Test 4K UHD / Trois mille ans à t’attendre, réalisé par George Miller

TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE (Three Thousand Years of Longing) réalisé par George Miller, disponible en DVD, Blu-ray, Combo Blu-ray/4K UHD et 4K UHD le 30 janvier 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Tilda Swinton, Idris Elba, Pia Thunderbolt, Berk Ozturk, Anthony Moisset, Alyla Browne, Sage Mcconnell, Abel Bond…

Scénario : George Miller & Augusta Gore, d’après la nouvelle d’A.S. Byatt

Photographie : John Seale

Musique : Junkie XL

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. Séduite par ses récits, elle finit par formuler un vœu des plus surprenants.

Après l’échec commercial injustifié du formidable Happy Feet 2 et le triomphe (injustifié aussi, mais on va pas refaire le débat) de Mad Max : Fury Road, George Miller revient par la petite porte avec Trois mille ans à t’attendreThree Thousand Years of Longing. Disons-le tout de go, le dixième long-métrage du réalisateur (né en 1945) est sans aucun doute son pire film. D’une laideur confondante, marqué par des effets visuels hideux qui rappellent ceux des Couloirs du temps : Les Visiteurs 2, des décors qui se voudraient « felliniens », mais qui rappellent plutôt le carton-pâte de Sa Majesté Minor de Jean-Jacques Annaud, Trois mille ans à t’attendre pue le fond vert à chaque plan, aveugle avec ses effets spéciaux numériques d’un autre temps. Un naufrage formel, un gloubi-boulga clinquant et fluorescent qui prend le pas sur une intrigue déjà pas folichonne et par ailleurs archi-rabattue (l’imaginaire, échappatoire du réel, coucou L’Histoire sans fin, Quelques minutes après minuit, Big Fish, Sucker Punch et récemment Le Prince oublié…), tout juste sauvée de l’ennui total grâce à ses deux têtes d’affiche, la grande Tilda Swinton et Idris – recherche succès au cinéma désespérément – Elba, qui passent la plus grande partie du film dans une chambre d’hôtel habillés en peignoir. Doté d’un budget conséquent de 60 millions de dollars, Trois mille ans à t’attendre n’aura rapporté que dix millions de billets verts et s’inscrit dans la liste des plus gros bides de l’année 2022. De là à dire que c’est mérité, il n’y a qu’un pas.

Alithea Binnie est une narratologue britannique qui souffre occasionnellement d’hallucinations étranges représentant des esprits démoniaques. Pendant un voyage à Istanbul, en Turquie, pour une conférence, Alithea achète un flacon ancien duquel elle libère accidentellement un djinn qui en était prisonnier. Le djinn offre à Alithea la possibilité de réaliser trois de ses vœux les plus chers, mais Alithea, spécialiste des contes philosophiques, soutient l’idée selon laquelle faire des souhaits est une erreur et accuse le djinn d’être un escroc. En réponse à cette accusation, le djinn narre à Alithea trois histoires de son passé qui racontent comment il s’est retrouvé prisonnier du flacon. Le djinn raconte qu’il était autrefois libre et vivait aux côtés de la reine de Saba, sa cousine et amante. Cette dernière, malgré les avertissements du djinn, se laisse séduire par le roi Salomon, qui emprisonne le djinn dans un flacon afin d’en être débarrassé. Le flacon se retrouve entre les mains de Gülten, une jeune concubine du palais de Soliman le Magnifique. Quand elle libère le djinn, elle souhaite que Mustafa, fils de Soliman et héritier pressenti du trône, tombe amoureux d’elle, puis souhaite tomber enceinte de lui. Cependant, Soliman, manipulé par sa favorite et craignant une trahison de la part de son fils, assassine ce dernier ainsi que tous ses proches. Gülten cache le flacon du djinn et s’enfuit, mais malgré les tentatives de sauvetage du djinn, elle est attrapée et tuée par les gardes de Soliman avant qu’elle ne puisse faire son dernier vœu. Toujours emprisonné du flacon mais sans maître pour faire un vœu et le libérer, le djinn, devenu invisible et intangible, erre dans le palais pendant cent ans. La cachette du flacon est ensuite retrouvée par Murad IV et Ibrahim Ier, deux frères de sang royal, mais ils sont empêchés de libérer le djinn.

On se demande parfois ce qui peut piquer un réalisateur qui a déjà près de 45 ans de carrière, pour livrer des trucs aussi moches, en espérant sans doute que certains y trouveront leur compte, comme lors d’une visite dans un musée d’art contemporain où l’on s’extasierait sur le sandwich entamé d’un surveillant laissé sur sa chaise en pensant que cela fait partie de l’exposition. Étrange mélange de romance, de fantastique, de drame et de fantasy, Trois mille ans à t’attendre est l’adaptation d’une nouvelle de la britannique A.S. Byatt, The Djinn in the Nightingale’s Eye (autrement dit Le Djinn dans l’oeil-de-rossignol), parue en 1994. Si les fans de Mad Max : Fury Road pourront y retrouver ce qui leur avait plu, rien d’étonnant puisqu’une grande partie de l’équipe technique a été reprise (du compositeur Junkie XL à la monteuse Margaret Sixel, en passant par le directeur de la photographie John Steale), les autres risquent d’être non seulement décontenancés par ces éclaboussures chromatiques, mais aussi par le style bourrin qui tape quasiment instantanément sur les nerfs. Dans toute cette bouillie, les thèmes sont pourtant intéressants et l’on aurait volontiers voulu se laisser porter par le côté inclassable et singulier du récit, malheureusement englué sous des pelletées de CGI sans âme, ni aucune aspérité.

Alors d’accord, beaucoup diront qu’il faut revoir le film plusieurs fois pour en comprendre la complexité, le message, la profondeur, la subtilité…peut-être, même s’il ne faut pas avoir Bac +2 pour discerner la philosophie…mais soyons honnêtes, on ne peut s’empêcher de penser à un nouvel épisode d’Aladin avec Kev Adams…On exagère sans doute (un peu, pour irriter), mais il y a de ça dans toutes ces intrigues secondaires qui apparaissent comme des sketches, quand le Djinn se met à raconter son, ou plutôt ses histoires, à la façon de Shéhérazade dans Les Mille et une nuits. Mais tout cela reste bien trop bavard, glacé, étrangement figé pour emporter un soupçon d’adhésion.

LE DISQUE 4K UHD

Trois mille ans à t’attendre est disponible en DVD, Blu-ray, combo 4K UHD/Blu-ray et 4K UHD en édition simple chez Metropolitan Vidéo. Un tapis rouge déroulé pour le dixième long-métrage de George Miller, que nous avons pu tester en UHD pour cette chronique. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité se résume à six featurettes promotionnelles (d’une moyenne de 2 minutes chacune), composé de rapides propos des comédiens, de George Miller, de Kym Barrett (créatrice des costumes), du producteur Doug Mitchell, ainsi que de subliminales images de plateau. Le réalisateur revient sur l’adaptation de la nouvelle d’A.S. Byatt, tandis que les acteurs s’expriment sur leur collaboration avec George Miller et les thèmes du film.

L’Image et le son

Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa LF, Trois mille ans à t’attendre doit se voir ou se revoir en Haute définition et si possible en Ultra Haute-Définition. Certes, les effets numériques passent mal le cap du « petit écran », mais n’en restent pas moins saisissants, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs ne cessent d’impressionner (le HDR en envoie plein les yeux), les contrastes sont léchés, les noirs sont denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief subjugue et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour « apprécier » toute la richesse de la photographie du chef opérateur John Seale (Le Président et Miss Wade, Le Journal, Lorenzo, Le Survivant d’un monde parallèle), à qui l’on doit les images de Mad Max : Fury Road. Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons, Métropolitan Vidéo demeure sur la première marche des éditeurs français.

Les versions française et anglaise sont proposées en Dolby Atmos. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale (la voix d’Idris Elba en particulier), les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble. Un grand spectacle acoustique ! Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodecription sont aussi disponibles.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.