MULTIVERSE (Entangled) réalisé par Gaurav Seth, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2022 chez Program Store.
Acteurs : Munro Chambers, Sandra Mae Frank, Paloma Kwiatkowski, Robert Naylor, Marlee Matlin…
Scénario : Doug Taylor
Photographie : Ivan Gekoff
Musique : Ramachandra Borcar
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Quand ils réalisent que leur expérience de créer des mondes parallèles avec des répliques d’eux-mêmes va mal tourner, quatre brillants étudiants en physique quantique vont devoir revenir au réel de manière terrifiante. Ayant réalisé qu’une seule version de chacun d’eux pouvait exister dans la réalité, ils vont devoir se confronter à eux-mêmes et décides quels clones doivent être éliminés pour éviter le chaos. Au risque de s’entretuer…
On ne sait pas d’où sort ce film, on ne connaît aucun acteur – ou presque – présent au générique et encore moins le réalisateur à la barre, mais ce Multiverse, titre français d’Entangled est une petite proposition SF intelligente et intéressante, sans effets spéciaux, mais qui repose sur un script malin, peut-être pas entièrement réussi, mais qui en a sacrément sous le capot. Alors que le sujet est à la mode et ce grâce à la phase 4 du Marvel Cinematic Universe marqué par Spider-Man: No Way Home de Jon Watts et Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi, Multiverse dispose d’un budget dérisoire, mais n’en reste pas moins divertissant, très bien interprété, rythmé, bourré d’idées et surtout prometteur.
SHAKESPEARE IN LOVE réalisé par John Madden, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Collector Blu-ray + DVD depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Joseph Fiennes, Gwyneth Paltrow, Judi Dench, Geoffrey Rush, Ben Affleck, Mark Williams, Rupert Everett, Colin Firth, Tom Wilkinson, Simon Callow…
Scénario : Alain Riou & Jean-Claude Sussfeld
Photographie : François Catonné
Musique : Claude Bolling
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
En l’été 1593, le jeune poète et dramaturge au talent prometteur William Shakespeare, criblé de dette et harcelé par son commanditaire Henslowe, promet de lui livrer bientôt une nouvelle pièce, « Romeo et Ethel, la fille du pirate », dont il ne possède en fait que le titre. Lady Viola, qui vénère les sonnets de Shakespeare, rêve de devenir actrice, ce qui est rigoureusement interdit aux femmes. Qu’a cela ne tienne, elle se déguise en garçon et décroche le rôle de Roméo. William découvre vite l’identité de son jeune premier et en tombe follement amoureux.
7 Oscars. Autant que L’Arnaque de George Roy Hill, que Danse avec les loups, que Lawrence d’Arabie, que La Liste de Schindler, sans oublier Out of Africa, Patton, Les Plus belles années de notre vie, Le Pont de la rivière Kwaï, La Route semée d’étoiles…En 1999, Shakespeare in Love rafle en effet l’Oscar du meilleur film, celui de la meilleure actrice, celui du meilleur second rôle féminin, du meilleur scénario original, de la meilleure direction artistique, de la meilleure musique de film et des meilleurs costumes…en face du film de John Madden ? Rien de moins que La Ligne rouge – The Thin Red Line de Terrence Malick, The Truman Show de Peter Weir et Il faut sauver le soldat Ryan – Saving Private Ryan de Steven Spielberg…arrêtons de nous faire du mal. Succès démesuré avec cent millions de dollars de recette sur le sol américain, le double dans le reste du monde et 1,7 millions de spectateurs en France, Shakespeare in Love, produit pour 25 millions, a été le film « à la mode », celui qu’il fallait voir pour ne pas paraître largué au cours d’une discussion entre amis, le sujet allant vraisemblablement venir entre une poignée de cacahuètes et les Apéricubes. Mais aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Une bluette insignifiante, lénifiante, laide et neurasthénique, portée par deux acteurs qui rivalisent d’absence de charisme, tandis que leurs partenaires de renom cachetonnent et leur volent même la vedette, sans mal ceci dit, se rendant sans doute compte de la pantalonnade dans laquelle ils se sont fourrés. Si John Madden a su prouver qu’il en avait quand même sous le capot avec Capitaine Corelli, Killshot (excellente adaptation d’un roman d’Elmore Leonard), ainsi que son doublé avec Jessica Chastain, L’Affaire Rachel Singer – The Debt et Miss Sloane, nous ne comprendrons jamais l’engouement, la réception et les récompenses qui ont accompagné la sortie de Shakespeare in Love au cinéma. Enfin si, la raison s’appelle Harvey Weinstein, producteur de la « bête », qui se sera transformé en rouleau compresseur pour écraser la concurrence et obtenir les faveurs des membres bien placés des diverses académies de cinéma, pour obtenir gain de cause. Découvrir Shakespeare in Love en 2022 (c’est le cas pour l’auteur de ces mots) permet « d’apprécier » ce film pour ce qu’il est, un beau et bon gros navet.
L’ISS, la Station Spatiale Internationale, ne répond plus. Son équipage est en perdition. Au même moment, un cadavre décapité et couvert de cire est retrouvé sur un toit au Kazakhstan. L’identification est formelle : il s’agit d’Anthony Kurz, un astronaute américain actuellement en mission dans l’ISS. Anna Zarathi, une spationaute française, écartée du programme spatial, et Isaak Turgun, un flic kazakh désavoué par sa hiérarchie, vont tenter de résoudre cet étrange paradoxe…
Vous cherchiez la mini-série de 2022 ? Voici Infiniti, coproduite par Lionel Uzan (En thérapie) et Jean-Charles Lévy (The Deep House), créée par Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe (Les Ombres rouges, Section de recherches) et réalisée par Thierry Poiraud (Alone, Atomik Circus – Le retour de James Bataille). Six épisodes exceptionnels, merveilleusement mis en scène et interprétés par un casting haut de gamme sur lequel trône Céline Sallette. Étrange, mais savoureux cocktail à la croisée de Philip K. Dick et de Jean-Christophe Grangé, Infiniti mélange les genres, entre thriller et science-fiction, avec une rare et étonnante virtuosité, interroge les personnages et les spectateurs sur leur foi, en l’existence et sur eux-mêmes, abolit les frontières, réconcilie les rêveurs et les cartésiens. En dehors d’un très léger bémol sur le second épisode, qui peine à exposer les enjeux et se disperse un peu trop, Infiniti est sans doute l’une des mini-séries les plus ambitieuses, originales, surprenantes, réussies et divertissantes que l’on ait pu voir récemment en France.
LE LÉOPARD réalisé par Jean-Claude Sussfeld, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Claude Brasseur, Dominique Lavanant, Max Mégy, Nini Crépon, Liliane Bertrand, Emilie Benoît, Olivier Achard, Richard Guerry…
Scénario : Alain Riou & Jean-Claude Sussfeld
Photographie : François Catonné
Musique : Claude Bolling
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
Lartigue, baroudeur-écrivain part élucider une affaire de meurtre et d’espionnage en Afrique aux côtés de Pauline Fitzgerald, auteur d’aventures policières.
Non, nous ne sommes pas dans À la poursuite du diamant vert – Romancing the Stone, qui sortira d’ailleurs quelques mois après, mais il est vrai que Le Léopard de Jean-Claude Sussfeld annonce étrangement certains éléments que l’on retrouvera dans le film de Robert Zemeckis. C’est le cas notamment pour ce qui touche au personnage féminin, interprété ici par Dominique Lavanant, qui vit ses fantasmes à travers les romans qu’elle écrit. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car Le Léopard pâtit d’un scénario plutôt pauvre et se contente essentiellement d’enchaîner les péripéties, sans laisser au spectateur le temps de réfléchir. Les paysages du Zimbabwe font leur effet, rien à redire là-dessus, mais il manque cette étincelle, ce charme et un intérêt à l’entreprise pour emporter l’adhésion. Pas étonnant donc que Le Léopard, ait peiné à rassembler 670.000 spectateurs dans les salles, alors que Jean-Paul Belmondo se préparait à sortir la grosse artillerie avec Les Morfalous, que Francesco Rosi allait réunir deux millions de français avec Carmen, que Vive les femmes ! de Claude Confortès cartonnait au box-office et que L’Ascenseur de Dick Maas se refermait sur plus d’1,3 million d’usagers. Toutefois, si Jean-Claude Sussfeld n’est évidemment pas Philippe de Broca, qui avait bien eu du mal à atteindre les 1,7 million d’entrées avec L’Africain un an auparavant, la mise en scène du Léopard n’est pas déplaisante (la séquence de poursuite sur le Zambèze a vraiment de la gueule), apparaît énergique et inventive, insufflant un rythme grâce auquel on parvient tout de même à aller jusqu’au bout.
MY HEART CAN’T BEAT UNLESS YOU TELL IT TO réalisé par Jonathan Cuartas, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 24 mai 2022 chez Extralucid Films.
Acteurs : Patrick Fugit, Ingrid Sophie Schram, Owen Campbell, Moises L. Tovar, Judah Bateman, Katie Preston, Anthony Pedone, Ivanna Picon…
Scénario : Jonathan Cuartas
Photographie : Michael Cuartas
Durée : 1h26
Année de sortie : 2020
LE FILM
Deux frères et soeurs se trouvent en désaccord quant aux soins à prodiguer à leur jeune frère malade, qui pourrait bien être un vampire…
À défaut de parler de réel coup de maître, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To est assurément l’une des propositions de cinéma les plus originales présentées aux spectateurs depuis la Pandémie qui a ralenti le monde en 2020. On doit cette réussite très prometteuse à Jonathan Cuertas, dont il s’agit du premier long-métrage, réalisé en 2019, après quatre courts, The Pallor (2013), Twelve Traditions (2015), Kuru (2017) et The Horse and the Stag (2018). Tous ont comme particularité d’être des films d’horreurs psychologiques et d’être, à l’exception de Kuru, photographiés par le frère du réalisateur, Michael Cuartas. My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To découle d’ailleurs de Kuru, remarqué dans les festivals et primé à plusieurs reprises à Miami, ville de résidence des frères Cuartas. Tourné en l’espace de trois semaines, avec un budget modeste et une équipe vraisemblablement réduite, ce drame horrifique capturé en 1.33 interpelle non seulement par son dispositif, privilégiant l’économie, mais aussi par sa beauté plastique, sa langueur qui crée un malaise prenant aux tripes, sans oublier un casting composé de trois comédiens exceptionnels, Patrick Fugit, Owen Campbel et Ingrid Sophie Schram. Vous cherchiez une alternative aux produits industriels fabriqués à la chaîne par les gros studios ? Alors partez à la découverte de My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To !
Catherine Hansen trompe son mari Robert, un homme d’affaires qui travaille dans l’immobilier, avec Jacques, un de ses collaborateurs. Mais, ayant besoin de Jacques pour une opération commerciale importante, Robert ferme les yeux sur cette liaison.
Fin 2018, nous découvrîmes le cinéma d’Étienne Périer (1931-2020), réalisateur belge, à l’occasion de la sortie du film Commando pour un homme seul – When Eight Bells Toll en DVD-Blu-ray chez Rimini Editions, une délicieuse curiosité, réalisée pour surfer sur l’engouement des spectateurs pour les missions exotiques des agents secrets sur grand écran, avec Anthony Hopkins en ersatz quelque peu improbable de 007. On lui doit aussi en vrac un Samson le magnifique (1995) avec Charlotte Rampling et Roger Hanin, quelques épisodes de Maigret avec Bruno Cremer, Meurtre en 45 tours (1960), un thriller avec Danielle Darrieux, Michel Auclair et Jean Servais, ainsi que le scénario deCharmants garçons(1957) d’Henri Decoin. Rétrospectivement, on note une prédilection pour le polar dramatique à l’ambiance lourde chez Étienne Périer, dont la filmographie est assurément à redécouvrir, comme Dis-moi qui tuer (1964), Un meurtre est un meurtre (1972) et La Main à couper (1974). C’est le cas de La Part du feu, dont nous ignorions l’existence, avant sa disponibilité dans les bacs chez LCJ Editions & Productions. L’affiche est on ne peut plus alléchante avec rien de moins que Michel Piccoli, Claudia Cardinale (sublime) et Jacques Perrin (étonnant), étrange et troublant triangle « amoureux » (l’usage des guillemets reflète l’ambiguïté des sentiments des personnages) qui se régalent avec un dialogue virtuose coécrit avec Dominique Fabre, complice du cinéaste et scénariste du génial L’Animal (1977) de Claude Zidi. Foncièrement dérangeant, amoral et peu sympathique, La Part du feu ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil, mais l’arrivisme de ses protagonistes, l’ampleur du récit et la mécanique implacable de celui-ci demeurent imparables et rappellent quelque part certaines œuvres de la littérature hexagonale du XIXè siècle. Grande découverte.
UNE ÂME PERDUE (So Evil My Love) réalisé Lewis Allen, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Rimini Editions.
Acteurs : Ray Milland, Ann Todd, Geraldine Fitzgerald, Leo G. Carroll, Raymond Huntley, Raymond Lovell, Martita Hunt, Moira Lister…
Scénario : Ronald Millar & Leonard Spigelgass, d’après le roman de Joseph Shearing
Photographie : Mutz Greenbaum
Musique : William Alwyn
Durée : 1h45
Date de sortie initiale : 1948
LE FILM
Londres, à la fin du XIXè siècle. Une jeune veuve naïve, Olivia Harwood, rencontre le charmant Mark Bellis, artiste de son état, qui ne tarde pas à louer une chambre dans la pension de famille que vient d’ouvrir la jeune femme. Très vite, ils deviennent amants. Mais Mark est un escroc qui pourrait l’entraîner sur la voie du chantage et du meurtre.
Est-ce que le nom de Lewis Allen (1905-2000) interpelle les cinéphiles ? Sans doute et ce en raison de La Falaise mystérieuse (1944), également connu sous son titre original The Uninvited, qui a marqué une étape importante dans le genre fantastique. Le metteur en scène du célèbre Je dois tuer – Suddenly (1954) avec Frank Sinatra, signait alors des premiers longs métrages centrés sur une histoire de fantômes, en abordant les revenants avec «réalisme». Loin des comédies à la Scooby-Doo qui prenaient souvent comme cadre une maison hantée avec quelques comiques de l’époque qui s’enfuyaient en grimaçant et en levant les bras à chaque apparition d’un fantôme au drap blanc percé, The Uninvited plongeait les spectateurs dans un environnement concret, renforçant ainsi les effets d’épouvante. Sorti en 1948, Une âme perdue – So Evil My Love est la troisième collaboration de Lewis Allen avec le comédien Ray Milland, après La Falaise mystérieuse, Suprême aveu –The Imperfect Lady (1947) et juste avant Sealed Verdict. Tout va pour le mieux pour l’acteur britannique, tout juste auréolé de l’Oscar et du prix d’interprétation à Cannes pour Le Poison – The Lost Weekend de Billy Wilder. Les réalisateurs de renom l’emploient à tour de rôle, de Fritz Lang (Espions sur la Tamise – Ministry of Fear) à Frank Borzage (Voyage sans retour – Till We Meet Again), en passant par John Farrow (Californie terre promise – California). Inspiré par un fait divers, Une âme perdue est un étonnant mélange des genres, un drame victorien, un thriller psychologique, une romance contrariée, des ingrédients qui peuvent paraître hétérogènes, mais qui contre toute attente se mixent parfaitement, pour notre plus grand plaisir.
LA FEMME DE MA VIE réalisé par Régis Wargnier, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Jane Birkin, Christophe Malavoy, Jean-Louis Trintignant, Béatrice Agenin, Dominique Blanc, Elsa Lunghini, Andrzej Seweryn, Didier Sandre, Florent Pagny…
Scénario : Catherine Cohen, Alain Le Henry, Régis Wargnier & Alain Wermus, d’après une histoire originale de Régis Wargnier
Photographie : François Catonné
Musique : Romano Musumarra
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Simon, violoniste, sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Dans sa déchéance, il est soutenu par sa maîtresse, qui est également l’administratrice de l’orchestre dans lequel il joue. L’aide-t-elle réellement ? Ne le maintient-elle pas ainsi sous sa dépendance ? Un homme, qui a connu le même parcours que Simon, va tenter de l’aider.
Régis Wargnier (né en 1948) débute comme assistant de Michel Deville (La Femme en bleu), Claude Chabrol (Nada, Le Banc de désolation, De Grey), Valerio Zurlini (Le Désert des Tartares), Francis Girod (La Banquière, Le Grand Frère, Le Bon Plaisir), Volker Schlöndorff (Le Faussaire), Patrice Leconte (Viens chez moi, j’habite chez une copine), Alexandra Arcady (Le Grand Pardon)…un C.V. qu’il se constitue en l’espace d’une dizaine d’années. En 1986, il franchit le pas du premier long-métrage avec La Femme de ma vie, qu’il coécrit avec Catherine Cohen (Les Fauves, Indochine) et Alain Le Henry (Dernier été à Tanger, Subway, Diabolo menthe), et confie le premier rôle à Christophe Malavoy. Le comédien a alors le vent en poupe et vient tout juste d’être auréolé du César du meilleur espoir masculin pour Family Rock de José Pinheiro, ainsi que du Prix Jean-Gabin. Les tournages s’enchaînent, on le voit chez Michel Deville dans Le Dossier 51, Le Voyage en douce et bien sûr Péril en la demeure (vous voyez l’affiche ?), Patrice Leconte (Ma femme s’appelle reviens), Pierre Schoendoerffer (L’Honneur d’un capitaine) et Bob Swaim (La Balance). Sa haute silhouette élancée, ses faux airs de BHL aux sourcils plus épais, mais surtout sa puissance dramatique commencent à attirer les réalisateurs de tous bords et Régis Wargnier lui offre le rôle principal de son coup d’essai. Aujourd’hui, il semble que La Femme de ma vie soit plus connu pour la chanson qui a accompagné le film à sa sortie, T’en vas pas, immortalisée par Elsa Lunghini, alors âgée de 13 ans, qui interprète aussi à l’écran la fille de Jane Birkin, les deux reprenant d’ailleurs cet air dans le film. Elle allait devenir la plus jeune artiste à accéder à la première place du Top 50 et ce pendant deux mois, durant lesquels elle allait vendre près d’1,5 million d’exemplaires de son single. On se souvient donc moins du film lui-même, ce qui est bien dommage, car La Femme de ma vie demeure une œuvre intéressante, pas forcément réussie sur tous les points et qui a pris quelques rides, mais qui n’en reste pas moins forte dans les thèmes qu’elle aborde et grâce à l’excellence de son casting, sur lequel trône le monstre Jean-Louis Trintignant.
L’ÉTÉ EN PENTE DOUCE réalisé par Gérard Krawczyk, disponible en DVD et Blu-ray le 10 juin 2022 chez Tamasa Diffusion.
Acteurs : Jacques Villeret, Jean-Pierre Bacri, Pauline Lafont, Guy Marchand, Jean Bouise, Jean-Paul Lilienfeld, Jacques Mathou, Dominique Besnehard, Claude Chabrol…
Scénario : Gérard Krawczyk & Jean-Paul Lilienfeld, d’après le roman de Pierre Pelot
Photographie : Michel Cénet
Musique : Roland Vincent
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 1987
LE FILM
En échange d’un lapin cédé à son voisin, Fane reçoit Lilas, brave fille innocente et sensuelle, avec laquelle il décide de partir, tout plaquer pour rejoindre la maison familiale, dans le sud de la France, où il retrouve son frère, Momo. Il débarque le jour de l’enterrement de sa mère. La tenue légère de la pulpeuse Lilas ne manque pas de choquer les bigotes du village. Les problèmes commencent…
Pour la plupart, Gérard Krawczyk (né en 1953) est le réalisateur de Taxi 2, 3 et 4, sans savoir qu’il a aussi signé une grande partie du premier, en remplaçant Gérard Pirès, hospitalisé suite à un accident d’équitation. Certains évoqueront Wasabi, le remake de Fanfan la Tulipeou même celui de L’Auberge rouge, son dernier opus en date et c’était déjà il y a quinze ans. Son premier film, Je hais les acteurs, exercice de style, misait sur la réunion d’une pléiade de comédiens de renom, Patrick Floersheim, Michel Galabru, Dominique Lavanant, Jean Poiret, Bernard Blier, Michel Blanc, Jean-François Stévenin et même une apparition de Gérard Depardieu. Mais son coup d’éclat est et restera L’Été en pente douce, d’après un roman de Pierre Pelot. Inclassable, nourri de référence au western (jusque dans la splendide composition de Roland Vincent, musicien complice de Paul Vecchiali) et au film noir (deux genres souvent très liés), comédie de mœurs teintée d’érotisme, ce deuxième long-métrage en met plein la vue, emmène vers l’inattendu, fait preuve de virtuosité à chaque scène, à chaque plan et repose bien évidemment sur un casting quatre étoiles sur lequel trône la merveilleuse et sculpturale Pauline Lafont, dans le rôle de sa vie, qui fut malheureusement interrompue en raison d’un accident de randonnée qui surviendra l’année suivante. Elle avait alors seulement 25 ans. L’Été en pente douce est comme qui dirait un poème dédié à la comédienne, qui crève, non, qui enflamme l’écran et les sens des spectateurs, comme ceux des hommes qu’elle croise dans le film (qui n’a pas pris une ride), à commencer par les immenses Jean-Pierre Bacri (fabuleux dans un rôle que devait camper Coluche) et Jacques Villeret. Indémodable, inoubliable.
COURS PRIVÉ réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 19 janvier 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Elizabeth Bourgine, Michel Aumont, Xavier Deluc, Sylvia Zerbib, Emmanuelle Seigner, Lucienne Hamon, Pierre Vernier, Rosine Rochette, Guillaume de Tonquédec, Sandrine Kiberlain…
Scénario : Jean-Marc Roberts, Pierre Granier-Deferre & Christopher Frank
Photographie : Robert Fraisse
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Jeanne Kern est enseignante dans un cours privé mixte. Elle est jeune, jolie et le sait. Tout le monde est attiré par elle; des élèves aux professeurs jusqu’au directeur, Monsieur Ketti. Un jour, une lettre anonyme parvient sur le bureau de Ketti, mettant en cause Jeanne d’une manière on ne peut plus claire, par des allusions précises sur son anatomie intime et l’usage qu’elle en fait. Les lettres se succèdent et bientôt, ce sont des photos qui inondent l’établissement. Tout le monde en reçoit: le directeur, les professeurs, les parents. Elles représentent une « soirée spéciale » au cours de laquelle de très jeunes personnes font l’amour…
Si on l’a souvent vue à la télévision, notamment dans Meurtres au paradis depuis une dizaine d’années, la divine Élizabeth Bourgine, Prix Romy-Schneider en 1985, a su marquer moult spectateurs dans Vive la sociale ! (1983) de Gérard Mordillat (nommée pour le César du meilleur espoir féminin), mais surtout dans La Septième Cible (1984) de Claude Pinoteau (nommée de nouveau, mais au César de la meilleure actrice dans un second rôle), où elle incarnait la fille de Lino Ventura et sans doute encore plus dans Cours privé de Pierre Granier-Deferre. Sorti sur les écrans français en novembre 1986, ce dernier reste tout d’abord célèbre pour son affiche d’exploitation qui avait fait couler beaucoup d’encre, celle où la comédienne apparaît de trois-quarts dos, quasi-nue, seulement vêtue d’un serre-taille rouge. Un visuel sulfureux et excitant qui avait évidemment de quoi titiller la curiosité du public. Alors que Jean de Florette venait de cartonner, que Manon des sources se profilait, que Top Gun remplissait les salles et Cobra avec Stallone le tiroir-caisse de la Warner, Cours privé parvenait à attirer près de 600.000 curieux. Réalisateur d’immenses succès populaires tels que La Horse, Adieu poulet, La Veuve Couderc, Le Chat, Le Train, Une femme à sa fenêtre, Le Toubib, Pierre Granier-Deferre démarre les années 1980 en dirigeant encore et toujours les plus grands du cinéma hexagonal, de Michel Piccoli (Une étrange affaire) à Philippe Noiret (L’Étoile du Nord, L’Ami de Vincent) en passant par Jean-Louis Trintignant (L’Homme aux yeux d’argent). Dans Cours privé, le cinéaste donne pour ainsi dire le rôle de sa vie à son actrice principale, Élizabeth Bourgine, quasiment de toutes les scènes, de tous les plans, avec laquelle il collaborera encore deux fois par la suite, dans Noyade interdite (1987) et La Couleur du vent (1988). Hypnotique, troublant, Cours privé annonce, et ce bien avant l’avènement des réseaux sociaux, comment une personne peut devenir la cible de rumeurs et d’accusations, ici une jeune enseignante sexy, qui détonne dans son environnement professionnel. Quelques problèmes de rythme, mais le film demeure aussi efficace que mémorable.