Test Blu-ray / Échec au porteur, réalisé par Gilles Grangier

ÉCHEC AU PORTEUR réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 janvier 2022 chez Pathé.

Acteurs : Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Simone Renant, Robert Porte, Fernand Sardou, Bernard La Jarrige, Christian Fourcade…

Scénario : Noël Calef, Gilles Grangier & Pierre Véry, d’après le roman de Noël Calef

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h24

Année de sortie : 1958

LE FILM

Membre d’un gang de trafiquants, Bastien Sassey transporte un ballon de foot contenant de la drogue. Mais celui-ci est bientôt remplacé par un ballon en plastique chargé d’explosifs, destiné à éliminer un gang rival. Hélas, cette bombe à retardement tombe entre les mains d’un groupe d’enfants qui joue à proximité…

Depuis toujours, sur Homepopcorn, à travers nos critiques consacrées à Train d’enfer, Le Sang à la tête, Gas-oil, Maigret voit rouge et Archimède le clochard, nous n’avons jamais cessé de réhabiliter le talent du réalisateur Gilles Grangier (1911-1996), un des meilleurs artisans du cinéma français des années 1950-1960. On lui doit entre autres près de soixante-dix long-métrages, téléfilms et séries, mis en scène en quarante ans de carrière, dont douze opus avec Jean Gabin. Éclectique, le cinéaste n’aura de cesse de passer du drame à la comédie, en passant par le film policier. Échec au porteur appartient à la dernière catégorie. Sorti en janvier 1958, la même année que Trois jours à vivre avec Daniel Gélin et surtout Le Désordre et la Nuit, avec « le Vieux », ce polar quelque peu oublié est pourtant représentatif du solide boulot de Gilles Grangier. Si le projet est proposé à ce dernier par Michel Audiard, « le Petit Cycliste » ne s’occupe pas du scénario. On doit en effet l’adaptation du roman du même nom de Noël Calef, immense succès dans les librairies deux ans auparavant et auréolé du Prix du Quai des Orfèvres, à l’auteur lui-même, épaulé par Pierre Véry (L’Assassinat du père Noël, Les Disparus de Saint-Agil, Goupi-Mains rouges, Les Anciens de Saint-Loup, L’Enfer des anges) et Gilles Grangier. Cela se ressent immédiatement. Échec au porteur est un film sec, sans mots d’auteur qui ont fait la renommée d’Audiard, naturaliste, qui fait la part belle aux décors naturels (ici les terrains vagues de Gennevilliers) comme les affectionnaient tant le réalisateur, qui les mettait toujours en valeur, autant que ses comédiens, les ambiances de quartier, leurs habitants et les métiers disparus. Avec son intrigue soutenue et resserrée sur 85 minutes, son casting quatre étoiles (Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Gert Fröbe…) et son suspense maintenu du début à la fin, Échec au porteur est à redécouvrir absolument.

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Test Blu-ray / La Double vie de Véronique, réalisé par Krzysztof Kieślowski

LA DOUBLE VIE DE VÉRONIQUE réalisé par Krzysztof Kieślowski, disponible en DVD et Combo Blu-ray + 4K UHD le 7 décembre 2021 chez Potemkine Films.

Acteurs : Irène Jacob, Halina Gryglaszewska, Kalina Jedrusik, Aleksander Bardini, Wladyslaw Kowalski, Jerzy Gudejko, Janusz Sterninski, Philippe Volter…

Scénario : Krzysztof Kieślowski & Krzysztof Piesiewicz

Photographie : Slawomir Idziak

Musique : Zbigniew Preisner

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

«  J’ai l’impression que je ne suis pas seule » chuchote Weronika à son père, un soir, dans une petite ville de Pologne. La jeune fille chante avec une voix étrange, presque irréelle. Plus tard, elle aperçoit sur la place du Marché de Cracovie celle qui pourrait être son double : Véronique. Mais un accident de coeur foudroie Weronika lors d’un concert. En France, Véronique éprouve une douleur violente. Elle sent comme une absence. Puis des signes étranges surviennent : appels nocturnes, courriers et même une énigmatique cassette d’indices sonores…

Quel film merveilleux ! Une histoire d’amour, sur les trésors précieux de l’existence, sur le destin, la fatalité. Krzysztof Kieślowski (1941-1996) atteint le sublime avec La Double vie de Véronique. Le cinéaste polonais nous fait pénétrer dans la sphère intime de Véronique / Weronika, ou l’histoire d’une vie qui continue, quittant un être pour se perpétuer dans le corps et l’âme d’un autre. Kieslowski prend la main du spectateur et l’entraîne dans un univers charnel, rempli de désirs où l’être humain doit se fier aux signes et aux moindres détails qui jonchent son parcours. Hypnotique par sa fascinante musique signée Zbigniew Preisner, La Double vie de Véronique est construit autour des sensations, des impressions, avec une virtuosité et une pureté des images de chaque instant, rarement atteintes au cinéma. Comment ne pas tomber amoureux d’Irène Jacob ? La jeune comédienne récompensée par le prix d’interprétation à Cannes en 1991 élève le film vers l’irrationnel, incarne la fragilité à l’état pur, comme celle du cristal. Radieuse, lumineuse, elle devient alors fantasme intouchable, toujours auréolée d’une aura quasi-surnaturelle. Jamais les mystères de l’âme humaine n’auront été aussi troublants et l’on sort du film bouleversé, convaincu qu’un être sur Terre nous ressemble physiquement, psychologiquement. Beaucoup de sentiments passent par le non-dit et l’atmosphère érotico-sensuelle, qui nous font aimer le cinéma. Comment résumer la plus belle scène du film, où Weronika rend son dernier souffle durant l’envolée lyrique du récital, au même moment où Véronique se perd dans un orgasme ? Où l’on ressent une âme s’envoler vers un autre corps…La Double vie de Véronique est un film touché par la grâce, une expérience unique, une époustouflante ode à la vie, riche en symboles, sur la quête de soi. Un chef d’oeuvre absolu et sophistiqué sur les coïncidences, les intuitions, les connexions immatérielles et pourtant réelles entre les individus. Intemporel, envoûtant, furieusement poétique et mélancolique.

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Test DVD / Mon année à New York, réalisé par Philippe Falardeau

MON ANNÉE À NEW YORK (My Salinger Year) réalisé par Philippe Falardeau, disponible en DVD le 6 janvier 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth, Seána Kerslake, Brían F. O’Byrne, Colm Feore, Théodore Pellerin, Yanic Truesdale…

Scénario : Philippe Falardeau, d’après le livre de Joanna Smith Rakoff

Photographie : Sara Mishara

Musique : Martin Léon

Durée : 1h37

Année de sortie : 2020

LE FILM

1995. Joanna, jeune femme aspirant à devenir écrivain, quitte la Californie et son petit ami, Karl, pour aller s’installer à New York. Elle trouve un emploi au sein d’une agence littéraire réputée, dirigée par Margaret, qui la charge de répondre aux courriers adressés à l’écrivain J. D. Salinger, client de l’agence. Au lieu de renvoyer une réponse type, Joanna commence à écrire des courriers personnalisés à certains admirateurs. Par ailleurs, elle rencontre Don et accepte de s’installer avec lui…

Nous avions découvert le cinéaste québécois Philippe Falardeau en 2006 avec l’excellent Congorama. Si son film suivant, C’est pas moi, je le jure ! n’avait malheureusement pas bénéficié d’une sortie dans les salles françaises, Monsieur Lazhar s’était vu très largement récompensé en 2011, notamment par 7 Jutras, les équivalents québécois de nos Césars. Le réalisateur s’est souvent démarqué avec ses œuvres sensibles et délicates, mais aussi son humour décalé comme c’était le cas avec le méconnu et pourtant hilarant Guibord s’en va-t-en guerre, interprété par les explosifs Patrick Huard et Suzanne Clément. Six ans après un biopic consacré au boxeur Chuck Wepner, Outsider, Philippe Falardeau fait donc son retour avec Mon année à New York, librement adapté du livre autobiographique de Joanna Rakoff, My Salinger Year, et dirige rien de moins que la grande Sigourney Weaver et la lumineuse Margaret Qualley. Si la comparaison avec Le Diable s’habille en Prada et A la rencontre de Forrester semble inévitable, on oublie rapidement ce parallèle avec le film de David Frankel et celui de Gus Van Sant, car le cinéaste trouve un ton et une ambiance quasi-anachroniques, délicieusement rétros, comme si le temps s’était arrêté au début des années 1960, à l’image du bureau où officient nos deux protagonistes. L’ombre de J.D. Salinger plane évidemment sur tout le film, il y « apparaît » d’ailleurs à plusieurs reprises, à travers sa voix ou sa silhouette, mais Mon année à New York est avant tout le récit initiatique d’une jeune femme, qui en rencontrant son mentor, va non seulement découvrir le monde du travail, mais aussi décider de suivre sa passion, écrire. Très joli film, classique dans la forme, mais efficace, Mon année à New York, qui a fait l’ouverture de la Berlinale en 2020, repose sur l’excellence de son casting et des personnages attachants.

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Test DVD / Un triomphe, réalisé par Emmanuel Courcol

UN TRIOMPHE réalisé par Emmanuel Courcol, disponible en DVD le 4 janvier 2022 chez Memento Films.

Acteurs : Kad Merad, David Ayala, Lamine Cissokho, Sofian Khammes, Pierre Lottin, Wabinlé Nabié, Aleksandr Medvedev, Saïd ‘Benco’ Benchnafa, Marina Hands, Laurent Stocker, Mathilde Courcol-Rozès, Catherine Lascault…

Scénario : Emmanuel Courcol, Thierry de Carbonnières & Khaled Amara

Photographie : Yann Maritaud

Musique : Fred Avril

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine.

Après le triomphe international de Bienvenue chez les Ch’tis en 2008 et son César du meilleur acteur dans un second rôle reçu en 2007 pour sa grande prestation dans Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret, Kad Merad a été partout. A la télévision (Baron Noir évidemment), dans des publicités (même encore aujourd’hui), dans toutes les émissions possibles et imaginables (sauf Chasse et pêche, et encore), mais aussi et surtout au cinéma, tournant parfois jusqu’à cinq films par an, faisant des caméos ici et là, passant derrière la caméra à la trois reprises, se moquant de lui-même dans Mais qui a re-tué Pamela Rose ?, qu’il a coréalisé avec son complice Olivier Baroux, quand une jeune femme lui déclare « Tu tournes trop ! ». Des gros succès au box-office, il y en a eu (Safari, Le Petit Nicolas, L’Immortel, L’Italien, La Fille du puisatier, La Nouvelle guerre des boutons, Supercondriaque…), des bides aussi (Des gens qui s’embrassent, Disparue en hiver, On voulait tout casser, La Mélodie, Comme des rois, Just a Gigolo)…Depuis quelques films, le comédien connaît un revers au box-office et les opus le plaçant en tête d’affiche n’ont pas vraiment brillé auprès des spectateurs. On note qu’il semble se spécialiser dans les rôles de mentor, de passeur ou d’entraîneur, comme dernièrement dans La Mélodie de Rachid Hami, Comme des rois de Xabi Molia et Une belle équipe de Mohamed Hamidi. C’est encore le cas dans Un triomphe d’Emmanuel Courcol, dans lequel il retrouve de sa superbe et l’un de ses plus beaux rôles. Porté par une critique dithyrambique, ce film très attachant n’a pas connu le succès espéré avec un peu plus de 300.000 entrées et méritait bien plus. Sa sortie en DVD et ses futures diffusions à la télévision devraient lui redonner une deuxième chance, ce qu’il mérite amplement.

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Test DVD / Attention au départ !, réalisé par Benjamin Euvrard

ATTENTION AU DÉPART ! réalisé par Benjamin Euvrard, disponible en DVD le 18 décembre 2021 chez M6 Vidéo.

Acteurs : André Dussollier, Jérôme Commandeur, Jonathan Lambert, Nils Othenin-Girard, Charly de Witte, Léo Dussollier, Marie-Julie Baup, Ferdinand Leclère…

Scénario : Benjamin Euvrard, Charly De Witte, Benjamin Dumont & Ingrid Morley-Pegge

Photographie : Vincent Gallot

Musique : Matthieu Gonet

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Rater le train, c’est moche. Alors le voir partir avec vos enfants et ceux de vos amis dont vous avez la charge, c’est une autre histoire… Celle de la folle course-poursuite de Benjamin, papa poule un peu dépassé et Antoine, grand-père fantasque, qui doivent trouver une solution avant qu’on apprenne… qu’ils ont perdu les gosses ! Rattraper le train est leur seule chance de se rattraper…

Mal vendue, sortie face à Bac Nord et Baby Boss 2, la comédie Attention au départ ! s’est tapée un méchant bide dans les salles avec seulement 187.000 entrées. Un score on ne peut plus décevant pour ce genre de divertissement estival, même si la concurrence n’excuse pas tout. Le premier long-métrage de Benjamin Euvrard, créateur de la série Zap Story (2009), mais aussi scénariste, producteur et réalisateur de la série What Ze Teuf, première tweet série française diffusée à la télévision, manque de…bah de tout en fait. De rythme, d’intérêt, d’écriture, de mise en scène, de direction d’acteurs, d’humour aussi sans doute. Si l’ensemble est loin d’être antipathique, Attention au départ ! a du mal à maintenir le spectateur éveillé et parvient trop rarement à tirer profit de son postulat de départ, qui aurait pu donner quelques situations beaucoup plus cocasses. Demeure la fraîcheur absolue du magistral André Dussollier, qui s’amuse comme un gamin du haut de ses 75 ans. Il est incontestablement la raison d’être du film.

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Test Blu-ray / Les Méchants, réalisé par Mouloud Achour & Dominique Baumard

LES MÉCHANTS réalisé par Mouloud Achour & Dominique Baumard, disponible en DVD et Blu-ray le 26 janvier 2022 chez Le Pacte.

Acteurs : Roman Frayssinet, Djimo, Ludivine Sagnier, Anthony Bajon, Kyan Khojandi, Mathieu Kassovitz, Alban Ivanov, Samy Naceri…

Scénario : Mouloud Achour & Dominique Baumard

Photographie : Marco Graziaplena

Musique : Nikfurie (La Caution)

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Patrick et Sebastien passent la pire journée de leur vie. En quelques heures, ils deviennent les méchants les plus recherchés de France. La raison ? Une fake news montée de toutes pièces par Virginie Arioule, présentatrice d’une chaine de débat prête à tout pour faire de l’audience, quitte à pactiser avec des trafiquants de clics.

« La France a peur » disait Roger Gicquel en 1976. Et en 2021 il y a des films qui donnent aussi ce sentiment. Les Méchants en fait partie, c’est même le haut du panier. Des trucs filmés qui compilent tout ce qui ne faut pas faire au cinéma. Deux réalisateurs sont crédités. Le premier, Dominique Baumard, qui avait « commis » le scénario de Roulez jeunesse, comédie poussive, pour ne pas dire nulle de Julien Guetta, ainsi que divers épisodes de la série Le Bureau des Légendes. Le second est le « journaliste » et animateur Mouloud Achour, dont on se demandera toujours comment il a fait pour en arriver là, à vouloir s’incruster dans notre foyer par la petite lucarne, où à travers le vide de ses émissions il participe à créer un courant d’air avec la fenêtre de notre cuisine restée ouverte. Ils cosignent Les Méchants, leur premier long-métrage, à la fois au « scénario » et à la « mise en scène », gigantesque accident industriel d’une platitude confondante, laide à regarder, vide d’intérêt, interprété par des acteurs en carton (et toute une série de caméos du style Omar Sy, Vincent Cassel, même si Camelia Jordana et Assa Traoré manquent à l’appel), d’une immaturité assez dingue et surtout d’une vulgarité tellement gratuite qu’elle en devient pathétique et finalement représentative des deux instigateurs de ce gigantesque navet. Vous cherchiez le pire film de l’année passée ? Le voici.

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Test 4K UHD / Perdita Durango, réalisé par Álex de la Iglesia

PERDITA DURANGO réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin’ Jay Hawkins, Carlos Bardem, Demián Bichir…

Scénario : Barry Gifford, David Trueba, Álex de la Iglesia & Jorge Guerricaechevarria, d’après le roman de Barry Gifford

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Simon Boswell

Durée : 2h10

Année de sortie : 1997

LE FILM

Perdita Durango, une femme solitaire venu au Mexique répandre les cendres de sa soeur, rencontre l’étrange Roméo Dolorosa un tueur sans scrupule adepte de magie noire vaudou. Les deux protagonistes deviennent amants Dans leur périple de sexe et violence ils kidnappent un jeune couple américain en vacances au Mexique. Toujours sur un mauvais coup, Dolorosa se voit confier le transport d’un camion rempli de fœtus pour le compte de la mafia. Mais la route menant jusqu’à Las Vegas sera parsemée de policiers, d’assassins, de journalistes et par les parents des jeunes gens enlevés…

Quasiment deux ans jour pour jour après Le Jour de la bête, Álex de la Iglesia livrait son troisième long-métrage, Perdita Durango, nouvelle bombe cinématographique comme lui seul en a le secret, même si le réalisateur reprenait ici un projet destiné auparavant à son compatriote Bigas Luna. Le film devait à la base réunir Javier Bardem, Madonna et Dennis Hopper, puis dans un deuxième temps Victoria Abril, Johnny Depp et Ray Liotta. Finalement, après la reprise en main par Álex de la Iglesia, Javier Bardem est confirmé, mais le rôle-titre est confié à la torride Rosie Perez, d’origine portoricaine, découverte en 1989 dans Do the Right Thing de Spike Lee, vue ensuite en 1991 dans Night on Earth de Jim Jarmusch, et surtout en 1992 dans Les Blancs ne savent pas sauter White Men Can’t Jump de Ron Shelton, dans lequel elle interprète la petite amie explosive et caliente de Woody Harrelson. Dans Perdita Durango, elle trouve l’un des rôles de sa vie et signe une prestation flippante, qui n’a rien à envier à celle de son partenaire, qui repousse les limites une fois de plus. Álex de la Iglesia embarque son audience dans les aventures mouvementées et violentes de ces « tueurs nés latinos », dans un environnement qui rappelle beaucoup celui de U Turn – Ici commence l’enfer d’Oliver Stone, pourtant sorti en même temps, le même mois, la même année. Particulièrement dérangeant, Perdita Durango n’est certainement pas un film « aimable », le cinéaste s’amusant à pousser les spectateurs dans ses retranchements, son empathie pour des personnages non seulement outranciers, mais aussi criminels et agressifs. C’est une expérience à part entière, pas forcément réussie du début à la fin, comme la plupart des œuvres du metteur en scène qui comme d’habitude a cette fâcheuse tendance à s’éparpiller, mais force est de constater que Perdita Durango n’a absolument rien perdu de sa force et de son aura un quart de siècle après sa sortie.

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Test DVD / Les Amours d’Anaïs, réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet

LES AMOURS D’ANAÏS réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet, disponible en DVD le 6 janvier 2022 chez France Télévisions Distribution.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydès, Jean-Charles Clichet, Xavier Guelfi, Christophe Montenez, Anne Canovas, Bruno Todeschini…

Scénario : Charline Bourgeois-Tacquet

Photographie : Noé Bach

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Anaïs a trente ans et pas assez d’argent. Elle a un amoureux qu’elle n’est plus sûre d’aimer. Elle rencontre Daniel, à qui tout de suite elle plaît. Mais Daniel vit avec Émilie… qui plaît aussi à Anaïs. C’est l’histoire d’une jeune femme qui s’agite. Et c’est aussi l’histoire d’un grand désir.

On la découvre au cinéma en 2000 dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, dans lequel elle joue aux côtés de Camille Japy et Michel Serrault. Elle a alors 12 ans. Trois ans plus tard, Michael Haneke lui offre un rôle de choix dans Le Temps du loup, aux côtés d’Isabelle Huppert, Maurice Bénichou et Béatrice Dalle. Puis, en 2006 et 2007, tout s’accélère. On la voit chez Raphaël Jacoulot (Barrage), elle obtient son premier grand rôle chez Isabelle Czajka (L’Année suivante), tâte du divertissement grand public chez James Huth (Hellphone) et Alexandre Leclère (Le Prix à payer), avant de devenir une égérie du cinéma d’auteur hexagonal. En peu de temps, Anaïs Demoustier passera devant la caméra de Christophe Honoré (La Belle personne), Pascal-Alex Vincent (Donne-moi la main), Rebecca Zlotowski (Belle Épine), Robert Guédiguian (Les Neiges du Kilimandjaro), Claude Miller (Thérèse Desqueyroux), Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay), Pascale Ferran (Bird People) et bien d’autres. Tout le monde se l’arrache depuis plus de dix ans et elle est devenue l’une de nos comédiennes les plus brillantes et attachantes. Un César de la meilleure actrice viendra la couronner en 2020 pour Alice et le maire de Nicolas Pariser. Les Amours d’Anaïs est une ode à la comédienne née en 1987. Dans le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet (née en 1986), elle est de tous les plans, filmée sous tous les angles, y compris en tenue d’Ève, illumine le cadre comme un rayon de soleil quand elle le traverse de façon fulgurante, la caméra ayant même du mal à la suivre dans sa course folle contre la peur, l’ennui et le réel. Comédie légère et estivale, à la fois burlesque, sentimentale, pour ne pas dire initiatique, Les Amours d’Anaïs est une première œuvre très prometteuse, doublée d’un hommage à l’un des astres du cinéma français hexagonal contemporain.

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Test Blu-ray / La Bête de guerre, réalisé par Kevin Reynolds

LA BÊTE DE GUERRE (The Beast of War) réalisé par Kevin Reynolds, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez ESC Editions.

Acteurs : George Dzundza, Jason Patric, Steven Bauer, Stephen Baldwin, Don Harvey, Kabir Bedi, Erick Avari, Chaim Jeraffi…

Scénario : William Mastrosimone, d’après sa pièce

Photographie : Douglas Milsone

Musique : Mark Isham

Durée : 1h49

Année de sortie : 1988

LE FILM

En 1981, un détachement soviétique investit un village afghan soupçonné d’abriter des résistants. Après avoir été sommé de parler, un homme est écrasé par un char sous les yeux de sa fille. Les villageois jurent alors de venger leurs morts et se lancent à la poursuite du char. A bord de l’engin, la tension monte entre le commandant Daskal, une véritable brute, et le pilote Koverchenko, en proie au doute.

Attention, film coup de poing ! Juste avant Robin des Bois, prince des voleurs Robin Hood: Prince of Thieves (1991) et bien sûr Waterworld (1995), Kevin Reynolds (né en 1952) signait un coup de maître avec son deuxième long-métrage, La Bête de guerre The Beast of War, réalisé en 1988. Trois ans après son premier coup d’essai, Une bringue d’enfer Fandango, comédie-dramatique dans laquelle il dirigeait pour la première fois Kevin Costner, le cinéaste se penche sur un sujet brûlant, la guerre d’Afghanistan, en se focalisant sur un char russe au début des années 1980. Si l’on oublie le fait que les soviétiques s’expriment dans la langue de Shakespeare, La Bête de guerre est un véritable uppercut, un film de guerre inoubliable, souvent classé dans les hits des plus grands films du genre, qui a pour particularité d’adopter les deux points de vue opposés. Sans doute l’une des chasses à l’homme les plus prenantes et implacables de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Beethoven, réalisé par Brian Levant

BEETHOVEN réalisé par Brian Levant, disponible en Blu-ray et combo Blu-ray + DVD le 2 février 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Charles Grodin, Bonnie Hunt, Dean Jones, Oliver Platt, Stanley Tucci, Nicholle Tom, Christopher Castile, Sarah Rose Karr, David Duchovny…

Scénario : John Hughes & Amy Holden Jones

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Randy Edelman

Durée : 1h25

Date de sortie initiale: 1992

LE FILM

La famille Newton a tout pour être heureuse … Pourtant, elle sent qu’il lui manque quelque chose. Ce manque va être comblé par un chiot, tout juste échappé des griffes de ravisseurs de chiens. Les Newton baptisent le chiot Beethoven et celui-ci grossit, grossit … au point d’atteindre 85 kilos ! Pendant ce temps, le docteur Varnick, un terrible vétérinaire, met au point en secret des produits qui nécessitent des expériences sur les chiens. Et l’adorable Saint Bernard figure sur la liste du vétérinaire …

Bien loin de Cujo (1983) de Lewis Teague, adapté du roman éponyme de Stephen King, et encore plus loin (dans le temps) de Barry (1949) de Richard Pottier, avec Pierre Fresnay et Simone Valère, voici Beethoven, gros carton inattendu de l’année 1992, produit pour 19 millions de dollars et qui allait en engranger près de 150 millions à travers le monde. Trente ans après sa sortie, Beethoven demeure un très grand spectacle familial, qui repose autant sur le « charisme » de son énorme toutou affectueux, maladroit, courageux et cinglé, que sur l’immense talent du regretté Charles Grodin, de la douce Bonnie Hunt et de leurs trois rejetons. Réalisé par Brian Levant, futur metteur en scène de La Famille Pierrafeu The Flintstone (1994) version live et de La Course au jouet Jingle All the Way (1996) avec Arnold Schwarzenegger, qui venait de signer Junior le terrible 2 Problem Child 2 (ça y est, vous avez la scène du vomi à la fête foraine dans la tête), Beethoven est on peut le dire un classique de la comédie américaine des années 1990, dont le succès allait engendrer pas moins de sept suites (dont six sorties directement en vidéo, avec un autre casting) jusqu’en 2014, mais aussi une série animée de 26 épisodes en 1994. Intemporel, Beethoven, créé par John Hughes (au scénario) et Ivan Reitman (à la production), n’a eu de cesse de faire de nouveaux adeptes auprès des générations suivantes et reste pour les autres ce qu’on appelle un « film-doudou ».

George Newton est catégorique. Il ne cédera pas aux suppliques de ses trois enfants, Ryce, Ted et Emily, et jamais ne les autorisera à adopter un chien, quelle que soit sa race. Mais voilà qu’un ravissant petit saint-bernard sans feu ni lieu vient pleurer à la porte du domicile familial. George commence par faire montre de la même inflexibilité puis, subjugué par les caresses de ses enfants et de sa femme, Alice, il finit par offrir un accueil provisoire au canidé. Il se met en quête du maître de l’animal et découvre un sinistre vétérinaire, spécialisé dans les expériences sur les gros animaux. Le chien, baptisé Beethoven, fait tout ce qu’il peut pour se rendre utile. George, cependant, continue de le détester violemment…

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