Test Blu-ray / Doubles vies, réalisé par Olivier Assayas

DOUBLES VIES réalisé par Olivier Assayas, disponible en DVD et Blu-ray le 7 janvier 2020 chez Ad Vitam

Acteurs : Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Christa Théret, Pascal Greggory, Lionel Dray, Sigrid Bouaziz, Laurent Poitrenaux…

Scénario : Olivier Assayas

Photographie : Yorick Le Saux

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

L’éditeur Alain Danielson, ami de l’écrivain Léonard Spiegel, décide de ne pas éditer son dernier livre. Pour quelle raison ? Peut-être parce que Léonard n’écrit que de l’autofiction vaguement maquillée en roman et que les personnages qui l’inspirent sont ses amis et sa maîtresse et que la maîtresse de l’un peut être la femme de l’autre…

Souvent porté par la critique, le réalisateur Olivier Assayas est habituellement représentatif d’un cinéma bourgeois, parisien, avec tous les poncifs qui l’accompagnent. S’il n’y a rien à redire sur sa sensibilité, sa mise en scène inodore-incolore-invisible ennuie la plupart du temps et donne l’impression de se regarder le nombril en attendant les éloges des Inrockuptibles. Evidemment, certains titres sortent du lot comme Clean (2004), qui avait valu à Maggie Cheung le Prix d’interprétation féminine à Cannes, sans aucun doute l’un des films les plus attachants d’Olivier Assayas, ou bien encore la mini-série Carlos (2010), percutante adaptation de la vie du terroriste. Ses deux collaborations avec Kristen Stewart, Sils Maria (2014) et Personnal Shopper (2016) ont une fois de plus irrité les allergiques à son cinéma poseur, même si le second était plus réussi et moins pédant. Nous n’attendions donc pas forcément (euphémisme) le retour du cinéaste derrière la caméra. Doubles vies est une petite surprise car il s’agit d’une comédie, intello certes, mais quand même. On a l’impression que le réalisateur âgé aujourd’hui de 65 ans, même s’il en paraît quinze de moins au bas mot, a voulu lâcher du lest et s’amuser. Toutes proportions gardées bien évidemment. Néanmoins, Doubles vies peut se voir comme la relecture d’un boulevard, un bo-bolevard pourrait-on dire, qui mixe beaucoup de choses, sans doute trop. Une réflexion sur le devenir du monde de l’édition et du livre, des tromperies à droite à gauche où les potes couchent avec la femme de l’autre pour oublier l’ennui, la communication dans le couple. Le casting est attractif, les comédiens sont qui plus est bien dirigés, les sujets de société abordés peuvent manquer de naturel mais n’en demeurent pas moins intéressants et la légèreté désirée par l’auteur fonctionne plutôt bien. En dehors de diverses longueurs et digressions, Doubles vies est étonnamment divertissant.

Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d’édition, où son ami Léonard, écrivain bohème publie ses romans. La femme d’Alain, Séléna, est la star d’une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu’ils soient amis de longue date, Alain s’apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer.

Alors non, Olivier Assayas ne se vautre pas dans la gaudriole, mais pour une fois on sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir. Le casting est déjà hétéroclite avec quelques générations qui se croisent, de Christa Theret pour la plus jeune à Pascal Greggory pour le vétéran de la bande, mais aussi les parcours divers, de Juliette Binoche (son troisième film avec Olivier Assayas), monstre sacré, à Nora Hamzawi, comédienne-humoriste ici dans un de ses premiers vrais rôles au cinéma. Au milieu de tout ce beau monde, Guillaume Canet et Vincent Macaigne se débrouillent très bien, le premier dans un rôle sobre (même sa voix semble avoir changé), le second dans son éternel rôle de pauvre type malchanceux, sensible et au bord de la dépression nerveuse. Les personnages se croisent, conversent, beaucoup, trop, le film étant extrêmement bavard. Ils n’ont rien de forcément très attachants, y compris dans leurs emplois respectifs. Il est toujours plus difficile de s’attacher au directeur d’une maison d’édition mou du genou, à une responsable de la transition numérique ambitieuse, à une comédienne à succès qui s’emmerde dans son boulot ou à une assistante parlementaire odieuse avec son compagnon, mais finalement Olivier Assayas parvient à les rendre intéressants, à défaut d’être sympathiques. Le spectateur observe donc ce microcosme se débattre, mais le cinéaste aurait pu être nettement plus virulent. Mais Olivier Assayas n’est pas un frondeur et ne le sera jamais. Il se pose des questions comme chacun de nous sur tel ou tel sujet, propose un sujet de débat, mais ne prend pas parti et préfère écouter ce que les autres en pensent.

Doubles vies se regarde sans ennui, même si encore une fois le réalisateur aurait gagné à tailler dans le texte ou éviter certaines séquences qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et qui font office de remplissage quand le sujet se recentre sur l’opposition d’idées entre le livre physique et numérique. On sent qu’Olivier Assayas a eu envie de parler de beaucoup de choses, mais on en vient à se dire qu’un documentaire sur le sujet principal (qui a quand même quelques années de retard) n’aurait pas été préférable, plutôt que de broder quelques histoires d’adultères autour dans une fiction. S’il déclare s’être inspiré du formidable L’Arbre, le Maire et la Médiathèque d’Eric Rohmer, le réalisateur ne lui arrive cependant jamais à la cheville et manque cruellement de spontanéité. Il n’a pas non plus la fraîcheur de son modèle, qui avait pourtant écrit et mis en scène le film à 73 ans. C’est ce qui manque encore et toujours à Olivier Assayas, bien trop corseté dans ses partis pris et son écriture qui voudrait bien faire rire, mais qui au final fait plutôt « se gausser » avec une retenue polie. Après cet « accident » de parcours, parions qu’Olivier Assayas retrouvera bientôt ses tares habituelles avec ses personnages pleins aux as qui se chamaillent pendant deux heures sur la vente d’un bureau Orchidées de Louis Majorelle, tout en parlant de mai 68.

LE BLU-RAY

Doubles vies apparaît dans les bacs sous la bannière d’Ad Vitam. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint deux sections d’interviews. Dans la première, Olivier Assayas (12’) s’exprime sur la genèse de Doubles vies, la longue réécriture du film, les sujets abordés, le choix de faire une comédie de caractères, son rapport au public, le tournage en format Super 16, ses intentions et ses partis pris.

Ensuite, nous trouvons d’un côté Nora Hamzawi et Vincent Macaigne, et de l’autre Juliette Binoche et Guillaume Canet (14’). Chacun s’exprime sur sa rencontre avec Olivier Assayas, sur leur réaction à la lecture du scénario, sur les sujets du film, sur la direction d’acteurs du réalisateur…

Sous le titre « Répétition d’une scène » (3’), se cache en fait une scène coupée, durant laquelle le personnage incarné par Juliette Binoche répète une scène d’action de la série dont elle est vedette.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Il n’y a rien de vraiment HD dans ce Blu-ray, pourtant au format 1080p. Certes, la clarté est indéniable sur les séquences en extérieur, mais la photo de Yorick Le Saux aurait mérité un meilleur traitement. Par ailleurs, la luminosité tend à dénaturer les détails (tournage en Super 16), notamment sur le rendu des gros plans des comédiens. Le piqué manque bougrement de mordant, la colorimétrie demeure pâle, la profondeur de champ déçoit et les scènes sombres posent souvent problème avec une définition médiocre s’accompagnant d’un sensible bruit vidéo et d’un aspect plus grumeleux. Quelques plans tirent leur épingle du jeu, mais au final l’impression reste mitigée.

En ce qui concerne le mixage DTS-HD Master Audio 5.1, la centrale peine souvent à délivrer les dialogues de manière homogène. Sans surprise, les ambiances naturelles ne manquent pas et la spatialisation se fait douce. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, une piste Stéréo dynamique, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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