Test Blu-ray / Midnight Sun, réalisé par Scott Speer

MIDNIGHT SUN réalisé par Scott Speer, disponible en DVD et Blu-ray le 16 octobre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Bella Thorne, Patrick Schwarzenegger, Rob Riggle, Quinn Shephard, Ken Tremblett, Suleka Mathew, Jennifer Griffin, Nicholas Coombe…

Scénario : Eric Kirsten d’après le film Taiyô no uta de Kenji Bando

Photographie : Karsten Gopinath

Musique : Ethan Dorr, Morgan Dorr, Nate Walcott

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Katie Price est une adolescente comme les autres, ou presque. Elle ne peut en aucun cas être exposée à la lumière du jour, sous peine d’en mourir. La journée, elle compose et joue de la guitare, et observe le monde depuis sa chambre, notamment Charlie Reed, son voisin. À la nuit tombée, ses rêves prennent vie ! Elle sort chanter dans la gare près de chez elle. Un soir, elle se retrouve face à Charlie. Lui est instantanément sous le charme et se met en tête de la revoir… Pourront-ils s’aimer au grand jour ?

Le cinéma a toujours aimé les histoires contrariées par la maladie ou un grave accident de l’un des deux protagonistes. Citons pêle-mêle Love Story d’Arthur Hiller, Nos étoiles contraires avec Shailene Woodley, Le Temps d’un automne d’Adam Shankman, Le Choix d’aimer avec Julia Roberts, Si je reste avec Chloë Grace Moretz, Un automne à New York avec Richard Gere et Winona Ryder, Restless de Gus Van Sant, Moulin Rouge de Baz Luhrmann. Midnight Sun est le remake américain du film japonais Taiyō no Uta (2006) de Norihiro Koizumi. Toutefois, on pense également au film La Permission de minuit de Delphine Gleize, sorti en 2011, dont le jeune héros était comme le personnage de Katie dans Midnight Sun, atteint de Xeroderma pigmentosum, une maladie génétique extrêmement rare – celle des « enfants de la Lune » qui touche un individu sur un million aux Etats-Unis – qui contraint la personne à rester à l’abri de la lumière du jour en raison des rayons ultraviolets qui provoquent des dommages à l’ADN que ses cellules ne peuvent naturellement réparer, entraînant irrémédiablement des cancers cutanés multiples. Un sujet fait pour le cinéma quoi.

Ce qui attire également le spectateur ici, c’est la présence de Patrick Schwarzenegger, 25 ans, fils de qui vous savez, qui se retrouve pour la première fois en haut de l’affiche et qui forme un joli couple avec Bella Thorne, comédienne et chanteuse, ancienne égérie de la chaîne Disney Channel. L’un et l’autre ne manquent pas de charisme ni de talent et font passer la pilule de cette bluette somme toute banale et qui ne manquera pas de faire pleurer dans les chaumières.

Katie, 17 ans, est atteinte d’une maladie orpheline appelée xeroderma pigmentosum : elle ne peut exposer sa peau aux rayons du soleil sous peine d’être gravement brûlée. Alors, depuis qu’elle est toute petite, elle reste enfermée à la maison, avec pour seule compagnie son père, Jack. Une fois la nuit tombée, Katie s’aventure à l’extérieur. Elle se rend à la gare locale la plus proche et joue de la guitare pour les voyageurs de passage. Un soir, Katie fait la connaissance de Charlie, une ancienne gloire sportive du lycée qu’elle admire en secret depuis sa plus tendre enfance. Elle lui cache la vérité à propos de sa maladie. Katie et Charlie ne tardent pas à tomber amoureux.

Alors oui, on sait d’avance comment tout cela va se terminer. Mais ça fonctionne. Il faudrait vraiment avoir un coeur de pierre pour ne pas être ému par cette histoire, très bien interprétée par deux jeunes acteurs charismatiques, complices et au sourire contagieux. Bella Thorne s’impose sans mal avec sa beauté qui n’est pas sans rappeler celle d’une Julianne Moore juvénile ou bien encore celle de notre Ana Girardot nationale. Aussi à l’aise devant la caméra que derrière un micro – le film contient quelques chansons assez entraînantes – Bella Thorne est un nom à garder en tête. A ses côtés, Patrick Schwarzenegger est tout aussi chouette et la ressemblance avec son père est parfois assez troublante. Habitué des comédies et des rôles frappadingues dans Ricky Bobby : Roi du circuit, Frangins malgré eux, 21 Jump Street, Rob Riggle trouve ici un très beau contre-emploi dans le rôle du père de Katie, veuf, qui a sacrifié sa vie pour s’occuper de sa fille.

Du point de vue mise en scène, Scott Speer, spécialiste du clip vidéo et réalisateur d’un Sexy Dance 4, s’en sort pas trop mal, d’une part en mettant en valeur les vocalises de Bella Thorne, sans pour autant tomber dans le cliché clipesque, d’autre part en insufflant un rythme et en composant de belles images. Si beaucoup trouveront le film naïf, un brin désuet, Midnight Sun évite pourtant les niaiseries à la Twilight et consorts, et saura séduire les adolescents auxquels il est clairement destiné.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Midnight Sun, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Du côté des bonus, quasiment rien à signaler, si ce n’est une mini-featurette de deux minutes. Si l’on pense tout d’abord être en présence de la bande-annonce, quelques rapides propos de l’équipe et des images de tournage viennent remplir ces quelques secondes dispensables.

L’Image et le son

Le master HD édité par TF1 Studio restitue habilement la photo du film en conservant des couleurs à la fois froides et chaudes, des contrastes denses ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces volontés artistiques entraînent certes une image parfois plus douce, une légère perte de la définition sur les séquences nocturnes, mais ce serait vraiment chipoter car la compression AVC consolide l’ensemble, les détails sont légion, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

Le spectacle est largement assuré par les mixages DTS-HD Master Audio 5.1, en anglais comme en français. La spatialisation musicale bénéficie d’une large ouverture de l’ensemble des enceintes, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, même si l’action latérale demeure finalement limitée. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © TF1 Studio / Paramount Pictures France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Fille sur la balançoire, réalisé par Richard Fleischer

LA FILLE SUR LA BALANÇOIRE (The Girl in the Red Velvet Swing) réalisé par Richard Fleischer, disponible en DVD et Blu-ray le 2 octobre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Ray Milland, Joan Collins, Farley Granger, Luther Adler, Cornelia Otis Skinner, Glenda Farrell, Frances Fuller, Phillip Reed…

Scénario : Walter Reisch, Charles Brackett

Photographie : Milton R. Krasner

Musique : Leigh Harline

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Dans l’Amérique des années 1900, Stanford White, célèbre architecte new-yorkais, marié mais séducteur réputé âgé de 47 ans, remarque dans une troupe de danseuses de cabaret Evelyn Nesbit, qui n’a que 16 ans. Cette dernière tombe sous son charme, mais celui-ci, torturé par sa conscience, cherche à éloigner la jeune femme, dont il est tombé amoureux. La jeune fille est également convoitée par un riche oisif, Harry Thaw. Quatre ans plus tard, celui-ci l’épouse. Mais, sa jalousie s’exacerbe à l’encontre de White. Un soir, dans un cabaret fréquenté par la haute société, il abat l’architecte de trois coups de revolver. Lors du procès Evelyn cédera aux pressions de sa belle mère et fera un faux témoignage pour sauver la tête de son mari.

Fils du pionnier de l’animation Max Fleischer (producteur de Popeye et de Betty Boop), Richard Fleischer (1916-2006) tente d’abord de devenir comédien mais se retrouve rapidement dans la salle de montage pour s’occuper des films d’actualités pour la RKO. Après quelques courts-métrages remarqués en tant que réalisateur, Richard Fleischer se voit confier quelques séries B. C’est le cas d’Assassin sans visage, remarquable film noir d’une heure montre en main tourné en seulement dix jours en 1949. Jalon de l’histoire du film criminel, l’oeuvre de Richard Fleischer repose sur une mise en scène stylisée et demeure l’un des premiers films à traiter de manière réaliste de la figure du serial killer.

Sous contrat avec la RKO, Richard O. Fleischer, signe plus tard Bodyguard, un petit polar à l’intrigue banale et même sans surprise, qu’il parvient à élever grâce à une mise en scène inspirée et dynamique, une direction d’acteurs parfaite (parfait Lawrence Tierney et dernière apparition de l’adorable Priscilla Lane) et même quelques touches d’humour qui font mouche. Série B vive et dynamique, particulièrement intéressante sur le plan visuel et faisant fi d’un budget somme toute restreint, bourrée d’idées (la scène finale dans l’abattoir) et de trouvailles sympathiques (un gros plan sur un oeil), Bodyguard, ce quatrième long-métrage de Richard Fleischer, se voit encore aujourd’hui comme une belle curiosité.

Tous ces petits longs métrages vont permettre à Richard Fleischer de révéler son savoir-faire. Sa spécialité ? Les polars secs et nerveux à l’instar du Pigeon d’argile grâce auquel le cinéaste transcende une fois de plus un postulat de départ classique pour s’amuser avec les outils techniques mis à sa disposition. Dès 1952 avec L’Enigme du Chicago Express, le réalisateur est reconnu dans le monde entier comme étant un nouveau maître du cinéma. Cette ascension fulgurante lui ouvrira les portes des grands studios Hollywoodiens où il démontrera son immense talent et son goût pour un éclectisme peu commun : Vingt Mille lieues sous les mers (1954), Les Inconnus dans la ville (1955), Les Vikings (1958). Juste après avoir connu le succès dans le monde entier avec sa transposition de l’oeuvre de Jules Verne, Richard Fleischer enchaîne avec La Fille sur la balançoire. Si ce film semble plus classique qu’à son habitude, The Girl on the Red Velvet Swing annonce pourtant les œuvres à venir de Richard Fleischer, notamment celles basées sur des faits divers criminels. Ou comment La Fille sur la balançoire s’inscrit bel et bien dans une filmographie éclectique – 60 films en 45 ans – et pourtant cohérente.

Ayant envisagé dans sa jeunesse des études pour devenir psychiatre, Richard Fleischer s’est toujours intéressé aux obsessions de ses personnages, d’un côté ou de l’autre de la justice. Ce sera notamment le cas dans Le Génie du mal (1959), adapté du roman Crime (1956) de l’écrivain et journaliste Meyer Levin, dans lequel le cinéaste s’inspire de l’affaire Leopold et Loeb, que Levin avait par ailleurs couvert pour le compte du Daily News en 1924 alors qu’il fréquentait la même Université que les deux criminels. Nathan Leopold et Richard Loeb étaient deux riches et brillants étudiants en droit de l’Université de Chicago, fascinés par la théorie du surhumain de Friedrich Nietzsche. Se sentant intellectuellement au-dessus du commun des mortels et donc des lois, les deux étudiants ont décidé de tuer un adolescent de 14 ans pour le seul plaisir de réaliser un crime parfait et d’éliminer un être inférieur, donc « inutile ». Un fait divers qui avait déjà inspiré La Corde d’Alfred Hitchcock, réalisé dix années auparavant. Ce qui intéresse Richard Fleischer et ce qui le passionnera tout au long de sa vie, c’est surtout ce qui peut conduire un homme à commettre l’irréparable. Le Génie du mal sera d’ailleurs le premier volet d’une trilogie criminelle en devenir avec L’Étrangleur de Boston en 1968 et L’Étrangleur de la place Rillington en 1971. Cinéaste prolifique, il est et demeure assurément l’un des plus grands metteurs en scène et raconteur d’histoires de l’industrie hollywoodienne.

Quand on se couche avec des chiens, on se lève avec des puces…

Entre le film à costumes, une touche de comédie musicale, le mélodrame passionnel, l’étude psychologique et un soupçon d’histoire criminelle, La Fille sur la balançoire, inspiré d’une histoire vraie qui avait été appelée « Le Procès du siècle » et qui avait défrayé la chronique au début du XXe siècle, repose sur un scénario en béton écrit par les immenses Walter Reisch (Voyage au centre de la terre de Henry Levin, Niagara de Henry Hathaway, Ninotchka d’Ernst Lubitsch) et Charles Brackett (Boulevard du crépuscule, La Scandaleuse de Berlin). Richard Fleischer a donc les mains libres pour dérouler son récit à travers une reconstitution soignée, une virtuosité unique et un art jamais démenti de la conduite dramaturgique, tout en se penchant sur une nouvelle approche du « Mal » et des recoins les plus sombres de l’âme humaine.

Avec son CinémaScope sublime et la flamboyante photographie du chef opérateur Milton R. Krasner (Ève, 7 ans de réflexion, La Conquête de l’Ouest) aux couleurs étincelantes qui contrastent avec la noirceur du propos, La Fille sur la balançoire demeure un vrai joyau et continue aujourd’hui de faire le bonheur des cinéphiles.

Dans la première partie de La Fille sur la balançoire, Richard Fleischer observe ses personnages avec une patience et l’oeil aiguisé d’un entomologiste. Le réalisateur pose le cadre, donne aux spectateurs ce qu’ils sont venus voir, à savoir un trio de stars élégantes, superbes et qui portent admirablement le costume. Le décor est faste, les couleurs éclatantes, le cadre large renvoie aux plus grands spectacles cinématographiques d’alors. Pourtant, il y a quelque chose de menaçant, pour ne pas dire pourri qui couve dans La Fille sur la balançoire. Si les faits réels ont été quelque peu « adoucis » – la jeune Evelyn Nesbit, 14 ans, avait  été violée par Stanford White – Richard Fleischer n’est pas dupe quant au comportement inapproprié de ses protagonistes masculins.

Ray Milland compose un architecte de renom, peut-être le plus connu des Etats-Unis, marié, qui entreprend une relation avec une très jeune femme (ici âgée de 16 ans), plus ou moins consentie. Le film étonne par sa frontalité, surtout lorsque White décide finalement de s’occuper d’Evelyn comme s’il s’agissait de « sa fille », en voulant lui faire reprendre des études. Fantasme incestueux ? Pédophilie ? Il s’agit bien de cela, mais Richard Fleischer est assez malin pour faire passer le message malgré un code Hays omnipotent. De son côté, Farley Granger compose un Harry K. Thaw ambiguë, playboy colérique et millionnaire qui vit sous le joug d’une mère qu’on imagine à la fois castratrice et également incestueuse. Troisième élément de ce triangle « amoureux », Joan Collins, dans un rôle pensé pour Marilyn Monroe, subjugue à chaque apparition. Mais en dépit de son apparente innocence, le spectateur s’interroge sur le caractère arriviste de cette apparente oie blanche qui souhaite s’élever dans l’échelle sociale. Son jeune âge la perdra puisqu’elle se retrouvera au milieu d’un règlement de comptes fatal, qui lui fera comprendre qu’on ne peut jouer innocemment dans le monde adulte.

Le dernier acte, après le meurtre, est un modèle du genre. Ou l’art de l’ellipse chez Richard Fleischer. Les grandes étapes du procès sont résumées via le titre des manchettes affiché sur les devantures d’un magasin, jusqu’au verdict. Quant à l’épilogue dans la prison, il reste d’une brutalité peu commune et d’un cynisme tout aussi rare. Un autre bijou noir dissimulé dans l’immense filmographie du cinéaste. Ce fait divers sera également évoqué dans Ragtime de Milos Forman (1981) et repris par Claude Chabrol dans La Fille coupée en deux (2007).

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Fille sur la balançoire, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est animé et musical.

Critique cinéma et chargée de cours à l’université Paris 3, Ophélie Wiel replace La Fille sur la balançoire dans la carrière de Richard Fleischer et revient sur les thèmes, les partis pris, la psychologie des personnages et le casting du film qui nous intéresse, sans oublier d’évoquer le fait divers qui l’a inspiré (20’). Ophélie Wiel indique comment le cinéaste et les scénaristes ont su contourner le tristement célèbre code Hays, afin d’aborder la sexualité déviante du personnage incarné par Ray Milland.

L’Image et le son

L’édition HD de La Fille sur la balançoire est aléatoire. Rien à redire sur le fabuleux cadre large et la vivacité de la colorimétrie, en particulier sur les quelques scènes chantées aux costumes étincelants (jaune, rose, on en prend plein les yeux) ou de la balançoire éponyme. En revanche, le master est encore parsemé de points blancs, de scories diverses et variées, de raccords de montage. La définition décroche sur les fondus enchaînés et la dernière bobine est la plus abîmée du lot avec une recrudescence des poussières. Les contrastes sont malgré tout fabuleux, malgré des fourmillements, des flous intempestifs, des séquences tournées en transparence visibles comme le nez au milieu de la figure. La gestion du grain est également inégale avec de temps en temps des scènes plus lissées et à l’aspect plus artificiel. Ce Blu-ray est une exclusivité mondiale.

Point de Haute-Définition en ce qui concerne l’acoustique. La version originale bénéficie d’une piste LPCM 2.0 (à privilégier), mais également d’une option Dolby Digital 5.1 correcte, qui spatialise la musique de façon dynamique. Quelques effets latéraux parviennent à se faire entendre, même si l’ensemble reste essentiellement frontal. Les voix sont de temps à autre assez confinées ou au contraire trop aiguës. La piste française LPCM 2.0 est de bon acabit, au doublage soigné. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment LLC All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Archimède le clochard, réalisé par Gilles Grangier

ARCHIMÈDE LE CLOCHARD réalisé par Gilles Grangier, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 octobre 2018 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Jean Gabin, Darry Cowl, Bernard Blier, Noël Roquevert, Julien Carette, Dora Doll, Jacqueline Maillant, Paul Frankeur, Jacques Marin…

Scénario : Albert Valentin, Gilles Grangier, Michel Audiard d’après une idée originale de Jean Gabin

Photographie : Louis Page

Musique : Jean Prodromidès

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Archimède, un clochard atypique se refusant à dormir sous les ponts, décide pour passer l’hiver de se faire enfermer en prison. À cette fin et après plusieurs essais infructueux, il décide de mettre à sac son bistrot favori. Mais malgré tous ses efforts, son temps de prison est bien trop court à son goût. Relâché, il va bien falloir trouver une solution pour passer l’hiver au chaud. Entretemps, son bistrot a changé de propriétaire et le nouveau patron n’est pas aussi docile que l’ancien mais Archimède, bien né et très cultivé, a plus d’un tour dans son sac.

Cette seconde bouteille, tu la sors de la glace ? C’est pas le Nautilus !

Archimède le clochard est un film qui me tient particulièrement à coeur puisqu’il s’agit du préféré de mon père. Le dialogue n’était pas le fort de la famille. Mon père né en Eure-et-Loir, fils de métayer, taiseux, était passionné par le cinéma français des années 1950-60. A la maison, nous ne parlions pas vraiment et à table durant le repas, la télé diffusait toujours un film sélectionné par mon père. Archimède le clochard de Gilles Grangier (1911-1996) revenait très souvent. J’ai appris à communiquer avec mon père à travers les films qu’il aimait, apprenait ce qui le faisait rire ainsi, ce qui l’interpellait, lui qui n’exprimait jamais ou très peu ses sentiments. Quelque part, Archimède le clochard a donc forgé ma cinéphilie, ainsi que tous les films avec Jean Gabin ou de Gilles Grangier, tout le cinéma français de 1950 à 1980. Rétrospectivement, cette sixième collaboration (sur douze au total) entre le comédien et le réalisateur est leur plus grand succès en commun avec plus de quatre millions d’entrées en France et le septième de toute la carrière de Jean Gabin.

De la posologie au veuvage, ce n’est qu’une question de gouttes !

Depuis La Vierge du Rhin en 1953, Jean Gabin et Gilles Grangier ont enchaîné les films et les succès avec Gas-oil (1955), Le Sang à la tête (1956), Le rouge est mis (1957), Le Désordre et la nuit (1958). Ce dernier, méconnu, est pourtant un des meilleurs films du binôme. Cette adaptation du roman de Jacques Robert coécrite entre autres par Michel Audiard, qui signe également les excellents dialogues du film, est à redécouvrir et à réhabiliter absolument. Désireux de s’amuser un peu et de se débarrasser d’un de ses rôles les plus singuliers et sombres, celui d’un flic porté sur la boisson, qui s’éprend d’une très jeune toxicomane, Jean Gabin a lui-même l’idée d’Archimède le clochard. Le générique indique d’ailleurs « d’après une idée originale de Jean Moncorgé », le vrai nom du comédien.

Il y interprète un clochard bien élevé et très cultivé, contraint de quitter l’immeuble en construction où il avait élu domicile, en raison du grondement des machines. L’hiver s’annonce particulièrement rude. Ennemi farouche du travail et du bruit, il imagine un plan pour se faire emprisonner et passer ainsi la mauvaise saison au chaud. Il s’emploie tout d’abord à saccager un café, mais la maréchaussée ne juge pas utile de l’incarcérer. Il s’attaque alors à un défilé militaire, avant de provoquer un scandale dans le métro. Rien à faire, les autorités refusent de réagir. Le monde douillet de la prison se refuse à Archimède, qui n’a plus que ses citations d’auteurs et son gros rouge pour se protéger des premiers frimas de l’hiver.

Archimède : Il est tiède !
Pichon : Vous voulez de la glace ?
Archimède : Tout corps plongé dans un liquide subit une poussée de bas en haut égale au poids du volume de liquide déplacé. Pas de glace !

Archimède le clochard est un sommet dans l’association Gabin/Grangier. Sur de magnifiques dialogues signés Michel Audiard, le comédien livre une de ses plus grandes prestations et enchaîne les punchlines, chante pour le plaisir sans faire l’aumône, enchaîne les danses endiablées, parvient à dérider les bourgeois coincés au cours d’une surprise-partie. S’il se fait un petit pécule, il n’hésite pas à payer une bouteille (ou deux) de Bollinger à ses amis ouvriers des Halles. Avec son répondant, son éducation qu’on imagine noble (son véritable nom Joseph Hugues Guillaume Boutier de Blainville est d’ailleurs évoqué), capable de moucher un petit mec hautain avec quelques vers d’Apollinaire (« Mon beau navire ô ma mémoire, Avons-nous assez navigué, Dans une onde mauvaise à boire, Avons-nous assez divagué, De la belle aube au triste soir »), Archimède a décidé de se mettre volontairement en retrait de la société, en rejetant les institutions, luttant quotidiennement contre l’asservissement, tout en profitant de ce que la vie a de mieux à offrir.

Gabin se métamorphose, tout en restant lui-même et la fraîcheur de son jeu reste encore hallucinante soixante ans après la sortie du film. Il est également savamment épaulé par les trognes et le talent de Darry Cowl, Julien Carette, Bernard Blier et Paul Frankeur, sans oublier la débutante Jacqueline Maillan et le charme de Dora Doll. Assisté à la mise en scène par un jeune Jacques Deray, Gilles Grangier se met certes au service de son acteur, mais livre en même temps le témoignage du Paris d’époque avec ses rues de plus en plus agitées, ses habitants qui commençaient à courir dans tous les sens, ses métros bondés. A sa sortie, Archimède le clochard est un triomphe et Jean Gabin remporte l’Ours d’argent du meilleur acteur au Festival international du film de Berlin de 1959.

(A mon père)

LE DIGIBOOK

C’est la révélation de l’année. Fondateur de la structure indépendante Coin de mire Cinéma, Thierry Blondeau est un autodidacte, un cinéphile passionné et grand collectionneur (plus de 10.000 titres dans sa DVDthèque) qui a décidé de se lancer dans le marché de la vidéo dans le but d’éditer des films qu’il désirait voir débarquer dans les bacs depuis longtemps. Prenant son courage à deux mains, essuyant le refus de la plupart des éditeurs qui riaient devant son projet, Thierry Blondeau ne s’est jamais découragé. Son envie et son amour infini pour le cinéma et le support DVD/Blu-ray ont porté leurs fruits. Voilà donc la collection « La Séance » qui s’ouvre le 22 octobre 2018 avec six titres : Les Amants du Tage et Des gens sans importance d’Henri Verneuil, Si tous les gars du monde… de Christian-Jaque, Porte des Lilas de René Clair, Les Grandes familles de Denys De La Patellière et Archimède le clochard de Gilles Grangier. Inédits en Blu-ray, ces titres seront édités à 3000 exemplaires.

Coin de mire Cinéma a d’ores et déjà annoncé les sorties de Paris est toujours Paris de Luciano Emmer, Le Cas du Docteur Laurent de Jean-Paul le Chanois, Des Pissenlits par la racine de Georges Lautner, Le Train de John Frankenheimer (en co-édition avec L’Atelier d’images), La Grosse caisse d’Alex Joffé et L’Affaire Dominici de Claude Bernard Aubert. Chaque restauration sera assurée par TF1 en collaboration avec le CNC. Ont également participé à la réalisation de ce projet L’Atelier d’images (entre autres Hugues Peysson et Jérôme Wybon), Celluloïd Angels, Intemporel et Slumberland. Signalons que chaque titre est annoncé au tarif de 32€, disponible à la vente sur internet et dans certains magasins spécialisés à l’instar de Metaluna Store tenu par l’ami Bruno Terrier, rue Dante à Paris.

L’édition prend la forme d’un Digibook (14,5cm x 19,5cm) suprêmement élégant. Le visuel est très recherché et indique à la fois le nom de l’éditeur, le titre du film en lettres d’or, le nom des acteurs principaux, celui du réalisateur, la restauration (HD ou 4K selon les titres), ainsi que l’intitulé de la collection. L’intérieur du Digibook est constitué de deux disques, le DVD et Blu-ray, glissés dans un emplacement inrayable. Une marque est indiquée afin que l’acheteur puisse y coller son numéro d’exemplaire disposé sur le flyer volant du combo, par ailleurs reproduit dans le livret. Deux pochettes solides contiennent des reproductions de dix photos d’exploitation d’époque (sur papier glacé) et de l’affiche du film au format A4. Le livret de 24 pages de cette édition contient également la filmographie de Gilles Grangier avec le film qui nous intéresse mis en surbrillance afin de le distinguer des autres titres, de la reproduction du dossier de presse original et d’articles divers. Le menu principal est fixe et musical.

Si vous décidez d’enclencher le film directement. L’éditeur propose de reconstituer une séance d’époque. Une fois cette option sélectionnée, les actualités Pathé du moment démarrent alors, suivies de la bande-annonce d’un film, puis des publicités d’avant-programme, réunies grâce au travail de titan d’un autre grand collectionneur et organisateur de l’événement La Nuit des Publivores. Le film démarre une fois que le salut du petit Jean Mineur (Balzac 00.01).

L’édition d’Archimède le clochard contient donc les actualités de la 15e semaine 1959 comme l’inauguration d’une nouvelle ligne de métro à Tokyo, une inondation à Madagascar, une italienne qui a ouvert une pension de famille pour chats perdus (500 pensionnaires) ou un cygne moscovite qui voue un amour fou à l’homme qui l’a recueilli (9’).

Ne manquez pas les formidables réclames de l’année 1959 avec une publicité inventive pour les bonbons de La Pie qui chante, une autre pour un bâtonnet glacé au Grand Marnier (« en vente dans cette salle »), une pub pour le café avec Henri Salvador ou une autre pour une cuisinière Arthur Martin dernier cri (8’).

La bande-annonce d’Archimède le clochard et celles des cinq autres titres de la collection édités le 22 octobre sont également disponibles.

L’Image et le son

Archimède le clochard était jusqu’alors disponible en DVD chez René Chateau, dans une édition sortie en septembre 2000 quasiment épuisée. Pour son arrivée dans l’escarcelle de Coin de mire Cinéma, le film de Gilles Grangier a été restauré en Haute-Définition. Si la stabilité de l’image ne fait aucun doute, la restauration n’a pas été poussée comme nous pouvions l’espérer puisqu’il reste pas mal de dépôts résiduels, de scories, de griffures, de points et des rayures verticales. Les contrastes retrouvent de leur superbe, ainsi que la luminosité de la copie qui fait franchement plaisir. Notons tout de même quelques champs-contrechamps à la définition aléatoire, qui s’accompagnent parfois de flous sporadiques. Le grain argentique est heureusement conservé et bien géré.Le Blu-ray est au format 1080p.

Aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Si quelques saturations demeurent inévitables, la musique est joliment délivrée et aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Coin de mire Cinéma / TF1 Droits Audiovisuels /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Trilogie optimiste de Dino Risi : Pauvres mais beaux + Belles mais pauvres + Pauvres millionnaires

PAUVRES MAIS BEAUX / BELLES MAIS PAUVRES / PAUVRES MILLIONNAIRES (Poveri ma belli / Belle ma povere / Poveri milionari) réalisés par Dino Risi, disponibles en combo Blu-ray/DVD le 3 octobre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Renato Salvatori, Marisa Allasio, Maurizio Arena, Lorella De Luca, Alessandra Panaro, Memmo Carotenuto, Sylva Koscina…

Scénario : Dino Risi, Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Giorgio Fabor, Piero Morgan, Armando Trovaioli

Durée : 1h41 / 1h39 / 1h32

Date de sortie initiale : 1957 / 1957 / 1959

LES FILMS

Deux séducteurs des faubourgs, Romolo et Salvatore, tombent sous le charme de leur voisine Giovanna, la fille du tailleur. Leur amitié est mise à rude épreuve car Giovanna laisse croire à chacun qu’il est l’élu de son coeur…

À Rome, Romolo et Salvatore mènent une vie insouciante partageant les fêtes et les conquêtes. Chacun s’engage finalement avec la soeur de l’autre. La perspective du mariage ne change rien aux priorités de Salvatore qui continue de s’amuser sans penser au lendemain, alors que Romolo reprend sérieusement ses études pour avoir un métier.

Romolo, Salvatore, Anna Maria et Marisa, en voyage de noces, doivent rejoindre Florence. Mais une série d’incidents les bloquent à Rome, dans un appartement sans fenêtres.

Pauvres mais beaux n’est que le cinquième long métrage de l’immense et prolifique Dino Risi (1916-2008), et c’est déjà magnifique. Doctorant en psychologie, médecin, psychiatre, journaliste, puis devenu metteur en scène presque par hasard, le réalisateur mythique du Fanfaron, Parfum de femme, Il Vedovo, signe une de ses premières grandes réussites en matière de comédie, lui qui deviendra un maître du genre.

Merveilleux film « dans l’air du temps », Pauvres mais beaux n’a finalement pas vieilli et demeure jubilatoire, toujours très attachant et même parfois mélancolique. Cette oeuvre chaleureuse est aussi l’occasion d’admirer le talent et les courbes affriolantes de Marisa Allasio, véritable bombe sexuelle du cinéma italien des années 1950, dont la carrière d’actrice fut interrompue suite à son mariage avec le comte Pier Franco Calvi di Bergolo, fils de la princesse Yolande Marguerite de Savoie (fille aînée du roi Victor-Emmanuel III). Ça c’était pour l’anecdote. Elle est Giovanna, l’objet de toutes les convoitises (et on comprend pourquoi), en particulier de Romolo et Salvatore, interprétés par Maurizio Arena (Le Signe de Vénus) et Renato Salvatori (Un dimanche romain), amis depuis l’enfance, voisins de palier, deux jeunes dragueurs invétérés qui partagent tout (même les conquêtes, habituellement) et surtout leur temps à profiter du soleil et à reluquer les croupes rebondies des jolies demoiselles qui déambulent en bikini devant leurs yeux alanguis.

Pauvres mais beaux est le témoignage d’une époque révolue, mais aussi une comédie vive, dynamique, très sexy, formidablement interprétée, un régal pour les mirettes. Les sentiments amoureux sont abordés avec l’élégance habituelle de Dino Risi, d’autant plus que la femme – et comme toujours chez le cinéaste – y tient tête à l’homme, ce dernier étant alors prêt à tout pour concrétiser ses ambitions et réaliser ses fantasmes. Les deux amis seront décontenancés par la liberté et l’émancipation de Giovanna, qui agit comme eux, avec une tendresse supplémentaire, sans envie de faire de mal, mais en voulant profiter du moment et de l’opportunité. Giovanna ne refuse pas un baiser, ce qui n’est pas pour déplaire à Romolo et Salvatore. Mais les deux ne tardent pas à tomber amoureux de la même jeune femme et leur amitié est alors mise en danger par la jalousie. Pendant ce temps, l’ex-fiancé de Giovanna refait surface.

Suite de quiproquos, de jeux de séduction, mais également portrait d’une jeunesse insouciante en prise avec les «  problèmes d’adultes  » face à des parents complètement dépassés par les événements (voir la scène du rock endiablé), Pauvres mais beaux est une réussite exemplaire, reposant sur des dialogues savoureux et un scénario millimétré écrits par Dino Risi, mais également par Massimo Franciosa et Pasquale Festa Campanile, complices qui plus tard signeront Rocco et ses frères et Le Guépard. Autre atout, le film bénéficie du talent du chef opérateur Tonino Delli Colli (Le Nom de la Rose, Il était une fois en Amérique) à la photo, qui capte les instantanés de vie dans les rues de Rome où le film a été intégralement tourné.

Le triomphe de Pauvres mais beaux entraînera une suite directe avec les mêmes comédiens et Dino Risi toujours derrière la caméra, tout simplement intitulée Beaux mais pauvres. A peine un an après la sortie du précédent volet, nous retrouvons donc Romolo et Salvatore, cette fois fiancés à Anna Maria et Marisa. Mais l’amour ne suffit pas pour se marier, ils doivent également pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Mais ni l’un ni l’autre ne travaille, ils se sont alors inscrits à une école, mais seul Romolo réussit.

Cette fois, le film ne se focalise pas sur le duo vedette, mais sur un quatuor formidable. Les divines Lorella De Luca (Marisa) et Alessandra Panaro (Anna Maria) reprennent également leurs rôles respectifs. Si ce second opus ne possède pas la même spontanéité que le précédent, il n’en demeure pas moins bondissant, frais et très drôle. Les deux volets prennent donc la forme de véritables chroniques sur la jeunesse italienne de la fin des années 1950, désireuse de profiter à fond de la vie. Romolo et Salvatore doivent se montrer plus adultes en cherchant un travail, afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs fiancées avant le mariage. Mais ils se retrouvent très vite rattrapés par la réalité et entrer dans le monde adulte n’est pas si facile. D’autant plus que Giovanna (Marisa Allasio) croise à nouveau leur route et que les deux amis se retrouvent une fois de plus hypnotisés par la jeune femme.

Dino Risi et ses scénaristes exploitent habilement l’immaturité de leurs personnages mise en place dans le film précédent, en évitant la facilité. Quelques soucis de rythme peut-être, néanmoins Belles mais pauvres reste un grand moment de la comédie italienne et du néoréalisme rose. Le charme est inaltérable et certains gags seront d’ailleurs repris par d’autres grands maîtres de la comédie, comme Claude Zidi qui s’inspirera du gag du maillot de bain décousu dans Les Sous-Doués en vacances.

Ce qui deviendra alors une trilogie prendra fin en 1959 avec Pauvres millionnaires, le réalisateur retrouvant pour l’occasion Maurizio Arena et Renato Salvatori, mais sans Marisa Allasio qui venait d’arrêter le cinéma.

Pour leur voyage de noces, Salvatore et Romolo, deux jeunes amis inséparables issus des milieux populaires de Rome, décident d’emmener leurs épouses à Florence par le train. Mais une série d’incidents les bloquent à Rome, où les deux couples sont alors contraints de cohabiter dans un appartement en travaux et sans la moindre fenêtre. Renversé un soir par la voiture d’une femme très riche, Salvatore se retrouve soudain amnésique. Un concours de circonstances le rend directeur du grand magasin dans lequel travaille comme vendeur son ami Romolo. Salvatore a tout oublié, dont sa femme Marisa, qui va entreprendre sa reconquête…

Pauvres millionnaires, resté inédit en France jusqu’en 2016, est certes le chapitre le moins « réaliste » de la trilogie optimiste, mais n’en demeure pas moins plein d’entrain, sans cesse inventif, très élégant. La première partie consacrée au voyage de noces de nos héros, est un très grand moment de comédie menée à cent à l’heure, où les personnages se croisent et ratent leur train pour Florence, s’agitent dans tous les sens, mais tout en conservant leur calme et en profitant des chemins de traverse. Si Marisa Allasio n’est plus là, Sylva Koscina fait ici une apparition remarquée et sa beauté n’est pas sans agir sur un Renato Salvatori, ici clairement la star de ce troisième et dernier volet.

Dino Risi et ses scénaristes sortent de Rome et du quartier de la Piazza Novana, mais démontrent finalement rapidement que leurs personnages apparaissent en décalage et inadaptés une fois hors de la capitale italienne. Notre quatuor revient donc très rapidement et le retour à la vie normale reprend son cours. Mais la relation homme-femme peut-elle être identique après le mariage ? Dino Risi ne répond pas vraiment à la question puisque Salvatore est alors embringué dans une aventure surréaliste où, perdant la mémoire, il devient un grand chef d’entreprise doucement manipulé par une jeune femme (Sylva Koscina donc) riche et en manque d’amour. Son épouse, sa sœur et son meilleur ami (et beau-frère) vont essayer de le faire revenir à la raison.

Pauvres millionnaires est représentatif de la mutation du néoréalisme, un chaînon manquant, un essai qui sera définitivement transformé la même année par Mario Monicelli avec Le Pigeon. Sans renier le contexte social (ville de plus en plus surchargée et en pleine transformation), Pauvres millionnaires fait place au burlesque et au comique de situation. C’est le fait de croire aux personnages qui fait passer la pilule des situations extraordinaires qui s’éloignent de toute crédibilité. Au final, les protagonistes n’apprennent pas grand-chose de leurs aventures, Salvatore ne se souvient d’ailleurs de rien, mais tout le monde est finalement heureux de retrouver un quotidien sans esbroufe.

Le final, quelque peu attendu, pouvait annoncer un quatrième chapitre de l’existence de ces romains, mais Dino Risi, ainsi que ses confrères réalisateurs, allaient alors passer à la vitesse supérieure en commençant à gratter le vernis de la société transalpine. Libre aux spectateurs d’imaginer la suite des aventures de Romolo et Salvatore (au chômage), Marisa et Anna Maria (enceintes) et les autres…

LE COFFRET DVD/BLU-RAY

Deux ans après l’édition en DVD de Pauvres mais beaux dans la collection Les Maîtres italiens SNC, le film de Dino Risi est non seulement de retour dans les bacs en Haute-Définition, mais il est également accompagné de Belles mais pauvres et de Pauvres millionnaires, jusqu’alors inédits ! M6 Vidéo édite ce combo 3 Blu-ray/4 DVD pour le plus grand plaisir des cinéphiles et admirateurs du cinéma de Dino Risi et de la comédie italienne. Sur les Blu-ray, les menus principaux sont animés et musicaux. Le quatrième DVD est dédié à un supplément inédit que nous détaillons plus bas. Signalons que cette édition contient également un livret inédit de 24 pages écrit par Lorenzo Codelli, directeur de la Cinémathèque du Frioul.

Le Blu-ray de Pauvres mais beaux reprend le bonus déjà disponible sur le DVD sorti en 2016, à savoir la présentation du film par Jean A. Gili (22’). L’historien du cinéma indique tout d’abord la bonne santé du cinéma italien au milieu des années 1950, avant de dresser le portrait du réalisateur Dino Risi et d’évoquer ses débuts au cinéma. Les thèmes du film sont ensuite analysés, les conditions de tournage abordées avec une grande pertinence et le casting est évidemment passé au peigne fin.

Pas de supplément sur les deux autres films, mais le principal se trouve sur le quatrième DVD. Le documentaire Pauvres mais beaux, les débuts de la comédie à l’italienne (2018 – 1h01) compile les interventions des cinéastes Marco Risi et Enrico Vanzina (également scénariste et producteur, fils du cinéaste Steno), ainsi que de l’auteur Massolino d’Amico (fils de la scénariste Suso Cecchi D’Amico). Si de nombreux extraits de la trilogie viennent ralentir quelque peu le rythme, les propos des trois intervenants sont toujours très intéressants et replacent les trois films, surtout le premier volet, dans le contexte historique, social et cinématographique de l’Italie de la fin des années 1950. Le style de Dino Risi, les thèmes explorés dans les trois volets, le casting, l’évolution de la comédie italienne, les conditions de tournage, le succès retentissant de la trilogie, tout y est intelligemment abordé.

L’Image et le son

Chaque film a été restauré en Haute définition, image par image et bénéficie d’un transfert de haute volée. Le résultat est bluffant et superbe. Le Noir & Blanc offre des contrastes impeccables. Les détails sont précis, tant sur les visages, les décors et les arrière-plans. Les copies, 1.33 (4/3), sont on ne peut plus propres, dépoussiérées de la moindre impureté, stables (sauf sur les fondus enchaînés qui décrochent sensiblement), tandis que le grain demeure parfaitement équilibré et géré. A titre de comparaison, Pauvres millionnaires est peut-être moins défini que les deux autres films, avec un générique qui fourmille légèrement, des visages parfois blafards et des blancs plus cassés, mais l’ensemble est on ne peut plus plaisant. Ces éditions Haute-Définition permettront à cette trilogie de connaître une nouvelle jeunesse.

Proposées en langue italienne, il faut rappeler que les pistes sont entièrement doublées comme l’étaient les films italiens de l’époque. Le mono d’origine restauré offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est évident et les sons annexes, tels que les ambiances de rue et bruits de fond sont extrêmement limpides. Les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray et DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Shanghai Job, réalisé par Charles Martin

THE SHANGHAÏ JOB (S.M.A.R.T. Chase) réalisé par Charles Martin, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Orlando Bloom, Leo Wu, Simon Yam, Hannah Quinlivan, Lynn Xiong, Liang Jing, Ying Da, Chang Rong…

Scénario : Kevin Bernhardt

Photographie : Philipp Blaubach

Musique : Li Bin

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Danny Stratton, le meilleur convoyeur d’oeuvre d’art de Shanghai, traverse une mauvaise passe. Engagé, pour protéger une antiquité chinoise d’une très grande valeur, son opération va très vite se compliquer, lorsque son convoi est embusqué. Une course contre la montre s’engage, pour sauver sa femme, et pour démasquer le cerveau qui se cache derrière ce braquage.

The Shanghai Job ou S.M.A.R.T. Chase en version originale, est une coproduction britannico-chinoise, effet de mode dans le cinéma depuis un petit bout de temps. Ici, un Orlando Bloom peroxydé et sec comme un coup de trique vient se la péter à Shanghai, pour y tourner un petit film d’action banal, sans aucune surprise, réalisé avec les pieds et qui lorgne sur les séries Z écrites et produites par Luc Besson. Le comédien anglais promène son absence de charisme et ses yeux vides qui auraient inspiré Stephen Hawking pour ses études sur le trou noir, avec un je-m’en-foutisme qui frôle l’admiration. Ce qu’il y a de plus sympa dans The Shanghai Job, c’est de voir que le film commence de façon dramatique et que plus le récit avance, plus l’ensemble devient amusant, léger, comme si toute l’équipe s’était rendu compte que tout cela n’allait nulle part et que ce n’était pas la peine d’essayer de faire croire le contraire.

Un agent de sécurité britannique, Danny Stratton, est chargé d’escorter une antiquité chinoise d’une valeur inestimable en dehors de Shanghai. Humilié après avoir empêché le vol d’un tableau de Van Gogh, ce service est une opportunité de restaurer sa réputation. Mais, sur son chemin, Stratton est pris en embuscade et l’œuvre d’art est dérobée sous ses yeux. Il n’a pas d’autre choix que d’affronter la bande de voleurs pour la récupérer.

A l’époque de sa révélation dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, Orlando Bloom était encore « intéressant ». Son physique androgyne convenait parfaitement au personnage de Legolas et avait su marquer les spectateurs du monde entier. L’acteur avait ensuite rebondi immédiatement, au sens propre comme au figuré, avec la franchise Pirates des Caraïbes dans laquelle il montrait déjà ses limites dans les scènes dramatiques avec son visage lisse alors débarrassé du grimage elfique. Depuis, c’est comme qui dirait le désert dans sa filmographie. Ridicule dans Troie de Wolfgang Petersen, risible dans Kingdom of Heaven de Ridley Scott, transparent dans Rencontres à Elizabethtown de Cameron Crowe, Orlando Bloom n’a pu compter que sur notre Jérôme Salle national et son impressionnant Zulu pour faire parler de lui ces dernières années. Ce n’est pas sa participation aux ronflants Hobbit (d’ailleurs on en roupille encore) qui auront pu lui redonner un nouveau souffle.

Le voilà donc débarquant en Chine avec des comédiens du cru, Lynn Hung (la trilogie Ip Man), Simon Yam (PTU, Election), Lei Wu, Hannah Quinlivan (Skyscrapper), beaucoup plus crédibles et drôles que la star. En fait, on a du mal à croire à Orlando Bloom en agent de sécurité qui n’hésite pas à donner du pied et du poing quand on vient lui chercher des noises. Les combats sont extrêmement mal chorégraphiés et l’on sent d’ailleurs les coups passer à trente centimètres de leurs cibles. La mise en scène au rabais de Charles Martin, venu de la télévision (Skins, Marcella), ne parvient jamais à insuffler un rythme à une intrigue totalement dépourvue d’intérêt. Le réalisateur abuse des plans filmés au drone et finalement The Shanghai Job fait surtout penser à un spot destiné à attirer les touristes, mais aussi à une pub pour une bagnole (filmée sous tous les angles « une voiture, qu’elle est bien pour la conduire ») ou une montre de luxe.

Pendant ce temps, Orlando Bloom fronce les sourcils, donne des coups dans le vide en se prenant pour Jason Statham ou plutôt Keanu Reeves dans John Wick avec un soupçon de Drive (une endive éclairée aux néons, comme chez Nicolas Winding Refn) et court encaisser son chèque pour se payer une nouvelle teinture.

LE BLU-RAY

The Shanghai Job débarque directement dans les bacs en France, en DVD et Blu-ray. Le visuel de la jaquette de cet DTV est assez attractif. Le menu principal est non seulement fixe et muet, mais affiche également le titre du film en version originale.

Aucun supplément sur ce titre.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra numérique de Charles Martin colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec notamment des scènes somptueuses éclairées aux néons. Ce Blu-ray est une franche réussite technique et la profondeur de champ laisse souvent pantois.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement bluffants, surtout dans les scènes de poursuites, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. A ce titre, la version originale l’emporte sur son homologue.

Crédits images : © Studiocanal /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Histoires d’outre-tombe, réalisé par Freddie Francis

HISTOIRES D’OUTRE-TOMBE (Tales from the Crypt) réalisé par Freddie Francis, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 18 septembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Ralph Richardson, Joan Collins, Peter Cushing, Ian Hendry, Richard Greene, Nigel Patrick, Patrick Magee…

Scénario : Milton Subotsky d’après une histoire originale de Al Feldstein, Johnny Craig et William M. Gaines

Photographie : Norman Warwick

Musique : Douglas Gamley

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans les catacombes, cinq personnes entrent dans une pièce dont la porte se referme sur eux. Aux visiteurs, sachant que tous nourrissent de noirs desseins, le gardien de la crypte pose la question : « Quels sont vos projets d’avenir quand vous sortirez ? » Entre une meurtrière en prise avec un Père Noël psychopathe, le propriétaire puni par le fantôme du vieillard qu’il aura délogé, l’homme d’affaires piégé par trois vœux, un accidenté de la route appelé à revivre la même situation et le directeur d’un institut pour aveugles confronté à la colère de ses pensionnaires, chacun teste le monstre qui se cache en lui.

Entrez ! Entrez, âmes damnées ! Soyez les bienvenus chez Amicus, cette société de production cinématographique britannique née dans les années 1960, spécialisée dans les films d’horreur. Fondée par les américains Milton Subotsky et Max J.Rosenberg, la Amicus a voulu concurrencer la célèbre Hammer sur son propre territoire et dans le reste du monde. Dans cette optique, les pontes décident d’offrir quelque chose de différent aux spectateurs, notamment des histoires d’épouvante contemporaines. Un nom devient alors récurrent, celui du réalisateur Freddie Francis (1917-2007), à qui l’on doit déjà quelques fleurons de la Hammer comme Paranoïaque (1963), qui était à l’époque un chef opérateur très convoité. Il avait entre autres signé les images inoubliables des Innocents de Jack Clayton (1961) et avait auparavant travaillé Jack Cardiff sur Amants et filsSons and Lovers (1960), pour lequel il avait remporté l’Oscar de la meilleure photographie. Après cette récompense suprême, Freddie Francis décide de passer à la réalisation. Il signera L’Empreinte de Frankenstein, Dracula et les femmes et Meurtre par procuration, pour le compte de la Hammer. S’il mettra en scène d’autres films dans les années 1970-80, Freddie Francis réalisera également les inoubliables photographies d’Elephant Man, Dune et Une histoire vraie pour David Lynch, mais aussi celle du remake des Nerfs à vif par Martin Scorsese, ainsi que celle de Glory d’Edward Zwick, qui lui vaudra un second Oscar. Mais pour l’heure, Histoire d’outre-tombeTales from the Crypt démontre une fois de plus tout son savoir-faire derrière la caméra.

L’aventure de Freddie Francis avec la Amicus démarre en 1965 avec Le Train des épouvantesDr. Terror’s House of Horrors. Les autres séries B d’horreur s’enchaînent avec des titres aussi explicites que Le Crâne maléfiqueThe Skull (1965), Poupées de cendreThe Psychopath (1966), The Deadly Bees (1967), They Came from Beyond Space (167), Le Jardin des tortures Torture Garden (1967), puis le film qui nous intéresse, Histoires d’outre-tombe en 1972. Ce film à sketches se compose de cinq segments reliés par un fil rouge, tous réalisés par le même metteur en scène, avec le même directeur de la photographie, ce qui assure une véritable cohérence stylistique.

Le postulat de départ est simple : Au cours d’une visite dans des catacombes, cinq personnes, quatre hommes et une femme, soudainement isolées, se retrouvent en présence d’un moine étrange qui leur dévoile à chacun leur destin. Bien avant la célèbre série créée en 1989, le film s’inspire des bandes dessinées publiées par EC Comics au début des années 1950, Les Contes de la Crypte, et reprend cinq histoires disparates écrites par William Gaines et Al Feldstein. Cinq sketches forcément inégaux comme bien souvent dans ce genre de production – même les plus grands n’y échappaient pas comme en Italie où c’était devenu une spécialité (Les Monstres, Sept fois femme) – mais qui n’en restent pas moins élégants, souvent jubilatoires, bien rythmés, concis, même si prévisibles. Ce qui fait également le sel de ce genre de production c’est également le casting et de ce point de vue-là nous sommes gâtés ici. Le gardien de la crypte est interprété par le grand Ralph Richardson, puis interviennent tour à tour Joan Collins, Peter Cushing (sublime), Patric Magee, ainsi que des têtes parfaitement reconnaissables et symboliques de la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent ».

La mort est évidemment au centre de chaque segment, mais chacun reflète également la bassesse de l’être humain, prêt à tout pour son satisfaire son propre bonheur personnel et surtout sa réussite sociale. A sa sortie en France, le film passe totalement inaperçu. Pourtant, Histoires d’outre-tombe conserve encore un charme dingue malgré les années, la poésie macabre est au rendez-vous et on se délecte de passer d’un récit à l’autre, même si notre préférence se tourne vers les segments un (avec Joan Collins), trois (avec Peter Cushing) et cinq (avec Patrick Magee). Rétrospectivement, il s’agit également de la source d’inspiration de Creepshow (1982) de Stephen King et George A. Romero. Alors pourquoi hésiter plus longtemps ?

LE BLU-RAY

ESC Distribution ne manque décidément pas de nouveaux projets. Histoires d’outre-tombe inaugure une nouvelle collection de l’éditeur, la « British Terrors » qui comprendra entre autres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum et Les Contes aux limites de la folie. Cette édition se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

L’intervention de Laurent Aknin se déroule en deux temps. Dans le premier module, l’historien et critique de cinéma raconte l’histoire de la Amicus (5’). Sa création, les producteurs, les titres les plus célèbres de la firme, ses intentions et ses influences sur les réalisateurs des années 1980-90 sont donc abordés de façon concise et passionnante.

Le deuxième segment se focalise sur Histoires d’outre-tombe (13’30). De la même manière que pour son exposé précédent, Laurent Aknin est toujours aussi attachant, enjoué et informatif sur la genèse du film de Freddie Francis, sur l’adaptation des célèbres Contes de la Crypte, sur le casting et les partis pris.

L’Image et le son

Le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement froide et fanée. Les décors dépouillés sont omniprésents et les personnages n’ont aucun mal à ressortir devant un fond uni, avec de très beaux gros plans. La gestion des contrastes est également très solide. Malgré un très léger voile apparent, ainsi que de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence et un grain parfois trop lissé, ce master HD présenté dans son format d’origine 1.85 ne manque pas d’attraits. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Freddie Francis bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et les dialogues sont souvent mis trop en avant. La version anglaise DTS-HD Master Audio 1.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Adieu Bonaparte, réalisé par Youssef Chahine

ADIEU BONAPARTE réalisé par Youssef Chahine, disponible en Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 28 août 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Michel Piccoli, Mohsen Mohieddin, Patrice Chéreau, Mohsena Tewfik, Christian Patey, Gamil Ratib, Claude Cernay, Taheya Cariocca, Mohamad Dardiri…

Scénario : Youssef Chahine, Yousry Nasrallah

Photographie : Mohsen Nasr

Musique : Gabriel Yared

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

1798. Le général Bonaparte est envoyé en Égypte par le Directoire. Une soixantaine de chercheurs l’accompagnent dont le général Caffarelli. Astronome, inventeur, celui-ci sait que cette expédition va lui permettre de découvrir une prestigieuse civilisation. Infirme et solitaire, il se lie d’amitié avec deux jeunes égyptiens pendant que les troupes de Bonaparte répandent le sang et la terreur à travers le pays.

Difficile de juger un film comme Adieu Bonaparte. Réalisée par Youssef Chahine (1926-2008), cette fresque historique peut souvent laisser le spectateur sur le bas-côté en raison de son propos quelque peu hermétique, y compris par son flagrant manque de rythme, mais interpelle en même temps par sa dimension cinématographique d’envergure. Le cinéaste égyptien, auteur de plus de 40 films et documentaires, soigne la forme de son 28e opus à travers les décors grandioses, les costumes et les milliers de figurants. Toutefois, le souffle ne prend pas, on se désintéresse de certains enjeux et trop de personnages s’entrecroisent pour devenir réellement attachants.

Avide de puissance et de gloire, la flotte française, menée par Bonaparte, envahit l’Égypte en 1798, Alexandrie d’abord, puis le Caire, dans le but de libérer le peuple asservi par les mamelouks. Caffarelli, l’un de ses généraux, scientifique et humaniste, découvre la civilisation égyptienne. Envouté par l’âme de ce pays et son peuple, cet homme extravagant et unijambiste se lie d’amitié avec deux frères Aly et Yehia. Réfugiés dans la capitale, les jeunes hommes, avides de connaissances, sont fascinés par ce militaire savant, passionné et original. Alors que les résistants s’organisent face à l’oppression sanglante, Caffarelli, loin des préoccupations guerrières, s’oppose lui aussi à Bonaparte, qui se pose alors en libérateur face à l’oppression turque, et à ses conquêtes destructrices.

Adieu Bonaparte vaut une fois de plus pour ses comédiens, en particulier le grand, le monstre, Michel Piccoli. A fleur de peau, il compose un général Caffarelli bouleversant et ambigu. On le suit se mêlant à la population des rues du Caire, où il rencontre Ali (Mohen Mohieddin), épris de poésie et de philosophie, puis son jeune frère Yehia, encore impressionnable, tous deux réfugiés dans la capitale avec leur famille depuis l’arrivée des Français. Membres de la résistance locale, ceux-ci acceptent néanmoins cette relation trouble avec Caffarelli, militaire sensible et spirituel, qui leur enseigne, en humaniste, quelques rudiments de chimie et d’astronomie, tout en dénonçant cette guerre d’occupation en s’opposant à un Bonaparte austère et ambitieux. Aux côtés de Michel Piccoli, celui qui tire son épingle du jeu est Patrice Chéreau, dans l’une de ses rares prestations en tant qu’acteur. Deux ans après Danton d’Andrzej Wajda dans lequel il jouait Camille Desmoulins, le grand metteur en scène de théâtre interprète ici Napoléon Bonaparte, une des meilleures incarnations de celui qui était encore général. Son regard, sa prestance, son charisme, son phrasé ne s’oublient pas.

Au-delà de la dimension historique du film, peu aisée à cerner donc, Adieu Bonaparte est une œuvre qui se laisse agréablement suivre, en dépit de ses défauts et maladresses. L’empathie manque à l’appel, Youssef Chahine multiplie les points de vue et les protagonistes pour finalement laisser le spectateur se faire sa propre opinion sur les évènements, les décisions et les agissements de chacun, sans jamais prendre parti. En résulte une coproduction franco-égyptienne (avec Humbert Balsan à la barre) quelque peu foutraque, un film brouillon, bavard, trop écrit sans doute, mais excessivement généreux, humaniste et animé par une envie gigantesque de cinéma, de toucher une audience large et internationale. Malheureusement, le film sera éreinté lors de sa présentation en compétition au Festival de Cannes et connaîtra un bide retentissant à sa sortie en 1985. Le temps a depuis fait son office et Adieu Bonaparte est aujourd’hui largement reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Adieu Bonaparte, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le disque est estampillé du H de la collection Héritage. Le menu principal est animé sur une des séquences du film. Le Blu-ray s’accompagne également du DVD du film, glissés dans un boîtier Digibook avec un livret de 40 pages.

Nous trouvons à la fois la bande-annonce d’époque et un making of rare de trente minutes. Ce documentaire s’accompagne d’images de tournage, d’interviews séparées du réalisateur Youssef Chahine, des comédiens Michel Piccoli et Patrice Chéreau. Le premier évoque le fait de vouloir créer le débat puisque selon lui le dialogue n’existe quasiment plus. Les acteurs abordent le travail avec le cinéaste, les personnages et louent la qualité humaniste de Youssef Chahine.

L’Image et le son

Adieu Bonaparte a été entièrement restauré 4K  à partir du négatif image (scanné en immersion), grâce aux bons soins financiers de la Cinémathèque Française, Misr International Films et TF1 Studio, et bien sûr techniques des Laboratoires Eclair Ymagis de Vanves. Un superbe lifting qui permet d’apprécier la composition des plans de Youseh Chahine, en particulier sur les scènes de batailles avec plusieurs centaines de figurants. L’image est très propre (aucune poussière, griffure ou déchirure) et stable, les couleurs sont lumineuses, entre ocre et bleu cyan, le piqué est pointu, les détails impressionnants (y compris sur les gros plans et le rendu des matières des costumes) et la profondeur de champ éloquente. N’oublions pas le grain argentique, précieusement préservé.

Les versions française et originale (arabe + français) sont proposées en DTS-HD Master Audio Stéréo. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste multilingue, dynamique (même si certains échanges auraient pu être relevés) et évidemment plus « artificielle » pour l’autre. La musique de Gabriel Yared est joliment mise en valeur. Les sous-titres français sont imposés sur la version multilingue. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription. La restauration a été réalisée grâce aux bandes magnétiques originales, par L.E. Diapason.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Embrasse-moi, idiot, réalisé par Billy Wilder

EMBRASSE-MOI IDIOT (Kiss me, Stupid) réalisé par Billy Wider, disponible en DVD et Blu-ray le 18 septembre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond, Barbara Pepper, Skip Ward, Doro Merande…

Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond d’après la pièce L’Ora della Fantasia d’Anna Bonacci

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : André Previn

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

D’une jalousie maladive, Orville doit héberger, durant une nuit, Dino, célèbre crooner à la réputation de séducteur. Redoutant que sa femme soit sensible au charme du chanteur, il la renvoie chez sa mère et engage Polly, une entraîneuse de bar, pour jouer son rôle. La nuit va être longue…

Rétrospectivement, Embrasse-moi, idiotKiss Me, Stupid, réalisé en 1964, est le dernier grand film emblématique de l’immense carrière de Billy Wilder. Malgré quelques sursauts avec La Vie privée de Sherlock Holmes (1970), grand film « malade » comme dirait François Truffaut, et surtout Fedora (1978), Embrasse-moi, idiot, charge corrosive, contient toute la sève du cinéma de l’auteur de Sabrina (1954), Certains l’aiment chaud (1959) et La Garçonnière (1960). Dilapidé par la critique américaine, échec commercial, le cinéaste n’arrivera jamais à se remettre totalement de ce procès d’intention. Pourtant, plus d’un demi-siècle après sa sortie, Kiss Me, Stupid demeure un savoureux tour de force qui fustige à la fois l’hypocrisie et la frustration sexuelle américaine, mais aussi la valeur symbolique du mariage à travers une radiographie de la femme épouse et de la femme putain, que la morale bien pensante préfère opposer. Parallèlement, Embrasse-moi, idiot est un modèle de comédie, qui ravit à la fois le coeur et l’âme, qui met en avant les seconds couteaux plutôt que ses stars confirmées, même si le film aurait pu s’intituler Dean Martin chez les ploucs. Souvent dissimulé derrière les deux monuments Some Like It Hot et The Apartment, Kiss Me, Stupid est pourtant largement à reconsidérer.

Orville Spooner et Barney Milsap habitent à Climax, Nevada. L’un donne des leçons de piano, l’autre est garagiste. Tous deux composent des chansons. Un jour Dino, un chanteur de charme sur le retour, s’arrête à Climax. Barney sabote sa voiture de façon à lui faire passer la nuit chez Orville, où il pourra écouter leurs compositions. Mais Orville est extrêmement jaloux concernant sa femme Zelda, et Dino est malheureusement pour lui un grand séducteur. Barney a alors l’idée de faire jouer le rôle de Zelda à Polly, ancienne manucure, devenue serveuse dans un rade et qui se prostitue occasionnellement. Ne reste plus qu’à Orville d’éloigner sa femme.

Si l’on pense souvent à Sept ans de réflexion qui abordait le même thème de la jalousie maladive, Embrasse-moi, idiot est pourtant bien plus frontal. Pour leur cinquième collaboration, Billy Wilder et I. A. L. Diamond, ont décidé de pousser les curseurs à fond, en jouant constamment avec la censure et le fameux code Hays (qui arrivait à sa fin), en abordant la sexualité omniprésente et le faux puritanisme de l’Oncle Sam. Dean Martin interprète quasiment son propre rôle, un crooner proche de la cinquantaine, porté sur la bibine, tombeur de femmes qui se pâment et qui feraient tout pour passer une nuit avec lui. Mais comme dans Irma la Douce sorti l’année précédente, le personnage (à l’origine écrit pour Marilyn Monroe, disparue en 1962) qui représente à la fois le désir refoulé et l’imposture de la supposée bigoterie du citoyen américain moyen est celui de la prostituée, merveilleusement interprétée par Kim Novak. Sulfureuse avec ses costumes qui ne dissimulent rien de ses formes très avantageuses, notamment de sa superbe poitrine débordant largement de son bustier échancré qui a dû donner quelques sueurs froides (et pour cause) aux censeurs, l’immortelle comédienne de Vertigo incarne finalement ce qu’il y a de plus pur. Rejetée par l’American Dream, Polly, partage son temps entre sa caravane plantée dans une cour non loin des ordures, et le bar Le Nombril (le Belly Button) où elle officie comme serveuse qui présente aux clients à la fois la carte et ses propres charmes. Alors, quand un professeur de piano et un garagiste, dont le rêve est de percer avec leurs chansons écrites sur un coin de table, décident de la « louer » afin de la jeter dans les bras d’une star du music-hall pour que ce dernier achète leurs compositions, Polly accepte gentiment, comme une simple passe.

A travers ce portrait de la douce et désirable prostituée, Billy Wilder et I. A. L. Diamond dresse celui des petites gens arrivistes qui ne reculent devant rien pour essayer d’avoir leur part du fameux rêve américain, quitte à sacrifier celui ou celle qui partage leur vie. Cette petite bourgade du nom de Climax (ou Jouy en version française, ce qui signifie « orgasme »), devient le théâtre de la petite vie américaine et fait penser à un village utilisé pour les essais atomiques américains. Si Dean Martin tient le haut de l’affiche et si Kim Novak devient l’atome de cette histoire, ce sont surtout les électrons qui gravitent autour du noyau central qui intéresse Billy Wilder. Jack Lemmon étant indisponible, le cinéaste jette son dévolu sur Peter Sellers pour le rôle d’Orville Spponer. Au bout de quatre semaines de tournage, le comédien est victime d’une crise cardiaque et rapatrié en Angleterre où il est mis au repos forcé. Billy Wilder doit alors lui trouver un remplaçant. Il décide d’engager Ray Walston, star de la série Mon martien favori, qu’il avait dirigé dans La Garçonnière. Si le rapport était très frileux avec le réalisateur et ses partenaires, le comédien s’acquitte très bien de la tâche et campe un personnage malgré tout attachant, en dépit de son aspect quelque peu rigide. Il est également très bien épaulé par le colosse Cliff Osmond, dont le charisme rappelle celui de John Candy. Quant à la femme, « bien sous tous rapports », qui de mieux que la divine Felicia Farr (3 h 10 pour Yuma), épouse de Jack Lemmon, pouvait incarner à la fois l’épouse dévouée et bien apprêtée, qui dissimule en réalité un tempérament de feu. L’actrice aura d’ailleurs le dernier mot du récit et bénéficiera de la réplique qui donne son titre au film.

Les rôles sont interchangeables chez Billy Wilder, ancien disciple d’Ernst Lubisch. Le mari est à la fois le bigot et le libidineux, la femme à la fois la maman et la putain. Tout ce petit monde se mélange, l’un ou l’une prend la place de l’autre dans le but de se laisser aller à ses pulsions personnelles. A la fin, chacun reprend sa « place ». Embrasse-moi, idiot est une comédie sensationnelle, au rythme fou, merveilleusement interprétée, écrite et photographiée (quel beau CinémaScope), une satire brillante, ironique et cynique, qui n’épargne rien ni personne et qui surtout n’a rien perdu de sa force ni de sa virtuosité aujourd’hui.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Embrasse-moi, idiot, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est légèrement animé. N’oublions pas le livret de 28 pages concocté par Marc Toullec intitulé Celui par qui le scandale arrive.

On commence par une passionnante conversation (36’) sur Embrasse-moi, idiot, entre Mathieu Macheret (Le Monde) et Frédéric Mercier (Transfuge). Face à face, les deux journalistes-critiques cinéma croisent le fond et la forme du film de Billy Wilder, en le replaçant tout d’abord dans la carrière du maître. Puis, les interventions des deux confrères se complètent parfaitement, l’un et l’autre rebondissant sur les arguments avancés, sans aucun temps mort. La genèse du film (à partir d’une pièce de théâtre italienne), l’écriture du scénario, les thèmes explorés, les partis pris, les intentions, le casting, la psychologie des personnages, le tournage avec Peter Sellers avant son remplacement par Ray Walston en raison de la crise cardiaque du comédien britannique, et bien d’autres sujets sont abordés avec une passion contagieuse !

L’éditeur propose un documentaire intitulé Billy Wilder, la perfection hollywoodienne, réalisé en 2016 par Julia et Clara Kuperberg (54’). Les deux intervenants principaux sont les historiens du cinéma Tony Maietta et Joseph McBride, qui retracent la carrière hollywoodienne de Billy Wilder, d’Uniformes et jupons courts (1942) à Fedora (1978), même si Victor la gaffe (1981) son dernier film n’est pas évoqué. L’ensemble est illustré par des extraits de films, des bandes-annonces, mais surtout par des propos (en allemand) de Billy Wilder, qui raconte quelques anecdotes de tournage ou sur les acteurs qu’il a côtoyés. Nous apprenons entre autres que le plus grand regret du cinéaste est de ne pas avoir pu tourner La Liste de Schindler, projet qui lui tenait particulièrement à coeur, mais dont les droits étaient détenus par Steven Spielberg. Notons que le fils du scénariste I. A. L. Diamond apparaît brièvement.

Nous retrouvons d’ailleurs ce dernier dans le dernier module de cette interactivité (21’30). Durant cet entretien, le fils du fidèle coscénariste de Billy Wilder, qui aura collaboré avec le cinéaste de Certains l’aiment chaud jusqu’à Victor la gaffe, revient en détails sur le processus créatif des deux amis.

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

La restauration numérique d’Embrasse-moi, idiot est très impressionnante. Le nouveau master HD (codec AVC, 1080p) au format respecté se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Billy Wilder. La photo signée Joseph LaShelle (Laura, Hangover Square, Irma la Douce) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, malgré un grain d’origine souvent trop lissé.

Les mixages anglais et français DTS-HD Dual Mono distillent parfaitement la musique d’Andre Previn. La piste anglaise manque peut-être un brin de dynamisme, mais se révèle nettement suffisante. Au jeu des différences, la version française se focalise parfois trop sur les dialogues au détriment des ambiances et effets annexes, mais le rendu musical est élevé. La piste originale, souvent exemplaire et limpide, s’accompagne d’un très léger souffle. Cette version est évidemment à privilégier, le confort acoustique étant plus probant.

Crédits images : © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Dames du Bois de Boulogne, réalisé par Robert Bresson

LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNE réalisé par Robert Bresson, disponible en Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 25 septembre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Paul Bernard, María Casares, Élina Labourdette, Lucienne Bogaert, Jean Marchat, Yvette Etiévant…

Scénario : Robert Bresson d’après le roman Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot

Photographie : Philippe Agostini

Musique : Jean-Jacques Grünenwald

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Hélène a juré de se venger de Jean, son amant qui la délaisse. Elle retrouve une de ses amies qui loue sa jeune fille à de riches fêtards. Hélène s’arrange alors pour que Jean rencontre la jeune Agnès. Mais celui-ci tombe amoureux d’Agnès et décide de l’épouser.

Les Dames du Bois de Boulogne n’est pas un film sur les femmes de petite vertu. Loin de là. Le second long métrage de Robert Bresson (1901-1999) est un drame sombre et impitoyable qui a connu un tournage chaotique à la fin de l’Occupation Allemande, avec de longs arrêts en raison de la Libération de Paris, des prises de vue durant une saison rude, des pannes d’électricité, des alertes aux bombardements, une pellicule limitée, des tensions entre le réalisateur et Maria Casarès. Le film s’inspire librement de l’histoire de Mme de la Pommeraye dans Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, qui vient d’ailleurs d’être adaptée par Emmanuel Mouret avec Mademoiselle de Joncquières. Sorti en 1945, ce deuxième essai est un coup de maître, qui cependant ne connaîtra pas le succès critique et commercial des Anges du péché (1943). Sur des dialogues signés Jean Cocteau, même si ce dernier aura toujours déclaré n’avoir participé que de façon amicale, Les Dames du Bois de Boulogne permet à son auteur de trouver et d’imposer son style, notamment à travers un immense travail sur le son.

Hélène a la désagréable impression que son amant, Jean, lui échappe. Pour vérifier ses suppositions et faciliter de pénibles aveux, elle prêche le faux et apprend à son grand désarroi que Jean ne l’aime plus. Blessée, Hélène décide de se venger et monte un plan minutieux. Elle s’arrange pour que Jean rencontre Agnès, une danseuse de cabaret fort séduisante qu’elle a prise sous sa protection. Comme Hélène l’avait prévu, le plan fonctionne à merveille et Jean tombe immédiatement amoureux de la jeune femme. Consciente de ses écarts passés, Agnès manque de faire échouer la combinaison d’Hélène en révélant dans une lettre écrite à son fiancé qu’elle n’est qu’une fille perdue. Mais Jean refuse de lire la missive…

S’il n’atteint pas les sommets comme pourront le faire plus tard Un condamné à mort s’est échappé (1956) et Pickpocket (1959), Les Dames du Bois de Boulogne ne cesse d’épater par sa maîtrise formelle, encore plus lorsque sont connues les conditions des prises de vues. Il n’est ainsi pas rare de voir de la buée sortir de la bouche des comédiens, puisque le chauffage n’était pas disponible sur le plateau. Au-delà de cette situation particulière, Les Dames du Bois de Boulogne foudroie surtout par son histoire de vengeance échafaudée par la vénéneuse Hélène, interprétée par l’incroyable Maria Casarès, révélation des Enfants du Paradis de Marcel Carné. Drapée de noir, en deuil de ses illusions amoureuses, le regard froid et déterminé, la comédienne ne cesse d’étonner encore aujourd’hui par la modernité de son jeu. Cela contraste totalement avec celui parfois ampoulé du stoïque et falot Paul Bernard (après les défections d’Alain Cuny et de Jean Marais), vu dans Lumière d’été (1943) de Jean Grémillon et Le Bossu (1944) de Jean Delannoy.

Pour se venger d’être délaissée, Hélène jouera les bonnes âmes en installant deux anciennes connaissances, Madame D. et sa fille Agnès (la belle Élina Labourdette), endettées, dans un appartement près du Bois de Boulogne. En réalité, Hélène, connaissant le passé « sulfureux » d’Agnès, fait tout pour la jeter dans les bras du mondain Jean, pour ensuite tout révéler et ruiner la réputation de son ancien amant et l’humilier en public. Avec ses décors dépouillés signés Max Douy, la fulgurance des dialogues (la patte de Cocteau est évidente), la photo N&B sèche de Philippe Agostini et son montage percutant où le cinéaste expérimente sur le son, Les Dames du Bois de Boulogne est un drame qui vaut surtout pour le jeu intense de Maria Casarès. Pourtant, Robert Bresson, trouvant le jeu de sa comédienne souvent excessif et reniant même le film, décidera de ne plus faire appel qu’à des acteurs non professionnels, ses célèbres « modèles ».

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray des Dames du Bois de Boulogne, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le disque est estampillé du H de la collection Héritage. Le menu principal est animé sur une des séquences du film. Le Blu-ray s’accompagne également du DVD du film, glissés dans un boîtier Digibook avec un livret.

Outre la bande-annonce originale, l’éditeur joint un entretien complet et passionnant de l’historien du cinéma français, Jean-Ollé Laprune (27’). Ce dernier revient longuement sur les débuts de la carrière de Robert Bresson, puis détaille le contexte particulier et difficile du tournage des Dames du Bois de Boulogne. Jean-Ollé Laprune évoque également le producteur Raoul Ploquin, l’adaptation de l’oeuvre de Denis Diderot, la participation de Jean Cocteau aux dialogues, le casting, la mise en scène de Robert Bresson, l’utilisation du son à des fins dramatiques et l’accueil frileux du film.

L’Image et le son

Les Dames du Bois de Boulogne a été restauré 4K par les laboratoires Hiventy, à partir des négatifs image et son nitrate. En dehors de quelques fils en bord de cadre, d’une poignée de points blancs et des rayures verticales, la propreté est ahurissante, les contrastes fermes, la stabilité indéniable et les partis pris du chef opérateur Philippe Agostini sont respectés avec un N&B étonnant de détails. Le grain argentique, bien géré, est heureusement respecté, tout comme le format original. Superbe Blu-ray.

La piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants et une très belle restitution des effets annexes, très importants chez le cinéaste. Un très léger souffle, mais rien d’alarmant, tout comme les chuintements occasionnels. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Les Faucons de la nuit, réalisé par Bruce Malmuth

LES FAUCONS DE LA NUIT (Nighthawks) réalisé par Bruce Malmuth, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez L’Atelier d’images

Acteurs : Sylvester Stallone, Rutger Hauer, Billy Dee Williams, Lindsay Wagner, Persis Khambatta…

Scénario : David Shaber

Photographie : James A. Contner

Musique : Keith Emerson

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Wulfgar, le terroriste le plus redouté d’Europe, annonce son arrivée à New York de façon explosive. Deke DaSilva de la brigade anti-terroriste se voit alors confier une mission quasiment impossible : le traquer et l’appréhender avant qu’il ne frappe à nouveau…

Propulsé star internationale du jour au lendemain après le triomphe critique et public de Rocky, Sylvester Stallone décide immédiatement de ne pas rester enfermé dans ce rôle. Il enchaîne avec FIST de Norman Jewison, puis joue et réalise La Taverne de l’enferParadise Alley, sa première mise en scène. Les deux films sont des échecs. Pour se refaire, il écrit, réalise et interprète la suite de Rocky en 1979, grâce auquel il renoue avec le succès. Il reçoit ensuite le scénario – un temps envisagé pour un troisième French Connection ! – des Faucons de la nuit, encore intitulé A.T.A.C., qui signifie Anti-terrorist Action Command, titre finalement laissé de côté en raison de la sortie précédente de F.I.S.T. Gary Nelson, réalisateur d’Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), du Trou noir (1979) et de moult séries télévisées est alors choisi pour mettre en scène le film. Seulement voilà, il est renvoyé une semaine après le début des prises de vues en raison de divergences artistiques avec Sylvester Stallone et les producteurs. Si dans un premier temps le comédien reprend le flambeau, le syndicat de la DGA (la Directors Guild of America) s’en mêle et interdit que le comédien remplace Gary Nelson. Le cinéaste Bruce Malmuth est alors engagé, tandis que Sylvester Stallone reprend le scénario pour l’arranger à sa sauce. Le tournage reprend. Au montage, le personnage de Lindsay Wagner est quasiment évincé du récit et tout est fait pour mettre la star en valeur. A sa sortie, Les Faucons de la nuit Nighthawks est un échec commercial important. Près de quarante ans après, ce thriller quelque peu bancal, est pourtant toujours aussi divertissant et mérite d’être reconsidéré.

Heymar ‘Wulfgar’ Reinhardt, terroriste international, pose une bombe à Londres puis il vient à Paris y subir une opération de chirurgie esthétique. Peu après, il s’envole pour New York où il a l’intention de mettre la ville à feu et à sang. Interpol forme, in extremis, une brigade anti-Wulfgar. Le policier new-yorkais Deke DaSilva, ancien de la guerre du Viêt Nam n’est pas satisfait de la proposition de ses supérieurs qui désirent le muter dans une section antiterroriste car il aime son travail. On réserve le même sort à son collègue de travail et ils seront rapidement obligés de livrer bataille.

Désireux de montrer qu’il peut interpréter autre chose que Rocky, Sylvester Stallone décide tout d’abord de changer de tête et de look. Visiblement très inspiré par Serpico de Sidney Lumet, Sly se fait donc la coupe et la barbe d’Al Pacino, adopte la démarche chaloupée de John Travolta dans La Fièvre du samedi soir et s’en va déloger les caïds dans leurs repaires miteux des bas-fonds de New York. S’il n’y a rien à redire sur sa performance, on pourra tiquer en revanche sur ses partis pris de faire apparaître son personnage déguisé en vieille dame afin d’attirer la racaille. Si le film est également resté célèbre, c’est aussi pour sa dernière séquence qui tire légèrement vers le nanar, durant laquelle DaSilva décide une fois de plus de se grimer en femme (décidément) avec perruque longue et chemise de nuit, pour tromper Wulfgar, bien décidé à assassiner la compagne de son adversaire. Si l’on excepte ces fautes de goût, alors Les Faucons de la nuit reste une bonne série B ponctuée par quelques moments d’anthologie.

La poursuite dans le métro (mise en scène par Stallone) n’est pas sans rappeler celle de French Connection, toutes proportions gardées bien sûr, la séquence de la discothèque est aussi rondement menée, excellemment photographiée et mise en scène. Sylvester Stallone est bourré de charisme, même s’il peut parfois en faire des caisses, son acolyte Billy Dee Williams (Lando Calrissian dans L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi) ne joue pas les faire-valoir, Lindsay Wagner, bien que peu présente à l’écran, est sublime. C’est aussi l’une des rares occasions de voir Sylvester Stallone se faire voler littéralement la vedette, ici par Rutger Hauer dans sa première incursion hollywoodienne, où il crève littéralement l’écran. Si le premier acte met un peu de temps à se mettre en place et pâtit d’un humour maladroit, d’un aller-retour entre les deux personnages principaux à travers un montage peu inspiré et au rythme en dents de scie, le second instaure une prenante chasse à l’homme, qui se clôt dans un dernier acte rendu célèbre pour sa prise d’otages d’une délégation des Nations Unies dans le Roosevelt Island Tramway au-dessus de l’East River.

En dépit d’un prologue – involontairement – amusant et d’un final quelque peu grotesque, Les Faucons de la nuit est et demeure un polar urbain tendu bien emballé et interprété, typique de son époque, des décors aux costumes (aaah les pattes d’eph!) en passant par son excellente B.O. signée Keith Emerson, que l’on a plaisir à revoir.

LE BLU-RAY

Après être passé tour à tour chez Universal, Lancaster puis Seven7, Les Faucons de la nuit atterrit dans l’escarcelle de L’Atelier d’images où il est enfin choyé puisque l’éditeur reprend les bonus et le même master disponibles chez Shout ! Factory, en agrémentant le tout d’un véritable cadeau pour les admirateurs de Stallone. Le disque repose dans un sublime Steelbook au visuel clinquant, mettant en valeur un Sly barbu et taciturne. Le menu principal est animé et musical.

Plus de 90 minutes de suppléments et sept entretiens !

On commence par le plus « dispensable », autrement dit l’interview du conseiller technique Randy Jurgensen (11’). L’intéressé cherche quelque peu ses mots, mais indique néanmoins pourquoi et comment Gary Nelson a été purement et simplement viré du tournage des Faucons de la nuit après une semaine de prises de vue. Ce qui a également entraîné son éviction du plateau puisque Randy Jurgensen était le consultant de Gary Nelson.

Place au producteur Herb Nanas (16’) ! S’il n’apparaît pas à l’écran puisqu’il s’agit ici d’un entretien téléphonique diffusé sur une photo fixe tirée du film, le producteur, qui fut également le manager personnel de Sylvester Stallone avant même qu’il tourne son premier Rocky, partage ses souvenirs avec entrain. La genèse des Faucons de la nuit, l’arrivée de Sly sur le projet, les intentions du film, le directeur de la photo James A. Contner, le casting (Nanas avait repéré Rutger Hauer dans Soldier of Orange de Paul Verhoeven), l’éviction de Gary Nelson, l’investissement de Stallone dans les scènes d’action, le rôle de Lindsay Wagner sacrifié au montage, sans oublier quelques anecdotes de tournage, Herb Nanas est prolixe et son intervention ne manque sûrement pas d’intérêt.

Plus courte est l’interview de la comédienne canadienne Catherine Mary Stewart (4’30). La ravissante actrice interprète le court rôle de la vendeuse rencontrée par Rutger Hauer dans une boutique londonienne au début du film. Elle évoque son audition en présence de Sylvester Stallone («Il était tout petit ! ») et partage quelques souvenirs liés au tournage avec Rutger Hauer, qui lui faisait peur et qui était à fond dans son personnage.

L’interview suivante démontre quel grand film ambitieux aurait pu être Les Faucons de la nuit. L’auteur Paul Sylbert, enregistré l’année de sa mort en 2016, revient en détails sur son histoire originale rejetée par les studios en raison de son réalisme (10’). Paul Sylbert aborde ses recherches réalisées dans les années 1970 sur le terrorisme, en particulier sur les actions de Carlos aka Le Chacal. Le sujet était alors très sombre et préméditait même huit ans avant, la prise d’otages de l’OPEP par Carlos en décembre 1975 à Vienne. Après avoir finalement repris son histoire (« car les studios chiaient dans leur froc »), qui atterrira ensuite dans d’autres mains, Paul Sylbert, dégoûté, reprendra finalement son activité de chef décorateur.

L’intervention la plus passionnante, la plus complète et la plus franche provient du directeur de la photographie James A. Contner (25’). Aujourd’hui réalisateur, le chef opérateur, ancien assistant et caméraman sur Superman de Richard Donner et Que le spectacle commence de Bob Fosse, aura fait ses débuts fracassants avec CruisingLa Chasse de William Friedkin et signera également les photos des Dents de la mer 3 et Incidents de parcours de George A. Romero. Les Faucons de la nuit était alors son troisième film. James A.Contner parle de son arrivée sur le projet, du tournage à Paris, Londres et New York, des partis pris, du renvoi de Gary Nelson (« Sly et lui n’étaient pas du tout sur la même longueur d’ondes ») et de son remplacement par Bruce Malmuth, la réécriture du scénario par Stallone (« qui a changé le point de vue du personnage de Rutger Hauer »), les conditions houleuses de tournage, etc. Ne manquez pas ce supplément !

L’une des plus grandes injustices des Faucons de la nuit, est de ne pas avoir rendu justice au personnage incarné par la comédienne Lindsay Wagner. Cette dernière, plus connue par le public pour son personnage de Super Jaimie, a enfin l’occasion de s’exprimer sur toutes ses scènes tournées et coupées au montage (10’30). L’actrice déclare qu’avant de s’engager sur ce film, elle désirait réorienter sa carrière pour devenir chanteuse. Jusqu’à ce qu’on lui propose ce rôle dans Les Faucons de la nuit, l’une de ses rares incursions au cinéma. On en apprend donc beaucoup plus sur ses scènes tournées avec Sylvester Stallone (« on a rarement vu Sly jouer de telles scènes d’amour »), finalement laissées sur le banc de montage pour concentrer l’action du film sur l’affrontement entre DaSilva et Wulfgar. La violence au détriment des sentiments des personnages. Lindsay Wagner explique s’être rendu compte de sa quasi-disparition du film en étant venue post-synchroniser sa seule scène conservée.

Le trésor de cette interactivité a été déniché par le spéléologue Jérôme Wybon. Il s’agit d’un reportage réalisé en 1978 par la télévision française, pour lequel Sylvester Stallone a accepté de se livrer et d’être suivi durant sa préparation pour Rocky II, la revanche (16’). Derrière son bureau, à la table de montage où il supervise le montage de son premier film en tant que réalisateur La Taverne de l’enfer, sur le ring en compagnie de Carl Weathers (on reconnaîtra la chorégraphie des combats) ou en pleine séance d’entraînement avec le bodybuilder Franco Colombu, Sylvester Stallone se confie sur la notoriété, sur son enfance, sur ses rôles précédents, sur sa condition physique, sur ses désirs en tant qu’artiste et même sur la mort.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une large galerie de photos.

L’Image et le son

Nous n’avions jamais vu Les Faucons de la nuit dans de telles conditions ! Le master HD au format 1080p du film de Bruce Malmuth/Sylvester Stallone s’en sort remarquablement bien et fait honneur au support. La propreté de l’image apparaît d’emblée, des petits points blancs et griffures persistent peut-être, mais les quelques poussières subsistantes ne dérangent nullement. Grâce à cette élévation HD, les couleurs retrouvent une nouvelle vivacité, les contrastes sont renforcés et le piqué est vraiment agréable. Le codec AVC consolide l’ensemble, le grain original est respecté, le relief palpable sur les vues new-yorkaises et la profondeur de champ est inédite. La stabilité est de mise, les noirs sont concis, les détails précis. Les Faucons de la nuit affiche déjà près de quarante ans au compteur, la restauration est aussi flatteuse qu’harmonieuse et offre un confort de visionnage très convaincant pour (re)voir ce film devenu culte.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la composition de Keith Emerson. La piste française manque peut-être un brin de dynamisme mais se révèle nettement suffisante et le doublage (Alain Dorval pour Sylvester Stallone, Claude Giraud pour Rutger Hauer, Jean-Claude Michel pour Nigel Davenport, Maïk Darah pour Persis Khambatta) est excellent. Au jeu des différences, la version anglaise l’emporte haut la main avec un rendu plus ardent des dialogues, même si la musique peut parfois donner l’impression de noyer sensiblement les échanges, et des ambiances naturelles. Les deux versions sont restaurées.

Crédits images : © Universal Studios / L’Atelier d’images / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr