Test Blu-ray / La Peine du talion, réalisé par Henry Levin

LA PEINE DU TALION (The Man from Colorado) réalisé par Henry Levin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Glenn Ford, William Holden, Ellen Drew, Ray Collins, Edgar Buchanan, Jerome Courtland, James Millican, Jim Bannon…

Scénario : Robert D. Andrews & Ben Maddow, d’après une histoire originale de Borden Chase

Photographie : William E. Snyder

Musique : George Duning

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

De retour à la vie civile, Owen Devereaux, colonel de l’armée nordiste devient juge. Particulièrement sévère, le magistrat se met à dos les administrés de la petite ville où il officie. Son ancien adjoint Del Stewart, devenu shérif, rejoint bientôt les contestataires. Sa propre femme le quitte pour Del. Ivre de fureur, il se lance à leur poursuite.

Henry Levin (1909-1980) n’est pas un réalisateur qui a marqué l’histoire du cinéma, mais assurément l’esprit des spectateurs avec son chef d’oeuvre, Voyage au centre de la terreJourney to the Center of the Earth (1959), sublime adaptation du roman éponyme de Jules Verne, avec James Mason et Arlene Dahl. Ancien dialoguiste de renom pour le compte de la Columbia, le studio l’embauche comme metteur en scène. Eclectique et prolifique, passant du western au film noir ou aux récits d’aventures, Henry Levin démontrera son savoir-faire technique dans tous les genres, à défaut d’avoir su imposer une vision, un point de vue ou une âme. On peut citer en vrac trois comédies Un mari en laisse (1962) avec Sandra Dee, Come Fly with Me (1963) avec Karlheinz Böhm et Honeymoon Hotel (1964) avec Robert Goulet (sans sa moustache), la co-production américano-anglo-germano-yougoslave d’aventure Genghis Khan (1965) avec Omar Sharif (avec et sans moustache) et Françoise Dorléac, ou deux opus de la franchise Matt Helm avec Dean Martin (Bien joué Matt HelmMurderers’ Row et Matt Helm traqué The Ambushers, 1966-1967). Mais c’est dans le western qu’Henry Levin s’illustrera aussi avec Natchez The Gambler from Natchez (1954), La Haine des desperadosThe Desperados (1969) et bien avant cela avec La Peine du talion The Man from Colorado (1948). Si cette fois encore ce dernier ne brille pas par sa mise en scène, ce western vaut tout de même le coup d’oeil pour l’affrontement de ses deux têtes d’affiche, Glenn Ford (1916-2006) et William Holden (1918-1981), surtout pour le premier qui incarne un personnage froid comme la glace, impitoyable et sadique. William Holden n’a sans doute rien à lui envier certes, mais son rôle demeure classique dans le genre et il se laisse souvent voler la vedette par son partenaire, qui s’impose avec son visage fermé et son regard fiévreux. Par ailleurs, les deux comédiens s’étaient déjà donné la réplique sept ans auparavant dans Texas de George Marshall. Si le rythme est quelque peu poussif et que la première partie est plus réussie que la seconde, La Peine du talion reste un western qui a plus d’un atout dans sa manche pour attirer le spectateur friand du genre.

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Test DVD / Eva en août, réalisé par Jonás Trueba

EVA EN AOÛT (La Virgen de agosto) réalisé par Jonás Trueba, disponible en DVD le 20 janvier 2021 chez Arizona Distribution.

Acteurs : Itsaso Arana, Vito Sanz, Isabelle Stoffel, Joe Manjón, María Herrador, Luis Alberto Heras, Mikele Urroz, Naiara Carmona…

Scénario : Itsaso Arana & Jonás Trueba

Photographie : Santiago Racaj

Musique : Soleà Morente

Durée : 2h04

Année de sortie : 2020

LE FILM

Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s’écoulent dans une langueur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme.

Tous les ans au cinéma, apparaissent de nouveaux visages qui foudroient les sens. Une grâce, un érotisme latent, une douceur, un spleen qui donnent envie de traverser l’écran pour aller faire un bout de chemin avec un personnage. Dans Eva en août La Virgen de agosto, le cinquième long-métrage du réalisateur Jonás Trueba (né en 1981), Itsaso Arana s’impose instantanément. Sa peau diaphane, ses yeux de biche, ses lèvres couleur cerise, ses belles hanches noyées sous un jean taille haute. Une réaction chimique se crée d’emblée et le spectateur comprend que suivre ce personnage sera comme une parenthèse enchantée, où l’on prend Eva à un moment de son existence, et où on la laissera disparaître du cadre, sans tenter de la poursuivre, en lui souhaitant le meilleur. Et l’on ne se trompe pas. Inspiré par le cinéma d’Éric Rohmer, en particulier par le fabuleux Rayon vert, Eva en août est un magnifique portrait de femme qui arrive à un carrefour de sa vie, celui d’un premier bilan, où l’adolescence s’est bel et bien envolé pour laisser place à certains questionnements existentiels, comme le désir de maternité. Cette madrilène pur jus ne peut quitter Madrid (filmée comme un personnage à part entière) comme la plupart des habitants de la ville qui veulent échapper à la chaleur. Un carton en introduction indique que si Madrid se vide, ceux qui ne peuvent prendre la poudre d’escampette se mêlent aux touristes dans quelques bals populaires et pour participer aux trois fêtes du mois d’août, celles de San Cayetano, San Lorenzo et la Vierge de Paloma. Parmi ces fêtards, Eva, qui va bientôt avoir 33 ans, profite de l’été pour changer de quartier et s’installe pour le mois d’août dans l’appartement d’un ami, histoire de voir la ville sous un autre angle, peut-être pour la première fois. Nous suivrons donc Eva du premier au quinze août, à travers ses déambulations dans Madrid, au fil de ses rencontres, partageant avec elle les instants de légèreté, d’introspection, d’espoir et d’ennui, sans jamais la lâcher une seconde. Eva, c’est Itsaso Arana, également coscénariste avec Jonás Trueba, déjà à l’affiche de La Reconquista (2016) du même cinéaste, l’une des plus grandes révélations de l’année 2020. Une chose est sûre, on ne pourra pas oublier le personnage d’Eva après la projection et Eva en août est un film qui restera aussi bien dans la tête que dans le coeur.

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Test Blu-ray / Magic, réalisé par Richard Attenborough

MAGIC réalisé par Richard Attenborough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 12 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph…

Scénario : William Goldman, d’après son roman

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h47

Année de sortie : 1978

LE FILM

Corky est magicien et ventriloque. Il devient célèbre en faisant des tours de magie avec « Fats », la marionnette qu’il manipule sur scène et qui est à la fois son complice et un double de lui-même. « Fats » dit tout haut les pensées secrètes de Gorky et fait rire les spectateurs. A un moment critique de sa carrière, Corky fait un break et se retire à la campagne pour retrouver Peggy, l’amour de sa jeunesse. Progressivement, Fats prend l’ascendant sur son maître et lui dicte sa conduite.

Si Anthony Hopkins est devenu une star planétaire pour son rôle d’Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs (1991) de Jonathan Demme, il aurait tout aussi bien pu le devenir près de quinze ans auparavant grâce à son extraordinaire prestation dans le désormais culte Magic, réalisé en 1978 par Richard Attenborough. Le thème du lien étroit, voire fusionnel entre un marionnettiste – ventriloque et sa créature avait déjà inspiré le cinéma, à l’instar de The Unholy Three (1925) de Tod Browning, avec Lon Chaney (qui reprendra le même rôle dans un remake éponyme réalisé par Jack Conwey en 1930), The Great Gabbo (1929) avec Erich von Stroheim dans le rôle-titre (ainsi que coréalisateur non mentionné), l’un des sketches – celui mis en scène par Alberto Cavalcanti – du film collectif Au coeur de la nuit Dead of Night (1945), la comédie Un grain de folieKnock on Wood (1954) du tandem Melvin Frank et Norman Panama, avec Danny Kaye, sans oublier La Poupée diabolique Devil Doll (1964) de Lindsay Shonteff. Bien avant Dead Silence de James Wan (2007) et autres poupées meurtrières à la Puppet Master, Magic, reste encore une référence du genre épouvante, une immense réussite, génialement filmé par un Richard Attenborough (1923-2014) pourtant peu emballé au départ et qui a surtout accepté contre la promesse qu’on le laisse faire Ghandi par la suite, et magi(c)stralement interprété par Anthony Hopkins, diablement charismatique. Ce bijou parvient à rendre réaliste son pantin avec une économie de moyens, grâce à une indéniable maîtrise du cadre (gros plans remarquables) et du rythme, tout comme le sérieux avec lequel le cinéaste, qui revenait à un sujet plus intimiste après trois grosses machines (Ah Dieu ! Que la guerre est jolieOh ! What A Lovely War, Les Griffes du Lion Young Winston et Un pont trop loin A Bridge Too Far, 1969, 1972, 1977) aborde cette histoire.

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Test Blu-ray / Les Charognards, réalisé par Don Medford

LES CHAROGNARDS (The Hunting Party) réalisé par Don Medford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Oliver Reed, Gene Hackman, Candice Bergen, Simon Oakland, Mitchell Ryan, Ronald Howard, L.Q. Jones, William Watson…

Scénario : William W. Norton, Gilbert Alexander & Lou Morheim

Photographie : Cecilio Paniagua

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Redoutés dans toute la région, Frank Calder et sa bande de hors-la-loi font irruption dans le comté de Ruger, Texas. Son but : enlever une institutrice qui lui apprendrait à lire et écrire. Il ignore encore que son otage, la belle Melissa, est l’épouse de Brandt Ruger, le maître de la région qui ne connaît qu’une réponse : la loi du plus fort. Et, à la tête d’une petite armée, il se lance sur les traces de Calder et de ses hommes, déterminés à leur faire définitivement mordre la poussière…

En 1971, l’âge d’or du western américain est bel et bien révolu. Le Nouvel Hollywood est en plein essor et surtout le genre tel que nous l’avons connu a depuis été trituré, digéré, parodié même en Italie depuis l’avènement et le triomphe d’On l’appelle Trinita Lo chiamavano Trinità… d’Enzo Barboni en 1970. Les CharognardsThe Hunting Party, réalisé par Don Medford, arrive un peu par surprise en 1971 et s’avère non seulement un western très réussi, mais aussi sérieux, frontal, marqué par la violence emblématique de l’époque et tout droit héritée – entre autres – par les œuvres de Sam Peckinpah, en particulier La Horde Sauvage The Wild Bunch (1969), qui reste à n’en point douter LA référence du genre. Une fois n’est pas coutume, le titre français, Les Charognards donc, est très bien choisi et caractérise bien les personnages du film, même si l’intrigue révélera très vite que les rapaces ne sont pas ceux qu’on attendait. The Hunting Party est évidemment plus explicite, puisque le film oppose deux camps, l’un étant pris en chasse par l’autre, autrement dit Oliver Reed et sa bande poursuivis par Gene Hackman et les siens. Au centre, l’objet de cette traque, une femme, interprétée par la superbe Candice Bergen. Et c’est parti pour une poursuite de près de deux heures, marquée par quelques explosions impressionnantes de rage et d’animalité, parcourue par une réelle réflexion sur le caractère primitif de l’être humain, de l’homme plutôt, teintée d’humour (la célèbre séquence des pêches ingurgitées) et même d’émotions complètement inattendues. Un western à ne surtout pas manquer.

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Test Blu-ray / La Maison de la mort, réalisé par James Whale

LA MAISON DE LA MORT – UNE SOIRÉE ÉTRANGE (The Old Dark House) réalisé par James Whale, disponible en Blu-ray le 27 janvier 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Boris Karloff, Gloria Stuart, Melvyn Douglas, Charles Laughton, Elspeth Dudgeon, Lilian Bond, Ernest Thesiger…

Scénario : Benn W. Levy d’après le roman de J.B. Priestley

Photographie : Arthur Edeson

Durée : 1h12

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Surpris par un orage et une pluie diluvienne, des voyageurs égarés trouvent refuge dans une demeure lugubre, appartenant à l’étrange famille Femm. Ils y rencontrent d’inquiétants personnages : Horace, le blafard maître de maison, sa soeur Rebecca, sourde et religieuse obsessionnelle, ou encore Morgan, le domestique défiguré et muet, sujet à des crises de violence lorsqu’il boit. L’atmosphère est lourde et menaçante, la nuit s’annonce bien longue…

La Maison de la mort, également connu sous le titre Une soirée étrange, est un autre chef d’oeuvre de James Whale caché derrière son monument Frankenstein (1931). Réalisé juste avant L’Homme invisible (1933) et La Fiancée de Frankenstein (1935), The Old Dark House, sorti en 1932 et adapté du roman Dans la nuit de J. B. Priestley, réunit Melvyn Douglas, Charles Laughton, Ernest Thesiger et la superbe Gloria Stuart. Cette dernière est bien connue des spectateurs, même s’ils ne connaissent pas obligatoirement son nom, puisque l’actrice incarnera Rose âgée dans Titanic de James Cameron 65 ans plus tard ! Mais celui qui parvient à s’élever au-dessus du lot n’est autre que Boris Karloff, qui une fois de plus transcende un personnage en apparence limité grâce à son charisme hors-normes et son immense talent. Par ailleurs, le producteur Carl Laemmle Jr. a tenu à laisser une note d’intention à l’audience en avant-programme « Le Boris Karloff dans ce film est le même comédien qui a créé le monstre de Frankenstein. Cette explication vise à éviter tout litige éventuel, même si de tels litiges constituent un hommage à la grande versatilité de l’acteur ». Un message « nécessaire » si certains spectateurs auraient dans l’idée de se faire rembourser après la projection s’ils avaient vu le film sans reconnaître le comédien, il est vrai méconnaissable, mais sensationnel.

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Test Blu-ray / The Two Jakes, réalisé par Jack Nicholson

THE TWO JAKES réalisé par Jack Nicholson, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Rubén Blades, Frederic Forrest, David Keith, Joe Mantell, James Hong…

Scénario : Robert Towne

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 2h17

Année de sortie : 1990

LE FILM

A Los Angeles, en 1948, le promoteur immobilier Jake Berman s’attache les services du détective privé Jake Gittes pour déterminer la fidélité de sa femme Kitty. Les deux hommes mettent un plan sur pied et surprennent Kitty en flagrant délit d’adultère mais Gittes ne s’attendait pas à ce que Berman assassine l’amant de sa femme sous ses yeux.

Sorti en 1990, The Two Jakes est une curiosité à plus d’un titre. Premièrement, il s’agit d’une des rares fois où Jack Nicholson retrouve l’un de ses personnages pour la suite d’un de ses précédents succès, en l’occurrence ici celui de Jake Gittes, apparu seize ans plus tôt dans le triomphal Chinatown de Roman Polanski, l’autre étant Garrett Breedlove du diptyque Tendres PassionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks et Étoile du soirThe Evening Star (1996) de Robert Harling. Deuxièmement, The Two Jakes est aussi l’un des films mis en scène par Jack Nicholson lui-même, à ce jour son troisième et dernier, après Vas-y, fonceDrive, He Said (1971) et En route vers le sudGoin’ South (1978), son quatrième si l’on tient compte de sa participation non créditée aux côtés de Roger Corman pour l’excellent L’Halluciné The Terror sorti en 1963. Bon, maintenant il est vrai que nous n’attendions sûrement pas cette séquelle du chef d’oeuvre absolu qui avait reçu onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975, dernier film de Roman Polanski tourné aux États-Unis et récompensé de nombreuses fois, y compris par l’Oscar du meilleur scénario original, quatre Golden Globes et trois BAFTA. Ce qu’on oublie parfois, c’est qu’au début des années 1990, Jack Nicholson domine Hollywood grâce à son rôle du Joker qu’il vient d’incarner dans le Batman de Tim Burton. Il avait en effet accepté de participer à ce film sous certaines conditions, autrement dit un salaire mirobolant, mais aussi et surtout une partie des recettes du box office et des produits issus du merchandising. Batman devient le plus gros succès de l’année 1989 et l’ami Jack peut faire ce qu’il souhaite à l’âge de 52 ans. Contre toute attente, le comédien décide de repasser derrière la caméra et de reprendre le costume trois-pièces du détective privé Jack Gittes, pour la suite inattendue de Chinatown. The Two Jakes est également écrit par le scénariste Robert Towne (le script était d’ailleurs prêt depuis 1984), qui très tôt avait pensé faire une trilogie autour de ce personnage. Forcément, on ne peut s’empêcher de comparer The Two Jakes à son modèle, mais il apparaît vite que la mise en scène de Jack Nicholson ne peut rivaliser avec celle de Roman Polanski. Toutefois, ce film néo-noir comporte quelques éléments intéressants et même si l’intrigue demeure foncièrement obscure, pour ne pas dire hermétique, The Two Jakes mérite bien qu’on s’y attarde au moins une fois.

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Test Blu-ray / Les 4 Fils de Katie Elder, réalisé par Henry Hathaway

LES 4 FILS DE KATIE ELDER (The Sons of Katie Elder) réalisé par Henry Hathaway, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : John Wayne, Dean Martin, Michael Anderson Jr., Earl Holliman, George Kennedy, Dennis Hopper, Martha Hyer, Jeremy Slate…

Scénario : William H. Wright, Allan Weiss & Harry Essex

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h02

Année de sortie : 1965

LE FILM

Les quatre fils de Katie Elder sont réunis à Clearwater, Texas, pour l’enterrement de leur mère. Ils découvrent que celle-ci était dans la misère. Leur père avait perdu son ranch au jeu, un jeu truqué, avant d’être assassiné par Morgan Hastings. Les frères mènent alors l’enquête…

Quand on évoque Henry Leopold de Fiennes alias Henry Hathaway (1898-1985), on pense immédiatement au Carrefour de la mortKiss of Death (1947), L’Attaque de la malle-posteRawhide (1951), Niagara (1953), Prince Vaillant Prince Valiant (1954), Le Plus Grand Cirque du mondeCircus World (1964), Nevada Smith (1966) et bien évidemment à Cent dollars pour un shérif True Grit (1969) qui aura valu à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur et qui connaîtra un remake éponyme réalisé en 2010 par les frères Coen. Étrangement et malgré son triomphe en 1965, Les Quatre Fils de Katie Elder The Sons of Katie Elder est souvent oublié aujourd’hui dans la longue (42 ans) et prolifique (près de 70 longs-métrages) carrière du cinéaste. C’est un film qui donne envie d’écrire une lettre d’amour au cinéma. Celui que l’on regarde avec des yeux émerveillés, qui accroche un sourire aux lèvres des spectateurs pendant deux heures, même durant les moments émouvants, car ce qui est beau rend heureux. Les Quatre Fils de Katie Elder est un film fantastique, où chaque plan est sublime, où les comédiens – John Wayne en tête – sont extraordinaires, où chaque réplique fait mouche, où l’émotion, la mélancolie et l’humour arrivent toujours là où on s’y attend le moins, qui offre une évasion doublée d’un voyage dans le temps, tout en conservant une folle modernité près de soixante ans après sa sortie. C’est un film dont on voudrait parler partout et conseiller à n’importe qui. C’est ça le vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Retour vers l’enfer, réalisé par Ted Kotcheff

RETOUR VERS L’ENFER (Uncommon Valor) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Gene Hackman, Fred Ward, Randall « Tex » Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester, Tim Thomerson, Robert Stack, Gail Strickland, Jane Kaczmarek, Barret Oliver…

Scénario : Joe Gayton

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : James Horner

Durée : 1h45

Année de sortie : 1983

LE FILM

Vietnam, 1972. Les opérations de sauvetage de troupes par l’armée américaine devenant de plus en plus dangereuses, certains soldats sont laissés sur place. Le colonel Rhodes est persuadé que son fils n´est pas mort au Vietnam mais qu´il est prisonnier dans un camp. Dix ans plus tard, il réunit quelques compagnons pour aller libérer son fils.

Pour la plupart des cinéphiles, William Theodore Kotcheff alias Ted Kotcheff (né en 1931), canadien fils d’émigrés bulgares passé à la mise en scène en 1962, est le réalisateur du mythique premier volet de la saga Rambo, First Blood pour les puristes. Pour les amateurs de pépites, c’est aussi le cinéaste des comédies cultissimes Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs (1978), mais aussi du frappadingue Wake in FrightRéveil dans la terreur (1971) ! Quasiment un an après Rambo, First Blood, le cinéaste se penchait à nouveau sur le sujet du Vietnam avec Retour vers l’enfer Uncommon Valor, qui anticipait étrangement sur le Rambo 2 : la mission de George Pan Cosmatos qui sortira deux ans plus tard, puisque le film traite des soldats américains toujours détenus au Vietnam dix ans après le retour des derniers prisonniers. A l’instar du premier volet de la franchise Rambo, qui d’ailleurs n’était pas encore une saga au moment où sort Retour vers l’enfer, Ted Kotcheff privilégie l’émotion, la réflexion et l’humour, même si les amateurs d’action et de films de guerre en auront pour leur argent, surtout dans le dernier acte du film. Uncommon Valor est avant tout le portrait d’un homme fracassé par la disparition de son fils au Vietnam au début des années 1970, alors que ses camarades sont rentrés au bercail. Ce père traumatisé est incarné par l’immense Gene Hackman, aussi bad-ass sur le terrain que bouleversant quand son personnage s’accroche à cette idée qu’il retrouvera son fils et qu’il le serrera encore dans ses bras. Le comédien est savamment épaulé par une équipe de durs à cuire. L’alchimie entre tous les acteurs est réelle et participe à la belle immersion proposée par Retour vers l’enfer, grand divertissement excellemment réalisé, produit par John Milius (qui a sûrement participé au scénario, même s’il n’est pas crédité) et finement écrit, loin du caractère bourrin et éminemment patriote des opus du genre qui fleuriront au cours des années Reaganiennes.

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Test Blu-ray / Forfaiture, réalisé par Marcel L’Herbier

FORFAITURE réalisé par Marcel L’Herbier, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Victor Francen, Sessue Hayakawa, Louis Jouvet, Lise Delamare, Lucas Gridoux, Eve Francis, Lucien Nat, Pierre Magnier…

Scénario : Jean-Georges Auriol & Jacques Companéez, d’après le film Forfaiture – The Cheat de Cecil B. DeMille (1915) et le roman d’Hector Turnbull

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h40

Année de sortie : 1937

LE FILM

Denise Moret se rend en Mongolie pour rejoindre Pierre, son mari, ingénieur sur un chantier. Après avoir perdu une grosse somme au jeu, Denise emprunte de l’argent au prince Lee-Lang. Celui-ci lui fait des avances qu’elle repousse. Le prince décide de se venger.

Même s’il a souvent eu quelques grandes vedettes devant sa caméra, le cinéaste impressionniste et avant-gardiste Marcel L’Herbier (1888-1979) est resté la star de ses films. En effet, près de 85 ans après sa sortie dans les salles, la virtuosité de la mise en scène de Forfaiture, film qui nous intéresse aujourd’hui, reste vraiment époustouflante. Les mouvements audacieux et élégants de sa caméra, vraisemblablement hérités de la période muette du réalisateur (L’Argent, immense chef-d’oeuvre) sont hallucinants, d’une extraordinaire fluidité, loin du théâtre filmé dans lequel il aurait pu tomber et transcendent un scénario somme toute conventionnel. On en prend plein les yeux. Hommage et remake du film éponyme réalisé par Cecil B. DeMille en 1915, The Cheat en version originale, qui aurait été un tel choc dans la vie du réalisateur qu’il aurait été l’origine de sa vocation, Forfaiture de Marcel L’Herbier est et demeure un superbe objet de cinéma, d’une qualité stylistique ahurissante.

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Test Blu-ray / La Vengeance de Siegfried, réalisé par Harald Reinl

LA VENGEANCE DE SIEGFRIED (Die Nibelungen) réalisé par Harald Reinl, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Uwe Beyer, Karin Dor, Rolf Henniger, Siegfried Wischnewski, Maria Marlow, Hans von Borsody, Terence Hill, Herbert Lom, Fred Williams, Dieter Eppler…

Scénario : Harald G. Petersson, Harald Reinl & Ladislas Fodor

Photographie : Ernst W. Kalinke

Musique : Rolf A. Wilhelm

Durée : 2h42

Année de sortie : 1966

LE FILM

Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l’invincibilité. Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable. Il se rend ensuite à la cour des Nibelungen, chez le roi Gunther, où il va tomber amoureux de la belle Krimhilde, la sœur du roi. Ce dernier devant repousser une attaque des Saxons, Siegfried va lui prêter main forte. Ses exploits l’amèneront au statut immortel de héros.

Certains cinéphiles pointus connaissent le diptyque de Fritz Lang réalisé en 1924, La Mort de Siegfried, suivi de La Vengeance de Kriemhilde, inspiré par le mythe allemand des Nibelungen. Une fresque de six heures qui demeure la grande référence sur le sujet. Néanmoins, dans les années 1960, le cinéma allemand décide de revenir à cette légende, la légendaire Chanson des Nibelungen, épopée médiévale composée au XIIIe siècle, narrant entre autres la construction de l’Allemagne. Sur une durée de près de trois heures, pensé en deux actes bien distincts, La Vengeance de Siegfried Die Nibelungen est pour ainsi dire un véritable blockbuster, magistralement réalisé par Harald Reinl (1908-1986), réalisateur mythique, prolifique et éclectique (tous les genres et sous-genres sont représentés dans sa filmographie), passé à la postérité avec Le Retour du docteur MabuseIm Stahlnetz des Dr. Mabuse (1961) et L’Invisible docteur MabuseDie unsichtbaren Krallen des Dr. Mabuse (1962), ainsi que la célèbre série des Winnetou avec Pierre Brice dont il réalisera cinq épisodes, y compris les trois premiers qui populariseront la franchise qui sera constituée au final de douze longs-métrages, une série et un téléfilm. Également l’un des fondateurs du Krimi, autrement dit du polar allemand qui commençait à fleurir dans les salles, Harald Reinl se voit confier cette énorme coproduction germano-yougo-hispano-islandaise, La Vengeance de Siegfried, Première partie : La Mort de Siegfried – Die Nibelungen, Teil 1: Siegfried et La Vengeance de Siegfried, Deuxième partie : La Vengeance de Kriemhild – Die Nibelungen, Teil 2: Kriemhilds Rache. Immense spectacle, bourré de magie, de combats, d’émotions, de conspirations, La Vengeance de Siegfried n’a pas pris de rides et reste toujours aussi efficace et très beau à regarder.

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