Test Blu-ray / Marché de brutes, réalisé par Anthony Mann

MARCHÉ DE BRUTES (Raw Deal) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 juin 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Dennis O’Keefe, Claire Trevor, Marsha Hunt, John Ireland, Raymond Burr, Curt Conway, Chili Williams, Richard Fraser, Regis Toomey, Whit Bissell, Cliff Clark…

Scénario : Leopold Atlas & John C. Higgins

Photographie : John Alton

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h16

Année de sortie : 1948

LE FILM

Le gangster Joe Sullivan tente de s’évader de prison avec la complicité de sa petite amie Pat et de Rick Coyle, le chef de gang qui espère en fait voir l’opération échouer et être ainsi débarrassé de l’homme à qui il doit 50.000 $. Mais l’évasion est un succès, et Joe se réfugie chez Ann, une assistante sociale qui s’est prise de sympathie pour le truand. Celui-ci veut retrouver Rick, et récupérer son argent.

De son vrai nom Emil Anton Bundsmann, Anthony Mann (1906-1967), d’origine autrichienne, débute sa carrière comme comédien et régisseur de théâtre. Il fonde rapidement une troupe dans les années 1930, où il rencontre un certain James Stewart. Anthony Mann débarque dans le monde du cinéma en étant chargé des essais des acteurs et actrices pour le compte de la Selznick International Pictures. Puis, c’est aux côtés de Preston Sturges qu’il fait ses premiers pas en tant qu’assistant à la Paramount, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1942 avec Dr. Broadway. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicideT-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men donc) avec une précision quasi-documentaire. Cet essai est définitivement transformé cinq mois plus tard avec Marché de brutes Raw Deal, sensationnel film noir dans lequel le metteur en scène, associé au chef opérateur John Alton pour la seconde fois de sa carrière (ils collaboreront à six reprises), fait preuve d’une virtuosité confondante durant les 75 minutes de ce récit mené à cent à l’heure. A l’instar de Détour d’Edgar G. Ulmer, Marché de brutes s’impose comme un modèle du genre, autant passionnant sur le fond que sur la forme, où les deux fusionnent, s’inspirent mutuellement et se révèlent. Et c’est sublime.

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Test Blu-ray / L’Appel de la forêt, réalisé par Ken Annakin

L’APPEL DE LA FORÊT (The Call of the Wild) réalisé par Ken Annakin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Michèle Mercier, Raimund Harmstorf, George Eastman, Maria Rohm, Juan Luis Galiardo, Sancho Gracia, Friedhelm Lehmann…

Scénario : Peter Welbeck, Wyn Wells, Peter Yeldham, Federico De Urrutia & Hubert Frank, d’après le roman de Jack London

Photographie : John Cabrera

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1972

LE FILM

A la fin du 19e siècle, au Canada, la ruée vers l’or bat son plein et les centaines de prospecteurs venus chercher fortune ont besoin de chiens de traîneaux pour se rendre sur les sites enneigés du Klondike. L’un de ces chiens est Buck, un animal volé et vendu à John Thornton. Ensemble, l’homme et l’animal vont affronter mille dangers…

De toutes les adaptations de L’Appel de la forêt, roman de Jack London publié en 1903 et dans lequel l’écrivain s’inspirait de sa propre expérience de la ruée vers l’or, celle de Ken Annakin (1914-2009) est sans nul doute la plus fidèle au livre original. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième transposition de l’ouvrage avec lequel Jack London allait connaître son premier véritable succès critique et commercial, après deux films muets éponyme, le premier réalisé par D.W. Griffith en 1908, le second par Fred Jackman et produit par Hal Roach en 1923, puis le long-métrage – également du même nom – de William A. Wellman, mis en scène en 1935, avec Clark Gable. Pour le 70e anniversaire du livre, la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, l’Espagne et la Norvège s’associent pour monter une nouvelle version cinématographique de The Call of the Wild, qui dans le coeur des spectateurs comme dans celui des passionnés du romancier, restera la plus marquante. Quasiment un demi-siècle après sa sortie, L’Appel de la forêt demeure un modèle du film d’aventure pour toute la famille (même si certaines séquences peuvent surprendre par leur brutalité), grâce à l’investissement toujours impressionnant de Charlton Heston, merveilleux dans la peau de John Thornton, à la magnificence des paysages naturels et à l’intense émotion qui se dégage de cette amitié entre un homme et son chien.

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Test Blu-ray / Les Griffes de la peur, réalisé par David Lowell Rich

LES GRIFFES DE LA PEUR (Eye of the Cat) réalisé par David Lowell Rich, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juin 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Sarrazin, Gayle Hunnicutt, Eleanor Parker, Tim Henry, Laurence Naismith, Jennifer Leak, Linden Chiles, Mark Herron, Annabelle Garth…

Scénario : Joseph Stefano

Photographie : Russell Metty & Ellsworth Fredericks

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h42

Année de sortie : 1969

LE FILM

Tante Danny vit avec son neveu Luke et ses nombreux chats. Elle décide que lorsqu’elle décédera, ses animaux hériteront de sa fortune. Mais quand Wylie, le frère de Luke, revient vivre à la maison, la vieille femme change d’avis et fait de Wylie son unique hériter…

Malgré sa longue et prolifique carrière avec plus de 110 films, téléfilms et séries télévisées réalisés de 1950 à 1987, le metteur en scène David Lowell Rich (1920-2001) reste méconnu. En revanche, certaines de ses œuvres, réussies ou pas, telles qu’Airport ‘80 Concorde (1979), nanar suprême avec Alain Delon, Un détective à la dynamite – A Lovely Way to Die (1968), avec Kirk Douglas, Sylva Koscina et Eli Wallach, Les Fusils du Far West – The Plainsman (1966) avec Don Murray, ou bien encore Madame X (1966) avec Lana Turner, demeurent relativement prisées. Honnête artisan, David Lowell Rich a toujours su contenter les studios divers et chaînes de télévision grâce à son travail rapide et efficace, qui a largement contribué à la notoriété de certaines séries comme L’Homme de fer, Mannix et Mission Impossible. Les Griffes de la peur – Eye of the Cat clôt une série de longs métrages que le réalisateur enchaînera dans les années 1960, essentiellement marquées par le western et le polar. Si Alex Segal (La Rançon avec Glenn Ford, Joy in the Morning avec Richard Chamberlain) avait commencé le tournage, ce dernier est obligé de passer le relais à son confrère en raison de problèmes de santé et David Lowell Rich reprend donc les manettes des Griffes de la peur, mais pose comme condition d’oublier totalement ce qui avait été filmé précédemment. Rétrospectivement, Eye of the Cat sera sans nul doute son meilleur opus. Thriller légèrement teinté de fantastique et d’érotisme, plutôt malsain, et surtout bien mis en scène et interprété, Les Griffes de la peur ne cache pas ses références, Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock et même Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot. Il en résulte une petite série B prenante et divertissante, au charme rétro agréable.

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Test Blu-ray / Hors d’atteinte, réalisé par Steven Soderbergh

HORS D’ATTEINTE (Out of Sight) réalisé par Steven Soderbergh, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Clooney, Jennifer Lopez, Jim Robinson, Mike Malone, Ving Rhames, Don Cheadle, Donna Frenzel, Catherine Keener, Manny Suárez, Dennis Farina, Keith Hudson, Steve Zahn, Albert Brooks, Luis Guzmán, Isaiah Washington…

Scénario : Scott Frank, d’après le roman d’Elmore Leonard

Photographie : Elliot Davis

Musique : David Holmes

Durée : 2h02

Année de sortie : 1998

LE FILM

Jack Foley n’a pas son pareil pour braquer les banques sans arme ni violence. Mais, poursuivi par la poisse, il se retrouve pour la troisième fois en prison. Il réussit à s’enfuir avec l’aide extérieure de l’un de ses complices. La marshal Karen Sisco tente de s’interposer. Les deux hommes l’emmènent avec eux.

Dans l’imposante et éclectique filmographie de Steven Soderbergh, Hors d’atteinte tient une place importante. D’une part, car il s’agit du long-métrage avec lequel le réalisateur, auréolé de la Palme d’or en 1989 pour Sexe, Mensonges et Vidéo (faisant de lui le deuxième plus jeune cinéaste à recevoir ce prix après Louis Malle), est parvenu à se refaire une santé au box-office et auprès de la critique, d’autre part en raison de son immense réussite qui place cet opus dans le trio de tête des plus grands films du metteur en scène, probablement auprès de L’Anglais – The Limey (1999) et d’Erin Brockovich, seule contre tous (2000). C’est avec ce polar, adapté d’un roman du maître en la matière, Elmore Leonard (1925-2013), que Steven Soderbergh a fait de George Clooney, alors sur le point de quitter la série Urgences qui l’a rendu célèbre à travers le monde, un comédien de cinéma sur lequel il fallait compter. Pourtant, ce n’était pas gagné après les déconvenues, tant artistiques que commerciales qu’il enchaînait, en particulier celles de Batman et Robin de Joel Schumacher et Le Pacificateur – The Peacemaker de Mimi Leder. Dans Hors d’atteinte, il trouve enfin un rôle à la mesure de son indéniable talent, et de son élégance désormais légendaire. Sa rencontre avec Steven Soderbergh sera déterminante pour la suite de sa carrière, puisque les deux hommes tourneront ensemble à sept reprises et fonderont même leur société de production, Section Eight, qui sera active dans le cinéma jusqu’à la fin des années 2000. Mais Out of Sight c’est aussi l’une des meilleures prestations de la sublime Jennifer Lopez, qui avait le vent en poupe (l’une des plus célèbres du monde d’ailleurs), puisqu’elle venait d’enchaîner Jack de Francis Ford Coppola, Blood and Wine de Bob Rafelson et U-Turn d’Oliver Stone ! Un bien beau début de carrière devant la caméra pour celle qui trustait en même temps le top des charts. Si elle n’a pas vraiment confirmé par la suite (euphémisme), la comédienne signe indéniablement l’une de ses performances les plus marquantes. Mais Hors d’atteinte c’est surtout l’un des polars les plus élégants des années 1990 avec l’un des couples les plus sexy de la décennie, un classique quasi-instantané qui a rejoint depuis le rang des films cultes, que l’on peut revoir à satiété, sans jamais se lasser et en l’aimant toujours davantage. Du grand cinoche quoi.

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Test Blu-ray / Le Pont de Remagen, réalisé par John Guillermin

LE PONT DE REMAGEN (The Bridge at Remagen) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, Bradford Dillman, E.G. Marshall, Peter van Eyck, Hans Christian Blech, Heinz Reincke…

Scénario : Richard Yates & William Roberts

Photographie : Stanley Cortez

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h55

Année de sortie : 1969

LE FILM

1945 : les Alliés font leur dernière avancée dans le territoire allemand. Seul un pont sur le Rhin demeure aux mains des nazis. Les deux camps ont beaucoup à gagner : les Allemands, la vie de 75 000 soldats postés du mauvais côté du pont ; les Alliés, une issue plus rapide à la guerre, et de nombreuses vies épargnées. Mais seule une armée pourra gagner la terrifiante bataille du Pont de Remagen.

Si son nom ne vient pas forcément à l’esprit immédiatement, John Guillermin (1925-2015) est quand même le réalisateur de nombreux films chéris par les cinéphiles, à l’instar de La Plus Grande Aventure de Tarzan – Tarzan’s Greatest Adventure (1959), Le Crépuscule des aigles – The Blue Max (1966), mais aussi et surtout de trois très grands classiques mis en scène à la suite, La Tour infernale – The Towering Inferno (1974), King Kong (1976) et Mort sur le Nil – Death on the Nile (1978), soit trois superproductions qui ont rempli les salles du monde entier et qui demeurent de vraies références. John Guillermin faisait partie de ces artisans touche-à-tout, qui à la manière d’un Richard Fleischer ou Robert Wise, passaient allègrement d’un genre à l’autre, qui se donnaient à fond en acceptant une commande et à travers laquelle ils démontraient toute l’étendue de leur talent, à la fois dramatique et technique. A la fin des années 1960, le cinéaste britannique vient d’enchaîner trois films avec le comédien George Peppard, Le Crépuscule des aigles, Syndicat du meurtre – P.J. et Un cri dans l’ombre – House of Cards, un film de guerre et deux thrillers. Il se voit confier les rênes d’une nouvelle production d’envergure internationale, Le Pont de Remagen – The Bridge at Remagen, adaptée d’un fait réel survenu à la fin de la Seconde Guerre mondiale et d’après un scénario coécrit par Richard Yates (auteur des Noces rebelles), William Roberts (Les 7 mercenaires, Coups de feu dans la Sierra), et du livre Le Pont de Remagen : La Folle histoire du 7 mars 1945 de Ken Hechler, ancien soldat de la 9e division blindée. Comme il le démontrera tout au long de sa carrière, John Guillermin n’avait pas son pareil pour emballer les séquences d’explosions, de fusillades et d’action. Le Pont de Remagen ne déroge pas à la règle. Plus de cinquante après sa sortie, on reste impressionné par cette démonstration pyrotechnique qui peut rapprocher le travail du réalisateur de celui d’un Michael Bay, auquel on pense étrangement devant la virtuosité de certains plans, de diverses « chorégraphies » militaires et l’usage du cadre large. Le Pont de Remagen a très bien vieilli et même si les personnages ne sont guère fouillés, le casting de luxe (George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, E. G. Marshall) assure du début à la fin au milieu des déflagrations. Comme chez Michael Bay on vous dit !

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Test Blu-ray / La Manière forte, réalisé par John Badham

LA MANIÈRE FORTE (The Hard Way) réalisé par John Badham, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael J. Fox, James Woods, Stephen Lang, Annabella Sciorra, John Capodice, Luis Guzman, LL Cool J, Mary Mara, Delroy Lindo, Conrad Roberts, Penny Marshall, Christina Ricci…

Scénario : Daniel Pyne & Lem Dobbs

Photographie : Donald McAlpine & Robert Primes

Musique : Arthur B. Rubinstein

Durée : 1h51

Année de sortie : 1991

LE FILM

Nick Lang, dont la célébrité à Hollywood n’est plus à faire, décide de donner un nouvel élan à sa carrière en incarnant dans son prochain film un policier au caractère bien trempé. Pour cela, il part à New-York rejoindre celui dont il sera momentanément le coéquipier attentif : le vrai policier John Moss. L’inexpérience de l’un et les intrépidités de l’autre vont les entraîner dans de nombreuses péripéties…

Aux commandes de La Manière forte – The Hard Way, réalisé en 1990f, on retrouve le britannique John Badham (né en 1939), rendu célèbre à vie pour avoir dirigé La Fièvre du samedi soirSaturday Night Fever (1977), qui a également signé quelques classiques divers et variés comme le Dracula (1979) avec Frank Langella, Tonnerre de feuBlue Thunder (1983), WarGames (1983), Short Circuit (1986) et plus tard Nom de code : NinaPoint of No Return (1993), remake de Nikita (1990) de Luc Besson, ou bien encore Drop Zone (1994) avec Wesley Snipes et Meurtre en suspensNick of Time (1995) avec Johnny Depp. En 1990, débarque Comme un oiseau sur la branche – Bird on a Wire, avec Mel Gibson et Goldie Hawn, comédie explosive qui connaît un tromphe dans les salles. Le réalisateur souhaite continuer sur cette lancée et enchaîne directement avec La Manière forte, une autre comédie policière teintée d’action, d’après un scénario de Daniel Pyne (Fenêtre sur Pacifique de John Schlesinger) et Lem Dobbs (À la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis). The Hard Way repose avant tout sur ses deux têtes d’affiche, diamétralement opposées et donc complémentaires à l’écran, avec d’un côté Michael J. Fox (1m63) et de l’autre James Woods (1m83), le premier étant alors au pic de sa carrière cinématographique (juste après la trilogie Retour vers le futur), le second voulant casser son image en voulant faire preuve d’humour. Véritable buddy-movie, plus proche de 48 Heures – 48 Hrs. (1982) de Walter Hill que de L’Arme fatale – Lethal Weapon (1987) de Richard Donner, La Manière forte est un divertissement succulent, vraiment très drôle, à l’intrigue policière somme toute banale, mais suffisamment solide pour que le spectateur soit pris du début à la fin, marqué par quelques fulgurances comiques encore très réussies même trente ans après. Le final, pensé comme un hommage à celui de La Mort aux trousses – North by Northwest (1959), qui se déroule en hauteur sur une tête géante à l’effigie de Michael J. Fox est aussi génial que marquant. Trente ans après sa sortie, La Manière forte est et demeure une référence du genre.

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Test Blu-ray / Black Jack, réalisé par Ken Loach

BLACK JACK réalisé par Ken Loach, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stephen Hirst, Louise Cooper, Jean Franval, Phil Askham, Pat Wallis, John Young, William Moore, Doreen Mantle…

Scénario : Ken Loach, d’après le roman de Leon Garfield

Photographie : Chris Menges

Musique : Bob Pegg

Durée : 1h45

Année de sortie : 1979

LE FILM

Angleterre, 1750. Tolly, un jeune orphelin, fait la connaissance de Black Jack, un bandit de grand chemin qui vient d’échapper à la pendaison. Le brigand enlève Belle, une fillette que ses parents veulent mettre à l’asile, et charge Tolly de la surveiller. Les enfants parviennent à s’échapper et rejoignent une troupe de forains parcourant les routes de la région.

A la fin des années 1970, Kenneth Charles Loach alias Ken Loach (né en 1936) n’est pas vraiment en odeur de sainteté dans son pays et ce en raison de la polémique déclenchée par son quatrième long-métrage, Family Life, qui abordait frontalement les conditions d’internement psychiatriques d’une femme, qui s’enfonçait progressivement dans la schizophrénie et que les médecins soignaient uniquement à l’aide d’électrochocs, la lobotomisant petit à petit. Si Pas de larmes pour Joy – Poor Cow (1967) montrait les conditions misérables de vie dans un sinistre quartier des faubourgs de Londres, et Kes (1969) celles des villes minières et l’horizon bouché du Nord de l’Angleterre, les deux films avaient déjà fait grincer les dents (gâtées) de l’empire britannique. Le cinéaste devait enfoncer le clou en 1971 avec d’un côté Family Life, et de l’autre son documentaire The Save the Children Films, qui fustigeait ouvertement les ONG alors qu’on lui avait au contraire demandé de mettre en valeur les actions humanitaires d’une association. Ces deux films finissent par ostraciser quelque peu Ken Loach du cinéma. Il accepte donc quelques travaux à la télévision et réalise quelques épisodes de séries télévisées diverses (Play for Today), tout en préservant son esprit critique, comme à travers le show dramatico-historique Days of Hope, dont le producteur Tony Garnett, était aussi celui de Kes, Family Life, The Save the Children Fund Film. Ce dernier acquiert les droits du roman Black Jack, écrit par Leon Garfield, spécialiste des livres historiques pour la jeunesse, publié en 1968, dans lequel un jeune apprenti se retrouve, par accident et forcé par sa conscience, à accompagner un criminel meurtrier. Tony Garnett y voit l’opportunité pour Ken Loach de se refaire une santé au cinéma et de continuer l’exploration sociale de son pays, sous couvert d’un film d’aventures destinée aux adolescents. Le réalisateur en prend les manettes et malgré un budget très restreint, ainsi qu’un temps de tournage réduit à six semaines, livre un film souvent remarquable. Au-delà de sa belle reconstitution historique, Black Jack prolonge les œuvres précédentes de Ken Loach, puisque le metteur en scène se focalise sur les marginaux, les laissés-pour-compte, les exclus, les nantis qui préfèrent écarter, rejeter et oublier celles et ceux qui « font tâche » dans leur société bien réglée et bien propre sur elle. Loin d’être un simple « film pour enfants », Black Jack est une très belle découverte.

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Test Blu-ray / Meurtres sous contrôle, réalisé par Larry Cohen

MEURTRES SOUS CONTRÔLE (God Told Me To) réalisé par Larry Cohen, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Mike Kellin, Richard Lynch…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Frank Cordell

Durée : 1h26

Année de sortie : 1976

LE FILM

A New York, un tireur isolé tue plusieurs passants sans mobile apparent. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Peter Nicolas n’obtient qu’une seule explication de la part du tueur : « Dieu m’a demandé de le faire ». Plusieurs meurtres similaires se produisent.

Larry Cohen (1936-2019) a toujours oeuvré en tant qu’artisan, en bon technicien et surtout en tant qu’excellent scénariste. Il sera très vite entré dans la légende pour avoir créé la légendaire série des Envahisseurs en 1967. Le cinéma s’empare très vite de son talent et Larry Cohen y abordera tous les genres, le western avec Le Retour des Sept (1966) de Burt Kennedy et El Condor (1967) de John Guillermin, la blaxploitation avec Black Caesar, le parrain de Harlem (1973) et sa suite Casse dans la villeHell Up in Harlem (1973), qu’il réalise après son premier coup d’essai Bone (1972), avec le regretté Yaphet Kotto. Il signe ensuite quelques épisodes de la série Columbo, dont le très célèbre (épisode 2 de la saison 3) Quand le vin est tiré – Any Old Port in a Storm. Il revient derrière la caméra pour ce qui sera l’un de ses films les plus connus Le Monstre est vivant – It’s Alive, qui lui permet d’approcher pour la première fois le genre horrifique. Nous arrivons enfin à Meurtres sous contrôleGod Told Me To, l’une de ses œuvres les plus étranges, les plus barrées, les plus insolites, les plus inclassables et insondables sans doute, pour beaucoup son chef d’oeuvre. Mélange des genres qui avait tout pour être improbable, Meurtres sous contrôle est un ride violent et mystique, qui vaut assurément plus pour sa forme que pour son fond, puisqu’au-delà de son côté nawak complètement assumé, la mise en scène de God Told Me To est superbe et totalement immersive. Pari réussi pour Larry Cohen qui avait voulu tourner son film comme un documentaire à l’aide d’une caméra à l’épaule, qui à l’instar de cette séquence ahurissante du défilé de la Saint-Patrick, plonge directement le spectateur dans le feu de l’action. Évidemment, certains risquent probablement de décrocher lors des envolées religieuses et quand le récit s’engouffre dans la science-fiction de façon inattendue, mais le voyage vaut sacrément le détour et Meurtres sous contrôle demeure une expérience cinématographique à part entière.

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Test Blu-ray / Les Yeux de Satan, réalisé par Sidney Lumet

LES YEUX DE SATAN (Child’s Play) réalisé par Sidney Lumet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Mason, Robert Preston, Beau Bridges, Ron Weyand, Charles White, David Rounds…

Scénario : Leon Prochnik, d’après la pièce de théâtre de Robert Marasco

Photographie : Gerald Hirschfeld

Musique : Michael Small

Durée : 1h36

Année de sortie : 1972

LE FILM

Paul Reis vient de trouver un poste de professeur de sport dans un établissement catholique pour garçons. Le jeune enseignant est très rapidement troublé par l’atmosphère qui règne au sein de la pension. De violents incidents éclatent entre plusieurs élèves et Paul ne tarde pas à penser que Joseph Dobbs et Jerome Malley, deux professeurs vénérables de l’établissement, sont à l’origine de ces débordements de violence…

La longue, prolifique, exceptionnelle et éclectique carrière de Sidney Lumet (1924-2011) est de celles qui dissimuleront probablement toujours quelques pépites méconnues. Caché par deux énormes piliers et chefs d’oeuvre gigantesques de sa filmographie, entre The Offence (1972) et Serpico (1973), Les Yeux de Satan Child’s Play est assurément l’une des œuvres les plus ignorées, obscures et incomprises du réalisateur américain. Si le titre français surfe allègrement sur le succès rencontré par les films de genre prenant le diable comme protagoniste, Child’s Play, à ne pas confondre bien sûr avec le premier volet de la saga Chucky réalisé par Tom Holland en 1988, est avant tout l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme à succès de Robert Marasco, jouée près de 300 fois à Broadway. Par sa thématique, Les Yeux de Satan rappelle l’expérience dite de la Troisième Vague, qui proposait l’étude expérimentale et psychologique d’un régime autocratique, menée par le professeur d’histoire Ron Jones avec des élèves de première d’une école en Californie, durant l’année 1967. Au cours de ses « ateliers », cette expérience sur le nazisme, commençait à échapper au professeur, prouvant de ce fait que les sentiments pouvant emporter un pays dans le totalitarisme étaient encore vivaces. N’attendez rien de fantastique ou de surnaturel dans Child’s Play, mais préparez vous plutôt à une étude comportementale qui peut conduire les êtres les plus vulnérables à commettre l’irréparable quand ils sont influencés par un être fascinant pour sa verve, son charisme et son mode de pensée. Magistralement interprété par James Mason (qui retrouvait le metteur en scène après MI5 demande protectionThe Deadly Affair et La MouetteThe Sea Gull), Beau Bridges et Robert Preston, Les Yeux de Satan peut tout d’abord décontenancer le cinéphile, curieux de voir Sidney Lumet aborder « vraisemblablement » l’épouvante, mais au final, ce film curieux fait l’effet d’un direct à l’estomac et semble n’avoir jamais été autant actualité.

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Test Blu-ray / Antoine et Cléopâtre, réalisé par Charlton Heston

ANTOINE ET CLÉOPÂTRE (Antony and Cleopatra) réalisé par Charlton Heston, disponible en DVD et Blu-ray le 16 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Hildegard Neil, Eric Porter, John Castle, Fernando Rey, Carmen Sevilla, Juan Luis Galiardo, Freddie Jones…

Scénario : Federico De Urrutia & Charlton Heston, d’après l’oeuvre de William Shakespeare

Photographie : Rafael Pacheco

Musique : John Scott

Durée : 2h28

Année de sortie : 1972

LE FILM

Après la mort de Jules César, Marc-Antoine hérite d’une partie de l’empire romain, dont l’Égypte. Las de la guerre, il tombe sous le charme de Cléopâtre. Mais les affaires de l’État le rappellent à Rome. Lorsque Marc-Antoine se marie avec la sœur de son rival Octave, Cléopâtre est furieuse et fait tout pour regagner son cœur.

C’est un film personnel, une œuvre qui lui tenait à coeur depuis très longtemps et qui a enfin pu voir le jour. Toute sa vie, Charlton Heston (1923-2008) a été habité par la pièce de William Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Le rôle de Marc Antoine est d’ailleurs l’un des plus importants de sa carrière de comédien, puisqu’il l’aura interprété à trois reprises au cinéma, dans son premier film Julius Cæsar (1950) de David Bradley, la même année que La Main qui vengeDark City de William Dieterle, personnage qu’il interprétera à nouveau vingt ans plus tard dans Jules CésarJulius Cæsar (1970) de Stuart Burge, avant de l’incarner une dernière fois dans Antoine et Cléopâtre Antony and Cleopatra, qu’il réalisera lui-même et dont il signera l’adaptation, en respectant scrupuleusement le texte original, tout en réorganisant les séquences. Mais bien plus loin dans le temps, l’acteur, qui n’était pas encore apparu à l’écran, avait déjà triomphé à Broadway dans la pièce Antoine et Cléopâtre. Autant dire qu’au-delà des monuments qui jalonnent son immense filmographie, à l’instar de Sous le plus grand chapiteau du monde The Greatest Show on Earth (1952) et Les Dix CommandementsThe Ten Commandments (1956) de Cecil B. DeMille, La Soif du malTouch of Evil (1958) d’Orson Welles, Ben-Hur (1959) de William Wyler, Le CidEl Cid (1961) d’Anthony Mann, Les 55 jours de Pékin 55 Days at Peking (1963) d’Andrew Marton, Khartoum (1966) de Basil Dearden et La Planète des singes Planet of the Apes (1968) de Franklin J. Schaffner, c’est bel et bien Antoine et Cléopâtre qui est toujours resté l’oeuvre la plus chérie par Charlton Heston. C’est sur le tournage de Jules César en 1970, que l’idée d’un diptyque germe dans la tête de la star hollywoodienne, dont la prestation écrasait celle de ses partenaires dans le film de Stuart Burge, même s’il apparaissait finalement peu à l’écran. En effet, Charlton Heston envisageait de reprendre le rôle de Marc Antoine dans Antoine et Cléopâtre, qu’il mettra en scène l’année suivante. Cette production américano-hispano-suisse est non seulement supérieure à Jules César, mais elle révèle aussi également une actrice étonnante, la britannique (car née à Londres, même si élevée en Afrique du sud) Hildegarde Neil, qui crève l’écran dans le rôle-titre.

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