EN CORPS réalisé par Cédric Klapisch, disponible en DVD et Blu-ray le 3 août 2022 chez Studiocanal.
Acteurs : Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub, Mehdi Baki…
Scénario : Santiago Amigorena & Cédric Klapisch
Photographie : Alexis Kavyrchine
Musique : Thomas Bangalter & Hofesh Shechter
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Comment se reconstruire après un changement brutal ? Sommes-nous les prisonniers de nos corps si fragiles, ces derniers déterminent-ils notre destinée ?
Dans ce film, des acteurs jeunes et talentueux et des danseurs professionnels font souffler un vent de fraîcheur sur ce cinéma d’auteur. François Civil réalise une performance d’acteur incroyable par la force des émotions qu’il transmet en incarnant Yann, un kinésithérapeute notamment lors de la scène où il est éconduit par l’actrice Marion Barbeau qui interprète Élise une danseuse classique prometteuse à la personnalité authentique, un rôle qui colle à la perfection à l’actrice. Malheureusement, elle se blesse lors d’une représentation et c’est alors qu’il ne lui sera plus possible de danser à l’Opéra. Désormais sa vie ne sera plus la même et pourtant elle n’aura d’autre choix que de trouver la force d’avancer par un autre chemin que celui qu’elle s’était construit depuis des années. En cela réside la beauté du film qui permet grâce au jeu des acteurs de montrer le courage et la force qu’il faut pour continuer à avancer lorsque l’on est touché dans sa chair, lorsqu’une chape de plomb nous tombe dessus, lorsque l’imprévisible nous atteint telle une flèche atteint sa cible afin de nous ramener au présent, à la vie.
Ainsi, parce qu’on ne peut pas tout prévoir, l’actrice doit faire face à l’imprévisible et à la douleur physique et morale, elle doit par la force des choses prendre une direction nouvelle et apprendre à se relever face à ce bouleversement dévastateur contre lequel elle ne peut pas lutter. Par sa réalisation, Cédric Klapisch nous montre à quel point un changement peut être une occasion de s’ouvrir à la vie de manière plus intense, d’en ressentir sa fragilité, de s’en détourner pour mieux s’y confronter, d’arrêter de se comporter comme un robot de se décentrer de ses ambitions. Ainsi, il montre qu’un événement tragique peut marquer un nouveau tournant qui nous ramène au vent de la vie, à la fragilité de la vie, à la beauté de la vie et surtout à l’intensité de la vie.
En effet, grâce à ces bouleversements, Elise s’orientera autrement et fera des nouvelles rencontres que ce soit dans une résidence d’artistes en Bretagne et à Paris, avec elle le spectateur effectue une plongée au cœur du bal de la vie, des scènes sont tournées près du CNSMD et sous la grande halle…Le film nous emporte ainsi telle une chorégraphie contemporaine dans un tourbillon émotionnel avec la troupe de danseurs du chorégraphe Hofesh Shechter qui met son talent à disposition de cette belle histoire pour notre plus grand plaisir. Le réalisateur nous chamboule de la même manière que la vie nous chamboule et brise nos certitudes en faisant surgir l’inattendu voire même l’inespéré. Un vent de liberté souffle sur ce film de Cédric Klapisch qui sait si bien réaliser des films dans l’air du temps. En corps nous emporte dans le tourbillon de la Liberté, la liberté de la vie, celle des corps et celle de l’amour. Il est fort probable que cette histoire fasse écho auprès de certains spectateurs aux destinées contrariées…
Des notes d’humour, une musique envoûtante, en somme une recette qui fonctionne avec Pio Marmaï aux fourneaux pour notre plus grand régal ! Nous ressortons de la salle avec une envie irrésistible d’aller à un spectacle de danse contemporaine comme ceux de la compagnie Zephyr !
LE DVD
L’édition Standard d’En corps se présente sous la forme d’un boîtier Amaray classique de couleur noire, glissée dans un surétui cartonné, reprenant le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Le bonus réalisé par Jean-Luc Perréard (44’) nous offre des extraits de danse des précédents films de Cédric Klapisch. Son précédent long-métrage se terminant sur une invitation à danser, le réalisateur nous fait part de son envie de faire danser les acteurs et jouer les danseurs dans ce film où il mélange la danse et la comédie, la danse classique et la danse contemporaine. Lors de cet entretien, Cédric Klapisch explique sa collaboration avec le chorégraphe Hofesh Shechter, qu’il avait rencontré un an auparavant et nous indique qu’il avait envie de faire quelque chose avec sa compagnie composée de 17 danseurs, leur travail comportant des similitudes par leur représentation du chaos de la vie. Klapisch nous explique qu’ils parlent le même langage d’une certaine façon, celui du jeu et celui de la danse se retrouvent. Nous pouvons voir de nombreux extraits concernant les entraînements de danse et notamment celui tourné dans le vent au bord d’une falaise en Bretagne. Le bonus nous donne à voir des répétitions d’Hofesh sous la Grande Halle de La Villette qui reprend sa création “political mother” avec de nouveaux danseurs ainsi que celles orchestrées pour la partie classique par Florence Clerc, chorégraphe et danseuse étoile mettant en scène “la bayadère”. Florence Clerc nous donne des précisions concernant le choix des danseuses sélectionnées pour le film. En outre, l’acteur Medhi Baki se confie sur son rôle de danseur. Des précisions sont apportées également concernant le choix de Marion Barbeau qui témoigne de son tournage avec l’acteur Denis Podalydès. Avec l’extrait du tournage du solo improvisé de Marion B., Cédric Klapisch nous explique en quoi par la magie de la danse celui-ci représente l’aboutissement de son film.
L’Image et le son
L’éditeur livre un master SD de haute volée, lumineux, détaillé, élégant, formidablement contrasté et au piqué vif. Toutefois, si la définition n’est pas optimale avec des scènes sombres un peu trop douces, force est de constater le soin apporté au transfert. Le cadre bénéficie d’un beau traitement de faveur, les détails abondent sur les lumineuses séquences extérieures diurnes, les contrastes sont riches, la colorimétrie est bigarrée, la profondeur probante. Seuls les gros plans ne sont peut-être pas aussi précis qu’on l’attendait.
En corps offre un petit spectacle acoustique plaisant, savamment pris en main par l’éditeur au moyen d’une piste Dolby Digital 5.1 de haute volée. Les enceintes latérales ne manquent jamais l’occasion de distiller de solides ambiances naturelles, la musique profite également d’une spatialisation constante, les dialogues sont fermes et la balance frontale demeure riche et équilibrée. Le mixage prend son envol lors des séquences de danse où le spectateur se retrouve littéralement plongé au milieu du spectacle. Studiocanal joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants, sans oublier une Stéréo pour ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.