l’on ne misait pas un kopeck sur cette énième variation de Saw, du moins c’est ce que l’on pouvait penser en voyant la bande-annonce quasi-exclusivement centrée sur les tortures infligées aux personnages, on est au final relativement surpris et même plutôt emballé par The Dare, qui parvient à contenter les spectateurs avides d’émotions fortes, mais aussi ceux qui demandent un brin de psychologie et d’émotions en plus. Au-delà d’une réalisation très soignée, pour ne pas dire élégante, le film rend compte aussi de la solide direction d’acteurs de Giles Alderson. Point de comédiens ersatz de vedettes ou de stars de chez Wish, ils sont tous ici impeccables, en premier lieu l’excellent Richard Brake, que les cinéphiles/phages auront déjà remarqué dans Le Dahla noir de Brian De Palma, chez Rob Zombie (Halloween 1 et 2, 31, 3 from Hell), Les Frères Sisters – The Sisters Brothers de Jacques Audiard, Mandy de Panos Cosmatos, mais qui restera pour beaucoup le Roi de la nuit de la série Game of Thrones. Toujours est-il que si vous cherchez un bon film d’horreur pour l’été, rapide, efficace, pas bête et flippant, The Dare est fait pour vous.
CUT réalisé par Kimble Rendall, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2021 chez BQHL Editions.
Acteurs : Molly Ringwald, Jessica Napier, Simon Bossell, Sarah Kants, Kylie Minogue, Frank Roberts, Stephen Curry, Cathy Adamek…
Scénario : Dave Warner & Mark Lamprell
Photographie : David Foreman
Musique : Guy Gross
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 2000
LE FILM
Raffy Carruthers, une jeune réalisatrice, décide de terminer un film d’horreur laissé à l’abandon des années auparavant après plusieurs meurtres commis sur le tournage. Mais le film est réputé pour être maudit et un tueur masqué fait son apparition sur le nouveau tournage…
Suite au triomphe inattendu de Scream de Wes Craven en 1996, le slasher a inondé d’hémoglobine les salles de cinéma du monde entier comme à la fin des années 1970 et la décennie suivante. On peut citer pêle-mêle Souviens-toi… l’été dernier – I Know What You Did Last Summer de Jim Gillespie, Wishmaster de Robert Kurtzman, Urban Legend de Jamie Blanks, sans compter leurs suites. Au début des années 2000, alors qu’Urban Legend en est à son second volet, Scream à son troisième, Vendredi 13 au dixième chapitre (Jason X), Hellraiser et Leprechaun au cinquième épisode, un réalisateur australien de 35 ans, Kimble Rendall, décide de surfer sur le revival de ce genre trop souvent délaissé dans son pays. Venu de la publicité et du clip vidéo, ce dernier s’empare des ingrédients principaux instaurés entre autres par Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, pour les incorporer dans une recette typique de la Ozploitation. Ce sera Cut, son premier long-métrage, d’après un scénario coécrit par Dave Warner (Garage Days d’Alex Proyas) et Mark Lamprell (Babe, le cochon dans la ville de George Miller) et essentiellement interprété par une bande de comédiens inconnus au bataillon, à l’exception d’une actrice, dont le nom a pesé dans la balance pour trouver les financements indispensables à la mise en route de cette petite production, Molly Ringwald. L’actrice culte de Seize bougies pour Sam, Breakfast Club et de Rose bonbon, liée au cinéma de John Hughes, tient l’un des rôles principaux de ce fort sympathique Cut, dans lequel une star australienne fait également une participation remarquée en début de film, la sublime Kylie Minogue. Si l’on ajoute à cela un récit intelligent, qui ne se contente pas de singer ce que les américains avaient déjà fait (et s’acharnaient d’ailleurs à refaire encore et encore), doublé aujourd’hui d’une réflexion sur la résistance du celluloïd face au rouleau compresseur numérique, vous obtenez un film d’horreur on peut le dire génial, drôle et ultra-divertissant.
HOST réalisé par Rob Savage, disponible en DVD et Blu-ray le 7 juillet 2021 chez Studiocanal.
Acteurs : Haley Bishop, Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Drandova, Caroline Ward, Alan Emrys, Patrick Ward, Edward Linard, Jinny Lofthouse, Seylan Baxter, Jack Brydon, James Swanton…
Scénario : Gemma Hurley, Rob Savage & Jed Shepherd
Durée : 0h56
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Six amis engagent un medium pour une séance de spiritisme sur Zoom pendant le confinement. Très vite, la situation dégénère quand ils réalisent qu’ils ont laissé entrer un esprit maléfique chez eux… Survivront-ils à la nuit ?
Le confinement de 2020 a donné des idées à quelques producteurs et réalisateurs, obligés de s’adapter au contexte sanitaire, pour continuer à travailler malgré tout. Certains ont profité des rues désertées pour aller y filmer un film de science-fiction surfant sur la pandémie, à l’instar du calamiteux Songbirdd’Adam Mason (et produit par Michael Bay), qui plongeait ses héros dans une partie de la Californie parasitée par la Covid 23. D’autres ont préféré s’inspirer de la multiplication des réunions Zoom à travers le monde. C’est le cas de Rob Savage, réalisateur de multiples courts métrages (Salt, Healey’s House, Absence, Sit in Silence), d’un long-métrage très remarqué en 2012 (Strings, récompensé aux British Independent Film Awards) et de séries (Fear Haus, Britannia, Bite Size Horror). Le metteur en scène livre un film-gadget, qui se déroule exclusivement sur le service désormais incontournable de conférence à distance, en exploitant les vidéoconférences, les réunions en ligne, le chat et la collaboration mobile dans un film d’épouvante, qui s’inscrit dans le registre du found-footage. En gros, une dizaine de comédiens ont été filmés en gros plan, de façon peu flatteuse, la plupart du temps scotchés devant leur écran, essayant de réagir face à des phénomènes paranormaux, qui font faire bifurquer Host vers le film d’épouvante à la Paranormal Activity. Le gros plus du film, c’est pour ainsi dire sa durée, 56 minutes montre en main, pas plus, pas moins, presque comme une véritable réunion Zoom. L’exposition des personnages est certes longuette, comme bien souvent dans le genre le spectateur est obligé de se farcir une présentation successive de protagonistes peu voire pas du tout intéressants, mais Host installe progressivement son dispositif malin dans une seconde partie plutôt immersive et sympathique. S’il n’innove en rien, au moins Rob Savage aura réussi son petit pari, tirer profit de la paranoïa, des angoisses, des doutes, du mal-être et de l’étouffement ressentis par une bonne partie de la population, pour au final signer un petit film d’horreur ponctué de bons moments.
SHADOW IN THE CLOUD réalisé par Roseanne Liang, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Chloë Grace Moretz, Nick Robinson, Beulah Koale, Taylor John Smith, Callan Mulvey, Benedict Wall, Byron Coll, Joe Witkowski…
Scénario : Max Landis & Roseanne Liang
Photographie : Kit Fraser
Musique : Mahuia Bridgman-Cooper
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une jeune mécanicienne voyageant avec des documents top secret à bord d’un bombardier B-17 est confrontée à une présence maléfique qui risque de compromettre sa périlleuse mission.
Débranchez votre cerveau pendant 1h15 et attachez votre ceinture ! Shadow in the Cloud va vous clouer à votre fauteuil du début à la fin, si vous avez toutefois décidé de vous laisser porter par ce très étrange mélange des genres, complètement assumé, un gros délire formidablement mis en scène, aussi improbable que foncièrement jouissif. Car si le contexte historique est crédible, tout le reste ne l’est pas et c’est voulu ainsi. Huis clos, film de guerre, d’action et d’épouvante, le tout saupoudré d’un discours post-#MeToo (l’ironie étant que le scénario ait été écrit à l’origine par Max Landis, écarté du film pour harcèlement sexuel), Shadow in the Cloud, le second long-métrage de la réalisatrice Roseanne Liang après My Wedding and Others Secrets, entré dans l’histoire pour avoir été le film néo-zélandais le plus rentable en son pays en 2011, est un immense divertissement mené sans aucun temps mort, génialement interprété par Chloë Grace Moretz que la caméra ne lâche pas une seule seconde. Vous cherchez un spectacle sans prise de tête, qui vous donnera l’impression d’embarquer à bord de montagnes russes ? Vous l’avez trouvé !