Test Blu-ray / L’Homme qui voulait savoir, réalisé par George Sluizer

L’HOMME QUI VOULAIT SAVOIR (Spoorloos) réalisé par George Sluizer, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée chez Sidonis Calysta le 7 juin 2024.

Avec : Bernard-Pierre Donnadieu, Gene Bervoets, Johanna Ter Steege, Gwen Eckhaus, Bernadette Le Saché, Tania Latarjet, Lucille Glenn, Roger Souza…

Scénario : Tim Krabbé & George Sluizer, d’après le roman L’Oeuf d’or de Tim Krabbé

Photographie : Toni Kuhn

Musique : Henny Vrienten

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Sur la route des vacances, Rex et Saskia s’arrêtent sur une aire d’autoroute. L’homme s’éloigne du véhicule pendant quelques minutes. À son retour, sa compagne a disparu. Fou de douleur, il renonce à sa vie professionnelle et sociale pour se consacrer exclusivement à la recherche de la disparue. Après trois années d’une quête infructueuse, il reçoit une étrange carte postale, dont l’auteur prétend connaître la vérité sur la disparition…

Film culte des années 1980, récompensé dans tous les festivals, L’Homme qui voulait savoir est une oeuvre éprouvante pour les nerfs, qui continue de hanter les mémoires bien longtemps après. Bernard-Pierre Donnadieu livre une admirable prestation tandis que la mise en scène de George Sluizer (1932-2014) dissèque le mécanisme mental et les agissements d’un esprit malade avec originalité, renvoyant à nos peurs les plus primaires et universelles. Vous connaissez peut-être le remake, La Disparue The Vanishing, avec Jeff Bridges, Sandra Bullock et Kiefer Sutherland réalisé par George Sluizer lui-même – à l’instar d’Alfred Hitchcock pour L’Homme qui en savait trop, Ole Bornedal pour Le Veilleur de nuit et Michael Haneke pour Funny Games – en 1993, mais pas forcément le film original sorti cinq ans auparavant. Alors jetez-vous immédiatement dessus, vous ne le regretterez jamais. Le cinéaste néerlandais (mais né à Paris) George Sluizer demeure encore aujourd’hui peu connu du grand public et reste un cas atypique dans le cinéma. À l’origine de L’Homme qui voulait savoir, il y a un roman, Het Gouden Ei L’Œuf d’Or, écrit par Tim Krabbé, néerlandais comme George Sluizer, qui a participé à l’adaptation de son livre avec le réalisateur, avant d’être remercié par ce dernier pour divergences artistiques. Si le remake est étonnamment plus diffusé, L’Homme qui voulait savoir est un thriller dramatique aussi sensationnel qu’insoutenable. Bernard-Pierre Donnadieu trône de façon impériale sur ce film diabolique. Sa présence est de celle qu’on ne peut oublier et qui marque à vie l’esprit des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Navajeros, réalisé par Eloy de la Iglesia

NAVAJEROS réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Artus Films.

Acteurs : José Luis Manzano, Isela Vega, Verónica Castro, Jaime Garza, Enrique San Francisco, María Martín, José Sacristán, José Manuel Cervino…

Scénario : Eloy de la Iglesia & Gonzalo Goicoechea

Photographie : Antonio Cuevas

Musique : Burning

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

José Manuel alias « El Jaro » vit avec sa bande de délinquants. Un jour, il rencontre Mercedes, une prostituée qui veut le ramener dans le droit chemin.

En septembre 2023, à l’occasion de la sortie du coffret Cinéma Quinqui de Eloy de la Iglesia chez Artus Films, qui comprenait Colegas, El Pico et El Pico 2, nous étions revenus très largement sur la carrière du réalisateur espagnol et plus particulièrement sur le genre quinqui. Vous savez donc ce qui vous reste à faire pour en savoir plus. L’éditeur a eu l’excellente idée de prolonger cette importante découverte, en éditant deux autres longs-métrages emblématiques du cinéaste, Le Député El diputado (1979) et Navajeros (1981). C’est le second que nous aborderons aujourd’hui. Dans le sillage du cinéma de son compatriote José Antonio de la Loma, qui avait comme qui dirait ouvert le bal du cinéma quinqui en 1977 avec Perros callejeros (« chiens errants ») et qui est depuis considéré comme étant le film fondateur du genre, Eloy de la Iglesia entend bien lui aussi dresser le portrait des jeunes délinquants livrés à eux-mêmes dans l’Espagne post-franquiste, où la dope était reine, où le boulot était inexistant, où les parents étaient complètement largués, comme si tout le monde se réveillait d’une immense gueule de bois. Navajeros, s’il n’atteint pas la réussite de Colegas et n’a pas la force implacable d’El Pico, n’en reste pas moins un mètre étalon du quinqui et compile tous les ingrédients de ce qui fait sa particularité. C’est aussi et surtout la première collaboration entre Eloy de la Iglesia et José Luis Manzano, sa muse, son amant et même sa pute, leur rencontre s’étant déroulée dans les milieux de la prostitution masculine du centre de Madrid, que le metteur en scène fréquentait alors assidûment. Ensemble, ils tourneront cinq films jusqu’à La Estanquera de Vallecas en 1987. Navajeros pose les bases de leurs futures associations, les motifs sont clairement exposés, sexe, drogue, violence, sang, et si cet opus s’avère au final plus sage, ou plutôt linéaire et didactique (les apartés d’un journaliste appuient d’ailleurs une dimension documentaire), ce drame à la frontière du thriller psychologique est clairement une étape.

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Test Blu-ray / Dream Scenario, réalisé par Kristoffer Borgli

DREAM SCENARIO réalisé par Kristoffer Borgli, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera, Jessica Clement, Lily Bird, Star Slade, David Klein, Kaleb Horn…

Scénario : Kristoffer Borgli

Photographie : Benjamin Loeb

Musique : Owen Pallett

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Paul Matthews, un banal professeur, voit sa vie bouleversée lorsqu’il commence à apparaître dans les rêves de millions de personnes. Paul devient alors une sorte de phénomène médiatique, mais sa toute nouvelle célébrité va rapidement prendre une tournure inattendue…

De l’avis de Nicolas Cage lui-même, Dream Scenario est aux côtés de Leaving Las Vegas, Adaptation, Arizona Junior et Embrasse-moi vampire, l’un de ses meilleurs films, pour lequel il n’a pas hésité une seconde à s’engager après avoir lu cette histoire dingue. En effet, le second long-métrage écrit et mis en scène par le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli (né en 1985), découvert avec Sick of Myself, rappelle l’univers d’un certain Charlie Kaufman, l’auteur culte de Dans la peau de John Malkovich et Adaptation de Spike Jonze, de Confessions d’un homme dangereux de George Clooney, de Human Nature et Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, mais fait aussi étrangement écho avec un film bien de chez nous, Superstar de Xavier Giannoli, libre transposition du roman L’idole de Serge Joncour, publié en 2004, qui racontait l’étrange histoire d’un homme qui, du jour au lendemain, devenait célèbre, sans savoir pourquoi. Dans Dream Scenario (production Ari Aster, à l’origine prévu aux manettes avec Adam Sandler comme tête d’affiche), un homme dans la foule, n’importe qui, le plus anonyme possible accède à la célébrité via un phénomène paranormal, en apparaissant dans les songes d’individus à travers le monde. Ce type, Paul Matthews, ne refuse pas cette célébrité absurde et soudaine, il peut même en espérer quelques retombées, comme voir son livre être publié, tandis que les gens s’intéressent encore plus à lui. À l’instar d’un fait divers troublant et avec un sens aiguisé de l’observation, Kristoffer Borgli crée un malaise certain, excellemment rendu par un immense Nicolas Cage, qui trouvait à l’aube de ses soixante ans l’un de ses plus beaux et grands rôles. Avec un savoir-faire technique souvent ébouriffant, le cinéaste raconte une histoire qui va bien au-delà de la soudaine notoriété d’un inconnu et des dérives de la société, en s’interrogeant notamment sur le sens du monde contemporain et des icônes. Dream Scenario est un spectacle de qualité, virtuose, énergique, percutant, l’un des films indispensables de l’année 2023.

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Test Blu-ray / Le Mystère d’Edwin Drood, réalisé par Stuart Walker

LE MYSTÈRE D’EDWIN DROOD (The Mystery of Edwin Drood) réalisé par Stuart Walker, disponible en DVD et Combo Blu-ray+DVD le 26 mars 2024 chez Elephant Films.

Acteurs : Claude Rains, Douglass Montgomery, Heather Angel, David Manners, Francis L. Sullivan, Valerie Hobson, Zeffie Tilbury, Ethel Griffies…

Scénario : John L. Balderston, Gladys Unger, Leopold Atlas & Bradley King, d’après le roman de Charles Dickens

Photographie : George Robinson

Musique : Edward Ward

Durée : 1h27

Année de sortie : 1935

LE FILM

Le jeune et affable Edwin Drood, en apparence comblé par la sollicitude de son oncle John Jasper, maître de choeur à la cathédrale de Cloisterham, disparaît mystérieusement sans laisser de trace. Jasper mène tout d’abord l’enquête sur le sort de son neveu et ses soupçons se dirigent vers l’irascible Neville Landless, arrivé récemment à Cloisterham avec sa soeur Helena…

Le cinéma n’a pas tardé pour s’emparer des écrits de Charles Dickens, puisque la première adaptation d’un de ses livres, en l’occurrence Oliver Twist, remonte à 1901. Depuis, près de 500 films se sont inspirés de près ou de loin d’un des ouvrages de l’écrivain britannique. Le Mystère d’Edwin Drood est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens, dont la première transposition date de 1909, suivie par une autre de 1914. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est donc la troisième, celle à connaître, même si une autre mouture sera à nouveau réalisée soixante ans plus tard, ainsi que des séries télévisées. Si Le Mystère d’Edwin Drood version Stuart Walker n’est indubitablement pas un chef d’oeuvre, il possède quelques atouts non négligeables, à l’instar d’une superbe photographie signée George Robinson (La Montagne jaune, Le Rayon invisible, Tarantula!), dont le savoir-faire fera le bonheur des studios (et des cinéphiles), puisqu’il sera aussi l’un des chefs opérateurs emblématiques des Universal Monsters (Le Fils de Dracula, La Maison de Dracula, Le Fils de Frankenstein, Frankenstein rencontre le loup-garou, La Tombe de la Momie). Mention spéciale également à la prestation de Claude Rains, inquiétant à souhait et qui porte le film sur ses épaules. Un bon cru, rien de transcendant, mais qui demeure encore divertissant près d’un siècle après sa sortie.

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Test 4K UHD / L’Homme de Rio, réalisé par Philippe de Broca

L’HOMME DE RIO réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, Adolfo Celi, Milton Ribeiro, Simone Renant…

Scénario : Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger & Philippe de Broca

Photographie : Edmond Séchan

Musique : Georges Delerue

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Adrien Dufourquet, un jeune soldat en permission, assiste, impuissant, à l’enlèvement de sa fiancée Agnès Villermosa par deux inconnus. Parallèlement, une statuette brésilienne d’une valeur inestimable est volée au musée de l’Homme. Sans réfléchir une seconde, Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs de sa bien-aimée en montant clandestinement à bord d’un avion à destination de Rio de Janeiro. Sur place, il parvient à délivrer Agnès, complètement droguée. Mais le professeur Catalan envoie ses hommes enlever à nouveau Agnès après avoir dérobé la fameuse statuette à un riche homme d’affaires. Adrien vole à son secours dans la forêt amazonienne…

Soixante ans après sa sortie, que peut-on dire de nouveau sur L’Homme de Rio ? Cette adaptation peu dissimulée des Aventures des Tintin est et demeure LA référence du film d’aventures à la française (avec du sang belge dans les veines donc), étonnamment peu copiée, car il aurait fallu se lever de bonne heure pour l’égaler. Alors qu’il planchait sur la transposition cinématographique live des albums d’Hergé, Philippe de Broca, qui sortait du grand succès de Cartouche, abandonne ce projet original de Tintin et le Mystère de La Toison d’or, qui sera finalement réalisé par Jean-Jacques Vierne, pour plancher sur une sorte de détournement personnel, qui reprendra les codes et les motifs des albums du célèbre reporter et de son chien Milou. En effet, persuadé que le résultat ne sera jamais aussi bon à l’écran qu’à travers les cases de la BD et ce même après avoir déniché l’acteur Jean-Pierre Talbot qui interprétera Tintin en chair et en os, Philippe de Broca imagine un autre personnage calqué sur son modèle, ou presque, qui se lance à la poursuite de sa bien-aimée kidnappée et emmenée à l’autre bout de monde, avant de plonger dans une histoire quasi-fantastique et blindée de rebondissements. Ainsi naquit L’Homme de Rio, coécrit par le réalisateur lui-même avec son complice Jean-Paul Rappeneau, Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine. Porté par Jean-Paul Belmondo, omniprésent en 1964, délaissant momentanément la Nouvelle vague pour se consacrer au cinéma populaire (Cent Mille Dollars au soleil, Échappement libre, La Chasse à l’homme et Week-end à Zuydcoote sortent à quelques semaines d’intervalle) et la sublime Françoise Dorléac, alors au mi-temps de sa carrière éphémère qui allait être brisée des suites d’un accident de voiture qui l’emportera à l’âge de 25 ans, L’Homme de Rio est un film intemporel, un spectacle pour toute la famille, un chef d’oeuvre à voir et à revoir jusqu’à la fin des temps.

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Test Blu-ray / Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?, réalisé par Blake Edwards

QU’AS-TU FAIT À LA GUERRE, PAPA ? (What Did You Do in the War, Daddy?) réalisé par Blake Edwards, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 21 mai 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Coburn, Dick Shawn, Sergio Fantoni, Giovanna Ralli, Aldo Ray, Harry Morgan, Carroll O’Connor, Leon Askin…

Scénario : William Peter Blatty, d’après une histoire originale de Blake Edwards & Maurice Richlin

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h51

Année de sortie : 1966

LE FILM

Été 1943, le capitaine américain Cash reçoit l’ordre de ses supérieurs d’envahir le village de Valerno en Sicile. Les habitants acceptent de se rendre à condition de pouvoir célébrer le soir même la fête annuelle du vin…Les Américains et les Italiens vont alors s’unir pour une journée et nuit sous le signe des femmes et de l’alcool. Les choses se gâtent quand les avions allemands et américains prennent pour des émeutes ce qui s’avère être des combats de rues mis en scène par les capitaines Cash et Oppo, pour la tranquillité des habitants.

Quand il tourne Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?What Did You Do in the War, Daddy?, le réalisateur Blake Edwards a déjà derrière lui Diamants sur canapé Breakfast at Tiffany’s et vient de connaître un triomphe aussi inattendu qu’international avec La Panthère rose The Pink Panther. Bien qu’il pense déjà à sa comédie militaire, on lui impose de surfer sur le succès de son félin fuchsia et Quand l’inspecteur s’emmêle A Shot in the Dark sort dès l’année suivante, puis il enchaîne directement avec La Grande Course autour du mondeThe Great Race, qui le confortent au box-office. Mais ce ne sera pas le cas de Qu’as-tu fait à la guerre, papa ? (échec critique et surtout commercial), qui demeure et restera probablement méconnu dans la filmographie de son auteur, et ce même si le film a commencé à être réhabilité depuis une quinzaine d’années. Cet opus rappelle non seulement que Blake Edwards n’est pas « que » le metteur en scène de La Party ou de La Panthère rose et de ses suites, mais qu’il est également le père de la comédie moderne, maintes fois imité mais jamais égalé. Encore plus irrévérencieux et fou que M*A*S*H, le film empile les gags et les quiproquos dévastateurs sur un scénario extraordinaire, une reconstitution soignée, jusque dans ses scènes de bataille. Burlesque, engagé, furieusement pacifiste et antimilitariste, le film de Blake Edwards use du slapstick avec virtuosité et prône la fleur au bout du fusil, le vin coulant à flots et les confettis remplaçant les munitions. Si vous croyiez que La Party était LA référence en matière de comédie décalée, dans le sens noble du terme, attendez de voir Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?, à replacer de toute urgence dans le top de la filmographie de Blake Edwards.

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Test 4K UHD / Classe tous risques, réalisé par Claude Sautet

CLASSE TOUS RISQUES réalisé par Claude Sautet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran, Michel Ardan, Michele Meritz, Claude Cerval, Jacques Dacqmine…

Scénario : Claude Sautet, José Giovanni & Pascal Jardin, d’après le roman de José Giovanni

Photographie : Ghislain Cloquet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Gangster condamné à mort par contumace et recherché activement par la police, Abel Davos s’est réfugié depuis une douzaine d’années en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants, où il poursuit ses coupables activités. Mais après un dernier hold-up réussi avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France par la mer. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble…

À la base de Classe tous risques, il y a un roman de José Giovanni, édité en 1958, qui s’inspirait des dernières années de cavale d’Abel Danos (que l’écrivain avait côtoyé à la prison de la Santé), surnommé le Bel Abel ou le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, malfaiteur, membre du Milieu et membre de la Gestapo française dite La Carlingue, où il était alors connu pour ses méthodes aussi expéditives que brutales. C’est Lino Ventura lui-même qui est venu se « vendre » auprès de l’écrivain et ancien gangster, en lui indiquant qu’il était fait pour le rôle et que son ami Claude Sautet désirait faire de son livre un film. À la fin des années 1950, le comédien commence à faire sa place dans le cinéma français, mais sa silhouette trapue et son charisme de dur à cuire est aussi remarquée qu’appréciée de plus en plus par les cinéastes et surtout par les spectateurs, depuis sa découverte dans Touchez pas au grisbi, triomphe de 1954 qui avait replacé Jean Gabin sur son trône. Lino Ventura apparaît dans autant de films que de succès, de Razzia sur la chnouf à 125 rue Montmartre, en passant par Un témoin dans la ville, Marie-Octobre, Ces dames préfèrent le mambo…petit à petit, le nom de l’acteur se hisse en haut de l’affiche. Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie et Le Fauve est lâché de Maurice Labro (sur lequel Ventura rencontre Sautet) prouvent que des productions peuvent enfin se monter sur son charisme, son talent et sa carrure. Avec Classe tous risques, Lino Ventura passe la vitesse supérieure et son personnage anticipe déjà celui qu’il tiendra dans Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville, autre transposition d’un ouvrage de José Giovanni. Merveilleusement mis en scène par un Claude Sautet enfin en possession de ses moyens après un premier long-métrage Bonjour sourire, qu’il reniera très rapidement et pour lequel il officiait uniquement comme « technicien » (alors assistant, mais remplaçant surtout au pied levé Robert Dhéry, qui devait le réaliser et s’est finalement désisté au dernier moment), ce polar sombre et brutal est aussi une superbe histoire d’amitié, magnifiquement interprétée par le tandem Ventura-Belmondo.

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Test Blu-ray / Pendez-les haut et court, réalisé par Ted Post

PENDEZ-LES HAUT ET COURT (Hang’Em High) réalisé par Ted Post, disponible en DVD et Blu-ray chez Sidonis Calysta le 12 avril 2024.

Avec :  Clint Eastwood, Inger Stevens, Ed Begley, Pat Hingle, Ben Johnson, Charles McGraw, Ruth White, Bruce Dern, Dennis Hopper…

Scénario : Leonard Freeman, Mel Goldberg

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Sauvé de justesse après avoir été lynché par une bande d’aventuriers qui l’accusaient à tort de voler du bétail, Jed Cooper, reconnu innocent par le juge Fenton, devient marshal. Énergique et habile, il remplit ses fonctions avec une redoutable efficacité et réussit à mettre sous les verrous les pires criminels de l’Oklahoma, espérant secrètement retrouver un jour les auteurs de sa pendaison manquée.

Rétrospectivement, Pendez-les haut et courtHang’Em High (1968) est le film du retour de Clint Eastwood sur la terre de l’Oncle Sam après son triomphe dans la trilogie de Sergio Leone Pour une poignée de dollars (1964) – Et pour quelques dollars de plus (1965) – Le Bon, la Brute et le Truand (1966). Auréolé de ces trois succès essentiellement européens, l’ancien comédien de la série Rawhide revient donc à Hollywood et lance sa maison de production Malpaso. Quelque peu réticent, il accepte tout de même la proposition – opportuniste – de la United Artists de retrouver le genre qui a fait de lui une star sur le Vieux Continent, en espérant ainsi surfer sur sa popularité. Libre de choisir le sujet de son choix, le réalisateur et le casting, Clint Eastwood propose alors à Sergio Leone de réaliser Pendez-les haut et court, sur un scénario de Mel Goldberg et Leonard Freeman, mais le cinéaste italien est pris sur Il était une fois dans l’Ouest. Clint Eastwood choisit alors Ted Post, ami et réalisateur qui l’avait dirigé sur Rawhide. Souvent oublié, Pendez-les haut et court est pourtant un film essentiel dans l’immense filmographie du comédien, mais aussi pour les futurs westerns qu’il réalisera lui-même.

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Test Blu-ray / Le Syndrome de Stendhal, réalisé par Dario Argento

LE SYNDROME DE STENDHAL (La Sindrome di Stendhal) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition 2 Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Asia Argento, Marco Leonardi, Thomas Kretschmann, Luigi Diberti, Paolo Bonacelli, Julien Lambroschini, John Quentin, Franco Diogene, Lucia Stara, Sonia Topazio, Lorenzo Crespi, Vera Gemma, Veronica Lazar, Cinzia Monreale…

Scénario : Dario Argento & Franco Ferrini, d’après le livre de Graziella Magherini

Photographie : Giuseppe Rottuno

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h

Année de sortie : 1996

LE FILM

Une jeune inspectrice de police, victime du « syndrome de Stendhal », est sujette à des hallucinations et des vertiges en plein musée des Offices de Florence. Elle devient ensuite la proie du maniaque sexuel qu’elle cherche à arrêter.

De l’avis quasi-général, Le Syndrome de Stendhal reste et demeurera probablement le dernier grand film de Dario Argento. C’est aussi la seconde collaboration entre le cinéaste et sa fille Asia, deux ans après Trauma, dans lequel elle tenait déjà le rôle principal. Si cette dernière est somme toute peu crédible dans la peau d’une flic, elle est de ce fait bien trop jeune pour le rôle, la comédienne qui avait joué chez Lamberto Bava (Démons 2), Michele Soavi (Sanctuaire), Nanni Moretti (Palombella rossa), Patrice Chéreau (La Reine Margot) et Michele Placido (Les Amies de coeur) s’en tire mieux et s’avère même plus convaincante dans la descente aux enfers de son personnage, après qu’Anna ait été victime du fameux malaise éponyme, syndrome dit « du voyageur » ou « de Florence ». Celui-ci se définit par un ensemble de troubles psychosomatiques (accélération du rythme cardiaque, vertiges, suffocations, voire hallucinations) survenant chez certaines personnes exposées à une œuvre d’art qui prend une signification particulière, ou à une profusion de chefs-d’œuvre en un même lieu dans un même temps. C’est en lisant l’ouvrage de la psychiatre et psychanalyste Graziella Magherini, alors chef du service de psychiatrie de l’hôpital Santa Maria Nuova du centre historique de Florence, consacré au syndrome de Stendhal, que Dario Argento imagine une policière souffrant de ce mal être la proie d’un tueur en série. Redoutablement immersif, La Sindrome di Stendhal contient parmi les plus belles scènes du cinéma de son auteur, les plus brutales et violentes aussi, se révèle être un hommage percutant à l’art pictural, mais aussi à sa propre fille, qu’il filme sous tous les angles, qu’il manipule comme une poupée de porcelaine, caresse et maltraite du début à la fin, pour au final lui offrir un éternel écrin dans lequel il la sublime et compare à la Pietà de Michel-Ange. Un opus inoubliable.

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Test Blu-ray / Les Boys de la compagnie C, réalisé par Sidney J. Furie

LES BOYS DE LA COMPAGNIE C (The Boys in Company C) réalisé par Sidney J. Furie, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 12 avril 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stan Shaw, Andrew Stevens, James Canning, Michael Lembeck, Craig Wasson, Scott Hylands, James Whitmore Jr., Noble Willingham, R. Lee Ermey…

Scénario : Rick Natkin & Sidney J. Furie

Photographie : Godfrey A. Godar

Musique : Jaime Mendoza-Nava

Durée : 2h01

Année de sortie : 1978

LE FILM

1967. Cinq jeunes Marines, engagés volontaires, intègrent un camp militaire où ils seront formés, avant d’être envoyés au Vietnam. Ils découvrent alors l’horreur de la guerre et une plongée en enfer à laquelle personne ne les avait préparés…

Quand on parle de la guerre du Vietnam au cinéma, on pense immédiatement à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Platoon d’Oliver Stone, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, Rambo de Ted Kotcheff, Good Morning, Vietnam de Barry Levinson, Outrages de Brian De Palma et Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais avant cela, le cinéma hollywoodien s’était déjà intéressé à ce conflit, comme média de propagande à l’instar des Bérets verts The Green Berets, co-réalisé en 1968 par Ray Kellogg et John Wayne. Dix ans plus tard, Sidney J. Furie coécrit avec son complice Rick Natkin et réalise Les Boys de la compagnie C The Boys un Company C, film qui n’est sans doute pas passé à la postérité, mais qui demeure néanmoins important rétrospectivement, puisqu’il s’avère être la matrice de l’oeuvre susmentionnée de Stanley Kubrick. En effet, impossible de ne pas penser à Full Metal Jacket, pourtant sorti dix ans plus tard, surtout durant l’entraînement de la future unité de Marines (durant lequel apparaît le même R. Lee Ermey, légendaire sergent-instructeur Hartman, ici quasiment dans le même rôle), destinée à être envoyée au Vietnam où chaque membre servira essentiellement de chair à canon. Mais Sidney J. Furie ne s’intéresse pas seulement à la formation de ces soldats spéciaux, d’ailleurs, contrairement à Full Metal Jacket où cet acte dure quasiment la moitié du métrage celui-ci ne représente qu’un quart dans Les Boys de la compagnie C, le cinéaste désire montrer comment cela se passait réellement sur le terrain. Certes, comparer la virtuosité quasi-chirurgicale et symétrique de Stanley Kubrick au style plus passe-partout de Sidney J. Furie serait inutile. Toutefois, il serait fort dommage de ne pas réévaluer Les Boys de la compagnie C, qui au-delà de son côté précurseur, reste un formidable divertissement mené sans aucun temps mort.

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