Test Blu-ray / Révolte au Mexique, réalisé par Budd Boetticher

RÉVOLTE AU MEXIQUE (Wings of the Hawk) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Julie Adams, Abbe Lane, George Dolenz, Noah Beery Jr., Rodolfo Acosta, Antonio Moreno, Pedro Gonzalez Gonzalez…

Scénario : James E. Moser & Kay Lenard, d’après le roman de Gerald Drayson Adams

Photographie : Clifford Stine

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

1911, au Mexique. À la suite de la confiscation de sa mine par l’administration, Irish Gallagher, un « gringo », se retrouve impliqué dans la Révolution mexicaine aux côtés de Pascual Orozco.

Parfois, on ne comprend pas pourquoi un film traîne une mauvaise réputation. C’est encore le cas pour Révolte au MexiqueWings of the Hawk, qui certes n’est assurément pas le meilleur film de son réalisateur, le célèbre Budd Boetticher, mais qui n’en reste pas moins un bon spectacle, efficacement mis en scène et très bien interprété par l’un des plus grands comédiens de l’époque, Van Heflin. En 1953, le cinéaste enchaîne les tournages à vitesse grand V, au point de sortir cinq longs-métrages cette année-là. Si L’Expédition du Fort KingSeminole et Le Déserteur de Fort AlamoThe Man from the Alamo et même À l’est de Sumatra East of Sumatra feront plus parler d’eux, Révolte au Mexique rend compte du savoir-faire de Budd Boetticher, qui enchaîne ici – avec un budget limité, mais qui tente de ne rien laisser paraître – les rebondissements pendant 75 minutes, du début à la fin, sans laisser au spectateur le temps de s’ennuyer. Wings of the Hawk est une récréation, un divertissement élégant, rempli d’action, de sentiments et d’humour, qui laisse un joli souvenir.

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Test Blu-ray / Will Penny, le solitaire, réalisé par Tom Gries

WILL PENNY, LE SOLITAIRE (Will Penny) réalisé par Tom Gries, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livre le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Joan Hackett, Donald Pleasence, Lee Majors, Bruce Dern, Ben Johnson, Slim Pickens, Clifton James…

Scénario : Tom Gries

Photographie : Lucien Ballard

Musique : David Raksin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Will Penny, cowboy sur le retour, se voit confier la surveillance d’un troupeau pour l’hiver. En prenant possession de sa hutte, il la trouve occupée par Catherine et Horace, une femme et son jeune fils, abandonnés par leur guide alors qu’ils entendaient rejoindre leur mari et père. Isolés par la neige, ils pensent devoir cohabiter pendant les mois d’hiver. Mais une bande de rôdeurs à la recherche de Will va contrarier l’idylle naissante entre Will et Catherine.

À juste titre, Will Penny, le solitaire, ou tout simplement Will Penny, est l’un des meilleurs westerns américains des années 1960 et par ailleurs le film que Charlton Heston citait comme étant celui qu’il préférait dans son illustre carrière. À la fin des années 1960, le western américain classique est pour ainsi dire mort, l’Italie ayant repris le flambeau en l’arrangeant à sa sauce et en y intégrant entre autres une violence alors retenue par les studios hollywoodiens. Tom Gries (1922-1977) est connu pour son travail de scénariste, touchant à tous les genres et signant moult histoires pour diverses séries B. Essentiellement à la télévision, Tom Gries se spécialise aussi dans le western et commence à passer derrière la caméra sur une quantité astronomique de séries. Désormais âgé de 45 ans, il pense à nouveau au grand écran et envisage de mettre en scène une histoire qu’il a écrite seul, celle de Will Penny, le solitaire, que l’on conseille à Charlton Heston. Celui-ci, emballé, souhaite un réalisateur de renom, mais Tom Gries reste intraitable, s’il vend son scénario à la Paramount, il sera aussi celui aux manettes. La star, alors entre Khartoum de Basil Dearden et La Planète des singes Planet of the Apes de Franklin J. Schaffner, rencontre Tom Gries et se laisse facilement convaincre. Il ne regrettera jamais son choix, citant tout le reste de sa vie que Will Penny, le solitaire restera son film favori. Ce western annonce le Nouvel Hollywood, sur le point de naître, offre à Charlton Heston un de ses plus beaux rôles et plonge le spectateur dans un Ouest Américain authentique, qui sent la crasse, le froid, la sueur, qui n’a rien de glamour ou de romanesque, mais qui broie les êtres et où la loi de la jungle laisse les moins préparés sur le bas-côté. Un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Qui tire le premier ?, réalisé par Budd Boetticher

QUI TIRE LE PREMIER ? (A Time for Dying) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Audie Murphy, Richard Lapp, Anne Randall, Robert Random, Beatrice Kay, Victor Jory, Peter Brocco, Burt Mustin…

Scénario : Budd Boetticher

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Harry Betts

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1982 (tourné en 1969, mais bloqué en raison de problèmes de droits)

LE FILM

Cass Bunning quitte pour la première fois la ferme familiale pour Silver City, un refuge de hors-la-loi, où il sauve une jeune fille destinée au bordel de la ville. Les deux jeunes gens apprennent à se connaître et décident de tenter leur chance ensemble.

C’est sur ce film que se clôt la carrière cinématographique d’Audie Murphy (1925-1971), qui fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale, devenu par la suite acteur de cinéma, spécialisé dans le western. Tournant avec quelques-uns des plus grands noms du cinéma, de John Huston à Don Siegel, en passant par Jack Arnold, Audie Murphy s’est mine de rien imposé sur le grand écran pendant vingt ans. Qui tire le premier ? A Time for Dying date de 1969 et s’avère son dernier film, deux ans avant son brutal décès dans un accident d’avion. Il n’y fait qu’une apparition d’à peine cinq minutes (trois pour être exact) dans le rôle de Jesse James, bien que le film ait été monté sur son nom. En réalité, également producteur, Audie Murphy aurait contracté de fortes dettes de jeu à Las Vegas et devait beaucoup d’argent à la mafia, raison pour laquelle Qui tire le premier ? a été mis en chantier. À la barre, Budd Boetticher (1916-2001) accepte par amitié de réaliser ce qui sera aussi son dernier long-métrage et western, alors que son précédent remontait à 1960 (Comanche Station). S’il n’est absolument pas un grand film, Qui tire le premier ? est ce qu’on peut appeler une anomalie en 1969, quand bien même celui-ci ne pourra pas sortir sur les écrans avant 1982 en raison de problèmes juridiques. Alors que le Nouvel Hollywood est sur le point d’éclore, on en retrouve quelques bribes dans A Time for Dying, œuvre à la fois solaire et crépusculaire, où la naïveté et la violence s’opposent constamment dans un Ouest Américain toujours placé sous le signe de l’hostilité et qui brise les rêves des jeunes individus, alors bercés par les légendes et mythes. On est certes loin du cycle Ranown et même d’opus moins célèbres, mais très efficaces comme À feu et à sangThe Cimarron Kid (1951), première collaboration Murphy/Boetticher, mais Qui tire le premier ? demeure une sacrée curiosité.

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Test Blu-ray / Confession d’un tueur, réalisé par Gene Fowler Jr.

CONFESSION D’UN TUEUR (Showdown at Boot Hill) réalisé par Gene Fowler Jr., disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livret le 13 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Robert Hutton, John Carradine, Carole Mathews, Fintan Meyler, Paul Maxey, Thomas Browne, Henry William.…

Scénario : Louis Vittes

Photographie : John M. Nickolaus Jr.

Musique : Albert Harris

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Le Marshall Luke Welsh traque et abat un hors-la-loi nommé Maynor. Il le ramène dans sa ville natale afin de toucher la prime mais les habitants se refusent à identifier le corps.

C’est en 1958 que la carrière de Charles Bronson connaît son premier grand tournant. En effet, cette année-là, le comédien d’origine lituanienne et de son vrai nom Charles Dennis Buchinsky, est pour la première fois placé en tête d’affiche, non pas d’un, mais de plusieurs films qui sortent à quelques jours ou semaines d’intervalle. Trois longs-métrages qui misent alors sur cet acteur de 26 ans, déjà aperçu une vingtaine de fois au cinéma, chez Henry Hathaway, John Sturges, Robert Parrish, George Cukor, Hugo Fregonese, André de Toth, Robert Aldrich, Delmer Daves et Samuel Fuller. Autrement dit, Charles Bronson, bien que loin d’être une star, possède déjà un C.V. qui ferait bien des envieux, tandis que son nom circule partout à Hollywood. Le vent tourne quand Roger Corman et Gene Fowler Jr. lui offrent simultanément l’opportunité d’accéder au premier rôle, respectivement dans Mitraillette Kelly Machine-Gun Kelly et dans Confession d’un tueur Showdown at Boot Hill. Nous sommes déjà revenus sur le premier, et nous venons avec le même enthousiasme de découvrir le second, qui nous intéresse aujourd’hui. Loin, très loin des rôles qui feront sa marque de fabrique et forgeront son mythe, Charles Bronson trouve dans Confession d’un tueur un de ses personnages les plus originaux, dans un western qui se révèle être plutôt un drame psychologique teinté de romance, où deux jeunes solitaires vont se rencontrer dans des circonstances exceptionnelles et violentes, puis découvrir l’amour dans un monde hostile, où règne la loi de la jungle. Le comédien y révèle un talent dramatique qu’il n’avait dévoilé qu’avec pudeur et qu’il n’aura d’ailleurs que peu d’occasions d’exploiter par la suite. C’est pourquoi visionner Showdown at Boot Hill est une chance pour le spectateur français, puisque longtemps resté inédit chez nous. C’est aussi l’occasion de voir un Charles Bronson à fleur de peau, loin du héros macho et viril qu’il campera sans arrêt et ce quasiment jusqu’à la fin de sa vie. Le voir acheter une crème pour les mains pour sa bien-aimée à une épicière mexicaine (très peau personnage) vaut assurément le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Monamour, réalisé par Tinto Brass

MONAMOUR réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Anna Jimskaia, Nela Lucic, Riccardo Marino & Max Parodi…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin

Photographie : Andrea Doria

Musique : Heron Borelli, Francesco Gualerzi & Lucio Boiardi Serri

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2005

LE FILM

Marta n’est plus satisfaite par les relations intimes partagées avec son mari, Dario. D’autant plus que ce dernier se consacre à plein temps au salon de la littérature de Mantoue. Elle croise alors le chemin de Léon, jeune artiste français, avec lequel elle s’emploie à satisfaire ses moindres désirs érotiques…

Même si le maestro est encore parmi nous aujourd’hui et vient d’ailleurs de fêter ses 92 printemps, Monamour demeure le dernier long-métrage de Tinto Brass. Sorti directement dans les bacs en 2005, ce dernier baroud d’honneur du réalisateur de Fallo !, Transgression, Le Voyeur, La Clé, Monella – Lola la frivole, Salon Kitty et Miranda montrait à quel point celui-ci était toujours vert et animé par ses obsessions. À l’instar du dénommé Claudio, séducteur que vous connaissez sans doute pour ses punchlines du genre « Je pense que chaque journée sans femme est une journée de perdue » ou bien encore « J’adore la vie, je suis un jouisseur et j’aime la vie du matin au soir et du soir au matin », l’amico Tinto n’a jamais pu s’empêcher de filmer les charmantes donzelles dans le plus simple appareil. Dans Monamour, titre tout attaché et faisant référence à l’amant français du film, le cinéaste, qui adapte ici un roman d’Alina Rizzi (Amare Leon), s’intéresse une fois de plus au désir, féminin et masculin, en indiquant que les femmes veulent que les hommes les prennent, pas qu’ils les comprennent. Sur ce postulat, il livre une radiographie des rapports humains, en se concentrant sur un couple, non pas en manque d’amour, mais en manque de plaisir, surtout pour la jeune femme. Là-dessus, l’adultère et la jalousie s’en mêlent, ravivant le désir et la bestialité propres à chaque être humain. Monamour est un peu bavard, mais que les fans se rassurent, Tinto Brass ne les a jamais trahis et son ultime film (à ce jour, qui sait…) saura contenter leurs instincts primaires en ébullition.

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Test Blu-ray / Le Voyeur, réalisé par Tinto Brass

LE VOYEUR (L’Uomo che guarda) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Francesco Casale, Katarina Vasilissa, Franco Branciaroli, Cristina Garavaglia, Raffaella Offidani, Martine Brochard, Antonio Salines, Eleonora De Grassi, Gabri Crea…

Scénario : Tinto Brass

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Dans un collège de Rome, un professeur dénommé Dodo est en pleine dépression. Silvia, sa femme vient de le quitter pour un autre homme. Il ne cesse de penser à leurs ébats érotiques passés. En rendant visite à son exhibitionniste de père, Dodo fait la connaissance de Fausta, la servante de la maison. Cette jolie fille au tempérament torride va rapidement lui faire oublier ses déboires conjugaux. Plus tard, Dodo fait la rencontre de Pascasie, une ravissante étudiante métisse dont il va tomber amoureux…

Si Le Voyeur L’Uomo che guarda est sorti sur les écrans (mais pas chez nous) en 1994, ce projet remonte en fait presque dix ans en arrière, mais avait dû être mis de côté suite à la mort de l’écrivain et journaliste Alberto Moravia. En effet, dès la publication du roman publié en France sous le titre L’Homme qui regarde, Tinto Brass désire l’adapter et ce avec la bénédiction de l’auteur avec lequel il était très ami. Avant le décès d’Alberto Moravia en septembre 1990, le cinéaste avait été obligé de reporter cette transposition. Suite à cette disparition, les deux anciennes compagnes de l’intellectuel transalpin s’en mêlent et refusent finalement que le nom illustre de l’auteur soit mentionné par Tinto Brass si son projet venait à naître. C’est finalement ce qui arrive en 1994. Le maître du cinéma érotique s’en donne à coeur joie et celui-ci plonge une nouvelle fois le spectateur dans son univers personnel, teinté de décors tiré du théâtre avec ses toiles peintes, dans lesquels déambulent des comédiennes aux formes très rebondies, allant là où Federico Fellini n’avait su ou pu s’engouffrer, parfois même jusqu’aux frontières de l’anatomie féminine, le tout sur une musique de Riz Ortolani qui mise sur le « sexophone ».. Ode au plaisir et, comme si son titre l’indique, au voyeurisme, « qui n’est pas une perversion, ni un vice, mais une vertu » comme l’a souvent indiqué Tinto Brass au cours de sa vie et de sa carrière, Le Voyeur n’est pas son opus le plus célèbre, mais reste marqué par quelques belles fulgurances et certains délires qui lui sont propres. Et puis, soyons honnêtes, L’Uomo che guarda demeure un film que l’on peut aisément qualifier de bandant.

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Test Blu-ray / Le Sorcier du Rio Grande, réalisé par Charles Marquis Warren

LE SORCIER DU RIO GRANDE (Arrowhead) réalisé par Charles Marquis Warren, disponible en Blu-ray + DVD + Livret depuis le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Jack Palance, Katy Jurado, Brian Keith, Mary Sinclair, Milburn Stone, Richard Shannon, Lewis Martin.…

Scénario : Charles Marquis Warren, d’après le roman de W.R. Burnett

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Dans le désert du Sud-Ouest Américain, Ed Bannon, officier de cavalerie qui a grandi chez les Apaches, commande une unité chargée de faire la paix avec les guerriers de cette tribu. Forcé au combat, il affronte le chef indien élevé chez les blancs, Toriano, les deux hommes se connaissent depuis leurs enfances.

Le nom de Charles Marquis Warren (1912-1990) n’est sans doute pas très connu de ce côté de l’Atlantique. En revanche, il demeure célèbre aux États-Unis pour son travail dans le western, en littérature, mais aussi au cinéma comme à la télévision. Si ses œuvres les plus marquantes restent les séries Gunsmoke, Le Virginien et Rawhide, pour le grand écran, c’est un peu plus aléatoire, puisqu’il écrit pour les autres (Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper, Fort Invincible de Gordon Douglas, La Chevauchée de l’honneur de Leslie Fenton, La Mission du commandant Lex d’André de Toth), mais aussi pour lui-même (Charro avec Elvis Presley, La Chevauchée des Vaqueros avec Joel McCrea, Little Big Horn avec Lloyd Bridges). 1953, il adapte Adobe Walls, un roman de W. R. Burnett, auteur très prisé par Hollywood puisque Quand la ville dort de John Huston, La Fille du désert, La Grande évasion et L’Escadron noir de Raoul Walsh, ainsi que Le Petit César de Mervyn LeRoy étaient déjà tirés de ses œuvres. Si Charles Marquis Warren s’éloigne volontairement du livre original, c’est pour mieux recentrer son récit sur l’opposition des deux personnages principaux, interprétés ici par Charlton Heston et Jack Palance. Le premier a alors le vent en poupe au début des années 1950 et enchaîne une série de westerns, à l’instar du Fils de GéronimoThe Savage de George Marshall et de films d’aventures à succès (Quand la Marabunta grondeThe Naked Jungle de Byron Haskin, Le Secret des IncasSecret of the Incas de Jerry Hopper). Prenant déjà de beaux risques alors qu’il n’est qu’au début de sa carrière cinématographique, il incarne un individu froid, repoussant, animé par la haine. Mais comme souvent, Charlton Heston, qui n’a jamais choisi ses rôles au hasard et surtout sans réflexion, apporte à son personnage une importante et passionnante ambiguïté, cherchant non pas à excuser les agissements de son personnage, mais plutôt à comprendre pourquoi Ed Bannon est devenu ainsi. Western excessivement mal reçu à sa sortie et bien encore après, au point où il est encore aujourd’hui très souvent rejeté par les cinéphiles qui en ont entendu des vertes et des pas mûres, surtout son caractère raciste (ce qu’il n’est pas du tout), Le Sorcier du Rio Grande Arrowhead vaut pour la confrontation de ses deux têtes d’affiche, qui assurent chacun de leur côté et qui font des étincelles quand ils se retrouvent face à face. Un divertissement avant tout, mais aussi doublé d’une réflexion sur ce qui peut amener un être humain à vivre dans l’hostilité, l’aversion, la malveillance et le ressentiment. Un western pas aussi idiot, comme ont pu le qualifier certains critiques et même historiens du cinéma spécialisés dans le genre, les mêmes qui encensent Le Vent de la plaine The Unforgiven, qui pour le coup est plus que nauséabond. Faites-vous donc votre propre opinion, avant de tirer sur l’ambulance sans même connaître ce film finalement moins célèbre que sa réputation.

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Test Blu-ray / Quand la Marabunta gronde, réalisé par Byron Haskin

QUAND LA MARABUNTA GRONDE (The Naked Jungle) réalisé par Byron Haskin, disponible en Blu-ray + DVD + Livret depuis le 23 août 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Eleanor Parker, Abraham Sofaer, William Conrad, Romo Vincent, Douglas Fowley, John Dierkes, Pilar Del Rey, Bernie Gozier, Jerry Groves.…

Scénario : Ranald MacDougall, Ben Maddow & Philip Yordan, d’après une nouvelle de Carl Stephenson

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : Daniele Amfitheatrof

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Joanna rejoint au Brésil l’homme qu’elle a épousé dans le cadre d’un mariage arrangé. Son mari se montre très distant avec elle et ne pense qu’à s’occuper de sa plantation de cacao. D’ailleurs, il apprend un jour que des millions de Marabunta, une espèce de fourmis, sont en passe d’infester et donc de détruire son exploitation. Joanna se montre alors d’un soutien sans faille afin de trouver une solution au problème.

Quand la Marabunta grondeThe Naked Jungle a laissé de beaux et bons souvenirs à de nombreux spectateurs. Charlton Heston n’hésitait pas non plus à déclarer qu’il s’agissait de l’un des meilleurs films de son début de carrière. Passant d’un genre à l’autre, du polar (La Main qui venge) au western (Le Fils de Géronimo), du film politique (Le Général invincible) à la comédie dramatique (Sous le plus grand chapiteau du monde), le comédien aborde le registre de l’aventure avec Quand la Marabunta gronde, réalisé par Byron Haskin (1899-1984), metteur en scène, directeur de la photographie (pour Frank Borzage, Michael Curtiz, Lloyd Bacon…) et technicien de renom dans le domaine des effets spéciaux, spécialité qui lui a valu d’être nommé à plusieurs reprises aux Oscars. Il se voit confier des budgets confortables de la part de Disney (pour la première adaptation entièrement en prise de vue réelle de L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson), mais la consécration mondiale viendra avec La Guerre des mondes The War of the Worlds, produit par George Pal, adaptation du roman de H. G. Wells, film qui fera date et qui demeure encore aujourd’hui une immense référence de la science-fiction. L’année suivante, rebelote pour le producteur et Byron Haskin, qui emmènent cette fois les spectateurs en Amérique du Sud, où un « couple » (les guillemets sont indispensables puisque cet homme et cette femme sont mariés…mais ne s’étaient jamais rencontrés) en crise, va devoir s’unir pour de bon afin de contrer l’invasion de…fourmis rouges. Celles-ci forment une marée destructrice de 30 kilomètres de long sur 3 kilomètres de large, capable d’anéantir tout sur leur passage. Mais elles n’avaient pas pensé à affronter celui qui allait incarner Moïse trois ans après, mister Heston en personne. Si beaucoup trouveront le temps long en raison de la romance contrariée du couple star qui dure au bas mot une bonne heure, les autres se délecteront de la dernière demi-heure qui remplit son contrat dans le genre film catastrophe avant l’heure. On aime ce divertissement désuet, qui offre à Charlton Heston l’occasion d’interpréter un personnage peu sympathique, froid, glacial même, brutal, misogyne…mais qu’on aime détester et auquel l’acteur apporte une réelle et intéressante ambiguïté. À (re)découvrir.

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Test Blu-ray / Sept hommes à abattre, réalisé par Budd Boetticher

SEPT HOMMES À ABATTRE (Seven Men From Now) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD depuis le 19 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Gail Russell, Lee Marvin, Walter Reed, John Larch, Don « Red » Barry, Fred Graham, John Beradino.…

Scénario : Burt Kennedy

Photographie : William H. Clothier

Musique : Henry Vars

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

L’ex-shérif Ben Stride est à recherche des sept meurtriers de sa femme lors d’un braquage de la Wells Fargo. Se culpabilisant de ce meurtre, il prend la route de la Californie sur la piste des bandits. Il croise le chemin d’un couple et de deux bras cassés qui le mènent vers les malfrats mais s’enfuient avec le butin. Dans ce périple, plus d’un est porteur de secrets… !

En 1956, débute le cycle Ranown, dont nous avons déjà parlé à quelques reprises, qui désigne les sept collaborations entre le réalisateur Budd Boetticher (1916-2001) et l’acteur Randolph Scott (1898-1987). Sept westerns tournés entre 1956 et 1960, sept films considérés comme faisant partie des meilleurs westerns de l’histoire du cinéma. Vont ainsi se succéder Sept hommes à abattre Seven Men From Now, L’Homme de l’Arizona The Tall T, Le Vengeur agit au crépuscule – Decision at Sundown, L’Aventurier du Texas Buchanan Rides Alone, La Chevauchée de la vengeance Ride Lonesome, Le Courrier de l’or Westbound et Comanche Station. Deux autres grands noms se distingueront également de ce cycle Ranown, celui de Burt Kennedy et celui de Charles Lang Jr, scénaristes qui se relaieront d’opus en opus, même si le premier a plus imprimé sa marque que le second. Si vous êtes néophytes, précipitez-vous immédiatement sur ce premier « volet », qui condense tout ce qui a fait la popularité et la pérennité de cette anthologie. Une durée ramassée (Sept hommes à abattre n’excède pas les 75 minutes et avait même été coupé pour son exploitation dans les salles françaises), un montage sec et nerveux, un sens inouï du cadre, un héros que l’on pourrait qualifier de minéral qui annonce quelque part l’Homme sans nom que campera Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar dix ans plus tard. Magistralement mis en scène par Budd Boetticher, que nous n’aurons de cesse de réhabiliter encore et toujours, porté par un Randolph Scott impérial (dans un rôle refusé par John Wayne, pris par La Prisonnière du désert, qui produit néanmoins le film et le propose à Boetticher et Scott) qui donne la réplique (ou le regard) à l’immense Lee Marvin, Seven Men From Now est une étape indispensable dans la vie d’un cinéphile.

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Test Blu-ray / Horizons lointains, réalisé par Rudolph Maté

HORIZONS LOINTAINS (The Far Horizons) réalisé par Rudolph Maté, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD depuis le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Fred MacMurray, Charlton Heston, Donna Reed, Barbara Hale, William Demarest, Alan Reed, Eduardo Noriega, Larry Pennell.…

Scénario : Winston Miller & Edmund H. North, d’après le roman de Della Gould Emmons

Photographie : Daniel L. Fapp

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Lewis et Clark se rendent en Louisiane peu après le rachat de la colonie française par les États-Unis. Leur expédition débarque sur des terres sur lesquelles aucun homme blanc n’a circulé… Sacajawea a toujours vécu ici et se révèle être une alliée de taille face au danger qu’encourent les nouveaux venus à cause des natifs.

Parmi les grands noms oubliés du western, celui de Rudolph Maté (1898-1964) est sans doute l’un de ceux à réhabiliter. Tout d’abord directeur de la photographie très convoité, ayant officié chez Carl Theodor Dreyer (La Passion de Jeanne d’Arc, Vampyr), René Clair (Le Dernier Milliardaire), Fritz Lang (Liliom), il débarque à Hollywood au milieu des années 1930 où il collabore là aussi avec les plus grands, de William Wyler à George Marshall, en passant par King Vidor, Leo McCarey, Alfred Hitchcock, Ernst Lubitsch et Orson Welles. Il passe naturellement derrière la caméra à la fin des années 1940 et signera une trentaine de longs-métrages, dont une poignée de westerns on ne peut plus conseillés, Les Années sauvages The Rawhide Years avec Tony Curtis, Le Souffle de la violence The Violent Men avec rien de moins que Glenn Ford, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson, Le Gentilhomme de la Louisiane The Mississippi Gambler avec Tyrone Power et Piper Laurie. Celui qui nous intéresse (beaucoup) aujourd’hui s’intitule Horizons lointains The Far Horizons et sort en 1955, quelques semaines après Le Souffle de la violence. Celui-ci se démarque par son sujet singulier, l’achat de la Louisiane à la France par les États-Unis et plonge les spectateurs au début du XIXe siècle. S’il n’est pas exempt de petits défauts, le film vaut non seulement pour la confrontation de ses deux stars, Charlton Heston et Fred MacMurray, mais aussi et surtout pour ses magnifiques décors naturels et costumes. Un très bon divertissement.

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