Test DVD / Grand froid, réalisé par Gérard Pautonnier

GRAND FROID réalisé par Gérard Pautonnier, disponible en DVD le 7 novembre 2017 chez Diaphana

Acteurs :  Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Féodor Atkine, Sam Karmann, Philippe Duquesne…

ScénarioGérard Pautonnier, Joël Egloff d’après son roman « Edmond Ganglion & Fils » (Gallimard)

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Christophe Julien

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco.

Vous savez chez nous c’est très simple ou ça bat, ou ça bat plus et là en l’occurrence, ça bat !

Sans faire de mauvais jeux de mots, Grand froid agit comme un vent de fraîcheur sur le cinéma français ! Venu de la publicité et de la télévision (la série Samantha, oups!) et remarqué en 2015 avec son court-métrage L’Etourdissement, adapté du roman de Joël Egloff et primé dans de nombreux festivals en France et à l’étranger, Gérard Pautonnier signe son premier long métrage Grand froid, également inspiré d’un livre du même auteur. Pour ce film, le réalisateur retrouve les comédiens Arthur Dupont et Philippe Duquesne, mais offre surtout à l’immense Jean-Pierre Bacri l’un de ses meilleurs personnages depuis près de quinze ans. Cocktail insolite entre le Fargo des frères Coen, les films d’Aki Kaurismäki, le western italien à la Sergio Leone et le cinéma inclassable de Bouli Lanners, Grand froid est une comédie-dramatique qui détonne dans le panorama cinématographique hexagonal.

Les affaires ne sont pas bonnes pour Edmond zweck, patron d’une entreprise de pompes funèbres qui périclite dans une petite ville. Il a dû se séparer d’une partie de son personnel. Il est secondé par Georges et Eddy, un jeune homme plein de bonne volonté mais sans expérience. L’embellie survient quand on demande à l’équipe de s’occuper d’un mort. Alors qu’il transporte le corps, direction le cimetière, elle se perd et surtout perd de vue la famille qui suivait le convoi. Edmond, Georges et Eddy vont tout tenter pour retrouver leur chemin et mener à bien leur mission.

La mort, ce n’est pas contagieux, c’est héréditaire.

Cette transposition du premier roman de Joël Egloff, Edmond Ganglion & fils, publié en 1999 chez Gallimard, qui contrairement au film se déroule durant un été caniculaire, est empreint d’un humour noir cynique, typique du cinéma anglo-saxon. Avec ses personnages de croque-morts fatigués, Olivier Gourmet dépassé par les événements et en attente d’un coup de fil de sa fille, Jean-Pierre Bacri moumouté qui passe ses journées à chercher son épitaphe à inscrire sur son caveau, et Arthur Dupont, jeune trentenaire déjà voûté par sa condition, Gérard Pautonnier met en scène un road-movie inattendu en corbillard, joliment absurde et très attachant. En se mettant à la recherche d’un cimetière introuvable, Georges (Bacri), 40 ans de métiers, amer et proche de la retraite et Eddy (Dupont), novice quelque peu paumé, vont faire le point sur leurs situations respectives et surtout apprendre à se connaître, en parlant de la mort, comme d’habitude, mais aussi de la vie, ce qu’ils sont moins habitués à faire.

Il y a deux métiers incontournables : la sage-femme et le fossoyeur. La première accueille, le second raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.

Ces récits initiatiques se déroulent lentement – ce qui vaut quelques soucis de rythme – sur l’asphalte glacé qui traverse de vastes paysages enneigés, désolés et boisés (le film a été tourné en Pologne), comme si la route qu’ils suivaient ne menait nulle part, sauf au carrefour de leur propre existence. Mais c’était sans compter la présence du cadavre d’un homme pas vraiment mort. Sur la forme, la photo de Philippe Guilbert (Les Convoyeurs attendent), subjugue avec ses couleurs évidemment froides et grisâtres, tandis que les décors naturels de la Pologne et de la Belgique donnent au film un cachet post-apocalyptique, notamment avec cette petite bourgade non-identifiée composée principalement d’une seule rue, du magasin de pompes funèbres et d’un restaurant chinois, où les habitants s’observent, se scrutent dans l’attente d’un événement qui pourrait relancer les affaires. N’oublions pas la composition tout aussi décalée de Christophe Julien (Au revoir là-haut, 9 mois ferme), composée de blues et de chants amérindiens, qui appuie le caractère bizarre, pour ne pas dire excentrique et intemporel de cette comédie-dramatique, mélancolique et existentielle, aux dialogues très soignés, à voir absolument.

LE DVD

Le test du DVD de Grand froid, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur offre une heure de suppléments. On commence par la douzaine de scènes coupées (13’ au total), non mixées et non étalonnées, qui dévoilent les petits bouts de séquences laissés sur le banc de montage, probablement pour des raisons de rythme. Rares sont les scènes qui durent plus de 50 secondes. Nous retiendrons surtout deux génériques de début alternatifs. A noter que ces séquences sont souvent muettes et focalisées sur les réactions des personnages.

Un petit montage de trois minutes montre le travail invisible à l’écran des magiciens des effets spéciaux, notamment pour créer un environnement enneigé alors que la végétation était verte au moment des prises de vue.

Merci à Diaphana de nous permettre de (re)découvrir le court-métrage de Gérard Pautonnier, L’Etourdissement (2015-22’), adapté du roman éponyme de Joël Egloff. Suite au décès accidentel d’un collègue de travail (Nicolas Vaude), Eddy (Arthur Dupont) est chargé, malgré lui, d’aller annoncer la terrible nouvelle à l’épouse (Pascale Arbillot) du défunt. Georges (Philippe Duquesne), un autre collègue, lui propose de l’accompagner pour le soutenir dans cette délicate mission et dans l’idée de rentrer chez lui plus tôt par la même occasion. Arrivés chez la veuve, les deux hommes vont cependant avoir bien du mal à être à la hauteur de la situation. On retrouve déjà dans ce court-métrage, le rapport de la vie avec la mort, ainsi que celui entre deux générations qui s’affrontent et se questionnent sur l’existence. L’humour absurde contraste avec la situation pourtant dramatique et se clôt sur un retournement bouleversant.

Ensuite, nous ne trouvons pas le making of de Grand froid, mais étrangement celui de L’Etourdissement (17’). Dommage que ce documentaire soit si mal réalisé et surtout entièrement musical !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

En raison de son échec dans les salles (120.000 entrées), Grand froid est privé d’une sortie en Haute-Définition et c’est bien dommage. Malgré cette déconvenue, cette édition DVD s’avère plutôt soignée et claire. La propreté de la copie est assurée, les couleurs désaturées et glaciales sont superbes et bien restituées. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques auraient pu avoir du mal à passer le cap du petit écran. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble avec brio et les nombreuses séquences tournées en extérieur sont très belles.

D’emblée, le mixage Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller avec notamment la restitution de la Toccata et Fugue en Ré mineur de Jean-Sébastien Bach. Le souffle du vent détonne sur l’ensemble des baffles. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © ELZEVIR FILMS / LAURENT THURIN-NAL / Diaphana / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Mission Pays Basque, réalisé par Ludovic Bernard

MISSION PAYS BASQUE réalisé par Ludovic Bernard, disponible en DVD le 14 novembre 2017 chez Orange Studio

Acteurs :  Élodie Fontan, Florent Peyre, Daniel Prévost, Nicolas Bridet, Barbara Cabrita, Ludovic Berthillot, Ilona Bachelier, Damien Ferdel, Arielle Sémenoff, Eric Bougnon, Yann Papin…

ScénarioMichel Delgado, Eric Heumann

Photographie : Yannick Ressigeac

Musique : Lucien Papalu, Laurent Sauvagnac

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Sibylle, jeune Parisienne aux dents longues, entend briller dans ses nouvelles fonctions professionnelles en rachetant une quincaillerie au Pays Basque afin d’y implanter un supermarché. Elle s’imagine avoir « roulé » le vieux propriétaire mais ce dernier est sous curatelle. Sibylle doit donc faire affaire avec Ramon, le neveu, pour récupérer son argent et signer au plus vite. Sinon, c’est le siège éjectable assuré. Elle va rapidement s’apercevoir que les basques n’ont pas l’intention de se laisser faire par une parisienne, si jolie soit-elle.

Bienvenue chez les basques !

A quelques mois d’intervalle, le réalisateur Ludovic Bernard a connu les deux extrêmes. Son premier long métrage, L’Ascension, a été porté par une critique positive, en plus du Grand Prix et du Prix du Jury au Festival de l’Alpe D’Huez, ainsi qu’un bouche-à-oreille très bon, au point de dépasser la barre convoitée du million d’entrées, et ce sans nom véritablement connu au générique à part celui d’Alice Belaïdi. Au début de l’été, son second film sort déjà sur les écrans, Mission Pays Basque. Critique globalement négative de la part de la presse, à peine 150.000 spectateurs au final et film par ailleurs rapidement retiré des salles début juillet. Il faut dire que la bande-annonce n’était guère attractive (euphémisme) et que cela sentait bougrement le nanar made in France. Pourtant, Mission Pays Basque s’avère un divertissement honnête, ni bon ni mauvais, qui repose sur une multitude de clichés, mais qui s’en amuse avec une bonne humeur plutôt contagieuse.

Sybille, jeune cadre parisienne ambitieuse, croit avoir fait l’affaire du siècle en rachetant pour une bouchée de pain la quincaillerie de Ferran Beitialarrangoïta située au Pays basque, pour le compte de son groupe de grande distribution. Or, elle apprend que ce dernier est sous curatelle. Elle doit donc négocier avec Ramuntxo, son neveu, pour obtenir la boutique, censée devenir un supermarché. Mais, Ramuntxo, chanteur à ses heures et Basque jusqu’au bout des ongles, va lui mener la vie dure. Sybille, accompagné de son stagiaire, s’accroche face aux Basques prêts à tout pour garder leur magasin. Il faut qu’elle réussisse sinon elle perdra son travail. Commence alors un jeu du chat et de la souris entre la citadine et l’amoureux de sa terre.

Ecrit par Michel Delgado, réalisateur de Bouquet final en 2008, scénariste de comédies gentiment voire violemment has-been comme La Vengeance d’une blonde et Les Soeurs Soleil de Jeannot Szwarc, Recto/Verso de Jean-Marc Longval, L’Auberge rouge de Gérard Krawczyk, On ne choisit pas sa famille de Christian Clavier, Mission Pays Basque n’a donc pas la prétention de révolutionner le cinéma, mais de jouer sur les décalages culturels chéris par la comédie française. Autant vous dire qu’il n’y a absolument rien de nouveau ici, mais la petite réussite (toutes proportions gardées) de Mission Pays Basque vient essentiellement des comédiens amusants, charismatiques et complices. En premier lieu la ravissante Elodie Fontan, que l’on avait aperçue la première fois toute gamine en 1996, dans l’excellente comédie de Gérard Lauzier, Le Plus Beau métier du monde, aux côtés de Gérard Depardieu. Ayant (bien) grandie, elle est apparue récemment dans le triomphe de Philippe de Chaveron, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, avant de rejoindre la troupe (et les grands succès au box-office) de Philippe Lacheau, Babysitting 2 et Alibi.com. Pétillante et naturelle, elle porte agréablement le film sur ses belles épaules et fait preuve d’une énergie communicative, qui sied évidemment bien à la comédie. Dommage que le film ait été un échec important, car la comédienne prouve qu’elle peut largement prétendre aux premiers rôles.

Elle donne ici la réplique à l’humoriste Florent Peyre, popularisé grâce à l’émission On n’demande qu’à en rire sur France 2 entre 2010 et 2014, qui fait preuve d’une belle présence devant la caméra. Après avoir longtemps fait ses classes en tant qu’assistant-réalisateur auprès de Jean-François Richet sur les deux opus de Mesrine, mais aussi à trois reprises avec Luc Besson (The Lady, Malavita et Lucy), ainsi que sur d’autres productions EuropaCorp (L’Immortel, Les petits mouchoirs, Taken 2 et Taken 3), Ludovic Bernard signe ici son deuxième long métrage avec suffisamment d’efficacité, en insufflant un rythme soutenu, évidemment capital quand on met en scène une comédie et en dirigeant solidement ses acteurs.

Ce serait mentir de dire que Mission Pays Basque n’arrache aucun sourire. Certes, rien n’est crédible ici, mais peu importe puisque le contrat est rempli. On rit en suivant les aventures estivales de cette jeune major de promo d’HEC et Bac+7 plongée dans un environnement totalement étranger, on oublie les soucis du quotidien pendant 1h30, le récit est blindé de bons sentiments et peu importe les digressions inutiles (tout ce qui concerne l’ETA) et si « on connaît déjà la fin » puisque le ton reste léger, sympathique et bon enfant.

LE DVD

Le test du DVD de Mission Pays Basque, disponible chez Orange Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition, et pas de sortie en Haute-Définition.

L’Image et le son

Avec ses 150.000 entrées, il semble qu’Orange n’ait pas jugé bon de sortir Mission Pays Basque en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont bien loties, lumineuses et chaudes pour la partie basque, grisâtres pour les scènes parisiennes, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas, les noirs sont denses. Que demander de plus ?

Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences comme la fête au village et l’explosion. La piste Stéréo s’en donne également à coeur joie, se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Claude MEDALE / PARADIS FILMS / Orange Studio / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Capitan, réalisé par André Hunebelle

LE CAPITAN réalisé par André Hunebelle, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 novembre 2017 chez Pathé

Acteurs :  Jean Marais, Bourvil, Elsa Martinelli, Pierrette Bruno, Lise Delamare, Annie Anderson, Chrstian Fourcade, Arnoldo Foà…

ScénarioJean Halain d’après le roman de Michel Zévaco

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Jean Marion

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Francois de Capestan est un noble de province, sauvé lors d’une embuscade par Gisèle d’Angoulême. Aidé de Cogolin, son fidèle serviteur, il tente de sauver la jeune femme, dont il est tombé amoureux, des griffes du régent Concini. Au passage, il déjoue un complot visant son ami le roi Louis XIII.

Après le succès monstre du Bossu en janvier 1960 avec près de 6 millions d’entrées, André Hunebelle a de la suite dans les idées. Enfin, pas vraiment une suite, mais puisque Jean Marais paraît prédisposé à enfiler les collants d’autres héros de romans de cape et d’épée, autant en profiter. Le réalisateur des Trois Mousquetaires (1953) et de Taxi, Roulotte et Corrida (1958) décide de réunir la même équipe devant et derrière la caméra, pour mettre son nouveau film, Le Capitan, le plus rapidement dans la boite. Record battu, puisque non seulement le film sera mis en scène dans la foulée du Bossu, mais sortira également la même année, le 5 octobre 1960, en attirant quasiment autant de spectateurs ! Grand classique du film d’aventures, Le Capitan demeure une petite pépite du genre, bourrée d’humour et d’action, sans oublier une pincée de romance.

En 1616, Louis XIII a 15 ans. Sa mère Marie de Médicis est régente du royaume depuis l’assassinat d’Henri IV. Elle a confié les rênes du pouvoir à son favori Concino Concini, qu’elle a nommé Premier ministre et qui, poussé en cela par son ambitieuse épouse Leonora Galigaï, cherche à s’emparer du pouvoir en ne reculant devant aucun crime ou aucune trahison. Pour y parvenir, Concini favorise l’insécurité générale notamment dans les provinces qui sont l’objet de pillages et d’attaques par des bandes armées à sa solde qui s’en prennent durement à la noblesse provinciale afin de l’affaiblir, celle-ci ignorant totalement que Concini est responsable de cette situation. Le Chevalier François de Crémazingues de Capestang se porte au secours de son ami le Marquis de Teynac qui est attaqué dans son château. Pendant la bataille le Marquis de Teynac est lâchement assassiné d’un coup de dague dans le dos par le chef des bandits, Rinaldo, qui est l’homme de confiance de Concini. François de Capestang jure à cet assassin qu’il vengera son ami mais il est blessé d’un coup de pistolet. Au moment où un brigand s’apprête à l’achever, il est sauvé par une belle jeune femme brune qui abat le bandit. Elle soigne François de Capestang, celui-ci perd connaissance. La jeune femme brune disparaît et quand il se réveille, c’est une jolie blonde qui le soigne, Béatrice de Beaufort, cousine du Marquis de Teynac. Guéri, François se rend au conseil de la province où les nobles se sont rassemblés pour envisager les actions à mener face à l’insécurité grandissante ; François se propose de porter les doléances de la province au Roi. Mais le gouverneur de la province ne peut le recommander qu’auprès de Concini. François part pour Paris, en chemin il fait étape dans une petite ville et assiste au spectacle d’un baladin, Cogolin. Celui-ci est honnête et, s’apercevant qu’un brigand dans l’assistance déleste François de sa bourse, s’arrange pour la lui rendre. Les brigands, furieux que Cogolin ait fait échouer leur coup et attendant qu’il ait quitté la bourgade, l’attaquent dans la campagne et le dépouillent, il est sauvé par François qui poursuivait sa route. Cogolin devient l’ami et le confident de François et les deux hommes continuent ensemble leur route pour Paris.

Le Bossu est le film à partir duquel André Hunebelle et Jean Marais allaient s’associer pour une série de classiques indémodables comme Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris et bien sûr, la trilogie Fantômas. Comédie d’action familiale, Le Capitan demeure l’un des opus les plus emblématiques de la filmographie de Jean Marais, marquant une rupture définitive avec le cinéma de Jean Cocteau qui l’avait fait connaître. Totalement investi dans ses cascades, bondissant, escaladant la façade d’un château à l’aide de simples dagues, souriant l’épée à la main, poursuivant ses ennemis au galop, le comédien se donne à fond dans ce superbe long-métrage dépaysant, plein de couleurs et de joie de vivre. Soutenu par l’humour, la fantaisie et la tendresse de Bourvil (véritable alchimie entre les deux comédiens), qui chante, qui fait de la magie et qui emballe une petite servante italienne, ainsi que par la beauté et le talent de Lisa Martinelli, sans oublier le charisme vénéneux de Guy Delorme (élève du célèbre maître d’armes Claude Carliez), le comédien trouve ici un second souffle. Il peut alors démarrer la seconde partie de sa carrière, marquée par de grands succès populaires.

Adapté du roman de cape et d’épée écrit par Michel Zévaco en 1907, Le Capitan avait certes déjà connu une autre adaptation en 1946 par Robert Vernay avec Jean Pâqui dans le rôle de Francois de Capestan, mais celle d’André Hunebelle reste celle qui nous vient immédiatement à l’esprit. Réalisé avec une fougue et un panache contagieux par un cinéaste alors déjà âgé de 75 ans, magistralement interprété, Le Capitan n’atteint peut-être pas la très grande réussite du Bossu, dont il reprend ouvertement la même recette, des décors flamboyants, en passant par les costumes colorés et les affrontements à l’épée très bien chorégraphiés, à tel point que l’on peut souvent confondre les deux, mais n’en reste pas moins une vraie référence du genre. Le charme agit encore pleinement et Le Capitan reste encore aujourd’hui un remarquable divertissement romanesque.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Capitan, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition se compose de l’édition HD et du DVD. Le menu principal est animé et musical.

Un tout petit bonus est disponible. Foncièrement sympathique, il s’agit d’une interview de Jean Marais réalisée quelques semaines après la sortie triomphale du Capitan, alors qu’il venait de terminer le tournage de La princesse de Clèves de Jean Delannoy (6’). Décontracté, clope au bec et verre à la main, le comédien semble s’amuser des questions qu’on lui pose et y répond avec franchise et simplicité. Jean Marais évoque à la fois ses personnages chez Jean Cocteau et ceux qu’il interprétait depuis peu dans les films de cape et d’épée, en indiquant qu’il allait enchaîner avec Le Miracle des Loups, Le Capitaine Fracasse, ou même un Surcouf et un Mandrin qui n’allaient finalement pas se faire. Le comédien revient également sur la genèse du Bossu, sur le fait de réaliser lui-même les cascades (« parce que cela m’amuse et m’entretient, puisque je ne fais pas de sport dans la vie »), tout en racontant une anecdote de tournage du Capitan.

L’Image et le son

Le Capitan retrouve une nouvelle jeunesse avec cette promotion HD. Le cadre large n’a jamais paru aussi pimpant, la clarté est souvent très plaisante sur les scènes en extérieur, la restauration 4K effectuée par le célèbre laboratoire italien L’immagine ritrovata impressionne dès le générique d’ouverture et le relief est omniprésent. La compression AVC consolide l’ensemble avec brio, le piqué est tranché pour un film de 1960, et la colorimétrie bigarrée à souhait restitue la beauté des décors et des costumes. Si le grain cinéma a heureusement été préservé, certaines séquences apparaissent plus grumeleuses et nous noterons quelques baisses sensibles de la définition sur les fondus enchaînés, qui occasionnent de sensibles décrochages. Il en est de même sur des champs-contrechamps légèrement déséquilibrés. Mais ce serait vraiment chipoter car nous nous trouvons devant la plus belle copie du film disponible à ce jour.

L’éditeur livre comme d’habitude une piste DTS-HD Master Audio Mono qui instaure d’emblée un très bon confort acoustique. L’écoute est aérée avec des dialogues clairs et affirmés, ainsi qu’une belle délivrance des lames qui s’entrecroisent durant les combats. La restauration ne fait aucun doute et surtout, aucun souffle n’est à déplorer. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm III : Le Seigneur de la Mort, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM III : LE SEIGNEUR DE LA MORT (Phantasm III: Lord of the Dead) réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et Blu-ray en coffret Intégrale Collector le 31 octobre 2017 chez ESC Editions et Sidonis Calysta

Acteurs :  Reggie Bannister, A. Michael Baldwin, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Gloria Lynne Henry, Kevin Connors, Cindy Ambuehl…

ScénarioDon Coscarelli

Photographie : Chris Chomyn

Musique : Fred Myrow, Christopher L. Stone

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Après quatorze ans de lutte sans merci, Mike est de nouveau confronté au terrible croque-mort de Morningside, qui dirige une troupe de zombies, des nains composés de cadavres ressuscités, et à une armée de sphères meurtrières.

Six ans séparent Phantasm III : Le Seigneur de la Mort de Phantasm II. Réalisée en 1994 et directement sortie en VHS (énorme succès dans les bacs), cette deuxième séquelle au premier Phantasm (1979) fait oublier la déception du précédent volet. Don Coscarelli est de retour au scénario et à la mise en scène, mais ce troisième opus marque également celui d’A. Michael Baldwin dans le rôle de Mike, qui avait été provisoirement tenu par James LeGros dans Phantasm II. Quinze ans plus tard, le comédien retrouve donc son personnage créé dans le film original, ce qui apporte déjà une plus-value non négligeable. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort s’apparente souvent à un remake des deux premiers, mais en constitue également (et heureusement) un prolongement fort sympathique, d’autant plus, et ce sera le cas pour chaque film de la saga, que l’histoire reprend là où celle du précédent s’était arrêtée.

Revenu de l’au-delà, le Tall Man kidnappe Mike dont il voudrait faire son successeur au terme d’une opération particulièrement douloureuse. C’est sans compter sur la détermination de Reggie d’arracher son ami à son emprise. Il est donc de retour (encore une fois) le célèbre Tall Man et il n’a jamais été aussi déterminé. Pour preuve, l’acteur Angus Scrimm, 68 ans au compteur, n’a jamais eu autant de dialogues que dans Phantasm III : Le Seigneur de la Mort et son célèbre « Booooooooy ! » fonctionne encore parfaitement. Durant le prologue, Don Coscarelli résume intelligemment les deux premiers volets, à travers la voix de Mike. Bien que son corps ait fondu à la fin deuxième film, le Tall Man traverse les dimensions pour se débarrasser de son propre cadavre et reprendre ainsi les affaires en cours. Le point central de ce troisième film est la mutation de Mike, désirée par le Tall Man, qui voit en lui celui qui le remplacera. Alors qu’il prend la fuite, son pote Reggie (Reggie Bannister), armé de son fusil de chasse à quatre canons, tente de le retrouver et traverse des villes désolées sur son chemin, laissées à l’abandon pour le plus grand plaisir des pilleurs.

Fans de westerns, Don Coscarelli pose les bases qui feront la belle réussite du quatrième Phantasm en 1998. Reggie rencontre un petit garçon, fils d’un shérif assassiné, qui a repris la pétoire de son paternel et qui s’en sert avec efficacité contre les zombies qui rôdent dans les parages. Plus tard, leur association sera renforcée par l’arrivée de Rocky, une militaire black spécialisée dans le maniement du nunchaku, très efficace contre les vigiles argentées du boogeyman. C’est alors que ressurgit Jody, le frère de Mick. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort reprend donc ce qui a fait le succès des précédents volets, les nains monstrueux au service du Tall Man, le sang jaune et bien entendu les mythiques sphères métalliques perceuses de crânes (d’ailleurs le film s’ouvre sur le reflet du Tall Man dans une de ses créations), ici multipliées par cent. Les effets visuels sont plus modernes et donc plus réussis, le rythme plus maîtrisé, les scènes d’action bien emballées avec toujours ce côté foutraque et système D qui fait le charme de la franchise. L’humour noir crée un décalage bienvenu (l’oeil qui sort de la sphère, un frisbee muni de lames de rasoir, une sphère attrapée au vol avec un débouche chiotte), montrant que tout ceci n’est pas sérieux, tandis que le réalisateur s’amuse (et nous aussi) avec les effets gore (une gorge tranchée, un crâne traversé par une sphère) et l’obsession pour le sexe du personnage de Reggie.

Si le cinéaste répond à quelques questions posées par Phantasm et Phantasm II, cela ne fait qu’en engendrer de nouvelles qui relancent alors la saga. Ce que confirmera Phantasm IV : Aux sources de la Terreur, véritable western métaphysique.

LE BLU-RAY

Phantasm III : Le Seigneur de la Mort est donc disponible en Blu-ray, mais pour l’instant uniquement en coffret intégrale (5 films) édité par ESC Editions. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de dire si ce titre sera édité à l’unité, mais puisque les deux premiers le sont déjà, il n’y a pas de raison d’en douter. Le menu principal est animé sur le célèbre thème du film.

En plus de réunir les cinq films de la saga, ce coffret collector intégrale propose également un DVD Bonus, contenant un documentaire rétrospectif de la franchise « Phantasmagoria » (97’), Phantasmagorical Mystery Tour (14′), des scènes coupées de Phantasm (3′), sans oublier un livre inédit de 152 pages par Marc Toullec sur la genèse et la réalisation de la saga. Ces suppléments seront chroniqués ultérieurement.

Le Blu-ray de Phantasm III : Le Seigneur de la Mort contient également quelques bonus.

On passera sur l’unique scène coupée (12 secondes !) sans intérêt (les personnages principaux sont poursuivis – au ralenti – par le Tall Man), pour se consacrer au petit module de 18 minutes consacré au tournage du film…ainsi que celui de Phantasm IV : Aux sources de la terreur ! Evitez donc de visionner ce documentaire si vous ne connaissez pas encore le quatrième épisode puisque certaines séquences sont révélées ! Quelques propos de Don Coscarelli, Reggie Bannister et A. Michael Baldwin ponctuent les images de tournage, surtout celles nécessitant des effets spéciaux ou bien encore les cascades.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Voilà une très belle édition HD au format 1080p (AVC) ! Phantasm III : Le Seigneur de la Mort profite de cette élévation et offre aux fans de la franchise un superbe master qui participe à la redécouverte de cet opus souvent considéré comme étant le plus faible de la saga. Le grain original est respecté et excellemment géré, le piqué est pointu, la propreté indéniable, la stabilité de mise et les couleurs fraîches et saturées. L’image est tellement belle qu’on peut même apercevoir l’équipe de tournage dans le reflet des sphères ! Les contrastes sont à l’avenant, les séquences diurnes sont lumineuses, les détails riches, bref, en dehors d’un sensible fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, c’est vraiment très beau ! Aux oubliettes le DVD TF1 Vidéo sorti en 2000 !

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique, surtout lors du passage des sphères. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Problemos, réalisé par Eric Judor

PROBLEMOS réalisé par Eric Judor, disponible en DVD le 19 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi, Célia Rosich, Marie Helmer, Michel Nabokov, Dorothée Pousséo, Claire Chust…

ScénarioNoé Debré, Blanche Gardin

Photographie : Vincent Muller

Musique : Ludovic Bource

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les vacances terminées, Victor et sa petite amie Jeanne rentrent à Paris. Sur le chemin, ils s’arrêtent pour rendre visite à leur ami Jean-Paul, qui habite dans une communauté de babos dans une prairie et qui proteste contre la construction d’un parc aquatique. Séduits par leur façon de vivre, de résister contre la technologie et la société moderne, ils décident de rester quelques jours avec eux. Un matin, ils découvrent que les CRS, qui encadraient la communauté, ont disparu comme la population extérieure, décimée par une pandémie, faisant d’eux les derniers survivants sur Terre.

Après le douloureux et injuste échec commercial de La Tour 2 contrôle infernale (358.000 entrées), Eric Judor revient déjà devant et derrière la caméra pour notre plus grand plaisir avec Problemos. Burlesque, nonsensique, décalée, cartoonesque, absurde, politiquement incorrecte, cette comédie délirante est aussi et surtout excellemment mise en scène et rythmée. Evidemment, le film sera loin, très loin de faire l’unanimité. Certains gags «  mous  » sont complètement assumés, mais beaucoup y verront des ratés. Toujours est-il que Problemos est très généreux et offre aux spectateurs un moment de détente ultra-décomplexée, doublé d’un beau moment de cinéma. Les répliques ne cessent de rebondir d’un mur à l’autre comme une partie de ping-pong verbal. C’est drôle, c’est même hilarant, élégant et beau à regarder, les seconds rôles sont immenses. Mais au fait, ça parle de quoi Problemos ?

Alors que leurs vacances viennent de se terminer, Jeanne, Victor et leur petite fille retournent à Paris. En chemin, le couple fait une halte pour saluer Jean-Paul, l’ancien prof de yoga de Jeanne, qui vit dans une communauté d’altermondialistes. Depuis longtemps, Jean-Paul et ses amis font tout pour empêcher la construction d’un parc aquatique. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours. Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu, la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée : à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va t-il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?

Depuis sa participation aux comédies expérimentales de l’excellent Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops), Eric Judor a suivi ce genre quasi-inclassable en créant notamment la série Platane. La Tour 2 contrôle infernale découlait de cette approche humoristique ambitieuse. Sur un scénario coécrit par l’humoriste Blanche Gardin et Noé Debré (Dheepan, La Crème de la crème), Problemos s’inscrit dans la lignée des précédentes comédies d’Eric Judor en situant son récit dans une ZAD, autrement dit une Zone à défendre, librement inspirée du mouvement militant « Nuit debout » qui se tenait Place de la République à Paris. Film survolté qui a des choses à dire et qui les dit sans prendre la tête aux spectateurs, mais en le faisant rire du début à la fin rien qu’avec un type qui porte des chaussettes avec des sandales, Problemos peut se voir comme une vraie relecture de La Ferme des animaux de George Orwell, traitée sous forme de fantaisie.

Les communautés, féministes, hippies écolos, vegans, en prennent pour leur grade puisque Judor montre une société qui se réorganise sur des principes égalitaires, mais dont le naturel revient très vite au galop (ça râle de tous les côtés, l’intérêt personnel passe au premier plan), où les avis et intérêts divergent, où les castes sont vite rétablies, jusqu’au chaos. En raison de l’échec de La Tour 2 contrôle infernale, Eric Judor n’a pu bénéficier d’un budget mirobolant et a même eu beaucoup de mal à financer son film. Pourtant, Problemos bénéficie d’un casting génial et déjanté (Marc Fraize, Bun Hay Mean, Youssef Hadji, Michel Nabokov, Arnaud Henriet, Dorothée Pousséo, Blanche Gardin, Claire Chust, Célia Rosich), les situations sont cocasses et jamais méchantes, sans oublier des dialogues prêts à entrer dans le langage courant de celles et ceux qui sauront accorder 1h20 de leur temps à l’une des comédies de 2017 ! Ni plus ni moins.

LE DVD

En raison de son échec dans les salles, Problemos ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Une honte. Le test du DVD, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Sortie technique, l’éditeur ne propose aucun supplément, même pas la bande-annonce. Zéro pointé pour Studiocanal qui commence à se désintéresser du support…

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Problemos. Le master est soigné avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets naturels, la musique et les ambiances, avec même un accompagnement des basses. La piste Stéréo assure également de son côté avec des frontales particulièrement riches.

Crédits images : © Serge Blondeau / Séverine Brigeot / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Sarabande des pantins, réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster

LA SARABANDE DES PANTINS (O. Henry’s Full House) réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson…

ScénarioLamar Trotti, Richard L. Breen, Ivan Goff, Ben Roberts, Walter Bullock

Photographie : Lloyd Ahern Sr., Lucien Ballard, Milton R. Krasner, Joseph MacDonald

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Film à sketchs inspiré de cinq nouvelles de l’auteur O.Henry, allant du polar au drame.

Imaginez un peu cette affiche ! Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson, David Wayne, Richard Widmark, Richard Garrick, Kathleen Freeman, Philip Tonge, réunis devant les caméras de cinq illustres cinéastes hollywoodiens, Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King et Henry Koster ! Tout ce beau monde réuni par la 20th Century Fox avait répondu présent pour rendre hommage à l’écrivain américain O. Henry (1862-1910), de son vrai nom William Sidney Porter.

Journaliste et auteur d’une multitude de nouvelles humoristiques et dramatiques, O. Henry avait fait sa spécialité de raconter des histoires avec pour personnages principaux des gens de tous les jours, de condition modeste et les laissés-pour-compte. Ayant lui-même bourlingué dans les années 1880, tour à tour employé de banque, pharmacien et petite reporter, O. Henry commence sa carrière de journaliste et chroniqueur pour le Houston Post. Mais avant cela, il est accusé de fraudes par la banque pour laquelle il travaille et écope d’une peine de prison de trois ans. Cette expérience le marquera à vie et l’inspirera pour quelques-unes de ses nouvelles. Libéré en 1901, sa carrière d’écrivain démarre enfin et O. Henry (surnom qu’il reçoit en prison) s’installe à New York avec son épouse. Plus de 400 nouvelles plus tard, la plupart se déroulant dans les quartiers pauvres de la Grosse Pomme, O. Henry devient un auteur populaire et incontournable aux Etats-Unis. Alors qu’il aurait fêté ses 90 ans, le monde du cinéma décide de réunir une pléiade de stars et cinq grands réalisateurs pour un film à sketches très réussi, O. Henry’s Full House, sorti en France sous le titre La Sarabande des pantins.

Chaque partie du film est présentée par l’illustre John Steinbeck en personne, qui à l’instar de Walt Disney qui proposait son émission assis dans son bureau, se place devant sa bibliothèque et sort le volume correspondant à l’histoire qui va nous être racontée. La Sarabande des pantins s’avère très réussi du début à la fin et même si certaines parties peuvent paraître moins inspirées que d’autres, il n’en demeure pas moins que ces cinq courts-métrages reliés par le fil rouge Steinbeck sont de très bonne qualité et merveilleusement interprétés.

Le premier segment réalisé par Henry Koster (Harvey, M. Hobbs prend des vacances, La Tunique), Le Policier et le MotetThe Cop and the Anthem, est porté par l’immense Charles Laughton. Il incarne ici Soapy, un clochard de New York qui va tout entreprendre pour se faire emprisonner afin de se mettre à l’abri d’un froid hiver, mais aussi du vent et des coups de matraque, le tout aux frais de la princesse. Il accoste ainsi une femme dans la rue en espérant qu’elle appellera la police mais il s’agit d’une prostituée. Cette dernière est interprétée par Marilyn Monroe en personne, qui fait une savoureuse apparition de deux minutes. Soapy ne se laisse pas abattre et s’avère prêt à tout pour se faire emprisonner. Le ton est évidemment comique et Charles Laughton livre une grande et hilarante prestation.

Le second sketch, L’Appel du claironThe Clarion Call, est mis en scène par l’immense Henry Hathaway (Niagara, Le Plus grand cirque du monde) et le ton est ici dramatique et tire sur le polar. Le policier Barney (Dale Robertson) doit de l’argent à un mauvais garçon, Johnny (Richard Widmark), qui avait épongé une de ses dettes au poker, et se trouve plus qu’embarrassé pour dénoncer un crime commis par celui-ci puisqu’il s’agit d’un ami d’enfance. Ce récit vaut essentiellement pour la performance de Richard Widmark, exceptionnel dans la peau d’une petite frappe au rire sardonique. Monstre de charisme, galurin sur la tête et capable de fusiller son adversaire d’un simple regard, le comédien est une fois de plus fascinant.

On passe ensuite au segment mélodramatique du film avec La Dernière FeuilleThe Last Leaf, réalisé par Jean Negulesco (Comment épouser un millionnaire, Papa longues jambes). Toujours à New York, Greenwich Village, Joanna (Anne Baxter) tombe malade en raison du froid et sa sœur Susan (Jean Peters) prend soin d’elle. Le voisin et peintre Behrman (Gregory Ratoff) vient apporter son aide en vendant une de ses toiles. La chute ou non de la dernière feuille d’un arbre que Joanna aperçoit de sa fenêtre sera un présage pour sa guérison. Si cette partie est sans doute la plus classique sur la forme et le final largement prévisible, les beaux sentiments qui animent ce court métrage, ainsi que la beauté de la photo, des décors et le jeu très émouvant des comédiens emportent facilement l’adhésion.

Après les larmes, voici la partie la plus burlesque de La Sarabande des pantins avec La Rançon du chef rougeRandsom of Red Chief, réalisé par l’immense Howard Hawks ! Direction l’Alabama ! Sam (Fred Allen) et Bill (Oscar Levant), deux escrocs recherchés pour détournement de fonds, enlèvent un petit garçon pour demander une rançon à ses parents. Mais celui-ci se révèle être bien plus malin qu’eux et les deux compères se retrouvent pris à leur propre piège. Avec sa mise en scène dynamique, ses gags visuels et verbaux, son rythme trépident et son petit garnement qui n’est pas sans rappeler Denis la Malice, Howard Hawks signe un vrai bijou, réalisé entre Chérie, je me sens rajeunir et Les Hommes préfèrent les blondes. En 1959, Henri Verneuil adaptera à son tour la même nouvelle d’O. Henry pour Le Grand chef, avec Fernandel.

La Sarabande des pantins se clôt sur un superbe segment, Le Cadeau des rois magesThe Gift of the Magi, réalisé cette fois par Henry King (Le Cygne noir, La Cible humaine). Retour dans un quartier modeste de New York. Della (Jeanne Crain) et Jim (Farley Granger) sont très amoureux l’un de l’autre et n’ont pas sou qui vaille. Néanmoins, pour prouver son inconditionnel amour, chacun est prêt à tous les sacrifices. Porté par le talent, la beauté et la sensualité de Jeanne Crain, Le Cadeau des rois mages est un conte typique de Noël, très efficace et surtout très émouvant.

Toutes ces histoires élégantes et très plaisantes ont bien vieilli et le charme opère toujours autant. La Sarabande des pantins est le film parfait pour les soirées d’hiver qui approchent à grands pas.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Sarabande des pantins, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’éditeur a misé sur un visuel uniquement centré sur Marilyn Monroe alors qu’elle n’apparaît que deux minutes sur un film de près de deux heures…Le menu principal est animé et musical.

Cela devient récurrent chez l’éditeur, mais c’est un rendez-vous que l’on apprécie. ESC Editions joint une présentation et une analyse du film qui nous intéresse par Mathieu Macheret, critique cinéma pour Le Monde (17’). Très inspiré, ce dernier détaille chaque partie du film à sketches, présente à la fois les réalisateurs et les comédiens, les thèmes explorés, tout en donnant quelques indications sur la carrière et les écrits de O. Henry.

L’interactivité se clôt sur une vidéo comparative avant/après la restauration (4’).

L’Image et le son

Une question : où est passé le grain original, visible dans le second supplément ? Cette belle patine argentique a subi un sacré lissage pour l’arrivée de La Sarabande des pantins dans les bacs. Les puristes risquent de faire la grimace avec raison. Bon, sinon la copie présentée vaut quand même le déplacement et l’apport HD est omniprésent. Disponible pour la première fois en France, en DVD et en Blu-ray, ce film à sketches dispose d’un master solidement restauré, présenté au format respecté 1.37 et on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le travail des quatre chefs opérateurs (Joseph MacDonald ayant opéré sur deux segments) s’accorde parfaitement dans un superbe N&B qui trouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et ce master participe à la redécouverte de ce film collectif.

L’éditeur nous propose uniquement la version originale (aux sous-titres français non imposés) de La Sarabande des pantins, disponible en DTS HD Master Audio 2.0. Dynamique, clair, homogène et naturel, très propre et sans souffle, ce mixage installe un confort acoustique très plaisant.

Crédits images : © Fox / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Podium, réalisé par Yann Moix

PODIUM réalisé par Yann Moix, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Benoît Poelvoorde, Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Marie Guillard, Anne Marivin, Odile Vuillemin, Mia Frye…

ScénarioYann Moix, Olivier Dazat, Arthur-Emmanuel Pierre d’après le roman Podium de Yann Moix

Photographie : Benoît Delhomme

Musique : Jean-Claude Petit

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Nom : Bernard Frédéric. Profession : Claude François, chanteur à succès des années 70. Oui son métier, c’est d’être Claude François à la place de lui ; le meilleur de sa génération ; Il est son sosie chantant et dansant avec quatre choristes.
Son ambition, au grand dam de sa femme Véro, est de gagner le concours de la Nuit des sosies, diffusée en prime time sur une grande chaîne. Pris entre son désir de gloire et l’amour réel pour sa femme, tenaillé entre son chanteur idole et Véro, il lui faudra choisir.

Film événement avec près de 3,6 millions d’entrées en 2004 et troisième plus grand succès hexagonal cette année-là derrière Les Choristes et Un long dimanche de fiançailles, Podium est rapidement devenu un film culte. Révélé en 1992 dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et André Bonzel, Benoît Poelvoorde passe ensuite par la télévision pour les deux shows Jamais, au grand jamais et Les Carnets de Monsieur Manatane, avant de retourner au cinéma. Après le succès des Randonneurs de Philippe Harel en 1997, il devient très vite convoité par les réalisateurs. Le comédien enchaîne alors Les Convoyeurs attendent de Benoît Mariage, Les Portes de la gloire de Christian Merret-Palmair, Le Vélo de Ghislain Lambert – à nouveau – de Philippe Harel. La donne change avec Le Boulet d’Alain Berberian, blockbuster à la française qui attire plus de 3 millions de spectateurs. Arrive enfin Podium, qui consacre définitivement Benoît Poelvoorde avec sa première nomination pour le César du meilleur acteur et l’obtention du Prix Jean Gabin en 2005.

En misant sur Benoît Poelvoorde pour interpréter le rôle principal de son premier long métrage en tant que réalisateur, Yann Moix, qui adapte ici son roman éponyme (2002, Editions Grasset) sélectionné pour le prix Goncourt, ne s’est pas trompé. D’ailleurs, le roman et le scénario ont été écrits spécialement pour lui. Benoît Poelvoorde est Bernard Frédéric et a pour métier Claude François… et accessoirement, banquier. Devenir le sosie de Claude François est son rêve. Après avoir raccroché pendant plusieurs années, fondé une famille et trouvé un emploi stable, il est contacté par Couscous, alias Michel PolnarG, l’étonnant sosie de Michel Polnareff afin de gagner le concours de la « Nuit des sosies » présentée par Évelyne Thomas au grand dam de sa femme Véro. Pour ce faire, il engage quatre Bernadettes, comme Claude François avait ses Claudettes.

Même si le ton a été quelque peu adouci par rapport au roman, Yann Moix a réussi à préserver l’ironie et le mordant de son livre pour sa transposition à l’écran. Alors que la téléréalité avec sa course à la célébrité battait son plein depuis l’émergence de Loft Story en France, Podium se penche sur les artistes locaux qui tentent d’exister en calquant leur existence sur celle de leurs idoles. Pour Bernard Frédéric, Claude François est bien plus qu’un modèle, c’est un mode de vie à part entière. Il respire, il vit et même il est Claude François. Déjà très investi, Benoît Poelvoorde crève l’écran dans la peau du pourtant enfoiré Bernard Frédéric, au point de chanter lui-même tous les tubes entendus dans le film. En plus de ses références avouées (Claude Zidi, Max Pecas, Bertrand Blier, François Truffaut, les films avec Louis de Funès), Yann Moix joue avec l’esthétique bariolée des années 1970 (y compris dans les décors et les costumes très réussis), s’en amuse plus qu’il s’en moque, à travers un personnage qui trouve finalement refuge dans le corps et la personnalité d’un autre. Odieux, vulgaire, égocentrique, tyrannique, misogyne, Bernard Frédéric a tout pour être repoussant, pourtant Benoît Poelvoorde en fait un monstre avant tout humain, mal dans sa peau et qui dissimule ses failles, ses fêlures et son mal-être. Jusqu’à la séquence finale où le comédien donne des frissons en interprétant Ma préférence de Julien Clerc face caméra dans l’espoir de reconquérir sa femme.

Podium est également un véritable hommage à Claude François. On peut d’ailleurs le préférer au biopic Cloclo de Florent Emilio-Siri qui montrait également un artiste colérique et perfectionniste, mais dont la mise en scène pesante et prétentieuse pouvait facilement ennuyer. Véritable comédie populaire, Podium enchaîne les scènes et les répliques cultes (« Toi, là-bas avec le calamar sur la tête… ») comme des perles sur un collier avec des comédiens déchaînés (Jean-Paul Rouve en sosie de Polnareff, Julie Depardieu pétillante) et un rythme enlevé qui reste toujours aussi efficace. Yann Moix reviendra derrière la caméra pour Cinéman, immense nanar absolu, mais c’est une autre histoire.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Podium, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Sortie technique, le menu principal de cette édition HD est fixe et muet.

Nous nous trouvons en présence de l’arnaque de l’année. Non pas que le master Haute-Définition soit infect, c’est même tout le contraire, mais tout simplement parce que l’éditeur a purement et simplement viré TOUS les suppléments que l’on trouvait sur les différentes éditions DVD du film !

Exit le très beau menu animé et musical, le chapitrage, la version longue (+ 26 minutes), le très bon commentaire audio de Yann Moix présent sur les deux montages, le pré-film annonce, la bande-annonce, le bêtisier, la galerie d’affiches et de photos, le making of de 70 minutes, le duo original Claude François/Petula Clark, bref tout a ici disparu. Zéro pointé !

Heureusement, Studiocanal se rattrape avec ce superbe master HD (1080p) qui restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Benoît Delhomme (Des hommes sans loi, Mortel transfert). La patine argentique est élégante, les couleurs chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

Podium vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox-Claude François grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 explosif. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances dévastateurs, notamment sur toutes les séquences de représentations. Point de DTS-HD Master Audio 2.0, ni même de piste Audiodescription et encore moins de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Distribution / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / On s’est fait doubler !, réalisé par Nicolas Ramade

ON S’EST FAIT DOUBLER ! réalisé par Nicolas Ramade

Acteurs :  Sylvain Urban, Laure Maloisel, Aude Lanciaux, Jean-David Stepler, Xavier Ameller, Frédéric Zolfanelli, Marcus, Jean-Michel Fouque, Aurore Sellier, Jules Dousset, Otis Ngoi, Emmanuel Bonami, Jean-Gilles Barbier et les voix de Maik Darah, Patrick Poivey, Richard Darbois, Jean-Pierre Moulin, Brigitte Lecordier, Pierre Hatet, Virginie Ledieu, Thieryr Desroses, Odile Schmitt, Bernard Tiphaine, Daniel Beretta, Céline Montsarrat, Patrick Béthune, Christophe Lemoine, Benoît Allemane, Georges Caudron

Scénario :  Nicolas Ramade

Photographie : Sophie Ardisson

Musique : Julien Pichard

Durée : 0h24

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un jour, Marc et Léa, deux amis, se mettent à parler avec des voix très différentes. Marc se retrouve avec la voix de Bruce Willis, Léa avec celle de Whoopi Goldberg. Convaincus de ne pas être les seules personnes touchées par ce phénomène, ils décident de partir à la recherche de leurs semblables. Cette enquête les amènera à rencontrer les gens les plus étranges qu’ils aient jamais vus !

« Tiens, mais je la connais cette voix-là ! », « Ah t’as reconnu c’est la voix de… », « J’adore cette voix ! », « Bah zut alors, c’est pas sa voix habituelle ! », « J’ai été bercé avec cette voix toute mon enfance ! », « Je ne pourrais jamais regarder ce film autrement qu’en version française ». Qui n’a jamais prononcé ces mots ? On a tous en chacun de nous un programme télévisé, un film, une série qui nous accompagne depuis toujours et plus particulièrement une voix française, à moins d’être bilingue ou d’avoir été forcé de visionner un film en version originale ! On s’est fait doubler !, écrit et réalisé par Nicolas Ramade est un essai doublé d’un hommage à celles et ceux qui ont contribué à nous forger notre imaginaire, les comédiens spécialisés dans le doublage.

En 24 minutes et en partant d’un postulat simple, mais malin, Nicolas Ramade convoque seize de nos plus grands comédiens dont les voix font partie de notre culture cinématographique. Des timbres reconnaissables entre mille qui nous ont fait rire, peur, pleurer, qui ont contribué à nous faire aimer le cinéma. Avec le concours d’acteurs présents à l’image, Sylvain Urban, Laure Maloisel, Aude Lanciaux, Jean-David Stepler, Xavier Ameller, Frédéric Zolfanelli, Marcus, Jean-Michel Fouque, Aurore Sellier, Jules Dousset, Otis Ngoi, Emmanuel Bonami et Jean-Gilles Barbier, les voix mythiques s’invitent et s’incrustent, s’échappent et s’affolent dans une fantaisie où les références TV et ciné s’enchaînent. Parallèlement, un jeu s’instaure avec les spectateurs qui s’amusent à celui qui reconnaîtra la voix en premier. C’est une citation, une reconstitution ou tout simplement une intonation qui renvoie systématiquement et presque inconsciemment à la culture populaire et qui fait battre le coeur en même temps qu’elle renvoie à un souvenir personnel.

Nicolas Ramade a pu bénéficier du soutien et de la participation des grands noms qui ont fait l’âge d’or du doublage dans les années 1980-1990 :

Patrick Poivey : voix de Bruce Willis, Tom Cruise, Don Johnson, Mickey Rourke, Jeff Daniels…


Maik Darah : voix de Whoopi Goldberg Courteney Cox (dans Friends), Queen Latifah, Angela Bassett, Madonna, Pam Grier…


Richard Darbois : voix d’Harrison Ford, du génie dans Aladdin et de Buzz l’Eclair dans Toy Story, Danny Glover, Richard Gere, Dan Aykroyd, Jeff Goldblum, William Hurt, Patrick Swayze, Sylvester Stallone, Liam Neeson, Arnold Schwarzenegger, Bill Murray…

Bernard Tiphaine : voix de Christopher Walken, Chuck Norris, Donald Sutherland, James Caan, Jeremy Irons, Warren Beatty, Harvey Keitel…

Brigitte Lecordier : voix de San Goku enfant dans Dragon Ball

Patrick Bethune : voix de Russell Crowe, Brendan Gleeson, Kiefer Sutherland…

Virginie Ledieu : voix de Meg Ryan et la princesse Saori dans Les Chevaliers du Zodiaque

Daniel Beretta : voix d’Arnold Schwarzenegger

Christophe Lemoine : voix de Jack Black, Cartman dans South Park et de Sean Astin dans la trilogie Le Seigneur des Anneaux

Céline Monsarrat : voix de Julia Roberts, Courteney Cox (tétralogie Scream) et de Bulma dans Dragon Ball

Jean-Pierre Moulin : Voix de Jack Nicholson et d’Anthony Hopkins…

Thierry Desroses : voix de Samuel L. Jackson, Wesley Snipes, Cuba Gooding Jr…

Benoît Allemane : voix de Morgan Freeman…

Pierre Hatet : voix de Christopher Lloyd…

George Caudron : voix de David Duchovny, John Hannah…

Odile Schmitt : voix d’Eva Longoria et de Tao dans Les Mystérieuses Cités d’Or

Tous ces immenses comédiens ont donc répondu présents et de façon bénévole pour le film de Nicolas Ramade, qui a également profité du soutien d’une campagne de crowdfunding. On s’est fait doubler ! certes, mais aucunement blouser par ce court-métrage qui propose une formidable récréation en compagnie de comédiens déjantés et déchaînés à l’écran, ainsi que des voix légendaires qui font partie de notre quotidien.

LE DVD

Le DVD d’On s’est fait doubler ! repose dans un boîtier Slim au visuel soigné et attractif, qui met en avant à la fois le casting vocal et les noms des deux interprètes principaux. Le menu principal est fixe et muet.

Le film s’accompagne de quelques suppléments à ne pas manquer.

On commence par l’interview du casting vocal (24’). A tour de rôle, les comédiens reviennent sur leurs débuts dans le doublage, comme Richard Darbois à 11 ans pour La Mélodie du bonheur, Virginie Ledieu pour le personnage de Falbala sur Astérix et la Surprise de César, Jean-Pierre Moulin pour Jack Nicholson sur Vol au-dessus d’un nid de coucou. Certains indiquent quel film ou quel acteur ils ont préféré doubler (ou qu’ils auraient aimé doubler) et se souviennent avec émotion de leur rencontre avec celle ou celui qu’ils « accompagnent » de film en film.

Le making of du doublage (9’) permet de plus apprécier le travail de ces monstres à la barre, durant leur représentation.

Un petit module de 5’30 présente également l’envers du décor avec quelques répétitions des acteurs avec le réalisateur Nicolas Ramade. Nous trouvons également quelques images de tournage et des scènes ratées comme un petit bêtisier.

L’Image et le son

Voilà un beau petit master aux couleurs lumineuses, au piqué incisif et aux contrastes soignés. La copie est évidemment très propre, le cadre soigné et cette copie nous permet même d’apprécier la photo riche et élégante de Sophie Ardisson.

Même chose avec le mixage Dolby Digital 5.1 qui installe une vraie petite spatialisation avec des effets naturels sur les latérales (dans le café, dans les bureaux), des voix solidement plantées sur la centrale (ou sur les arrières avec les voix de Benoît Allemane et Pierre Hatet) et des ambiances annexes sur les frontales. Même le caisson de basses fait parler de lui à quelques reprises, tandis que la musique originale de Julien Pichard est systématiquement délivrée par l’ensemble des enceintes.

Et pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir On s’est fait doubler !, le court-métrage de Nicolas Ramade est disponible sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=cYeVRbX2hhM&feature=youtu.be

Crédits images : © TRANSKOM 2017/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Arme fatale – Saison 1

L’ARME FATALE (Lethal Weapon) – Saison 1, disponible en DVD et Blu-ray le 27 septembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs :  Damon Wayans, Clayne Crawford, Keesha Sharp, Kevin Rahm, Michelle Mitchenor, Johnathan Fernandez, Jordana Brewster…

Histoire originale :  Matthew Miller, créateur de la série d’après le scénario de Shane Black pour le film L’Arme fatale (1987)

Durée : 18 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016

LA SÉRIE

Veuf depuis la mort tragique de son épouse enceinte, Martin Riggs, flic texan et ancien de la Marine, prend un nouveau départ à Los Angeles. Il devient le co-équipier du détective Roger Murtaugh, lequel a récemment subi une crise cardiaque « bénigne » et doit à tout prix éviter les situations de stress. Un duo de choc qui risque de faire des étincelles. Entre l’un prudent et l’autre trop imprévisible, l’association provoque quelques étincelles…

Franchement, on ne misait pas un kopeck sur cette série qui se permettait de se servir allègrement dans le patrimoine cinématographique, autrement dit de reprendre le titre, le postulat de départ et bien sûr les personnages cultes – créés par Shane Black – de la tétralogie L’Arme fatale de Richard Donner. Quatre buddy-movies sortis en 1987, 1989, 1992 et 1998, qui ont rapporté au total près d’un milliard de dollars dans le monde et attiré 11,5 millions de spectateurs dans les salles françaises. Pari risqué pour le producteur et créateur Matt Miller, showrunner de la série Chuck, mais pari finalement remporté haut la main puisque cette première saison de L’Arme fatale s’avère un divertissement très enthousiasmant, un cocktail explosif d’action dramatique pimenté d’humour et mené à cent à l’heure, qui revisite la mythique saga cinématographique, tout en la respectant et en lui rendant hommage.

Affecté par une perte tragique, l’ex-Navy Seal Martin Riggs déménage en Californie pour tout recommencer à zéro. Il est associé à Roger Murtaugh, agent du LAPD de retour à son poste après une crise cardiaque qui a failli lui coûter la vie. L’addiction à l’adrénaline de Riggs clashe immédiatement avec l’approche pondérée de Murtaugh, mais dès les premières courses-poursuites, déflagrations, explosions et fusillades invraisemblables mais jubilatoires qui s’enchaînent sans temps mort, chacun des coéquipiers apprend à considérer l’autre à sa juste mesure et surtout, à identifier les valeurs qu’ils partagent. Si seulement Riggs n’était pas aussi tête brûlée ! Le pilote (ainsi que le second épisode) réalisé par le très efficace McG (également producteur exécutif) donne le ton. Les personnages que l’on connaît sont là, certes interprétés par de nouvelles têtes, mais le plaisir d’entendre les noms de Roger Murtaugh et Martin Riggs est indéniable. Riggs et Murtaugh se rencontrent, s’apprivoisent, se cherchent, puis se découvrent enfin. Leur amitié naîtra au fil des épisodes. Tandis que Murtaugh retrouve son boulot après un triple pontage réalisé après un infarctus survenu à l’âge de 50 ans (alors que sa femme venait de mettre au monde leur troisième enfant), Riggs, texan devenu dépressif, alcoolique et suicidaire après la mort de sa femme qui allait accoucher, débarque à Los Angeles suite à une mutation. Il vit dans une caravane installée au bord du Pacifique, mais passe son temps à fixer son flingue. Sa rencontre avec Murtaugh et la famille de ce dernier, l’aidera progressivement à se sortir la tête de l’eau, même si les conditions de la disparition de son épouse demeurent étranges. Il se pourrait bien qu’elle ait été en fait assassiné.

La série L’Arme fatale repose non seulement sur de très bons scénarios qui montrent Los Angeles sous certains angles originaux, mais aussi et surtout sur un excellent casting. C’est surtout le comédien Clayne Crawford, vu dans les séries Jericho, 24 heures chrono et Rectify qui se taille la part du lion en reprenant le rôle de Mel Gibson. Si cela n’était pas une mince affaire et qu’il s’exposait à d’inévitables comparaisons, Clayne Crawford crève littéralement l’écran dans la peau de Martin Riggs. Véritable révélation, capable de faire passer le spectateur du rire aux larmes en un instant, il est assurément LA raison d’être de la série L’Arme fatale et créé son propre personnage, sans jamais chercher à singer son prédécesseur. A ses côtés, Damon Wayans (Ma famille d’abord) s’acquitte également très bien de son rôle, même s’il s’éloigne plus du personnage créé par Danny Glover que son partenaire. L’alchimie est évidente dès le départ, la complicité est de mise comme pour leurs illustres aînés.

Ils sont également bien entourés par Kevin Rahm (Desperate Housewives, Mad Men), Jordana Brewster (la franchise Fast & Furious) dans le rôle de la psy chargée d’évaluer Riggs au fil des épisodes, Keesha Sharp (Girlfriends), Hilarie Burton (Les Frères Scott) et bien d’autres acteurs tout aussi bons qui gravitent autour du noyau central formé par Wayans/Crawford. Au milieu de ces arrestations musclées, de ces trafics de drogue, de prostitution, d’argent, l’émotion n’est pas oubliée et le fil conducteur de ces épisodes bien filmés et à la photo séduisante, le deuil impossible de Riggs pour celle qu’il aimait, ne laisse pas indifférent.

C’est là toute la réussite de cette première saison attachante de L’Arme fatale, qui parvient non seulement à se démarquer du modèle original, mais aussi à proposer une continuité qui s’impose dès l’épisode pilote, adoubé par Shane Black qui a également participé au scénario. Après de très hautes audiences aux Etats-Unis avec entre 6 et 7 millions de téléspectateurs par épisode, la série a été reconduite pour une seconde saison qui a débuté fin septembre 2017.

L’EDITION DVD

La première saison de L’Arme fatale en DVD, disponible chez Warner Bros., se compose de 18 épisodes répartis sur quatre disques placés dans un boîtier classique, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre DVD, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’épisode pilote est présenté en version longue non censurée. Accrochez-vous bien, ce montage dure exactement 55 secondes de plus par rapport à la version diffusée à la télévision (également disponible sur ce DVD). Les coupes interviennent uniquement au niveau du langage « fleuri » des personnages.

Même chose en ce qui concerne les scènes coupées (26’) dispersées sur les quatre disques, pour les épisodes 1,3,5,8,10,11,15,16,17,18. Hormis une séquence où Riggs regarde son révolver avec envie dans l’épisode pilote et quelques intrigues très secondaires (le capitaine qui souhaite adopter un enfant avec son compagnon) ou quelques flashbacks (Riggs qui demande la main de sa fille à son capitaine), l’ensemble s’avère bien trop anecdotique et reflète simplement les coupes effectuées au montage pour accélérer le rythme.

Le dernier DVD propose un petit module sympathique de 15 minutes, durant lequel le comédien Jonathan Fernandez, qui interprète Scorsese, le médecin légiste dans la série, s’entretient avec les deux producteurs exécutifs Jennifer Gwartz et Matt Miller. Après le succès de la première saison à travers le monde, les deux showrunners visiblement satisfaits du résultat, reviennent sur la genèse du projet et le challenge de s’approprier le mythe de ces quatre films adorés par tous les spectateurs. Comment respecter l’esprit des films originaux ? Comment s’est déroulé le casting ? Comment trouver le binôme et parier sur l’alchimie des deux comédiens principaux ? Les deux producteurs répondent à ces questions, parfois illustrées par des images de tournage, tout en dévoilant quelques références à la saga de Richard Donner, qui auraient pu échapper aux téléspectateurs, comme l’apparition de la maison originale des Murtaugh.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier.

L’Image et le son

Voilà un bon service après-vente proposé par Warner. L’éditeur prend soin de la première saison de L’Arme fatale en livrant des épisodes au transfert solide. Les volontés artistiques originales sont respectées, les teintes sont chaudes, ambrées et parfois dorées, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont bien détaillés (et le sont sûrement encore plus en Haute-Définition), le relief est souvent présent et les détails foisonnent. Hormis quelques légers fléchissements sur les scènes sombres, cette édition DVD en met souvent plein la vue.

Bon…les réfractaires à la version originale devront se contenter d’une simple piste française Dolby Digital 2.0 Stéréo. Dynamique et claire, au doublage soigné, il ne faut pas en demander plus. Privilégiez évidemment la version anglaise Dolby Digital 5.1 à la spatialisation confortable et vive, avec des dialogues saisissants sur la centrale, des effets percutants sur les latérales et des frontales en pleine forme. Le caisson de basses se fait plaisir lors des scènes d’action, de poursuites et de gunfights. Ce n’est certes pas de la HD, mais c’est déjà ça de pris.

Crédits images : © Warner Bros. Entertainment Inc. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, réalisé par Maurizio Liverani

SAIS-TU CE QUE STALINE FAISAIT AUX FEMMES ? (Sai cosa faceva Stalin alle donne ?) réalisé par Maurizio Liverani, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Helmut Berger, Margaret Lee, Silvia Monti, Benedetto Benedetti, Solveyg D’Assunta, Piero Vida…

Scénario :  Maurizio Liverani, Benedetto Benedetti

Photographie : Marcello Gatti

Musique : Roberto Perpignani

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

A la fin de la dernière guerre, deux jeunes intellectuels communistes partisans, Aldo et Benedetto, arrivent à Rome où ils vont vivre sous la protection d’un important homme politique de gauche. Benedetto, contrairement à Aldo qui s’est engagé politiquement avec sagacité, a choisi le communisme uniquement pour des raisons externes et par snobisme. Persuadé de ressembler à Staline et fasciné par la personnalité du dictateur, Benedetto pousse son admiration jusqu’à en imiter le comportement, les gestes et l’habillement. Lorsque le mythe de Staline s’effondre, Benedetto se trouvera dans une situation de conflit intérieur.

Etrange film que ce Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?Sai cosa faceva Stalin alle donne ? (1969), premier des deux seuls longs-métrages réalisés par Maurizio Liverani. Totalement inclassable, nawak, fourre-tout, prétentieux et attachant, inracontable, long, bavard, épuisant, une chose est certaine, c’est que cette comédie qui n’en est pas une, mais qui est considérée ainsi, ne laisse pas indifférent. Né en 1928, Maurizio Liverani est journaliste, réalisateur et écrivain, neveu d’Augusto Liverani, ministre des communications de la République de Salò, autrement dit la République sociale italienne dirigée par Benito Mussolini. A l’âge de 16 ans, Maurizio Liverani adhère au Parti Communiste Italien et s’engage dans la Résistance aux côtés du Corpo volontari della libertà durant la Seconde Guerre mondiale. En 1952, il devient journaliste au Paese Sera et se voit confier la page des spectacles, puis des événements culturels. Cela le mène à la critique de cinéma, puis Maurizio Liverani décide d’écrire et de réaliser son premier film, Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, inspiré de ses propres souvenirs.

Comme des réminiscences, le récit semble fractionné et les séquences montées sans souci dramaturgique, tandis que certaines images d’archives s’incrustent pour situer le récit dans le temps. Satire sur le conformisme des intellectuels communistes romains, le film vaut essentiellement aujourd’hui pour son aspect expérimental (La Chinoise de Jean-Luc Godard a visiblement inspiré le réalisateur), son portrait de jeunes idéalistes fous ou hédonistes, ainsi que son casting hétéroclite. Ce quasi-opéra comique contre le communisme, animé par une indiscutable mais aussi harassante énergie, qui veut surtout ridiculiser le dogmatisme des militants, est « interprété » par Helmut Berger, au tout début de sa carrière et juste avant d’être dirigé par Luchino Visconti dans Les Damnés, ainsi que par les bombes Margaret Lee (Casanova ’70, Le Tigre se parfume à la dynamite, Les Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock) et Silvia Monti (la Sofia qui prenait une douche sensuelle dans Le Cerveau de Gérard Oury).

Etrange également de retrouver le maestro Ennio Morricone dans ce joyeux bordel sans queue ni tête. Son excellente partition dirigée par Bruno Nicolai apporte un plus non négligeable à cette mixture confuse. Le film n’est pas le succès espéré à sa sortie, le public étant quelque peu décontenancé par l’aspect puzzle-foutraque qu’on lui propose. Maurizio Liverani ne reviendra derrière la caméra qu’en 1975 pour Il Solco di pesca, comédie coquine sans prétention. Depuis, sa carrière se résume à ses activités de journaliste et de réalisateur de documentaires. Pas certain que Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? attirera les cinéphiles contemporains, en dehors des plus déviants et des plus curieux qui tomberaient dessus par hasard, même si ces derniers risquent de perdre patience rapidement devant cet objet filmique incompréhensible.

LE DVD

Le DVD de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! Le visuel de la jaquette fait penser à un film de la Nazisploitation, ce qui n’est évidemment pas le cas. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.

Cette collection, désormais entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Pour ce dernier tour de piste, du moins en ce qui concerne cette collection, Stéphane Roux rame quelque peu pour présenter Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? (9’). L’historien indique rapidement qui est le réalisateur Maurizio Liverani en mentionnant son parcours, et se focalise après sur le casting, en particulier Helmut Berger, ainsi que sur la musique d’Ennio Morricone. Cette introduction est souvent entrecoupée d’extraits du film et nous n’en tirons finalement pas grand-chose.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Nous ne dirons pas que l’éditeur clôt cette collection en beauté, puisque le master proposé de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est probablement le pire de tous. Usée jusqu’à la moelle, sale, constellée de points et de tâches, de rayures verticales, de griffures, de plans flous, de scories diverses et variées, cette copie fait mal aux yeux du début à la fin avec également un gros grain grumeleux et des couleurs fanées. Néanmoins, l’ensemble du film n’est pas pire que le générique en ouverture, presque illisible.

Même chose en ce qui concerne l’acoustique. La piste unique italienne demeure parasitée par un bruit de fond constant et des voix pincées, avec des dialogues tantôt sourds tantôt aigus, ainsi que de nombreuses saturations. N’ayez pas peur des craquements et des grésillements, car ils ne sont pas rares. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr