Test Blu-ray / On the line, réalisé par Romuald Boulanger

ON THE LINE réalisé par Romuald Boulanger, disponible en DVD et Blu-ray le 15 février 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Mel Gibson, William Moseley, Alia Seror-O’Neill, Paul Spera, Nadia Farès, Enrique Arce, Yoli Fuller, John Robinson…

Scénario : Romuald Boulanger

Photographie : Xavier Castro

Musique : Clément Perin

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Depuis 25 ans, Elvis donne des conseils aux auditeurs de son emblématique émission de radio nocturne. C’est l’une des dernières légendes de la radio. Indépendant à l’extrême, la notion de concurrence n’a pas d’importance pour lui malgré les avertissements de son boss qui voit les audiences chuter. Une nuit, il prend l’appel d’un certain Gary, sur le point de commettre l’irréparable. Cet appel sera peut-être le dernier pour Elvis. Celui qui pourrait détruire sa carrière, sa famille, sa vie…

Tiens, Mel Gibson dans un film français ??!! Oui, mais non en fait. Enfin si, On the line a été tourné en France, entre La Défense et Bry-sur-Marne plus précisément, mais l’intrigue est supposée se dérouler à Los Angeles. Donc ne vous attendez pas à voir Mad Mel la baguette sous le bras, déambuler en 2CV sur les pavés mouillés du 18ème arrondissement tout en écoutant Zaz, non non, rien de tout cela. À la rigueur, le seul truc qui pourrait renvoyer à notre cher pays est un poster de Manu Payet ou de Bruno Guillon aperçu dans le décor. Pourquoi d’ailleurs ? Romuald Boulanger (né en 1978) a fait ses débuts comme animateur radio sur NRJ, dont la fréquence FM 100.3 indiquée sur ces affiches promotionnelles était la véritable fréquence française. Par la suite, Romuald Boulanger devient réalisateur, scénariste, publicitaire, producteur audiovisuel et créateur de série. Son court-métrage Talk, interprété par William Baldwin et Vanessa Guide, remporte un immense succès dans les festivals du monde entier en 2019 et obtient près d’une cinquantaine de récompenses. C’est ce film qui sera à l’origine d’On the Line, qui reprend la même histoire, mais étendue cette fois sur 105 minutes, là où le court-métrage en durait 25. Si la première partie est engageante, on tombe soudainement dans le nawak le plus invraisemblable et tout part à vau-l’eau. Plus rien ne fonctionne au bout d’une demi-heure, la direction d’acteurs part en sucette, la photographie révèle son manque d’inspiration une fois que la caméra sort du studio, le rythme est au ralenti, les rebondissements sont risibles, jusqu’au(x) dénouement(s) lamentable(s) qui pompe(nt) sans vergogne sur le final d’un film de David Fincher (refusé à l’époque par Mel Gibson d’ailleurs) dont nous ne révélerons pas le titre, pour ne pas vous donner trop d’indices, mais dans lequel Michael Douglas était génial. Ah bah zut. Tant pis. Si vous aimez le sieur Gibson, quasiment de tous les plans, vous passerez un bon moment (sans plus), mais On the line fait penser à de la restauration rapide : le film s’engloutit, ça cale mais pas longtemps, on sait que ce n’est pas bon, le goût n’est pas déplaisant au début, mais cela devient vite écoeurant.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / On the line, réalisé par Romuald Boulanger »

Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’apocalisse) réalisé par Lucio Fulci, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Tomás Milián, Adolfo Lastretti…

Scénario : Ennio De Concini, d’après une nouvelle de Brett Harte

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un tricheur, une prostituée enceinte, un ivrogne et un médium fou errent sur les routes après avoir échappé à un massacre organisé. Leur sort ne s’arrange guère avec la rencontre de Chaco, un sadique halluciné, qui leur inflige les pires traitements. Laissés pour morts, ils trouveront la rédemption sur le chemin de la vengeance…

En 1966, après avoir fait ses classes dans le domaine de la comédie en dirigeant le tandem Franco et Ciccio sur une bonne demi-douzaine de longs-métrages, Lucio Fulci se tourne vers le western avec Le Temps du massacreTempo di massacro, interprété par Franco Nero et George Hilton. Ce premier coup d’essai dans le genre sera ensuite suivi des légendaires gialli du maître (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Perversion Story), puis de films d’aventure (Croc-Blanc Zanna Bianca et sa suite Le Retour de Croc-Blanc Il Ritorno di Zanna Bianca). Alors que les cowboys italiens se faisaient plus rares, surtout depuis le chant du cygne représenté en 1973 par Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, le réalisateur devait étonnamment revenir au western avec Les Quatre de l’apocalypseI quattro dell’apocalisse. Mais ce dernier va bien au-delà et s’avère en réalité un road movie qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres du Nouvel Hollywood, notamment et contre toute attente Macadam à deux voies de Monte Hellman. À la fin des années 1960, aux Etats-Unis, ce style de récit initiatique (ou pas) prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider en 1969. Suivront Point limite zéro de Richard C. Sarafian en 1971 et Two-Lane Blacktop la même année par Monte Hellman. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 1969 et l’affaire Charles Manson, auquel Chaco fait largement référence dans Les Quatre de l’apocalypse, qui découle pour ainsi dire des bouleversements profonds survenus dans le monde, ayant conduit outre-Atlantique à l’émergence de jeunes réalisateurs (un peu comme la Nouvelle Vague à la fin des années 1950 en France), Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg…Lucio Fulci comprend ce qui est en train de se passer et met en scène un road-movie mystique et mélancolique imprégné de peyotl (et de musique pop/folk un rien hippie sur les bords), parcouru par une violence frontale et graphique encore assez rare. Rétrospectivement, Les Quatre de l’apocalypse est assurément un des chefs d’oeuvre méconnus de Lucio Fulci, l’un de ses opus les plus mystérieux et entêtants, qui n’a probablement pas livré tous ses secrets près d’un demi-siècle après sa sortie.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci »

Test Blu-ray / Les Mille et une nuits, réalisé par Mario Bava & Henry Levin

LES MILLE ET UNE NUITS (Le Meraviglie di Aladino) réalisé par Henry Levin & Mario Bava, disponible en combo Blu-ray+DVD depuis le 17 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Donald O’Connor, Noëlle Adam, Terence Hill, Michèle Mercier, Vittorio De Sica, Aldo Fabrizi, Fausto Tozzi, Raymond Bussières, Milton Reid…

Scénario : Silvano Reina, Francesco Prosperi, Pierre Véry, Luther Davis & Marco Vicario, d’après une histoire originale de Stefano Strucchi & Duccio Tessari

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Angelo Lavagnino

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Aladin, jeune homme espiègle vivant auprès de sa mère, reçoit de cette dernière une petite lampe dont il découvre, alors qu’il est en train de semer la pagaille dans son quartier, qu’un bon génie s’y cache, susceptible d’exaucer trois vœux pour lui. Rêvant au-delà de sa condition et refusant constamment les avances de son amie d’enfance Djalma, Aladin tente par tous les moyens de se rendre au mariage du prince Moluk avec la fille du Sultan tandis que le grand Vizir complote dans l’ombre pour s’emparer du pouvoir.

L’Italie nous a habitués, via ses péplums, à des adaptations très libres des légendes de sa propre Antiquité. Les États-Unis nous ont habitués, de leur côté, à des adaptations très – très ! – libres de tout et n’importe quoi. Lorsque les deux cultures font chorus, via deux coréalisateurs, pour adapter la légende d’Aladin et de sa lampe magique tirée des Mille et Une Nuits, on est en droit d’imaginer le plus improbable – et on aura raison ! Débutant dans la mise en scène sur Cry of the Werewolf à l’époque où la Columbia marchait sur les plates-bandes d’Universal, le prolifique Henry Levin a une quinzaine d’années de carrière et déjà une quarantaine de films à son actif lorsqu’il travaille sur ce drôle d’Aladin. Technicien multi-usages rompu à l’adaptation littéraire (notamment d’Alexandre Dumas, plusieurs fois), habitué aux univers noirs, épiques ou sautillants (les musicals The Petty Girl et The Farmer Takes a Wife – remake chanté du film de Victor Fleming qui vit Henry Fonda faire ses débuts à l’écran), adepte des formats décomplexés et fantaisistes (Cornel Wilde a joué pour lui le fils de Robin des Bois), Levin vient alors de boucler la comédie romantique Where The Boys Are et surtout, l’année précédente, une autre adaptation de prestige, dans une version familiale et spectaculaire : celle du Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, grand succès populaire. Dans la foulée de ces Mille et Une Nuits – au titre français si ambitieux en comparaison du projet lui-même –, le cinéaste récidivera avec l’expérience collaborative pour The Wonderful World of the Brothers Grimm en Cinérama (George Pal dirigeant cette fois-ci les séquences les plus intéressantes).

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Mille et une nuits, réalisé par Mario Bava & Henry Levin »

Test Blu-ray / Detective Knight : Independence, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : INDEPENDENCE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Jack Kilmer, Dina Meyer, Lochlyn Munro, Willow Shields, Jimmy Jean-Louis, Lorenzo Antonucci, Dax Campbell…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

L’affectation de dernière minute du policier James Knight à l’équipe de la fête de l’Indépendance se transforme en une course contre la montre pour arrêter un ambulancier déséquilibré qui se fait passer pour un policier.

Le voici, le voilà, le tout dernier, l’ultime long-métrage que Bruce Willis aura tourné avant de mettre fin à sa carrière. Si nous avons longtemps tiré sur l’ambulance, sans savoir à l’époque que l’acteur était atteint d’aphasie, en passant en revue une quinzaine de ses longs-métrages sortis directement dans les bacs ou en VOD, nous sommes aussi revenus sur les producteurs opportunistes qui l’ont fait participer à leurs films – souvent – de bas étage. Toujours est-il que Detective Knight : Independence est assurément le meilleur opus de cette « trilogie » constituée de Rogue et de Redemption, ainsi qu’une des Williseries, notre terme pour désigner ces séries B (voire Z) dans lesquelles s’est illustré l’ami Bruce, les plus sympathiques. Contrairement où les deux premiers épisodes se « suivaient » ou s’enchaînaient lâchement, ce troisième volet aurait pu tout aussi bien être présenté indépendamment, puisque quasiment rien ne le rattache aux précédents. Il n’empêche que cet Independence tient la route et ce grâce à un jeune comédien charismatique et plutôt impressionnant, Jack Kilmer (né en 1995), qui n’est autre que le fils de Val Kilmer et Joanne Whalley, déjà croisé dans l’excellent Palo Alto de Gia Coppola et Lord of Chaos de Jonas Åkerlund. Il vole la vedette ici à chaque apparition et s’avère même assez flippant. Bruce Willis apparaît plus que dans Rogue et Redemption, possède plus de dialogues (ce qui apparemment a été extrêmement difficile, pour ne pas dire douloureux pour lui et ses partenaires) et ce dès le début du film. Le dernier acte le place enfin au coeur de l’action, même si les doublures se voient nettement (on entend également parfois sa voix, sans le voir), mais l’ensemble est bien fichu et divertissant. Ciao Bruce, prends soin de toi, faire tout ce voyage avec toi depuis 35 ans a été très chouette et on ne t’oubliera jamais.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Detective Knight : Independence, réalisé par Edward Drake »

Test Blu-ray / Corrective Measures – Mutants surpuissants, réalisé par Sean Patrick O’Reilly

CORRECTIVE MEASURES – MUTANTS SUPERPUISSANTS réalisé par Sean Patrick O’Reilly, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2023 chez Program Store.

Acteurs : Bruce Willis, Michael Rooker, Tom Cavanagh, Brennan Mejia, Kevin Zegers, Dan Payne, Celia Aloma, Hayley Sales…

Scénario : Sean Patrick O’Reilly, d’après le roman graphique de Grant Chastain

Photographie : Stirling Bancroft

Musique : George Streicher

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

San Tiburon. Une prison abrite les criminels les plus dangereux du monde, dont certains ont des super-pouvoirs. Les tensions entre les détenus et le personnel s’exacerbent, entraînant l’anarchie dans la prison…

Encore un film de super-héros ??? Et avec Bruce Willis en plus ???!!! C’est Corrective Measures : Mutants surpuissants, qui surfe allègrement sur la vague Marvel-DC, mais avec des effets spéciaux réalisés à l’aide d’un Amstrad 6128+ à cartouche. Cessons ce cynisme, car cette adaptation du roman graphique du même nom de Grant Chastain est un divertissement honorable, qui fait ce qu’il peut avec les moyens qui lui ont été alloués, dans lequel on retrouve le tandem de White Elephant, Bruce Willis et Michael Rooker, qui se donnent la réplique dans une cellule de 10m², le cul vissé à leur banquette pendant que cela s’agite autour d’eux. Si le premier peine à articuler et se contente d’aligner une ou deux phrases par-ci par-là comme une marionnette manipulée par un ventriloque, le second, arborant lunettes teintées et canotier, a un peu plus à défendre dans le rôle du « superviseur » de cette prison spéciale, qui passe son temps à jouer aux échecs, se foutre de la tronche et à rabaisser ses subordonnés, en attendant de couler des jours paisibles grâce à une retraite dorée. Il ne se passe pas grand-chose dans Corrective Measures : Mutants surpuissants, mais l’ensemble est sympathique avec ses acteurs amusants dont l’excellent Tom Cavanagh, une des vedettes de la série Flash, dans laquelle il interprétait Eobard Thawne aka Nega-Flash, ainsi que le docteur Harrison Wells, qui aurait été impeccable dans une transposition live d’Où est Charlie ?. Une bonne gueule et une belle voix qui ont finalement été rares au cinéma et dont l’apparition est un des points forts de cette série B (pour être magnanime) fauchée aux maquillages navrants (et donc drôles malgré-eux, comme s’il s’agissait d’un masque d’Halloween dégoté aux Puces de Saint-Ouen) et aux CGI d’un autre temps. On ne s’ennuie pas (trop), il n’en restera absolument rien dès que le générique de fin apparaît (en dépit d’une fin ouverte), mais le film est à voir pour constater une fois de plus à quel point Bruce Willis aura tiré sur la corde jusqu’au dernier moment avant de stopper sa carrière, tandis que certains producteurs peu scrupuleux profitaient de cette poule aux œufs d’or pour monter au bas mot une trentaine de longs-métrages sur son nom en l’espace de cinq ans…

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Corrective Measures – Mutants surpuissants, réalisé par Sean Patrick O’Reilly »

Test Blu-ray / White Elephant, réalisé par Jesse V. Johnson

WHITE ELEPHANT réalisé par Jesse V. Johnson, disponible en DVD et Blu-ray le 22 février 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, Olga Kurylenko, Michael Rooker, John Malkovich, Michael Rose, Lorenzo Antonucci, Eric Buarque, Vadhir Derbez…

Scénario : Erik Martinez, Jesse V. Johnson & Katharine Lee McEwan

Photographie : Jonathan Hall

Musique : Sean Murray

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un ancien marine devenu exécuteur pour la mafia, doit faire face à sa conscience et à son code d’honneur lorsqu’il est obligé d’aider à nettoyer un assassinat bâclé par son protégé, Carl.

On découvre désormais les tous derniers longs-métrages tournés par Bruce Willis, avant que celui-ci ne mette fin à son illustre carrière pour cause d’aphasie et démence fronto-temporale. Si l’on en croit IMDB, White Elephant, dont nous allons parler, apparaît entre Vendetta (disponible dans les bacs en mai 2023) et Wrong Place (toujours inédit et sans date de sortie). Et honnêtement, cet opus réalisé par le cascadeur Jesse V. Johnson, réalisateur d’un Triple Threat avec Tony Jaa, de Killers Game avec Steve Austin face à Dolph Lundgren et de Hooligans 2 est loin d’être mauvais et s’avère même sympathique, toutes proportions gardées bien sûr. L’ami Bruce ne fait que quelques brèves apparitions ici et là, dix minutes au total à peu près, mais s’en sort pas trop mal. S’il est cloué sur une chaise (une habitude dans ses ultimes DTV), il prend quand même la pétoire au cours d’un règlement de comptes dans un restaurant, rapide, mais efficace. Mais la véritable vedette de White Elephant est l’excellent Michael Rooker, dont on avait quasiment oublié le visage, habitués que nous étions depuis des années à le voir la peau bleue et le crâne arborant la crête rouge de Yondu Udonta dans Les Gardiens de la Galaxie. Si Jesse V. Johnson n’est évidemment pas le plus grand directeur d’acteurs, Michael Rooker s’en tire remarquablement bien dans le rôle de Gabriel Tancredi, vieux briscard et homme de main, veuf inconsolable, qui envisage de raccrocher, sans se douter que le contrat qu’il doit exécuter risque de le faire rejoindre son épouse décédée plus tôt que prévu. Également interprété par Olga Kurylenko et John Malkovich, White Elephant est un thriller qui à défaut d’originalité y va à fond dans la violence graphique des gunfights, bien nourris, rythmés, chorégraphiés et bourrins, particulièrement sanglants (ça bouillonne même à plusieurs reprises), dont un dernier acte où la boucherie est reine avec des têtes et des membres qui volent au contact des grosses bastos. On en garde un bon souvenir et White Elephant peut donc se targuer d’être une des meilleures « Williseries » de fin de parcours, avec La Proie Midnight in the Switchgrass de Randall Emmett et Detective Knight: Rogue d’Edward John Drake.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / White Elephant, réalisé par Jesse V. Johnson »

Test Blu-ray / L’Arme à l’oeil, réalisé par Richard Marquand

L’ARME À L’OEIL (Eye of the Needle) réalisé par Richard Marquand, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Sutherland, Kate Nelligan, Ian Bannen, Christopher Cazenove, Alex McCrindle, Stephen MacKenna, Philip Martin Brown, George Belbin…

Scénario : Stanley Mann, d’après le roman de Ken Follett

Photographie : Alan Hume

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Faber, un espion allemand en poste en Angleterre découvre le subterfuge élaboré pour les alliés pour faire croire à un débarquement sur les côtes du Pas-de-Calais. Alors qu’il s’apprête à transmettre l’information à son QG, l’officier, embarqué sur un esquif, est victime d’une attaque. Échoué sur l’île des Tempêtes, au large des côtes écossaises, il est recueilli par un couple, dont le mari est handicapé. Faber tombe amoureux de Lucy, la femme…

L’Arme à l’oeil Eye of the Needle. C’est un film dont nous n’avions jamais entendu parler et qui a immédiatement éveillé notre curiosité pour plusieurs raisons. Pour son casting mené par l’impérial Donald Sutherland, pour son réalisateur Richard Marquand (1937-1987), dont nous ne connaissions réellement que Le Retour du Jedi (1983) et À double tranchant (1985), et enfin parce qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de l’immense Ken Follett, publié en 1978. Tentant non ? Et le résultat est on ne peut plus fameux. L’Arme à l’oeil démarre comme un film historique, ce qu’il est indéniablement, l’action étant située entre 1940 et 1944, tandis qu’une voix (au micro) plante le décor d’emblée, nous sommes à Londres, en feu après le passage de la Luftwaffe. L’introduction prend déjà le spectateur par surprise en se focalisant sur Henry Faber, personnage à première vue sympathique, qui essaye de dissuader un jeune homme voulant s’engager dans le confit armé, en lui disant qu’il a le temps et qu’il y aura d’autres guerres. Puis arrive le premier rebondissement, complètement inattendu, qui révèle la véritable nature de Faber. Une scène magnifiquement montée, sèche, brutale, qui marquera probablement les cinéphiles. Disons-le, Donald Sutherland, quasiment de tous les plans, est extraordinaire dans L’Arme à l’oeil, peut-être dans l’un de ses meilleurs rôles, monstre de charisme au regard bleu laser capable de foudroyer celui ou celle qui le fixerait trop longtemps. Muni d’un couteau à cran d’arrêt qu’il dégaine plus vite que l’éclair, Faber est une bombe à retardement qui passe inaperçue, un homme dans la foule, qui parvient à éclipser son mètre 90 au milieu des passants, pour mieux frapper au moment le plus imprévu après avoir usé de son charme suintant. L’Arme à l’oeil mute alors en chasse à l’homme, puis se resserre jusqu’au huis clos teinté de romance. Remarquable thriller d’espionnage, aussi riche sur le fond que sur la forme, Eye of the Needle est une sacrée et admirable découverte.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Arme à l’oeil, réalisé par Richard Marquand »

Test Blu-ray / Tuez les tous… et revenez seul !, réalisé par Enzo G. Castellari

TUEZ-LES TOUS…ET REVENEZ SEUL ! (Ammazzali tutti e torna solo) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Chuck Connors, Frank Wolff, Franco Citti, Leo Anchóriz, Giovanni Cianfriglia, Alberto Dell’Acqua, Hércules Cortés, Antonio Molino Rojo, Furio Meniconi, Alfonso Rojas, Ugo Adinolfi, John Bartha…

Scénario : Tito Carpi, Enzo G. Castellari, Francesco Scardamaglia & Joaquín Romero Hernández

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

La guerre de Sécession fait rage. Loin du front, le capitaine Lynch dirige un camp de prisonniers. Le sergent Brian y fait régner une discipline de fer. Clyde, un prisonnier qui bénéficie de complicités nordistes, réussit à s’enfuir avec quelques bagnards, en volant un trésor caché dans une poudrière sudiste. Déserteur, le sergent Brian se joint à la petite troupe. Tous ne sont mus que par l’appât du gain. Les protagonistes de l’aventure commencent à s’entretuer. Qui conservera l’or ? Le capitaine Lynch lui-même a sa petite idée sur la question…

Enzo G. Castellari. Un nom qui fait immédiatement vibrer les amateurs de cinéma d’exploitation italien. Le réalisateur, né en 1938, détient l’une des filmographies les plus excitantes du cinéma Bis qui remplissait alors les salles. Quelques titres en vrac, Quelques dollars pour DjangoPochi dollari per Django, Je vais, je tire et je reviensVado… l’ammazzo e torno, Sur ordre du FührerLa Battaglia d’Inghilterra, Le Témoin à abattreLa Polizia incrimina, la legge assolve, Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, Keoma, Big Racket Il Grande racket, La Mort au large L’Ultimo squalo, Les Nouveaux Barbares I nuovi barbari, Les Guerriers du Bronx1990: I guerrieri del Bronx, Une poignée de salopardsQuel maledetto treno blindato (ou Inglorious Bastards)…Également scénariste la plupart du temps de ses films, Enzo G. Castellari ne s’est jamais caché de surfer allègrement sur les genres à la mode, western, polar, giallo, aventure, épouvante, post-apocalyptique, dans le seul et unique but (en dehors de remplir le tiroir-caisse) de divertir les spectateurs, qui lui ont bien rendu tout au long de sa carrière. C’est le cas de Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo, western mis en scène en 1968, à la limite de la parodie et qui annonce donc les légendaires opus du fabuleux tandem Terence Hill et Bud Spencer, dont le mythique On l’appelle TrinitaLo chiamavano Trinità d’Enzo Barboni ne sortira que deux ans plus tard. Enchaînement quasi-ininterrompu de gunfights et de bastons aux bruitages bourrins, Tuez-les tous… et revenez seul ! est un savoureux divertissement, une chasse au trésor menée sans aucun temps mort et interprété par une ribambelle de comédiens aux tronches patibulaires sur lesquels trône l’américain Chuck Connors (Soleil vert de Richard Fleischer, Pancho Villa d’Eugenio Martín), gueule célèbre du western, qui promène ses 2 mètres de hauteur, sans se forcer, le teint hâlé, les yeux bleus délavés et le sourire carnassier. Du spectacle à l’état pur.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Tuez les tous… et revenez seul !, réalisé par Enzo G. Castellari »

Test Blu-ray / Luz, la fleur du mal, réalisé par Juan Diego Escobar Alzate

LUZ (Luz, la fleur du mal) réalisé par Juan Diego Escobar Alzate, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Yuri Vargas, Jim Muñoz, Andrea Esquivel, Sharon Guzman, Marcela Robledo, Conrado Osorio, Johan Camacho, Daniel Páez…

Scénario : Juan Diego Escobar Alzate

Photographie : Nicolás Caballero Arenas

Musique : Brian Heater

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

De nos jours, dans un petit village isolé au milieu des montagnes colombiennes – Une communauté vit comme au Moyen-Âge sous le joug d’un prédicateur nommé El Senor, qui dirige la population et retient prisonnier un enfant nommé Jesus, censé être le Nouveau Messie. Le comportement d’El Senor finit par semer le trouble et le chaos au sein des villageois, et notamment ses trois propres filles.

Quel étrange film que ce Luz, la fleur du mal, réalisé par le colombien Juan Diego Escobar Alzate (né en 1987), auteur d’une demi-douzaine de courts-métrages, de quelques épisodes de séries télévisées, d’un téléfilm et de clips musicaux. Imaginé comme un segment manquant entre le cinéma de Terrence Malick et celui d’Alejandro Jodorowsky, Luz, la fleur du mal n’est certes pas un coup de maître et ce en raison de défauts souvent liés à un premier long-métrage, mais n’en reste pas moins intéressant à plus d’un titre. Magnifiquement photographié par Nicolás Caballero Arenas, le film fait penser à une succession de tableaux éclatants ou crépusculaires, en jouant sur le contraste entre les scènes diurnes aux couleurs pastel et célestes, et les séquences de nuit anxiogènes, particulièrement oppressantes. Multi-récompensé dans les festivals du monde entier, au Buenos Aires Rojo Sangre au Buffalo Dreams Fantastic Film Festival, en passant par l’Horrible Imaginings Film Festival, le Lonely Wolf: London International Film Festival, et présenté aussi à Sitges, Luz, la fleur du mal a connu une vraie petite renommée à sa sortie, même s’il demeurait jusqu’alors inédit en France. Sans doute trop proche de l’impressionnant The Witch de Robert Eggers gagne d’être découvert et dévoile la sensibilité d’un artiste à suivre de près.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Luz, la fleur du mal, réalisé par Juan Diego Escobar Alzate »

Test Blu-ray / Le Orme, réalisé par Luigi Bazzoni

LE ORME réalisé par Luigi Bazzoni, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florinda Bolkan, Peter McEnery, Nicoletta Elmi, Caterina Boratto, John Karlsen, Esmeralda Ruspoli, Evelyn Stewart, Miriam Acevedo, Rosita Torosh, Luigi Antonio Guerra, Klaus Kinski, Lila Kedrova…

Scénario : Mario Fanelli & Luigi Bazzoni, d’après le roman de Mario Fanelli

Photographie : Vittorio Storaro

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Alice, une jeune traductrice frappée d’amnésie, n’arrive plus à discerner la réalité de ses cauchemars alors qu’elle tente de se rappeler les évènements de ces derniers jours. Une carte postale retrouvée l’amène à la station balnéaire de Garma où les gens ne semblent pas la reconnaître alors que ses rêves où elle se tient aux cotés d’astronautes sur la lune deviennent de plus en plus forts…

Nous avions déjà parlé du réalisateur Luigi Bazzoni (1929-2012) en septembre 2022, à l’occasion de la sortie en Blu-ray chez Artus Films du formidable La Possédée du lac La Donna del lago. Si vous désirez en savoir plus sur ce dernier, vous savez ce qui vous reste à faire. Aujourd’hui, nous évoquerons Le Orme, le dernier long-métrage du cinéaste, avant que celui-ci se lance dans son documentaire-fleuve Roma Imago Urbis, qui comptera quinze parties produites de 1987 à 1992 et qui sera ensuite distribué directement en VHS en 1994. Également connu pour L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance L’Uomo, l’Orgoglio, la Vendetta (1967), western avec Franco Nero adapté de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, sans oublier le génial Journée noire pour un bélierGiornata nera per l’ariete, avec le même comédien, Luigi Bazzoni signe son chef d’oeuvre avec Le Orme, faux giallo, mais véritable thriller psychologique, chaînon manquant entre Mort à Venise de Luchino Visconti et Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni, dans lequel brille la merveilleuse Florinda Bolkan, qui aura illuminé le cinéma transalpin dans La Dernière maison sur la plage de Franco Prosperi, Exécutions de Romolo Guerrieri Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri, La Longue nuit de l’exorcisme et Le Venin de la peur de Lucio Fulci. Amis cinéphiles, venez vous perdre dans ce fabuleux labyrinthe mental !

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Orme, réalisé par Luigi Bazzoni »