Test Blu-ray / Contes cruels de la jeunesse, réalisé par Nagisa Ôshima

CONTES CRUELS DE LA JEUNESSE (Seishun zankoku monogatari) réalisé par Nagisa Ôshima, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Yusuke Kawazu, Miyuki Kuwano, Yoshiko Kuga, Fumio Watanabe, Shinji Tanaka, Yosuke Hayashi, Shinjiro Matsuzaki, Toshiko Kobayashi…

Scénario : Nagisa Ôshima

Photographie : Takashi Kawamata

Musique : Riichiro Manabe

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Makoto Shinjo, une jeune femme sans repères, s’offre à des hommes d’âge mûr, en général des automobilistes de passage. Un jour, l’un d’eux la violente. Elle est secourue par Kiyoshi Fujii, un voyou, qui extorque un peu d’argent au conducteur en échange de son silence. Les deux marginaux se revoient, entament une liaison, violente. Ils mettent au point une combine de chantage où Makoto séduirait des inconnus et Kiyoshi les ferait chanter.

Nagisa Ôshima (1932-2013) est mondialement célèbre pour Nuit et brouillard du Japon (1960), Furyo (1983) et bien évidemment L’Empire des sens (1976). Les films du réalisateur japonais, diplômé en droit, politiques et transgressifs, auront toujours été accompagnés d’un parfum de scandale. Le public occidental connaît moins ses premières œuvres, en particulier ladite trilogie de la « jeunesse », constituée d’Une ville d’amour et d’espoir – alias Le Garçon vendeur de colombes – mis en scène en 1959, Contes cruels de la jeunesse (1960) et L’Enterrement du soleil (1960). L’opus qui nous intéressera aujourd’hui est le second. Âgé de 28 ans au moment du tournage, le cinéaste est alors en prise avec son époque, écoute ceux de son âge et même les plus jeunes, là où ses confrères de la génération précédente se contentaient de les entendre, pour ensuite dépeindre leurs désirs et leurs états d’âme avec un décalage peu représentatif du Japon contemporain. Avec Contes cruels de la jeunesse, Nagisa Ôshima plonge sa caméra portée dans les rues de Tokyo (les vraies, pas celles reconstituées en studio), observe les adolescents et les vingtenaires, hommes et femmes, qui tentent de (sur)vivre avec peu de repères, des piliers déjà branlants, un avenir incertain s’ouvrant devant eux. Entre La Fureur de vivre Rebel Without a Cause (1955), pour la peinture d’une jeunesse en crise, et À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard – bombe atomique dont les retombées se faisaient ressentir dans tous les pays du monde – pour sa liberté formelle (et comme Makoto, que Kiyoshi empêche de rejoindre le bord alors qu’elle ne sait pas nager), le réalisateur trouve les vecteurs pour s’exprimer et laisser témoigner ouvertement une partie de la population à qui on avait jusqu’à présent imposé de se taire.

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Test Blu-ray / Terreur extraterrestre, réalisé par Greydon Clark

TERREUR EXTRATERRESTRE (Without Warning) réalisé par Greydon Clark, disponible en DVD et Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Jack Palance, Cameron Mitchell, Martin Landau, David Caruso, Kevin Peter Hall, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker…

Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Steve Mathis & Bennett Tramer

Photographie : Dean Cundey

Musique : Dan Wyman

Durée : 1h37 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Une série d’attaques de petites créatures volantes et voraces provoque des morts isolées dans une campagne de l’Amérique profonde. Alerté par un couple de jeunes ayant survécu à l’hécatombe, un petit groupe lutte désespérément contre un impitoyable prédateur d’un autre monde, qui hante les forêts et chasse tous les humains qu’il rencontre.

Pour beaucoup, Greydon Clark est le réalisateur d’un nanar ultime, une référence en la matière, Le Clandestin Uninvited, dans lequel George Kennedy se retrouvait face à un chat mutant, fruit des expériences d’un laboratoire ayant entraîné, qui avait pour particularité de dissimuler un autre chat démoniaque, vivant à l’intérieur de l’animal. Ça y est ? Vous l’avez ? C’est lui Greydon Clark (né en 1943), metteur en scène, producteur, scénariste et parfois acteur, à qui l’on doit aussi Black Shampoo (1976), Satan Cheerleaders (1977) et Les 7 Filles en or Angels’ Brigade (1979), emblématique du cinéma de drive-in, des séries B souvent à la limite du Z, quand elles ne s’y vautraient pas complètement, de l’exploitation pur jus, faite à la va-vite, tournée avec le moins de fric possible, dans l’espoir d’en ramasser un maximum. 1979, Alien, le huitième passager sort sur les écrans. Les (méchantes) créatures de l’espace vont soudainement renaître sur le grand écran suite au triomphe du film de Ridley Scott. Un scénario circule à la fin des années 1970. S’il est aujourd’hui difficile de dire qui a écrit ou réécrit quoi parmi les quatre auteurs crédités, Lyn Freeman, Daniel Grodnik (également producteur et qui signera juste après Le Monstre du train de Roger Spottiswoode), Bennett Tramer (producteur de la série Sauvés par le gong) et Steve Mathis (un des futurs grands techniciens de John Carpenter), Terreur extraterrestre Without Warning est rapidement mis en route et débarque sur les écrans américains le 26 septembre 1980. De l’avis général des Bisseux et autres cinéphiles déviants, cet opus demeure le meilleur de toute la carrière de Greydon Clark, qui lui aussi aura mis la main à la pâte pour réécrire le script, y compris sur le tournage. Quarante ans ont passé et Terreur extraterrestre a pris du plomb dans l’aile. Si le film vaut encore un curieux coup d’oeil, c’est surtout (pour ne pas dire uniquement) pour la photographie de l’immense chef opérateur Dean Cundey, qui avait fait ses débuts grâce entre autres à Greydon Clark, qui allait se faire remarquer pour son travail avec John Carpenter sur Halloween, la nuit des masques (qu’il allait retrouver pour Fog, New York 1997, The Thing…), avant d’entamer une longue et fructueuse collaboration avec Robert Zemeckis, d’À la poursuite du diamant vert Romancing the Stone (1984) à La Mort vous va si bien Death Becomes Her (1992), en passant par la trilogie Retour vers le futur Bath to the Future, sans oublier son boulot pour Jurassic Park (1991) de Steven Spielberg. Soyons honnêtes, Terreur extraterrestre peine à maintenir l’intérêt du spectateur. S’il n’est pas déplaisant, surtout en raison du cabotinage de Martin Landau et de Jack Palance (déjà à l’affiche d’Angels’ Brigade), le film pâtit de trop grandes longueurs et d’un manque de rythme. Sympathique, mais très paresseux, malgré une ambiance oppressante finalement réussie.

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Test Blu-ray / La Brigade du suicide, réalisé par Anthony Mann

LA BRIGADE DU SUICIDE (T-Men) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Dennis O’Keefe, Mary Meade, Alfred Ryder, Wallace Ford, June Lockhart, Charles McGraw, Jane Randolph, Art Smith…

Scénario : John C. Higgins, d’après une histoire originale de Virginia Kellogg

Photographie : John Alton

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1947

LE FILM

Dennis O’Brien et Tony Genaro ne se font guère d’illusions lorsqu’ils acceptent la mission que leur confie le département des Finances. Ils savent que leur vie ne pèse pas lourd face aux intérêts de la puissante bande de faux-monnayeurs, si bien organisée qu’elle inonde le pays de monnaie de singe, si bien dissimulée qu’ils doivent se faire passer pour des gangsters afin d’en retrouver la trace…

Si l’on devait réaliser un classement des meilleurs films noirs de l’histoire du cinéma, La Brigade du suicide T-Men apparaîtrait assurément en très bonne position. Depuis la fin des années 1930, Anthony Mann (1906-1967), de son vrai nom Emil Anton Bundsmann, n’a fait que grimper les échelons. En effet, l’ancien fondateur de la troupe de théâtre Stock Company, dans laquelle allait officiait un certain James Stewart, s’est ensuite vu proposer de superviser les essais d’acteurs pour le compte de la prestigieuse Selznick International Pictures, sur les films comme La Famille sans-souci The Young in Heart de Richard Wallace, Le Lien sacré Made for Each Other de John Cromwell, et surtout Autant en emporte le vent Gone With The Wind de Victor Fleming, ainsi que Rebecca d’Alfred Hitchcock. Après cette expérience, Anthony Mann devient assistant de Preston Sturges chez Paramount Pictures sur Les Voyages de Sullivan Sullivan’s Travels en 1941. A la recherche de nouveaux talents derrière la caméra, le studio lui confie son premier long-métrage dès l’année suivante, Dr. Broadway, adapté d’un roman de Borden Chase. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicideT-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men éponymes donc) avec une précision quasi-documentaire. Immense succès, La Brigade du suicide s’avère la première des six collaborations entre le metteur en scène et le directeur de la photographie John Alton (Elmer Gantry, le charlatan de Richard Brooks, La Femme modèle de Vincente Minnelli, Deux rouquines dans la bagarre d’Alan Dwan). En l’espace de trois années, les deux hommes marqueront le septième art par leur virtuose association, qui prendra son essor dès leur second film en commun, Marché de brutes – Raw Deal, essai définitivement transformé cinq mois plus tard, jusqu’à leur ultime opus, le phénoménal Devil’s Doorway La Porte du diable. Mais pour l’heure, La Brigade du suicide, s’inspire d’une histoire de Virginia Kellogg (L’Enfer est à lui White Heat de Raoul Walsh), adaptée pour le cinéma par John C. Higgins (La Dernière flèche de Joseph M. Newman). T-Men demeure d’une folle modernité près de soixante-quinze après sa sortie, un exemple, un mètre étalon du suspense, autant passionnant sur le fond que sur la forme, qui n’a eu de cesse d’être copié depuis, mais très rarement égalé.

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Test Blu-ray / Crisis, réalisé par Nicholas Jarecki

CRISIS réalisé par Nicholas Jarecki, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez, Luke Evans, Lily-Rose Depp, Guy Nadon…

Scénario : Nicholas Jarecki

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Raphael Reed

Durée : 2h

Année de sortie : 2021

LE FILM

L’arrestation à la frontière canadienne d’un passeur en possession d’une cargaison d’un puissant anti-douleur opioïde déclenche une série d’évènements incontrôlables. L’opération sous couverture d’un agent du FBI désormais compromise se complique encore avec la vendetta d’une ancienne addict alors qu’un éminent chercheur sonne l’alerte sur les dérives d’une industrie pharmaceutique corrompue.

Venu du documentaire avec The Outsider en 2005, dans lequel il suivait son confrère James Toback en pleine création, le réalisateur Nicholas Jarecki se fait surtout connaître des cinéphiles avec Arbitrage, son premier long-métrage sorti en 2012 – une belle et bonne surprise – inspiré par la crise financière internationale. Dans ce film, que l’on pourrait rapprocher de l’excellent Margin Call de J.C. Chandor, le scénariste et metteur en scène, lui-même fils de trader, offrait à Richard Gere l’un de ses meilleurs rôles, qui incarnait un magnat de la finance qui possède tout, mais qui cachait aussi un être sombre, sans scrupules, arrogant, n’hésitant pas à escroquer ses adversaires, sa propre entreprise de plusieurs centaines de millions de dollars, à mentir à sa famille dont sa femme et sa fille (et employée), et au passage à dissimuler sa responsabilité dans l’accident ayant entraîné la mort de sa maîtresse. La grande réussite d’Arbitrage était de parvenir à rendre attachant ce personnage que rien ni personne ne semblait ébranler. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour que Nicholas Jarecki revienne derrière la caméra avec Crisis, thriller qui s’inspire d’un des plus grands scandales sanitaires de tous les temps, une crise de santé publique liée à celle des opioïdes, entraînant une surprescription d’opiacés à fort risque d’accoutumance, à l’instar de l’Oxycodone. Si le réalisateur « invente » un médicament à risque dans son film, le procès en Oklahoma contre Johnson & Johnson (entreprise pharmaceutique américaine), qui avait dissimulé les risques de dépendance liés à la prise d’anti-douleurs à base d’opiacés, l’a évidemment guidé. En prenant en compte que près de 500.000 américains seraient morts par overdose aux États-Unis en deux décennies à cause de ces opiacés, Nicholas Jarecki livre un film dans la mouvance du récent Dark Waters de Todd Haynes, du sublime Erin Brockovich, seule contre tous (2000) de Steven Soderbergh, Révélations (1999) de Michael Mann et The Constant Gardener (2005) de Fernando Meirelles. S’il n’atteint pas les cimes comme ces précédents exemples, Crisis s’en sort remarquablement à travers un récit à plusieurs branches, où les histoires et les personnages sont narrés en parallèle, pour ensuite s’entrecroiser comme dans Traffic (2000) de Steven Soderbergh (tiens, encore lui) et Collision Crash (2004) de Paul Haggis. Certes, la mise en scène ne peut rivaliser avec celle des illustres références mentionnées ci-dessus, mais Nicholas Jarecki est loin d’être un tâcheron ou un simple faiseur. L’élégance de son long-métrage est indéniable, le scénario est passionnant, et le casting composé de Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez et Luke Evans est impeccable.

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Test Blu-ray / Les Feux de l’enfer, réalisé par Andrew V. McLaglen

LES FEUX DE L’ENFER (Hellfighters) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : John Wayne, Katharine Ross, Jim Hutton, Vera Miles, Jay C. Flippen, Bruce Cabot, Edward Faulkner, Barbara Stuart…

Scénario : Clair Huffaker

Photographie : William H. Clothier

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Chance Buckman dirige une entreprise spécialisée dans l’extinction des feux liés aux puits de pétrole. Lors d’une intervention périlleuse il est gravement blessé et finit à l’hôpital. L’un de ses associés appelle alors la fille de Chance, avec laquelle il est brouillé. L’homme blessé va renouer petit à petit avec sa fille et son ex-femme, toujours traumatisée par les années passées…

Les années 1960 prennent fin et à Hollywood tout est bouleversé depuis l’abandon du tristement célèbre Code Hays. Bonnie and Clyde d’Arthur Penn et Le Lauréat – The Graduate de Mike Nichols déboulent sur les écrans. Le fonctionnement des studios est remis en question, ainsi que la crédibilité des stars déjà bien installées, qui apparaissent soudainement anachroniques, pour ne pas dire archaïques. C’est le cas de notre cher John Wayne, qui juste après El Dorado de Howard Hawks, avait enchaîné avec Les Bérets verts The Green Berets, qu’il avait coréalisé avec Ray Kellogg, film foncièrement conservateur mis en œuvre pour justifier l’intervention américaine au Viêt Nam. Alors qu’il s’évertue à illustrer son engagement personnel, patriote jusqu’au bout des ongles et fervent républicain, le comédien est également bien décidé à ne pas se laisser écraser par ce nouveau courant en vogue et par une nouvelle génération prête à remettre en cause les idéaux fondamentaux des Etats-Unis. Il s’investit corps et âme dans Les Feux de l’enfer Hellfighters de son ami Andrew V. McLaglen (1920-2014), avec lequel il avait déjà tourné Le Grand McLintock McLintock! cinq ans auparavant et qu’il retrouvera encore à trois reprises (Les Géants de l’Ouest The Undefeated, Chisum et Les Cordes de la potence Cahill U. S. Marshal). Dans cet apparent film d’action, John Wayne incarne le mâle alpha, le patriarche, comme une réincarnation de l’Oncle Sam. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas prêt à raccrocher les gants (ignifugés) dans Les Feux de l’enfer, dans lequel il interprète le héros US dans toute sa splendeur et qui malgré ses soixante balais, compte bien faire la morale à la jeunesse décadente. Contrairement à ce que l’on pouvait penser après avoir découvert la bande-annonce et vu les photos d’exploitation, Hellfighters n’est pas un film catastrophe, mais une comédie de remariage teinté de romance et de mélo, où John Wayne se confronte à la magnifique Katharine Ross, révélée par Andrew V. McLaglen trois ans auparavant dans le superbe ShenandoahLes Prairies de l’honneur, avant d’exploser aux yeux du monde dans Le Lauréat. Deux écoles s’affrontent dans ce spectacle fort sympathique, même si on se rend compte très vite que ce sont bien les mecs font tout le boulot et que les « bonnes femmes » devraient rester à la maison pour faire le ménage, s’occuper des gamins s’il y en a et préparer un bon petit plat prêt à servir du four quand nos héros reviennent du turbin. C’était le bon temps…on rigole bien sûr, mais à l’écran cela demeure rigolo et divertissant, surtout que les séquences enflammées valent sacrément le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Eclipse, réalisé par Artyom Aksenenko

ECLIPSE (Zatmenie – Мистическая Игра) réalisé par Artyom Aksenenko, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Alexander Petrov, Diana Pozharskaya, Ekaterina Kabak, Sergey Burunov, Svetlana Golovina, Kirill Kozakov, Semyon Lopatin, Andrey Perunov…

Scénario : Oleg Sirotkin

Photographie : Vyacheslav Lisnevskiy

Musique : Aleksandr Maev

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le jour d’une éclipse, Alex rencontre Kristina et le charme commence à opérer entre eux. C’est l’opportunité pour le magicien Rustam de s’emparer de leur essence magique en leur lançant une malédiction.

Certaines grosses productions soviétiques parviennent à se frayer un chemin jusqu’en France grâce au marché de la VOD et du DVD, à l’instar du sympathique Titanium (2014) de Dmitriy Grachev ou l’affreux Guardians (2017) de Sarik Andreasyan, sans oublier Attraction 1 et 2 de Fedor Bondarchuk (2017-2020), Sputnik, espèce inconnue (2020) – rien à voir avec leur vaccin anti-COVID Spoutnik V – d’Egor Abramenko, Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko, ainsi que le diptyque Night Watch Day Watch (2004-2008) de Timur Bekmambetov, qui avait réussi à se frayer un chemin vers les salles hexagonales et permis à son réalisateur d’obtenir son billet d’entrée à Hollywood pour y tourner Wanted : Choisis ton destin avec Angelina Jolie et James McAvoy. Le blockbuster soviétique existe bel et bien et nous sommes chaque fois curieux de découvrir ce qu’ils peuvent bien nous pondre au doux pays de Vladimir. Voici donc Eclipse, titre adopté dans nos contrées, traduit littéralement de Zatmenie en version originale, ou bien encore Mystic Game pour son exportation, qui surfe un peu sur toutes les grandes sagas – avortées ou non – qui ont déferlé sur les écrans depuis dix ou quinze ans, de Harry Potter en passant par Twilight, Divergente, The Mortal Instruments et Sublimes créatures. Tout cela à la sauce vodka, sous un climat rugueux et avec des acteurs à la peau diaphane qui parlent une langue étrange comme s’ils étaient en pleine incantation. Eclipse n’a rien de déshonorant, c’est juste qu’il est extrêmement bordélique et ce du début à la fin en dépit de sa très courte durée (75 minutes, montre en main). Voulant probablement parler de beaucoup de choses dans un temps extrêmement resserré, le réalisateur Artyom Aksenenko (né en 1983) montre ce qu’il a sous le capot, mais le scénario d’Oleg Sirotkin ne l’aide pas des masses. Plein de portes s’ouvrent dans Eclipse, les thèmes intéressants sont présents ou exposés, mais rien n’y est développé, tout va trop vite, on ne comprend rien. Rien à redire sur les acteurs, impeccables et grâce auxquels on arrive finalement au bout de cette 1h15, même si la frustration demeure en fin de projection, celle de s’être fait quelque peu avoir en assistant à l’introduction d’une franchise nouvellement créée. Cela ne semble pas être le cas puisque Eclipse est déjà sorti il y a cinq ans et qu’un deuxième volet n’est pas (ou plus) à l’ordre du jour…

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Test Blu-ray / Cheerful Wind, réalisé par Hou Hsiao-hsien

CHEERFUL WIND (Feng er ti ta cai – 風兒踢踏踩) réalisé par Hou Hsiao-hsien, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Feng Fei Fei, Kenny Bee, Anthony Chan, Ying Shih, Chou Wan-Sheng, Ling Wu, Chen Yin-Hao, Chuang Hui-Fen…

Scénario : Yao Chiung & Hou Hsiao-Hsien

Photographie : Chen Kun-Hou

Musique : Lin Tsan-Ching

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Hsing-hui travaille comme assistante photographe sur le tournage d’une publicité. Elle fait la rencontre de Chin-tai, un aveugle dont elle tombe amoureuse alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Lorsque ce dernier propose à Hsing-hui de l’accompagner avec lui en Europe, la jeune femme doit alors choisir entre l’amour et son rêve le plus cher…

Bien avant Les Fleurs de Shanghai (1998), Millenium Mambo (2001), Café Lumière (2003), Three Times (2005), Le Voyage du ballon rouge (2007) et The Assassin (2015), le réalisateur et chef de file du cinéma d’auteur taïwanais Hou Hsiao-hsien (né en 1947) ou HHH pour les intimes cinéphiles, faisait ses premières armes au cinéma en 1980 avec Cute Girl, dans lequel une jeune fille issue d’une famille riche, amoureuse d’un jeune homme de condition modeste, était forcée de se marier avec le fils d’un industriel. L’année suivante, le cinéaste retrouve les trois interprètes – et par ailleurs artistes de pop-variété – de son film précédent, Feng Fei Fei, Kenny Bee et Anthony Chan, pour une nouvelle comédie-romantico-sentimentale intitulée Cheerful Wind, son second long-métrage. Alors bien sûr, les passionnés du cinéma asiatique essaieront de chercher ce qui fera de Hou Hsiao-hsien l’un des metteurs en scène et auteur chinois les plus importants, mais force est de constater que rien ou très peu d’éléments pourront rapprocher Cheerful Wind des Garçons de Fengkuei (1983), Un été chez grand-père (1984), Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) et Poussières dans le vent (1986), quatre œuvres autobiographiques qui viendront après L’Herbe verte de chez nous (1983), dernier volet de la « trilogie romantique ». Toutefois, ce film de jeunesse, même si HHH avait près de 35 ans, demeure léger comme une bulle de savon, un divertissement drôle, sympathique et on ne peut plus attachant, qui ressemble pour ainsi dire à un manhua live (autrement dit une BD chinoise), très élégant, marqué par la fraîcheur, l’alchimie et la spontanéité de ses comédiens.

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Test Blu-ray / Les Monstres de la mer, réalisé par Barbara Peeters

LES MONSTRES DE LA MER (Humanoids from the Deep) réalisé par Barbara Peeters, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Pena, Denise Galik, Lynn Theel, Meegan King…

Scénario : Frank Arnold, Martin B. Cohen & Frederick James

Photographie : Daniel Lacambre

Musique : James Horner

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Le petit village tranquille de Noyo est victime d’une vague de violence. Les hommes sont assassinés et les femmes sont violées. Il apparaît rapidement qu’une expérience génétique a mal tourné, et une nouvelle race de créatures mi-homme, mi-poisson quitte son monde aquatique… pour s’accoupler avec les femmes !

Au début des années 1980, Roger Corman se consacre uniquement à la production et Dieu sait qu’il a du pain sur la planche. En effet, en l’espace de quelques mois, au moins une dizaine de longs-métrages affichent son nom en lettres dorées et celles de sa société New World Pictures, à l’instar de Destructor de Max Kleven et The Private Eyes de Lang Elliott. Deux de ses films se distinguent. Le premier est Les Mercenaires de l’espace Battle Beyond the Stars de Jimmy T. Murakami, dont Roger Corman reprend le tournage sans être crédité, le second est Les Monstres de la mer Humanoids from the Deep. Cette série B, limite Z avec son budget famélique, ses deux semaines de prises de vue et son casting de quasi-inconnus complètement à côté de la plaque, est symbolique du génie du producteur spécialisé dans le cinéma d’exploitation. Il confie son nouveau bébé à Barbara Peeters, remarquée dès 1970 avec son premier film, Je suis une hard-girl The Dark Side of Tomorrow, puis Les Diablesses de la moto Bury Me an Angel (1971), Summer School Teachers (1975) et Starhops (1978). Roger Corman avait déjà été impressionné par la qualité d’écriture, mais aussi et surtout par l’efficacité de la mise en scène de la réalisatrice, au point de lui avoir produit son troisième opus. Recherchant une nouvelle approche de l’horreur et une sensibilité inédite pour aborder le genre, le nabab lui propose donc Les Monstres de la mer, avant tout destiné aux projos dans les drive-in et devant comporter les ingrédients attendus par les spectateurs avides de ce genre de spectacle, autrement dit du sang, du gore même, et des belles nanas chichement habillées voire carrément nues si cela est possible. Barbara Peeters s’acquitte de sa tâche en grande professionnelle, mais la copie rendue déçoit Roger Corman en raison du manque de sexe. La cinéaste refuse de procéder à des reshoots. Qu’à cela ne tienne, le producteur rappelle son poulain Jimmy T. Murakami pour filmer quelques plans boobs bien gratos et des séquences beaucoup plus explicites de viols de femmes par les humanoids éponymes. Énorme succès en son temps, que reste-t-il des Monstres de la mer quarante ans après ? Un formidable divertissement complètement fou, très bien rythmé, malin, à la photographie soignée, qui fait rire autant pour son côté nawak que pour le mauvais jeu des comédiens. 80 minutes de rires non-stop, cela ne se refuse pas et surtout fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Vous ne verrez plus jamais un pavé de saumon de la même façon !

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Test Blu-ray / La Colonie (Tides), réalisé par Tim Fehlbaum

LA COLONIE (Tides) réalisé par Tim Fehlbaum, disponible en DVD et Bluray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen, Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, Bella Bading, Hong Indira Rieck…

Scénario : Tim Fehlbaum, Mariko Minoguchi, Jo Rogers & Tim Trachte

Photographie : Markus Förderer

Musique : Lorenz Dangel

Durée : 1h44

Année de sortie : 2021

LE FILM

Dans un avenir pas si lointain. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler et doit prendre une décision qui scellera le sort de la population sur les deux planètes.

S’il y a des trous le gruyère en Suisse, il n’y en a pas dans le scénario de La Colonie ou Tides, titre international d’exploitation de cette production germano-helvétique et deuxième long-métrage du réalisateur Tim Fehlbaum, venu tout droit de la confédération. Né en 1982, ce dernier avait été remarqué avec son premier film Hell, primé dans divers festivals (Sitges, Munich…), sorti il y a dix ans, dans lequel il parlait déjà de l’avenir de la planète, en y montrant notamment la surface du globe brûlée par les rayons du soleil, des terres asséchées, et une nourriture devenue rare. Dans Hell, deux types de survivants s’opposaient, les proies et les prédateurs, tandis que trois camarades traversaient des paysages désolés dans l’espoir d’y trouver de l’eau. En 2021, Tim Fehlbaum, toujours sous la houlette de Roland Emmerich, producteur exécutif, s’interroge une fois de plus dans Tides sur les futures conditions de la Terre, mais aussi et surtout sur celled de l’être humain, le responsable des différentes catastrophes écologiques et qui n’a rien fait pour y remédier, celui qui espère que la planète renaîtra, celui qui profite de cette situation pour asservir son prochain, assouvir ses pulsions et devenir le maître de ce nouveau monde post-apocalyptique. Comme dans Hell, les survivants vont devoir s’engager dans un long combat pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui ont décidé de s’emparer du pouvoir pour façonner la planète comme ils l’entendent, au détriment de la liberté d’autrui. Il y a beaucoup d’éléments passionnants dans cette étrange Colonie, film de science-fiction, d’anticipation pour être précis, qui confirme le potentiel d’un metteur en scène et scénariste sur lequel on misait déjà et auquel Hollywood ne devrait pas tarder à faire de l’oeil. Enfin, Tides offre à la française Nora Arnezeder son meilleur rôle à ce jour. De tous les plans, bad-ass, d’une sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dramatiques, l’actrice découverte en 2008 dans Faubourg 36 de Christophe Barratier et dernièrement à l’affiche d’Army of the Dead de Zack Snyder, a pris du galon ainsi que du charisme et signe une très belle performance qui participe grandement à la réussite de Tides.

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Test Blu-ray / The Boxer, réalisé par Jim Sheridan

THE BOXER réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emily Watson, Brian Cox, Ken Stott, Kenneth Cranham, Gerard McSorley…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan

Photographie : Chris Menges

Musique : Gavin Friday & Maurice Seezer

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Belfast. Danny Flynn avait l’étoffe d’un champion de boxe et rêvait d’un avenir heureux avec sa fiancée Maggie. Entré dans les rangs de l’IRA, jeté malgré lui dans l’action violente et condamné à quatorze ans de prison pour un attentat dont il n’était pas coupable, Danny garda le silence. Il ne livra aucun de ses compagnons de lutte, mais prit des distances avec eux comme avec son passé, et rendit sa liberté à Maggie en acceptant qu’elle épouse son meilleur copain. Aujourd’hui Danny est libre. Dans son ancien quartier, dévasté par la guerre, le boxeur remonte la pente…

Troisième et dernière collaboration entre le réalisateur irlandais Jim Sheridan et le comédien britannique (naturalisé irlandais en 1993) Daniel Day-Lewis, The Boxer ne possède pas le même prestige que My Left Foot (1989) et Au nom du père In the Name of the Father (1994), mais n’a eu de cesse d’être réhabilité depuis sa sortie en 1997. S’il a beaucoup moins rapporté que le film précédent (16 millions contre 65 millions de dollars pour Au nom du père), The Boxer clôt pourtant de façon élégante cette « trilogie irlandaise » qui a autant compté dans la carrière du metteur en scène que dans celle de sa tête d’affiche, très largement nommée et récompensée dans le monde entier. Si l’on compare The Boxer aux deux autres, celui-ci s’avère le plus maniéré, le plus sophistiqué, au niveau de sa réalisation, le plus stylisée, en raison de la photographie de Chris Menges (La Déchirure The Killing Fields et Mission The Mission de Roland Joffé, The Pledge de Sean Penn), qui par ses filtres bleutés représente l’atmosphère glacée de Belfast. The Boxer détient un cachet plus « surréaliste » et sans doute moins viscéral, plus « cinématographique », moins brut, plus poseur aussi certainement. Ces partis-pris créent un sensible détachement, mais on ne peut s’empêcher d’admirer l’implication toujours cinglée de Daniel Day-Lewis, dont le côté jusqu’au-boutiste a décontenancé Jim Sheridan, qui avait du mal cette fois à contenir son acteur, qui s’était fixé comme objectif de « devenir » boxeur, au point de prendre de vrais coups et d’oublier les problèmes que cela pouvait engendrer, comme les raccords de maquillage et de continuité. Il n’empêche que rarement un comédien aura atteint cette perfection, à tel point que Barry McGuigan, son coach, mais aussi consultant et par ailleurs ancien boxeur lui-même (champion poids plume dans les années 1980) dont la vie a inspiré une partie du film, aurait déclaré que Daniel Day-Lewis s’était hissé à un niveau égal voire supérieur aux sportifs professionnels. Aux côtés de la star, la bouleversante Emily Watson, tout juste révélée par Breaking the Waves de Lars von Trier, ainsi que Brian Cox, impérial dans la peau de Joe Hamill, tirent leur épingle du jeu. Faux film sportif, mais vrai drame politique et histoire d’amour contrariée, The Boxer demeure un grand film. Dommage toutefois que les deux premiers actes n’aient pas la force viscérale de la dernière partie, qui prend littéralement aux tripes et les malaxent jusqu’à en donner la nausée. C’est entre autres grâce à ce dénouement extraordinaire que The Boxer mérite d’être réévalué.

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