Test Blu-ray / Les Mille et une nuits, réalisé par Mario Bava & Henry Levin

LES MILLE ET UNE NUITS (Le Meraviglie di Aladino) réalisé par Henry Levin & Mario Bava, disponible en combo Blu-ray+DVD depuis le 17 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Donald O’Connor, Noëlle Adam, Terence Hill, Michèle Mercier, Vittorio De Sica, Aldo Fabrizi, Fausto Tozzi, Raymond Bussières, Milton Reid…

Scénario : Silvano Reina, Francesco Prosperi, Pierre Véry, Luther Davis & Marco Vicario, d’après une histoire originale de Stefano Strucchi & Duccio Tessari

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Angelo Lavagnino

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Aladin, jeune homme espiègle vivant auprès de sa mère, reçoit de cette dernière une petite lampe dont il découvre, alors qu’il est en train de semer la pagaille dans son quartier, qu’un bon génie s’y cache, susceptible d’exaucer trois vœux pour lui. Rêvant au-delà de sa condition et refusant constamment les avances de son amie d’enfance Djalma, Aladin tente par tous les moyens de se rendre au mariage du prince Moluk avec la fille du Sultan tandis que le grand Vizir complote dans l’ombre pour s’emparer du pouvoir.

L’Italie nous a habitués, via ses péplums, à des adaptations très libres des légendes de sa propre Antiquité. Les États-Unis nous ont habitués, de leur côté, à des adaptations très – très ! – libres de tout et n’importe quoi. Lorsque les deux cultures font chorus, via deux coréalisateurs, pour adapter la légende d’Aladin et de sa lampe magique tirée des Mille et Une Nuits, on est en droit d’imaginer le plus improbable – et on aura raison ! Débutant dans la mise en scène sur Cry of the Werewolf à l’époque où la Columbia marchait sur les plates-bandes d’Universal, le prolifique Henry Levin a une quinzaine d’années de carrière et déjà une quarantaine de films à son actif lorsqu’il travaille sur ce drôle d’Aladin. Technicien multi-usages rompu à l’adaptation littéraire (notamment d’Alexandre Dumas, plusieurs fois), habitué aux univers noirs, épiques ou sautillants (les musicals The Petty Girl et The Farmer Takes a Wife – remake chanté du film de Victor Fleming qui vit Henry Fonda faire ses débuts à l’écran), adepte des formats décomplexés et fantaisistes (Cornel Wilde a joué pour lui le fils de Robin des Bois), Levin vient alors de boucler la comédie romantique Where The Boys Are et surtout, l’année précédente, une autre adaptation de prestige, dans une version familiale et spectaculaire : celle du Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, grand succès populaire. Dans la foulée de ces Mille et Une Nuits – au titre français si ambitieux en comparaison du projet lui-même –, le cinéaste récidivera avec l’expérience collaborative pour The Wonderful World of the Brothers Grimm en Cinérama (George Pal dirigeant cette fois-ci les séquences les plus intéressantes).

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Test Blu-ray / Corrective Measures – Mutants surpuissants, réalisé par Sean Patrick O’Reilly

CORRECTIVE MEASURES – MUTANTS SUPERPUISSANTS réalisé par Sean Patrick O’Reilly, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2023 chez Program Store.

Acteurs : Bruce Willis, Michael Rooker, Tom Cavanagh, Brennan Mejia, Kevin Zegers, Dan Payne, Celia Aloma, Hayley Sales…

Scénario : Sean Patrick O’Reilly, d’après le roman graphique de Grant Chastain

Photographie : Stirling Bancroft

Musique : George Streicher

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

San Tiburon. Une prison abrite les criminels les plus dangereux du monde, dont certains ont des super-pouvoirs. Les tensions entre les détenus et le personnel s’exacerbent, entraînant l’anarchie dans la prison…

Encore un film de super-héros ??? Et avec Bruce Willis en plus ???!!! C’est Corrective Measures : Mutants surpuissants, qui surfe allègrement sur la vague Marvel-DC, mais avec des effets spéciaux réalisés à l’aide d’un Amstrad 6128+ à cartouche. Cessons ce cynisme, car cette adaptation du roman graphique du même nom de Grant Chastain est un divertissement honorable, qui fait ce qu’il peut avec les moyens qui lui ont été alloués, dans lequel on retrouve le tandem de White Elephant, Bruce Willis et Michael Rooker, qui se donnent la réplique dans une cellule de 10m², le cul vissé à leur banquette pendant que cela s’agite autour d’eux. Si le premier peine à articuler et se contente d’aligner une ou deux phrases par-ci par-là comme une marionnette manipulée par un ventriloque, le second, arborant lunettes teintées et canotier, a un peu plus à défendre dans le rôle du « superviseur » de cette prison spéciale, qui passe son temps à jouer aux échecs, se foutre de la tronche et à rabaisser ses subordonnés, en attendant de couler des jours paisibles grâce à une retraite dorée. Il ne se passe pas grand-chose dans Corrective Measures : Mutants surpuissants, mais l’ensemble est sympathique avec ses acteurs amusants dont l’excellent Tom Cavanagh, une des vedettes de la série Flash, dans laquelle il interprétait Eobard Thawne aka Nega-Flash, ainsi que le docteur Harrison Wells, qui aurait été impeccable dans une transposition live d’Où est Charlie ?. Une bonne gueule et une belle voix qui ont finalement été rares au cinéma et dont l’apparition est un des points forts de cette série B (pour être magnanime) fauchée aux maquillages navrants (et donc drôles malgré-eux, comme s’il s’agissait d’un masque d’Halloween dégoté aux Puces de Saint-Ouen) et aux CGI d’un autre temps. On ne s’ennuie pas (trop), il n’en restera absolument rien dès que le générique de fin apparaît (en dépit d’une fin ouverte), mais le film est à voir pour constater une fois de plus à quel point Bruce Willis aura tiré sur la corde jusqu’au dernier moment avant de stopper sa carrière, tandis que certains producteurs peu scrupuleux profitaient de cette poule aux œufs d’or pour monter au bas mot une trentaine de longs-métrages sur son nom en l’espace de cinq ans…

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Test Blu-ray / Luz, la fleur du mal, réalisé par Juan Diego Escobar Alzate

LUZ (Luz, la fleur du mal) réalisé par Juan Diego Escobar Alzate, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Yuri Vargas, Jim Muñoz, Andrea Esquivel, Sharon Guzman, Marcela Robledo, Conrado Osorio, Johan Camacho, Daniel Páez…

Scénario : Juan Diego Escobar Alzate

Photographie : Nicolás Caballero Arenas

Musique : Brian Heater

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

De nos jours, dans un petit village isolé au milieu des montagnes colombiennes – Une communauté vit comme au Moyen-Âge sous le joug d’un prédicateur nommé El Senor, qui dirige la population et retient prisonnier un enfant nommé Jesus, censé être le Nouveau Messie. Le comportement d’El Senor finit par semer le trouble et le chaos au sein des villageois, et notamment ses trois propres filles.

Quel étrange film que ce Luz, la fleur du mal, réalisé par le colombien Juan Diego Escobar Alzate (né en 1987), auteur d’une demi-douzaine de courts-métrages, de quelques épisodes de séries télévisées, d’un téléfilm et de clips musicaux. Imaginé comme un segment manquant entre le cinéma de Terrence Malick et celui d’Alejandro Jodorowsky, Luz, la fleur du mal n’est certes pas un coup de maître et ce en raison de défauts souvent liés à un premier long-métrage, mais n’en reste pas moins intéressant à plus d’un titre. Magnifiquement photographié par Nicolás Caballero Arenas, le film fait penser à une succession de tableaux éclatants ou crépusculaires, en jouant sur le contraste entre les scènes diurnes aux couleurs pastel et célestes, et les séquences de nuit anxiogènes, particulièrement oppressantes. Multi-récompensé dans les festivals du monde entier, au Buenos Aires Rojo Sangre au Buffalo Dreams Fantastic Film Festival, en passant par l’Horrible Imaginings Film Festival, le Lonely Wolf: London International Film Festival, et présenté aussi à Sitges, Luz, la fleur du mal a connu une vraie petite renommée à sa sortie, même s’il demeurait jusqu’alors inédit en France. Sans doute trop proche de l’impressionnant The Witch de Robert Eggers gagne d’être découvert et dévoile la sensibilité d’un artiste à suivre de près.

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Test Blu-ray / Terreur dans le Shanghaï Express, réalisé par Eugenio Martin – Édition Le Chat qui fume

TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS (Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…

Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : John Cacavas

Durée : 1h28 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…

Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.

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Test Blu-ray / Slayers, réalisé par K. Asher Levin

SLAYERS réalisé par K. Asher Levin, disponible en DVD et Blu-ray le 4 janvier 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Thomas Jane, Kara Hayward, Jack Donnelly, Lydia Hearst, Malin Åkerman, Abigail Breslin, Ashley Reyes, Ash T…

Scénario : Zack Imbrogno & K. Asher Levin

Photographie : Owen Levelle

Musique : Taylor Locke

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un groupe d’influenceurs se retrouvent piégés au sein d’un manoir appartenant à un milliardaire reclus. L’endroit est en réalité l’antre d’un vampire maléfique. Pour se sortir de ce pétrin, les jeunes gens doivent compter sur l’aide d’un célèbre joueur en ligne et d’un chasseur de vampires plutôt vieux jeu…

Bah dites donc…cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un tel navet. Mais de compétition, ou comme le disait Jean Gabin dans Le Cave se rebiffe « Oui mais celui-là c’est un gabarit exceptionnel. Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre-étalon… ». K. Asher Levin, retenez-bien le nom du responsable de ce bouzin. Également coscénariste et coproducteur, le coupable aura déjà livré essentiellement quelques épisodes de séries télévisées depuis une quinzaine d’années. Il a aussi décidé récemment, quelle mauvaise idée, de s’en prendre au grand écran ! À cette occasion, il signe coup sur coup deux films avec Thomas Jane, vu dernièrement dans l’improbable Anti-Life aux côtés de Bruce Willis, dans le très bon USS Indianapolis avec Nicolas Cage et dans The Predator de Shane Black. Le premier s’intitule Creuser pour survivreDig, un thriller, le second, celui qui nous intéresse (ou pas…) est Slayers, film « d’horreur » et « fantastique ». Insistons bien sur l’usage des guillemets, car s’il s’agissait sans doute des « intentions » du réalisateur, le résultat final est on ne peut plus navrant et vire à la comédie pas drôle, affligeante, navrante, irritante, chiante et d’autres adjectifs se terminant en « ante ». Rien, absolument rien ne fonctionne, tout est à jeter, à ensevelir, à recouvrir de chaux vive pour ne pas laisser de traces (de pneus). Fuyez pauvres fous, ne perdez pas 85 minutes de votre vie comme nous. Mais si vous êtes pervers, mais alors jusqu’au-boutistes voire complètement irrécupérables, vous vous laisserez sans doute tentés. Attention tout de même à la crise d’épilepsie et prévoyez un sac pour gerber. C’est un conseil d’ami.

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Test Blu-ray / One Dark Night (Nuit noire), réalisé par Tom McLoughlin

NUIT NOIRE (One Dark Night) réalisé par Tom McLoughlin, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 février 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Meg Tilly, Melissa Newman, Robin Evans, Leslie Speights, Donald Hotton, Elizabeth Daily, David Mason Daniels, Adam West…

Scénario : Tom McLoughlin & Michael Hawes

Photographie : Hal Trussell

Musique : Bob Summers

Durée : 1h25

Année de sortie : 1982

LE FILM

Afin d’intégrer une confrérie étudiante, Julie doit se soumettre à un rite d’initiation : passer une nuit entière dans un imposant monument funéraire, sous le contrôle de deux autres étudiantes. Or, le mausolée est celui d’un ancien mage, qui possédait de terrifiants pouvoirs psychiques.

Nuit noireOne Dark Night (ou Entity Force, Mausoleum ou Rest in Peace) est le premier long-métrage de Tom McLoughlin (né en 1950), dont le nom restera lié à la saga Vendredi 13, pour laquelle il signera le sixième opus de la franchise, Vendredi 13, chapitre VI : Jason le mort-vivantFriday the 13th Part VI: Jason Lives, ainsi qu’une poignée d’épisodes de la série dérivée créée en 1987. Également coscénariste (avec Michael Hawes), Tom McLoughlin réussit son coup d’essai derrière la caméra, en s’inspirant du Carrie de Brian De Palma pour ce qui concerne la psychokinésie, plus connue sous le nom de télékinésie, faculté métapsychique de l’esprit qui permettrait d’agir directement sur la matière ou les personnes. Un « don » ou une « malédiction » repris par la suite dans le cinéma de genre, un thème qui permet au réalisateur de laisser libre cours à sa fantaisie horrifique au cours d’un dernier acte particulièrement agité et généreux en effets destinés à effrayer les spectateurs. Le prix du seau de popcorn est très largement rentabilisé, encore aujourd’hui d’ailleurs, même s’il faut pour cela s’armer de patience pendant une bonne heure, durant laquelle il ne se passe rien ou pas grand-chose. Mais l’ensemble est plutôt bien fichu (surtout avec un budget de 800.000 dollars et à peine un mois de tournage), on s’amuse, c’est joliment emballé, les effets spéciaux sont bourrés de charme et Nuit noire nous fait découvrir une jeune et belle comédienne, Meg Tilly, que l’on reverra dans Les Copains d’abord de Lawrence Kasdan, Valmont de Miloš Forman et The Two Jakes de Jack Nicholson. Un bon cru qui fait penser à Phantasm de Don Coscarelli pour le décor, et à Hell Night de Tom DeSimone, dans lequel, pour leur initiation, quatre nouveaux membres d’une association étudiante doivent passer la nuit dans un vieux manoir abandonné, dans lequel l’ancien propriétaire avait tué sa famille avant de se donner la mort. On est dans la même veine et donc One Dark Night devrait encore et toujours trouver son public amateur de sensations fortes au charme rétro.

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Test 4K UHD / Trois mille ans à t’attendre, réalisé par George Miller

TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE (Three Thousand Years of Longing) réalisé par George Miller, disponible en DVD, Blu-ray, Combo Blu-ray/4K UHD et 4K UHD le 30 janvier 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Tilda Swinton, Idris Elba, Pia Thunderbolt, Berk Ozturk, Anthony Moisset, Alyla Browne, Sage Mcconnell, Abel Bond…

Scénario : George Miller & Augusta Gore, d’après la nouvelle d’A.S. Byatt

Photographie : John Seale

Musique : Junkie XL

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. Séduite par ses récits, elle finit par formuler un vœu des plus surprenants.

Après l’échec commercial injustifié du formidable Happy Feet 2 et le triomphe (injustifié aussi, mais on va pas refaire le débat) de Mad Max : Fury Road, George Miller revient par la petite porte avec Trois mille ans à t’attendreThree Thousand Years of Longing. Disons-le tout de go, le dixième long-métrage du réalisateur (né en 1945) est sans aucun doute son pire film. D’une laideur confondante, marqué par des effets visuels hideux qui rappellent ceux des Couloirs du temps : Les Visiteurs 2, des décors qui se voudraient « felliniens », mais qui rappellent plutôt le carton-pâte de Sa Majesté Minor de Jean-Jacques Annaud, Trois mille ans à t’attendre pue le fond vert à chaque plan, aveugle avec ses effets spéciaux numériques d’un autre temps. Un naufrage formel, un gloubi-boulga clinquant et fluorescent qui prend le pas sur une intrigue déjà pas folichonne et par ailleurs archi-rabattue (l’imaginaire, échappatoire du réel, coucou L’Histoire sans fin, Quelques minutes après minuit, Big Fish, Sucker Punch et récemment Le Prince oublié…), tout juste sauvée de l’ennui total grâce à ses deux têtes d’affiche, la grande Tilda Swinton et Idris – recherche succès au cinéma désespérément – Elba, qui passent la plus grande partie du film dans une chambre d’hôtel habillés en peignoir. Doté d’un budget conséquent de 60 millions de dollars, Trois mille ans à t’attendre n’aura rapporté que dix millions de billets verts et s’inscrit dans la liste des plus gros bides de l’année 2022. De là à dire que c’est mérité, il n’y a qu’un pas.

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Test Blu-ray / La Malédiction d’Arkham, réalisé par Roger Corman

LA MALÉDICTION D’ARKHAM (The Haunted Palace) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Debra Paget, Lon Chaney Jr., Frank Maxwell, Leo Gordon, Elisha Cook Jr..…

Scénario : Charles Beaumont, d’après H.P. Lovecraft et Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Ronald Stein

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1963

LE FILM

Avant de succomber dans les flammes, le sorcier Joseph Curwen jette un sort sur la localité d’Arkham en Nouvelle-Angleterre. Cent dix ans plus tard, son arrière-arrière-petit-fils, Charles Dexter Ward, arrive sur les lieux pour prendre possession du château dont il a hérité. En dépit de l’hostilité des villageois et de la peur que lui inspirent certains des habitants, des êtres difformes et menaçants, Ward reste, de plus en plus fréquemment possédé par l’esprit d’un ancêtre qui, muni du Nécronomicon, prépare l’ouverture des portes de l’au-delà aux monstrueux dieux anciens qu’il vénère…

Après les énormes succès critiques et publics rencontrés par La Chute de la Maison Usher, La Chambre des tortures, L’Enterré vivant, L’Empire de la terreur et Le Corbeau, Roger Corman souhaite faire quelques infidélités à Edgar Allan Poe et se pencher sur une nouvelle fantastique de l’écrivain H.P. Lovecraft, L’Affaire Charles Dexter Ward. Cependant, frileux à l’idée que ce projet ne rebute le public, Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson de la société de production American International Pictures décide purement et simplement « d’arnaquer » les spectateurs, non pas en faisant changer le scénario à Roger Corman, mais en intitulant le film – sans l’accord du réalisateur – The Haunted Palace, tiré du poème de Poe, cité à deux reprises durant le long-métrage, histoire d’intégrer ce nouvel opus dans le cycle. La Malédiction d’Arkham n’a rien d’une œuvre hybride, il s’agit bel et bien de la première transposition au cinéma d’une nouvelle d’H.P. Lovecraft, dans laquelle est par ailleurs citée le célèbre Necronomicon. Ce sixième « épisode » apparaît donc quasiment comme un hors-série, dans lequel l’aspect psychanalytique de Poe est forcément mis de côté, pour se concentrer sur une horreur « tangible » et réaliste représentée par un monstre tapis dans le noir. Paradoxalement, La Malédiction d’Arkham est sans aucun doute l’un des meilleurs opus de ce qu’on peut appeler une saga, le film étant merveilleusement mis en scène, photographié et surtout extraordinairement interprété par Vincent Price, dans un savoureux double-rôle.

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Test DVD / Je suis une légende, réalisé par Ubaldo B. Ragona & Sidney Salkow

JE SUIS UNE LÉGENDE (The Last Man on Earth) réalisé par Ubaldo B. Ragona & Sidney Salkow, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Vincent Price, Franca Bettoia, Emma Danieli, Giacomo Rossi-Stuart, Umberto Raho, Christi Courtland, Tony Corevi, Hector Ribotta…

Scénario : Furio M. Monetti, Ubaldo B. Ragona, Richard Matheson, William F. Leicester, d’après le roman de Richard Matheson

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1964

LE FILM

Une épidémie a dévasté le monde et transformé les hommes en vampires assoiffés de sang. Le docteur Robert Morgan est le seul survivant de ce ravage. Il traque les vampires tout le jour afin de les tuer en leur enfonçant un pieu dans le cœur, et la nuit, il se barricade chez lui, tentant de repousser les assauts des monstres, et essayant de trouver, par communication radio, d’autres survivants.

Beaucoup connaissent Je suis une légende I am legend de Francis Lawrence avec Will Smith, sixième plus gros succès US de l’année 2007 (entre Harry Potter et L’Ordre du Phénix et La Vengeance dans la peau), peut-être moins Le SurvivantThe Omega Man de Boris Segal (1971) avec Charlton Heston…Avant ces deux transpositions du roman de Richard Matheson, Ubaldo Ragona et Sidney Salkow signaient une première adaptation de I am legend, sortie en 1964 sous le titre The Last Man on Earth ou bien encore L’Ultimo uomo della terra de l’autre côté des Alpes. Dans ce film, le dernier homme sur Terre est incarné par Vincent Price, la même année que Le Masque de la mort rouge The Masque of the Read Death et La Tombe de Ligeia The Tomb of Ligeia de Roger Corman. Sur une musique oppressante de Paul Sawtell (Le Cri de guerre des Apaches, Le Sous-marin de l’apocalypse, La Brigade du suicide, Marché de brutes), les deux réalisateurs instaurent une ambiance lourde et post-apocalyptique, avec des cadavres éparpillés dans les rues, tandis que la voix légendaire du comédien plante le décor et les enjeux. « The End has Come ». Mais pour Robert Morgan, c’est le même recommencement depuis trois ans, quand il est déjà surpris de se réveiller en vie, après avoir échappé aux zombies qui voudraient prendre d’assaut sa maison. « Un autre jour à endurer…allons-y » dit-il, avant d’arpenter la ville, à la recherche de nouveaux morts-vivants dans lesquels Robert pourra planter un pieu dans le coeur. Formidablement mis en scène et marqué par une photographie à la beauté exceptionnelle, Je suis une légende est une véritable référence du genre et n’a absolument rien à envier aux blockbusters contemporains.

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Test Blu-ray / Le Neuvième coeur, réalisé par Juraj Herz

LE NEUVIÈME COEUR (Deváté srdce) réalisé par Juraj Herz, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 4 octobre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Ondrej Pavelka, Anna Malová, Julie Juristová, Josef Kemr, Juraj Kukura, Frantisek Filipovský, Premysl Kocí, Josef Somr…

Scénario : Juraj Herz & Josef Hanzlík

Photographie : Jirí Macháne

Musique : Petr Hapka

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

La jolie princesse Adriana est frappée d’un mal étrange : elle est comme absente le jour et disparaît la nuit. Après les échecs successifs de plusieurs enquêteurs, l’étudiant Martin se porte volontaire pour aider la princesse. Il va découvrir que l’astrologue Aldobrandini cherche à collecter neuf cœurs pour fabriquer son élixir de jouvence.

De Juraj Herz (1934-2018), les cinéphiles français ont pu avoir eu vent de sa version personnelle de La Belle et la Bête Panna a netvor (1978), d’après le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, et surtout de L’Incinérateur de cadavres Spalovac mrtvol (1968), inspiré du roman de Ladislav Fuks. Deux œuvres cultes qui ont largement contribué à la renommée du cinéaste tchèque et ancien étudiant en photographie de l’École supérieure des arts de la scène de Bratislava. Après avoir fréquenté l’académie de Prague des arts du spectacle, lieu où il suivra les cours de direction de marionnettes du réalisateur surréaliste Jan Švankmajer (qui influencera entre autres Tim Burton et Terry Gilliam), il débarque dans le monde du théâtre et du cinéma, dans un premier temps comme acteur et metteur en scène sur les planches, puis en tant qu’assistant-réalisateur au cinéma, tout en continuant d’apparaître devant la caméra. Il se lance lui-même dans la réalisation au milieu des années 1960, L’Incinérateur de cadavres, alors son troisième long-métrage, lui apportant la célébrité à l’internationale. Vers la fin des années 1970, il entreprend deux films, deux contes, qui seront tournés simultanément, La Belle et la Bête, entreprise coûteuse, et Le Neuvième coeur Deváté srdce, d’après un scénario original que Juraj Herz signera avec Josef Hanzlík, bien qu’apparemment tiré des Contes nocturnes d’E.T.A. Hoffmann. Le second est une proposition moins connue, mais aussi singulière que La Belle et la Bête, de cinéma d’horreur et fantastique. Spectacle dense et généreux, Le Neuvième coeur embarque le spectateur dans un monde imaginaire et étrange teinté de magie. Cependant, s’il n’y a rien à redire sur la technique et l’interprétation, on pourra reprocher au film son rythme en dents de scie et sa difficulté à maintenir l’attention du début à la fin, surtout à mi-parcours avec ce qu’on appelle familièrement un ventre mou. Néanmoins, il y a sûrement plus d’imagination dans ce film tchèque que dans la plupart des blockbusters annuels réunis et rien que pour cela mérite qu’on s’y attarde le temps d’une projection.

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