Test Blu-ray / On the line, réalisé par Romuald Boulanger

ON THE LINE réalisé par Romuald Boulanger, disponible en DVD et Blu-ray le 15 février 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Mel Gibson, William Moseley, Alia Seror-O’Neill, Paul Spera, Nadia Farès, Enrique Arce, Yoli Fuller, John Robinson…

Scénario : Romuald Boulanger

Photographie : Xavier Castro

Musique : Clément Perin

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Depuis 25 ans, Elvis donne des conseils aux auditeurs de son emblématique émission de radio nocturne. C’est l’une des dernières légendes de la radio. Indépendant à l’extrême, la notion de concurrence n’a pas d’importance pour lui malgré les avertissements de son boss qui voit les audiences chuter. Une nuit, il prend l’appel d’un certain Gary, sur le point de commettre l’irréparable. Cet appel sera peut-être le dernier pour Elvis. Celui qui pourrait détruire sa carrière, sa famille, sa vie…

Tiens, Mel Gibson dans un film français ??!! Oui, mais non en fait. Enfin si, On the line a été tourné en France, entre La Défense et Bry-sur-Marne plus précisément, mais l’intrigue est supposée se dérouler à Los Angeles. Donc ne vous attendez pas à voir Mad Mel la baguette sous le bras, déambuler en 2CV sur les pavés mouillés du 18ème arrondissement tout en écoutant Zaz, non non, rien de tout cela. À la rigueur, le seul truc qui pourrait renvoyer à notre cher pays est un poster de Manu Payet ou de Bruno Guillon aperçu dans le décor. Pourquoi d’ailleurs ? Romuald Boulanger (né en 1978) a fait ses débuts comme animateur radio sur NRJ, dont la fréquence FM 100.3 indiquée sur ces affiches promotionnelles était la véritable fréquence française. Par la suite, Romuald Boulanger devient réalisateur, scénariste, publicitaire, producteur audiovisuel et créateur de série. Son court-métrage Talk, interprété par William Baldwin et Vanessa Guide, remporte un immense succès dans les festivals du monde entier en 2019 et obtient près d’une cinquantaine de récompenses. C’est ce film qui sera à l’origine d’On the Line, qui reprend la même histoire, mais étendue cette fois sur 105 minutes, là où le court-métrage en durait 25. Si la première partie est engageante, on tombe soudainement dans le nawak le plus invraisemblable et tout part à vau-l’eau. Plus rien ne fonctionne au bout d’une demi-heure, la direction d’acteurs part en sucette, la photographie révèle son manque d’inspiration une fois que la caméra sort du studio, le rythme est au ralenti, les rebondissements sont risibles, jusqu’au(x) dénouement(s) lamentable(s) qui pompe(nt) sans vergogne sur le final d’un film de David Fincher (refusé à l’époque par Mel Gibson d’ailleurs) dont nous ne révélerons pas le titre, pour ne pas vous donner trop d’indices, mais dans lequel Michael Douglas était génial. Ah bah zut. Tant pis. Si vous aimez le sieur Gibson, quasiment de tous les plans, vous passerez un bon moment (sans plus), mais On the line fait penser à de la restauration rapide : le film s’engloutit, ça cale mais pas longtemps, on sait que ce n’est pas bon, le goût n’est pas déplaisant au début, mais cela devient vite écoeurant.

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Test Blu-ray / Detective Knight : Independence, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : INDEPENDENCE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Jack Kilmer, Dina Meyer, Lochlyn Munro, Willow Shields, Jimmy Jean-Louis, Lorenzo Antonucci, Dax Campbell…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

L’affectation de dernière minute du policier James Knight à l’équipe de la fête de l’Indépendance se transforme en une course contre la montre pour arrêter un ambulancier déséquilibré qui se fait passer pour un policier.

Le voici, le voilà, le tout dernier, l’ultime long-métrage que Bruce Willis aura tourné avant de mettre fin à sa carrière. Si nous avons longtemps tiré sur l’ambulance, sans savoir à l’époque que l’acteur était atteint d’aphasie, en passant en revue une quinzaine de ses longs-métrages sortis directement dans les bacs ou en VOD, nous sommes aussi revenus sur les producteurs opportunistes qui l’ont fait participer à leurs films – souvent – de bas étage. Toujours est-il que Detective Knight : Independence est assurément le meilleur opus de cette « trilogie » constituée de Rogue et de Redemption, ainsi qu’une des Williseries, notre terme pour désigner ces séries B (voire Z) dans lesquelles s’est illustré l’ami Bruce, les plus sympathiques. Contrairement où les deux premiers épisodes se « suivaient » ou s’enchaînaient lâchement, ce troisième volet aurait pu tout aussi bien être présenté indépendamment, puisque quasiment rien ne le rattache aux précédents. Il n’empêche que cet Independence tient la route et ce grâce à un jeune comédien charismatique et plutôt impressionnant, Jack Kilmer (né en 1995), qui n’est autre que le fils de Val Kilmer et Joanne Whalley, déjà croisé dans l’excellent Palo Alto de Gia Coppola et Lord of Chaos de Jonas Åkerlund. Il vole la vedette ici à chaque apparition et s’avère même assez flippant. Bruce Willis apparaît plus que dans Rogue et Redemption, possède plus de dialogues (ce qui apparemment a été extrêmement difficile, pour ne pas dire douloureux pour lui et ses partenaires) et ce dès le début du film. Le dernier acte le place enfin au coeur de l’action, même si les doublures se voient nettement (on entend également parfois sa voix, sans le voir), mais l’ensemble est bien fichu et divertissant. Ciao Bruce, prends soin de toi, faire tout ce voyage avec toi depuis 35 ans a été très chouette et on ne t’oubliera jamais.

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Test Blu-ray / White Elephant, réalisé par Jesse V. Johnson

WHITE ELEPHANT réalisé par Jesse V. Johnson, disponible en DVD et Blu-ray le 22 février 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, Olga Kurylenko, Michael Rooker, John Malkovich, Michael Rose, Lorenzo Antonucci, Eric Buarque, Vadhir Derbez…

Scénario : Erik Martinez, Jesse V. Johnson & Katharine Lee McEwan

Photographie : Jonathan Hall

Musique : Sean Murray

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un ancien marine devenu exécuteur pour la mafia, doit faire face à sa conscience et à son code d’honneur lorsqu’il est obligé d’aider à nettoyer un assassinat bâclé par son protégé, Carl.

On découvre désormais les tous derniers longs-métrages tournés par Bruce Willis, avant que celui-ci ne mette fin à son illustre carrière pour cause d’aphasie et démence fronto-temporale. Si l’on en croit IMDB, White Elephant, dont nous allons parler, apparaît entre Vendetta (disponible dans les bacs en mai 2023) et Wrong Place (toujours inédit et sans date de sortie). Et honnêtement, cet opus réalisé par le cascadeur Jesse V. Johnson, réalisateur d’un Triple Threat avec Tony Jaa, de Killers Game avec Steve Austin face à Dolph Lundgren et de Hooligans 2 est loin d’être mauvais et s’avère même sympathique, toutes proportions gardées bien sûr. L’ami Bruce ne fait que quelques brèves apparitions ici et là, dix minutes au total à peu près, mais s’en sort pas trop mal. S’il est cloué sur une chaise (une habitude dans ses ultimes DTV), il prend quand même la pétoire au cours d’un règlement de comptes dans un restaurant, rapide, mais efficace. Mais la véritable vedette de White Elephant est l’excellent Michael Rooker, dont on avait quasiment oublié le visage, habitués que nous étions depuis des années à le voir la peau bleue et le crâne arborant la crête rouge de Yondu Udonta dans Les Gardiens de la Galaxie. Si Jesse V. Johnson n’est évidemment pas le plus grand directeur d’acteurs, Michael Rooker s’en tire remarquablement bien dans le rôle de Gabriel Tancredi, vieux briscard et homme de main, veuf inconsolable, qui envisage de raccrocher, sans se douter que le contrat qu’il doit exécuter risque de le faire rejoindre son épouse décédée plus tôt que prévu. Également interprété par Olga Kurylenko et John Malkovich, White Elephant est un thriller qui à défaut d’originalité y va à fond dans la violence graphique des gunfights, bien nourris, rythmés, chorégraphiés et bourrins, particulièrement sanglants (ça bouillonne même à plusieurs reprises), dont un dernier acte où la boucherie est reine avec des têtes et des membres qui volent au contact des grosses bastos. On en garde un bon souvenir et White Elephant peut donc se targuer d’être une des meilleures « Williseries » de fin de parcours, avec La Proie Midnight in the Switchgrass de Randall Emmett et Detective Knight: Rogue d’Edward John Drake.

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Test Blu-ray / L’Arme à l’oeil, réalisé par Richard Marquand

L’ARME À L’OEIL (Eye of the Needle) réalisé par Richard Marquand, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Sutherland, Kate Nelligan, Ian Bannen, Christopher Cazenove, Alex McCrindle, Stephen MacKenna, Philip Martin Brown, George Belbin…

Scénario : Stanley Mann, d’après le roman de Ken Follett

Photographie : Alan Hume

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Faber, un espion allemand en poste en Angleterre découvre le subterfuge élaboré pour les alliés pour faire croire à un débarquement sur les côtes du Pas-de-Calais. Alors qu’il s’apprête à transmettre l’information à son QG, l’officier, embarqué sur un esquif, est victime d’une attaque. Échoué sur l’île des Tempêtes, au large des côtes écossaises, il est recueilli par un couple, dont le mari est handicapé. Faber tombe amoureux de Lucy, la femme…

L’Arme à l’oeil Eye of the Needle. C’est un film dont nous n’avions jamais entendu parler et qui a immédiatement éveillé notre curiosité pour plusieurs raisons. Pour son casting mené par l’impérial Donald Sutherland, pour son réalisateur Richard Marquand (1937-1987), dont nous ne connaissions réellement que Le Retour du Jedi (1983) et À double tranchant (1985), et enfin parce qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de l’immense Ken Follett, publié en 1978. Tentant non ? Et le résultat est on ne peut plus fameux. L’Arme à l’oeil démarre comme un film historique, ce qu’il est indéniablement, l’action étant située entre 1940 et 1944, tandis qu’une voix (au micro) plante le décor d’emblée, nous sommes à Londres, en feu après le passage de la Luftwaffe. L’introduction prend déjà le spectateur par surprise en se focalisant sur Henry Faber, personnage à première vue sympathique, qui essaye de dissuader un jeune homme voulant s’engager dans le confit armé, en lui disant qu’il a le temps et qu’il y aura d’autres guerres. Puis arrive le premier rebondissement, complètement inattendu, qui révèle la véritable nature de Faber. Une scène magnifiquement montée, sèche, brutale, qui marquera probablement les cinéphiles. Disons-le, Donald Sutherland, quasiment de tous les plans, est extraordinaire dans L’Arme à l’oeil, peut-être dans l’un de ses meilleurs rôles, monstre de charisme au regard bleu laser capable de foudroyer celui ou celle qui le fixerait trop longtemps. Muni d’un couteau à cran d’arrêt qu’il dégaine plus vite que l’éclair, Faber est une bombe à retardement qui passe inaperçue, un homme dans la foule, qui parvient à éclipser son mètre 90 au milieu des passants, pour mieux frapper au moment le plus imprévu après avoir usé de son charme suintant. L’Arme à l’oeil mute alors en chasse à l’homme, puis se resserre jusqu’au huis clos teinté de romance. Remarquable thriller d’espionnage, aussi riche sur le fond que sur la forme, Eye of the Needle est une sacrée et admirable découverte.

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Test Blu-ray / Le Orme, réalisé par Luigi Bazzoni

LE ORME réalisé par Luigi Bazzoni, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florinda Bolkan, Peter McEnery, Nicoletta Elmi, Caterina Boratto, John Karlsen, Esmeralda Ruspoli, Evelyn Stewart, Miriam Acevedo, Rosita Torosh, Luigi Antonio Guerra, Klaus Kinski, Lila Kedrova…

Scénario : Mario Fanelli & Luigi Bazzoni, d’après le roman de Mario Fanelli

Photographie : Vittorio Storaro

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Alice, une jeune traductrice frappée d’amnésie, n’arrive plus à discerner la réalité de ses cauchemars alors qu’elle tente de se rappeler les évènements de ces derniers jours. Une carte postale retrouvée l’amène à la station balnéaire de Garma où les gens ne semblent pas la reconnaître alors que ses rêves où elle se tient aux cotés d’astronautes sur la lune deviennent de plus en plus forts…

Nous avions déjà parlé du réalisateur Luigi Bazzoni (1929-2012) en septembre 2022, à l’occasion de la sortie en Blu-ray chez Artus Films du formidable La Possédée du lac La Donna del lago. Si vous désirez en savoir plus sur ce dernier, vous savez ce qui vous reste à faire. Aujourd’hui, nous évoquerons Le Orme, le dernier long-métrage du cinéaste, avant que celui-ci se lance dans son documentaire-fleuve Roma Imago Urbis, qui comptera quinze parties produites de 1987 à 1992 et qui sera ensuite distribué directement en VHS en 1994. Également connu pour L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance L’Uomo, l’Orgoglio, la Vendetta (1967), western avec Franco Nero adapté de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, sans oublier le génial Journée noire pour un bélierGiornata nera per l’ariete, avec le même comédien, Luigi Bazzoni signe son chef d’oeuvre avec Le Orme, faux giallo, mais véritable thriller psychologique, chaînon manquant entre Mort à Venise de Luchino Visconti et Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni, dans lequel brille la merveilleuse Florinda Bolkan, qui aura illuminé le cinéma transalpin dans La Dernière maison sur la plage de Franco Prosperi, Exécutions de Romolo Guerrieri Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri, La Longue nuit de l’exorcisme et Le Venin de la peur de Lucio Fulci. Amis cinéphiles, venez vous perdre dans ce fabuleux labyrinthe mental !

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Test Blu-ray / Les Tueurs sont nos invités, réalisé par Vincenzo Rigo

LES TUEURS SONT NOS INVITÉS (Gli assassini sono nostri ospiti) réalisé par Vincenzo Rigo, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Steffen, Margaret Lee, Luigi Pistilli, Gianni Dei, Livia Cerini, Giuseppe Castellano, Sandro Pizzochero, Giovanni Brusadori…

Scénario : Renato Romano & Bruno Fontana

Photographie : Vincenzo Rigo

Musique : Roberto Rizzo

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Franco, Eliana et Mario dévalisent une bijouterie à Milan et s’enfuient. Franco, cependant, est blessé lors de la fusillade avec la police. Les trois hommes décident donc de se réfugier temporairement dans une villa isolée, où vit le Dr Malerba. Les criminels obligent Malerba, qui est médecin, à s’occuper de Franco, et entre-temps ils contactent Eddy, le chef de l’organisation. Alors que le trio attend l’arrivée d’Eddy, la tension commence à monter dans la maison.

Comment vous dites ? Vincenzo Rigo ? Connais pas…Pourtant, une chose est sûre, vous retiendrez ce nom une fois que vous aurez vu son premier long-métrage, Les Tueurs sont nos invitésGli assassini sono nostri ospiti, sorti en 1974. S’il a peu tourné, trois films seulement en l’espace de deux ans, Vincenzo Rigo signe un formidable opus du home invasion, rempli de rebondissements du début à la fin, solidement réalisé et excellemment interprété. Le metteur en scène, également monteur et directeur de la photographie, s’empare d’un scénario carré coécrit par Renato Romano, habituellement acteur (vu dans La Mort a pondu un œuf de Giulio Questi et L’Oiseau au plumage de cristal de Dario Argento) et Bruno Fontana (Violez les otages ! de Giovanni Brusadori) et passe en quelques minutes du film de casse au huis clos stressant et teinté d’érotisme, avec rigueur et élégance. Si l’on déplore un usage trop systématique et pesant de la musique redondante de Roberto Rizzo, Les Tueurs sont nos invités, qui contrairement à ce que l’on pouvait penser premièrement n’a absolument rien d’un giallo, est un joli tour de force, un thriller psychologique qui déjoue souvent les attentes des spectateurs et qui demeure particulièrement efficace. Une bien belle découverte.

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Test Blu-ray / À coups de crosse, réalisé par Vicente Aranda

À COUPS DE CROSSE réalisé par Vicente Aranda, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Fanny Cottençon, Bruno Cremer, Francisco Algora, Berta Cabré, Ian Sera, Paca Gabaldón, Eduardo MacGregor, Joaquim Cardona…

Scénario : Vicente Aranda, d’après le roman Prótesis d’Andreu Martín

Photographie : Juan Amorós

Musique : Manel Camp

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

L’inspecteur Andrés Gallego noue une relation passionnée avec Fanny, une prostituée délinquante qu’il a récemment arrêté à Barcelone. Il espère ainsi pouvoir approcher Manuel, l’amant de la jeune femme, et obtenir quelques informations concernant ses activités douteuses, notamment son stock important d’armes à feu. Après avoir finalement décidé d’abattre l’homme, Fanny retrouve Andrés quelques années plus tard avec la ferme intention de venger la mort de Manuel…

L’affiche montrant le colosse Bruno Cremer, un léger sourire aux lèvres, agrippant par le col la diaphane Fanny Cottençon, en petite culotte et le flingue à la main donne sérieusement envie. Même si l’on ne sait rien du film, À coups de crosse n’est assurément pas une comédie et une vilenie se dégage instantanément de ce visuel alléchant. En effet, nous sommes ici en plein polar psychologique, réalisé par un certain Vicente Aranda (1926-2015). Ce dernier n’est pas inconnu des amateurs de cinéma d’exploitation, puisque c’est à lui que l’on doit l’immense classique de l’âge d’or du cinéma d’épouvante espagnol, La Mariée sanglante – La Novia ensangrentada, un opus érotique, gore, fantastique, cruel, mystérieux, qui aujourd’hui encore n’a rien perdu de sa force hypnotique. Avec À coups de crosse, nous sommes loin de ce chef-d’oeuvre et film emblématique du genre ibérique doublé d’une parabole sur la libération sexuelle, même si le thriller qui nous intéresse est tout aussi bien photographié, mis en scène et interprété, parcouru également par un féminisme appuyé. À coups de crosse dresse le portrait d’une jeune femme dont on ne saura pas grand-chose, à fleur de peau, animée par une violence intrinsèque, qui va devoir se confronter à un monstre tout aussi atteint qu’elle, autoritaire et brutal, qui va l’entraîner sur un terrain qu’on imagine inexploré. Une perversité traverse le film de bout en bout. Volontiers troublant, mais toujours inscrit dans un contexte social et mental réaliste, À coups de crosse, adaptation d’un roman d’Andreu Martín (ProthèsePròtesis) se focalise sur la part sombre et les démons qui sommeillent en chaque individu, peut-être le thème récurrent de l’oeuvre de Vicente Aranda. S’il n’est pas totalement dénué de défauts, le résultat est néanmoins particulièrement éprouvant.

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Test Blu-ray / L’Exécutrice, réalisé par Michel Caputo

L’EXÉCUTRICE réalisé par Michel Caputo, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Brigitte Lahaie, Michel Modo, Pierre Oudrey, Michel Godin, Betty Champeval, Dominique Erlanger, Jean-Hugues Lime, Dominique LeMonier…

Scénario : Michel Caputo

Photographie : Gérard Simon

Durée : 1h34 (Version intégrale, Director’s Cut)

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Inspectrice à la brigade des moeurs de Paris, Martine cherche à inculper Nadine Wenders, patronne d’un night-club, le Cloître, mais surtout à la tête d’un vaste réseau où se mêlent trafic de drogue, tournages de films pornos clandestins et traite des blanches. Pour y parvenir, notre flic de choc pourra compter sur son équipe, qui aura fort à faire dans cette mission, d’autant plus que Madame Wenders bénéficie du soutien de la mafia chinoise et d’une personne haut placée au sein de la police.

Brigitte Lahaie n’a pas attendu de mettre fin à sa carrière dans le X pour apparaître dans le cinéma dit classique ou traditionnel à l’instar des Raisins de la mort et La Nuit des traquées de Jean Rollin, I…comme Icare d’Henri Verneuil, New Generation de Jean-Pierre Lowt-Legoff, Diva de Jean-Jacques Beineix, ainsi que Dans la peau d’un flic d’Alain Delon. La bougresse s’est aussi essayée à la pantalonnade bien de chez nous avec Les Bidasses aux grandes manœuvres de Raphaël Delpard, Te marre pas…c’est pour rire ! de Jacques Besnard et N’oublie pas ton père au vestiaire de Richard Balducci. Des pointures, des cadors, mais ça remplissait le frigo on va dire. Alors qu’elle vient de tourner le très bon Brigade des mœurs de Max Pécas et le sympathique Le Couteau sous la gorge de Claude Mulot, la divine Brigitte retrouve Michel Caputo, qui l’avait déjà « dirigé » dans Si ma gueule vous plaît… en 1981 et accède cette fois au haut de l’affiche avec L’Exécutrice. Tandis que Jean-Paul Belmondo s’apprêtait à raccrocher la pétoire suite au bide que connaîtra Le Solitaire de Jacques Deray, mademoiselle Lahaie revêtait elle aussi son blouson en cuir et peinait à soulever son flingue (même si celui-ci n’est volontairement pas chargé) des deux mains, dans une histoire nawak aussi passionnante qu’un épisode de Julie Lescaut, rythmée comme une enquête de l’Inspecteur Derrick et photographiée comme un Navarro. Mais ce bon vieux Caputo est malin puisqu’il entame – pour capter l’attention des spectateurs – et clôt son film en demandant à sa comédienne principale de prendre du bon temps dans un jacuzzi, ce qui met immédiatement dans le bain (rires), sauf que cet « élément narratif » n’a absolument aucun impact ni intérêt sur le récit, mais fait office de remplissage. Ce sera aussi le cas d’une poignée de scènes érotiques qui ne sont dispersées ici et là que pour réveiller une audience engourdie, probablement plombée par l’absence d’action et de rebondissements. Elle fait ce qu’elle peut Brigitte, elle est d’ailleurs loin d’être la plus mauvaise dans ce film, mais L’Exécutrice peine sérieusement à emballer…

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Test Blu-ray / Gina, réalisé par Denys Arcand

GINA réalisé par Denys Arcand, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Céline Lomez, Claude Blanchard, Frédérique Collin, Serge Thériault, Gabriel Arcand, Louise Cuerrier, Jocelyn Bérubé, Paule Baillargeon…

Scénario : Jacques Poulain & Alain Dostie

Photographie : Alain Dostie

Musique : Benny Barbara & Michel Pagliaro

Durée : 1h35 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une danseuse, Gina, va remplacer une collègue dans un petit hôtel de province. Elle fait connaissance avec des cinéastes d’un organisme gouvernemental venus tourner un documentaire sur une usine de textile. Le soir de son premier spectacle, Gina est agressée et violée par une bande de motoneigistes. Elle fait appel à son imprésario qui s’amène avec des fiers-à-bras pour exercer une dure vengeance. Pendant ce temps, les autorités de l’usine obtiennent l’arrêt du tournage du film.

Avant de devenir un cinéaste reconnu dans le monde entier avec Le Déclin de l’empire américain (1986), Jésus de Montréal (1989) et Les Invasions barbares (2003), le Québécois Denys Arcand (né en 1941) avait déjà près de 25 ans de carrière à son actif. En effet, c’est au début des années 1960 qu’il fait ses premiers pas derrière la caméra avec quelques courts-métrages et surtout des documentaires soutenus par la critique, qui se penchent essentiellement sur la réalité sociale, économique et politique de sa province. Foncièrement engagé, Denys Arcand dévoile l’envers du décor du Québec et bien entendu cela ne plaît pas à tout le monde. C’est le cas du film On est au coton, réalisé en 1970, mais distribué seulement six ans plus tard. Pour quelle raison ? Ce documentaire s’est accompagné d’un parfum de scandale, en raison de sa description brute et sans concessions des conditions de travail difficiles dans l’industrie textile au Québec, tout en relatant la vie – très précaire – des ouvriers dans les manufactures (qui ferment les unes après les autres), ainsi que leurs luttes syndicales (entre grèves et actions). Subissant des pressions de la part de grands groupes du textile, On est au coton est purement et simplement censuré par l’O.N.F. (Office National du Film du Canada). Qu’à cela ne tienne, alors que ce documentaire est mis au placard, Denys Arcand s’inspire de cette histoire pour Gina, qui sort au Canada en janvier 1975. Sous ses allures de film de genre appartenant au Rape & Revenge avec une pointe de film de redneck, le troisième long-métrage de fiction du réalisateur intègre des images provenant d’On est au coton, faisant ainsi passer le message qu’il souhaitait, tout en comblant les spectateurs venus se divertir. Les ingrédients insolites de ce cocktail se mélangent bien et hormis des petites longueurs (dont une partie de billard filmée en temps réel qui fait office de remplissage), Gina est une agréable curiosité qui devrait réjouir les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Cité de la violence, réalisé par Sergio Sollima

CITÉ DE LA VIOLENCE (Città violenta) réalisé par Sergio Sollima, disponible en DVD et Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Telly Savalas, Jill Ireland, Michel Constantin, Umberto Orsini, George Savalas, Ray Saunders, Benjamin Lev, Peter Dane…

Scénario : Sauro Scavolini, Gianfranco Calligarich, Lina Wertmüller & Sergio Sollima, d’après une histoire originale de Dino Maiuri & Massimo De Rita

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h44

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Tandis qu’il circule en voiture avec sa compagne Vanessa, le tueur à gages Jeff Heston tombe dans un piège. Blessé, il échoue en prison. Libéré, il ne poursuit désormais plus qu’un double objectif : se venger de ceux qui l’ont trahi et retrouver celle qu’il aime. Sa croisade sanglante débute à la Nouvelle Orléans où la mafia locale l’attend de pied ferme…

Quand on évoque le nom du cinéaste romain Sergio Sollima (1921-2015), le spectateur se souvient d’un cinéma carré, brutal, violent, sec, nerveux, qui a toujours su concilier le divertissement populaire et le cinéma dit d’auteur. Troisième Sergio aux côtés de Leone et Corbucci, Sollima est à la base journaliste et critique de cinéma, profession qu’il exerce en sortant de la Seconde Guerre mondiale, après ses études au mythique Centro sperimentale di cinematografia. En même temps, il commence à écrire pour le théâtre, puis devient scénariste (ainsi que script doctor) pour les plus grands « faiseurs » du moment de Luigi Capuano à Domenico Paolella (Le Secret de l’Épervier Noir), en passant par Gianfranco Parolini, avec une prédilection pour le péplum, qui remplit alors les salles. 1962, il passe lui-même derrière la caméra aux côtés de Nino Manfredi, pour un segment du film à sketches Les Amours difficiles. Sergio Sollima enchaîne rapidement en surfant sur la mode de l’Eurospy (Agent 3S3, passeport pour l’enfer, Agent 3S3, massacre au soleil, Un certain Monsieur Bingo), puis sur celle du western (Colorado, Le Dernier Face à face, Saludos hombre). Ce qui nous amène au début des années 1970 et Cité de la violenceCittà violenta, un des monuments de la filmographie de Sergio Sollima, dans lequel il dirige Charles Bronson et sa compagne Jill Ireland, mais aussi Telly Savalas, qui venait de camper Ernst Stavro Blofeld (et ses oreilles sans lobes) dans le fabuleux Au service secret de Sa Majesté de Peter Hunt. Contrairement à ce que certains ont tendance à penser, Cité de la violence n’est pas un poliziottesco, mais une œuvre qui condense toutes les influences du réalisateur, américaines surtout (il avait d’ailleurs écrit un ouvrage sur le cinéma US à la fin des années 1940), qui prend des allures de polar, analyse, dissèque et à la fois explose les codes du genre en vigueur, ainsi que le film noir traditionnel. Aussi passionnant sur le fond que sur la forme, Cité de la violence offre à Charles Bronson le rôle d’un tueur à gages, qui non seulement annonce Le FlingueurThe Mechanic de Michael Winner, qui sortira deux ans plus tard, mais se révèle être clairement l’une des pierres fondatrices de la carrière à venir du comédien. Un film remarquable, qui réussit à trouver cet équilibre souvent recherché en vain entre le spectacle et le contemplatif.

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