Test Blu-ray / Le Président et Miss Wade, réalisé par Rob Reiner

LE PRÉSIDENT ET MISS WADE (The American President) réalisé Rob Reiner, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Douglas, Annette Bening, Martin Sheen, Michael J. Fox, Richard Dreyfuss, Samantha Mathis, Nina Siemaszko, Anna Deavere Smith…

Scénario : Aaron Sorkin

Photographie : John Seale

Musique : Marc Shaiman

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Andrew Shepherd est un président des États-Unis jeune, dynamique, populaire. Veuf, il élève seul sa fille. Candidat à un second mandat, il veut faire voter une loi sur la diminution de la pollution due aux carburants. Lorsqu’il tombe amoureux une avocate représentant une importante organisation écologiste, la presse et l’opposition crient au scandale.

Au milieu des années 1990, en dehors d’une crise de désintoxication, tout va bien pour Michael Douglas au cinéma. Basic Instinct de Paul Verhoeven est devenu l’un des plus gros succès de l’année 1992, Chute libre de Joel Schumacher et surtout Harcèlement de Barry Levinson ont fracassé le box-office, lui permettant d’obtenir le cachet de 20 millions de dollars par film. Alors que The Game de David Fincher se profile à l’horizon, arrivé au sommet de sa carrière, le comédien se voit proposer d’interpréter ni plus ni moins la fonction ultime, le président des Etats-Unis, dans Le Président et Miss Wade The American President. A l’origine, Robert Redford devait camper le rôle-titre, ayant lui-même engagé le scénariste Aaron Sorkin pour écrire le film. Mais suite à l’arrivée de Rob Reiner pour le réaliser, Robert Redford décide de quitter le projet, en raison de « divergences artistiques ». Si ce dernier déclare que Rob Reiner voulait axer Le Président et Miss Wade sur la politique, d’autres témoins déclarent que la mésentente entre les deux hommes serait à l’origine du départ de Robert Redford. Nous ne perdons pas au change, car Michael Douglas s’avère magnifique dans la peau du président Andrew Shepherd, homme veuf, au pouvoir depuis trois ans, père d’une jeune adolescente, tenaillé entre son désir de se représenter (nous sommes à un an des élections) et celui de refaire sa vie, puisqu’il vient de tomber amoureux de Sydney Ellen Wade, incarnée par la lumineuse Annette Bening. Par l’élégance de sa mise en scène, la virtuosité de son scénario et ses dialogues qui fusent à cent à l’heure, Le Président et Miss Wade renvoie forcément au cinéma de Frank Capra, Howard Hawks et George Cukor, références qui ont toujours imprégné le travail d’Aaron Sorkin. Aujourd’hui, The American President est devenu un opus qu’on a beaucoup de plaisir à revoir, ne serait-ce que pour le charme de son couple star et son casting quatre étoiles.

Le président démocrate Andrew Shepherd (Michael Douglas) se prépare à se représenter aux élections. Lui et son équipe, dirigée par son chef de cabinet et meilleur ami AJ MacInerney (Martin Sheen), tentent de consolider le taux d’approbation de 63% de l’administration en adoptant un projet de loi modéré sur le contrôle de la criminalité. Cependant, le soutien sur cette affaire dans les deux partis est tiède : les conservateurs la rejettent et les libéraux la jugent trop faible. Si le projet est adopté, cependant, la réélection de Shepherd est présumée être garantie. Shepherd décide de l’annoncer et d’avoir le soutien du Congrès pour l’adopter, par son discours sur l’état de l’Union. Shepherd rencontre Sydney Ellen Wade (Annette Bening), une avocate employée par une société de lobbying environnemental qui s’efforce d’adopter une législation visant à réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone. Au cours d’une réunion, Shepherd conclut un accord avec Wade : si elle peut lui obtenir 24 votes pour le projet de loi environnemental avant son discours sur l’état de l’Union, il trouvera les 10 derniers votes. MacInerney pense que Wade ne parviendra pas à obtenir suffisamment de voix, libérant ainsi Shepherd de toute responsabilité si le projet de loi échoue. Shepherd et Wade tombent amoureux. Le sénateur Bob Rumson (Richard Dreyfuss), candidat à la présidence et donc adversaire, intensifie ses attaques, se concentrant sur le passé militant de Wade et calomniant l’éthique et les valeurs familiales de Shepherd. Le refus du président de réfuter les calomnies de Rumson abaisse ses cotes d’approbation et érode le soutien politique crucial qui menace le projet de loi sur la criminalité.

Du haut de ses cinquante ans, qu’il porte admirablement bien, Michael Douglas est absolument parfait dans la peau de ce président « jeune » et énergique, auquel un veuvage précoce a apporté un surcroît de sympathie et de popularité. Sur le point de briguer un second mandat, il est décidé à faire voter deux amendements qui engageront à la fois son avenir politique et celui de son pays. Le premier concerne la vente des armes à feu, le second limite l’usage des combustibles polluants. Dès son apparition, le montrant dans sa routine quotidienne, entourée par son cercle restreint, ses plus proches conseillers, déambulant dans les couloirs de la Maison-Blanche, jusqu’au légendaire bureau Ovale, le spectateur s’attache à ce personnage, droit comme un i, mais aussi léger et bondissant, ayant de la répartie et beaucoup d’humour. Il est à sa place, personne ne peut contredire cela et Michael Douglas est totalement à son aise et crédible dans la peau du chef du pouvoir exécutif.

Immédiatement, la plume magistrale d’Aaron Sorkin (déjà scénariste sur Des hommes d’honneur de Rob Reiner) expose les enjeux politiques et intimes. Outre le fait que Shepherd n’a personne dans sa vie, on comprend facilement que le projet de loi du personnage principal doit être appuyé. De ce fait, la puissante organisation écologique Global Defense Council engage une lobbyiste dynamique et influente, l’avocate Sydney Ellen Wade. Le président, qui reçoit la jeune femme à la Maison-Blanche, lui trouve tout de suite beaucoup de charme. Aucun effet appuyé, tout passe par le jeu impérial des deux comédiens, ainsi que par les dialogues, abondants comme toujours chez Aaron Sorkin, mais jamais plombants (comme ce sera malheureusement le cas pour The Social Network de David Fincher), mais qui emportent les spectateurs dans un typhon ininterrompu d’émotions et d’humour.

De son côté, Rob Reiner reprend du poil de la bête après le four de L’Irrésistible North l’année précédent, six fois nommé aux Razzie Awards et considéré comme l’un des pires films des années 1990. Le Président et Miss Wade connaîtra une belle carrière dans les salles avec près de 110 millions de dollars de recette dans le monde et réconciliera le réalisateur de Stand by Me, Quand Harry rencontre Sally et Misery avec la critique et le public. Rétrospectivement, le cinéaste signe l’un de ses travaux les plus aboutis et se voit solidement épaulé par le chef opérateur John Seale (Le Journal de Ron Howard, Lorenzo de George Miller, Witness de Peter Weir, Le Survivant d’un monde parallèle de David Hemmings) dont les partis-pris apportent cette impression de « conte de fée réaliste » propre aux comédies romantiques, ainsi que par un montage au cordeau de Robert Leighton, complice de Rob Reiner, qui participe au rythme soutenu du film et renforce encore plus l’impact des répliques d’Aaron Sorkin, qui font parfois l’effet d’échanges de coups de poing entre les protagonistes. Outre Michael Douglas et Annette Bening, le reste de la distribution est à se damner, de Martin Sheen à Michael J. Fox, en passant par l’adorable Samantha Mathis, le génial David Paymer (spécialiste de la rubrique On ne sait jamais comment ils s’appellent) et le grand Richard Dreyfuss, qui s’amuse à en rajouter dans le côté machiavélique de son personnage républicain.

Il arrive donc qu’Hollywood parvienne à retrouver ce qui faisait le sel et le mordant des chefs d’oeuvre des années 1940-50, qui ont assuré leur pérennité. Bientôt trente ans que Le Président et Miss Wade est sorti sur les écrans et le film de Rob Reiner, largement nommé aux Golden Globes en 1996, est déjà devenu un vrai petit classique du genre. De son côté, Aaron Sorkin réutilisera quatre ans plus tard moult idées abandonnées pour Le Président et Miss Wade pour créer la série À la Maison-Blanche.

LE BLU-RAY

On attendait Le Président et Miss Wade atterrir dans la besace d’Elephant Films, spécialisé dans le catalogue Universal. Contre toute attente, le film de Rob Reiner débarque dans une nouvelle édition DVD et pour la première fois en Blu-ray en France chez Rimini Editions. Le disque HD repose dans un boîtier classique de couleur noire glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément est un entretien avec Mathieu Demaure (32’), auteur du premier livre consacré à Aaron Sorkin, Trajectoires d’Aaron Sorkin (chez LettMotif), dont nous retrouvons un flyer promo glissé dans le boîtier. On excuse les hésitations récurrentes et les maladresses de cette présentation, car les propos de Mathieu Demaure sont malgré tout intéressants et donnent de très nombreuses informations, tant sur la carrière du scénariste et dramaturge, que sur le film qui nous intéresse aujourd’hui. La genèse du Président et Miss Wade, le départ de Robert Redford suite à l’arrivée de Rob Reiner, la touche « Sorkin », la psychologie des personnages, le travail d’Aaron Sorkin pour la télévision (A la Maison-Blanche bien sûr), ses thèmes de prédilection et d’autres éléments sont au coeur de ce module instructif.

Le deuxième bonus est extrait de la série Hollywood’s Best Film Directors, consacré ici à Rob Reiner (2009-25’35). Ce dernier revient sur l’ensemble de sa carrière, sur ses débuts, sur ses diverses collaborations, sur ses rencontres déterminantes, sur ses références (François Truffaut, Stanley Kubrick, Woody Allen…) et sur ses plus grands films. Le réalisateur partage de nombreuses anecdotes de tournage, tandis que diverses images de plateau illustrent ses propos. Durant ce supplément, Rob Reiner déclare que Le Président et Miss Wade est sans doute le film dont il est le plus fier.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Rimini Editions semble avoir repris le master HD édité aux Etats-Unis par Warner Bros. il y a dix ans. Cette édition Blu-ray sied à ravir à la superbe photographie du mythique John Seale (Hitcher, Rain Man, Gorilles dans la brume, Le Cercle des poètes disparus, Le Patient anglais…), même si la copie a déjà quelques heures de vol. Cela se voit notamment au niveau de la texture argentique, aléatoire, parfois trop lissée ou au contraire trop appuyée sur les scènes tamisées, ainsi que les poussières diverses visibles ici et là du début à la fin. Néanmoins, l’ensemble demeure propre, stable, les couleurs sont clinquantes, les noirs denses, les contrastes léchés et le cadre large regorge de détails toujours appréciables, ce qui permet d’apprécier l’impressionnante reconstitution de la Maison-Blanche. Blu-ray au format 1080p.

La version originale bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 plutôt impressionnante, qui sait environner le spectateur grâce à une spatialisation intelligente du score de Marc Shaiman aux moments opportuns. L’exploitation frontale est dense et riche, les dialogues exsudés avec force par la centrale et les ambiances naturelles ne manquent jamais sur toutes les séquences en extérieur. De son côté, la version française doit se contenter d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 (format également disponible pour la VO), dynamique et au doublage excellent. Chose amusante, si Michael Douglas est toujours doublé par le grand et regretté Patrick Floersheim, Annette Bening est quant à elle doublée par Micky Sébastian, qui prêtait sa voix à…Sharon Stone dans Basic Instinct. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Universal Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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