Test DVD / Cinq déserteurs, réalisé par R. John Hugh

CINQ DÉSERTEURS (Yellowneck) réalisé par R. John Hugh, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lin McCarthy, Stephen Courtleigh, Berry Kroeger, Harold Gordon, Bill Mason, Al Tamez, Jose Billie, Roy Nash Osceola…

Scénario : Nat S. Linden & R. John Hugh

Photographie : Charles T. O’Rork

Musique : Laurence Rosenthal

Durée : 1h20

Année de sortie : 1955

LE FILM

Un colonel sudiste démis de ses fonctions rencontre quatre déserteurs dans les Everglades. Ensemble, ils vont tenter de survivre et de s’échapper de ces marais. L’épreuve sera longue entre la nature hostile et les assauts successifs des Indiens Séminoles vivant sur ce territoire.

On ne misait pas forcément grand-chose sur ce petit film déterré on ne sait où par l’éditeur Artus Films, mais force est d’admettre que Cinq déserteursYellowneck est un survival assez épatant et ce en dépit d’un évident manque de moyens. Que signifie le titre original ? Un prologue nous indique que le film s’apprête à nous raconter l’histoire de cinq hommes, « produits » d’une longue et sanglante guerre, qui ont décidé de tourner le dos à la cause Confédérale pour fuir. Ces déserteurs pour les hommes de la Confédération sont appelés « Yellowneck ». Intégralement tourné dans les décors naturels des Everglades, Cinq déserteurs est un étonnant mélange de film de guerre, de drame psychologique, d’aventures, de western et même d’épouvante dans sa dernière partie, qui ne compte qu’une poignée de comédiens au casting, tous solidement dirigés. Produit par la Republic Pictures, Yellowneck est le premier long-métrage écrit et réalisé par le britannique R. John Hugh (1923-1985), qui ne signera que cinq longs-métrages en vingt ans de carrière, des opus indépendants qui fleurent bon ce parfum kitsch et rétro, mais qui en avaient sous le capot et qui conservent encore aujourd’hui un charme inaltérable doublé d’une envie de cinéma.

Continuer la lecture de « Test DVD / Cinq déserteurs, réalisé par R. John Hugh »

Test DVD / En corps, réalisé par Cédric Klapisch

EN CORPS réalisé par Cédric Klapisch, disponible en DVD et Blu-ray le 3 août 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub, Mehdi Baki…

Scénario : Santiago Amigorena & Cédric Klapisch

Photographie : Alexis Kavyrchine

Musique : Thomas Bangalter & Hofesh Shechter

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Comment se reconstruire après un changement brutal ? Sommes-nous les prisonniers de nos corps si fragiles, ces derniers déterminent-ils notre destinée ?

Dans ce film, des acteurs jeunes et talentueux et des danseurs professionnels font souffler un vent de fraîcheur sur ce cinéma d’auteur. François Civil réalise une performance d’acteur incroyable par la force des émotions qu’il transmet en incarnant Yann, un kinésithérapeute notamment lors de la scène où il est éconduit par l’actrice Marion Barbeau qui interprète Élise une danseuse classique prometteuse à la personnalité authentique, un rôle qui colle à la perfection à l’actrice. Malheureusement, elle se blesse lors d’une représentation et c’est alors qu’il ne lui sera plus possible de danser à l’Opéra. Désormais sa vie ne sera plus la même et pourtant elle n’aura d’autre choix que de trouver la force d’avancer par un autre chemin que celui qu’elle s’était construit depuis des années. En cela réside la beauté du film qui permet grâce au jeu des acteurs de montrer le courage et la force qu’il faut pour continuer à avancer lorsque l’on est touché dans sa chair, lorsqu’une chape de plomb nous tombe dessus, lorsque l’imprévisible nous atteint telle une flèche atteint sa cible afin de nous ramener au présent, à la vie.

Continuer la lecture de « Test DVD / En corps, réalisé par Cédric Klapisch »

Test DVD / Photo-souvenir, réalisé par Edmond Séchan

PHOTO-SOUVENIR réalisé par Edmond Séchan, disponible en DVD le 18 octobre 2022 chez Inser & Cut Production.

Acteurs : Jean-Claude Carrière, Vania Vilers, Bernard Le Coq, Danièle Aymé, Ginette Tacchella, Jean-Paul Venel, Marie-Claude Deviègue, Maurice Santal, Edmond Séchan…

Scénario : Jean-Claude Carrière & Edmond Séchan

Photographie : Guy Delattre

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h20

Date de diffusion initiale : 1978

LE TÉLÉFILM

Le professeur Quissard, spécialiste des transplantations cardiaques, est préoccupé par le sort de son ami qui doit recevoir une greffe du coeur. Il compte sur les accidents du week-end pour trouver un donneur. Entre ses mains, un appareil photo qui livre des images du futur…

En 1978, la même année que Le Franc-tireur de Maurice Failevic, Jean-Claude Carrière écrivait et interprétait cette fois Photo-souvenir. Également créé pour la petite lucarne, ce téléfilm fantastique n’a absolument rien à envier à des titres contemporains du style Time Lapse de Bradley King, dont l’histoire et le gimmick sont très proches. Photo-souvenir s’inscrit dans le cadre du programme Cinéma 16, une collection de téléfilms produits de 1975 à 1991 par FR3 et créée par Jack Jacquine, scénariste de La Cage de Pierre Granier-Deferre. Si certains réalisateurs de renom participeront à l’aventure comme Denys de La Patellière, Jean-Paul Le Chanois, Nina Companeez, Josée Dayan, Georges Franju, Édouard Molinaro et Joël Seria, d’autres moins connus se feront remarquer, à l’instar d’Edmond Séchan (1919-2002). Ce dernier fera essentiellement sa carrière en tant que directeur de la photographie, officiant chez Georges Lautner (Joyeuses Pâques), Henri Verneuil (Les Morfalous), Yves Ciampi (Le Ciel sur la tête), Claude Pinoteau (La Boum, La Septième cible), Gérard Oury (La Carapate), Jacques-Yves Cousteau (Le Monde du silence) et Philippe de Broca (L’Homme de Rio). Après divers courts-métrages (dont Le Haricot, récompensé au Festival de Cannes), il passe le cap du long format en 1960 avec L’Ours, dirige Jean Rochefort et Julien Guiomar dans Pour un amour lointain (1968), écrit par Jean-Claude Carrière (1969), dont le chef opérateur sera Edmond Séchan. Dix ans plus tard, les deux hommes se retrouvent donc pour Photo-souvenir, nommé au 6e festival d’Avoriaz et qui sera diffusé pour la première fois le 10 mai 1978 sur la troisième chaîne. Une grande découverte en ce qui nous concerne et dont la sortie en DVD devrait faire de nouveaux aficionados auprès des cinéphiles et passionnés de genre.

Continuer la lecture de « Test DVD / Photo-souvenir, réalisé par Edmond Séchan »

Test DVD / L’Alliance, réalisé par Christian de Chalonge

L’ALLIANCE réalisé par Christian de Chalonge, disponible en DVD le 18 octobre 2022 chez Inser & Cut Production.

Acteurs : Anna Karina, Jean-Claude Carrière, Isabelle Sadoyan, Tsilla Chelton, Rufus, André Gille, Jean Wiener, Pierre Risch, Pierre Julien…

Scénario : Jean-Claude Carrière & Christian de Chalonge, d’après le roman de Jean-Claude Carrière

Photographie : Alain Derobe

Musique : Gilbert Amy

Durée : 1h25

Date de diffusion initiale : 1970

LE FILM

Hugues, un vétérinaire à la recherche d’un grand appartement, s’attache les services d’une agence matrimoniale pour accéder à ce bien, et accessoirement trouver une épouse. L’agence lui présente Jeanne, une jeune femme énigmatique. De retour de leur voyage de noces, Hugues s’entoure d’une multitude d’animaux (reptiles, primates, insectes…) pour mener ses recherches. Leur présence est une source d’inquiétude pour Jeanne. Dans ce climat oppressant, les deux êtres commencent à s’épier mutuellement. Alors qu’ils parviennent, tant bien que mal, à s’apprivoiser, puis à s’attacher l’un à l’autre, se profile une menace indéfinissable, vivement ressentie par les animaux.

Impossible de résumer de la carrière dantesque, plurielle et éclectique Jean-Claude Carrière (1931-2021). L’écrivain, réalisateur (de trois courts-métrages, dont deux avec son complice Pierre Etaix), scénariste (chez Louis Malle, Luis Buñuel, Jesús Franco, Jacques Deray…), parolier (pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Françoise Fabian, Delphine Seyrig…) était aussi acteur occasionnel, « quand il n’y avait pas d’argent pour payer une vedette » comme il aimait le répéter. S’il apparaîtra en tout et pour tout une bonne quarantaine de fois devant la caméra, il se voit confier le premier rôle de L’Alliance en 1970 par le réalisateur Christian de Chalonge (né en 1937), adaptation de son roman du même nom édité en 1962. Jean-Claude Carrière fait preuve d’un réel talent dramatique et donne la réplique à la sublime Anna Karina, dans ce drame quasi-inclassable, qui lorgne sur le fantastique à mesure que l’on plonge dans un récit tortueux et sensoriel, jusqu’au dénouement déconcertant, totalement imprévisible, qui marquera forcément les esprits. Lent, mais hypnotique, beau et sobre, magnétique et bouleversant, L’Alliance est un bijou insoupçonné dans la filmographie du metteur en scène de L’Argent des autres, Malevil et Docteur Petiot.

Continuer la lecture de « Test DVD / L’Alliance, réalisé par Christian de Chalonge »

Test DVD / L’Arnaqueuse, réalisé par Peter Hall

L’ARNAQUEUSE (Perfect Friday) réalisé par Peter Hall, disponible en DVD et Blu-ray le 21 juillet 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Ursula Andress, Stanley Baker, David Warner, Patience Collier, T.P. McKenna, David Waller, Joan Benham, Julian Orchard…

Scénario : Anthony Greville-Bell & Scott Forbes

Photographie : Alan Hume

Musique : John Dankworth

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

En voyant un beau jour arriver dans son établissement la ravissante Lady Dorset, Mr. Graham, le sous-directeur d’une banque de Londres, a soudain une idée. Avec l’aide de la jolie jeune femme, il compte bien réussir à dévaliser sa propre banque. Mais Lady Dorset a ses propres motivations, et possède bien des atouts cachés.

Finalement, à part James Bond 007 contre Dr No de Terence Young, Les Tribulations d’un Chinois en Chine de Philippe de Broca et peut-être La Dixième Victime La Decima vittima d’Elio Petri, on connaît mal la carrière cinématographique d’Ursula Andress…Si la comédienne suisse est passée à la postérité pour avoir incarné la première James Bond Girl officielle en 1962, on se souvient évidemment tous de sa sortie des flots turquoise en bikini, on aurait quelques difficultés à avancer encore certains autres titres célèbres. Pourtant, celle-ci aura aussi tourné avec Robert Aldrich (Quatre du Texas 4 for Texas), Clive Donner (Quoi de neuf, Pussycat ? What’s New Pussycat), John Guillermin (Le Crépuscule des aigles The Blue Max), ainsi qu’avec toute une ribambelle de cinéastes italiens, de Steno (Un Américain à Rome Un americano a Roma) à Luigi Zampa (Pas folles, les mignonnes Le Dolci signore), en passant par Maurizio Lucidi (La Dernière Chance L’Ultima chance), Duccio Tessari (Les Sorciers de l’île aux singes Safari Express), Sergio Martino (La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale), Fernando Di Leo (Ursula l’anti-gangColpo in canna), Enzo G. Castellari (La Grande DébandadeLe Avventure e gli amori di Scaramouche) et Luigi Zampa (Les MonstressesLetti selvaggi). En 1970, juste avant de rejoindre Alain Delon, Charles Bronson et Toshirô Mifune à Almería pour tourner Soleil rouge de Terence Young, Ursula Andress naviguait sur la Tamise avec Stanley Baker et David Warner, pour une comédie de braquage intitulée L’ArnaqueusePerfect Friday, réalisée par Peter Hall. S’il ne révolutionnera aucun des deux genres auxquels il est rattaché, ce divertissement ne manque pas de charme, surtout cette chère Ursula, très en forme(s) et généreuse avec les spectateurs, qui n’hésite pas à se dévêtir à la moindre occasion.

Continuer la lecture de « Test DVD / L’Arnaqueuse, réalisé par Peter Hall »

Test DVD / Algunas Bestias, réalisé par Jorge Riquelme Serrano

ALGUNAS BESTIAS réalisé par Jorge Riquelme Serrano, disponible en DVD le 7 octobre 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Paulina Garcia, Alfredo Castro, Consuelo Carreño, Gaston Salgado, Millaray Lobos, Andrew Bargsted, Nicolás Zárate…

Scénario : Jorge Riquelme Serrano & Nicolás Diodovich

Photographie : Eduardo Bunster

Musique : Carlos Cabezas

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Dolores et Antonio, couple de nantis, sont invités sur une île reculée par leur fille Ana, son mari Alejandro et leurs deux adolescents pour concrétiser un projet financier. Les plans tournent court quand ils se retrouvent abandonnés par le gardien de l’île. Désormais sans moyen de communication, les membres de la famille tentent de survivre dans un climat hostile, la tension s’installe et libère de sombres démons…

En tant que spectateurs européens, nous n’avons sans doute pas tous les codes pour déchiffrer totalement Algunas Bestias, deuxième long-métrage de Jorge Riquelme Serrano, très largement diffusé dans les festivals et récompensé entre autres au Havana Film Festival, ainsi qu’au San Sebastián International Film Festival. Pensé comme “un miroir, un portrait de la société chilienne. C’est un film douloureux, naturaliste et urgent, qui s’attache à faire réfléchir le public, d’une manière franche et douloureuse” comme le décrit le réalisateur lui-même, Algunas Bestias s’inspire de L’Ange exterminateur, oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, référence ultime du huis clos dans lequel le cinéaste espagnol naturalisé mexicain s’attaquait à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, qui devenait prisonnière de son propre système. Dans Algunas Bestias, la classe aisée est aussi repliée sur elle-même et cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Dans une unité de lieu, de temps et d’action, comme qui dirait le chaînon manquant entre Théorème de Pier Paolo Pasolini et Festen de Thomas Vinterberg, Jorge Riquelme Serrano observe ses personnages avec l’oeil d’un entomologiste, dilate le temps pour créer une atmosphère lourde et troublante, joue avec les attentes, jusqu’au final très difficile, à ne pas mettre devant tous les yeux. Si l’on ne sait pas trop quoi en penser sur le coup, Algunas Bestias reste en tête, s’enfouit dans la mémoire, la triture, lui fait mal, certaines scènes revenant sans cesse nous hanter. Un cinéaste est né.

Continuer la lecture de « Test DVD / Algunas Bestias, réalisé par Jorge Riquelme Serrano »

Test DVD / Nitram, réalisé par Justin Kurzel

NITRAM réalisé par Justin Kurzel, disponible en DVD le 6 septembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Caleb Landry Jones, Judy Davis, Anthony LaPaglia, Phoebe Taylor, Sean Keenan, Conrad Brandt, Essie Davis, Zaidee Ward…

Scénario : Shaun Grant

Photographie : Germain McMicking

Musique : Jed Kurzel

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Australie, milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part. Quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire.

Nitr-oglycérine ! Nitram est le cinquième long-métrage explosif de Justin Kurzel, découvert avec Les Crimes de Snowtown en 2011, qui avait ensuite dirigé Michael Fassbender et Marion Cotillard dans Macbeth (2015) et Assassin’s Creed (2016), avant de signer un western avec Russell Crowe, Nicholas Hoult et Charlie Hunnam, Le Gang Kelly. Le film s’inspire d’une histoire vraie. En avril 1996 à Port Arthur en Tasmanie (Australie), un forcené agissant en solitaire ouvre le feu sur la foule. 35 personnes perdront la vie, 23 autres seront grièvement blessés. L’individu responsable de ce massacre, Martin Bryant, 28 ans, écope de 35 peines d’emprisonnement à perpétuité et de 1 035 ans sans liberté conditionnelle. Suite à cet événement, l’Australie révisa sa législation sur le port d’arme et adopta le National Firearms Agreement, des réformes acceptées en une douzaine de jours. Près de 650.000 armes à feu sont alors rachetées par l’État et détruites. Cependant, comme nous l’indique un panneau glaçant en guise de conclusion, aucun état ni territoire ne s’est entièrement conformé au NFA et il y aurait aujourd’hui plus d’armes à feu détenues en Australie qu’à l’époque de l’attentat. Nitram ne montre pas la tuerie, qui intervient dans les dernières secondes du film et nous ne verrons que son auteur s’installer tranquillement à une table, manger une salade de fruits, avant de sortir un fusil de son sac, de se lever et de se diriger vers ses premières victimes. Justin Kurzel dresse le portrait de Martin Bryant, 66 de Q.I., qui après sa courte scolarité reçoit une pension d’invalidité et se fait quelques billets ici et là en proposant ses services comme jardinier ou homme à tout faire. Comment cet individu « lent » a-t-il pu tourner ainsi ? Sans faire de psychologie à deux balles, mais en exposant l’environnement, l’entourage, le quotidien et le rapport avec ses parents, le réalisateur reste constamment collé au plus près de son personnage principal, extraordinairement tenu par Caleb Landry Jones, très justement récompensé par le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2021. Attention, film choc !

Continuer la lecture de « Test DVD / Nitram, réalisé par Justin Kurzel »

Test DVD / Une jeune fille qui va bien, réalisé par Sandrine Kiberlain

UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN réalisé par Sandrine Kiberlain, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon, Françoise Widhoff, India Hair, Florence Viala, Ben Attal, Cyril Metzger…

Scénario : Sandrine Kiberlain

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Patrick Desremaux & Marc Marder

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse. Mais Irène ne sait pas que le temps lui est peut-être compté.

Il y a un an, nous vous parlions de Seize printemps de Suzanne Lindon, fille de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain…vous savez ce qu’on en a pensé…nous ne reviendrons pas dessus…sauf si vous voulez rigoler, mais ce n’est pas le but ici. Une jeune fille qui va bien est le premier long-métrage réalisé par Sandrine Kiberlain, qui était déjà passée derrière la caméra en 2016 avec Bonne figure, interprété par Chiara Mastroianni. Avec plus de 70 films à son actif, 35 ans de carrière, un César du meilleur espoir féminin (pour En avoir (ou pas)) de Laetitia Masson), six fois nommée pour la compression de la Meilleure actrice, un César obtenu dans cette catégorie pour 9 mois ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Prix Romy-Schneider en 1995 et Molière de la révélation théâtrale en 1997 pour Le Roman de Lulu, Sandrine Kiberlain était on ne peut plus légitime pour devenir réalisatrice. C’est un projet mûrement et longuement réfléchi, envisagé avant même ses débuts au Cours Florent. Comme bien souvent dans une première œuvre, quelques digressions et longueurs se font sentir, ici des séquences de théâtre, vraisemblablement personnelles pour Sandrine Kiberlain, mais qui auraient mérité d’être quelque peu raccourcies. Cependant, il se dégage d’Une jeune fille qui va bien une énergie contagieuse, un charme indéniable, une envie de filmer, de s’exprimer et de diriger des acteurs, un désir de cinéma, de raconter une histoire qui font mouche d’entrée de jeu. Et ce n’est pas tous les jours que le septième art hexagonal révèle un nouvel astre que l’on a hâte de revoir, qui répond au doux nom de Rebecca Marder et qui crève littéralement l’écran. Un premier ouvrage élégant et prometteur.

Continuer la lecture de « Test DVD / Une jeune fille qui va bien, réalisé par Sandrine Kiberlain »

Test DVD / L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt

L’HOMME QUI TUA LA PEUR (Edge of the City) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : John Cassavetes, Sidney Poitier, Jack Warden, Kathleen Maguire, Ruby Dee, Val Avery, Robert F. Simon, Ruth White…

Scénario : Robert Alan Aurthur

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Axel North, un déserteur devenu vagabond, se fait embaucher sous une fausse identité comme docker dans le port de New York. Pour conserver son travail, il lui faut reverser une partie de son salaire à Charly Malik, un contremaître corrompu. Intrigué par le courage d’un collègue noir, Tommy Tyler, Axel se lie peu à peu avec lui au point de rompre ouvertement avec Malik. Tommy devine que son nouvel ami est hanté par un passé difficile et l’accueille chez lui. Axel y fait la connaissance d’une jeune femme, Ellen, dont il s’éprend. Un matin, une violente dispute éclate entre Malik et Tommy : un crochet de docker à la main, les deux hommes sont prêts à se battre à mort…

Edge of the City ou L’Homme qui tua la peur en version française, est le premier long-métrage réalisé par Martin Ritt (1914-1990), celui qui nous donnera Les Feux de l’été The Long, Hot Summer (1958), Paris Blues (1961), L’Espion qui venait du froid The Spy Who Came in from the Cold (1965), Norma Rae (1979) et bien d’autres. Pour son coup d’essai, il installe son récit dans sa ville natale, New York, dont il connaît les moindres recoins par coeur, y compris les quais sur lesquels se déroulent essentiellement l’action, l’Empire State Building et autres gratte-ciel apparaissant en toile de fond. Depuis toujours très actif pour dénoncer les injustices sociales et politiques, il s’engage très vite auprès de groupes de théâtre afin de défendre les droits des afro-américains, n’hésitant pas à camper l’un des rares personnages blancs dans la pièce Porgy and Bess, saluée pour la modernité de son approche de la culture noire. Martin Ritt monte ensuite des pièces dites de gauche radicale (bien qu’il n’adhérera jamais au Parti communiste US) et parcourt la terre de l’Oncle Sam, ce qui lui vaudra plus tard d’être pointé du doigt par le tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy. Durant la guerre, il s’engage dans l’US Air Force, tout en démarrant une carrière d’acteur au cinéma (Winged Victory de George Cukor). Il reprend le théâtre, comme comédien, mais aussi comme metteur en scène, puis entre dans le monde de la télévision au début des années 1950, où il s’occupe principalement de produire et de réaliser quelques adaptations de pièces. Mais ses idées politiques (qu’il ne reniera jamais tout au long de sa vie) le rattrapent. Soupçonné de sympathiser avec l’ennemi rouge situé de l’autre côté du Rideau de fer, il est interdit de télévision, black-listé et revient sur les planches, où il enseigne la légendaire méthode Stanislavski auprès des aspirants comédiens, dont un certain James Dean. En 1957, il a donc l’opportunité de passer derrière la caméra de nouveau, mais pour le cinéma cette fois, avec L’Homme qui tua la peur, transposition d’une pièce de Robert Alan Aurthur (futur scénariste d’All That Jazz de Bob Fosse, de L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk et de Grand Prix de John Frankenheimer), déjà adaptée pour la petite lucarne en 1955 (par Robert Mulligan et déjà avec Sidney Poitier). L’histoire prend place dans le milieu des syndicats de dockers de la Grosse Pomme, où un jeune homme d’une vingtaine d’années affronte un collègue animé par la haine de la peau noire. La nouvelle recrue sera accueillie par un docker afro-américain, qui l’aidera à faire sa place, à vivre décemment, jusqu’à devenir son ami. Ce qui sera évidemment mal perçu. Edge of the City ne connaîtra qu’un succès d’estime à sa sortie, mais sera néanmoins très vite reconsidéré par la suite une fois l’explosion de John Cassavetes deux ans plus tard avec son premier film Shadows et celle de Sydney Poitier, qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne The Defiant Ones de Stanley Kramer. Rétrospectivement, la hargne, les thèmes, l’élégance et l’humanisme de Martin Ritt sont déjà à l’oeuvre dans L’Homme qui tua la peur et mérite toute l’attention du cinéphile.

Continuer la lecture de « Test DVD / L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt »

Test DVD / Killing Field, réalisé par James Cullen Bressack

KILLING FIELD (Survive the Game) réalisé par James Cullen Bressack, disponible en DVD le 3 août 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Chad Michael Murray, Bruce Willis, Swen Temmel, Michael Sirow, Kate Katzman, Zack Ward, Donna D’Errico, Canyon Prince, Sarah Roemer, Sean Kanan…

Scénario : Ross Peacock

Photographie : Bryan Koss

Musique : Tim Jones

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un homme voit sa tranquillité bouleversée par l’arrivée d’un flic et de dangereux criminels.

Voilà voilà, c’est le pitch de Killing Field, aka Surviving the Game dans certaines contrées, énième DTV interchangeable de Bruce Willis et accessoirement l’une de ses ultimes prestations. Reprenons où nous en étions après Out of Death. Alors qu’il avait dit qu’on ne l’y reprendrait plus, l’ami Bruce allait quitter Porto Rico, quand une équipe de tournage l’alpague, tandis que celui-ci commençait à préparer son déménagement à Betton dans la métropole de Rennes en Ille-et-Vilaine (vous pouvez vérifier, c’est authentique). S’excusant auprès des Déménageurs Bretons avec lesquels il était au téléphone, Bruce demande déjà au réalisateur James Cullen Bressack de se calmer, puis de lui en dire un peu plus sur ce qu’il désire lui faire faire durant l’heure qui lui reste avant son vol. « C’est pas compliqué, vous serez assis à l’arrière d’une bagnole entre deux sbires à la mine patibulaire, vous vous tiendrez le bas du ventre où votre personnage a reçu une balle. Vous direz des trucs du genre « Fuck you ! » ou « Pauvres cons ! » vous voyez, en plissant suffisamment les yeux, votre visage et même, soyons fous, tout votre crâne histoire de montrer que vous êtes toujours bad-ass malgré votre bastos dans le bide » « Ouais, je l’ai déjà fait pas mal de fois ces dernières années, ça devrait le faire. Autre chose ? » « S’il nous reste une demi-heure vous serez ligoté sur une chaise où vous regarderez vos tortionnaires que vous insulterez à nouveau, « Abrutis ! », « Faquins ! », que sais-je encore ? Vous avez carte blanche. Ah oui, il faudra aussi un plan de vous avec un flingue quand vous rentrerez dans une grange et un autre pour la fin du film où vous ferez semblant d’avoir participé à l’action. Mais ça c’est juste si vous avez le temps et si vous n’aviez pas envisagé de passer au duty-free ! ». « Bon, ok, je prends un million. Il faut que je pense à ma retraite et les palets bretons aussi ont subi l’inflation… » « Ok alors, on tourne ! ». Vous l’aurez compris, ou pas, Bruce Willis ne fait que de la figuration dans Killing Field, opus d’action sans aucune imagination, dont la véritable tête d’affiche est Chad Michael Murray, connu pour son rôle de Lucas Scott dans la série télévisée Les Frères Scott et l’excellent House of Wax La Maison de cire de Jaume Collet-Serra, qui s’en sort « pas trop mal », mais qui n’a malheureusement rien à défendre. Toutefois, Killing Field reste un film rigolo dans le sens où rien ne fonctionne et s’avère donc irrésistible à de nombreuses reprises, surtout lors des affrontements divers et variés, extrêmement mal filmés et au montage moisi. Réservé uniquement aux amateurs.

Continuer la lecture de « Test DVD / Killing Field, réalisé par James Cullen Bressack »