Test DVD / Cinq déserteurs, réalisé par R. John Hugh

CINQ DÉSERTEURS (Yellowneck) réalisé par R. John Hugh, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lin McCarthy, Stephen Courtleigh, Berry Kroeger, Harold Gordon, Bill Mason, Al Tamez, Jose Billie, Roy Nash Osceola…

Scénario : Nat S. Linden & R. John Hugh

Photographie : Charles T. O’Rork

Musique : Laurence Rosenthal

Durée : 1h20

Année de sortie : 1955

LE FILM

Un colonel sudiste démis de ses fonctions rencontre quatre déserteurs dans les Everglades. Ensemble, ils vont tenter de survivre et de s’échapper de ces marais. L’épreuve sera longue entre la nature hostile et les assauts successifs des Indiens Séminoles vivant sur ce territoire.

On ne misait pas forcément grand-chose sur ce petit film déterré on ne sait où par l’éditeur Artus Films, mais force est d’admettre que Cinq déserteursYellowneck est un survival assez épatant et ce en dépit d’un évident manque de moyens. Que signifie le titre original ? Un prologue nous indique que le film s’apprête à nous raconter l’histoire de cinq hommes, « produits » d’une longue et sanglante guerre, qui ont décidé de tourner le dos à la cause Confédérale pour fuir. Ces déserteurs pour les hommes de la Confédération sont appelés « Yellowneck ». Intégralement tourné dans les décors naturels des Everglades, Cinq déserteurs est un étonnant mélange de film de guerre, de drame psychologique, d’aventures, de western et même d’épouvante dans sa dernière partie, qui ne compte qu’une poignée de comédiens au casting, tous solidement dirigés. Produit par la Republic Pictures, Yellowneck est le premier long-métrage écrit et réalisé par le britannique R. John Hugh (1923-1985), qui ne signera que cinq longs-métrages en vingt ans de carrière, des opus indépendants qui fleurent bon ce parfum kitsch et rétro, mais qui en avaient sous le capot et qui conservent encore aujourd’hui un charme inaltérable doublé d’une envie de cinéma.

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Test Blu-ray / Les Imposteurs, réalisé par Nicholas Meyer

LES IMPOSTEURS (The Deceivers) réalisé par Nicholas Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Pierce Brosnan, Shashi Kapoor, Saeed Jaffrey, Helena Michell, Keith Michell, David Robb, Tariq Yunus, Jalal Agha…

Scénario : Michael Hirst, d’après le roman de John Masters

Photographie : Walter Lassally

Musique : John Scott

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En 1825, l’Inde est ravagée par les Thugs, une confrérie d’assassins adorateurs de Kali. Ils sèment le chaos et la peur dans tout le pays : meurtres, vols ou encore sacrifices humains. Le capitaine William Savage, administrateur en Inde pour la Compagnie britannique des Indes orientales, va tenter de mettre fin à leurs agissements. Il décide se déguiser en Indien pour infiltrer les Thugs.

Avec la série Les Enquêtes de Remington Steele, l’irlandais Pierce Brosnan connaît un succès international, qui va s’étirer au fil de quatre saisons, de 1982 à 1985. C’est à partir de 1986 que le nom du comédien revient fréquemment quand on évoque celui qui pourrait remplacer Roger Moore…aussi bien dans la peau de Simon – Le Saint – Templar que dans celle de James Bond. Seulement voilà, une cinquième saison non prévue de Remington Steele est finalement commandée par la NBC et Pierce Brosnan doit rempiler, laissant la place tant convoitée à Timothy Dalton. C’est là qu’il se tournera progressivement vers le cinéma, avec le ronflant Nomads de John McTiernan, suivi de près par Le Quatrième Protocole The Fouth Protocol de John Mackenzie. Mais l’un de ses rôles les plus étonnants demeure sans doute celui qu’il tient dans Les Imposteurs The Deceivers (Christopher Reeve et Treat Williams avaient été courtisés avant lui), réalisé par Nicholas Meyer, alors romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End) et scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), qui s’était lancé dans la mise en scène en 1979 avec C’était demain Time after Time, interprété par Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen, puis Star Trek 2 : La Colère de Khan Star Trek: The Wrath of Khan trois ans plus tard. Les Imposteurs n’est pas un film d’aventure comme on pouvait l’imaginer, mais s’apparente plutôt à un thriller historique, car adapté de faits réels, inspiré par une société secrète d’assassins qui a sévi en Inde au début du 19e siècle. Et comme nous l’indique un panneau en introduction, il s’agit aussi du récit « de l’homme qui les a démasqués ». Pierce Brosnan se donne à fond dans ce rôle foncièrement ambigu, et malgré son charisme lisse (son regard est ici éteint par des lentilles de couleur marron), s’en sort bien dans un film parfois brutal, dont la cruauté contraste avec la beauté des décors naturels. Une bonne découverte.

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Test Blu-ray / Cours après moi, shérif !, réalisé par Hal Needham

COURS APRÈS MOI, SHÉRIF ! (Smokey and the Bandit) réalisé par Hal Needham, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 19 janvier 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Burt Reynolds, Sally Field, Jack Reed, Mike Henry, Paul Williams, Pat McCormick, Alfie Wise, George Reynolds…

Scénario : James Lee Barrett, Charles Shyer & Alan Mandel, d’après une histoire originale de Hal Needham & Robert L. Levy

Photographie : Bobby Byrne

Musique : Bill Justis & Jerry Reed

Durée : 1h36

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Surnommé le Bandit, le routier Bo Darville relève le défi que lui fixe le millionnaire Enos Burdette : transporter, sous quarante-huit heures, 400 caisses de bière entre le Texas et la Géorgie. Une activité illégale, considérée comme de la contrebande. Son ami Snowman à la manœuvre dans la cabine du semi-remorque chargé à bloc, Darville ouvre la route au volant de sa Pontiac survitaminée. Le plan se déroule sans incident jusqu’à ce qu’il tombe sur une jeune mariée en fuite qu’il décide d’aider. Une rencontre qui va générer de nombreux problèmes, le shérif Buford T. Justice n’appréciant guère de voir son fils soudainement plaqué par sa fiancée le jour de ses noces.

Quand Cours après moi, shérif ! Smokey and the Bandit est sur le point de débouler au cinéma, la renommée de Burt Reynolds est telle que la Fox décide d’avancer la sortie de Star Wars de deux jours, pensant qu’il ne fera qu’une bouchée de cette aventure intergalactique sur laquelle personne ne mise, encore moins le studio. Découvert dans Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci, le comédien devient une star internationale trois ans plus tard grâce au triomphe de DélivranceDeliverance de John Boorman. Il incarnera désormais le charme macho et velu à l’américaine, la moustache fringante, l’oeil rieur et passera d’un univers à l’autre, chez Woody Allen (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander), Joseph Sargent (Les Bootleggers White Lightning), Richard C. Sarafian (Le Fantôme de Cat Dancing The Man Who Loved Cat Dancing), Robert Aldrich (Plein la gueule The Longest Yard et La Cité des dangers Hustle), Peter Bogdanovich (Enfin l’amourAt Long Last Love et Nickelodeon) et bien d’autres. Tout le monde s’arrache ce bloc de virilité d’1m80. 1977, nous voici rendus à Cours après moi, shérif ! qui est donc le plus grand succès commercial de l’illustre carrière de Burt Reynolds, ayant rapporté près de 130 millions de dollars à sa sortie, soit l’équivalent d’un demi-milliard de dollars d’aujourd’hui (rien que sur le sol américain)…Cela laisse rêveur, surtout quand on sait que le budget global n’était que de quatre millions. Bref, on imagine encore mal le phénomène Burt Reynolds et de cet opus, qui allait engendrer deux suites au cinéma (Tu fais pas le poids, shérif ! et Cours après moi, shérif ! 3) et quatre téléfilms jusqu’en 1994, et inspirer la série Shérif, fais-moi peur The Dukes of Hazzard dès 1979. Culte on vous dit !

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Test Blu-ray / Le Secret de l’Épervier Noir, réalisé par Domenico Paolella

LE SECRET DE L’ÉPERVIER NOIR (Il Segreto dello sparviero nero) réalisé par Domenico Paolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lex Barker, Livio Lorenzon, Nadia Marlowa, Germano Longo, Walter Barnes, Pina Cornel, Loris Gizzi, Dina De Santis…

Scénario : Domenico Paolella & Sergio Solima

Photographie : Carlo Bellero

Musique : Gino Filippini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au début du XVIIIème siècle, le corsaire Carlos de Herrera est missionné par le royaume d’Espagne afin de récupérer des documents commerciaux tombés entre les mains du pirate Calico Jack. Il va être en concurrence avec le sergent Rodriguez, alias l’Épervier noir, qui, lui aussi, veut s’emparer des documents.

Non, il ne s’agit pas d’un super-héros, d’ailleurs l’Épervier noir du titre n’apparaît que sporadiquement et n’est même pas le personnage principal du film qui nous intéresse aujourd’hui. À la barre d’Il segreto dello sparviero nero ? Domenico Paolella (1915-2002), que certains pourraient connaître pour Les Pirates de la côte I Pirati della costa (1960) avec Lex Barker, plusieurs opus centrés sur Maciste (Maciste à la cour du Cheik, Maciste contre les Mongols, Maciste dans l’enfer de Gengis Khan), d’autres péplums à la mode (Hercule contre les tyrans de Babylone, Goliath à la conquête de Bagdad, Hercule défie Spartacus), un Eurospy (003 agent secret), un western (Django prépare ton exécution), bref un réalisateur qui a su suivre les goûts des spectateurs et profiter de l’engouement pour les divertissements au budget modeste et au rendement élevé. Et il s’en tire pas mal du tout derrière la caméra pour ce Secret de l’Épervier Noir, film d’aventures ou de piraterie, généreux en batailles, de retournements de situation, de quiproquos, de mystères, de bagarres sur la plage sur fond de soleil couchant, de scènes étonnamment brutales, qui s’avère en réalité un film d’espionnage en costumes. Aucun ennui durant ces 95 minutes, qui filent comme un éclair grâce à un montage nerveux, parfois même surprenant car sec et marqué par des fondus en noir et de légères ellipses de temps. Un bon cru.

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Test DVD / La Belle et le Corsaire, réalisé par Giuseppe Maria Scotese

LA BELLE ET LE CORSAIRE (Il Corsaro della mezzaluna) réalisé par Giuseppe Maria Scotese, disponible en DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : John Derek, Gianna Maria Canale, Ingeborg Schöner, Alberto Farnese, Raf Mattioli, Camillo Pilotto, Gianni Rizzo, Paul Muller…

Scénario : Mario Amendola, Riccardo Pazzaglia & Giuseppe Maria Scotese

Photographie : Adalberto Albertini

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Les pirates barbaresques écument la Méditerranée, pillant et ravageant les côtes, menés par Nadir El Krim. Dans son château, le baron Camerlata accueille Catherine d’Autriche, la sœur de l’empereur Charles Quint. Les pirates vont assiéger le château afin d’enlever la dame et demander rançon. Mais ils séquestrent par erreur la nièce du baron, la belle Angela. Il va falloir tenir avant l’arrivée des troupes impériales.

1957 est l’année où nos amis transalpins démarrent leurs copies carbones des films de pirates anglo-saxons. Nous en avions parlé lors de la sortie en DVD du Tigre des mers de Luigi Capuano, disponible chez Artus Films, mis à part les cow-boys, les vampires, les voyous et les flics, les flibustiers ont eux aussi prospéré durant l’âge d’or des films d’exploitation italiens. La Belle et le CorsaireIl Corsaro della mezzaluna est donc l’un des premiers ersatz à voir le jour en Italie, mais sans doute pas l’un des meilleurs représentants de ce sous-genre. En effet, le film de Giuseppe Maria Scotese ne vole pas bien haut et s’avère trop sage, lisse, sans aspérité, à peine divertissant, marqué par des décors très pauvres, des costumes peu reluisants et un rythme aux oubliettes. Reste le casting, qui fait le job sans se forcer, mais grâce auquel on parvient néanmoins à aller jusqu’au bout de cette entreprise laborieuse, notamment la merveilleuse et sublime Gianna Maria Canale, qui illuminait alors moult opus du Bis italien comme La Muraille de feu La Gerusalemme liberata de Carlo Ludovico Bragaglia, Le Tigre des mers La Tigre dei sette mari et Le Lion de Saint Marc Il leone di San Marco de Luigi Capuano. Complètement anecdotique, très bavard et réservé uniquement aux complétistes purs et durs.

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Test Blu-ray / Le Léopard, réalisé par Jean-Claude Sussfeld

LE LÉOPARD réalisé par Jean-Claude Sussfeld, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Claude Brasseur, Dominique Lavanant, Max Mégy, Nini Crépon, Liliane Bertrand, Emilie Benoît, Olivier Achard, Richard Guerry…

Scénario : Alain Riou & Jean-Claude Sussfeld

Photographie : François Catonné

Musique : Claude Bolling

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Lartigue, baroudeur-écrivain part élucider une affaire de meurtre et d’espionnage en Afrique aux côtés de Pauline Fitzgerald, auteur d’aventures policières.

Non, nous ne sommes pas dans À la poursuite du diamant vert Romancing the Stone, qui sortira d’ailleurs quelques mois après, mais il est vrai que Le Léopard de Jean-Claude Sussfeld annonce étrangement certains éléments que l’on retrouvera dans le film de Robert Zemeckis. C’est le cas notamment pour ce qui touche au personnage féminin, interprété ici par Dominique Lavanant, qui vit ses fantasmes à travers les romans qu’elle écrit. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car Le Léopard pâtit d’un scénario plutôt pauvre et se contente essentiellement d’enchaîner les péripéties, sans laisser au spectateur le temps de réfléchir. Les paysages du Zimbabwe font leur effet, rien à redire là-dessus, mais il manque cette étincelle, ce charme et un intérêt à l’entreprise pour emporter l’adhésion. Pas étonnant donc que Le Léopard, ait peiné à rassembler 670.000 spectateurs dans les salles, alors que Jean-Paul Belmondo se préparait à sortir la grosse artillerie avec Les Morfalous, que Francesco Rosi allait réunir deux millions de français avec Carmen, que Vive les femmes ! de Claude Confortès cartonnait au box-office et que L’Ascenseur de Dick Maas se refermait sur plus d’1,3 million d’usagers. Toutefois, si Jean-Claude Sussfeld n’est évidemment pas Philippe de Broca, qui avait bien eu du mal à atteindre les 1,7 million d’entrées avec L’Africain un an auparavant, la mise en scène du Léopard n’est pas déplaisante (la séquence de poursuite sur le Zambèze a vraiment de la gueule), apparaît énergique et inventive, insufflant un rythme grâce auquel on parvient tout de même à aller jusqu’au bout.

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Test Blu-ray / King, réalisé par David Moreau

KING réalisé par David Moreau, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juin 2022 chez Pathé.

Acteurs : Gérard Darmon, Lou Lambrecht, Léo Lorléac’h, Thibault de Montalembert, Clémentine Baert, Artus, Marius Blivet, Laurent Bateau…

Scénario : David Moreau, Zoé Bruneau, Sophie Glaas & Maria Pourchet, d’après une histoire originale de Jean-Baptiste Andrea & Gael Malry

Photographie : Antoine Sanier

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h39

Année de sortie : 2022

LE FILM

King, un lionceau destiné à un trafic, s’échappe de l’aéroport et se réfugie dans la maison d’Inès, 12 ans et Alex, 15. Le frère et la sœur ont alors l’idée folle de le ramener chez lui, en Afrique. Mais la traque des douaniers ne leur facilite pas la vie. Lorsque Max, leur grand-père fantasque qu’ils n’ont vu que deux fois dans leur vie, se joint à l’aventure, tout devient possible..

Découvert avec ses films d’horreur Ils et The Eye coréalisés avec Xavier Palud, le cinéaste David Moreau a ensuite connu en 2013 un beau succès avec 20 ans d’écart, pétillante comédie-romantique avec Pierre Niney et Virginie Efira. Avec Seuls, il revenait au film de genre en suivant le schéma tracé par les américains et leurs franchises destinées aux adolescents, Hunger Games, Divergente ou Le Labyrinthe. Tout était réuni pour que Seuls rencontre un large public. Malheureusement, le réalisateur a dû faire avec le peu d’argent mis à sa disposition en raison de la frilosité des producteurs français. King devait signer son retour au cinéma, mais David Moreau n’aura pas le temps de terminer le film, à cause d’une plainte déposée à son égard par une technicienne. Débouté du tournage, David Moreau sera finalement remplacé par le chef opérateur Antoine Sanier. Toutefois, à l’écran cela ne se ressent pas et King demeure un joli film pour les enfants et leur(s) accompagnant(s). L’ombre de Steven Spielberg plane sur cette histoire (ainsi que sur la forme) du début à la fin et l’on en vient même à se dire qu’il s’agit purement et simplement d’un remake d’E.T., l’extra-terrestre, tant les similitudes y sont particulièrement troublantes. Remplacez l’alien par un lionceau et vous avez pour ainsi dire la même chose. King parvient à captiver l’attention de la jeune audience, avec de bons et charismatiques comédiens, la tendresse bourrue de Gérard Darmon (très bon à donner la réplique à ses partenaires en herbe) et un lionceau attendrissant, souvent créé en images de synthèse et dont le résultat est bluffant. De beaux sentiments, un rythme soigné, une photo très classe, de l’aventure, le spectacle est garanti.

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Test Blu-ray / La Loi du nord, réalisé par Jacques Feyder

LA LOI DU NORD réalisé par Jacques Feyder, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Michèle Morgan, Pierre Richard-Willm, Charles Vanel, Arlette Marchal, Jacques Terrane, Max Michel, Youcca Troubetzkov, Fabien Loris…

Scénario : Jacques Feyder & Alexandre Arnoux, d’après le roman de Maurice Constantin-Weyer, Telle qu’elle était en son vivant

Photographie : Roger Hubert

Musique : Louis Beydts

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1939

LE FILM

Un soir, dans un cabaret new-yorkais, Robert Shaw, le roi de l’acier, abat l’amant de sa femme. Lors du procès, il plaide la démence et se retrouve interné. Sa secrétaire, Jacqueline Bert, une française, lui rend souvent visite et lui dit de se tenir prêt. Son évasion accomplie, Bob gagne le Canada avec Jacqueline. Celle-ci rencontre bientôt un aventurier français, Louis Dumontier, qu’elle présente à Bob. Ensemble, ils prennent la piste du Grand Nord.

L’Atlantide (1921), Visages d’enfants (1925), Le Grand jeu (1934), La Kermesse héroïque (1935, Prix international de la mise en scène à la Mostra de Venise), Le Chevalier sans armure Knight Without Armour (1937) ont tous comme dénominateur commun le réalisateur belge Jacques Feyder (1885-1948), de son vrai nom Jacques Frédérix. Privilégiant les décors naturels, à l’instar de l’Afrique pour L’Atlantide (à l’époque le film le plus cher du cinéma français) ou du Haut-Valais pour Visages d’enfants, le cinéaste est reconnu dans le monde entier pour sa virtuosité, au même titre que ses confrères Abel Gance et D. W. Griffith. A l’origine, La Piste du nord, premier titre d’exploitation, avait été sélectionné pour représenter la France au tout premier Festival de Cannes qui devait se dérouler du 1er au 20 septembre 1939, mais qui est finalement annulé en raison de l’arrivée en Pologne des troupes allemandes. L’avant-dernier long-métrage de Jacques Feyder sortira en mars 1942, dans une version tronquée, puis sera rebaptisé La Loi du nord, quand le film sera à nouveau exploité en 1945 dans son montage intégral. Ce passionnant polar teinté d’aventure, essentiellement tourné entre la Norvège et la Suède, suit la fuite en avant d’un homme ayant assassiné son rival et de sa secrétaire au dévouement sans bornes, dans le froid de la Belle Province. Inclassable, on passe ainsi de la romance au thriller, en passant par le drame, le survival et le film noir, La Loi du nord est une immense (re)découverte, qui mérite toute l’attention des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Justine ou les infortunes de la vertu, réalisé par Jess Franco

JUSTINE OU LES INFORTUNES DE LA VERTU (Marquis de Sade: Justine) réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 mai 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Klaus Kinski, Romina Power, Maria Rohm, Rosemary Dexter, Carmen de Lirio, Akim Tamiroff, Gustavo Re, Mercedes McCambridge, Jack Palance…

Scénario : Harry Alan Towers, Arpad DeRiso & Erich Kronte, d’après le roman du Marquis de Sade

Photographie : Manuel Merino

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le marquis de Sade évoque des souvenirs. Il raconte l’histoire de deux soeurs, Juliette et Justine, chassées par leurs parents. Juliette, la sage, semble poursuivie par la malchance. Justine va de l’avant, sans scrupule, et rencontre ainsi des personnes fort intéressantes. Juliette se retrouve comme pensionnaire chez une certaine madame de Buisson, qui dirige une maison close. Justine refuse de tomber entre les mains de cette mère maquerelle et prend la fuite. C’est alors qu’elle croise le chemin de monsieur de Harpin, un vieillard ignoble, qui veut profiter de la détresse de la jeune femme pour servir ses propres desseins…

Ce qui est difficile dans la filmographie éclectique et prolifique de Jess Franco (plus de 200 films…), c’est de s’y retrouver avec les différents titres attribués à un seul long-métrage. Ainsi, Justine ou les infortunes de la vertu, est aussi connu sous l’appellation Marquis de Sade: Justine, Les Deux beautés, Justine de Sade, ou bien encore Justine and Juliet, et même Deadly Sanctuary. Nous en resterons à Justine ou les infortunes de la vertu, titre d’exploitation du film qui nous intéresse aujourd’hui, sorti sur les écrans hexagonaux en mars 1970 et un an plus tôt en Italie. L’ami Jess tourne à la suite Les Brûlantes 99 femmes, Sumuru, la cité sans hommes, Le Château de Fu Manchu. On ne saurait être plus diversifié. Sur un scénario de Harry Alan Towers (Black Venus de Claude Mulot, Le Cirque de la peur de John Llewellyn Moxey, et par ailleurs producteur), Arpad DeRiso (Le Lion de Saint Marc et Le Tigre des mers de Luigi Capuano) et Erich Kronte, le cinéaste adapte pour la première fois le Marquis de Sade (ici son ouvrage rédigé à la Bastille en 1787, publié de son vivant en 1791), auquel il reviendra à plusieurs reprises, en 1970 avec Les Inassouvies (librement inspiré de La Philosophie dans le boudoir), trois ans plus tard avec Eugénie de Sade (d’après Eugénie de Franval), puis avec Plaisir à trois en 1974. Une obsession qui irriguera moult opus du réalisateur par la suite. Mais pour l’heure, il bénéficie d’un budget solide pour Justine ou les infortunes de la vertu. S’il n’est clairement pas le meilleur Franco, le film parvient encore à être divertissant et souvent plaisant, surtout dans ses délires que l’on pourrait volontiers qualifier de nawak, à l’instar de la prestation de Jack Palance (la même année que Che! de Richard Fleischer), perdu dans ses pensées, complètement en roue libre, vraisemblablement en totale improvisation. Au-delà de ça, le casting est aussi très attractif, avec un Klaus Kinski illuminé (pléonasme) dans la peau du Marquis de Sade (toutes ses scènes ont été visiblement emballées en une seule journée), un petit coucou d’Howard Vernon, sans oublier de superbes comédiennes (Romina Power, Maria Rohm, Rosemary Dexter, Carmen de Lirio, Sylva Koscina, Rosalba Neri), toujours très bien mises en valeur par le metteur en scène. Un bon cru.

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Test Blu-ray / Le Vieux Khottabych, réalisé par Gennadiy Kazanskiy

LE VIEUX KHOTTABYCH (Starik Khottabych – Старик Хоттабыч) réalisé par Gennadiy Kazanskiy, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Nikolay Volkov, Aleksei Litvinov, Gennadi Khudyakov, Lev Kovalchuk, Valentina Romanova, Maya Blinova, Olga Cherkasova, Yefim Kopelyan…

Scénario : Lazar Lagin, d’après son roman

Photographie : Muzakir Shurukov

Musique : Nadezhda Simonyan

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Le petit Volka découvre une bouteille au fond de la rivière. En la débouchant, il laisse apparaître le génie Khottabych, âgé de plus de 2000 ans. Pour le remercier, ce dernier exauce tous les vœux du garçon. Mais il ne connaît pas encore les techniques du monde moderne et ses tours de magie amènent des catastrophes en série.

Tandis que Doctor Strange in the Multiverse of Madness et Top Gun: Maverick déferlent sur les écrans en essayant de ramener les spectateurs dans les salles obscures, il fut un temps où les blockbusters se résumaient à l’arrivée d’un génie de la lampe dans le quotidien d’un petit garçon. C’est le cas d’un film russe intitulé Le Vieux Khottabych, Starik Khottabych, ou bien encore Старик Хоттабыч (ça c’est juste histoire de nous la péter), réalisé par un certain Gennadiy Kazanskiy (1910-1983), qui s’emparait alors d’un roman très connu des petits et des grands de Lazar Lagin, Starik Hottabych, publié en 1938, puis révisé près de vingt ans après, dont l’adaptation est d’ailleurs signée de l’auteur de lui-même. Mélange de bons sentiments, d’humour pour toute la famille (un gag annonce même le légendaire « jour, nuit, jour, nuit » de Jacquouille la Fripouille), d’effets spéciaux charmants et surtout irrigué de bonnes valeurs morales (A bas le capitalisme ! Vive la culture physique !), Le Vieux Khottabych enchaîne les péripéties de notre jeune héros, qui sera bien occupé à rattraper les bêtises d’un génie âgé de 3732 ans (et 5 mois), quelque peu allumé (une sorte d’Aladin gâteux) et bien sûr complètement paumé dans le monde contemporain, qui découvre les us et coutumes d’un pays qu’il ne connaît pas, après avoir passé près de 2000 années enfermé dans sa lampe. Un spectacle fantastique kitsch, plaisant, coloré, poétique et bourré d’aventures.

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