Test Blu-ray / La Poursuite sauvage, réalisé par Daniel Mann

LA POURSUITE SAUVAGE (The Revengers) réalisé par Daniel Mann, disponible en DVD & Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 14 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : William Holden, Ernest Borgnine, Woody Strode, Roger Hanin, Reinhard Kolldehoff, Jorge Luke, Jorge Martínez de Hoyos, Arthur Hunnicutt, Susan Hayward…

Scénario : Wendell Mayes, d’après une histoire originale de Steven W. Carabatsos

Photographie : Gabriel Torres

Musique : Pino Calvi

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

En rentrant de la chasse, le fermier John Benedict trouve toute sa famille massacrée. Dans un dernier souffle, son vacher lui indique que les meurtriers sont des Indiens voleurs de chevaux, commandés par deux Blancs, dont l’un, Tarp, est borgne. Fou de rage et de désespoir, Benedict vend ses biens et se lance sur leurs traces. Il se rend dans un pénitencier du Mexique pour y engager des hommes de main. Il en repart avec six forçats sans foi ni loi. Sans aucun scrupule, ceux-ci tentent de le dévaliser et l’abandonnent à son sort. L’un d’entre eux, Job, revient pourtant…

Daniel Chugerman, alias Daniel Mann (1912-1991) vient du théâtre. Il débarque dans le monde du cinéma au début des années 1950 en adaptant une pièce de William Inge, Come Back, Little Sheba, qui en France deviendra Reviens petite Sheba, avec Burt Lancaster et qui vaut à Shirley Booth d’être récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice, ainsi que par le Prix d’interprétation au Festival de Cannes. Il adapte Tennessee Williams (La Rose tatouée, Oscar de la meilleure actrice pour Anna Magnani), puis dirige les plus grandes stars, de Marlon Brando à Glenn Ford, en passant par Shirley MacLaine, Anthony Quinn, James Stewart, Elizabeth Taylor, Dean Martin, Lana Turner, James Coburn, Sophie Loren, Sidney Poitier…Un C.V. qui ferait bien des envieux. Éclectique, passant d’un genre à l’autre (drame, comédie, film de guerre, tout y passe), Daniel Mann connaît un immense succès avec Willard, opus d’épouvante, qui entraînera une (mauvaise) suite (Ben, réalisé par Phil Karlson) et un remake en 2003. Après ce triomphe qui surfe sur l’engouement croissant des spectateurs pour le cinéma d’horreur, Daniel Mann enchaîne étrangement avec La Poursuite sauvage The Revengers, un western, qui périclitait alors à Hollywood, repris et modernisé en Italie, qui tentait alors de revenir sur le devant de la scène aux États-Unis. Indubitablement influencé par Les Sept MercenairesThe Magnificent Seven (1960) de John Sturges, Les Douze Salopards The Dirty Dozen (1967) de Robert Aldrich et La Horde sauvageThe Wild Bunch (1969) de Sam Peckinpah, La Poursuite sauvage n’a certes pas le prestige de ces trois immenses références, mais n’en reste pas moins une étonnante réussite. Daniel Mann rappelle les cinéastes comme Robert Fleischer et Robert Wise, capables de se fondre dans le moule du genre qu’ils abordaient, en y apportant leur griffe. Sur un scénario signé Wendell Mayes, auteur réputé de l’autre côté de l’Atlantique (Le Merdier de Ted Post, Un justicier dans la ville de Michael Winner, L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame, Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger), produit par Martin Rackin (Les Cavaliers, Les Aventures du Capitaine Wyatt, La Femme à abattre), porté par un casting aussi brillant qu’hétéroclite mené par William Holden, La Poursuite sauvage est un western qui a très bien vieilli, qui épate par sa violence et qui propose des personnages fouillés, complexes et même passionnants. Une redécouverte s’impose.

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Test Blu-ray / Quand le clairon sonnera, réalisé par Frank Lloyd

QUAND LE CLAIRON SONNERA (The Last Command) réalisé par Frank Lloyd, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 13 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Sterling Hayden, Anna Maria Alberghetti, Richard Carlson, Arthur Hunnicutt, Ernest Borgnine, J. Carrol Naish, Ben Cooper, John Russell…

Scénario : Warren Duff, d’après une histoire originale de Sy Bartlett

Photographie : Jack A. Marta

Musique : Max Steiner

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

1836. Guerre d’indépendance du Texas. Le pionnier Jim Bowie, citoyen mexicain, plaide en faveur des rebelles auprès des autorités mexicaines. Devant l’arrogance du Général Santa Anna, qui dirige le Mexique, Bowie se range du côté des rebelles texans. Ceux-ci lui demandent de les mener jusqu’à Alamo, face aux forces supérieures en nombre de Santa Anna.

Moui…pour une fois, nous aurons peu de choses à dire sur Quand le clairon sonnera The Last Command, western réalisé par Frank Lloyd (1886-1960) et sorti sur les écrans américains en 1955. Cinéaste aujourd’hui complètement oublié des amateurs de septième art, Frank Lloyd était avant tout comédien à l’époque du muet, avant de devenir scénariste, producteur, puis metteur en scène. Particulièrement prolifique avec près de 150 films, courts et longs-métrages confondus, Frank Lloyd devait terminer sa longue carrière en 1955 avec Quand le clairon sonnera. L’auteur de Howard le révolté The Howards of Virginia (1940) avec Cary Grant et surtout des Révoltés du Bounty Mutiny on the Bounty (1935), porté par Charles Laughton et Clark Gable, signe une honnête vision du légendaire siège de Fort Alamo, en se focalisant sur la figure historique de James Bowie, pionnier et soldat américain, un des grands acteurs de la révolution texane. Déjà incarné au cinéma par Alan Ladd dans La Maîtresse de fer The Iron Mistress (1952), emballé par le même Gordon Douglas, et par Stuart Randall dans Le Déserteur de Fort Alamo The Man from the Alamo (1953) de Budd Boetticher, Jim Bowie est ici interprété par Sterling Hayden, alors au top de sa popularité, tournant parfois jusqu’à six films par an. S’il ressemble à James Bowie de façon troublante, on ne peut pas dire que le comédien soit convaincant. Rigide, froid, comme s’il était ailleurs, sans doute ralenti par l’alcool, Sterling Hayden traverse l’histoire avec la même expression figée, en prenant la pose. Heureusement, il est très bien entouré et la mise en scène est suffisamment dynamique pour emmener le spectateur jusqu’à l’assaut final, qui vaut sacrément le détour.

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Test Blu-ray / Chuka le redoutable, réalisé par Gordon Douglas

CHUKA LE REDOUTABLE (Chuka) réalisé par Gordon Douglas, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livret le 11 avril 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Rod Taylor, Ernest Borgnine, John Mills, Luciana Paluzzi, James Whitmore, Victoria Vetri, Louis Hayward, Michael Cole…

Scénario : Richard Jessup, d’après son roman « Chuka »

Photographie : Harold E. Stine

Musique : Leith Stevens

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Retranchés dans un fort de l’armée américaine en territoire Arapaho, l’aventurier Chuka et un groupe composé d’une fine gâchette, d’un conducteur de diligence, de deux femmes mexicaines, dont une, Veronika, lui était fiancée, et d’un ramassis de soldats, sont assiégés par des Indiens en révolte et menacés par la famine qui les décime. Contre monnaie sonnante, Chuka accepte d’aller patrouiller dans les environs.

Gordon Douglas (1907-1993) était ce que certains appellent vulgairement un « faiseur », un « yes man », un réalisateur à la solde des studios, qui passait sans complexe d’un genre à l’autre, en respectant un cahier des charges bien établi, ainsi qu’un budget à ne pas dépasser. Peu de ses films restent en tête ceci dit et ce malgré plus de quarante ans de carrière. On peut tout de même citer Des monstres attaquent la ville Them ! (1954), Appelez-moi monsieur Tibbs They Call Me Mister Tibbs! (1970), suite inattendue de Dans la chaleur de la nuitIn the Heat of the Night (1967) de Norman Jewison, Le Fauve en libertéKiss Tomorrow Goodbye (1950), ses collaborations avec Frank Sinatra (Le Détective, La Femme en ciment, Tony Rome est dangereux,Les 7 voleurs de Chicago), F comme Flint In Like Flint (1967), ainsi que toute une tripotée de westerns, genre dans lequel Gordon Douglas s’est épanoui. La Diligence vers l’Ouest, Rio Conchos, Le Shérif de ces dames, Sur la piste des Comanches, L’Homme du Nevada…autant de titres explicites qui font le bonheur des amateurs de séries B. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est Chuka le redoutable ou tout simplement Chuka en version originale, l’avant-dernier western du cinéaste, son dernier étant Barquero en 1970 avec Lee Van Cleef et Warren Oates. Il offre le premier rôle à l’australien Rod Taylor, comédien atypique, une gueule carrée, des épaules de camionneur, un regard azur qui pouvait être souvent bouleversant. La star des OiseauxThe Birds d’Alfred Hitchcock et de La Machine à explorer le temps The Time Machine de George Pal tient le rôle-titre de Chuka et s’impose royalement dans ce western qui s’avère un huis clos anxiogène, où plane l’ombre de la bataille de Fort Alamo. Incontestablement, il s’agit d’un des meilleurs films de Gordon Douglas, qui envoie du lourd côté affrontements entre les soldats américains et les Indiens, mais qui laisse aussi une belle place à l’émotion, au fur et à mesure que le personnage principal se révèle. Une très belle découverte.

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Test Blu-ray / Le Prince et le Pauvre, réalisé par Richard Fleischer

LE PRINCE ET LE PAUVRE (Crossed Swords – The Prince and the Pauper), réalisé par Richard Fleischer, disponible en combo Blu-ray/DVD le 31 janvier 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Oliver Reed, Raquel Welch, Mark Lester, Ernest Borgnine, George C. Scott, Rex Harrison, David Hemmings, Harry Andrews…

Scénario : Berta Domínguez D., Pierre Spengler & George MacDonald Fraser, d’après le roman de Mark Twain

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un jeune voleur, pour échapper à la police, escalade un mur et se retrouve face à face avec le prince Edward, dont il est le parfait sosie. Pour une nuit, les deux garçons vont échanger leur vie. Mais il est aussi difficile pour le prince de se retrouver dans la rue que pour le pauvre d’être au palais !

Quand il réalise Le Prince et le PauvreThe Prince and the Pauper (ou bien encore Crossed Swords aux États-Unis) en 1977, Richard Fleischer a déjà trente ans de cinéma derrière-lui et amorce la toute dernière partie de sa carrière. Deux ans après le terrible échec critique de l’extraordinaire Mandingo, le cinéaste, qui était alors toujours en quête de reconnaissance et qui misait sur ce film qu’il attendait comme étant celui qu’il avait voulu faire toute sa vie, dépose les armes et retourne à son « simple » statut de metteur en scène, à défaut d’être considéré comme un auteur. Il enchaîne avec un biopic consacré à Sarah Bernhardt, The Incredible Sarah, interprété par Glenda Jackson, puis il est appelé par les producteurs Pierre Spengler et Ilya Salkind, qui avaient financé l’étonnant Kill de Romain Gary et qui prévoyaient de monter un budget conséquent pour Superman, pour prendre les manettes du Prince et le Pauvre. Ilya Salkind et son père Alexander avaient connu deux triomphes dans le monde entier avec Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady, divertissements quasi-anachroniques, qui avaient pourtant explosé le box-office aussi bien en Europe que sur le sol américain. La tentation était trop grande de surfer sur ce genre inattendu et cette adaptation du roman de Mark Twain, écrite par le même scénariste George MacDonald Fraser, tombait à point nommé. S’il ne fait pas et ne fera jamais partie des films les plus célèbres de Richard Fleischer, Le Prince et le Pauvre n’en reste pas moins un spectacle mené à cent à l’heure, porté par un casting exceptionnel (en dehors de Mark Lester certes, nous y reviendrons) et marqué par des scènes d’action solidement emballées par un artiste et artisan, qui s’il avait dû mettre ses ambitions de côté, n’a jamais renié son travail et s’est toujours acquitté élégamment de la tâche qui lui était confiée.

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Test Blu-ray / Le Convoi, réalisé par Sam Peckinpah

LE CONVOI (Convoy) réalisé par Sam Peckinpah, disponible en Blu-ray le 1er septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young, Madge Sinclair, Franklyn Ajaye, Brian Davies, Seymour Cassel, Cassie Yates…

Scénario : Bill L. Norton

Photographie : Harry Stradling Jr.

Musique : Chip Davis

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Rubber Duck est rejoint par ses anciens collègues camionneurs dans un mouvement contestataire contre le shérif Wallace qui agit comme un véritable tyran. Leur convoi parcourt les routes du Nouveau-Mexique jusqu’au moment où les forces de l’ordre les arrêtent en les empêchant de poursuivre. L’affaire commence alors à se médiatiser…

C’est l’avant-dernier opus d’un cinéaste dont le nom donne des frissons aux cinéphiles. Le Convoi Convoy est en effet le treizième long-métrage de Sam Peckinpah, mais aussi son plus grand succès commercial à travers le monde, malgré des critiques plus que mitigées à sa sortie. S’il est toujours aujourd’hui considéré comme mineur dans la filmographie du maître, Le Convoi n’en reste pas moins un sacré tour de force et demeure l’un des derniers témoignages du Nouvel Hollywood, comme si la dépouille de ce courant avait été ranimée une ultime fois, pour renouer avec l’aura d’oeuvres comme Macadam à deux voies Two-Lane Blacktop de Monte Hellman et surtout de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian, auxquels Sam Peckinpah aurait greffé la légèreté de Cours après moi shérif Smokey and the Bandit de Hal Needham, gros carton de l’année précédente. Il en résulte un spectacle haut de gamme, un road movie où les gros bahuts suivraient la ligne blanche séparant l’asphalte, avec d’un côté le quotidien sclérosé et corseté, et de l’autre le désir inné de liberté. À ce titre, Kris Kristofferson est impeccable dans la peau du leader malgré-lui du mouvement improvisé de cette folle échappée, où prenant le volant pour échapper à la prison après une bagarre qui a mal tourné, celui-ci se retrouve à la tête d’un convoi de camions (mais pas que) qui commence à s’étaler sur le ruban goudronné et interminable. Ou quand Sam Peckinpah remplace ses canassons par des camions cylindrés pour parcourir le Nouveau-Mexique. Un pur et grand divertissement.

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Test Blu-ray / Un Colt pour trois salopards – Hannie Caulder, réalisé par Burt Kennedy

UN COLT POUR TROIS SALOPARDS (Hannie Caulder) réalisé par Burt Kennedy, disponible en DVD depuis le 11 janvier 2023 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Raquel Welch, Robert Culp, Ernest Borgnine, Christopher Lee, Jack Elam, Strother Martin, Diana Dors, Paco de Lucía…

Scénario : Burt Kennedy & David Haft, d’après une histoire originale de Peter Cooper, Ian Quicke & Bob Richards

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ken Thorne

Durée : 1h25

Date de diffusion initiale : 1971

LE FILM

Hannie Caulder voit sa vie s’écrouler lorsque les 3 frères Clemens assassinent son mari, la violent et incendient sa maison. Décidée à venger, elle va tout apprendre de Thomas Luther Price, un chasseur de primes qui la recueille.

Quand elle se retrouve en haut de l’affiche du western Un Colt pour trois salopards ou tout simplement Hannie Caulder en version originale, l’ex-mannequin et comédienne Raquel Welch a le vent en poupe depuis cinq ans, grâce aux hits successifs du chef d’oeuvre de Richard Fleischer, Le Voyage fantastiqueFantastic Voyage, Un million d’années avant J.C.One Million Years B.C. de Don Chaffey et Les Cent Fusils100 Rifles de Tom Gries, qui allaient la faire passer à la postérité et faire d’elle un sex-symbol international. Au début des années 1970, elle tient le rôle-titre du western réalisé par Burt Kennedy (1922-2001), habitué du genre, ancien scénariste de Budd Boetticher (Sept hommes à abattre, L’Homme de l’Arizona, L’Aventurier du Texas, La Chevauchée de la vengeance, Comanche Station), qui avait déjà mis en scène Ne tirez pas sur le shérifSupport Your Local Sheriff ! avec James Garner, La Vengeance du shérif Young Billy Young avec Robert Mitchum et Angie Dickinson, La Caravane de feuThe War Wagon avec John Wayne et Kirk Douglas, ainsi que Le Retour des septReturn of the Seven, la suite du film réalisé par John Sturges, Les Sept Mercenaires, sorti en 1960. Il est donc parfaitement à son affaire avec Hannie Caulder, film curieux à plus d’un titre, pas forcément une réussite du début à la fin, mais qui n’en reste pas moins un savoureux divertissement, qui vaut à la fois pour la présence toujours sexy de Raquel Welch, dont le colt sied à sa sublime chute de hanche, un casting solide (sur lequel nous reviendrons) et aussi, et c’est sans doute ce qu’on retient étonnamment plus de ce western, une magnifique bande originale composée par Ken Thorne, digne des plus grands opus.

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Test Blu-ray / Willard, réalisé par Daniel Mann

WILLARD réalisé par Daniel Mann, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Bruce Davison, Elsa Lanchester, Ernest Borgnine, Sondra Locke, Michael Dante, Jody Gilbert, William Hansen, John Myhers…

Scénario : Gilbert Ralston d’après le roman “Ratman’s Notebooks” de Stephen Gilbert.

Photographie : Robert B. Hauser

Musique : Alex North

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Willard est un jeune homme plutôt asocial, sans amis, vivant avec une mère envahissante dans une vieille demeure, humilié par son patron dans une entreprise au sein de laquelle aucun des employés ne le respecte. Alors qu’un jour il quitte furieux un repas d’anniversaire, il va tomber nez à nez avec un rat dans une partie calme de son jardin. Après s’être montré incapable de se débarrasser des rats qui vivent là, il va se lier d’amitié avec l’un d’entre eux qu’il va surnommer Socrate. Willard va par la suite utiliser une véritable armée de rats pour se venger de ses humiliations, mais une confrontation entre lui et un des rats, Ben, va également survenir…

Avant Soudain…les monstres (1976) de Bert I. Gordon, D’origine inconnue (1983) de George P. Cosmatos et Les Rats de Manhattan (1984) de Bruno Mattei, la grande référence du film d’horreur mettant en scène des rats demeure Willard, réalisé en 1971 par Daniel Mann. Le cinéaste américain, né Daniel Chugerman (1912-1991), révélé avec Reviens petite ShebaCome Back, Little Sheba (1952), Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1953 pour Shirley Booth, qui remporte également l’Oscar de la meilleure actrice, soigne sa mise en scène comme à son habitude. Egalement connu pour La Rose tatouée (1955) d’après Tennessee Williams, La Vénus au vison (1960) avec Elizabeth Taylor et le légendaire Notre homme Flint (1966), le cinéaste fait une nouvelle démonstration de son immense bagage technique. Film d’épouvante certes, mais avant tout drame psychologique, Willard dresse le portrait d’un jeune homme perturbé, formidablement interprété par Bruce Davison, acteur prolifique aux près de 300 films, téléfilms et séries télévisées, dans sa quasi-première apparition à l’écran. Atypique, Willard, adapté du roman Ratman’s Notebooks de Stephen Gilbert, est rapidement devenu un film culte, qui a engendré une très mauvaise suite l’année suivante intitulée Ben, réalisé par Phil Karlson, ainsi qu’un remake éponyme en 2003, mis en scène par Glen Morgan, qui vaut essentiellement pour l’interprétation de l’étonnant Crispin Glover.

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Test Blu-ray / Sunday in the country, réalisé par John Trent

SELF DEFENSE / SUNDAY IN THE COUNTRY / VENGEANCE IS MINE réalisé par John Trent, disponible le 7 janvier 2020 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Ernest Borgnine, Michael J. Pollard, Hollis McLaren, Louis Zorich, Cec Linder, Vladimír Valenta, Al Waxman, Tim Henry…

Scénario : Robert Maxwell, John Trent, David Main

Photographie : Marc Champion

Musique : Paul Hoffert, William McCauley

Durée : 1h29

Année de sortie : 1974

LE FILM

Dans la campagne de Locust Hill, le vieil Adam, aigri par la mort de sa fille, tente d’élever sa petite-fille selon ses principes de rédemption religieuse. Il se rend à l’office dominical quand il apprend que trois voyous sont en fuite après un braquage dans la ville d’à côté. Selon la police, ils rôderaient dans les parages. Ce serait une aubaine pour Adam de retrouver les voyous avant la police, et de leur donner la leçon qu’ils méritent…

Aaaaah Ernest Borgnine…immense comédien, une trogne, une rondeur, mais aussi et surtout un extraordinaire talent. Né en 1917 et mort en 2012, l’acteur d’origine italienne, aura tourné plus de 200 films, téléfilms, séries télévisées et prêté sa voix à des personnages animés. Les plus grands auront profité de sa tronche burinée, Robert Siodmak, Robert Parrish, Fred Zinnemann, André De Toth, Nicholas Ray, Delmer Daves, Robert Aldrich, John Sturges, avant que l’Oscar du meilleur acteur obtenu pour Marty (1955) de Delbert Mann vienne bouleverser sa carrière et prouver qu’une immense sensibilité se dissimulait sous cette belle carapace. Enfin respecté, Ernest Borgnine traversera près de soixante ans de cinéma, passant de grosses productions à des séries B voire Z, avec toujours le même entrain, la même jovialité, la même inspiration. Il n’avait qu’à être présent au générique d’un film pour qu’on ne voit que lui, même en tant que second rôle. Chez Richard Fleischer (Les Inconnus dans la ville, Les Vikings, Barrabas, Le Prince et le pauvre) et Sam Peckinpah (La Horde sauvage, Le Convoi), il vole systématiquement la vedette et n’aura de cesse de rester fidèle aux cinéastes qui lui auront donné sa chance dans les années 1950, tournant par exemple à six reprises pour Robert Aldrich en vingt ans. Juste avant de rejoindre ce dernier sur La Cité des dangersHustle, aux côtés de Burt Reynolds et Catherine Deneuve, Ernest Borgnine s’envole pour le Canada pour y tenir le rôle principal de Sunday in the Country, plus connu en France sous le titre Self Defense, sorti en VHS dans nos contrées, dans une version tronquée.

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Test Blu-ray / La Ferme de la terreur, réalisé par Wes Craven

LA FERME DE LA TERREUR (Deadly Blessing) réalisé par Wes Craven, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12novembre 2019 chez Elephant Films

Acteurs : Maren Jensen, Sharon Stone, Susan Buckner, Jeff East, Colleen Riley, Douglas Barr, Lisa Hartman, Lois Nettleton, Ernest Borgnine…

Scénario : Glenn M. Benest, Matthew Barr, Wes Craven

Photographie : Robert C. Jessup

Musique : James Horner

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après avoir perdu son mari dans des conditions très étranges, Martha Schmidt voit les phénomènes inexpliqués se multiplier autour d’elle. C’est à ce moment qu’elle découvre qu’une communauté religieuse, les Hittites, vit près de chez elle. Ils rejettent le monde moderne, voyant la technologie comme l’œuvre du diable…

Au début des années 1980, Wes Craven (1939-2015) compte déjà son actif La Dernière Maison sur la gaucheThe Last House on the Left (1972) et La Colline a des yeuxThe Hills Have Eyes (1977). Après un détour par la télévision avec L’Été de la peurStranger in Our House, diffusé à partir de 1978 sur CBS et NBC, succès qui sera finalement exploité dans les salles européennes, le réalisateur revient par la case cinéma avec La Ferme de la terreurDeadly Blessing. Projet initié par les mêmes producteurs que L’Été de la peur, ce nouvel opus agit comme la plupart des autres films de son auteur, à savoir comme un conte d’épouvante narré au coin du feu devant quelques spectateurs amateurs d’émotions fortes. S’il n’atteint pas la réussite de ses films précédents, Deadly Blessing n’en comporte pas moins son lot de scènes très efficaces et vaut surtout aujourd’hui pour sa mise en scène, ainsi que pour l’une des premières apparitions au cinéma de Sharon Stone après avoir joué les jolies silhouettes dans Stardust Memories de Woody Allen et Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. Entrez donc, nous allons vous faire visiter cette petite ferme sympathique…

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Test Blu-ray / À l’ombre des potences, réalisé par Nicholas Ray

À L’OMBRE DES POTENCES (Run for Cover) réalisé par Nicholas Ray, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12 avril 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : James Cagney, John Derek, Ernest Borgnine, Viveca Lindfors, Jean Hersholt, Grant Withers, Jack Lambert, Ray Teal, Irving Bacon…

Scénario : Winston Miller d’après une histoire originale de Harriet Frank Jr. et Irving Ravetch

Photographie : Daniel L. Fapp

Musique : Howard Jackson

Durée : 1h33

Année de sortie : 1955

LE FILM

Matt Dow et Davey Bishop sont devenus des amis mais, à la suite d’une méprise, ils sont soupçonnés d’avoir attaqué un train. Ils sont arrêtés et finissent par se disculper mais Davey a été gravement blessé. Une de ses jambes est définitivement morte. Matt et Davy sont engagés comme shérifs. Une attaque de banque a lieu…

Entre deux monuments du cinéma américain, Johnny Guitar et La Fureur de vivre, excusez du peu, Nicholas Ray (1911-1979) signe le méconnu et pourtant formidable À l’ombre des potences Run for Cover en 1955. Si les thèmes ne sont pas sans rappeler ceux de son deuxième long métrage, Les Ruelles du malheurKnock on Any Door (1949), avec d’ailleurs le même bouillonnant John Derek en tête d’affiche, Nicholas Ray s’approprie une fois de plus les codes du western pour au final livrer un drame intimiste où l’amitié et l’amour prennent le pas sur les scènes d’action (où apparaît un certain Ernest Borgnine), même si celles-ci sont évidemment inscrites au programme et n’en demeurent pas moins très réussies. De plus, le film offre à l’immense James Cagney, qui venait de tourner pour John Ford et Raoul Walsh, un de ses plus beaux rôles. Son association avec John Derek fait mouche à chaque instant, tandis que certains éléments préfigurent déjà Rebel Without a Cause.

Fraîchement sorti de prison après y avoir passé 6 ans, Matt Dow croise sur sa route un adolescent, Davey Bishop. Ensemble, ils vont être accusés du pillage d’un train à la suite d’un malentendu. Le shérif de la ville va alors tirer sur Davey et le rendre infirme. Matt réussit à prouver leur innocence et transporte Davey chez les Swenson. Il tombe amoureux d’Helga, la fille de la famille, et devient le nouveau shérif de la ville avec Davey pour adjoint. Tandis que des bandits attaquent la banque, Matt découvre que Davey possède quelques secrets bien gardés …

Filmé au coeur des ruines Aztèques de la ville d’Aztec au Nouveau-Mexique, ainsi que dans les vastes plaines de Silverton dans le Colorado, À l’ombre des potences plonge les spectateurs dans de merveilleux paysages dès le générique, tandis que résonne la chanson au titre éponyme. Plutôt que de démarrer son récit par un gunfight, Nicholas Ray prend d’emblée le western à rebrousse-poils en faisant retenir son premier coup de feu au personnage incarné par James Cagney. Comme pour le reste du film, ce qui importe à Nicholas Ray ici c’est avant tout le lien et le quasi-rapport père-fils qui s’instaure entre Matt et Davey.

Le premier, homme mûr, ancien brigand qui a purgé une peine de prison, reconnaît dans le second, âgé de vingt ans, son fils, décédé prématurément il y a une dizaine d’années. Après une mésaventure et un concours de circonstances malheureux qui a bien failli leur coûter la vie, les deux hommes deviennent respectivement shérif et adjoint pour la ville qui avait d’abord voulu les lyncher. Si Matt s’en est sorti miraculeusement sans blessure, Davey a malheureusement perdu l’usage d’une jambe. Matt va alors tout faire pour l’encourager. Jusqu’à ce que le passé de ce dernier ressurgisse.

Nicholas Ray fait preuve d’une virtuosité discrète quand il filme les paysages aux étendues lointaines, au sein desquelles il plonge et perd ses personnages. Nous sommes bel et bien en plein western avec ces splendides décors naturels, cette ville poussiéreuse, ses piliers de bar qui ne pensent qu’à passer la corde au cou de ceux qui viennent perturber la tranquillité de leur petite bourgade. Mais Nicholas Ray filme également les petites gens, dont cette jeune femme Helga (la belle Viveca Lindfors, vue dans Creepshow de Romero et Les Damnés de Joseph Losey) venue de Suède avec son père (Jean Hersholt, Marcus dans Les Rapaces d’Erich von Stroheim, ici dans sa dernière apparition au cinéma), dont le voyage vers la Californie s’est interrompu faute de moyens financiers et qui stagnent en tant que fermiers depuis deux ans.

Outre le portrait d’une jeunesse désoeuvrée, sans avenir et livrée à elle-même avec le personnage de Davey, dont la fureur de vivre évoque celle de James Dean qui explosera à l’écran la même année, Nicholas Ray ne craint pas de laisser une belle place à l’histoire d’amour inattendue entre Matt et Helga. Au-delà de la beauté plastique du film, de la réussite des personnages et des séquences d’action, James Cagney domine la distribution avec un jeu tout en rage contenue et une douceur qui l’est tout autant, l’acteur étant le plus souvent rattaché à ses personnages de sanguins et de violents incarnés dans les années 1930. Si l’on sent évidemment qu’il en faudrait peu pour allumer la mèche et le faire sortir de ses gonds, le comédien livre une prestation exceptionnelle.

Tout cela fait de À l’ombre des potences le grand film sous-estimé et à réhabiliter de Nicholas Ray.

LE BLU-RAY

À l’ombre des potences intègre la prestigieuse collection éditée par Sidonis Calysta. Cette « édition collector Silver » se compose du DVD et du Blu-ray. Le menu principal est animé sur la chanson d’ouverture du film.

Malgré ce que la jaquette indique, point de Bertrand Tavernier au programme. Ce qui est bien dommage. En revanche, Patrick Brion (13’) et François Guérif (12’30) ont bien répondu à l’appel de l’éditeur. Notre préférence se tourne cette fois vers le second, qui donne plus d’indications sur le film qui nous intéresse, mais également sur les thèmes récurrents dans l’oeuvre de Nicholas Ray. Si certains propos tenus font inévitablement écho avec ceux de Patrick Brion, les personnages, la collaboration James Cagney-Nicholas Ray et les partis pris y sont mieux analysés. De son côté, Patrick Brion brasse un peu trop autour du film, qu’il est néanmoins heureux de présenter et surtout de voir éditer dans la collection Sidonis.

L’Image et le son

Signalons d’emblée que le format original n’est pas respecté, en passant du 2.00:1 au cadre 1.78:1. Certains puristes risquent de bougonner. Néanmoins, il faut bien admettre que le master HD proposé ici est franchement superbe. D’une propreté absolue, stable, la copie affiche un très beau lifting. Le grain argentique est heureusement préservé, fin, excellemment géré, tout comme la tenue des contrastes. La clarté est éloquente dès la première séquence (voir le reflet du soleil sur la rivière) avec un piqué étonnant, jamais artificiel, qui permet de découvrir cette œuvre méconnue de Nicholas Ray dans d’excellentes conditions. Ah oui et les couleurs éclatantes ravissent les mirettes, tandis que les fondus enchaînés n’entraînent jamais de décrochages. Du tout bon !

Est-il utile d’indiquer que la version originale est à privilégier ? Pour tout avouer, le doublage français vieillot fait peine à entendre, même si la piste DTS HD Master Audio 2.0 est en bon état, sans souffle. Mais les dialogues y sont nettement moins clairs que sur la piste anglaise, qui est vraiment dynamique, bénéficiant de bons effets annexes et d’une excellente restitution de la musique. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr